MÉTABOLISME DE LA THYMIDINE
DANS LA GLANDE SÉRICIGÈNE DU VER A SOIE ( 1 )
IV. —
ÉTUDES
SUR LA GLANDE « IN SITU »J.
DAILLIESection de
Biologie générale
etappliquée,
Faculté des Sciences de
Lyon,
69 - VilleurbanneLaboratoire associé au Centre national de la Recherche
scientifique
SOMMAIRE
i. Le transfert du nucléoside
injecté
dans l’hémocoele vers les organes, et enparticulier
laglande séricigène,
se réalise àgrande
vitesse. Aux 3eet 4ejours,
lamajeure partie
de lathymidine disparaît
de
l’hémolymphe
enl’espace
de io à 15minutes. Cephénomène
résulte d’une transformation immé- diate du nucléoside introduit. Au 3ejour,
i5minutesaprès injection
d’une dose traceuse dethymi-
dine, la radioactivité soluble dans laglande apparaît
entièrement sous la forme denucléotides,
ou decomposés
dedégradation.
2
. Les nucléotides radioactifs se trouvent à bref délai
incorporés
aupool
d’utilisation et,ainsi,
mêlés aux
précurseurs endogènes.
Il est doncpossible,
enpremière approximation,
d’assimiler la vitesse dedisparition
des nucléotidesmarqués
à la vitesse de renouvellement dupool endogène.
On apu évaluer que ce renouvellement, au 3e
jour,
s’effectue o,6 fois par heure.3
. Dans ces conditions, l’ADN
incorpore
leprécurseur
trèsrapidement,
dès le début del’expé-
rience. La vitesse du marquage se ralentit ensuite ; la radioactivité maximum de l’acide
nucléique
est atteinte
après
2à 8 heures, aux 3eet qejours. Après
ce maximum, la décroissance de la radio- activitéspécifique
permet de mesurer lasynthèse
d’ADNqui
seproduit
dans laglande.
4
. Avec des chenilles
plus âgées (6 e jour),
on note essentiellement un ralentissement des divers processus.Ces résultats sont
comparés
à ceuxqu’on
a obtenus in 2,itro.. INTRODUCTION
L’étude
de lasynthèse
d’ADN dans laglande séricigène
du Ver à soiepeut comporter l’emploi
de méthodes diverses :dosages
d’ADN(D AILLIE , 19 6 5 ),
étudesautoradiographiques après
fourniture dethymidine
radioactive(N I G ON
etcoll., 19 6 1 ;
(’) Ces recherches correspondent à une thèse (Lyon, 1967) enregistrée aux Archives originales du
C.N.R.S. sous le numéro i3gi.
G ILLO
T, I (36 7 ),
etc.I,’emploi
de moléculesmarquées
pour des étudesproprement chimiques
surl’organisme
entier(D AILLIE , 19 6 0 )
suppose l’éclaircissementpréalable
d’un certain nombre de
problèmes qui
concernent, enparticulier,
les mouvements duprécurseur
au sein del’organisme
dans son ensemble et son transfert au niveau dupool
desprécurseurs
immédiats. Troispublications précédentes (D AILLIE , 19 6 7 ,
a,b, c)
ont été consacrées à l’étude de cesproblèmes
sur lesglandes séricigènes
maintenuesen
survie,
in vitro. Mais il est clair que les résultats ainsi obtenus ne sauraient êtretransposés,
sansprécaution,
et directementassimilés,
aux processusanalogues qui
sedéroulent dans la
glande
in situ.I,’étude
du métabolisme de lathymidine
dansl’organe
enplace
se heurte à denombreuses difficultés.
D’une
part,
les conditionsexpérimentales
nepeuvent
être contrôlées que dansune faible mesure. I,es
chenilles,
tout enprovenant
de lots traités defaçon homogène,
manifestent une variabilité individuelle notable.
D’autre
part,
les processus observés concernent, au moins enpartie,
l’ensemblede
l’organisme
et nonplus
un organe isolé. Aussi est-ilimpossible
d’établir un bilanprécis
du métabolisme duprécurseur
au sein d’un organe.Cependant,
les donnéesgénérales
rassemblées sur l’utilisation de lathymidine
par les
glandes,
insitu,
méritent d’êtreexaminées, puis
discutées à la lumière des résultats obtenus in vitro.I. -
TECHNIQUES
La souche de
Bombyx
moriemployée
et les conditions de sonélevage
ainsi que les méthodesd’analyse pratiquées,
ont été définiesprécédemment (D AILLIE , 19 6 7 a). Je
nepréciserai
donc icique les aspects
techniques
propres àl’expérimentation
sur l’animal vivant.1
. Fourniture du
précurseur
On
procède
parinjection dans
l’hémoeœle au moyen d’unepipette - aiguille
de verre dont lapointe,
finementétirée,
estâffûtée
en biseau. Le volumeinjecté
estcompris
entre 5 et z5!,1.
