FACULTÉ
DEMÉDECINE
ET DEPHARMACIE
DEBORDEAUX
ANNEE 1897-1898 ÔO
LA
mm rue juvénile
l'HKSK POUR LE DOCTORAT EN MÉDECINE
présentée et soutenue publiquement le 24 Décembre 1897
Georges DJAMDJIEFF
Né à Tirnovo (Bulgarie), le 21 mars 1864
!MM. PITRES ™L„
DUBREUILH agregeprofesseur professeur....,
Juges.Président.
AUCHÉ agrégé '
Le Candidat répondra aux questions qui lui seront faites sur les diverses parties de l'Enseignement médical.
BORDEAUX
IMPRIMERIE DU MIDI — PA.UL GA.SSIGNOL
91 — RUE PORTE-DIJKAUX — 91
1B97
Faculté de Médecine et de Pharmacie de Bordeaux
M. PITRES Doyen.
fl»ROBCH<:$$ICUllS MM. MIGE...
AZAM . .
DUPUY.
Professeurs honoraires.
Clinique interne.
Clinique externe Pathologie interne...
Pathologie et théra¬
peutique générales.
Thérapeutique
Médecine opératoire. Clinique d'accouche¬
ments
Anatomie pathologi¬
que
Anatomie BOUCHARD
Anatomie générale et
histologie VJAULT.
MM. MM.
\ PICOT. Physiologie
JOLYET.
/ PITRES. Hygiène LAYET.
DEMONS. Médecine légale MORACHE.
LÀNEl.ONGUE. Physique
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N. Chimie BLAREZ.
Histoirenaturelle ... GU1ÈLAUD.
Pharmacie 1. FIGUIER.
Matièremédicale.... de NABIAS.
Médecine expérimen¬
tale FERRÉ.
Clinique ophtalmolo¬
gique BADAL.
Clinique desmaladies chirurgicales des en¬
fants P1ÉCHAUD.
Clinique gynécologique
BOURSIER.
au itHoc;ûs :
section demédecine (Puthologie interneet
Médecine légale.)
MM. MESNARD. | MM.
SABRAZÈS.
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AUCHu.
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section de chihurgie et accouchements
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externe] BINAUD.
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j
section des sciences anat0m1ques etphysiologiques
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MM. PACHON
••I CANN1EU. I Histoire naturelle BEILLE.
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section des sciencesphysiques
Physique MM.
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Chimie etToxicologie
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COURS COlIPIiÉllHUTaI R RS :
Cliniqueinterne des
enfants MM. MOUSSOIJS.
Clinique desmaladies cutanées et
syphilitiques. DUBREUILH.
Clinique des maladies
des voies urinaires POUSSON.
Maladiesdularynx, desoreilles et
du
nezMOURE.
Maladies mentales <
RÉGIS.
,Pathologie externe
DENUCE.
Accouchements
RIVIÈRE.
Chimie
DENIGES
Le Secrétairede la Faculté: LEMA1RE.
Pardélibération du 5 août 1879, la Faculté aarrêté que les opinions
émises dans les
Thesesquiluisontprésentéesdoiventêtre
considérées
commepropresà leurs auteurs, et
qu'elle n'entend leurdonnerniapprobation
ni improbation.
A MON PÈRE ET A MA MÈRE
A MES SŒURS ET A MES BEAUX-FRÈRES
A MES FRÈRES
A MA TANTE ANASTASSIA
Hommagede profonde reconnaissance.
A MON AMI LE DOCTEUR MARINE CHICHKOFF
A TOUS MES AMIS
A MES ANCIENS MAITRES
DE LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE MONTPELLIER
A MES MAITRES
DE LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE BORDEAUX
A MONSIEUR LE DOCTEUR W. DUBREUILH
PROFESSEURAGRÉGÉ A LA FACULTÉ DE MÉDECINE
DE BORDEAUX
MÉDECIN DES HOPITAUX
CHARGÉ DU COURS DES MALADIES SYPHILITIQUES ET CUTANÉES
A mon Président de Thèse
MONSIEUR LE DOCTEUR PITRES
DOYEN DE EA FACULTÉ DE MÉDECINE DE BORDEAUX PROFESSEUR DE CLINIQUEMÉDICALE
CHEVALIER DE LA LÉGION D'HONNEUR
OFFICIER DE i/lNSTRUCTION PUBLIQUE
MEMBRE CORRESPONDANT DE L'ACADÉMIE DE MEDECINE
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INTRODUCTION
Nous nous sommes efforcé dans ce travail, de condenser
en une monographie succincte et précise les notions précé¬
demmentacquises surla verrue
plane
juvénile et celles quenous avonspu déduire denosobservations personnelles.Les difficultés rencontrées sur notre chemin ont été de diverse nature; si, d'une part, nous avons dû grouper des docu¬
mentsjusqu'ici demeurés épars dans la littérature scientifi¬
que, notre inhabileté à manier la langue
française
nous a peut-êtreempêché
de faire une œuvre pareille avec toute la clarté désirable.Nous serions heureux pourtant, si le lecteur, tenant compte de nosefforts, voulait bien nous accorder toute son
indulgence.
Ce travail est divisé enseptchapitres:
Dans le premier, nous donnons unaperçu
historique
delaverrue plane juvénile.
Dans le second, nous faisons sa description clinique, sa distribution et son évolution.
Dans un troisième, nous cherchons à établir son étio-
logie.
