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Université de Poitiers Faculté de Médecine et Pharmacie

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Academic year: 2021

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(1)  . Université de Poitiers Faculté de Médecine et Pharmacie ANNEE  2010    .  .  .  .  .  .  .  .  . Thèse n°. THESE POUR LE DIPLOME D'ETAT DE DOCTEUR EN MEDECINE. (décret du 16 janvier 2004) Présentée et soutenue publiquement le 29 septembre 2010 à Poitiers. par M. Xavier LEMERCIER. TITRE.  . Vécu et ressenti des médecins généralistes dans leur prise en charge de patients en fin de vie. Analyse dʼentretiens semi-dirigés auprès de médecins généralistes de la Vienne. COMPOSITION DU JURY   Président :. Monsieur le Professeur Roger GIL. Membres :. Madame le Professeur Marie-Christine PERAULT-POCHAT Monsieur le Professeur Pascal ROBLOT Monsieur le Professeur Bernard GAVID. Directeur de thèse : Monsieur le Docteur Laurent MONTAZ.  .

(2)   U NIVERSITE DE   P OITIERS   et  Pharmacie   Faculté  de  Médecine     __________________________________________________________________________  . Année universitaire 2009 - 2010. LISTE  DES  ENSEIGNANTS  DE  MEDECINE     Professeurs des Universités - Praticiens Hospitaliers 37. KRAIMPS Jean-Louis, Chirurgie générale 38. LEVARD Guillaume, Chirurgie infantile 39. LEVILLAIN Pierre, Anatomie et Cytologie pathologiques 40. MAGNIN Guillaume, Gynécologie et obstétrique 41. MARCELLI Daniel, Pédopsychiatrie 42. MARECHAUD Richard, Médecine interne 43. MAUCO Gérard, Biochimie et Biologie moléculaire 44. MENU Paul, Chirurgie thoracique et cardio-vasculaire 45. MEURICE Jean-Claude, Pneumologie 46. MIMOZ Olivier, Anesthésiologie, Réanimation chirurgicale 47. MORICHAU-BEAUCHANT Michel, Hépato-GastroEntérologie 48. NEAU Jean-Philippe, Neurologie 49. ORIOT Denis, Pédiatrie 50. PACCALIN Marc, Gériatrie 51. PAQUEREAU Joël, Physiologie 52. PERAULT Marie-Christine, Pharmacologie clinique 53. PERDRISOT Rémy, Biophysique et Traitement de l'Image 54. PIERRE Fabrice, Gynécologie et obstétrique 55. POURRAT Olivier, Médecine interne 56. PRIES Pierre, Chirurgie orthopédique et traumatologique 57. RICCO Jean-Baptiste, Chirurgie vasculaire 58. RICHER Jean-Pierre, Anatomie 59. ROBERT René, Réanimation médicale 60. ROBLOT France, Maladies infectieuses, Maladies tropicales 61. ROBLOT Pascal, Médecine interne 62. RODIER Marie-Hélène, Parasitologie et Mycologie 63. SENON Jean-Louis, Psychiatrie d'adultes 64. SILVAIN Christine, Hépato-Gastro- Entérologie 65. SOLAU-GERVAIS Elisabeth, Rhumatologie 66. TASU Jean-Pierre, Radiologie et Imagerie médicale 67. TOUCHARD Guy, Néphrologie 68. TOURANI Jean-Marc, Cancérologie Radiothérapie, option Cancérologie (type clinique) 69. TURHAN Ali, Hématologie-transfusion 70. VANDERMARCQ Guy, Radiologie et Imagerie Médicale 71. WAGER Michel, Neurochirurgie. 1. AGIUS Gérard, Bactériologie-Virologie 2. ALLAL Joseph, Thérapeutique 3. BATAILLE Benoît, Neurochirurgie 4. BECQ-GIRAUDON Bertrand, Maladies infectieuses, maladies tropicales (surnombre) 5. BENSADOUN René-Jean, cancérologie radiothérapie 6. BRIDOUX Frank, Néphrologie 7. BURUCOA Christophe, Bactériologie-VirologieHygiène 8 . CARRETIER Michel, Chirurgie générale 9 . CORBI Pierre, Chirurgie thoracique et cardiovasculaire 10. DABAN Alain, Cancérologie Radiothérapie (surnombre) 11. DAGREGORIO Guy, Chirurgie plastique et Reconstructrice 12. DEBAENE Bertrand, Anesthésiologie Réanimation Chirurgicale 13. DEBIAIS Françoise, Rhumatologie 14. DIGHIERO Paul, Ophtalmologie (disponibilité) 15. DORE Bertrand, Urologie 16. DUFOUR Xavier, Oto-Rhino-Laryngologie 17. EUGENE Michel, Physiologie 18. FAUCHERE Jean-Louis, Bactériologie- Virologie (surnombre) 19. FROMONT-HANKARD Gaëlle, Anatomie et cytologie pathologiques 20. GAYET Louis-Etienne, Chirurgie orthopédique et traumatologique 21. GIL Roger, Neurologie (surnombre) 22. GILBERT Brigitte, Génétique 23. GOMBERT Jean-Marc, Immunologie 24. GOUJON Jean-Michel, Anatomie et Cytologie Pathologiques 25. GUILHOT-GAUDEFFROY François, Hématologie et Transfusion 26. GUILLET Gérard, Dermatologie 27. HADJADJ Samy, Endocrinologie et Maladies métaboliques 28. HANKARD Régis, Pédiatrie 29. HAUET Thierry, Biochimie 30. HERPIN Daniel, Cardiologie et Maladies vasculaires 31. HOUETO Jean-Luc, Neurologie 32. INGRAND Pierre, Biostatistiques, Informatique médicale 33. IRANI Jacques, Urologie 34. KEMOUN Gilles, Médecine physique et Réadaptation 35. KITZIS Alain, Biologie cellulaire 36. KLOSSEK Jean-Michel, Oto-Rhino- Laryngologie.       6  rue  de  la  Milétrie  ,  B.P.  199,  86034  POITIERS  CEDEX,  France   05.49.45.43.43  -­‐    05.49.45.43.05  –  e.mail  :  doyen.medecine@univ-­‐poitiers.fr    .

