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Diagnostics clinique, urétéroscopique et photodynamique des tumeurs de la voie excrétrice urinaire supérieures :
état-de-l’art pour le rapport scientifique annuel de l’Association franc ¸aise d’urologie
Clinical, ureteroscopic and photodynamic diagnosis of urothelial carcinomas of the upper tract: State-of-the art for the yearly scientific report of the French national association of urology
L. Nison
a,1, G. Bozzini
a,1, M. Rouprêt
b,∗, O. Traxer
c, P. Colin
d,eaServiced’urologie,hôpitalClaude-Huriez,universitédeLille,CHRULille,59000Lille, France
bServiced’urologie,hôpitalPitié-Salpêtrière,facultédemédecinePierre-et-Marie-Curie, universitéParis6,83,boulevardHôpital,AP—HP,75013Paris,France
cServiced’urologie,hôpitalTenon,AP—HP,universitéPierre-et-Marie-Curie,universitéParis 6,75020Paris,France
dServiced’urologie,hôpitalPrivé-de-La-Louvière,Générale-de-Santé,59037Lille,France
eServiced’urologie,hôpitaldeSeclin,59113Seclin,France
Rec¸ule25juin2014;acceptéle22juillet2014 DisponiblesurInternetle8septembre2014
MOTSCLÉS (MeSH); Carcinome urothélial; Voieexcrétrice urinaire;
Résumé
Objectif.—Proposer un état-de-l’artdes connaissances concernantles modalitéscliniques, urétéroscopiqueset photodynamiques pourlediagnostic des tumeurs dela voieexcrétrice supérieure(TVES).
Matérieletméthode.—Unerecherchebibliographiqueaétéconduiteàpartir delabasede donnéesbibliographiquesMedline(NLMoutilPubmed)àpartirdesmotscléssuivants:carcinome
∗Auteurcorrespondant.
Adressee-mail:morgan.roupret@psl.aphp.fr(M.Rouprêt).
1 Lesdeuxpremiersauteursontcontribuéàpartégaleàlarédactiondecetarticle.
http://dx.doi.org/10.1016/j.purol.2014.07.012
1166-7087/©2014ElsevierMassonSAS.Tousdroitsréservés.
Uretère; Bassinet; Diagnostic; Fluorescence; Urétéroscopie; Technique photodynamique; Biopsie;
Cytologie
urothélial;voieexcrétriceurinaire;uretère;bassinet;diagnostic;fluorescence;ureterosco- pie;techniquephotodynamique;biopsie;cytologie.
Résultats.—L’hématurie macroscopique et les douleurs lombaires sont les deux princi- paux symptômes révélateurs d’une TVES en pratique clinique quotidienne. La cytologie urinaire et la cystoscopie sont nécessaires pour éliminer une tumeur de la vessie conco- mittante synchrone. L’urétéroscopie souple a révolutionné le diagnostic des TVES en permettant une exploration exhaustive des voies excrétrices, une visualisation endosco- pique de la lésion et des biopsies pour déterminer le grade. L’urétéroscopie souple doit être faite dans le bilan diagnostique chaque fois qu’un traitement conservateur est envisagé par la suite. Les nouvelles technologies d’investigation comme la fluores- cence, le narrow band imaging et la tomographie optique de cohérence (OCT)±couplée à l’endo-échographie sont des voies d’exploration particulièrement prometteuse pour l’avenir.
Conclusion.—Lebilandiagnostiqued’uneTVESnedoitpasfaireoublierqu’ils’agitd’uncar- cinomeurothélialetquel’arbreurinairedoitêtreexplorédanssonensemblepouréliminer uneautretumeur.L’urétéroscopiesouplearévolutionnélapriseenchargediagnostiquedeces lésionsetfaitdésormaispartiedubilaninitial.
©2014ElsevierMassonSAS.Tousdroitsréservés.
KEYWORDS (MeSH);
Urothelial carcinomas;
Upperurinarytract;
Ureter;
Renalpelvis;
Diagnosis;
Fluorescence;
Ureteroscopy;
Photodynamic technique;
Biopsy;
Cytology
Summary
Purpose.—To propose a state-of-the art of current knowledge about clinical, ure- teroscopic and photodynamic for the diagnosis of the upper urinary tract cancer (UTUC).