Lequatrième est consacré à l'anatomie
pathologique.
Lecinquième comprend le diagnostic et le pronostic.
Dans le sixième est exposé le traitement.
Enfin, le dernier chapitre renferme les observations. Puis viennent les conclusions.
Mais avant de faire connaître le résultatdenosrecherches,
nous tenons à remercier celui qui a bien voulu les inspirer
— 10 —
etnous guidersans cesse clans l'élaboration du modeste tra¬
vail que nous publions aujourd'hui. Que M. le professeur agrégéDubreuilh veuille donc accepter ici la large part de reconnaissance qui lui est due. Il a été pour nous un maître aimable et un conseiller précieux, dont nous garderons tou¬
jours le souvenir.
M. le professeur Pitres a bien voulu accepterla présidence
de notre thèse. Nous sommes heureux de lui en témoigner notre profonde gratitude.
Nos études médicales, commencées à la Faculté de méde¬
cine de Montpellier ont été terminées à Bordeaux. Que les maîtres deces deux Universités trouvent ici l'expression de notre vive reconnaissance pour le précieux enseignement et les bons conseils qu'ilsnous ont toujours prodigués.
Nous ne voulons pas oublier ici M. le professeur agrégé
Pachon pour les marquesde sympathie qu'ilnousamontrées pendant notre séjour à Bordeaux. Nous le prions
d'accepter
nos sincères remerciements.
Enfin, nous demandons à tous ceux qui ont bien voulu s'intéresser à nous d'accepter l'hommage de notre entier dévouement.
La Francea éténotre patrie
scientifique. L'hospitalité
largeet bienveillante que nous y avons reçue restera profondé¬
ment gravée au fond de notre cœur; et, si au cours de notre passage sur cette vieille terre des Gaules, nous avons ren¬
contré de sympathiques encouragements, nous sommes dou¬
blement heureux d'affirmer ici notre reconnaissance pourla nation qui nous a si amicalement accueilli.
CHAPITRE PREMIER
HISTORIQUE
Le nom de verrue
plane
se trouve déjà indiqué dans la plupart des auteurs classiques, sans qu'elle soit bien nette¬mentdifférenciée et à titre de simple variété. La première observation bien caractéristique que nous ayons pu trouver est celle deThin, dans les
Medico-Chirurgicctl Transactions
(t. LXIV, 28avril 1881). Il s'agissait d'une femme de vingt-un ans, dont la face était criblée de petites papules planes, légè¬rement saillantes, plus particulièrement continentes sur le menton et la partie inférieure des joues. Ces papules étaient rondes, dures etsèchesau toucher, nonsquameuseset deco¬
loration brunâtre. Leurs dimensions variaient d'un dixième à un seizième de pouce. Leur nombre était si considérable que leur surface couvrait près de la moitié de la peau du visage.L'éruption datait de trois ans, s'était faite progressi¬
vement, sans s'accompagner d'aucun trouble général ou local. Les verrues, localisées d'abordau menton,avaientpeu à peugagné les joues, le nez etle front. Deux ans après le début il s'en était développé quelques-unes surle dos de la main droite ;peu aprèsla main gauchefut prise à son tour, mais à un moindre degré. Cette observation est complétée par l'auteur d'un examen
microscopique.
Lenom de verrueplane juvénile a été donné par Besnier (note à la première édition
française
desLeçons
de Kaposi,1881).
En1888, Darier
apublié
uneobservation très typique
de verrues planes
juvéniles,
avec examenmicroscopique.
D'autres observations ont été
publiées ultérieurement
par Tenneson, BesnieretFeulard qui, tous,admettent qu'il s'agit
là d'une lésion différente dela verrue vulgaire.
En 1894, cette opinion est encore
défendue
parHerxheimer
etMarx qui, dans un
mémoire où ils rapportent près d'une
trentained'observations, établissent
clairement
quela
ver¬rueplane
juvénile et la
verruevulgaire sont deux lésions
cliniquement
très distinctes, tout
enadmettant, avecKùhne-
mann,une grande
analogie anatomique. Enfin, M. Dubreuilh
a,l'année dernière, dansson
Rapport
auCongrès interna¬
tional de Dermatologie de Londres, sur
les hyperkératoses
circonscrites, montré qu'il existe
des différences anato-
miques
moinsfrappantes, mais cependant bien nettes.
CHAPITRE II
DESCRIPTION
CLINIQUE
Nousallons décrired'abord
l'aspect de la
verrueplane,
considéréeindividuellement
dans les différentes régions où
elle est leplus
fréquente
oudans celles où elle présente des
caractèresun peu
spéciaux. Nous examinerons ensuite leur
distribution etleurévolution.
Sur la face dorsalede la
main, la
verrueplane forme une
petiteélevure circulaire de 1 à 5 millimètres de diamètre.
Sa couleurestd'un roseterne ou ne
diffère
pasde la cou¬
leur delapeau
normale voisine. Sa saillie est extrêmement
minime et atteint
rarement
undemi-millimètre. Elle est
assez
apparente à l'œil
nu, enraison de son contour très
nettementlimité et de ses
bords abrupts. Il n'y a pas d'infil¬
tration sous-jacente,
et à la palpation on ne trouve pas le
moindre
épaississement de la peau, qui reste parfaitement
souple. La verrue
présente une surface plane, lisse, un peu
luisanteoufinement grenue,
qui interrompt les plis nor¬
maux dela peau.
