FACULTÉ DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE DE BORDEAUX
ANNÉE 1897-1898 N» 116
DE LA
VERRUE VULGAIRE
THÈSE POUR LE DOCTORAT EN MÉDECINE
présentée et soutenue publiquement le 29 juillet 1898
PAR
JeatvFrançois-Ernest DELMAS
Né à Daglan (Dordogne), le 23 janvier 1871
MM. VIAULT, professeur. Président.
Examinateurs de la Thèse;: MOUSSOUS, professeur....\ I RONDOT, agrégé > Juges.
DUBREUILH, agrégé )
Le Candidat répondra aux questions qui lui seront faites sur les diverses parties de l'Enseignementmédical.
BORDEAUX
G. GOUNOUILHOU. IMPRIMEUR DE LA FACULTÉ DE MÉDECINE
il, RUE GUIRAUDE, il 1898
FACULTE DE MEDECINE ET DE PHARMACIE DE BORDEAUX
M. de NABIAS Doyen. | M. PITRES Doyenhonoraire.
PROFESSEURS :
MM. MIGE . . .
AZAM. . .
DUPUY.. . MOUSSOUS
Professeurs honoraires.
Cliniqueinterne . . .
j
Clinique externe. . .
Pathologie etthérapeu¬
tiquegénérales. . .
Thérapeutique. . . .
Médecineopératoire .
Clinique d'accouchements.
Anatomiepathologique. .
Anatomie
Anatomie générale et histologie
Physiologie Hygiène
MM..
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rurgicalesdes enfants . PIÉGHAUD.
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Pathologie externe., BINAUD.
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section des sciencesanatomiques et physiologiques
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COURS COMPLEMENTAIRES:
Clinique desmaladiescutanées et syphilitiques MM. DUBREUILH.
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Physiologie Embryologie Pathologie oculaire Hydrologie etminéralogie.
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N...
LeSecrétaire de laFaculté: LEMAIRE.
Par délibération du 5 août 1879, la Faculté a arrêté que les opinions émises dans les Thèses quilui sont présentées doivent être considérées comme propresà leurs auteurs, et qu'ellen'entend leurdonnerni approbation ni nnprobation.
À MON BON
PÈRE
A MA BONNE
MÈRE
Permettez-moi de vousdédier tout spécialement ma thèse inaugurale
comme faible témoignage de mon éternelle reconnaissance pour vos grands sacritices, et de mon plus profond amour.
A MES PARENTS
A MES AMIS
A MES
CAMARADES DE LA « PETROCORIA »
À M. LE DOCTEUR W.
DUBREUILH
PROFESSEUR AGRÉGÉ A LA FACULTÉ DE MÉDECINE
CHARGÉ DU COURS DES MALADIES SYPHILITIQUES ET CUTANÉES
Quecemaître, pleinde sollicitude
à l'égard de ses élèves, reçoive ici
l'assurance de notre profonde grati¬
tude et l'expression de nos remer¬
ciements les plus sincères pour les
conseils et les documents précieux qu'ilabienvoulunous donner pour fairenotrethèse.
A MON PRÉSIDENT DE THÈSE
M. LE DOCTEUR
VIÀULT
PROFESSEUR D'ANATOMIE GÉNÉRALE ET D'HISTOLOGIE
DOCTEUR ÈS SCIENCES OFFICIER DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
Veuillez, en cette circonstance,
me permettre,cher Maître, devous adresser l'expression de ma bien
sincèrereconnaissance pourlesmar¬
quesdebienveillanceque vousn'avez
cessé de me prodiguerpendantmes études,etle grandhonneurquevous
mefaitesd'accepter la présidence de
mathèseinaugurale.
*
''
v
AYANT-PROPOS
A la veille de quitter la
Faculté
etles hôpitaux, de dire
adieu à nos Maîtres et à nos Camarades d'études, nous
éprou¬
vons, en jetant un
regard
enarrière,
unesensation indéfinis¬
sable, quinous fait regretter,
peut-être même maudire, l'heure
qui va nous
séparer d'eux. Aussi,
pouramoindrir la peine que
nous cause cette séparation et surtout pour
affirmer les liens
qui nous unissent
à
vous,chers Maîtres et chers Camarades,
nous sommes heureux de vous offrir la dédicace
de
notremodeste travail :
A vous, chers Maîtres,comme
l'expression de notre profonde
reconnaissance pour nous avoir
guidé dans le chemin difficile
de l'art que nous allons
avoir à
exercer;A vous, chers
Camarades,
pourvousmanifester l'inaltérable
cordialité qui nous unit.
Nous ne voulons pas non plus
oublier les
personnesqui
sesonttoujoursintéressées
à
nossuccès et à notre avenir. Qu'elles
veuillent bien, en cette circonstance,
recevoir l'expression de
notre vive gratitude.
