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Université de Poitiers Faculté de Médecine et Pharmacie

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Texte intégral

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Université de Poitiers

Faculté de Médecine et Pharmacie

ANNEE 2012 Thèse n°

THESE

POUR LE DIPLOME D'ETAT DE DOCTEUR EN MEDECINE

(décret du 16 janvier 2004)

présentée et soutenue publiquement le 12 avril 2012 à Poitiers par Mademoiselle Aude MOUSTROU

née le 14 octobre 1981

Le portage de Chlamydia trachomatis, une infection asymptomatique ? Etude prospective sur 131 patientes consultant en orthogénie

COMPOSITION DU JURY

Président : Monsieur le Professeur Fabrice PIERRE Membres : Monsieur le Professeur Xavier FRITEL Madame le Professeur France ROBLOT Madame le Docteur Marion ABOUY LLATY

Directeur de thèse : Madame le Docteur Stéphanie GRANDCOLIN

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REMERCIEMENTS

A Monsieur le Professeur Fabrice Pierre

Vous nous faites l'honneur de présider ce jury de thèse et nous vous en remercions.

Soyez assuré, Monsieur le professeur, de notre profond respect.

A Monsieur le Professeur Xavier Fritel

Vous avez accepté de faire partie de notre jury et de juger notre travail. Nous vous en remercions et vous exprimons toute notre gratitude.

A Madame le Professeur France Roblot

Vous nous faites l'honneur de juger notre travail. Recevez nos sincères remerciements et l'expression de notre grande considération.

A Madame le Docteur Abouy-Llaty Marion

Vous avez accepté de nous suivre dans ce projet en réalisant l'analyse statistique.

Soyez assurée de notre profonde reconnaissance.

A Madame le Docteur Stéphanie Grandcolin

Je te remercie de m'avoir proposée ce sujet de thèse et d'avoir dirigé ce travail en m'apportant une aide précieuse lors de son élaboration.

Merci aussi pour ton enseignement, pour m'avoir fait découvrir la médecine générale et en avoir partagé avec moi ta vision et ta pratique qui a profondément influencé la mienne. J'espère rester digne de ton enseignement. Sois assurée de ma sincère amitié.

A mes maîtres de stage, les Dr François Birault et Daniel Hofnung

Merci de m'avoir si bien accompagnée dans mon apprentissage de la médecine générale, avec tant de dévouement et de générosité.

(5)

A mes parents, pour m'avoir laissé libre de mes choix malgré leurs doutes ou leur inquiétude parfois. Ce travail prouve que vous avez eu raison de me faire confiance.

Merci pour votre soutien inconditionnel.

A mes sœurs, pour votre présence et votre soutien sans faille, pour notre complicité et parce que je sais que je pourrai toujours compter sur vous.

Et merci Léa pour ton aide si précieuse en informatique !

A mes beaux-frères, pour rendre mes sœurs heureuses et parce qu'on forme quand même une bonne équipe quand on est tous réunis !

A ma nièce Nina, mon petit rayon de soleil...

A Gwen, pour notre amitié qui a su traversé les années. A toutes ces belles expériences de vie partagées ensemble et à toutes celles à venir.

A mes triplettes, Anouk et Karen, pour votre amitié si précieuse, et à notre Lolo, le roi de la jungle ! A quand la fine équipe réunie à l'Inselberg ?

A tous mes amis de Vendée, c'est toujours bon de vous retrouver et de voir que malgré les années, rien ne change.

A tous mes amis Poitevins, pour tous ces bons moments partagés pendant ces longues années d'étude.

Et enfin à Bertrand, pour être entré dans ma vie.

(6)

LISTE DES ABREVIATIONS

CDAG Centre de Dépistage Anonyme et gratuit

CES Centre d'Examen de Santé

CHU Centre Hospitalier Universitaire

Ciddist Centre d'Information, de Dépistage et de Diagnostic des infections sexuellement transmissibles

CPEF Centre de Planification et d' Education familiale DAV Dispensaire Antivénérien

DIU Diplôme Inter-Universitaire

DOM-TOM Département d'Outre Mer – Territoire d'Outre Mer

DREES Direction de la Recherche, des Etudes, de l'Evaluation et des Statistiques

ECBU Examen Cyto-Bactériologique des Urines

GEU Grossesse Extra-Utérine

HAS Haute Autorité de Santé

IST Infection Sexuellement Transmissible IVG Interruption Volontaire de Grossesse OMS Organisation Mondiale de la Santé PACS Pacte Civil de Solidarité

PCR Réaction en chaîne par polymérisation (Polymerase Chain Reaction)

PMI Protection Maternelle et Infantile

SIDA Syndrome d'Immunodéficience Acquise VIH Virus de l'Immunodéficience Humaine

(7)

SOMMAIRE

INTRODUCTION... 1

1. Epidémiologie et problématique de l'infection à Chlamydia trachomatis...1

2. Un enjeu : le dépistage... 2

3. Objectifs de l'étude... 3

PRELIMINAIRES... 4

1. Dépistage de Chlamydia trachomatis: état des lieux à l'étranger et en France... 4

1.1. A l'étranger... 4

1.1.1. La Suède, un pays précurseur... 4

1.1.2. L'expérience américaine... 4

1.1.3. Au Canada... 5

1.1.4. En Australie... 6

1.1.5. Dans les pays européens (hors France)... 6

1.2. En France... 8

1.2.1. Le dépistage dans les textes... 8

1.2.2. Le dépistage en pratique... 9

1.2.3. Les données de l'enquête CSF « Contexte de la Sexualité en France »...10

2. Manifestations cliniques de l'infection à Chlamydia trachomatis... 12

2.1. Infections uro-génitales basses... 12

2.1.1. Chez la femme : cervicite et urétrite... 12

2.1.2. Chez l'homme : urétrite... 13

2.2. Infections génitales hautes... 13

2.2.1. Risque d'infection génitale haute après une infection basse à Chlamydia trachomatis... 14

2.2.2. Rôle des infections récurrentes... 15

2.3. Syndrome de Fitz Hugh Curtis : périhépatite...15

2.4. Syndrome de Fiessinger-Leroy-Reiter... 16

2.5. La lymphogranulomatose vénérienne (LGV)... 16

MATERIELS ET METHODES... 18

1. Population étudiée... 18

2. Durée de l'étude... 18

3. Recueil des données... 18

3.1. Caractéristiques des patientes... 18

3.2. Choix des signes fonctionnels... 19

4. Méthodes de prélèvement... 21

5. Analyse statistique... 21

(8)