Lesécoulements de sang,
toujours &dquo;à
redouterlorsqu’on perfore
la cuticule d’uninsecte,
sont limitéslorsqu’on
introduitl’aiguille
à là base d’unefausse-patté
abdominale, dans une membrane articulaire.2
.
Étude de l’hémolymphe
Le sang est collecté, au moment du sacrifice, par section d’une
fausse-patte.
Onprocède
auxmesures de la radioactivité du sang en scintillation
liquide (P ACKAR D).
A desaliquotes
de o,i ml,on
ajoute
0,25 ml d’une solution molaired’hydroxyde d’hyamine (P ACKARD )
dans le méthanol,puis
io ml de la solution scintillante de FIELDet coll.
(i 9 6r).
L’analyse
parchromatographie
descomposés marqués
solubles porte sur le sérum obtenu parchauffage
del’hémolymphe,
au bain-mariebouillant, pendant
2minutes, suivi d’unecentrifugation.
3
. Molécules
marquées
utiliséesThymidine-méthyle-
s
H (6
700mCi/mM)
etthymidine-z- l ’C ( 25 M Ci/ M M)
de NewEnglanil
Nucleas
Corp.
II. -
ÉVOLUTION
DE LARADIOACTIVITÉ
DU SANGAPR!;S INJECTION
DE THYMIDINEMARQUÉE
A - Résultats
i.
Étude
de la radioactivitéglobale (fig.
i et2 ).
Les résultats obtenus avec des chenilles soumises à
l’expérience
au début du4
e jour
du5 e âge indiquent :
a) qu’en
10minutes,
la radioactivité du sang diminue demoitié, parfois
mêmedavantage, quel
que soit letype
de marqueur administré. Laquantité injectée (de 3 · io-1
à3 · io- 4 yM)
ne semble pas nonplus
influer nettement sur la vitesse dedisparition
de la radioactivité au cours despremières
minutes.’
b)
Au-delà de 10minutes,
onobserve, après injection
dethymidine
tritiée(
3
· io-4 f JoM),
un retour deproduits marqués
dans le sang,pendant
environ iheure;
après quoi,
le marquage diminue lentement(fig. i).
Pour une dose 100foisplus
éle-vée
( 1 )
on n’observe pas d’accroissement net maisplutôt
une stabilisation de la radioactivité del’hémolymphe ;
celle-ci s’établit 30 minutesaprès l’injection (fig. z).
Avec la
thymidine-2 14 C ( 3
! io-1p.M),
la radioactivité du sang diminue de manièreasymptotique (fig. 2 ).
c) Après
24heures,
dans tous les cas, la radioactivité résiduelle dans le sang est faible(5
à 10p.10 0
de la radioactivitéinitiale).
( 1
) Obtenue en ajoutant de la
thymidine
froide au produit marqué.Avec
des
chenilles au 6ejour,
la courbe(fig. i) représentant
l’évolution de la radioactivité dans le sang(injection
dethymidine tritiée)
n’estpas sensiblement
différente-de celles qu’on
obtient avec des versplus jeunes.
2
.
Nature
desproduits marqués présents
dans le sang.Outre la
thymidine,
on rencontre dans le sérum del’hémolymphe,
lathymine
etdeux
composés-non
identifiésappelés X,
etX i .
Lafigure
3précise
laposition
de cesdivers
produits
radioactifsaprès chromatographie
surpapier.
a)
Lafigure 4 A représente l’évolution,
au cours dutemps,
de larépartition
de la radioactivité entre les
composés
trouvés dans le sang,après injection
dethymi- dine-méthyle-tritiée ( 3 -jo- 4 !M).
On remarque :
- que 10
minutes
seulementaprès l’injection,
go p. 100 de lathymidine
ontdisparu,
- que le
composé X o s’accumule
dansle
sangpendant
lapremière heure.