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INTRODUCTION
L'idée première de ce travail nous a
été donnée
parM. le
professeur agrégé W.Dubreuilh
;nous-même,
nousn'aurions
jamais pensé trouver dans
l'étude de la
verruevulgaire
un sujet d'études sérieux.L'affection
estsi
communeet habituel¬
lement si bénigne que, jusqu'à ces
derniers
temps, nous ne prêtions à cette affection aucuneattention. Aujourd'hui,
nousreconnaissons que c'est une profonde erreur
de croire
quela
verrue est une affection banale qu'on doive négliger, qui ne mérite aucun intérêt et qui ne soit nullement
digne d'une
étude sérieusement approfondie. Les choses
les plus simples
sont souvent celles qui offrent le plus
de difficultés, et l'étude
de la verrue, à notre avis, rentre dans ce
cadre.
Nous ignorons si nos
classiques ont jugé
quela
verruen'était qu'un sujet
d'études secondaire, mais
cequi
nous parait confirmer notrehypothèse, c'est qu'ils né font
que signaler la verrue dansleurs
ouvrages.L'étiologie de la
verrue,qui est pourtant une question
si intéressante,
sonanatomie
pathologique, sontraitement,
semblent
neles avoir nullement
passionnés, et il faut
arriver à
cesdernières années
pourtrouver disséminées çà et là des descriptions,
des recherches,
en un mot, des travaux originaux
qui font le mérite de leurs
auteurs.
L'étude complète de la verrue,
la monographie de la
verrue,c'est là le but que nous allons essayer
de poursuivre dans
notre thèse inaugurale, en nous
inspirant des recherches de
notre maître M. le professeur
agrégé W. Dubreuilh.
Vf
■
.
DE LA
VERRUE VULGAIRE
Description Clinique.
On donne le nom de verrues, disent les auteurs du Compendium, à des excroissances de la peau, pleines, dures, d'un aspect calleux, à surface lisse ou granulée, dépassant le niveau de cette membrane de quelques milli¬
mètres et insensibles par elles-mêmes.
Unna définit la verrue : un acanthome acquis, de nature infectieuse, survenant en foyers et s'accompagnant d'hyper-
kératose dès le début.
Ces définitions, prises séparément, sont peut-être incomplè¬
tes, mais elles sont justes dans ce qu'elles expriment. Du reste, en fait de définition, l'étude clinique que nous allons
faire sera la meilleure.
Les verrues apparaissent le plus souvent à la partie dorsale
de la main, à la face, au cuir chevelu,au cou et, plusrarement,
sur le dos. On peut toutefois les observer ailleurs, et Gémy
cite à ce sujet l'observation d'un jeune Marocain, âgé de vingt-cinq ans, qui avait les jambes et les pieds couverts
de verrues presque conlluentes. On les observe aussi au
voisinage des articulations et des ongles.
Sans contredit, les verrues les plus communes et en même temps les plus caractéristiques sont celles qu'on observe à la
face dorsale des mains. Chez l'adulte, il arrive assez fré¬
quemment de n'en observer qu'une, tandis que, chez les enfants, il en existe habituellement bon nombre.
__ 16 -
Ch. Allen cite le cas d'une jeune fille qui portait 60 verrues
sur une main, 32 sur l'autre, 29 à la face et 7 sur le bord
incarnatde lalèvre supérieure; il cite aussi lecas d'une jeune
fille qui présentait 23 verrues sur les mains, 2 sur les bras
et une sur le bord incarnat de la lèvre supérieure.
Payne a observé un jeune homme qui avait les mains
couvertes de verrues, en tout, dit-il, près de 200.
Comme on le voit, le dos de la main est le siège préféré des
verrues.
Leur couleur diffère peu de la couleur normale de la peau ;
ellesont peut-être une légère teinte jaune grisâtre. Cependant,
à leur partie centrale, on aperçoit souvent de petites masses brunâtres.
Leurs dimensions sont très variables, depuis la grosseur d'une tête d'épingle à la grosseur d'une noisette et peuvent
mesurerde 1 à10 millimètres de hauteur; généralement elles
sont très apparentes à l'œil nu en raison de leur saillie et de
leur contour assez nettement limité.
Leur saillie varie avec leur âge et leur développement;
ainsi lesplus récentes et, partant, les plus petites, formentune saillie hémisphérique dure, de la grosseur d'un grain de mil.
Si on les examine à la loupe, on remarque très nettement quatre ou cinq points roses ou lilas au centre des mailles qui constituent la verrue elle-même ; ces points roses ou lilas
ne sont autres que des papilles allongées, hypertrophiées.