(3) U NIVERSITE DE P OITIERS     et  Pharmacie   Faculté  de  Médecine     __________________________________________________________________________  .  . Maîtres de Conférences des UniversitésPraticiens hospitaliers. Professeur émérite 1. FONTANEL Jean-Pierre, Oto-Rhino Laryngologie 2. LAPIERRE Françoise, Neurochirurgie. 1. ARIES Jacques, Anesthésiologie et Réanimation chirurgicale 2. BEBY-DEFAUX Agnès, Bactériologie-VirologieHygiène 3. BEN-BRIK Eric, Médecine du travail 4. BOINOT Catherine, Hématologie et Transfusion 5. BOUNAUD Jean-Yves, Biophysique et Traitement de l'Image 6. BOURMEYSTER Nicolas, Biologie cellulaire 7. CASTEL Olivier, Bactériologie-Virologie- Hygiène 8. CAVELLIER Jean-François, Biophysique et Traitement de l'Image 9. CHANSIGAUD Jean-Pierre, Biologie du développement et de la reproduction 10. DAHYOT-FIZELIER Claire, Anesthésiologie et Réanimation chirurgicale 11. DIAZ Véronique, Physiologie 12. FAURE Jean-Pierre, Anatomie 13. FAVREAU Frédéric, Biochimie et Biologie moléculaire 14. GRIGNON Bernadette, Bactériologie-VirologieHygiène 15. GUILLARD Olivier, Biochimie et Biologie moléculaire 16. HURET Jean-Loup, Génétique 17. JAAFARI Nematollah, Psychiatrie d’adultes 18. KARAYAN-TAPON Lucie, Cancérologie 19. LAFAY Claire, pharmacologie clinique 20. LECRON Jean-Claude, Biochimie et Biologie moléculaire 21. MIGEOT Virginie, Santé publique 22. ROUMY Jérôme, Biophysique, Médecine nucléaire 23. ROY Lydia, Hématologie 24. SAPANET Michel, Médecine légale 25. TALLINEAU Claude, Biochimie et Biologie moléculaire. Professeurs et Maîtres de Conférences honoraires 1. ALCALAY Michel, Rhumatologie 2. BABIN Michèle, Anatomie et Cytologie pathologiques 3. BABIN Philippe, Anatomie et Cytologie pathologiques 4. BARRAINE Robert, Cardiologie et Maladies vasculaires 5. BARRIERE Michel, Biochimie et biologie moléculaire 6. BEGON François, Biophysique, Médecine nucléaire 7. BONTOUX Daniel, Rhumatologie 8. BURIN Pierre, Histologie 9. CASTETS Monique, Bactériologie-Virologie - Hygiène 10. CLARAC Jean-Pierre, Chirurgie orthopédique 11. DE NAS TOURRIS Henri, Gynécologie obstétrique 12. DESMAREST Marie-Cécile, Hématologie 13. DEMANGE Jean, Cardiologie et Maladies vasculaires 14. GASQUET Christian, Radiologie 15. GOMBERT Jacques, Biochimie 16. JACQUEMIN Jean-Louis, Parasitologie et Mycologie médicale 17. LARSEN Christian-Jacques, Biochimie et biologie moléculaire 18. MAIN de BOISSIERE Alain, Pédiatrie 19. MARILLAUD Albert, Physiologie 20. MORIN Michel, Radiologie, Imagerie médicale 21. PATTE Dominique, Médecine interne 22. PATTE Françoise, Pneumologie 23. POINTREAU Philippe, Biochimie 24. REISS Daniel, Biochimie 25. RIDEAU Yves, Anatomie 26. SULTAN Yvette, Hématologie et transfusion 27.TANZER Joseph, Hématologie et transfusion. Professeurs associés de Médecine générale GAVID Bernard GOMES DA CUNHA José Maître de Conférences associé de Médecine générale VALETTE Thierry Professeur certifié d'Anglais BULKO Annie.       6  rue  de  la  Milétrie  ,  B.P.  199,  86034  POITIERS  CEDEX,  France   05.49.45.43.43  -­‐    05.49.45.43.05  –  e.mail  :  doyen.medecine@univ-­‐poitiers.fr   3  .

(4)                              . «  Le   doute   est   ouvert   à   l’autre   puisque  .  . celui  qui  ne  sait  pas  cherche  des  éléments  .  . pour  mieux  comprendre  et  mieux  savoir.  Il  .  . existe   une   morale   du   doute,   le   doute   est  .  . vertueux  »8.  .  . Axel  Kahn  .      . 4  .

(5)  . Remerciements     A  Monsieur  le  Professeur  GIL,   Vous  m’avez  fait  le  grand  honneur  d’accepter  de  présider  mon  Jury.   Veuillez  trouver  en  ces  mots  l’expression  de    profonde  estime.     A  Madame  le  Professeur  PERAULT-­POCHAT,   Je  suis  très  sensible  à  l’honneur  que  vous  m’avez  fait  en  acceptant  de  porter  un  jugement  sur  mon  travail.   Veuillez  accepter  l’expression  de  ma  sincère  gratitude.     A  Monsieur  le  Professeur  ROBLOT,   Vous  avez  accepté  d’être  membre  du  Jury  de  cette  thèse,  je  vous  en  remercie.   Veuillez  trouver  ici  le  témoignage  de  mon  profond  respect.     A  Monsieur  le  Professeur  GAVID,   Je  vous  prie  de  recevoir  mes  sincères  remerciements  pour  avoir  accepté  de  juger  mon  travail.   Veuillez  croire  en  l’expression  de  ma  sincère  considération.     A  Monsieur  le  Docteur  MONTAZ,   Je   vous   remercie   pour   vos   enseignements   au   lit   du   malade.   Soyez   certain   qu’ils   m’accompagneront   durant   mes  années  d’exercice.   Je  vous  remercie  très  sincèrement  d’avoir  accepté  de  diriger  mon  travail.   Je  vous  remercie  surtout  d’avoir  assumé  cette  lourde  tâche  jusqu’au  bout,  malgré  mes  tribulations  et  les   péripéties  auxquelles  je  vous  ai  exposé.     A  ma  mère,     Pour  ta  patience  et  ton  soutien  durant  mes  années  d’études,  ainsi  que  pour  ton  aide  lors  de  la  finalisation   de  ce  travail,  merci.     A  Valérie,     Pour  ton  soutien  sans  faille  et  pour  tes  conseils  littéraires  avisés,  merci.     A  Matthieu,     Pour  tout  le  reste,  merci.     A  mon  père,   A  ma  grand-­mère  Yvonne,   A  mon  arrière  grand-­mère  Marie-­Louise,  qui  se  sont  envolés  trop  tôt,  sans  un  bruit.  .  . 5  .