A cemoment,
ilreprésente
environ .lo p. 100de la radioactivitéinitiale,
- que la
thymine
et la substanceX l
se maintiennent à des niveaux très faibles.b)
Lafigure
q Bcorrespond
à uneexpérience identique
réalisée avec lathymi-
dine-2-14
C
(3’ 10 - 1 ( LM ).
On voit que le nucléoside
disparaît
du sang àpeu,-près
à la même vitesseque dans le cas
précédent,
bienqu’il
ait été administré enquantité
i ooo foisplus
élevée.
Toutefois des différences
apparaissent
pour les autrescomposés marqués :
-
X o
etX i
restent à l’état de traces,- - au
contraire,
laquantité
de radioactivité liée à lathymine
estmultipliée
par
cinq,
en 5minutes,
et se maintientensuite
à ce niveau.Elle représente près
de20 p. 100 de la
radioactivité
initiale.Cependant
l’observation du tableau iindique
que dans lathymidine-2 14 C,
comme dans la
thymidine tritiée,
avantl’injection,
la radioactivité serépartit
àpeu
près
de la même manière entre le nucléoside et les diversesimpuretés.
B ―
Interprétation
La
radioactivité du
sang diminuerapidement après l’injection,
mais la mesurede la
radioactivité globale
ne donnequ’une
idéeimparfaite
de la vitesse dedisparition
de la
thymidine.
Eneffet, l’hémolymphe
secharge
decomposés marqués qui
pro-viennent de la métabolisation du
précurseur. J’ai
vérifié que le sang fraîchementrecueilli
estincapable
de transformer lathymidine : c’est
doncdans
lestissus
etorganes de la chenille que ces
dégradations
seproduisent.
La
pénétration
est un processus trèsrapide puisque près
de go p. 100de lathy-
midine radioactive
injectée disparaissent
enl’espace
de io minutes. Il en résulte quela quantité
de nucléosidedisponible après
cettepériode,
sans être absolumentnégli- geable,
nepeut
alimenter que defaçon
très limitée lepool
desprécurseurs
intra-cellulaires.
On se trouve
donc,
en cequi
concerne le milieuintérieur,
trèsproche
des condi-tions d’un marquage « éclair ». Cette conclusion
s’oppose
à celle de BERREUR( 19 65) qui
estime que, chezCalliphora,
lathymidine
restedisponible
dans le sang de l’insecte à unniveau
élevépendant
z2 heures. Toutefois cet auteur fonde sa thèse sur la mesurede
la radioactivitéglobale
del’hémolymphe
en omettantl’analyse des produits
detransformation
inassimilahles.Un
problème
sepose quant
à l’identification duproduit principal
dedégradation qui apparaît
dans le sang. Eneffet,
il diffère(localisation
sur lechromatogramme,
vitesse d’élimination du
sang)
selon que l’on administre lathymidine-méthyle-tritiée
ou la
thymidine-2- 14 C.
Avantinjection, quels
que soient le lieu et la nature du mar-quage, la solution de
thymidine employée
contienttoujours,
enquantité équivalente,
un peu de
composé X o
et dethymine (tabl. i).
Ilapparaît
ainsi que leproduit qui
s’accumule en marquage tritié
(en
restant sur lechromatogramme
avecX o )
nepossède
pas le carbone 2 du
cycle pyrimidique ; réciproquement,
lecomposé
dedégradation qui apparaît
en marquage 14C etpossède
le Rf de lathymine,
est différent de celle-ciet se trouve
dépourvu
degroupement méthyle.
P
INKet coll.
( 195 6)
et EVANSetAx!r,ROD (ig6i)
ont défini les diverses voies du catabolisme de lathymine. D’après
leursindications,
en admettant que lapremière étape
du catabolisme de lathymidine
est laproduction
dethymine
et en me fondantsur les
migrations
enchromatographie (F INK
etcoll., 195 6)
lecomposé méthyl-tritié qui
reste aupoint
dedépart
encompagnie
deX, (fig. 3 ) pourrait
être l’acide(3-amino- isobutyrique (ou.l’alanine)
et leproduit
2-14Cqui
sedéplace
avec lathymine,
l’urée.Il ne
s’agit
que d’unehypothèse parmi
d’autres. Onpourrait
parexemple
envi-sager
qu’on
se trouve enprésence
d’un effetisotopique (B AU G NET -M AH iEU
etcoll., i
9 66) .