Maintenant, si l'on examine des verrues un peu plus développées, on voit qu'elles présentent une saillie arrondie,
à surface bosselée, entourée par une collerette d'épiderme corné, un peu épaissi et mamelonné. Ces petits mamelons, qui ne mesurent pas plus d'un quart ou un demi-millimètre
de large, ont un sommet lisse, sont séparés entre eux par de petits sillons grisâtres d'épiderme en desquamation et pré¬
sentent souvent à leur centre un point noir qui remplace le point rose de la verrue jeune. Ce point noirest le résultat d'un capillaire thrombosé, et c'est si vrai que, si l'on regarde par côté, on aperçoit quelquefois, très nettement, que ce point
— 17 —
correspond à l'affleurement, d'une ligne noire perpendiculaire
à la surface. De plus, si avec un rasoir on abrase la verrue partranches successives, parallèles à la peau, quand on arrive
à la partie vivante, on voit sourdre une foule de gouttelettes
de sang; en même temps survient la douleur.
Plus tard on voit qu'il se forme entre les papilles de véri¬
tables fissures qui les séparent, formant une surface hérissée;
maisjamais on ne voit la verruevulgaire sedesquamer, jamais
onne voit se détacher à sasurface des lamelles cornées par un
clivage horizontal. La desquamation lamelleuse appartient en propre à la verrue plane juvénile.
Nous avons signalé assez rapidement les sièges qu'occupent généralement les verrues; mais chaque région imprime aux
verrues des caractères particuliers qu'il est indispensable de
connaître.
A la face palmaire cle la main ou des doigts, la verrue,
quoique bien apparente, est moins saillante. Nous en avons observé un certain nombre et nous avons pu nous rendre compte que ces verrues affectent la forme d'un tronc de cône surbaissé, dont la petite base seule présente l'aspect mame¬
lonné, quelquefois, mais rarement, fissuré. Le talus incliné qui
l'entoure est un tissu formé par une hyperkératose qui se différencie très nettement des parties voisines. « Cet anneau hyperkératosique peutdépasser la partie centrale de laverrue, atteindre son niveau ou être dépassé par elle,» dit M. Du-
breuilh. Nous avons aussi remarqué que la verrue palmaire
s'enfonce profondément dans le derme en s'y creusant une véritable loge et paraît ainsi moins
large
etmoins élevée
qu'elle ne l'est en réalité. En effet, sil'on vient à faire l'énu-cléaiiond'unedeces verrues, on est surpris des dimensions de
la cavité qu'on évacue de la sorte.
Cette forme constitue ce qu'onappelle la «verrue en puits».
Melchior Robert cite à ce propos deux observations : chez le premier sujet, la verrue siégeait à la pulpe du pouce de la
main gauche; chez l'autre, elle siégeait à l'éminence hypo-
thénar et avaient toutes deux les dimensions d'une petite
E. DELMAS. 2
— -18 —
lentille. M. Dubreuilh en a, lui aussi,
observé
uncertain
nombre; nous-même, nous avons eu
la bonne fortune d'obser¬
ver chez un de nos camarades, étudiant en médecine,
M. P...,
une verrue palmaire dont
l'étude
aconfirmé les caractères
indiqués ci-dessus.
Disons d'abord que notre
camarade
a eu,à l'âge de dix
ans, quatre ou cinq verruesqui ont disparu
enles brûlant avec de
l'acide azotique. Jusqu'à
l'âge de dix-neuf
ans,il n'a jamais
eud'autre verrue; mais, à cette époque, une verrue
apparut à la
face palmaire de
l'index gauche,
aupli de la première et
deuxième phalange. Elle ne
gênait
enrien les mouvements de
flexion et d'extension et était simplement douloureuse
à la
pression. Sa saillie, peuconsidérable dès le début, était
cepen¬dant bien visible; puis elle s'accrût et
acquit des dimensions
un peuplus grandes, si
bien qu'elle mesurait 3 millimètres de
diamètre environ. Elle était déprimée en son centre en forme
de puits. La zone
hyperkératosique, qui formait autour d'elle
un véritable anneau, affleurait la partie centrale
de la
verrueets'éloignait de cette partie
centrale
endiminuant petit à petit
d'épaisseur.
Quelques mois après, sur nos
conseils, notre camarade vint
consulter M. Dubreuilh, qui pratiqua l'excision,etnous
fûmes
tout étonné de voir combien cette verrue, de dimensions si petites était profondément
située
:elle
nemesurait
pasmoins
de 5 millimètres et demi à 6 millimètres.
Dans laverrue plantaire, onretrouveces mêmes
caractères,
mais ils s'affirment davantage en ce que l'épiderme
acquiert
un épaississementplus
grand.
