Master CFP – Parcours de Physique Quantique : de l’atome au solide 26 mars 2012 Int´ egrales de chemin
TD n
o2 : Oscillateur harmonique
1 Quelques petits rappels de m´ ecanique analytique
On consid` ere un probl` eme unidimensionnel dont la dynamique est d´ ecrite par le lagrangien : L(q, q) = ˙
m2q ˙
2−V (q). L’action S[q(t)] = R
t2t1
dt L(q(t), q(t)) est une fonctionnelle de la trajectoire ˙ q(t), t ∈ [t
1, t
2]. Si on consid` ere une transformation infinit´ esimale
( t
0= t + δt
q
0(t
0) = q(t) + δq(t) (1)
on montre que la variation de l’action δS = S[q
0(t
0)] − S[q(t)] est : δS =
∂L
∂ q ˙ δq − H δt
t2t1
+ Z
t2t1
dt ∂L
∂q − d dt
∂L
∂ q ˙
(δq − q δt) ˙ (2) o` u H = ˙ q
∂L∂q˙− L.
1/ En d´ eduire que l’´ equation d’Euler-Lagrange s’´ ecrit δS
δq(t) = 0 pour t ∈ ]t
1, t
2[ (3)
2/ Soit q
c(t) la solution de l’´ equation d’Euler-Lagrange satisfaisant les conditions aux limites q
c(t
1) = q
1et q
c(t
2) = q
2. On introduit la notation S
cl(q
2, t
2|q
1, t
1) = S[q
c(t)] (il s’agit d’une fonction des param` etres t
1, q
1et t
2, q
2). Montrer que
∂S
cl∂q
2= ∂L
∂ q ˙
q2(4)
∂S
cl∂t
2= −H (5)
3/ Probl` eme libre.– Calculer S
clpour L =
m2q ˙
2. V´ erifier les eqs. (4,5).
4/ Oscillateur harmonique.– On consid` ere le lagrangien de l’oscillateur harmonique, ´ ecrit en temps euclidien
1L =
m2( ˙ q
2+ ω
2q
2).
a/ Construire la solution q
c(t).
b/ Montrer que
S
cl(q
2, t|q
1, 0) = mω 2 sh(ωt)
ch(ωt) (q
12+ q
22) − 2 q
1q
2(6)
c/ V´ erifier (4,5).
1Le passage du temps r´eel au temps euclidien correspond `a :t→ −it. On a alorsL=R
dt(m2x˙2+V(x)) et la mesure
e
iS est remplac´ee pare
−S. Plus simplement, rendre le temps complexe consiste `a renverser le potentiel.2 Propagateur de l’oscillateur harmonique
On consid` ere un oscillateur harmonique quantique unidimensionnel H =
2mp2+
12mω
2q
2. Le propagateur en temps euclidien est d´ efini comme :
K(q
1, t|q
0, 0)
def= h q
1| e
−tH| q
0i (7) K(q
1, t|q
0, 0) pourrait ˆ etre construit ` a partir du spectre de H, qui est bien connu, cependant nous allons le calculer en utilisant la repr´ esentation fonctionnelle :
K(q
1, t|q
0, 0) =
Z
q(t)=q1q(0)=q0
Dq(τ ) e
−S0[q(τ)]o` u S
0[q(τ )] = m 2
Z
t0
dτ
˙
q(τ )
2+ ω
2q(τ )
2. (8) L’int´ egrale de chemin porte sur toutes les fonctions continues satisfaisant q(0) = q
0et q(t) = q
1. 1/ On proc` ede au changement de variable q(τ ) = q
c(τ ) + η(τ ) (translation) o` u η(τ ) est la nouvelle variable d’int´ egration et q
c(τ ) est une fonction que nous choisissons de fa¸ con ` a satisfaire la propri´ et´ e : S
0[q
c+ η] = S
0[q
c] + S
0[η] ∀ η(τ ). Quelle ´ equation doit satisfaire q
c(τ ) ? Quelles conditions aux limites choisir pour η(τ ) ?
2/ Construire q
c(τ ) et calculer S
0[q
c] (exercice 1).