6. Gestion des cas positifs... 21

RESULTATS... 22

1. Nombre de patientes incluses... 22

2. Caractéristiques socio-démographiques de la population étudiée ... 22

2.1. Age... 22

2.2. Gestité, parité... 23

2.3. Nationalité... 24

2.4. Niveau d'études... 24

3. Prévalence de l'infection à Chlamydia trachomatis... 24

4. Analyse descriptive selon les caractéristiques socio-démographiques de la population ... 24

4.1. Selon l'âge... 24

4.2. Selon la gestité/parité ... 26

4.3. Selon le niveau d'études ... 26

4.4. Selon la nationalité ... 27

4.5. Selon la durée de la relation ... 28

4.6. Présence de rapports extra-conjugaux... 28

5. Analyse descriptive selon les signes fonctionnels retrouvés à l'interrogatoire...29

5.1. Proportion de femmes symptomatiques ... 29

5.2. Analyse de chaque signe fonctionnel indépendamment des autres ... 29

5.3. Association de signes fonctionnels ... 31

5.3.1. Association de 2 signes fonctionnels ... 31

5.3.2. Association de 3 signes fonctionnels... 32

5.3.3. Association de 4 signes fonctionnels... 32

DISCUSSION... 33

1. Rappel des principaux résultats... 33

1.1. Une infection majoritairement symptomatique... 33

1.2. Une prévalence élevée... 33

1.3. Une infection touchant la femme jeune... 33

1.4. Pas d'association entre infection et caractéristiques des femmes... 34

2. Limites de l'étude... 34

2.1. Faible effectif... 34

2.2. Biais de population... 34

2.2.1. Caractéristiques des femmes réalisant une IVG...35

(9)

3. Confrontation des résultats... 36

3.1. Prévalence de l'infection à Chlamydia trachomatis... 36

3.2. Prévalence de l'infection selon l'âge... 37

3.3. Influence des facteurs sociaux et comportementaux des femmes... 38

3.3.1. Nationalité... 38

3.3.2. Niveau d'étude... 38

3.3.3. Durée de la relation avec le partenaire... 39

3.4. Infection à Chlamydia trachomatis et fréquence des signes fonctionnels...39

4. Ouverture sur des recherches futures... 41

CONCLUSION... 43

BIBLIOGRAPHIE... 44

ANNEXES ... 51

RESUME... 54

SERMENT... 55

(10)

INTRODUCTION

Depuis les années 90, notre société a connu de profonds bouleversements sociaux et économiques. Les structures familiales ne cessent d'évoluer, les lois sur la parité font leur apparition, la création du PACS fait naître les débats sur le mariage homosexuel. La société française évolue et avec elle les comportements sexuels des français se modifient, en particulier chez les femmes. Une enquête nationale sur le contexte de la sexualité en France, menée par N. Bajos et M. Bozon en 2006, montre que les femmes ont tendance à avoir une vie sexuelle de plus en plus diversifiée (hausse du nombre de partenaires déclarés, des rapports avec des personnes du même sexe, élargissement du répertoire des pratiques sexuelles, augmentation de l'activité sexuelle chez les femmes de plus de cinquante ans) [1].

Ce climat est propice à la diffusion des infections sexuellement transmissibles à une époque où les représentations du SIDA et des risques liés à la sexualité se sont eux aussi modifiés, avec une moindre sensibilisation de la jeune génération à l'écart de l'épidémie.

C'est dans ce contexte que nous nous sommes intéressées à l'infection à Chlamydia trachomatis et à son dépistage. Cette infection qui affecte essentiellement la population jeune est l'infection sexuellement transmissible bactérienne la plus fréquente dans les pays industrialisés. En France, elle est devenue 10 à 20 fois plus fréquente que la gonococcie [2].

1. Epidémiologie et problématique de l'infection à Chlamydia trachomatis

En 1999, l'OMS faisait état de 92 millions de nouveaux cas par an d'infection uro- génitale à C. trachomatis dans le monde [3]. Les données plus récentes de la littérature estiment une prévalence de l'infection variant de 1 à 5% dans les populations asymptomatiques et de 8 à 15% dans les populations symptomatiques [4].

En France, la prévalence de l’infection dans la population générale a été estimée pour la première fois en 2006 par l’enquête NatChla, volet de l'enquête « Contexte de la sexualité en France ». Elle retrouvait une prévalence de 3,2% chez les femmes et 2,5% chez les hommes sexuellement actifs de 18 à 29 ans [1].

(11)

L'infection est décrite comme asymptomatique dans 50 à 70% des cas. Quand elle ne l'est pas, elle se manifeste par des infections génitales basses, des urétrites et parfois des infections rectales. La physiopathologie est encore mal connue mais l'évolution est lente et la bactérie peut atteindre les voies génitales hautes. La colonisation des voies génitales hautes est à l'origine de complications parfois sévères avec possibilité de séquelles irréversibles : inflammation pelvienne chronique, salpingite, grossesse extra-utérine. C. trachomatis est la principale étiologie des stérilités tubaires.

Après traitement, l'immunité acquise n'est que partielle et les réinfections restent possibles, augmentant le risque de complications.

2. Un enjeu : le dépistage

Depuis les années 80, plusieurs pays se sont intéressés au dépistage de C.

trachomatis et ont élaboré des recommandations et des guides de bonnes pratiques pour la gestion de ces infections. Les premières recommandations en France ont été élaborées en 2003 par la Haute Autorité de Santé. Le dépistage est alors préconisé dans les populations à risque : femmes de moins de 25 ans rencontrées dans les centres de planification et d'éducation familiale, les centres de dépistage anonymes et gratuits, les dispensaires anti-vénériens et les centres d'interruption volontaire de grossesse. Il est également précisé que le dépistage pourrait être élargi aux sujets ayant plus d’un partenaire sexuel dans l’année précédant le dépistage quel que soit l’âge.

En France, comme dans de nombreux pays, il n'y a pas de recommandations nationales concernant le dépistage de C. trachomatis en médecine générale. En tant que médecin de premier recours, le médecin généraliste occupe pourtant une place de choix en matière de dépistage. Il est le professionnel de santé le plus consulté : 85% des personnes de 15 ans ou plus font appel à lui dans l'année [5] et 81,8% des 15-24 ans déclarent l'avoir consulté au moins une fois en 12 mois [6]. Les principaux obstacles rencontrés en médecine générale concernant le dépistage des infections à C. trachomatis sont le manque de temps et la difficulté d'aborder le thème de la sexualité en consultation, que ce soit pour le médecin [7,8] ou pour les patientes [9].