Leplus
souvent,la lésion offre
à première vue l'aspect d'un
large durillon. Sur
unesurface
de 1 à 3 centimètres, on voit la couche cornée de
l'épiderme
épaissie, stratifiée, faire unelégère saillie; si l'on pince entre
les doigts l'endroit où siège la verrue, on sent une sorte
de
noyau induré, aplati, s'enfonçant
dans l'épaisseur de la
peau.«Il est plus facile de saisir un pli de la plante
du pied,
»dit Blum.
La surface de l'épiderme présente une coloration
jaunâtre,
— 19 —
à moins qu'elle ne soit toute récente, etalors elle a la forme
d'une saillie lenticulaire un peu rougeâtre.
Peu vasculaires, ces verrues siègent souvent aux endroits
où s'exercent des pressions, au talon et surtout à l'extrémité
des premier, troisième etcinquième métatarsiens,
c'est-à-dire
aux points d'appui de la voûte du pied1. En raison de la pression à laquelle sont soumises ces régions,
la
verrue ne fait pas de saillie; elle est plate etse confond avecl'épiderme
qui l'entoure. Du reste, il arrive souvent quel'anneau hyper-
kératosique qui l'entoure arrive à la couvrirpresquecomplè¬
tement, etalors on peutconfondre cetteverrue ainsi
modifiée
avec un durillon. Mais si on examine attentivement, on voit
à son centre une perforation à travers laquelle apparaît la
verrue. Très restreinte, à la périphérie, cetteverrue se creuse
uneloge large etprofonde dans la plante du
pied, si bien, dit
M. Dubreuilh, « que la verrue la moins saillante de toutes les
variétés de la verrue vulgaire est quelquefois la plus volu¬
mineuse. »
Cette production morbide est assez commune,
dit Gorju,
et cependant les observations manquent. Il cite
le
casd'un
homme de vingt-huit ans qui, en marchant sur
des boulets
de canon, se fit une contusion au pied. Depuis ce moment,
il éprouva une douleur persistante au
niveau de la tête du
troisième métatarsien. Il dut interrompre son travail au bout
de deux mois etil constataalorsundurillon. Commecedurillon grossissait, il l'abrasa avec un rasoir et vit
sortir quelques
gouttes de sang; six mois après,
il
yavait
unepetite saillie
chagrinée à sa surface. Ill'extirpa
enraison des douleurs
qu'elle causait, et, à l'examen, on
vit qu'elle était constituée
par une hypertrophie locale et
circonscrite de la couche
papillaire de la peau, avecaugmentation de la couche épider-
1. Cependant,aucunerégion n'estabsolument indemne et, l'on peutobserverdes
verrues à la face plantaire des orteils ou à leur extrémité sous le bord libre de l'ongle. Les verrues plantaires sonten général isolées ou peu nombreuses.Toute¬
fois M. Bargues, pédicure à Bordeaux, a observé le cas d'une jeune femme
dont les pieds étaientlittéralement criblés de verrues quilui rendaient la marche
difficile.
— 20 -
mique. Le traumatisme
aurait donc été
causedéterminante
dans ce cas.
M. Follin, qui a eu souvent
l'occasion d'en voir, prétend
que, sous l'intluence des
pressions entre le sol et le plan
osseux, la verrue prend la forme
d'un large champignon;
elle se trouve alors enfoncée dans la peau, comme le serait
un bouton de chemise. Cette tumeur, dit-il, qui est indolore
à la face dorsale de la main où elle est très commune, est,
au contraire, très douloureuse
à la plante des pieds et, à
ce titre, elle mérite defixer l'attention du clinicien. La douleur
s'accentue avec les changements de
température
etl'état
hygrométrique del'atmosphère.
Les verrues de la face et du cuir
chevelu présentent des
caractères propres qui les
différencient du type
moyen.Disons
d'abord combien sont communes les verrues de la face; elles
coïncident la plupart du temps avec
les
verruesde la face
dorsale des mains chez les enfants. Elles siègent un peu partout, cependant elles
affectent surtout le voisinage des
orifices : paupières, ailes du nez et
principalement la bouche.
On se rappelle les observations
de Ch. Allen, qui
aobservé
7 verrues sur le bord incarnat de la lèvre supérieure chez
la même personne, 2 chez une autre personne
à la même
place. Cela s'explique
facilement
enadmettant la contagion
de la verrue, parce que ces
orifices
sontles régions où les
malades portent le plus volontiers
les mains
etfacilitent ainsi
la contagion.
Elles ressemblent aux verrues de la main et, comme elles,
sont dessaillies variant de la grosseur d'une tête
d'épingle à
celle d'une graine de chènevis,
hémisphériques, dures
au toucher, sans épaississementapparentde l'épiderme, à surface
lisse, ou finement mamelonnée et
présentant à la loupe
un piqueté rose assez régulier.Ces verrues deviennent plus tard saillantes et
leur sommet
se divise en plusieurs pointes distinctes.