(6)    . Table  des  matières     AVANT-­PROPOS ..............................................................................................................................................7   CHAPITRE 1.   INTRODUCTION .......................................................................................................... 10  . 1.1.   SOINS  PALLIATIFS  :  DEFINITIONS  ET  PRINCIPES........................................................................10   1.1.1.   La  fin  de  vie.................................................................................................................................................... 10   1.1.2.   Les  soins  palliatifs....................................................................................................................................... 11   1.1.3.   Le  domicile..................................................................................................................................................... 14  . 1.2.   CONTEXTE  NATIONAL  ET  LOCAL ..........................................................................................16   1.2.1.   Rappel  historique  sur  les  soins  palliatifs .......................................................................................... 16   1.2.2.   Etat  des  lieux  dans  la  Vienne ................................................................................................................. 25   CHAPITRE 2.   MATERIEL  ET  METHODES ....................................................................................... 29  . 2.1.   OBJECTIF  ET  QUESTIONS  DE  RECHERCHE ...............................................................................29   2.1.1.   Objectif............................................................................................................................................................. 29   2.1.2.   Questions  de  recherche............................................................................................................................. 30  . 2.2.   UNE  RECHERCHE  EN  DEUX  ETAPES .......................................................................................31   2.2.1.   Revue  de  la  littérature .............................................................................................................................. 31   2.2.2.   Une  enquête  de  terrain  qualitative ..................................................................................................... 33   CHAPITRE 3.   RESULTATS  ET  ANALYSE ......................................................................................... 42  . 3.1.   REVUE  DE  LA  LITTERATURE ................................................................................................42   3.1.1.   Caractéristiques  de  la  littérature  étudiée ........................................................................................ 42   3.1.2.   Analyse  par  publication ........................................................................................................................... 42   3.1.3.   Analyse  comparée....................................................................................................................................... 51   3.1.4.   Conclusion  de  la  revue  de  la  littérature  et  ouverture  sur  l’enquête  de  terrain ............... 56  . 3.2.   ETUDE  QUALITATIVE  DES  ENTRETIENS  AUPRES  DE  MEDECINS  GENERALISTES  DE  LA   VIENNE  :  RESULTATS   ET  ANALYSE ..............................................................................................................................59  . 5  .

(7)   3.2.1.   Données  générales  des  entretiens........................................................................................................ 59   3.2.2.   Relevés  thématiques  par  entretien...................................................................................................... 65   3.2.3.   Analyse  thématique  transversale  de  l’ensemble  du  corpus....................................................125   3.2.4.   Construction  de  l’arbre  thématique..................................................................................................163   CHAPITRE 4.   DISCUSSION ................................................................................................................165   CONCLUSION ...............................................................................................................................................175   BIBLIOGRAPHIE.........................................................................................................................................178  .     RESUME  ET  MOTS  CLES ...........................................................................................................................181   SERMENT  D’HIPPOCRATE ......................................................................................................................182   ANNEXES.......................................................................................................................................................183  .    .  .    . 6  .

(8)  . AVANT-­‐PROPOS      . La   Loi   n°  2005-­‐370   du   22   avril   2005   relative   aux   droits   des   malades   et   à   la   fin   de  . vie1,2,3  (dite  Loi  Leonetti)  marque  une  étape  importante  de  l’évolution  des  soins  palliatifs  au   sein  du  système  de  soins  français,  tant  en  ce  qui  concerne  la  progression  de  l’offre  de  soins  à   la   population,   qu’en   matière   de   développement   de   l’enseignement   et   de   la   recherche     en   soins  palliatifs.    . Lors   de   notre   formation   initiale,   nous   avons   en   effet   eu   l’occasion   d’être  . régulièrement   confronté   à   la   maladie,   à   la   souffrance   et   à   la   mort,   comme   le   sont   de   nombreux  étudiants  en  médecine  et  professionnels  de  santé.      . Marqué   par   ces   expériences   cliniques   et   par   un   deuil   personnel,   il   nous   est   apparu  . opportun  de  nous  former  à  l’approche  et  la  prise  en  charge  des  patients  en  fin  de  vie  et  de   leur  entourage.  Ce  sont  ces  raisons,  dans  le  contexte  général  d’évolution  que  nous  venons   de  rappeler,  qui  ont  présidé  à  la  volonté  de  nous  inscrire  au  diplôme  inter  universitaire  de   soins   palliatifs,   ainsi   qu’à   la   réalisation   du   stage   au   sein   de   l’équipe   mobile   de   soins   palliatifs   du   Centre   Hospitalier   et   Universitaire   (CHU)   de   Poitiers.   Ces   choix   et   ces   expériences   ont   constamment   été   empreints   de   l’objectif   d’acquérir   des   compétences   nouvelles,   utiles   à   l’exercice  futur  de  notre  profession  de  médecin  généraliste.      . Selon   les   études,   un   médecin   généraliste   prend   en   charge,   chaque   année,   en  . moyenne,   entre   un   et   quatre   patients   en   fin   de   vie36.   Les   soins   palliatifs   ne   représentent   donc  qu’une  part  résiduelle  de  l’activité  de  médecine  générale.      . Il  nous  semble  pourtant  que  ces  prises  en  charge  tiennent  une  place  particulièrement  . importante   dans   la   carrière   d’un   médecin   généraliste.   Nous   verrons   en   effet   que   la   confrontation  à  la  souffrance  et  à  la  mort  marque  profondément  les  médecins  généralistes   qui  ne  restent  jamais  indifférents  à  cette  expérience  de  la  fin  de  vie.      . 7  .