Materialandmethod.—Asystematicreviewoftheliteraturesearchwasperformedfromthe databaseMedline(NLM,Pubmed),focusedonthefollowingkeywords:urothelialcarcinomas;
upperurinarytract;ureter;renalpelvis;diagnosis;fluorescence;ureteroscopy;photodynamic technique;biopsy;cytology.
Results.—Gross hematuria and flankpain arethe two main clinical symptoms revealing a UTUC in daily clinical practice. Urinary cystoscopy and cystoscopy are mandatory to rule outaconcomittantsynchronousbladdertumour.Flexibleureteroscopyhasrevolutionizedthe management ofUTUC by allowing a full exploration of upper urinary tract, an endoscopi vizualizationofthe tumour andassessmentof gradewith biopsies. A flexible ureteroscopy is mandatory in diagnostic evaluation of UTUC as soon as a conservative management is beingconsidered.Newinvestigationtechnologiessuchasfluorescence,narrowbandimaging andoptical coherencetomography(±combinedwithultrasound),arepromisingfor anear future.
Conclusion.—Ithastobeunderstoodthatthediagnosticwork-upofaUTUChastobeexhaustive andparticularlythesearchofanotherurothelialcarcinomawithintheurinarytract.Flexible ureterosocopyhasrevolutionizedthediagnosisandmanagementofUTUCandbelongsfullyto itsinitialevaluation.
©2014ElsevierMassonSAS.Allrightsreserved.
Introduction
Les tumeurs de la voie excrétrices supérieure (TVES) représentent 5% des cancers urothéliaux avec une inci- dencestableenEurope(1,2caspour100000habitants/an) [1,2].
Découvertesessentiellement au décoursdesymptômes cliniques, les TVES sont majoritairement de localisation pyélo-calicielle(deux-tiersdescas)etdiagnostiquéesàun stademusculo-invasif(60%descas)[3,4].
Lebutdecetarticle étaitdeproposerunétat-de-l’art des éléments cliniques, urétéroscopiques et photodyna- miquesàladispositiondesurologuespourlediagnosticdes TVES. Les différentes modalités diagnostiques d’imagerie
seronttraitésdans unautre article au seindurapport de congrèsdel’AFU.
Matériel et méthodes
Une recherche bibliographique exhaustive à partir de la base de données PubMed(http://www.ncbi.nlm.nih.gov/) a été effectuée entre janvier 1990 à avril 2014 en utili- santlesmotscléssuivants(MeSH):urothelialcarcinomas; upperurinarytract;ureter;renalpelvis;diagnosis;fluo- rescence;ureteroscopy;photodynamic technique;biopsy etcytology.Lesarticlesontétésélectionnésenfonctionde lalangue(franc¸aisetanglais)etdeleurpertinence.Seules
desétudesprospectivesetrétrospectivesoudesarticlesde revue ontété sélectionnéspermettant ainsid’exclure les cascliniques.
Résultats
Présentation clinique
Hématurie
Unehématuriemacroscopiqueestlesymptômeleplusfré- quemment présent lors du diagnostic de TVES (68 à 82% descas)[5—7].Enrevanche,lebilanétiologiquenemeten évidenceuneTVESquedans 0,3—5,3%descasau décours d’unehématurieisolée[8,9].L’hématuriepeutêtremicro- oumacroscopique,souventtotale,parfoisterminaleencas detumeurdubasuretèreprolabéeauméat.Sonabondance est variable, de même que sa fréquence (intermittente, récurrente,permanente).Généralementindolore,ellepeut parfoisêtreresponsablededouleursdetypecoliquenéphré- tiqueencasdecaillotagedanslaVES.
Douleur
Ladouleurdesflancsetdesfosseslombairesreprésentele second symptôme entermes de fréquence(20 à 30% des cas)[5,6].Encasdecaillotageintraluminal,ladouleurest aiguëoupeutsemanifesterparunesensationdepesanteur lorsd’unedilatationprogressivedescavitésexcrétricesen amontd’uneobstructiontumorale[10].