III. - INCORPORATION DU
PRÉCURSEUR
DANS I,ES PRODUITS SOLUBLES
DE I,:1 GI,ANDE
SÉRICIGÈNE PRFI,EVÉL
AU3 e JOUR
Je
n’aiprocédé
à une étude à peuprès complète
du mouvement descomposés
radioactifs dans la
glande qu’après injection
dethymidine
tritiée(tabl. 2 ).
La radioactivité maximale accumulée dans le tube sécréteur est
enregistrée,
dès le
premier point
de mesure, soit i5minutesaprès l’injection. Après quoi
elle subitune diminution -
spécialement
entre r5 et 30 minutes - et atteint unpalier.
’A - La
fraction
« alcool »i. Nature des
conifiosés radioactifs.
Quelques analyses
effectuées parchromatographie (tabl. 3 ) précisent
que dans la fraction « alcool o, i5 et 30 minutesaprès l’injection,
lathymidine
tritiée n’est pas décelable tandis que la radioactivité se détecte sans difhculté auxniveaux X o , thy-
mine et
X, (fig. 3).
La
fraction
« alcool » ne contient donc que descomposés qui proviennent
ducatabolisme de
la thymidine.
On en conclura :que la
métabolisation
duprécurseur
est extrêmementrapide dans
laglande ;
‘que dès r5 minutes
après l’injection,
laglande n’a plus
lapossibilité
d’assurer le renouvellement de ses nucléotides radioactifs àpartir
du nucléosidequi
estépuisé.
Ces remarques sont conformes à l’évolution de la radioactivité dans l’hémo-
lymphe.
2
.
Origine
desproduits
dedégradation
contenus dans laglande.
,Il est
vraisemblable
que laglande séricigène
contribue àproduire les composés
de
dégradation qui apparaissent
dans le sang trèsrapidement (fig.
4A).
Lerejet initial
quej’ai signalé (tabl. 2 )
etqui représente 1/ 6
de laradioactivité totale présente
15
minutes
après l’injection, s’effectue
en effet auxdépens
de lafraction
« alcool ».Aucune trace de
nucléotides
n’a pu êtredécelée
dans le sang. ,Cependant, l’importance
de l’activitécatabolique qui
s’exerce sur lathymidine
dans les cellules
séricigènes
est difficile à évaluer pour deux raisons au moins. D’unepart,
leséchanges qui
s’effectuent entre laglande
et le sang dans les deux sens nepermettent
pas de connaître l’entrée totale maximum. D’autrepart,
il n’estévidem-
ment pas certain que les
produits
dedégradation rencontrés
dans laglande prennent
naissance en sonsein ;
ilspeuvent
aussi être fournis par le canal del’hémolymphe.
Il est
seulement possible d’affirmer, d’après
les données du tableau 2, que lescomposés de dégradation présents
dans laglande, représentent plus du
tiers del’entrée enregistrée
15 minutesaprès l’injection.
B ― La
fraction
acido-solubleL’examen
du tableau 2 montre que la radioactivité acido-soluble laplus
élevéeest
enregistrée également
dès letemps
r5 minutes.Après 4 heures,
il ne resteplus
que 5 p. 100 de cetteradioactivité.
Les
résultats
de lafigure
5, obtenus lors d’une autreexpérience,
confirmentque la
phosphorylation
de lathymidine
entrée est trèsrapide :
z5 minutesaprès l’injection
duprécurseur,
laradioactivité
de lafraction acido-soluble
passe par unmaximum. La radioactivité se trouve concentrée dans le
TMP
et le TDP tandis que le TTPmarqué
ne semble pas s’accumuler enquantité.
Cette observation est conformeavec
l’opinion déjà
discutée(D AILLI E, 19 6 7 a)
selonlaquelle
lathymidine
atteintl’état
triphosphate
enpassant
par le TMP et le TDP. La faible accumulation du TTPtémoigne
de son utilisation immédiatepar
l’ADN. Leprécurseur,
eneffet,
atteintrapidement l’ADN,
surtoutpendant
lapremière heure ; ensuite,
le marquage se ralentit fortement. Unepartie
de laradioactivité qui atteint
l’ADN entre 15 minuteset 4 heures ne
paraît
pasprovenir
des nucléotides radioactifsaccumulés
en 15 minutes(fig. 6).
Eneffet,
l’ADN gagne, dans cet intervallede temps,
environ 140 ooodpm
tandis que l’acido-soluble n’en fournit que 90000. Or
j’ai montré,
d’unepart,
que la celluleséricigène
ne contient pas dethymidine
radioactive en réserve et, d’autrepart,
que laquantité
deprécurseur
restant dans le sangaprès
10 minutes est desplus
faibles
(fig.