(9)    . Notre   projet   de   recherche   trouve   ainsi   sa   genèse   dans   deux   situations   dont   nous  . avons   fait   l’expérience  :   d’une   part,   la   prise   en   charge   à   domicile   d’une   jeune   femme   de   41  ans   atteinte   d’un   mélanome   métastasé,   lors   de   notre   stage   en   médecine   générale   ambulatoire  ;  d’autre  part,  les  prises  en  charge  que  nous  avons  connues  lors  de  notre  stage   au  sein  de  l’équipe  mobile  de  soins  palliatifs  du  CHU  de  Poitiers.  Les  situations  vécues  avec   l’équipe   mobile,   les   prises   en   charge   collégiales,   pluridisciplinaires,   les   échanges   constants   avec   les   patients   et   leur   famille   ont   fait   écho   à   la   prise   en   charge   isolée   du   médecin   généraliste  que  nous  avions  suivi  quelques  mois  plus  tôt.  Ce  médecin,  dont  le  dévouement   ne   pouvait   que   forcer   le   plus   grand   respect,   nous   avait   conduit   à   nous   interroger   sur   sa   solitude  assumée  dans  cette  prise  en  charge.  Son  implication  personnelle  était  évidente  et   risquait  d’être  destructrice  sur  le  plan  personnel,  tout  au  moins  déstabilisante.      . Comment   vivait-­‐il   cette   prise   en   charge  ?   Comment   gérait-­‐il   ses   émotions   et   ses  . souffrances  ?  Ressentait-­‐il  le  besoin  d’être  aidé  et  soutenu  ?  Quels  étaient  les  éléments  de   son  histoire  professionnelle  et  personnelle  qui  entraient  en  jeu  ?    . Diverses   études,   à   la   fois   quantitatives   et   qualitatives,   ont   été   menées   auprès   des  . patients,   des   médecins   généralistes   ou   encore   des   différents   professionnels   de   santé   intervenant   dans   ce   domaine,   mais   l’analyse   de   la   littérature   montre   que   celle-­‐ci   s’attarde   essentiellement  sur  les  difficultés  posées  par  la  prise  en  charge  à  domicile  des  patients  en  fin   de   vie,   difficultés   liées   à   la   relation   au   patient,   à   la   communication   avec   l’entourage,   à   la   coordination  des  soins  entre  professionnels,  entre  l’ambulatoire  et  l’hospitalier.      . Nous  avons  donc  axé  notre  questionnement  sur  le  vécu  et  le  ressenti  des  médecins  . généralistes   dans   leur   prise   en   charge   de   patients   en   fin   de   vie.   En   premier   lieu,   il   nous   a   semblé   nécessaire   d’étudier   la   place   occupée   par   cet   aspect   dans   l’importante   littérature   relative   aux   soins   palliatifs   à   domicile.   Dans   un   second   temps,   nous   avons   fait   le   choix   de   réaliser  des  entretiens  auprès  de  médecins  généralistes  et  d’analyser  qualitativement  le  récit   de   leurs   prises   en   charge   de   patients   en   fin   de   vie.   Nous   verrons   que   l’objectif   de   cette   analyse  était  d’isoler  les  éléments  relatifs  à  l’expression  de  leur  vécu  de  leur  ressenti.  Nous   tâcherons  de  montrer  que  ces  deux  points  sont  fréquemment  les  oubliés  des  études  de  la   prise   en   charge   des   patients   en   fin   de   vie   à   domicile.   Le   vécu   et   le   ressenti   des   médecins,   8  .

(10)   souvent   effleurés,   jamais   disséqués,   sont   en   effet   difficilement   accessibles,   bien   que   toujours   présents.   Nous   avons   donc   souhaité   dans   ce   travail   procéder   au   relevé,   à   la   description  et  à  l’interprétation  de  l’expression  du  vécu  et  du  ressenti  à  travers  le  discours   des   médecins   généralistes.   Ce   travail   constitue   le   préalable   nécessaire   à   la   compréhension   du  fonctionnement  propre  aux  médecins,  compréhension  indispensable  à  l‘amélioration  de   la  prise  en  charge  des  patients  et  à  celle  du  vécu  des  médecins.  Le  récit  des  prises  en  charge   par   les   médecins   eux-­‐mêmes   s’avérait   donc   le   lieu   rêvé   de   l’expression   du   vécu   et   du   ressenti.      . 9  .

(11)  . Chapitre 1. INTRODUCTION   1.1. SOINS  PALLIATIFS  :  DEFINITIONS  ET  PRINCIPES   1.1.1. La  fin  de  vie    . La   littérature   ne   nous   propose   pas   de   définition   claire   de   la   «  fin   de   vie  ».   Nous  . verrons   d’ailleurs   dans   cette   étude   que   chacun   des   médecins   généralistes   rencontrés   met   derrière  ce  terme  un  sens  parfois  proche  mais  toujours  différent.      . Dans   une   analyse   méthodologique   des   preuves   sur   lesquelles   sont   basées   les  . traitements  et  les  interventions  en  soins  palliatifs,  Sturtewagen  et  Chevalier4  définissent  la   fin  de  vie  comme  étant  un  «  déclin  clinique  et  fonctionnel  ».  Ils  mettent  en  évidence  la  place   des  caractéristiques  cliniques,  le  score  prédictif  de  survie  ainsi  que  le  jugement  du  praticien   pour   parler   de   patient   en   fin   de   vie.   Ils   évoquent   également   l’importance   de   la   prise   de   conscience   du   risque   de   décès.   Ces   différents   éléments   interviennent   dans   la   prise   de   décisions  concernant  la  prise  en  charge  du  patient  qui  est  alors  qualifié  de  «  patient  en  fin  de   vie  ».      . Nous  comprenons  donc  que  la  fin  de  vie  est  difficile  à  définir  du  point  de  vue  médical.  . Une   définition   permettrait   pourtant   d’en   préciser   les   contours   et   les   concepts  ;   or,   la   confrontation,  que  nous  avons  en  tant  que  soignant,  à  la  mort  nous  a  permis  d’appréhender   la  difficulté  voire  l’impossibilité  d’affirmer  le  moment  exact  auquel  le  décès  d’un  patient  va   intervenir.  Tout  au  plus  nous  ne  pouvons  le  déterminer  que  dans  les  minutes  précédentes.   La   subjectivité   du   soignant   dans   la   qualification   de   son   patient   en   fin   de   vie   reste   importante,  empêchant  la  définition  des  contours  de  la  fin  de  vie.    . Ricot  dans  son  recueil  sur  la  philosophie  et  la  fin  de  vie5  revient  sur  les  termes  «  fin  . de  vie  »  et  «  mourant  »  en  avançant  que  ceux-­‐ci  ne  sont  pas  adéquats  «  pour  désigner  une   phase   de   l’existence   qui   concerne   des   vivants,   certes   fragilisés   par   la   mort,   rôdeuse   et   sournoise  ».  Il  pose  en  pré-­‐requis  dans  son  introduction  le  fait  que  «  finir  sa  vie  c’est  d’abord   la  continuer  ».  Aussi,  l’utilisation  du  terme  «  mourant  »  comme  «  participe  présent  du  verbe   10  .