Pour ces patientes consultant en secteur libéral (médecins généralistes ou gynécologues), l'HAS soulignait en 2003 la nécessité de « réaliser des études

(12)

pilotes en médecine libérale et en médecine préventive universitaire […] afin de vérifier si le choix des critères de sélection tels que définis pour les populations à risque est pertinent dans une population asymptomatique consultant en secteur ambulatoire et d’estimer la prévalence des chlamydioses dans cette population » [10]. Les études réalisées depuis ont estimé la prévalence de l'infection aux alentours de 3% dans la population générale et le dépistage systématique sur le seul critère d'âge ne paraît pas justifié [11]. D'autres études s'avèrent donc nécessaires afin de pouvoir définir les facteurs de risque qui permettraient de cibler la population à dépister en cabinet de médecine générale. Quant aux facteurs de risques sexuels proposés par l'HAS pour étendre le dépistage en dehors du critère d'âge, ils ne semblent pas adaptés à la médecine générale puisque ni médecins ni patientes ne sont prêts à aborder ce sujet en consultation [7–9]. Les résultats de l'enquête CSF confirment par ailleurs qu'une stratégie de dépistage systématique ne peut reposer sur ces seuls critères [1].

3. Objectifs de l'étude

L'objectif principal de notre étude était de déterminer s'il existe une corrélation entre la présence de quatre signes cliniques recherchés à l'interrogatoire et l'infection à C.

trachomatis recherchée sur un prélèvement de l'endocol chez les femmes consultant en centre d'orthogénie.

Les objectifs secondaires étaient :

d'estimer la prévalence de l'infection dans cette population

de définir des critères adaptés permettant de cibler la population à dépister en médecine générale.

(13)

PRELIMINAIRES

1. Dépistage de Chlamydia trachomatis : état des lieux à l'étranger et en France

1.1. A l'étranger

Le dépistage opportuniste de C. trachomatis a été introduit en Suède et dans une partie des Etats-Unis dans les années 80. Depuis de nombreux pays ont mis en place des stratégies de dépistage de cette infection. Nous allons dans cette rubrique nous intéresser aux principales d'entre elles.

1.1.1. La Suède, un pays précurseur

La Suède a été le premier pays à établir un réseau national de laboratoires pour détecter les infections à C. trachomatis. Le recensement de tous les cas d’infection à C. trachomatis a été réalisé à partir de 1983 par le « National Bacteriological Laboratory » et depuis 1993 par le « Swedish Institute for Infectious Disease Control ». Le 1er avril 1988, C. trachomatis a été désigné légalement comme agent de maladie vénérienne et il a été exigé des médecins d’offrir un dépistage et un traitement à tout patient, et leur partenaire, suspecté d’avoir une infection à C.

trachomatis ainsi que de répertorier les cas. Les tests et les traitements étaient entièrement gratuits pour le patient. De 1985 à 1993, la Suède a assisté à une diminution du taux d’infection à C. trachomatis [12]. Cependant, depuis 1995, le taux d’infection à C. trachomatis est en hausse [13].

1.1.2. L'expérience américaine

Les premières recommandations concernant le dépistage de C. trachomatis ont été établies aux Etats-Unis en 1993 par le « Centre for Disease Control and Prevention » [14]. Plusieurs critères pour identifier les femmes à dépister sont alors énoncés :

(14)

femmes présentant une cervicite mucopurulente

femmes âgées de moins de 20 ans sexuellement actives

femmes âgées de 20 à 24 ans présentant un des deux critères suivants: pas d'utilisation régulière du préservatif, nouveau partenaire ou plus d'un partenaire sexuel au cours des trois derniers mois

femmes âgées de plus de 24 ans présentant les deux critères précédents La fréquence du dépistage recommandée est de un an. Dans le cas particulier de la femme de moins de 20 ans, le test doit être réalisé lors de chaque examen pelvien sauf si la femme n'a eu qu'un seul partenaire depuis le dernier test réalisé.

Plus récemment le « US Preventive Services Task Force » a recommandé de dépister les infections à C. trachomatis chez toutes les femmes sexuellement actives âgées de 24 ans ou moins et chez les femmes plus âgées à risque accru (grade A) [15]. L'évaluation du risque se base sur les antécédents (antécédents d'infection à C. trachomatis ou autre infection sexuellement transmissible, nouveau ou multiples partenaires sexuels, utilisation irrégulière du préservatif, métiers du sexe) et sur des critères démographiques (les femmes afro-américaines et hispaniques ont des taux de prévalence plus élevés que dans la population générale).

1.1.3. Au Canada

Dans les directives canadiennes sur les infections sexuellement transmissibles mises à jour en janvier 2010, il est mentionné que la prévention des infections à C.

trachomatis et de ses séquelles passe par le dépistage des groupes à risques:

femmes de moins de 25 ans sexuellement actives [16]. Il est également prudent de dépister tous les hommes sexuellement actifs de moins de 25 ans en attendant d'avoir des données complémentaires permettant de déterminer si ce dépistage diminuerait l'incidence des infections génitales à C. trachomatis chez les femmes.

La fréquence à laquelle réaliser ce dépistage n'est pas mentionnée mais il est conseillé de répéter le dépistage 6 mois après avoir mis en évidence et traité une infection.

(15)

1.1.4. En Australie

Le gouvernement fédéral faisait déjà, en 2005, d'un programme pilote de dépistage de C. trachomatis une priorité dans sa stratégie nationale de gestion des infections sexuellement transmissibles [17]. C'est en mai 2010 que ce programme a vu le jour sous le nom de ACCEPt (Australian Chlamydia Control Effectiveness Pilot). Il a pour but d'évaluer la faisabilité, l'acceptabilité, l'efficacité et la rentabilité d'un dépistage annuel de C. trachomatis chez les hommes et les femmes âgés de 16 à 29 ans en médecine générale. Après un an, le programme a recruté 80 cliniques à travers 30 villes d'Australie, ce qui représente 383 médecins généralistes soit un taux élevé de recrutement de 85% [18,19].

1.1.5. Dans les pays européens (hors France)

Comme nous l'avons vu précédemment, la Suède a été l'un des premiers pays à introduire un dépistage opportuniste de C. trachomatis. Actuellement la Suède est l'un des pays européens, avec la Norvège, où le dépistage est le plus répandu malgré l'absence de coordination nationale.