4A).
’Bien
entendu,
onpeut
penser que ce déficit n’estqu’apparent
et reflète la trèsgrande variabilité
des diverses mesures. Mais il estpossible également
que laglande séricigène
trouve encore dans le sang de lachenille
lathymidine
radioactive nécessaire.I,a
quantité
est suffisammentfaible (#
50ooodpm)
enregard
des 9millions
dedpm injectées
pour quel’hypothèse
soitplausible ;
lafigure
4Aindique d’ailleurs qu’entre
10minutes et q.
heures,
le sang contient 5 à 10p. 100de lathymidine injectée.
Admettons :
1
0
qu’à partir
de 15minutes, soit après
lapériode
decharge
massivedu pool
acido-soluble
marqué (= P,),
lepool
totaldes précurseurs disponibles
pourla
syn-thèse d’ADN soit constant, c’est-à-dire que
2
° que
pendant
cetemps,
P, se renouvellegrâce
à une entrée résiduellede thy-
midine(immédiatement phosphorylée); supposée
fixe etégale à
q par unité detemps.
Dans ces
conditions,
lasynthèse d’AI!N
s’effectuera au taux nK etl’utilisation du pool radioactif (fig. 6,
courbei)
serad’où :
en
intégrant l’expression ci-dessus,
il vient :Dans cette
relation, lorsque
On
peut déterminer graphiquement
une valeurde n qui permet d’obtenir une
linéarisation
des donnéesexpérimentales (fig. 7 ) ;
n est peu différent deo,6.
La
relation (i)
propose un modèlequi
rendcompte
de la décroissance dupool
radioactif. Elle
présente
aussil’avantage
de fournir unepremière approximation
dela
grandeur
dupool endogène.
Eneffet,
la valeur n# 0 ,6 indique
que cepool
estrenouvelé o,6 fois
parheure,
doncqu’il permet près de
deux heures desynthèse d’ADN.
Il
s’agit
d’une évaluation maximum car on ne tient pascompte,
dans cecalcul,
del’existence,
mise en évidencegrâce
aux études sur laglande incubée
in vityo(DA
ILLIE
, 19 6 7 b),
d’uncompartiment
de réserveséparé
d’uncompartiment actif.
Une telle division des nucléotides
marqués
nepeut
se révéler dansl’expérimentation
sur la
glande
in situ : eneffet,
i5 minutesaprès l’injection
dethy midine radioactive,
le
pool
acido-soluble se trouve enphase
dedécharge.
Il estprobable
que lecomparti-
ment actif
incorpore rapidement
les nucléotides deréserve,
s’ils existent. Cettehypo-
thèse est renforcée par
l’analyse cinétique
du marquage de l’ADN.IV. - INCORPORATION DE LA THYMIDINE DANS
L’ADN
AUX
3 e
ETc!.e JOURS DU 5e
AGEA ―
Dynamique et aspects quantitatifs
del’incorporation
I
.
Cinétique
du marquage(fig. 8).
La radioactivité
spécifique
de l’ADN passe par unmaximum
dans lespremières
heures
qui suivent l’injection
duprécurseur ; ensuite,
elle décroît defaçon
lente. Lemaximum est atteint entre 2 et 4 heures au
3 e jour, entre 4
et 8 heuresau 4 e jour.
Le moment
auquel
l’activitéspécifique
de l’ADN passe par sa valeur maximalen’est
pasdéterminé
avecprécision
en raison de la variabilité élevée des mesures.Au 3 e jour
comme au4 e jour,
certaines de cesexpériences
sont réalisées avec lathymidine-2-
1
4C ; dans
ce cas, lesdoses
administrées sontplus
élevées quelorsque
lathymidine
tritiée estemployée.
Onvoit (fig. 8)
que la doseinjectée
n’a pas deréper-
cussion très nette sur la
cinétique
du marquage.2
.