3/ Montrer que le changement de variable dans l’int´ egrale fonctionnelle permet de l’´ ecrire sous la forme K(q
1, t|q
0, 0) = A
ω(t) e
−S0[qc].
4/ Calcul du pr´ efacteur A
ω(t).– On propose deux m´ ethodes.
a/ Utiliser que
Z
Dq(τ ) e
−12R0tdτdτ0q(τ)O(τ,τ0)q(τ0)∼ 1
p det(O(τ, τ
0)) (9)
Identifier l’op´ erateur O(τ, τ
0) apparaissant dans A
ω(t). Sp´ ecifier sur quelles fonctions il agit et d´ eduire son spectre.
Indication : Pour r´ egulariser le calcul, consid´ erer plutˆ ot le rapport
AAω(t)0(t)
. On rappelle que A
0(t) = p
m2πt
et on donne sh x = x Q
∞n=1
(1 + (
nπx)
2).
b/ Autre m´ ethode : Rappeler la relation entre le propagateur K (q, t|q
0, 0) et la fonction de partition Z
t= P
n
e
−tEn, o` u {E
n} d´ esigne le spectre de valeurs propres de H. D´ eduire A
ω(t).
5/ V´ erifier que le pr´ efacteur A
ω(t) co¨ıncide avec [−
2π1 ∂∂q2S0[qc]1∂q2
]
1/2(c’est le r´ esultat semiclassique,
exact ici car l’action est quadratique).
3 Fonction de corr´ elation de l’oscillateur harmonique
Nous calculons la fonction de corr´ elation C(τ
1, τ
2)
def= hq(τ
1)q(τ
2)i d’un oscillateur harmonique quantique. La moyenne est d´ efinie comme une moyenne sur les chemins p´ eriodiques :
h· · ·i
def= N Z
q(0)=q(t)
Dq(τ ) · · · e
−S0[q](10) o` u N est une constante de normalisation. S
0[q] est l’action classique de la trajectoire. Pour reprendre la notation de l’exercice pr´ ec´ edent : R
q(0)=q(t)
Dq(τ ) · · ·
def= R
dq R
q(t)=qq(0)=q
Dq(τ ) · · · 1/ Dans quel contexte cette d´ efinition est-il pertinente ?
2/ Calculer la constante de normalisation N .
3/ Montrer que, pour τ
12= τ
1− τ
2> 0, la fonction de corr´ elation s’exprime ` a l’aide du propagateur comme :
C(τ
1, τ
2) = N R
dq
1dq
2q
1q
2h q
1| e
−τ12H| q
2i h q
2| e
−(t−τ12)H| q
1i (11)
= N Tr
n e
−tHˆq(τ ˆ
1) ˆ q(τ
2) o
o` u q(τ ˆ )
def= e
τHˆq ˆ e
−τHˆ(12) o` u la trace porte sur l’espace de Hilbert de l’oscillateur harmonique quantique. Calculer expli- citement C(τ
1, τ
2).
Indication : On rappelle que K (q
1, t|q
0, 0) = q
mω2πsh(ωt)
exp −
2 sh(ωt)mωch(ωt) (q
12+ q
02) − 2 q
1q
0. 4/ Tracer l’allure de C(τ
1, τ
2) en fonction de τ
12= τ
1− τ
2; deux remarques utiles pour cela : (i) par d´ efinition de la moyenne (10), la fonction de corr´ elation est sym´ etrique ; (ii) Puisque la moyenne porte sur des chemins p´ eriodiques, le r´ esultat obtenu doit ˆ etre p´ eriodis´ e.
5/ Analyser h[q(τ + ) − q(τ )]
2i dans la limite → 0. Que peut-on en conclure sur la nature des courbes qui apportent les contributions dominantes ` a l’int´ egrale R
Dq · · · e
−S0[q]?
Remarque : Les propri´ et´ es de la question 4 d´ ecoulent de la forme de l’action S
0[q] ; il ne s’agit pas d’une propri´ et´ e de l’int´ egrale R
Dq · · · Pour s’en convaincre : quelles seront les propri´ et´ es des chemins dominant dans R
Dq e
−Rdτq¨2?