Une enquête menée sur 29 pays européens a trouvé de profondes variations dans l'organisation du contrôle de l'infection à C. trachomatis. Un programme national a été identifié dans seulement 2 pays (dépistage organisé s'adressant à une part considérable de la population au sein du système de santé public) : Le Royaume-Uni et les Pays-Bas. Le Royaume-Uni a initié il y a quelques années un vaste programme national de dépistage de C. trachomatis. Ce programme a débuté en avril 2003 dans 10 régions d’Angleterre puis s’est étendu progressivement pour compter 86 régions en 2007 : il s'agit de proposer un dépistage annuel à tous les hommes et femmes sexuellement actifs âgés de moins de 25 ans se présentant aussi bien dans des structures médicales, dont soins primaires, que dans des structures non médicales (université, événement sportif...). D'avril 2003 à mars 2006, 180 000 personnes ont été testées pour le C. trachomatis et le taux de positivité de l’infection était de 10,4% chez les femmes et 10,7% chez les hommes. Le dernier rapport annuel pour l’année 2008-2009 fait état de 759 027 personnes testées, soit 16% des 15-24 ans. Le taux de positivité est en baisse, mesuré à 7% (8% chez les femmes et 6% chez les hommes) [20–23].

(16)

Concernant les Pays-Bas, il ne s'agit pour l'instant que d'un programme pilote implanté dans 3 régions en 2008 proposant un dépistage à la population de 16 à 29 ans par le biais d'une invitation postale annuelle.

Sur les 27 autres pays, 5 proposent des guides pour le diagnostic et le traitement des chlamydioses à au moins un groupe de professionnels de santé (Lituanie, République Tchèque, Italie, Allemagne, Autriche), 3 ont des guides pour aider à la gestion des cas et la notification des partenaires (Hongrie, France, Belgique), 6 offrent un dépistage opportuniste à un groupe spécifique de personnes asymptomatiques (Lettonie, Estonie, Suède, Danemark, Islande, Norvège) (cf tableau 1) et 13 pays ne recensent aucune activité organisée ni aucun guide concernant le diagnostic et la gestion des infections à C. trachomatis (Turquie, Bulgarie, Roumanie, Malte, Portugal, Slovénie, Grèce, Espagne, Finlande, Suisse, Irlande, Luxembourg, Liechtenstein). [24,25]

Tableau 1 : Dépistage de C. trachomatis chez les personnes asymptomatiques : résumé des guides nationaux

Danemark Dépistage en soins primaires pour les personnes asymptomatiques avec changement fréquent de partenaire, chez les femmes de moins de 26 ans avant la pose d'un dispositif intra-utérin ou une hystérosalpingographie

Estonie Dépistage des femmes enceintes, des personnes asymptomatiques avec changement fréquent de partenaires sexuels, des clients des prostitué(e)s et à la suite d'une agression sexuelle

Islande Dépistage des femmes se présentant pour une IVG, des donneurs d'ovules ou de sperme.

Lettonie Dépistages des femmes enceintes, des personnes atteintes d'IST et leurs partenaires

Norvège Dépistage des femmes se présentant pour une IVG et des femmes enceintes, des moins de 25 ans ayant changé récemment de partenaire et des partenaires de personnes atteintes d'IST

Suède Nombreux guides incluant le dépistage des personnes asymptomatiques mais ciblant différents groupes selon les régions

(17)

1.2. En France

1.2.1. Le dépistage dans les textes

En 2003, la Direction Générale de la Santé définissait comme objectif une diminution de la prévalence des chlamydioses à 3% chez les femmes de moins de 25 ans [26]

La même année, l’HAS s'interrogeait sur la mise en place d'un dépistage des infections à C. trachomatis en France [10]

Les facteurs de risques de l'infection à C. trachomatis identifiés dans la littérature chez la femme sont : âge < 25 ans (principal facteur de risque), partenaires multiples, changement de partenaire, partenaire présentant des symptômes d'IST, non-utilisation ou utilisation inconstante d'un préservatif, appartenance à la population afro-américaine. Il semble donc pertinent de sélectionner les femmes à dépister sur l'âge, la multiplicité des partenaires ou le changement de partenaire au cours des 12 derniers mois sans pour autant pouvoir exclure de proposer le dépistage aux femmes présentant d'autres facteurs de risque connus : antécédents d'IST, IVG, utilisation inconstante du préservatif.

Chez l'homme le seul critère d'âge (< 30 ans) est retenu compte tenu de l'absence de données suffisantes sur la recherche des facteurs de risque [10].

Les structures de soins et les professionnels pouvant proposer un dépistage seraient:

- les médecins généralistes

- les services de médecine universitaire et de médecine du travail

- les CPEF, les CES, les CDAG, les DAV, les centres d'IVG, et les centres de PMI - les gynécologues, les urologues et les dermatologues

Concernant la fréquence du dépistage, le groupe de travail approuverait une stratégie de dépistage annuelle, comme recommandée par les pays étrangers.

(18)

Deux scenarii sont envisagés : un dépistage préférentiel des femmes âgées de moins de 25 ans ou un dépistage simultané des hommes de moins de 30 ans et des femmes de moins de 25 ans.

Le groupe mentionne que ce dépistage pourrait être élargi, aux sujets ayant plus d’un partenaire sexuel dans l’année précédant le dépistage quel que soit l’âge.

1.2.2. Le dépistage en pratique

La surveillance épidémiologique des chlamydioses génitales en France est effectuée par un réseau national de laboratoires d’analyses de biologie médicale mis en place en 1989 : le réseau RENACHLA.

En 2009, les 75 laboratoires volontaires du réseau Renachla ont diagnostiqué 7516 infections à C. trachomatis, dont 70% chez les femmes. Le taux de positivité de l'infection était de 5,5% avec des variations importantes selon les laboratoires: le taux de positivité est plus élevé dans les laboratoires qui traitent les prélèvements de structures faisant du dépistage (9,4%) que dans les laboratoires privés qui traitent les prélèvements demandés par les praticiens libéraux (3,8%).

La plus grande proportion des infections (47%) est diagnostiquée chez les 20-24 ans.

En secteur libéral, les diagnostics sont réalisés chez les femmes essentiellement par les gynécologues (60%) et chez les hommes par les médecins généralistes (68%).

Les structures qui pratiquent le dépistage systématique sont les CDAG, les Ciddist et les CPEF (87% de formes asymptomatiques). Les gynécologues et les médecins généralistes ont plus recours à des tests à visée diagnostique chez des sujets se présentant avec des signes cliniques [27]

Le groupe de travail se prononce donc en faveur d'un «dépistage opportuniste des infections uro-génitales à C.trachomatis dans les populations à risque qui ont été identifiées dans les centres de planification et d’éducation familiale (CPEF), les centres de dépistage anonyme et gratuit (CDAG), les dispensaires antivénériens (DAV) et les centres d’interruption volontaire de grossesse (IVG)».