(12)   mourir,   surtout   lorsqu’il   est   substantivé  »   est   qualifié   par   Ricot   de   «  désignation   douteuse,   parce  que  contradictoire  :  ou  bien  l’on  est  mort,  ou  bien  l’on  est  vivant  ».    . D’un  point  de  vue  philosophique,  il  ressort  donc  que  l’utilisation  des  termes  de  «  fin  . de  vie  »  ou  de  «  mourant  »  n’est  pas  appropriée  puisque  ces  expressions  introduisent  l’idée   que   tous   les   moments   de   la   vie   ne   valent   d’être   vécus,   excluant   ainsi,   de   la   communautés   des   humains,   des   personnes   qui   sont   en   train   de   vivre   une   étape   de   leur   vie,   fût-­‐elle   la   dernière.    . La   fin   de   vie   ne   semble   donc   se   définir   qu’a   posteriori.   Nous   pouvons   au   mieux  . déterminer  qu’un  patient  est  en  fin  de  vie  dans  les  instants  proches  ou  supposés  proches  du   décès.   Ce   n’est   finalement   que   lorsque   notre   patient   est   décédé   que   nous   pouvons   affirmer   qu’il   était   bien   en   fin   de   vie.   Nous   pouvons   alors   reprendre   les   éléments   contextuels   qui   nous  permettent  d’affirmer  qu’il  était  bien  à  la  fin  de  sa  propre  vie.    . Pourtant   les   soins   palliatifs   prennent   en   charge   la   fin   de   la   vie.   Ce   sont   le   sens  . clinique   et   l’expérience   du   médecin,   probablement   son   intuition   d’Homme   qui   lui   permettent   de   dire   que   son   patient   est   en   fin   de   vie,   moment   si   particulier   mais   encore   inscrit   dans   la   vie.   Les   soins   palliatifs   sont   donc   bel   et   bien   des   soins   actifs   adressés   aux   vivants.  . 1.1.2. Les  soins  palliatifs    . La   littérature   nous   propose   plusieurs   définitions   des   soins   palliatifs   issues   de  . différents   rapports,   travaux   de   sociétés   savantes   ou   instances   officielles.   Nous   verrons   qu’elles  sont  relativement  proches  les  unes  des  autres  et  se  complètent  mutuellement.      . En   1999,   Hérouville,   Morize   et   Serrÿn6   décrivent   l’évolution   de   la   définition   des   soins  . palliatifs  et  insistent  sur  l’importance  de  celle-ci.  Cette  définition  apparaît  comme  un  moyen   de   fixer   des   limites   et   d’élaborer   ainsi   un   cadre   de   raisonnement   et   d’action   aux   soins   palliatifs.  Une  fois  adoptée,  une  définition  fixe  des  objectifs  de  santé  publique  (délimitation   du   groupe   de   patients   concernés,   évaluation   des   besoins,   intégration   dans   le   système   de   soins),   des   objectifs   cliniques   (qualification   et   mise   en   place   des   soins   sur   le   terrain),   des  . 11  .

(13)   objectifs   éthiques   (prise   de   position   morale   et   clinique),   et   enfin   des   objectifs   méthodologiques  (reproductibilité  des  recherches,  mise  en  place  de  protocole  validés).    . Nous   allons   nous   attarder   sur   certaines   de   ces   définitions   qui   nous   semblent   avoir  . construit  la  définition  proposée  aujourd’hui  par  la  Société  Française  d’Accompagnement  et   de  Soins  Palliatifs  (SFAP).    . En  1990,  l’organisation  mondiale  de  la  santé  (OMS)  définit  les  soins  palliatifs7  comme  . des   «  soins   actifs,   complets,   donnés   aux   malades   dont   l’affection   ne   répond   pas   au   traitement   curatif.   La   lutte   contre   la   douleur   et   d’autres   symptômes   et   la   prise   en   considération  des  problèmes  psychologiques,  sociaux  et  spirituels,  sont  primordiaux.  Le  but   des  soins  palliatifs  est  d’obtenir  la  meilleure  qualité  de  vie  possible  pour  les  malades  et  leur   famille.  De  nombreux  éléments  des  soins  palliatifs  sont  également  applicables  au  début  de   l’évolution  de  la  maladie,  en  association  avec  un  traitement  anticancéreux.  »    . La   définition   précise   également   que   «  les   soins   palliatifs   affirment   la   vie   et  . considèrent   la   mort   comme   un   processus   normal  ,   ne   hâtent   ni   ne   retardent   la   mort  ,   procurent   un   soulagement   de   la   douleur   et   des   autres   symptômes   pénibles,   intègrent   les   aspects   psychologiques   et   spirituels   dans   les   soins   aux   malades,   offrent   un   système   de   soutien  pour  aider  les  malades  à  vivre  aussi  activement  que  possible  jusqu’à  la  mort,  offrent   un  système  de  soutien  qui  aide  la  famille  à  tenir  pendant  la  maladie  du  patient  et  leur  propre   deuil  ».    . En  1999,  la  loi  relative  aux  droits  d’accès  des  malades  aux  soins  palliatifs18  propose  . dans  son  titre  premier  cette  définition  :     «  Art.  L.1er  A.  –  Toute  personne  malade  dont  l’état  le  requiert  a  le  droit  d’accéder  à  des  soins   palliatifs  et  à  un  accompagnement.   Art.  L.1er     B.  –  Les  soins  palliatifs  sont  des  soins  actifs  et  continus  pratiqués  par  une  équipe   interdisciplinaire   en   institution   ou   à   domicile.   Ils   visent   à   soulager   la   douleur,   à   apaiser   la   souffrance   psychique,   à   sauvegarder   la   dignité   de   la   personne   malade   et   à   soutenir   son   entourage.   Art.  L.1er    C.  –  La  personne  malade  peut  s’opposer  à  toute  investigation  ou  thérapeutique  ».   12  .