L'examen à la loupe montre une surface
très finement
mamelonnée, formée d'une multitude de
petites
saillies arrondies, égales, indistinctes à l'œil nu. La
surface de laverrue plane
desquame parfois en farine ou
mêmeen squames
plus larges, ce qui est un caractère dis-
tinctif
important d'avec la verrue vulgaire sur lequel nous
reviendrons. Le pourtour
de la lésion ne présente aucune
rougeur ; mais 011 y
distingue parfois
unefine collerette épi-
dermique, forméeparla couche cornée normale du voisi¬
nage, qui a été comme
perforée
parla
verrue.Les éléments
éruptifs
ontunegrande tendance à
se grou¬per et à former par
confluence des plaques très irrégulières,
à contours polycycliques,
à surface plane, coupée
pardes
plisprofonds, qui sont les prolongements des principaux
plis de flexion(Voir ftg. 1, à la fin du chapitré).
Les
symptômes subjectifs sont nuls
; onsignale parfois
une très légère démangeaison,
mais le plus habituellement
la lésion est
complètement indolente.
Sur la face palmaire de
la main
etdes doigts, les
verrues planes présententunaspect très particulier. Les plus petites,
celles dont la grandeur ne dépasse
guère
unetête d'épingle,
se présentent comme une
perforation de la couche cornée,
ressemblantun peu à ces
vermoulures qu'on observe
surles
mains des blanchisseuses. Le bord de ces petites perfora¬
tions est taillé à pic ; ilest formé par
la couche cornée
nor¬male. Le fond, situé à une fraction de
millimètre
en contre¬bas du niveau général, est occupé par une
surface cornée,
plane, finementgrenue,•dans laquelle
on nedistingue
pas les crêtes papillairesnormales. Cet aspect est dû à la friabi¬
lité de la couche cornée pathologique, dont
l'usure plus
ra¬pide détermine la
production de
cespetites dépressions.
Dans les verrues plus
giandes, de
4à 6 millimètres de
diamètre, on retrouve cette même perforationde la
cou¬che cornée normale; mais le fond de la
dépression
est oc¬cupépar une surface
irrégulière, écailleuse, atteignant à
peuprès
le niveaudes parties voisines. Ici,
comme audos de la
main, et à la différence de la verruevulgaire, la palpation
ne fait sentiraucune infiltration ou induration au-dessous de la lésion.Ala face, les verrues planes sont arrondies et mesurent
en général de 1
à
5millimètres de diamètre. Par leur
confluence, elles forment souventdes plaques plus grandes,mais irrégulières. Elles tranchent nettement sur
les parties
saines de la peau par
leur couleur fauve
oubrunâtre, par¬
fois franchementjaune, au point de
rappeler le xanthome,
d'autres fois d'unrouge terne devenant
brunâtre parla
pres¬sion. Leursaillie est extrêmement minime;
parfois même,
commedans l'ObservationI,elle est
inappréciable et la lésion
ne setraduit guère quepar une
tache brunâtre. La surface
des verrues planes de la
face est lisse, luisante
oufinement
grenue. On n'y
observe
presquejamais de desquamation ;
mais parfois, comme
dans l'Observation XII, les verrues qui
sontsituéesau voisinage des
commissures buccales ont
un aspectvelouté duà la saillie des prolongements papillaires
très fins, très nombreux et
très serrés.
Au cuir chevelu, les verrues
planes sont remarquables
parune abondante desquamation en
très fines lamelles blan¬
ches et pityriasiques,
formant des îlots très petits et très cir¬
conscrits, légèrement
saillants, et
souslesquels on trouve
une surface grenue.
Distribution.—Lessièges de
prédilection delà verrueplane
sont d'une part le
visage, d'autre part la face dorsale des
mains et des doigts.
Partout, sauf à la
paumedes mains,
on trouve la même tendance à former
des
groupeset à
con¬fluer en petites
plaques, à contours polycyclique>, entourées
d'élémentsisolés, confluents ou
tangents entre
eux ouavec
la plaque
principale.
De la face dorsaledes mains
l'éruption peut s'étendre à la
face palmaire ou
elle est rarement très abondante. Sur les
faceslatérales et dorsales desdoigts,
elles
sont souvent
asseznombreuses et segroupent
particulièrement
auniveau des
articulations
phalangieimes et mëtacarpo-phalangiennes.
Les verrues planes
des doigts paraissent en général plus
saillantes et plus squameuses que
celles de la main. Elles
sont assez souvent coupées par
des rhagades douloureuses.
On peut les voir
siéger
auniveau de la sertissure des ongles,
(Obs. XIII) où elles ne
déterminent aucune déformation no¬
table, ou même surle lit de
l'ongle (Obs. I), où elles se tra-
— 16 —
duisent par un décollement limité de la lame unguéale en¬
tourée d'une zonebrunâtre produitepar un épaississement
de la couche cornée sous-unguéale. Des mains, l'éruption
s'étend souventsur les poignets et la partie inférieure de
l'avant-bras.
A la face, lesjoues etle front paraissent être plus particu¬
lièrementatteints, mais aucune partie n'est indemne et tou¬
tes peuvent être envahies simultanément. Leur abon¬
dance à la face est quelquefois telle, que la surface
totale occupée parles verrues est supérieure à l'ensemble
des parties saines ; il en résulte une teinte générale d'un
brun rougeâtre, qui est assez particulière. On peut égale¬
ment observer des lésions dans les régions rétro-auricu¬
laires, au cou, à la nuque et au cuir chevelu. Dans cette der¬
nière partie, on neles trouve guère qu'au voisinage de la lisière frontale.Pourtant, tout récemment, nous avons eu l'occasion de constater sur un denos malades (Obs.