(19)

Entre 2006 et 2009, il se dégage plusieurs tendances évolutives:

augmentation du nombre de personnes testées, plus marquée chez les femmes

augmentation du nombre de personnes infectées, plus importante chez les femmes avec un taux de positivité qui a augmenté de 31%, versus 14% chez les hommes, pour atteindre 5,5% en 2009. L'augmentation du nombre de diagnostics de chlamydiose concerne surtout les CPEF et les CDAG. Cette augmentation est plus limitée chez les gynécologues exerçant à l'hôpital et les médecins généralistes.

Diminution de l'âge des personnes avec un diagnostic d'infection à C.

trachomatis

augmentation du dépistage systématique chez les personnes asymptomatiques: pour 76% des femmes et 86% des hommes asymptomatiques infectés, il s'agit d'un dépistage systématique (en dehors de situations à risques telles que « partenaire infecté à C. trachomatis »,

« comportement à risque d'IST », « IVG »)

Ces résultats semblent donc encourageants puisqu'ils montrent une progression du dépistage de l'infection à C. trachomatis en France. Le dépistage concerne essentiellement les structures publiques (CPEF, CDAG) tel que le recommandait l'HAS en 2003.

En l'absence de recommandation actuelle concernant le dépistage en médecine générale, on observe que le médecin libéral effectue plutôt des tests à visée diagnostique chez des patients symptomatiques et ne dépiste qu'une faible proportion des personnes asymptomatiques [27].

1.2.3. Les données de l'enquête CSF « Contexte de la Sexualité en France »

L'enquête CSF a été menée en 2006 sous la responsabilité de N. Bajos et M. Bozon.

Le recueil des données a été réalisé par téléphone auprès de personnes âgées de 18 à 69 ans. L'enquête NatChla a été dirigée par V. Goulet et J. Warszawski au sein de l'enquête CSF. Un dépistage de C. trachomatis a été proposé à la fin de

(20)

l'entretien téléphonique à un sous-échantillon de personnes âgées de 18 à 44 ans : toutes les personnes de 18 à 25 ans et les personnes de 26 à 44 ans présentant un facteur de risque connu (> 2 partenaires sexuels ou un nouveau partenaire dans les 12 derniers mois).

Cette enquête révèle tout d'abord la méconnaissance de l'infection à C. trachomatis dans la population générale : 37% des hommes et 31% des femmes n'avaient jamais entendu parler de cette infection. Parmi les personnes qui avaient entendu parler de C. trachomatis, seulement 4,8% des hommes et 12% des femmes déclaraient avoir eu un dépistage.

L'étude NatChla a permis pour la première fois en France d'estimer la prévalence de l'infection à C. trachomatis dans la population générale qui est de 3% chez les femmes et 2,5% chez les hommes avec une prévalence maximale chez les femmes âgées de 18 à 24 ans (3,6%). Il s'agit donc d'une infection fréquente mais largement sous-dépistée en population générale comme en témoigne la très faible proportion des personnes rapportant un antécédent d'infection à C. trachomatis diagnostiquée dans les cinq dernières années : 0,2% des hommes et 0,7% des femmes.

Infection à Chlamydia trachomatis : répandue mais méconnue et sous-dépistée

Cette enquête confirme que l'infection à C. trachomatis est liée au nombre et au type de partenaires sexuels dans les 12 derniers mois. La prévalence de l'infection dans les sous-groupes à risque atteint 10% chez les femmes et 7% chez les hommes.

Cependant 26% des hommes et 41% des femmes infectés n'avaient eu qu'un seul partenaire dans l'année connu depuis plus de 12 mois et 2,5% des femmes n'avaient eu aucun partenaire dans l'année. Les auteurs affirment donc « qu'une stratégie de dépistage systématique ne peut reposer sur ces seuls critères ».

Concernant le dépistage de C. trachomatis, les auteurs de l'enquête NatChla concluent qu' « il est sans doute plus efficace, à court terme, de promouvoir des stratégies actives de dépistage des femmes avec un effort particulier pour atteindre les plus jeunes d'une part, et les plus défavorisées sur le plan socio-économique d'autre part. » [1]

(21)

2. Manifestations cliniques de l'infection à Chlamydia trachomatis

2.1. Infections uro-génitales basses

Parmi les 19 sérovars connus de C. trachomatis, seuls les sérovars D à K ont un tropisme uro-génital. Les sérovars les plus rencontrés en Europe sont les E (50%), F (20%) et D (10%) [28].

2.1.1. Chez la femme : cervicite et urétrite

La cervicite est la manifestation la plus fréquente de l'infection chez la femme. C.

trachomatis a un tropisme marqué pour les cellules épithéliales des muqueuses et vient infecter les cellules de l'endocol après transmission sexuelle. Cliniquement la cervicite se manifeste par des leucorrhées (37% des cas) [29], des cystalgies, une dyspareunie, un spotting. L'examen au speculum retrouve un col oedématié, congestif, friable, parfois un ectropion hémorragique. Les femmes présentant une ectopie cervicale sont plus sensibles à l'infection par C. trachomatis.

L'urétrite doit être évoquée devant dysurie et pollakiurie [28]. D'après une étude anglaise, C. trachomatis est une cause importante de syndrome urétral chez la femme, ce syndrome urétral étant défini par l'association dysurie et pollakiurie [30].

L'infection est classiquement décrite comme asymptomatique dans 70 à 80% des cas, rendant le diagnostic difficile d'autant plus que les signes cliniques, quand ils sont présents, sont peu spécifiques [31]. Une étude américaine a étudié la prise en charge en soins primaires et dans les services d'urgences de jeunes femmes présentant au moins un des symptômes suivants : douleur abdominale ou pelvienne, leucorrhées, dysurie, pollakiurie, métrorragies, dysménorrhées, douleur vaginale. Sur les 498 femmes incluses, 55% n'ont pas été testées pour la recherche d'IST (gonocoques, chlamydiae) et sont ressorties avec des diagnostics de pathologie gastro-intestinale ou urinaire. Sur les 213 femmes testées, 35 (16,4%) étaient positives pour C. trachomatis [32]

La présence de signes urinaires peut orienter à tort vers une infection urinaire. Dans une étude réalisée par Jill S. Huppert en collaboration avec le « National Institute of Health », 20% des femmes ayant une infection urinaire prouvée par culture avaient une infection génitale concomitante à organismes transmis sexuellement comme Trichomonas vaginalis, C. trachomatis ou Neisseria gonorrhoeae [33]. Parmi les

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femmes présentant des signes urinaires (dysurie, pollakiurie, impériosités), il y avait une tendance à une prévalence plus élevée d'IST (36%) que d'infection urinaire (26%) sans que toutefois cette différence soit significative (p = 0,006). Les bandelettes urinaires réalisées aux patientes symptomatiques ont permis de mettre en évidence que la présence de leucocytes ou de sang était plutôt associée à une IST alors que nitrites ou protéines orientaient plutôt vers une infection urinaire. Les auteurs, ainsi que de nombreux experts de l'adolescent, recommandent donc de rechercher IST et infection urinaire chez les adolescentes sexuellement actives présentant des signes cliniques urinaires, d'autant plus qu'il existe une leucocyturie amicrobienne.