(14)    . Cette   définition   marque,   en   1999,   la   confirmation   de   l’implication   des   pouvoirs  . publics  dans  les  soins  palliatifs.    . En   2002,   l’OMS   complète   cette   définition   par   deux   notions   supplémentaires  :   la  . première   est   l’importance   de   la   prise   en   charge   pluridisciplinaire   nécessaire   dans   les   soins   palliatifs  ;  la  deuxième  est  le  fait  que  les  soins  palliatifs  peuvent  être  concomitants  avec  des   soins  curatifs  et  donc  être  applicables  tôt  dans  l’évolution  de  la  maladie.   La   même   année,   le   programme   national   de   développement   des   soins   palliatifs21  .  . précise  que  «  les  soins  palliatifs  concernent  les  patients  de  tous  âges  atteints  d’une  maladie   grave,  évolutive,  mettant  en  jeu  le  pronostic  vital.  Il  précise  que  leur  objectif  est  de  soulager   les  symptômes  et  d’améliorer  le  confort  et  la  qualité  de  vie.  Les  soins  palliatifs  sont  définis   par  les  traitements  et  les  soins  d’accompagnement  physiques,  psychologiques,  spirituels  et   sociaux.  Enfin  ils  s’adressent  aux  patients  et  à  leur  entourage.  »    . A  travers  ces  deux  définitions  et  leurs  évolutions,  nous  voyons  que  le  champ  d’action  . des   soins   palliatifs   s’est   enrichi   et   précisé.   Progressivement   la   loi   a   su   intégrer   les   notions   présentes  dans  des  définitions  issues  de  l’expérience  et  des  pratiques  des  professionnels  de   santé  prenant  en  charge  des  patients  en  soins  palliatifs,  à  savoir  :   •. Les   soins   palliatifs   concernent   tous   les   patients   atteints   de   pathologies   chroniques   évolutives  graves  mettant  en  jeu  le  pronostic  vital.  . •. Ils   doivent   permettre   la   mobilisation   d’une   équipe   pluri   professionnelle   usant   de   la   collégialité  dans  ses  prises  de  décisions.  . •. Ils   nécessitent   une   approche   globale   prenant   en   compte   les   problèmes   physiques,   psychiques,  sociaux  et  spirituels  des  patients.  . •. Ils  prennent  en  charge  les  patients  mais  aussi  la  famille  et  l’entourage.  .    . Au-­‐delà   de   ces   définitions   officielles,   de   nombreux   auteurs   proposent   leur   vision   et  . leur  définition  de  la  prise  en  charge  de  la  fin  de  vie,  participant  ainsi  à  la  promotion  des  soins  . 13  .

(15)   palliatifs  et  à  l’évolution  de  leur  définition.  Nous  évoquerons  ici  deux  approches  qui  nous  ont   marqués.    . Ainsi  Kahn  dans  la  préface  à  l’ouvrage  de  Leonetti8  définit  les  soins  palliatifs  comme  . «  l’accompagnement   médical   et   affectif   des   personnes   qu’il   n’est   plus   possible   de   guérir,   (non   pas   comme)   une   préparation   à   la   mort   […]   mais   (comme)   l’aménagement   de   la   vie   meilleure  possible  dans  des  circonstances  particulières  ».    . Nous  retrouvons  les  mêmes  notions  chez  Ricot  qui  explique  que  «  les  soins  palliatifs  . […]   naissent   de   l’aveu   d’impuissance   à   guérir,   du   consentement   à   la   finitude   humaine,   de   l’humilité  devant  le  tragique  de  la  mort  ».  L’acceptation  de  cette  impuissance  est  alors  «  la   condition   d’une   nouvelle   puissance,   celle   d’offrir   à   la   fin   de   vie   les   conditions   d’un   accomplissement  et  le  réconfort  d’un  accompagnement  ».    . Les   soins   palliatifs   apparaissent   donc   bien   comme   des   soins   actifs   accompagnant   le  . vivant   et   non   comme   des   soins   passifs   accompagnant   vers   la   mort.   Nous   nous   intéresserons   dans   ce   travail   à   la   façon   dont   les   médecins   généralistes   abordent   ce   temps   de   la   vie   lorsqu’ils   y   sont   confrontés   au   domicile   de   leurs   patients.   Avant   cela,   définissons   le   domicile   afin  d’appréhender  son  importance  et  sa  spécificité  dans  la  démarche  palliative.  . 1.1.3. Le  domicile    . Le  terme  de  «  domicile  »  est  très  fréquemment  utilisé  dans  le  domaine  de  la  santé.  . On   parle   en   effet   de   «  soins   à   domicile  »,   d’  «  aides   à   domicile  »,   d’  «  hospitalisation   à   domicile  »,   ou   encore   de   «  soins   palliatifs   à   domicile  ».   Nous   verrons   que   la   population   souhaite   majoritairement   «  mourir   à   domicile  ».   Nous   avons   donc   souhaité   définir   le   «  domicile  »  afin  de  mesurer  l’importance  que  cette  notion  joue  dans  la  prise  en  charge  des   patients  en  fin  de  vie,  à  la  fois  pour  lui-­‐même,  ses  proches  et  les  soignants.    . Le  dictionnaire  de  l’Académie  française  nous  en  donne  la  définition  suivante  :  . DOMICILE  n.  m.   XIVe  siècle.   Emprunté   du   latin   domicilium,   «  habitation,   demeure  »,   de   domus,  «  maison  ».  1.  Lieu  où  demeure  une  personne,  une  famille  […]9.      . Cette  définition  peut  être  rapprochée  de  celle  du  terme  de  «  résidence  »  :   14  .