6/ D´ eduire l’expression de la fonctionnelle g´ en´ eratrice (sans calcul) Z
t[b]
def=
Z
q(t/2)=q(−t/2)
Dq(τ ) e
−S0[q]+Rdτ b(τ)q(τ). (13)
4 Fonctionnelle g´ en´ eratrice (facultatif )
Nous calculons plus directement la fonctionnelle g´ en´ eratrice introduite dans l’exercice pr´ ec´ edent (question 5), par la m´ ethode de l’exercice 2. On doit donc calculer une int´ egrale du type de celle de l’exercice 2, lorsqu’un terme d´ ecrivant le couplage d’une “source ext´ erieure” b(τ ) avec q(τ ) est introduit :
Z
t[b] = Z
q(t/2)=q(−t/2)
Dq(τ ) e
−S[q,b]eo` u S[q, b] = e S
0[q] − Z
t/2−t/2
dτ b(τ )q(τ ) (14) o` u l’int´ egrale fonctionnelle porte sur toutes les fonctions p´ eriodiques sur [−t/2, t/2]
(i.e. R
q(t/2)=q(−t/2)
Dq(τ ) · · · ≡ R
dq R
q(t/2)=qq(−t/2)=q
Dq(τ ) · · · ) 1/ D´ eduire la valeur de Z
t[0] de l’exercice 2.
2/Fonctionnelle g´ en´ eratrice.– On suit la mˆ eme logique que dans l’exercice 2.
a/ On cherche le changement de variable q = q
c+ η, o` u la fonction q
cest choisie de telle sorte que :
S[q e
c+ η, b] = S[q e
c, b] + S
0[η] ∀ η(τ ) . (15) Montrer que q
cpeut s’´ ecrire comme q
c(τ ) = R
dτ
0C(τ − τ
0)b(τ
0). Quelles conditions doivent satifaire q
c(τ ) et η(τ ) (et donc ´ egalement C(τ )) ?
b/ Nous calculons la fonction C(τ ) solution de −
d2dτ2
+ ω
2C(τ ) =
m1δ(τ ) sur [−t/2, t/2]
satisfaisant les conditions aux limites C(t/2) = C(−t/2) et ˙ C(t/2) = ˙ C(−t/2).
m´ ethode 1 : analyse de Fourier.– Quelle est la base de fonctions propres de l’op´ erateurs −
dτd22+ω
2satisfaisant les conditions aux limites p´ eriodiques ? D´ eduire C(τ ).
Indication : on donne P
∞ n=1cosnπx
a2+(nπ)2
=
ch2aa(1−|x|)sha−
2a12pour |x| < 1.
m´ ethode 2 : R´ esoudre −
dτd22+ω
2C(τ e ) =
m1δ(τ ) sur R . Pour cela on r´ esout l’´ equation homog` ene
−
dτd22+ ω
2C(τ e ) = 0 sur R
−∗puis sur R
+∗. Montrer que l’effet du Dirac est d’imposer les conditions de raccordement C(0 e
−) = C(0 e
+) et − ˙
C(0 e
+) + ˙
C(0 e
−) =
m1. Justifier que C(τ ) = P
n∈Z
C(τ e + nt). D´ eduire C(τ ).
m´ ethode 3 : R´ esoudre l’´ equation homog` ene −
dτd22+ ω
2C(τ ) = 0 sur [−t/2, 0[ puis sur ]0, +t/2].
Imposer les conditions de raccordement et d´ eduire que C(τ ) = ch ω(t/2 − |τ |)
2mω sh(ωt/2) pour τ ∈ [−t/2, t/2] (16)
Tracer la fonction.
c/ D´ eduire que
Z
t[b] = Z
t[0] exp 1 2
Z
t/2−t/2
dτ dτ
0b(τ )C(τ − τ
0)b(τ
0) . (17)
3/ Fonction de corr´ elation.– On reprend l’exercice 3 ` a l’envers : d´ eduire de l’expression de la fonctionnelle g´ en´ eratrice la fonction de corr´ elation hq(τ
1)q(τ
2)i o` u la moyenne a ´ et´ e d´ efinie dans l’exercice pr´ ec´ edent h· · ·i
def=
Z1t[0]
R
q(t/2)=q(−t/2)
Dq(τ ) · · · e
−S0[q].