Aspects quantitatifs
du marquage.I;a dose
injectée
influe sur laquantité
dethymidine incorporée (tabl. 4 ). Celle-ci,
pour les doses inférieures à jo-2
( L M
resteproportionnelle
à la dose administrée. Si l’on accroît ladose,
cetteproportionnalité
sembledisparaître puisqu’en passant
de42
· IO’
4 >M
à42 . 1 0- 2 ( L M,
l’entrée dans l’ADN est seulement 20 foisplus
élevée. Unesaturation du
système paraît
donc seproduire ; toutefois,
avec ces seulsrésultats,
onne
peut
enpréciser
les limites.Avec la
plus
forte dose dethymidine
tritiéeinjectée
à des chenilles au4 e jour,
soit
42 - Io -4 ( L M (tabl. 4 ), l’incorporation, pendant
lapremière heure,
nerend compte
que d’unesynthèse
d’ADNqui
avoisine 0,25 p. i ooo du contenu enADN. Cette incorporation correspond
à peuprès
à 2,5p. 100de lasynthèse
horaire totale(D AIL -
L it,
r 9 65).
Le
même calcul effectuéaprès injection
dethymidine-2- 14 C
à forte dose( 0 , 42 >31 ) indique
unesynthèse
horaire de 6 p. i ooo, soit 60 p. 100de lasynthèse
totale. Maiscette évaluation est calculée à
partir
del’incorporation enregistrée
4 heuresaprès l’injection.
Il est donc vraisemblablequ’au
débutde l’expérience,
laproduction
d’ADNmarqué s’approche davantage
de lasynthèse
nette.Ces
résultats s’expliquent grâce
auxconclusions
tiréesprécédemment de l’ana- lyse
desproduits solubles.
La vitesse dedisparition
de lathymidine
estrapide ;
15
minutes
après l’injection
du traceur, au3 e jour,
le nucléoside n’estplus
décelédans la fraction «
alcool
o et laradioactivité de l’acido-soluble
a atteint son niveau maximum. La vitesse de marquage del’ADN,
élevée audébut,
s’atténue très vite.Ces observations révèlent que les nucléotides formés sont immédiatement accessibles pour la
synthèse
d’ADN. Il estvraisemblable,
si uncompartiment
de réserve se cons-titue
pendant
la brèvepériode
decharge, qu’il
se trouve ensuite transféré à bref délaidans le
pool
d’utilisation. Parailleurs,
l’intensité du marquage de l’acidenucléique ―
et non sa
cinétique
-dépend
de laquantité
deprécurseur injecté.
Cette constatationva
dans
le même sens que lesobservations précédentes
et prouve, desurcroît,
que leprécurseur
se mêle à une réserve deprécurseurs endogènes jusqu’à,
sansdoute,
un niveau desaturation (non défini)
pour les doses élevées.Quant
au marquage décroissant del’ADN,
ils’explique
parl’épuisement
pro-gressif
des nucléotides radioactifs.B ―
Évaluation de la synthèse
nette d’ADNPendant la
phase d’incorporation
duprécurseur
dansl’ADN,
l’évolution de celle-ci nepermet
pas d’évaluer lasynthèse
nette d’ADNqui
seproduit
dans laglande.
Au
contraire,
la vitesse àlaquelle
décroît l’activitéspécifique
de l’acidenucléique, après
passage par lemaximum,
devraitpermettre
d’évaluer cettesynthèse.
En supposant
que le maximum de l’activitéspécifique
de l’ADN coïncide avecl’épuisement complet
dupool
des nucléotidesmarqués,
onpeut écrire,
enprocédant
àune
approximation simple :
.
ou :
relation dans
laquelle Q
o
=quantité
d’ADNquand
l’activitéspécifique
est maximaley
o = cette activité maximale
Qae
=quantité
d’ADNproduite
dans l’intervalle detemps
t -t o
rt = activité
spécifique
de l’ADN autemps
t.La diminution de l’activité
spécifique,
entre le moment où elle atteint son niveaumaximum et 24 heures
après l’injection,
est voisine de 30 p. 100 au3 e jour ( 2 expé- riences)
et de 25 p. 100 au4 e jour (5 expériences).
Le calcul effectué à l’aide de la relation
( 2 )
conduit aux évaluations suivantes :I,a
synthèse
horaire moyenne serait ainsi de l’ordre de 2p. 100 au3 e jour
et de1
,6
p. 100 au4 e jour.
Ces chiffres sont
légèrement supérieurs
aux estimations obtenues pardosages
directs
(DAILLIE. i 9 6 5 ). Étant
donné lagrande
variabilité des résultats et le caractèreapproximatif
de mescalculs,
il seraitprématuré
de rechercher unesignification particulière
à ce fait.V. -
NIÀTABOLISNIE
DE I,A THYMIDINE AU6 e JOUR
I,a
synthèse
nette d’ADN est très réduite dans la seconde moitié ducinquième âge (D AILLIE , i 9 6 5 ).