I),
quel'éruption aenvahi toutle cuir chevelu.
D'autres localisations plus rares, telles que les
jambes' (Obs.
XII etXIX), les pieds(Obs. XIX), le
scrotumet laverge(Obs. XX),
paraissent indiquer que toutes les régions ducorps peuvent être atteintes. Nous n'avons pas observé de
verrues planes aux pieds, mais
c'est
peut-être faute de lesavoir suffisamment cherchées.
Le tableau suivant, portant sur68 observations, indique la fréquence
relative de
cesdiverses localisations.
De ce nom¬bre 26 observations sont empruntéesà Herxheimer et Marx, 4 à Gémy, 1
à
Darier, 1à Thin,
1à
Tenneson,1 à Feulard,
une grande partie aux registres de
la Clinique dermatolo¬
gique de la Faculté et
quelques-unes recueillies
par nous- même à la Cliniquede la Faculté ouà
la consultation de M.le DrFrèche.
Sur la face dorsale des mains 47 cas.
Sur la face dorsale des doigts 18
Sur la face palmaire des mains et des doigts 4
- 17 — Sur la face dorsale du poignet..
Surla face palmaire du poignet
Sur Pavant-bras Sur la face
Surle cuir chevelu
Surla région rétro-auriculaire..
Sur le cou Sur la nuque Sur le lit desongles Sur la jambe
Surla face dorsale des pieds ...
Sur le scrotum Sur la verge
4 9 44 5 3 1 1 1 2 1 1 1 3 cas.
Evolution.— La durée de laverrueplaneest
toujours
assez longue, mais souvent difficileà
fixer, parce quele début
n'est pas remarqué. On peut
voir quelquefois, et surtout
aux mains, un petit groupe de lésionspersister
presqueindéfini¬
ment, sansoccasionner du reste aucune
gêne.
D'autresfois,
l'éruption s'accroît pendantplusieurs années et
segénéralise
d'une façon progressive.
Ainsi, dans l'Observation XII, les
premières verrues ont apparues auxmains il
y a unedizaine
d'années et se sont constamment multipliées depuis cette époque, envahissant
graduellement les deux mains et la
face. Il en est de même dans l'Observation II. Dans un troi¬
sième groupe de faits,
l'éruption
segénéralise
sousforme
d'unepoussée aiguë ou
subaiguë, qui dure quelques semai¬
nes ou quelques
mois
etaprès laquelle la maladie reste
pendant longtemps
stationnaire (Obs. I). Dans quelques
cas,cettegénéralisation
paraît avoir
pourpoint de départ
une verrue-mère ou un groupe de verruesqui persistaient
sans changementdepuisplus
oumoins longtemps. Ainsi, dans
l'Observation V, le malade portait
depuis dix
ans une verrue plane sur la face dorsale dela main droite
;depuis
unmois,
le côté droit du fronts'est couvert de lésions analogues, et depuis quinzejours
l'éruption
commenceà envahir la bosse
d. 9
- 18 —
frontale gauche.
Il
enest de même dans l'Observation XIII.
Ces faits d'éruption
générale, succédant à
uneverrue-mère
restéelongtemps
stationnaire, sont tout à fait analogues à ce
quis'observe dans la
verruevulgaire. Il semble même que
le grattagejoue un
rôle important dans la propagation de
l'éruption,
ainsi qu'en témoignent deux observations de
Gémy. Dans
l'une (Obs. XX), il s'agissait d'un homme d'une
trentaine d'années, atteint
depuis cinq
ans aumoins de quelques
verruesplanes à la
vergeet
auscrotum. Depuis une quinzaine de jours, l'éruption s'était généralisée au scrotum,
à la verge et au pubis,
vraisemblablement
sousl'influence
du grattage furieux
provoqué
par uneabondante colonisa¬
tion de Phthirii
pubis.
La durée des verruesplanes est
difficile à fixer, mais les
cas ne sont pas rares
dans lesquels elles durent depuis dix
ans et plus (Obs. I, V et
XII). Leur disparition spontanée est
assez
fréquente, alors même qu'il continue de
sedévelopper
d'autres lésions
(Obs. XII).
CHAPITRE III
ÉTIOLOGIE
La verrue plane atteint particulièrement les enfants et les jeunes gens.
Le dépouillement de 67 observations donne les résultats suivants :
Au-dessous de 5 ans 3cas
De 5 à 10ans 19 —
De 11 à 15 ans 9 —
De 16 à 20 ans 20 —
De 21 à 25 ans 11 —
Au-dessus de 25ans 5 —
Si, au lieu de considérer Tâge auquel onobserve les mala¬
des nous considérons l'âge de début, nous trouvons des chiffres sensiblement analogues, et sur48cas :
Au-dessous de 5ans 4cas
De 5 à 10ans 17 —
De 11 à 15 ans 8 —
De 16 à 20 ans 10 —-
De 21 à 25 ans 8 —
A 37 ans 1 —
Leplus jeune malade observé avait unan et cinq mois, le
— 20 -
plus
âgé avait trente-sept ans, et les lésions étaient chez lui
assez récentes. Le sexeest sans
influence, et
ontrouve un
nombreégal degarçons
et de filles.