5 Un mod` ele d’interaction avec un environnement
Dans de nombreuses situations physiques on est amen´ e ` a consid´ erer que le syst` eme d’int´ erˆ et est coupl´ e ` a un autre syst` eme, appel´ e en g´ en´ eral “environnement”, poss´ edant un grand nombre de degr´ es de libert´ e. Un exemple d’une telle situation est l’´ etude d’un atome coupl´ e au champ ´ elec- tromagn´ etique. Bien souvent la dynamique de l’environnement n’est pas l’objet du probl` eme ; dans ce cas, l’int´ egrale de chemin permet, par int´ egration, de faire “disparaˆıtre” les degr´ es de libert´ e de l’environnement, ce qui conduit ` a une action effective pour le syst` eme seul.
Nous nous int´ eressons dans cet exercice ` a un syst` eme d´ ecrit par le lagrangien L
sys=
m2q ˙
2+ V (q). Le syst` eme est coupl´ e ` a un ensemble d’oscillateurs harmoniques dont le lagrangien est : L
env= P
i
(
12χ ˙
2i+
12ω
i2χ
2i). Le lagrangien d´ ecrivant le couplage est choisi de la forme L
int= −q X
i
g
iχ
i(18)
o` u les g
isont des constantes de couplage. La fonction de partition du syst` eme global est donc : Z =
Z
Dq(τ ) Y
i
Dχ
i(τ ) e
−S[q;{χi}]o` u S[q, {χ
i}] = Z
t0
dτ (L
sys+ L
env+ L
int) (19) o` u l’int´ egrale fonctionnelle porte sur les fonctions p´ eriodiques sur [0, t].
1/ Quelle modification de la fonction de partition permettrait d’´ etudier les propri´ et´ es de q ? 2/ Montrer que l’int´ egration sur les variables de l’environnement conduit ` a la forme :
Z = Z
q(0)=q(t)
Dq(τ ) e
−Seff[q](20)
o` u
S
eff[q] = Z
t0
dτ L
sys− 1 2
Z
t0
dτ dτ
0q(τ ) α(τ − τ
0) q(τ
0) (21) Donner l’expression de la fonction α(τ ) en terme de la fonction de Green calcul´ ee dans l’exer- cice 3.
3/ D´ eduire l’´ equation du mouvement
δSδqeff= 0. En admettant que la fonction α(τ ) est ´ etroite devant les autres temps gouvernant la dynamique, comment interpr´ eter le terme en d´ ependant ?
Une variante assez courante du mod` ele consiste ` a choisir le couplage en proc´ edant ` a la substitution χ
i→ χ
i−
giωi2
q dans L
env. L’int´ erˆ et de cette forme (qui contient un terme q
2suppl´ ementaire par rapport au mod` ele discut´ e dans l’exercice) est que l’action L
env+ L
int= P
i
[
12χ ˙
2i+
12ω
2i(χ
i−
giωi2
q)
2] peut ˆ etre rendue invariante par translation pour le choix de couplage g
i= ω
2i. L’action effective prend la forme S
eff[q] = R
t0
dτ L
sys+
14R
t0
dτ dτ
0α(τ −τ
0) (q(τ ) −q(τ
0))
2. Bien que l’´ etude d’un syst` eme coupl´ e ` a un bain d’oscillateurs est plus ancien, ce mod` ele est appel´ e mod` ele de Caldeira-Leggett. A. O. Caldeira & A. J. Leggett, Quantum tunnelling in a dissipative system, Ann. Phys. (N.Y.) 149 (1983) 374. On peut en trouver une analyse dans cet article et dans de nombreux ouvrages
2.
2On trouvera une pr´esentation tr`es claire dans G.-L. Ingold,Path integrals and their application to dissipative quantum systems, in Coherent Evolution in Noisy Environments, A. Buchleitner & K. Hornberger (eds.), Lecture Notes in Physics, Vol. 611, Springer, 2002 (also available as preprint cond-mat/0208026).