(16)   RÉSIDENCE  n.  f.  Demeure  ordinaire  en  quelque  ville,  en  quelque  lieu,  en  quelque  pays  […]10.    . La  science  juridique  procède  à  une  analyse  poussée  de  la  notion  de  domicile  et  celle-. ci   nous   paraît   apporter   des   précisions   utiles   à   la   compréhension   de   l’enjeu   de   la   prise   en   charge  des  patients  «  à  domicile  ».      . Au   sens   strict,   le   domicile   est   visé   par   l'article   102,   alinéa   1er,   du   Code   civil   :   "Le  . domicile   de   tout   Français,   quant   à   l'exercice   de   ses   droits   civils,   est   le   lieu   où   il   a   son   principal  établissement"11.      . Au-­‐delà  de  cette  définition  du  Code  civil,  la  doctrine  juridique  différencie  la  notion  de  . domicile   de   celle   de   résidence   qui   «  constitue   le   lieu   où   la   personne   vit   effectivement   et   habituellement  d’une  manière  assez  stable  sans  qu’il  constitue  toujours  son  domicile  »11.      . Tel  qu’il  est  défini  par  le  Code  civil,  le  domicile  ne  remplit  qu’une  seule  fonction  :  celle  . de   la   «  localisation   juridique   de   la   personne  »11.   Cependant,   le   domicile   joue   également   de   façon   très   concrète,   «  un   rôle   de   protection   de   la   personne   […]  »,   son   inviolabilité   étant   garanti  par  l’article  8  de  la  Convention  européenne  de  sauvegarde  des  droits  de  l’homme  :   «  toute   personne   a   droit   au   respect   de   sa   vie   privée   et   familiale,   de   son   domicile   et   de   sa   correspondance  ».    . Nous   comprenons   donc   que   la   pudeur   et   la   discrétion   spontanées   que   nous   pouvons  . observer,  en  tant  que  soignant,  lorsque  nous  pénétrons  au  sein  du  domicile  de  nos  patients   trouve   ici   un   appui   juridique   de   taille.   Pour   la   question   qui   nous   intéresse,   les   notions   de   domicile  et  de  résidence  peuvent  être  utilisées  indifféremment,  l’important  étant  de  garder   présent  à  l’esprit  l’intrusion  qu’implique  la  prise  en  charge  à  domicile.    . Les  définitions  littéraires  ou  juridiques  présentées  plus  haut  nous  laissent  entrevoir  le  . domicile  comme  un  lieu  choisi  par  un  individu  pour  y  vivre  sa  vie,  pour  y  partager,  avec  sa   famille  et  ses  proches,  les  moments  de  joie,  d’échange  mais  aussi  les  moments  difficiles  ou   les  épreuves  du  quotidien.  C’est  cette  même  conception  que  retient  la  circulaire  Laroque16,   dont   nous   verrons   l’importance   dans   le   développement   des   soins   palliatifs   en   France,   lorsqu’elle  définit  le  domicile  «  comme  le  lieu  naturel  de  la  vie  ».  . 15  .

(17)    . Par  rapport  à  notre  sujet,  il  apparaît  que  la  «  fin  de  vie  »  est  encore  la  vie  et  qu’elle  a  . donc  toute  sa  place  dans  ce  lieu  élu  comme  le  lieu  de  tout  ou  partie  d’une  vie.  Tout  l’enjeu   de   la   prise   en   charge   à   domicile   sera   de   ne   pas   dénaturer   celui-­‐ci,   afin   que   le   patient   s’y   sente  bien,  et  ce  jusqu’au  bout.  . 1.2. CONTEXTE  NATIONAL  ET  LOCAL   1.2.1. Rappel  historique  sur  les  soins  palliatifs   1.2.1.1. L’émergence  de  la  prise  en  charge  des  incurables    . En   Europe,   au   Moyen-Âge,   les   Hôtels-Dieu   accueillaient   indifféremment   les   indigents  . et  les  incurables.  Au  17ème  siècle,  les  hospices  constituent  les  prémisses  de  la  prise  en  charge   des   patients   en   fin   de   vie   mais   celle-­‐ci   n’est   alors   ni   une   activité   spécifique   ni   une   activité   exclusive.   Ce   n’est   qu’en   1842,   à   Lyon,   que   Jeanne   Garnier,   qui   vient   de   perdre   quelques   années  plus  tôt  son  mari  et  ses  deux  enfants  fonde  l’Association  des  Dames  du  Calvaire  qui  a   pour   objectif   d’accueillir   plus   particulièrement   les   incurables   jetés   hors   les   murs   des   hôpitaux12,13.   C’est   avec   Jeanne   Garnier   que   le   mot   «  hospice  »   prend   le   sens   de   lieu   accueillant  les  personnes  en  fin  de  vie.    . En  1878,  la  congrégation  des  sœurs  de  la  Charité  ouvre  à  Dublin  un  premier  hospice  . dont   l’objectif   est   également   l’accueil   des   personnes   en   fin   de   vie.   Elle   crée   ensuite   en   1905   l’Hospice   Saint   Joseph   à   Londres,   précédé   en   1893   par   l’Hospice   Saint   Luke   créé   par   un   médecin,   le   Dr   Howard   Barret,   pour   accueillir   les   cancéreux   et   les   tuberculeux   en   fin   de   vie.13,14    . 1.2.1.2. De  l’accueil  des  incurables  à  la  conceptualisation  de  la   prise  en  charge  globale    . La   naissance   à   proprement   parler   des   soins   palliatifs   est,   quant   à   elle,   étroitement  . liée   au   Saint   Christopher   Hospice   de   Londres   fondé   en   1967   par   le   Dr   Cicely   Saunders.   Cette   infirmière  britannique,  marquée  par  sa  rencontre  avec  les  patients  en  fin  de  vie,  a  choisi  de  . 16  .