Quand
sondéveloppe¬
ment est complet, la verrue de laface est
plus haute
quelarge;
nous avons observé chez un jeune étudiant une verrue
— 21 —
située à l'angle externe de l'œil droit
qui fait
unesaillie de
3 millimètres, alors que sa base
d'implantation avait à peine
2 millimètres.
A l'examen, on ne trouve pas la
moindre
traced'épaississe-
ment épidermique, d'anneau
hyperkératosique entourant la
base de cette verrue; on remarque quelquefois un
pédicule
rose, mou,paraissant formé parune
saillie du derme et
recou¬vert d'un épiderme mince. Le sommet
de
ces verrues sedivise en un certain nombre de pointes cornées, acuminées, disposéesparallèlement en
pinceau,
oudivergentes
enbouquet.
Comme on le voit, la verrue vulgaire de la
face
estdonc très
différente de la verrue palmaire et plantaire;
elles
ontdes
caractères si particuliers qu'il
semble,
aupremier abord,
qu'elles n'ont entre
elles
aucuneanalogie, et cependant
on peutobserver sur une môme verruetoutes les transitions,
par exemple surune verruedu dos de la main
: «La coïncidence
des différentes formes de verrues dans leurs différentes locali¬
sations, dit M. Dubreuilh, vient
confirmer l'unité de la maladie;
il est commun de voir chez un enfantdes verrues de lapaume et du dos de la main précéder ou accompagner
les
verruesde
la face. »
Quand laverrue siège à l'angle interne
de l'œil
ou surla
caroncule lacrymale, elle présente
la môme structure digitée
qu'à la face, mais le revêtement
corné
manque presque com¬plètement et la lésion
ressemble beaucoup à la crête de
coqde
la rainure balano-préputiale.
On peut môme aller plus
loin et admettre
unecertaine
parenté entreles verrues vulgaires et
les végétations papillaires
des muqueuses. Les
observations de Rasch, Variot, Diday et
Gémy semblent confirmer cette
proposition.
Rasch et Yariot ont, en effet, publié des
observations dans
lesquelles ils avaientremarqué des végétations papillaires de
la muqueuse buccale chez des
enfants qui avaient des
verruesdes mains.
Diday et Gémy ont également
remarqué la coïncidence des
verrues et des végétations génitales et admettent
qu'on
trouvepresque toujours des verrues
des mains dans les antécédents
des individus porteurs de végétations.
A côté de ces verrues les plus fréquentes, il y a aussi les
verrues sous-unguéales; elles ne sontpas rares non
plus
et onles observe surtout au pouce et au gros orteil. Elles forment
une petite masse aplatie, venant
faire saillie
versl'extrémité
libre de l'ongle qu'elles peuvent
décoller. Rayer
a vuchez
un jeune homme de vingtans,à l'extrémité de l'index gauche,
uneverrue volumineuse occupant toute la largeur de l'extrémité
de ce doigt.
Nous-même, nous avons observé à la clinique de
M. le
docteur Dubreuilh une petite fille âgée de six ans et demi, présentant une verrue
sous-unguéale très caractéristique.
Elle avait débuté depuis deux mois, fort probablement par contact,
car ellejouait tout le temps avec un enfant du voisinage quiavait, lui,
un grand nombre de grosses verruesàla paumede la main.
Cetteverrue était dela grosseurd'un pois,située sousle bordlibre de l'ongle du médius droit, vers lebord cubital du doigt; par sa saillie de
plus d'un millimètre, elle soulevait l'ongle et déformait
l'extrémité
du doigt.
Elle était entourée à sa base d'une collerette d'épiderme corné, qui
affleurait le niveau de la verrue, mais ne dépassait pas son sommet. La partiesituée sous l'ongle était divisée par des fissures profondes en un bouquet de petits prismes, longs de plusieurs millimètres; l'autre
moitié, dontla surface était libre,était compacteetsimplementbosselée.
A la palpation, on trouvesous laverrue une infiltrationprofonde. Sous
le bord libre de l'ongle du pouce du même côté se trouve une petite
masse cornée, grosse comme un grain de mil, correspondant à une petiteverrue cachéesous le bordlibre de l'ongle.
On pratiqua l'extirpation à la curette et la guérison s'ensuivit quel¬
quesjours après.
Tels sont les caractères cliniques de la verrue vulgaire,
considérée dans son type le plus ordinaire comme dans ses formes particulières.
Maintenant quelle en est la nature?
Étiologie.
L'étiologie de tout
le
groupedes
verruesest encore très
obscure, malgré toutes
les recherches qui ont été dirigées
dans ce sens. Les verrues, quelles qu'elles
soient, sont des
affections de la jeunesse; en
particulier, les
verruesvulgaires
s'observenttrès fréquemment chez
les enfants, chez les jeunes
filles, et ce n'est guère que
dans
cesconditions qu'on
envoit
des éruptions
abondantes.