I,esquelques
résultats obtenus sur l’utilisation de lathymidine
par la
glande séricigène
au 6ejour
sont en accord avec cette constatation.I,e tableau 5 montre l’évolution du marquage de l’ADN
après injection
dupré-
curseur. Il semble difficile de définir le moment
auquel apparaît
la radioactivité maxi-mum, en raison de la
grande
variabilité des mesures individuelles.Malgré
tout, il estévident que
l’incorporation
seprolonge plus longtemps qu’aux 3 e
et4 e jour (fig. 8).
Ce fait m’a conduit à
examiner,
par une autreexpérience, l’évolution
de la radioacti- vité dans les fractionssolubles (tabl. 6).
Il
apparaît :
- que l’activité maximale de la fraction
nucléotidique
n’est atteintequ’à partir
de 30minutes,
- que 4 heures
après l’injection,
lesglandes contiennent
encore 20 p. 100, etaprès
24heures,
5 p. 100 de cette radioactivité maximum.Ainsi,
lathymidine paraît
subir laphosphorylation
ets’incorporer plus
lente-ment, ou
pénétrer plus longtemps, qu’au 3 e ou 4 e jour (tabl. 2 ).
En outre, le
rapport
entre la radioactivité soluble dans l’alcool et la radioactivité liée aux nucléotidess’accroît
au 6ejour.
Ce faitpeut s’expliquer
si l’on suppose que,en
corrélation
avec l’affaiblissement de laphosphorylation,
ladégradation
dupré-
curseur se trouve accrue, par
rapport
aux observations faites àdes stades plus jeunes
(tabl. 2 ).
I,a
disparition
du traceur dans lafraction
acido-soluble se déroule comme au3e jour
selon une loi dela
formeToutefois,
cetterelation
nepeut
être établie que pour les 8premières heures
(fig. 9 ).
Cephénomène
estdû,
sansdoute,
à une réduction sensible de lasynthèse
d’ADN
au cours même del’expérience.
L’évaluation
de n(# 0 , 4 )
donne une indication sur la vitesse de renouvellement dupool endogène.
Celui-ci assureraitplus
de 2 heures desynthèse.
Cettevaleur,
touten étant peu différente de celle que
j’ai
obtenue pour desglandes plus jeunes,
n’im-plique
nullement que la réserve desprécurseurs endogènes,
au 60jour,
n’est pasréduite, puisque
lasynthèse
d’ADNqui
seproduit
alors n’est pas accessible audosage
direct
(DA ILL IE, ig65).
Cependant,
parrapport
à lathymidine
radioactivequi
atteintl’organe,
cepool endogène
nepeut
êtrenégligé :
lasynthèse
d’ADNmarqué qui
s’effectue durant les 4premières
heures del’expérience (tabl. 5 ) représente
seulement0 , 0 6
p. i ooo, parheure,
du contenu desglandes
en acidenucléique. Or, j’ai montré,
invitro,
que pour les doses saturantes dethymidine, l’incorporation
rendcompte
d’uneproduc-
tion d’ADN de o,5 p. i ooo à l’heure
(D AILLIE , 19 6 7 , c),
soit 8 foisplus qu’avec
ladose utilisée in vivo. A moins d’admettre que la
synthèse
est accrue invitro,
cette différence nepeut s’expliquer
que par la dilution duprécurseur
radioactif au sein dupool endogène.
VI. - DISCUSSION Les résultats ont été discutés au cours de
l’exposé.
Je
me bornerai donc maintenant à comparer les diversaspects
du métabolisme de lathymidine
dans laglande
étudiée in situ et in vitro.Par
rapport
aux conclusions tirées del’analyse
de laglande
en survie(D AIIIIN , 19
6
7
a,b, c),
les résultatsqui
viennent d’être examinésprésentent
desanalogies
mais
également quelques
différences.Dans la
glande jeune ( 3 e - 4 e jour
du5 e âge)
étudiée in vityo ou dansl’organisme,
on constate que l’entrée du
précurseur
estrapide,
saphosphorylation
très active etqu’il
existe desprécurseurs endogènes
enquantité importante
parrapport
aux doses dethymidine
habituellement fournies. Dans lesglandes prélevées plus tardivement,
on observe un affaiblissement de l’utilisation du
précurseur exogène qui témoigne
dela réduction de la
synthèse
d’ADN à cettepériode.