La contagion
n'est
pasclairement démontrée et ce n'est
qu'exceptionnellement qu'on peut trouver plusieurs cas dans
la même famille. Nous avons vu,
dans
un cas,deux frères
(Obs. V),
dans l'autre, le père et le fils (Obs. XVII), qui sont
atteints de la même
manière (4).
Enrevanche, l'auto-inocu-
lation
paraît être fréquente,
car on nepeut guère expliquer 'autrement
les faits degénéralisation, qui sont si
communs.Cette auto-inoculation est
probablement due
augrattage, et
l'on voitsouvent unesérie de verrues
planes disposées
en chapeletssurle trajet d'une écorchure de grattage (Obs. XIII).
Gémy a
particulièrement insisté
sur cemode de propagation
(Obs. XIX,
XX 2).
La nature
parasitaire des
verruesplanes, bien
querendue
vraisemblable par
auto-inoculabilité n'est cependant nulle¬
ment prouvée.
Thin, trouvant
quel'altération de l'épiderme
prédominait
surcelle du derme, et ne voyant aucun rapport
entre les lésions constatées et les
airs de distribution des
vaisseaux et des nerfs, a conclu
à la nature
verruqueusedes
excroissances et admit la
possibilité d'une
causeparasitaire.
Kuhnemann a bien décrit un bacille
dans les
verrues,mais
cette recherche asurtout porté sur
la
verruevulgaire, qu'il
ne distinguepas
de la
verrueplane. Du reste,
pasplus pour
la verrue planeque pour
la
verruevulgaire, les recherches
(1) Dans ce dernier cas, le
malade
nous racontequ'il soignait, il
y a uncertain temps,une malade, âgée
d'une trentaine d'années, qui avait
une éruptionabondantedeverruesplanes
àla face dorsale des deux mains. Peu
après il aperçutquelquesverrues
semblables
surle dos de
samain droite et
il croit qu'il acontracté cette éruptionpar
contagion.
(2) En rapportant deuxobservations
personnelles et
encitant deux autres
casqu'il avaitl'occasion devoir
dans le service du Dr Vidal, à l'hôpital
Saint-Louis,Gémy dit : « Si donc on peut, avec
Hébra
etKaposi, nier la
contagiositédes verrues(ce qui est
contestable), il est impossible de
ne pasadmettreleurauto-inoculabilité»(Annales de Dermatologie,
1889, 94).
— 21 —
ultérieures n'ont confirmé
l'existence de
ceparasite (Darier, Dubreuilh).
L'étiologie de la verrue
plane junévile paraît,
ensomme,
presque
calquée
surcelle de la
verruevulgaire, et cependant
les deux lésions paraissent
être très distinctes. La coïnci¬
dence de la verrue plane et de
la
verruevulgaire
abien été
observée dans nombre ce cas. Herxheimer et
Marx
en rapportenttrois
cas,et nous-inême
enavons observé cinq
dans lesquels une
éruption plus
oumoins abondante et
généralisée
de
verruesplanes coïncidait
avecquelques ver¬
rues vulgaires
généralement
peunombreuses et siégeant
presque
toujours à la face palmaire des mains. Dans l'un des
troiscas rapportés par
Ileixheimer et Marx,
ontrouve parmi
les verrues vulgaires quelques-unes
qui siègent
surles
verrues planes
elles-mêmes
;dans
unautre, il
yavait
enmême temps des
végétations papillaires de la
muqueusebuccale analoguesà des
condylomes acuminés, des
verrues planes et des verruesvulgaires
surles mains. Ce fait est à
rapprocher des cas
rapportés
parRascli et
parVariot de
verrues vulgaires
coïncidant
avecdes végétations papillaires
de la muqueuse
buccale. Il
neparaît cependant
pasqu'une
forme puisse donner
naissance à l'autre. Dans le
casoù les
deux
espèces
de verruescoïncident chez le même malade,
chacune évolue pour son propre
compte et peut
semultiplier
ou guérir sans que
l'autre soit influencée. Dans plusieurs
observations de Herxheimer et Marx,l'on voit des éruptions
abondantes de verruesplanes
guérir
enquelques semaines,
sans que les verrues
vulgaires qui existaient
enmême
temps aient subi aucune
modification.
Quant une éruption
généralisée de
verruesplanes
a pour point de départuneverrue-mère plus
oumoins ancienne,
celle-ci offre le même type que
celles qui lui succèdent et l'on
ne voit pas une poussée
de
verruesplanes avoir
pourpoint
de départ une verrue
vulgaire
ouinversement. Il
sepeut
néanmoins qu'il y
ait autre chose qu'une simple coïncidence
— 22 —
purement
fortuite dans la coexistence de la
verrueplane et
de la verruevulgaire. Il est possible qu'il y ait entre ces deux lésions uneparenté analogue
à celle
qui aété
admisepar Diday, Vidal et
Gémy,
entrela
verruevulgaire d'une
part, etlesvégétations génitales de l'autre.
— 24 —
tementdifférenciée et Péléidine se trouvediffusée dans pres¬
que toute
l'épaisseur de la couche cornée, qui
secolore tout
entièreen rose parle picro-carmin de
Ranvier. Cette diffusion
de l'éléidine n'est pas
spéciale à
la verrueplane; elle
se ren¬contre dans un bon nombre de circonstances et coïn¬
cide habituellement avecl'épaississement
de la couche
gra¬nuleuse, sans augmentation réelle de la
kératohyaline.