2.1.2. Chez l'homme : urétrite

C. trachomatis est responsable de 20 à 50% des urétrites non gonococciques.

L'urétrite à C. trachomatis est subaiguë, les symptômes s'installent progressivement sur plusieurs jours et consistent en une dysurie et un écoulement urétral. Seuls 11 à 13% des patients présentent un écoulement. Celui-ci est d'abondance modérée, clair, visqueux. Il n'est purulent que dans 4% des cas. La dysurie est plus fréquente, présente chez 53 à 75% des hommes [34]. L'infection peut aussi être asymptomatique dans 50% des cas [29].

Dans 30 à 70% des cas on observe une disparition spontanée des symptômes, en l'absence de tout traitement, dans un délai de 1 à 3 mois [34].

L'urétrite peut se compliquer d'orchiépididymite qui, en cas d'infection chronique et persistante, pourrait aboutir à une infertilité séquellaire. Aucune étude n'a pour l'instant établi de lien significatif entre infection à C. trachomatis et stérilité masculine mais la prévalence élevée d'anticorps anti-chlamydia chez des hommes hypoféconds asymptomatiques ou la présence d'anticorps anti-sperme mise en évidence chez certains hommes infectés et leurs compagnes font naître des interrogations sur les conséquences de l'infection chronique chez l'homme [35].

2.2. Infections génitales hautes

La bactérie présente au niveau du col utérin lors d'une cervicite peut évoluer de manière ascendante pour aller infecter les voies génitales hautes et engendrer

(23)

salpingites, inflammation pelvienne aiguë ou chronique, endométrite, GEU et à terme stérilité tubaire.

En France l'incidence des salpingites aiguës est estimée à 100 000 cas par an. La moitié des patientes atteintes ont moins de 25 ans. Chaque année, 15 000 cas de stérilité tubaire secondaire à ces infections sont diagnostiqués [36]. C. trachomatis est responsable de 50% des salpingites chez les jeunes femmes et de 70% des stérilités tubaires [37].

2.2.1. Risque d'infection génitale haute après une infection basse à Chlamydia trachomatis

En 1999, Paavonen estimait que 20% des femmes infectées par C. trachomatis feraient une salpingite, 3% développeraient une stérilité séquellaire et 2% une grossesse extra-utérine [38].

Des études plus récentes viennent nuancer ces chiffres. Une étude de cohorte suédoise sur 43 715 femmes suivies pendant 15 ans retrouve des incidences cumulées de complications diagnostiquées à l'hôpital à l'âge de 35 ans de 5,6% pour les salpingites, 2,7% pour les GEU et 6,7% pour l'infertilité [39]. Cependant une des principales limites de cette étude est de ne relever que les complications diagnostiquées à l’hôpital, ne prenant pas en compte les cas pris en charge en soins primaires, pouvant être à l'origine d'une sous-estimation des chiffres réels. Dans une autre étude menée par P. Oakeshott, «The POPI (prevention of pelvic infection) trial

», 9,5% (7/74) des femmes infectées par C. trachomatis et non traitées ont développé une atteinte inflammatoire pelvienne dans les 12 mois de suivi [40].

Pour AJ Boecke, le risque de développer une PID (Pelvic Inflammatory Disease) varierait de 0 à 72%. Il serait faible (0 à 4%) chez les femmes asymptomatiques dépistées en population générale, plus important (12 à 30%) chez les femmes symptomatiques ou considérées à risque d'avoir une IST (consultant un centre d'IST, ayant un partenaire symptomatique, ayant une infection gonococcique associée) et très élevé (27 à 72%) chez les femmes réalisant une IVG [41].

Par ailleurs certaines études ont mis en évidence qu'il existait, au niveau du col utérin, une clairance naturelle de l'infection. Sur 744 femmes asymptomatiques, infectées et non traitées, 45% n'ont ainsi développé aucune infection génitale haute après un an de suivi [42]. M. Molano a suivi 82 femmes ayant une PCR positive pour C. trachomatis sur prélèvement endocervical. 46% des infections persistaient à un

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an, 18% à 2 ans et 6% à 4 ans soit un taux de clairance de l'infection de 54%, 82%

et 94% respectivement à 1, 2 et 4 ans [43]. Ce taux varie en fonction du sérovar : il est plus bas avec les sérovars B, D et E et plus élevé avec les sérovars F et G. Le climat hormonal semblerait également jouer un rôle dans la clairance de l'infection : les estrogènes favoriseraient la clairance tandis que la progestérone favoriserait les infections sévères avec réaction inflammatoire intense mais ces données ne reposent pour l'instant que sur des études animales [44].

2.2.2. Rôle des infections récurrentes

Le risque de développer une infection génitale haute et des séquelles (GEU, infertilité) augmente avec le nombre d'infection génitale basse à C. trachomatis. Une étude américaine réalisée sur 11 000 femmes a montré qu'une femme ayant fait 2 épisodes d'infection à C. trachomatis avait 2 fois plus de risque d'être hospitalisée pour une GEU et 4 fois plus de risque pour une salpingite par rapport à une femme qui n'aurait fait qu'une seule infection. A partir de 3 infections à C. trachomatis, ce risque est multiplié par 6 (salpingite et GEU confondues) [45].

2.3. Syndrome de Fitz Hugh Curtis : périhépatite

Le syndrome de Fitz Hugh Curtis est une inflammation de la capsule hépatique avec formation d'adhérences entre le foie et le diaphragme ou la paroi abdominale. Il survient chez 4 à 14% des femmes avec une PID (Pelvic inflammatory disease). Le taux d'incidence est plus élevé chez les adolescentes, atteignant 27% chez des adolescentes atteintes de salpingite [46].

La pathogénie est encore mal connue et plusieurs hypothèses sont avancées : contamination directe à partir des trompes de Fallope, dissémination par voie hématogène ou lymphatique, réponse immunitaire exagérée à l'infection à C.

trachomatis.

Le diagnostic clinique est difficile car le tableau clinique peut mimer beaucoup d'autres pathologies. Fièvre, douleur abdominale et leucorrhées sont presque toujours présents. Il peut s'y ajouter une douleur de l'hypochondre droit irradiant vers l'épaule ou le bras, nausées, vomissements, hoquet, frissons, sueurs nocturnes, céphalées, malaise.