Ce
parallélisme permet
de conclure que les processus essentiels de l’activité cellulaire sont conservés dansl’organe lorsqu’il
se trouveprivé
de ses relationsfonctionnelles avec l’ensemble de
l’organisme
etplacé
dans un milieu engrande partie
artificiel.
Cependant,
ensurvie,
ilapparaît
des modifications de certainsaspects
du méta- bolisme de lathymidine
dans laglande
in situ. Onobserve,
enparticulier, lorsque
la
glande
est incubée in vitro :- le transfert d’une
partie
des nucléotides radioactifs vers 1 e milieud’incubation,
- l’absence ou, du
moins,
la réduction considérable des processuscataboliques,
- la division du
pool
des nucléotides radioactifs en deuxcompartiments
cellu-laires,
- la réduction sensible de la
synthèse
d’ADN et dupool
desprécurseurs
endo-gènes.
La sortie des nucléotides hors des cellules n’a
jamais
étésignalée,
à ma connais-sance, et ne semble pas se
produire
insitu ;
ce processusrisque
de refléter une altéra- tion despropriétés
demembranes,
dans laglande incubée,
due à une déficience du milieuemployé.
L’apparition,
dansl’organe
enplace,
desproduits
dedégradation
dela thymidine radioactive, n’implique
pas, biensûr,
que ceux-ci soientproduits
dans laglande
elle-même. Ils
pourraient provenir
d’autres organes, par l’intermédiaire du sang. Aucunargument sérieux, cependant,
nepermet
de tenir unetelle hypothèse
pour établie.En
revanche,
onpeut supposer
que letransfert
desnucléotides radioactifs
vers le milieud’incubation, lorsque
lesglandes
sontétudiées
invitro ;
modifie les conditions normales du métabolisme de lathymidine
et donne à la voieanabolique la prépon- dérance,
par lejeu
d’undéplacement
constant deséquilibres enzymatiques.
I,’existence d’un système complexe
decompartimentation
au sein dupool
radio-actif
acido-soluble
-- telqu’une partie
seulement des nucléotides formés se trouveaccessible
à chaque instant,
pour lasynthèse
d’ADN ― n’est pas nécessairementcaractéristique
desglandes
maintenues en survie. Eneffet,
onpeut
admettre que, dansl’organe
étudié insitu,
cette division ne se manifeste pas car laproduction
desnucléotides
exogènes
cesserapidement,
faute dethymidine.
Cette situation se rappro- cherait doncbeaucoup
des observations faites invitro,
dans lesexpériences
dedécharge (D
AILLIE
, 19 6 7 , b) ;
or, dans ce cas, c’estjustement l’échange
de nucléotides avecle
milieu extérieurqui
révèle l’existence d’uncompartiment
deréserve.
Rappelons, enfin,
que le transfert des nucléotides vers le milieud’incubation risque
de toucherégalement
les nucléotidesd’origine endogène (DaW!;r!, 19 6 7 b),
desorte que ce processus, à
lui seul, peut expliquer
que lasynthèse
d’ADN soit affaiblie in vitro parrapport
à cellequi
sedéroule
dansl’organe
enplace.
Dans cesconditions,
il n’est pasétonnant
que l’estimation des réservesendogènes
conduise à des valeurs moindres.En
définitive,
laperméabilité
desparois
cellulaires vis-à-vis desnucléotides,
dans laglande
ensurvie, pourrait
rendrecompte
de laplupart
des différencesqui
se révèlentlorsqu’on
compare les résultats obtenus in situ et in vitro.CONCI,USION
L’étude
des processusqui
déterminent et contrôlent lasynthèse
de l’ADNsuppose
qu’on
est en mesure d’évaluer cettesynthèse
à un moment donné.Or,
si la durée del’expérience
estbrève,
ou laquantité
de matérielétudié, faible,
une mesure directe estimpossible
etl’emploi
deprécurseur
radioactifs’impose.
Encorefaut-il connaître les voies parlesquelles
ceprécurseur
estutilisé,
et lesrapports qu’il
établitavec les
précurseurs endogènes.
Ainsi,
unobjectif apparemment simple
soulève desproblèmes plus
ou moins difficilesqui
nousobligent
àétudier, finalement,
unepart notable
d’un métabolisme cellulaire.Pour ces
raisons, j’ai
dû examiner les diversesétapes
del’incorporation de
lathymidine
dans laglande séricigène. L’expérience
aporté
sur laglande
enplace
oumaintenue en
survie,
in vitro.L’apport
de ces deux méthodes estinégal
enquantité
comme en