Lacouche cornée esttrès épaisse, mais
friable
et creuséede
nombreuses fentes et lacunes horizontalementdisposées. Les cellulesqui la constituent sont
dépourvues de
noyaux,mais
moins intimementsoudéesquenormalement,ce
qui explique
la plus grande
friabilité de la couche cornée patholo¬
gique.
Les lésions sont habituellement très nettementdélimitées, età l'examenmicroscopique, on distingue une
limite absolu¬
ment tranchée entre l'épiderme normal et les
parties patho¬
logiques, ce qui est surtout
appréciable
auniveau de la
cou¬che cornée.
Gomme la plupart des lésions verruqueuses
de la
peau,la
verrue plane était autrefois
considérée
comme unpapillome.
Auspitzet Unna, les
premiers,
sesontélevés contre cette
con¬ception qui faisait
jouer
unrôle actif
etprimordial
aux pa¬pilles dermiques. Tousles travaux
récents
ontmontré
que presque toutesceslésions,
etles
verruesnotamment, sont de
véritablesacanthomes,pouremployer la
terminologie d'Aus-
pitz, c'est-à-dire des néoplasics formées parla
coucheépi¬
neuse ou corps muqueux de l'épiderme. Les
altérations der¬
miques qui se
réduisent
à l'allongementdes papilles
sont purement passives et sontdues à Tétirement des papilles
vasculaires par le bourgeonnementvers
la profondeur des
prolongementsinterpapillaires de l'épiderme.
Nous reproduisons
ici
uneplanche
avecdeux figures
microscopiques :l'une, faible grossissement, préparée à
l'alcool et ou picro-carmin; l'autre,
fort grossissement, pré¬
parée au
sublimé
et à l'éosinehématoxylique.
Fig. 3. — Coupe de la verrue plane
juvénile, préparée
ausublimé et à
l'éosinehématoxylique. —Main (fort
grossissement).
Fig. 2. — Coupe de laverrueplane
juvénile, préparée à l'alcool et
aupicro-
carmin. —Main(faible grossissement).
CHAPITRE V
DIAGNOSTIC ET
PRONOSTIC
Dans la plupart
des traités classiques, on trouve décrites
sous le nom de verrue, des lésions
fort hétéroclites. Dans un
des traités les plus
récents, celui de Morrow, on voit énumé-
réesau chapitre « verrue »
treize variétés, parmi lesquelles
figurent sous lesnoms
de
verrucacongenita et mamïllaia de
véritables nœvi, et sous le nom
de
verrucanecrogenica la
tuberculoseverruqueuse ou
tubercule anatomique. Il est
impossible de
réunir dans
unmême chapitre des choses
aussi disparates, non
seulement
aupoint de vue de l'aspect,
mais encore au point de vue
de la structure et de la nature.
Le groupe des verrues ne
doit comprendre que la verrue
vulgaire avec
les différentes variétés de forme déterminées
par la
localisation et la verrue plane-,juvénile. L'on peut en
rapprocher les
végétations des muqueuses ou condylomes
acuminés. Les verrues séniles.
ainsi dénommées à tort et
faute d'un meilleur nom, sont en
réalité
unelésion tout à
fait différente au point
de
vueétiologique et anatomique.
Le
diagnostic différentiel mérite d'être fait avec la verrue
vulgaire, laverrue
sénileet le lichen plan.
Verrue
vulgaire.
—La seule légion où la confusion soit
possible est
le dos de la main. Les verrues vulgaires sont
généralement
moins nombreuses et n'arrivent jamais, comme
le fontparfois
les
verruesplanes, à couvrir le dos de la main
— 26 —
en presque totalité. Elles ont aussi moins de tendance
à
con¬fluer engroupes. La verrue vulgaire forme une saillie plus marquée, qui atteint ou dépasse deux millimètres; elle s'en¬
fonce en même temps dans la profondeur, commeil estfacile
de le constater ensaisissantun pli de la peau. La saillie est hémisphérique et non plane; sa surface est mamelonnée;
les mamelons atteignent souvent 1 millimètre de diamètre
et sont toujours visibles à l'œil nu. Plus tard, le sommetse crevasse perpendiculairement à la surface et prend ainsi l'aspect d'une brosse ou d'un pinceau. La desquamation de
la couche cornée se fait par blocs irréguliers, mais jamais
en lamelles horizontales, cequi est habituel dans la verrue
plane lorsqu'elleest très
développée.
A la paume des mains, tandis que laverrue plane ne fait aucune saillie et ne pré¬sente aucuneinfiltration, la verrue vulgaire forme une éle-
vure très étalée, et la palpation fait constater l'existence d'une véritable tumeurprofonde, dure et mal limitée. A la face, la distinction est encore plus facile, attendue que la
verrue vulgaire, toujours très petite, y revêtconstamment la
forme digitée; elle est plus haute que large et divisée au sommet en prolongements filiformes. Il existe égalementdes différences anatomiques, tenantà l'énormepuissance
de
pro¬lifération de la couche épineuse dans la verrue vulgaire.
Verruesénile. — La verrue sénile s'observe sur le tronc ou sur les membres des individusd'âge mûrou les vieillards.