(25)

La coelioscopie, lorsqu'elle est réalisée, confirme le diagnostic en mettant en évidence les adhérences en « cordes de violon » entre le foie et le diaphragme ou la paroi abdominale [47].

2.4. Syndrome de Fiessinger-Leroy-Reiter

Il s'agit d'une polyarthrite réactionnelle survenant après une infection du tractus génital (C. trachomatis, Mycoplasma et Ureaplasma) ou digestif (Salmonella, Shigella, Yersinia et Campylobacter). Il est classiquement défini par la triade clinique urétrite, polyarthrite aiguë ou subaiguë asymétrique, conjonctivite. Des manifestations cutanéo-muqueuses sont observées dans 20% des cas : érosions buccales, balanite circinée non érosive et plus rarement kératodermie palmo- plantaire, placards des membres de type psoriasique, hyperkératose sous-unguéale [48].

Cette arthrite réactionnelle est une pathologie rare, listée comme telle par Orphanet, avec une prévalence estimée à 1/30 000 (tout agent infectieux causal confondu) [49]. Après une infection à C. trachomatis, 4,1% des patients développerait une arthrite réactionnelle [50].

L'affection touche plus souvent l'homme que la femme et est liée au terrain génétique puisque 75% des patients atteints sont porteurs du HLA B27.

Deux tiers des patients vont développer une gêne prolongée des articulations, des douleurs ou une entésopathie après une arthrite réactionnelle aiguë. Des séquelles chroniques sévères sont possibles dans 30% des cas même si la majorité des patients ont une durée et une qualité de vie normales [49].

2.5. La lymphogranulomatose vénérienne (LGV)

La LGV est due à une infection par les sérovars L1 à L3 de C. trachomatis. Elle est fréquente dans les zones tropicales à faible niveau d'hygiène et se manifeste par une adénite inguinale satellite du chancre initial qui peut passer inaperçu. Elle peut parfois se traduire par une rectite aiguë, essentiellement chez l'homme ayant des rapports sexuels avec des hommes.

En 2003, les premiers cas européens ont été rapportés à Rotterdam : diagnostic de 15 cas groupés de LGV rectale à C. trachomatis sérovar L2 [51]. Depuis l'épidémie s'est répandue dans toute l'Europe et une surveillance des cas a été instaurée dans

(26)

plusieurs pays. La France et le Royaume-Uni rassemblent le plus grand nombre de cas [27].

En France, 38 cas de LGV rectale à C. trachomatis sérovar L2 ont été recensés en mars 2004, 117 en 2005 et 140 en 2006. Ce nombre continue d'augmenter en 2007 et 2008 avec respectivement 170 et 191 cas diagnostiqués. L'infection touche particulièrement les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et co- infectés par le VIH (une sérologie VIH positive est retrouvée dans 90% des cas) [52].

En 2009, le nombre d'infection amorce une légère baisse avec 160 cas recensés mais l'infection semble s'étendre aux hommes séronégatifs pour le VIH et un cas de LGV rectale a été décrit chez la femme, pouvant faire craindre le passage de cette infection à la population hétérosexuelle.

(27)

MATERIELS ET METHODES

Nous avons réalisé une étude observationnelle transversale, analytique, diagnostique.

1. Population étudiée

Etait incluse dans l'étude toute patiente consultant pour une IVG au CPEF du CHU de Poitiers, aux consultations du Dr S. G (le jeudi).

Les patientes ayant un traitement antibiotique en cours étaient exclues ainsi que celles ayant pris des antibiotiques au cours du mois précédent.

Plusieurs patientes présentaient des valeurs manquantes lors du recueil de données. Les patientes étaient exclues de l'étude au delà de 2 valeurs manquantes.

Six patientes ayant une ou deux valeurs manquantes ont été exclues lors de l'analyse statistique de ce fait.

2. Durée de l'étude

L'étude s'est déroulée du 21 octobre 2010 au 30 juin 2011.

3. Recueil des données

Pour chaque patiente, plusieurs variables étaient recueillies à l'interrogatoire concernant d'une part les caractéristiques socio-démographiques de la patiente, d'autre part la présence de signes fonctionnels.

3.1. Caractéristiques des patientes

Lors de l'interrogatoire des patientes, nous avons recueilli les données suivantes : âge

gestité, parité

(28)

niveau d'étude : inférieur au baccalauréat, niveau baccalauréat ou études supérieures

nationalité

durée de la relation avec le partenaire actuel définie comme la durée de la période de rapports sexuels avec un seul et même individu.

Présence ou non de rapports extra-conjugaux : critère interrogé pour les patientes positives et revues par le Dr S. G en consultation post IVG.

3.2. Choix des signes fonctionnels

Pour sélectionner les signes fonctionnels à rechercher à l'interrogatoire, nous avons essayé de répertorier dans la littérature les symptômes les plus fréquemment rencontrés lors des infections à C. trachomatis.

Dans une ancienne étude réalisée en Midi-Pyrénées sur 325 femmes consultant dans un service de dermatologie-vénérologie pour une symptomatologie génitale basse (écoulement et/ou symptômes fonctionnels), 40 prélèvements (12,4%) sont revenus positifs à C. trachomatis. Parmi les 40 femmes infectées, 33 (82,5%) avaient consulté pour des leucorrhées, 11 (27,5%) pour des douleurs pelviennes, 6 (15%) pour une dysurie et 4 (10%) pour une dyspareunie [53]. Les données plus récentes du réseau Renachla sont concordantes puisqu'en 2003 les signes cliniques les plus fréquents chez les femmes étaient : infections génitales basses (leucorrhées, vaginose, cervicite) à 65%, douleurs pelviennes à 29%, infection urinaire ou urétrite à 25% et salpingite à 10% [54].

Les symptômes d'une infection à C. trachomatis les plus souvent rapportés dans la littérature sont : leucorrhées, signes urinaires, douleur abdominale, dyspareunie, métrorragies [16,37,55,56].

Nous avons retenu, pour notre étude, les 4 signes suivants : leucorrhées, douleur abdomino-pelvienne, dyspareunie et signes fonctionnels urinaires (SFU).

Leucorrhées

C'est le signe cité de manière constante dans la littérature. D'après les données du réseau Renachla, les leucorrhées sont le signe le plus fréquent chez les femmes porteuses d'une infection à C. trachomatis. Il serait présent dans 37% des cervicites [29], manifestation la plus fréquente de l'infection génitale basse de la femme.