Ces verrues sont presque rares dans
la seconde moitié de
la vie; on peut cependant
rencontrer des
verruesvulgaires sur
les mains d'individus qui ont dépassé la
trentaine, soient
qu'elles datent de
l'enfance
ouqu'elles soient apparues récem¬
ment. Dans ce dernier cas, les verrues sont
habituellement
peu nombreuses,
plus irrégulières, et siègent de préférence
sur la facepalmaire des
doigts
ou aupourtour de l'ongle.
Toutefois, il n'ya rien
d'absolu puisque Winiwarter cite le
cas d'un homme de soixante ans, chez
lequel il observa
une éruption profusede
verfues,alors qu'il n'en avait jamais eu
durant son existence.
Les verrues ordinaires peuvent
survenir
sousl'influence de
conditions variées, presque
toujours d'une prédisposition
spéciale, surtout
chez les enfants qui ont une grande tendance
à les avoir aux mains et chez les
ouvriers qui
selivrent
à des travaux manuels, comme les
jardiniers, les tonneliers,
les cordiers, les vanniers,
les cuisiniers, les blanchisseuses,
les plongeurs.
Le contact répété de
substances irritantes, la malpropreté
ne paraissent pas
étrangers
audéveloppement des verrues;
c'est peut-être pour
cette raison qu'on
enobserve plus
fréquemment
chez les laboureurs et les garçons d'écurie.
- 24 —
Winiwarter croit que les traumatismes, écorchures ou brûlures des mains peuvent déterminer le développement de
verrues, mais il ne l'affirme pas.
Paul Vogt va plus loin; il dit que la plupart des verrues sont dues à un traumatisme sans qu'il soit nécessaire d'ad¬
mettre une cause spécifique.
D'après Turner, les verrues sont très communes en Angle¬
terre, chez les personnes chargées de soigner et de traire les
vaches.
D'après Bazin, les scrofuleux sont prédisposés, et ce fait
semblerait expliquer l'hérédité dont on trouve quelques exemples.
Quoi qu'il en soit, l'évolution de la maladie est presque
toujours la même. Généralement il survient à la main une
verrue quireste unique pendant plusieurs mois ou plusieurs années; puis, en quelques semaines,alieu une éruption abon¬
dante de petites verrues sur les mains et à la face, verrues qui
vont se développer et grandir rapidement, sans toutefois
atteindre les dimensions de la verrue mère. Ces verrues
peuvent aussi, au bout d'un certain temps, disparaître spon¬
tanément en totalité ou en partie. Cette éruption est toujours homogène, et c'est là un des caractères les plus intéressants.
En effet, si le point de départ est une verrue vulgaire, on remarquera sur les deux mains des,productions analogues;
il en est de même s'il s'agit de verrues planes. Quand sur un même individu on trouveles deux variétés, ce n'est là qu'une simple coïncidence.
Maintenant, comment se fait cette éruption ou du moins
comment les verrues se multiplient-elles?
Cette multiplication des verrues parait être due à des auto- inoculations, ce qui permet de soupçonner déjà la présence
d'un agentmicrobien dans la verrue. Du reste, onpeutremar¬
quer que lesverrues siègent presque toujours sur les parties
découvertes, exposées aux traumatismes, sur les mains et
dans les parties qui sont fréquemment en contact avec les
mains.
- 25 —
La contagiosité des verrues est une croyance
populaire
universellement répandue. En interrogeant
les malades,
on apprend très souventqu'à l'époque de l'apparition des
verrues,les sujets qui en sont atteints
étaient
encontact fréquent
avectelles ou telles personnes affectées de verrues.
Certains mala¬
des affirmentmême la contagion de la verrue, par
le
sangqui
s'écoule à la suite de l'excision ou de l'abrasion d'une verrue.
C'est peut-être exagéré, mais
il n'en
est pasmoins vrai
quele
vulgaire croit à la
contagion.
Jusqu'à ces dernières années,
les médecins
sebornaient à
sourire de ces préjugés et Jaccoud lui-même
semble affirmer
que les verrues intactes ou
saignantes
nesont nullement
contagieuses, en disant que cette
opinion
nereposait
suraucun fait positif. Après Jaccoud,
Trélat
necroit
pas nonplus
à la contagiosité desverrues, pas
plus
queG. White.
Cependant, aujourd'hui, les
idées anciennes renaissent,
appuyées sur des faits
cliniques bien observés et
surdes
recherches scientifiques nouvelles, et la bactériologie
semble
presque démontrer que
les
verrues sontparasitaires et
confirmer ces vieilles croyances populaires. Il existe très probablement un ou
plusieurs
agentsmicrobiens qui exercent
leur action irritative, spécialement sur la couche épineuse de l'épiderme, les lésions du derme
n'étant
quesecondaires,
consécutives.