Elle est rareà la face où l'on observe plutôt le kératome sé¬
nile. Lorsqu'elle siègeà la face dorsale des mains et qu'elle
est peu développée, elle peut ressembler beaucoup plus à la
verrue plane. Elle forme de petites saillies à surface plane
ou très finement grenues, à contours arrondis, de couleur grisâtre ou brunâtre; mais, en général, un examen attentif fera découvrir quelques bouchons ou globes
épidermiques
noirâtres enfoncés dans le derme. Les verrues séniles sont toujours peu nombreuses; elles se
développent
lentementet insidieusement chez des individus d'âge mûr ou des vieil¬lards et ne disparaissentpas une
fois
formées. Surle
tronc,- 27 —
les verrues séniles, beaucoup
plus nombreuses
etplus déve¬
loppées, sontgénéralement connues sous le nom de verrues
séborrhéiques. Ce sontdes saillies arrondies,
molles, noirâ¬
tres, couvertes d'une couche épaisse de squames grasses
qui
s'enfoncent dans la peau en formant des bouchons épidermi-
ques.
Quand
onenlève
cet enduit, on trouve unesurface iné¬
gale, avecdes dépressions et des saillies papillaires irrégu¬
lières.
Lichen
plan.
— Lelichen
plan est uneaffection qui
sem¬ble au premier abord impossible à confondre avec
la
verrue plane, et cela est vrai dans la majorité des cas. Cependant, lorsque les lésions sont trèspeu nombreuses etlimitées à la
face etaux mains, le lichenplan peut
offrir
uneréelle
ana¬logieavec la verrueplane. Dans
l'un
etl'autre
cas onvoit
des papules
arrondies, planes, à surface lisse, quelque
peu pigmentée; mais dansla
verrueplane, les lésions sont géné¬
ralement plus larges, moins dures au
toucher, leur surface
est plus ou moins grenue
à
laloupe; lorsqu'elles devien¬
nent confluentes, elles ne forment pas
de cercles
avecdé¬
pression centrale
pigmentée
ni de plaquesquadrillées. Dans
le lichen plan, ily a
plus
oumoins de prurit, tandis
quedans
la verrue plane il n'y a aucune
espèce de démangeaison; les
papules du lichen plan sontplus dures, polygonales, leur
sommet est plus lisse et
présente habituellement de petites
traînées grisâtres, décrites par
Wickham, et qui ont
une réelle valeur diagnostique.Lorsqu'elles deviennent
con¬fluentes, elles forment des plaques
irrégulières à surface
rougeâtre, squameuse,découpée
encarrés
ou enlosanges
parl'exagération des plis normaux.
D'autres fois, la partie
centralesedéprime et
prend
uneteinte noirâtre tout à fait
caractéristique. Dansla
verrueplane, c'est l'élément
enacti¬
vité qui présente une
légère pigmentation, et cela seulement
à la face. Dans le lichen plan, au
contraire, la pigmentation
apparaît dans leséléments
enrégression. Il est du reste très
rare quele lichen plan se
localise uniquement
audos des
mainset à laface, il est même
exceptionnel dans
cetteder-
nièrerégion; presque toujours, on les rencontre en même temps sur les membres ou sur le tronc avec des caractères faciles à reconnaître.
Pronostic. — La lésion est sans aucunegravité par elle-
même. mais sa duréepeut être indéfinie,
puisque
nous avonsvu quelques cas qui duraient depuis dix ans etplus. Cepen¬
dant parfois elle guéritspontanément ou sous l'influence du
traitement. Cette maladie n'a aucune conséquence fâcheuse pour la santé générale: elle n'est
gênante,que
chez les fem¬mes, lorsque l'éruption est abondante et qu'elle siège à la face, rendant ainsi le visage disgracieux.
CHAPITRE VI
TRAITEMENT
Il est
impossible
derien dire de très précis et de très positif
sur le traitement desverruesplanes. Des
médications
assez variées ontcoïncidéavecla guérison rapide deslésions; d'au¬
tres fois ces mêmes médicaments sont restés complètement impuissants, et nous savons
d'ailleurs
quela maladie peut
guérirspontanément.Il est à
peuprès prouvé
queles
verrues vulgaires peuventguérirparsuggestion(Gibert, Delbeuf, Bon¬
jour, etc.). Il paraît
probable
quel'on peut agir de même
sur les verrues planes, cequi diminue singulièrement la valeur
des résultats thérapeutiques
publiés
parles auteurs
ouobte¬
nus par
nous-même.
Quoi qu'il en soit,
l'arsenic à l'intérieur
adonné de
nom¬breux succès à Herxheimer et Marx, qui rapportent23 gué- risons sur 29 cas. Les résultats étaient les mêmes quel que fût le mode d'administration de l'arsenic; la guérisonsurve¬
nait au bout de trois semaines en moyenne. Nous-même
avons vu un certain nombre de cas guérir ou s'améliorer pendant cette
médication. Ce qu'il
y ade particulièrement
frappant, c'estquedans deux
casoù les
verruesplanes coïn¬
cident avec des verrues vulgaires, Herxheimer et'Marx ont
vute traitementarsenical guérir les premièreset rester sans influence sur les secondes.
La magnésie a été
donnée
àl'intérieur
parFeulard, mais
en même temps
qu'un
traitement local,qui
n'était peut-êtrepas sans influence sur la guérison.