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Douleur abdomino-pelvienne

Deuxième signe le plus fréquent d'après Renachla et l'étude réalisée en Midi- Pyrénées, les douleurs abdominales sont également mentionnées dans plusieurs guides nationaux concernant la gestion des infections à C. trachomatis (Canada, Royaume-Uni, Ecosse) [16,55,56]

Une récente étude réalisée sur une population d'adolescente en rupture a également mis en évidence que les douleurs abdominales étaient associées au portage de C.

trachomatis chez les filles [57].

Dyspareunie

Nous avons pris en compte dans notre étude les dyspareunies profondes telles que décrites dans la littérature [55].

Signes fonctionnels urinaires (SFU)

Le terme de signes fonctionnels urinaires est assez imprécis puisqu'il peut regrouper de nombreux symptômes (brûlures mictionnelles, pollakiurie, dysurie, impériosités...).

D'après une étude anglaise, C. trachomatis est une cause importante de syndrome urétral chez la femme, ce syndrome urétral étant défini par l'association dysurie et pollakiurie [30]. Cette notion de syndrome urétral avec dysurie et/ou pollakiurie est retrouvée de manière prépondérante dans la littérature pour décrire les signes urinaires liés à C. trachomatis [16,28,55].

Dans notre étude, le terme « signes fonctionnels urinaires » incluait tout symptôme urinaire à l'exception des brûlures mictionnelles et/ou cystalgie de fin de miction qui sont plus spécifiquement évocatrices d'une cystite.

Exclusion des métrorragies

Malgré sa présence dans plusieurs références bibliographiques, nous n'avons pas inclus les métrorragies dans nos signes fonctionnels sur l'hypothèse qu'une patiente présentant des saignements anormaux aurait consulté un médecin. Nous avons préféré ne retenir que les symptômes les moins spécifiques ne justifiant pas nécessairement une consultation médicale du point de vue de la patiente.

Des études sur la pratique des médecins en matière de C. trachomatis ont montré qu'une des premières circonstances de prescription d'un test à la recherche de C.

trachomatis était la présence de symptômes au niveau de la sphère génitale [27,58,59]. L'objectif est alors d'identifier des critères permettant de dépister les femmes en apparence asymptomatique et n'exprimant pas de plaintes fonctionnelles

(30)

au niveau de la sphère uro-génitale, par exemple en cas de symptômes peu spécifiques et/ou peu marqués : leucorrhées ressemblant à des pertes physiologiques, vagues douleurs abdominales, signes urinaires n'évoquant pas en première intention une infection urinaire. Quant à la dyspareunie, l'aborder en consultation n'est pas chose aisée pour la patiente car faisant référence à la sexualité.

4. Méthodes de prélèvement

Pour chaque patiente, un prélèvement au niveau de l'endocol était réalisé. La recherche de C. trachomatis était ensuite réalisée par PCR.

5. Analyse statistique

L'enregistrement des données a été réalisé via le logiciel Microsoft Office 2002.

L’analyse statistique a été réalisée par l’unité EVARISQ du CHU de Poitiers avec le logiciel SAS 9.2. Les données recueillies sont présentées et décrites en fonction de variables qualitatives (effectifs, pourcentages et intervalles de confiance à 95 %).

Des analyses comparatives ont été menées : comparaison de pourcentage par le test de Chideux ou de Fisher en cas d’effectifs théoriques inférieurs à 5. Le seuil de significativité retenu était de 5 %.

6. Gestion des cas positifs

Les femmes dont le prélèvement revenait positif pour C. trachomatis recevaient un traitement antibiotique par azithromycine ou doxycycline, en accord avec les recommandations.

Dans tous les cas une ordonnance d'azithromycine était remise pour le traitement du partenaire avec la mention « à ne délivrer qu'en cas d'absence d'allergie aux macrolides ».

(31)

RESULTATS

1. Nombre de patientes incluses

156 patientes consultant pour une IVG au CPEF de Poitiers les jeudis du 21 octobre 2010 au 30 juin 2011 ont été prélevées pour une recherche de C. trachomatis. Parmi elles, 25 présentaient plus de deux valeurs manquantes lors du recueil de données et ont été exclues de l'étude.

Au total, 131 patientes ont été incluses dans notre étude.

2. Caractéristiques socio-démographiques de la population étudiée (cf annexe 1)

2.1. Age

L'âge était connu pour 128 patientes sur les 131 incluses.

L'âge médian était de 23 ans avec des extrêmes à 14 et 44 ans.

78 patientes (61%) avaient moins de 25 ans et 98 (77%) avaient moins de 30 ans.

Les tranches d'âge les plus représentées étaient les 15-19 ans et les 20-24 ans avec respectivement 34 (27%) et 43 (36%) patientes. (figure 1)

(32)

2.2. Gestité, parité

Cette donnée était connue pour 128 patientes sur les 131 incluses.

La majorité des patientes (45%) était G1P0. (figure 2)

<15 ans 15-19 ans 20-24 ans 25-29 ans 30-34 ans ≥ 35 ans 0

5 10 15 20 25 30 35 40 45 50

Répartition de la population selon l'âge

âge

nombre de patientes

Figure 1 : Répartition de la population selon l'âge

Figure 2 : Répartition de la population selon la gestité et la parité

0 1 2 3 ≥4

0 10 20 30 40 50 60 70 80

Répartition selon la gestité et la parité

gestité parité

gestité/parité

nombre de patientes

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2.3. Nationalité

117 patientes (89%) étaient de nationalité française : 113 (86%) originaires de métropole et 4 (3%) des DOM-TOM.

Les autres nationalités étaient africaine pour 7 patientes (5%), chinoise pour 1 patiente (1%), maghrébine pour 4 patientes (3%) et européenne (hors France) pour 2 patientes (2%).

2.4. Niveau d'études

Sur les 129 patientes pour lesquelles ce critère était renseigné, 55 (43%) avaient un niveau d'études inférieur au baccalauréat, 36 (28%) un niveau baccalauréat et 38 (29%) avaient fait des études supérieures.

3. Prévalence de l'infection à Chlamydia trachomatis

Durant la période de l'étude, 156 femmes ont été dépistées. Parmi elles, 25 étaient porteuses du C. trachomatis soit une prévalence globale de l'infection de 16%.

Sur les 131 patientes incluses dans l'étude, 23 étaient infectées par C. trachomatis soit une prévalence de l'infection de 17,6%.

4. Analyse descriptive selon les caractéristiques socio- démographiques de la population

Nous avons défini deux sous-groupes, celui des femmes positives pour C.

trachomatis et celui des femmes négatives, pour ensuite les comparer en fonction des variables recueillies à l'interrogatoire.

4.1. Selon l'âge

L'infection à C. trachomatis était la plus fréquente dans la tranche d'âge 20-24 ans avec une prévalence à 27,9%, suivie de celle des 25-29 ans avec une prévalence à 20%.

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