Du reste, certains faits cliniques paraissent
le démontrer
:on a cité des cas de famille voyant apparaître sur eux, des éruptions de verrues que
vraisemblablement
on nepeut
expliquer que par la contagion.Il en est de même des épidémies de verrues qu'on a
observées dans les écoles, dans les bureaux. A ce sujet,
M. Dubreuiih a eu l'occasion d'observer des épidémies de
famille : il cite le cas d'une famille où aucun membre n'avait jamais eu de verrues; un enfant en contracte au
dehors,
et,dans les mois qui suivent presque tous les membres
de la
famille, qui est asseznombreuse,
ont eudes
verrues auxmains. Il ajoute qu'elles disparurent toutes en
quelques mois.
— 26 —
Lupis aussi à la suite
de nombreuses observations exprime
que la verrue est
contagieuse
;mais, dit-il, cette contagiosité
est difficile à démontrer par l'expérimentation.
L'inoculabilité cependant paraît tout aussi
bien démontrée
quela contagiosité : l'observation
personnelle de J.-F. Payne
le confirme. Elle nous a paru si intéressante que nous
la
reproduisons en entier :Il s'agit d'un garçon de onze ans,présentantune éruption de verrues,
surtout à la main droite qui en est couverte sur les deux faces; il en présentait aussi un assez grand nombre à la face.
Cette éruption avait débuté deux ans auparavant par une grosse
verrue à la paume de la main droite; delà, elles s'étaient répandues
sur la main droite entière, puis sur la main gauche, puis à la face.
Il traite ces verrues par le collodion salicylé ou par l'application
d'acide acétique.
Quand elles étaient ramollies, Payne les grattait avec une spatule;
une fois il les gratta avec l'ongle du pouce. Une semaine après appa¬
raissait une verrue sous l'ongle de ce pouce;quelques semaines après,
une deuxième verrue, puis une troisième apparurent sur ce même
pouce. Elles disparurent spontanément au bout de quelques
semaines.
Il n'en avait jamais eu avant.
Payne en conclut à la contagiosité
des
verrues,favorisée
parla négligence, le jeune âge et par
certaines idiosyncrasies
qui font persister les verrues chez certains
individus, tandis
que chez d'autres elles disparaissent
spontanément.
La contagion suppose un parasite; aussi a-t-on
dirigé dans
ce sens toutes les recherches possibles, mais elles n'ont
encore donné aucun résultat.
Majocchi, le premier, orienta ses recherches
de
cecôté et
affirma que la verrue était une affection
parasitaire due
auBacterium Porri, que Corail, Ranvier et Babès ont
étudié
et décrit après Majocchi.
Plus tard, Ducrey, Oro -et Gémy ont observé dans
les
végétations des altérationsvacuolaires qui ont été
com¬parées à des coccidies. Cette
opinion émise du reste
avec beaucoup de réserve, n'est plussoutenable aujourd'hui.
— 27 —
II.-E. Richter a autrefois décrit des
microcoques dans les
verrues.
Les recherches de Kuhnemann sont de
beaucoup les plus
importantes, et nous
allons les résumer.
Faites dans le laboratoire de
Schweninger
sur ungrand
nombre deverrues, les
recherches de Kuhnemann établissent
que les lésions
essentielles sont épidermiques, les lésions
dermiques restant peu
accentuées.
Il emploie la
méthode de Gram-Kuhne, il colore les coupes
par une
solution
aqueusealcalinisée, au violet de gentiane
(solution de
carbonate d'ammonium à toô) pendant au moins
demi-heure, ensuite lave
soigneusement à l'eau, traite pendant
trois minutes par la solution
d'iode et iodure de potassium,
lave à l'eau, décolore par une
solution alcoolique de fluores-
ceïne; il enlève ensuite
la fluoresceïne
enexcès par l'alcool
absolu et montedans le baume au xylol.
Les granulations
de kératohyaline et la couche cornée
prennent une
coloration bleu noirâtre, les couches non kéra-
tinisées de l'épiderme et
le derme
enteinte jaune clair. Dans
le stratum dentelé, on remarque entre et
dans les cellules,
ainsi quedans les espaces
lymphatiques, des bâtonnets dont la
longueur ne dépasse pas un
millimètre et demi; on les trouve
quelquefois dans
la couche cornée, rarement dans le derme
voisin.
Dans une verrue, Kiïhnemann ne
les
atrouvés
quedans la
couche germinative
du stratum dentelé; dans les verrues
anciennes, les bâtonnets sont
moins nombreux
quedans les
récentes. Ces bacilles se colorent enrouge,
tandis
que tousles
autres microorganismes prennent, par
le Gram-Kùhne,
uneteinte bleu foncé.