L’extensionlocorégionaledelatumeurprovoquedesdou- leursmoinstypiques,sourdesconstantesetmallocalisées.
Ladiffusionmétastatique,notammentosseuse,peutégale- mentêtreresponsablededouleursvariées.
Découvertefortuite
Le taux de tumeurs asymptomatiques varie de 10 à 16% selonlesséries[5].LadécouvertedeTVESestvolontiersfor- tuite,audécoursd’uneimagerieabdominaleréaliséepour unautremotif.
Autresmanifestationscliniques
Ellessontprésentes dansenviron10%descas. Unemasse palpableenfosselombairepeutcorrespondreàdestumeurs pyélo-calicielles très évoluéesou à un rein hydronéphro- tique [11]. La perception d’une masse lombaire comme premier signe clinique est rare et reste dépendante du morphotype des patients. Une symptomatologie irritative ou infectieusepeut égalementêtre présente lorsdu dia- gnostic.Lestumeursdubasuretèreprolabéesauméatoules localisationsvésicalessynchrones(7—17%descas)sontsou- ventàl’origined’unepollakiurie[5].Lapyélonéphritepeut compliquerune dilatation chroniquedes voies excrétrices supérieures en amont d’une lésion urétérale. L’altération del’étatgénéral,rare,révèlevolontiersuneTVESévoluée oumétastatique[5,10,11].
Surveillanced’unetumeurdelavessie
UneautrecirconstancededécouvertefortuitedeTVESest lasurveillancesystématiqueencasdetumeursprimitivede lavessie n’infiltrantpas lemuscle (TVNIM).La rentabilité
diagnostiquedesuro-scannersréalisésàtitresystématique encasd’antécédentdeTVNIMrestefaible(0,5%).Toutefois, unepublicationrécenteensoulignel’intérêtencasdesignes cliniquesavecunevaleurprédictivepositivede63%[12,13].
Le taux de récidive localisée aux VES après cystecto- mie pourtumeur devessie infiltrant le muscle (TVIM)est faible(3,75 à 4,82% des cas). Ces récidivessont souvent tardives (3 à 5ans en moyenne après le geste). Lorsque lesexamenssontréalisésaucoursdelasurveillanced’une TVIM,ondécouvrefortuitement38%derécidivesauxVES.
Néanmoins, le pronostic péjoratif d’une TVES localement avancée ou métastatique justifie la poursuite d’une sur- veillanceduhautappareilaprèscystectomietotale[14].
Endoscopie diagnostique
Cystoscopie
Lacystoscopieestrecommandéedanslebilansystématique de première intention (grade A, AFU et EAU),et permet d’éliminer une localisation vésicale synchrone associée à unecytologieurinaire[4,6].
Urétéropyélographierétrograde(UPR)
L’UPRconsisteenl’opacificationparvoierétrogradedela VESaprèscathétérismepréalabledecelle-ciparunesonde urétérale. Elle est faite par l’urologue lors de la cysto- scopieoud’uneexplorationenurétéroscopie.Departson excellente résolution spatiale, l’UPR demeure unexamen recommandé par l’AFU et l’EAU (gradeC) [4,6]. Réalisée dans des conditions optimales,l’UPR a une sensibilité de 97%etunespécificitéde 93%pour ladétectiondes TVES [15]. L’UPR a sa place dans un contexte d’urgence ou lorsqu’uneimagerieoptimaleduhautappareilurinairen’a paspuêtreeffectuée.
L’urétérorénoscopiesouple(URSS)
Lesprogrèstechnologiquesontpermis àl’URSSdedevenir unoutildiagnostiqueprécieuxpourl’explorationdesimages lacunaires suspectes visualisées en imagerie. L’URSS a égalementunintérêtdanslediagnosticencasdecytologies urinairespositivessanslésionsobjectivéesencystoscopieet imagerie[16].
Une URSS avec prélèvements biopsiques doit être systématiquement discutée dans le bilan préopératoire d’une TVES selon les recommandations del’AFU etl’EAU (gradeC)[4,6].