Les traitements locaux les plus variés ont été
employés
avec des résultats divers. Feulard a fait faire des lavages au savon
salicylique suivis
de lotions d'une solution de salol et de sublimé dans l'alcool. La malade a guéri. Nous avonségalement vu guérir des malades enquelques jours par des lavages au savon noir suivis de lotions au
sublimé;
par desapplications
d'une solution de:par des applicationsde collodion au sublimé
(J),
ou enfin parl'application
de la pommade suivante :Il faut ajouter que, dans d'autres cas, ces traitements sont restés infructueux et que certains malades ont guéri sans traitement ou avec des traitements purement suggestifs, comme, par exemple, des pilules contenant quelques centi¬
grammes de magnésie et de bleu de
méthylène
(Obs. VIII).(p Gémy n'a obtenu aucunrésultat en traitantun malade(Obs. XIX) pen¬
dant deux moisparl'application de savonnoir, que l'on renouvelait toutes lesvingt-quatre heures. 11 ne réussitpas davantage en appliquant pendant deux autres moisle collodionau sublimé, mais il a réussi parfaitementpar
l'emploi de l'emplâtre salicylé (recommandé par Vidal), renouvelé tous les huitjours.
Acide phénique
Acide acétique.
Alcool
àà 5 grammes.
.. 10
Lanoline et cire blanche Huile de foie de morue
Acide
salicylique
et résorcine.Précipité blanc
àà 8 grammes.
4 —
I gr. 50cent.
1 gramme.
CHAPITRE VII
OBSERVATIONS
Dans ce chapitre nous
publions les observations
que nousavons pu recueillir.
ObservationI
(Clinique dermatologique dela Faculté.)
Verrues planes de la face du dos et de la paume des
mains.
D..., âgé de trente-deux ans,
menuisier, vient à la consultation de
M. Dubreuilh le 1er mai 1895.
L'éruption actuelle date de neuf ans ;
elle
adébuté
parles mains et
a rapidement envahi la face, sans avoir
été précédée d'une
verrue- mère.Depuis longtemps l'éruption est
stationnaire
et neparaît guère
aug¬menter, mais, en revanche, aucune lésion n'a disparu, ni
même dimi¬
nué. Depuis le début le type de
l'éruption n'a
paschangé et les lésions
onttoujours été semblables à ce
qu'elles
sontmaintenant. Le malade
ne connaîtpas de contagionreçue oudonnée. Sa famille et
sesenfants sont
indemnes.
La face dorsale des deux mains, surtout de la gauche, estcriblée de
verruesplanes, parfois confiuentes et
présentant chacune 5 à 8 millimè¬
tres de largeur. Elles sont arrondies ou
irrégulièrement polygonales.
Leurcouleur ne se distinguent pas de celle
de la
peaunormale. Elles
— 32 —
font une saillie qui ne
dépasse
pas1/5 de millimètre, mais qui est
facileà apercevoir parce
qu'elle est très abrupte. Le peu de saillie de ces
papules,l'absence d'infiltration et d'induration fait qu'on les sent à peine
au doigt. Leur
surface est plane et unie, elle interrompt les plis de la
peauet
n'est coupée
que parles plis les plus importants ; elle est terne à
l'œil nu, mais à la loupeon
la voit formée d'une très fine mosaïque de
petits
mamelons réguliers. On
ydistingue parfois un peu de desquama¬
tionfarineuse (F/g.
1).
Surla face dorsale des doigts les verrues
sont plus grandes et atte-
gnent 1
centimètre de diamètre. Elles siègent de préférence au voisinage
des articulations phalangiennes.
Leur forme est irrégulière, leur surface
est rugueuse,
écailleuse et desquamée
enlamelles nacrées, d'épaisseur
variable. Elles sont entourées d'unefine
collerette fournie
parl'épiderme
voisin,brusquement
découpé autour de la lésion. Leur couleur ne diffère
pasde
celle de la
peauvoisine. Il n'y
apas d'épaississement de la peau
sous-jacente,mais les
verruessont
un peuplus saillantes et plus dures
qu'au dos de
la main, de sorte qu'elles donnent à la palpation l'impres¬
sion d'un morceau d'emplâtrecollé sur
la
peau.Les plis de flexion de
la peausontpour
la plupart interrompus
parla verrue, mais ceux qui
latraversent sont exagérésparfois au
point de former de véritables
cre¬vassesprofondes.
Quelques
verruesatteignent la sertissure de l'ongle
sans ledéformer (Fig.
I).
A la face palmaire
des mains et des doigts
ontrouve de chaque côté
une douzaine de verrues ; bien que survenues un peu
plus tardivement
queles autres,
elles persistent depuis plusieurs années sans changement.
Lesplus petites
(aux doigts) sont représentées
parune petite perforation
de lacouche cornée de 1 millimètrede diamètre
environ, abrupte, irré¬
gulière, à bords
déchiquetés,
nondécollés et ayant 1/3 à 1/4 de millimè¬
tre de profondeur, c'est à
dire
un peumoins
quel'épaisseur de la cou¬
checornée normale. Au fond de cette perforation se trouve une
surface
lisse, rose,sans crêtes
papillaires, lesquelles sont brusquement interrom¬
puesaubord. La verrue
qui, généralement s'accompagne d'une exagéra¬
tion delacouchecornée a produit
ici
unrésultat opposé. Celà tient à
cequela couche
cornée hypertropique de la
verrueest beaucoup plus friable
quela-couche
cornée normale et offre beaucoup moins de résistance aux
frottements quecomporte