Poursuivant ses recherches,Kuhnemann a
essayé de cultiver
ce bacille. Les cultures surgélatine et agar-agaront
donné des
résultats positifs pour toutes
les
verrues.L'examen microsco¬
pique fait voirun
bacille
un peuplus
gros,comme cela arrive
toujours quandles
bacilles ont été cultivés.
Vers la même époque, Schweninger a
communiqué
au- 28 —
Congrès des naturalistes allemands, en 1889, le résultat de ses cultures. Il dit avoir obtenu sur agar-agar des cultures à colo¬
ration jaune verdâtre, dont l'inoculation aux animaux ou à
l'homme a donné naissance à devéritables verrues.
Il a fait 10 inoculations sur 4 animaux (2 coqs sur la crête
et 2lapins à la patte); 2 ont donné des résultats satisfaisants.
Quinze jours après l'inoculation, il est survenu des excrois¬
sances verruqueuses de la grosseur d'un grain de chènevis, légèrement aplaties etbrunâtres.
Sur l'homme, les expériences s'annoncent comme devant
être suivies de résultat, dit-il.
M. le professeur agrégé Dubreuilh a repris les recherches
de Kuhnemann et de Schweninger et affirme n'avoir jamais
pu découvrirce bacille, bien qu'il ait suivi rigoureusement la technique de Kuhnemann. Toutes ses expériences de culture
sont restéesstériles ou n'ont fourni que des cultures blanches
d'un microcoque commun à la surface de la peau, probable¬
mentle microcoque dont Richter voulait faire l'agent spécifique
de la verrue.
Neisser et Jadassohn, cités par Winiwarter, ne paraissent
pas avoir été plus heureux dans leurs recherches, mais
Jadassohn a fait des expériences très intéressantes à con¬
naître au sujet de l'inoculation.
Il s'est inoculé à lui-même et a inoculé au docteur Dreysel
desfragments de verruesetaobtenucomme résultats 4verrues
qui se sont produites après une longue période d'inoculation.
Il a fait ensuite une série d'inoculations:
N° 1. 6 inoculations sur 2 personnes, dont 2 positives sur la même personne etsur la même main.
N° 2. 20 inoculations sur 5 personnes, dont 17 positives chez les
5 personnes.
N° 3. 12 inoculations sur3 personnes, toutesnégatives.
N° 4. 16 inoculations sur4 personnes,dont 4 positives chezuneseule
personne.
N° 5. 32 inoculationssur4 personnes,dont 8positivessur2personnes.
En somme, il a fait 74 inoculations et a eu 31 résultats positifs. Les parcelles étaient inoculées en les insinuant sous
— 29 —
l'épiderme et en mettant un
pansement de
gaze, sansl'emploi
d'aucun antiseptique.
L'incubation a duré de six semaines à cinq mois; dans un
grand nombre de cas,
les
verruesainsi produites ont fini
par disparaître spontanément.Bien qu'on n'ait pas
trouvé d'agent particulier, de microbe
propreà laverrue,
elle parait n'en
pasmoins être contagieuse,
et les expériences dont nous venons
de parler le prouvent
surabondamment.
Certains auteurs ont pensé trouver
l'étiologie de la
verruedans une influence nerveuse. En effet, des relations étroites
unissent pathologiquement et
physiologiquement le système
nerveux et l'appareil cutané.
Depuis
undemi-siècle, les
travaux de von Bœrensprung, Vulpian,
Charcot, Schwimmer
etLeloir ont établi l'origine nerveuse de
certaines dermatoses
d'une façonirréfutableet ont montré
la fréquence des dermato-
neuroses.
Laverrue pourrait doncêtre
d'origine
nerveuse.Du reste, parmi les
innombrables traitements populaires
dirigés contre les verrues,
il
en estqui sont de
purespratiques
de sorcellerie et qui néanmoins réussissent
fort bien à faire
disparaître des verrues que
le malade
adepuis très longtemps.
Payne, Gibert,
Delbeuf, Bonjour ont, dans le même
sens, publié des cas deguérison de
verrues parsimple suggestion à
l'état deveille,appuyéesur un
simulacre de médication externe
ou interne; c'est là un point
très intéressant
que nousétu¬
dierons endétail avec le traitement.
A ces observations, on a objecté que souvent
les
verrues disparaissaientspontanément toutes ensemble et
quecette
disparition était une
coïncidence heureuse,
avecla suggestion
faite antérieurement. Ce n'est point l'avis de M.
Dubreuilh, qui
croit qu'il ya làautre chose
qu'une simple coïncidence et qui
dit que la question
mérite d'être étudiée méthodiquement.
Vers la même époque, Schaal croit
avoir trouvé l'étiologie
de laverrue dans lefait suivant.
11 ya quelques mois,