En pratique courante, l’URSS est notamment indis- pensable lorsqu’il existe un doute diagnostique ou lorsqu’untraitementconservateurestenvisagé.Ellepermet d’éliminercertains diagnostics différentielsnotamment le polypefibro-épithélialdescavités,bénin,dontl’aspecten
«battant de cloche» est quasi pathognomonique (Fig.1).
La question de la nécessité d’une URSS pour une lésion localement avancée en imagerie avec cytologie urinaire positiveresteendébat.L’intérêtdelapreuvehistologique estdiscutabledanscecontextecarellenechangerapasle traitementderéférenceque constituela NUTdanscecas [17].
L’URSS rend possible l’exploration macroscopique d’au moins95% del’ensembleduhaut appareil (ycomprisdes calicesinférieurs)[18].
Figure1. DiagnosticdifférentieldeTVES:polypefibro-épithélial del’uretèreavecaspectenbâtondeclochetypiqueenurétéro- scopie.L’aspectIRMdelalésionlaissaitsupposerl’existenced’une TVES.
L’améliorationdeladéflexionetdelarésolutiond’image desrécentsurétérorénoscopessouplesnumériquesrenforce encorelaqualitédel’explorationdesvoiesexcrétricessupé- rieures(Fig.2).Lediagnosticvisuelestpossible dansplus de95%descas,maisnepermetpastoujoursuneévaluation finedugradetumoral[6,19].
Grasso et al. ont décrit une technique «no touch» commenc¸antparl’inspectiondel’uretèrejusqu’aucroise- mentdes vaisseaux à l’aided’un urétéroscope rigide afin denepasméconnaitre unelésionplus distale. L’URSSest ensuiteremontésurunfilguidemisenplacesouscontrôle del’urétéroscope rigide pour l’explorationdureste dela voieexcrétrice.Cettetechniqueaétéinitialementdécrite sansl’utilisationd’unegained’accès[20].
Techniquement, il convient de travailler à basse pres- sionenfluxcontinupermettantunebonnevisualisationdes structuressansrisqued’extravasation[21].
Certainsauteursontrecommandél’utilisation degaine d’accès urétérales pour faciliter les aller et retour de l’endoscope au sein de voie excrétrice et diminuer ainsi
Figure2. Urétéroscopiesouple:comparaisondelaqualitédela visionenfibreoptique(enbas)etennumérique(enhaut).
le risque théorique d’essaimage des prélèvements biop- siques(théoriedu«seeding»)[21,22].Cecirestecependant controversécompte-tenudurisquepotentieldelésioniatro- gènedel’uretèrelorsdelamontéedelagaine(Fig.3).Il fautidéalementexplorerlavoieexcrétricedanssonintégra- lité etlagaine apourinconvénient demasquerdeszones oùunetumeurmultifocaleauraitpus’implanter(Fig.4).
La sensibilité de détection peut être améliorée par la vision obtenue en Narrow Band Imaging (NBI) ou à l’aide du photodiagnostic dynamique utilisant l’acide 5- aminolévulinique (5-ALA), notamment pour les lésions de petitetailleetdecarcinomainsitu(CIS)[23,24].
Photodiagnosticdynamique(PDD)
L’endoscopie de fluorescence ou PDD est une technique endoscopique reposant sur la détection d’un gradient de fluorescenceentrelestissussainsettumoraux.Sonprincipe repose sur l’interaction d’une lumière bleue de longueur d’onde spécifique (=380—470nm) et d’un agent pho- tosensibilisant endogène (PS). La production du PS est rendue possible par l’utilisation d’une pro-drogue (acide 5-aminolévuliniqueouhéxaminolévulinate)quiinduitinsitu la formation de porphyrines photoactives sélectivement accumulées dans les cellules cancéreuses. Les cellules
Figure3. Plaieiatrogènedelavoieexcrétriceurinairesupérieure aprèsutilisationd’unegained’accès.
néoplasiques émettent alors une fluorescence qui facilite leurdétection.