(18)   reprendre   en   1951,   à   33   ans,   ses   études   pour   obtenir   son   doctorat   en   Médecine,   motivée   par  sa  volonté  de  travailler  au  service  de  la  prise  en  charge  de  ces  patients.  Tout  au  long  de   sa  formation,  elle  œuvre  bénévolement  à  St  Luke  puis  à  St  Joseph  où  elle  devient  ensuite  le   premier   médecin   employé   dans   un   hospice.   Elle   développe   les   soins   aux   mourants   et   réalise   des   travaux   de   recherche   sur   la   prise   en   charge   de   la   douleur.   C’est   alors   qu’elle   promeut   le   concept  de  «  Total  Pain  »  traduit  en  français  par  la  notion  de  souffrance  globale  :  prendre  en   charge   la   souffrance   et   la   douleur   d’un   patient,   c’est   prendre   en   compte   à   la   fois   sa   douleur   physique,  mais  également  ses  souffrances  psychiques,  sociales  et  spirituelles.  C’est  à  partir   de  cette  notion  de  souffrance  globale  que  née  celle  de  «  prise  en  charge  globale  »  qui  balaie   l’ensemble   de   ces   champs   dans   l’accompagnement   des   patients   et   ne   se   cantonne   plus   à   un   simple  accueil  en  hospice.  Ainsi,  lorsqu’elle  crée  en  1967  le  St  Christopher  Hospice  dans  la   banlieue  de  Londres,  il  est  le  premier  établissement  prenant  en  charge  les  patients  en  fin  de   vie  à  bénéficier  d’une  équipe  soignante  professionnelle13,14.    . A   la   même   époque,   en   1969,   le   Dr   Elisabeth   Kübler-­‐Ross   publie,   aux   Etats   Unis,   un  . ouvrage   sur   les   réactions   psychologiques   et   spirituelles   des   malades   atteints   de   cancer   et   confrontés  à  la  mort.  Elle  décrit,  entre  autres,  dans  cette  même  publication  les  différentes   étapes  du  travail  de  deuil.    . En   1975,   le   Dr   Balfour   Mount   crée,   au   Royal   Victoria   Hospital   de   Montréal,   une   unité  . de  soins  palliatifs.  A  l’image  de  ce  que  fait  le  Dr  Saunders  à  Londres,  il  développe  une  prise   en   charge   mettant   l’accent   sur   les   besoins   et   l’autonomie   des   patients   en   fin   de   vie   dans   les   décisions  les  concernant.  . 1.2.1.3. La  naissance  des  soins  palliatifs  en  France    . En  France,  la  sensibilisation  à  la  prise  en  charge  palliative  se  fait  également  dans  les  . années   70   grâce   aux   contacts   qu’établissent   des   médecins   français   avec   leurs   confrères   anglo-­‐saxons.   Les   premières   publications   de   travaux   anglo-­‐saxons   sur   la   souffrance   terminale   voient   le   jour   dans   des   revues   françaises.   Le   corps   infirmier   adopte   de   son   côté   la   notion  de  prise  en  charge  globale.  . 17  .

(19)    . A   partir   de   1973,   le   père   Patrick   Vespieren   publie   ses   observations   à   partir   de   ses  . visites   au   St   Christopher   Hospice,   celles-­‐ci   auront   un   retentissement   important   et   le   Ministère   de   la   Santé   constituera   un   groupe   d’experts   sur   l’accompagnement   des   malades   en   phase   terminale.   Plusieurs   services   ou   consultations   spécialisés   ouvrent   progressivement   dans   les   hôpitaux   français   (Pr   Levillain,   Dr   Salamagne,   ...).   Des   services   de   gériatrie   intègrent   la   notion   de   prise   en   charge   globale   (Dr   Sebag   Lanoe,   Dr   Revillon,  …).   Enfin,   d’autres   œuvrent  au  développement  des  soins  palliatifs  à  domicile  (Dr  Gomas,  Dr  Tavernier,  …).13,15    . En  1984,  Vespieren  publie  une  tribune  dénonçant  des  pratiques  d’euthanasie  active  . dans  certains  services  hospitaliers.  Le  congrès  de  l’Association  pour  le  Droit  de  Mourir  dans   la   Dignité   (ADMD),   partisan   de   l’euthanasie,   provoque   de   vives   réactions   et   des   voies   s’élèvent   pour   s’opposer   aux   prises   de   position   de   l’association.   L’année   précédente,   le   Président   de   la   République   François   Mitterrand   créait   par   décret   le   Comité   Consultatif   National   d’Ethique   qui   est   amené   très   vite   à   prendre   position   sur   le   sujet.   L’association   JALMAV   (Jusqu'A   La   Mort   Accompagner   la   Vie)   est   crée   à   la   même   époque,   ainsi   que   l’Association  pour  le  développement  des  Soins  Palliatifs.    . Deux  mouvements  d’affrontent  alors  à  propos  de  la  prise  en  charge  des  patients  en  . fin   de   vie  :   d’un   côté   les   partisans   de   l’euthanasie,   de   l’autre   les   défenseurs   du   développement  des  soins  palliatifs  et  de  l’accompagnement.  . 1.2.1.4. Intervention   des   pouvoirs   publics   et   évolution   de   la   législation  française   1.2.1.4.1.  . 1986  :  la  circulaire  Laroque  . En   1985   une   commission   interministérielle   se   réunit   autour   de   Geneviève   Laroque,  . qui   est   alors   inspectrice   générale   des   affaires   sociales.   Ces   travaux   aboutiront   à   la   publication   par   Michèle   Barzach,   ministre   de   la   Santé,   de   la   circulaire   du   26   août   1986   relative  à  l’organisation  des  soins  et  à  l’accompagnement  des  malades  en  phase  terminale,   appelée  «  circulaire  Laroque  ».16  Celle-­‐ci  introduit  les  notions  de  soins  d’accompagnement  et   de   soins   palliatifs.   Elle   reprend   dans   son   développement   le   concept   de   prise   en   charge  . 18  .

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