La voie d’administration topique pourrait être une alternative à l’ingestion (présentant un plus haut risque d’accidenthypotensif etdephotosensibilisationcutanée).
Elle nécessiterait néanmoins la mise en place préalable d’unepyélostomieoud’uneendoprothèse(pourlacréation d’unrefluxvésico-urétéral)[24].
Figure4. Explorationrétrogradeparurétéroscopiesoupledela VESenvuedelaréalisationd’unebiopsiesansgained’accès.
Un certain nombre d’études prospectives randomisées ontdéjàconfirmélacapacitédelacystoscopiedefluores- cenceàoptimiserladétectiontumeursdelavessieetleur résectionendoscopique.Lefaiblenombredecasrapportés d’URSScouplée au PDD dans lalittérature ne permetpas encore deproposer cet outil enroutine. Sur le planpra- tique,l’instillationduproduitdanslaVESposeproblèmeet letempsdecontactavecl’urothéliumest limitécarilne s’agitpasd’unorganedestockage,contrairementàlaves- sie.Ilsembleraitnéanmoinsquel’utilisationduPDDpuisse améliorer le taux de détectionglobal et delésion de CIS [24,25].
Narrowbandimaging(NBI)
Uneautreperspectiveenévaluationestl’utilisation,grâce auxurétéroscopesnumériquesàhauterésolution,d’unpro- cédéd’améliorationdel’imageappeléNBI.Cettetechnique appliquedes filtres d’interférenceoptique quilimitent la longueurd’ondedelalumièreblancheàunebandeétroite (415—540nm).Celle-cin’atteintpaslescouchesinférieures detissu,mettantainsil’accentsurlesvaisseauxsanguinset lestissustumorauxplans(dontleCIS).(Fig.5)Lespremières
Figure5. AspectdeTVESnondétectableenlumièreblanche(gauche)etvisibleentechnologieNBI(droite).
Figure6. Détectiond’unepetitetumeurplane(flèche)enuré- téroscopie souple difficilement identifiable en lumière blanche traditionnelle.
études de la littérature rapportent un gain de détection desTVES de22,7%par rapportàlalumière blanche[23].
La combinaison du NBI à l’urétéroscopie souple diagnos- tiquesembleprometteur(Fig.6),sonutilisationnécessite unmatérieldédiédontlecoûtpeutêtreunfacteurlimitant [26].
Morbidité
Lescomplicationsdel’urétérorénoscopiediagnostiquesont rares (0,5 à 5% des cas). On recense notamment: per- forations, stripping, sténoses de l’uretère ou infections parenchymateuses.
L’hypothèsed’unpossibleessaimagetumoralinduitpar l’hyperpression dans les cavités rénales au décours de l’urétéroscopien’a finalement jamaisété confirmée[27].
L’impactsurlarécidivevésicaleparcontactavecleliquide d’irrigationrestedébattu[28—30].L’augmentationdudélai de prise en charge induit par l’exploration endoscopique couplée aux biopsies n’affecterait pas demanière signifi- cativeledevenironcologique[17].
Techniquesencoursdedéveloppement
L’évaluation visuelle de l’infiltration tissulaire des TVES reste une des limites de l’endoscopie [19]. À l’instar
Figure 7. Aspects différents pour trois TVES en tomographie optique de cohérence: un outil prometteur pour déterminer le staded’infiltrationdelalésionprimitive.
Figure 8. Tomographie optique de cohérence(OCT)couplée à l’écho-endoscopie intra-urétérale(ELUS): l’association des deux technologiessemblecomplémentairedansl’expérienceinitiale.
de l’écho-endoscopie digestive, l’échographie couplée à l’urétéroscopie a été décrite mais n’est pas encore utiliséeenpratiqueclinique[31].Denouvellestechniques d’imagerietellesquelatomographieoptiquedecohérence (OCT)(Fig.7)oulamicroscopieconfocaleendoscopiquesont en cours de développement etpourraient à l’avenir être utilisés,encomplémentdelaréalisationdebiopsies,pour l’évaluationspécifiqueentempsréeldustade,gradeetdes margestumorales[26,32].L’évaluationprospectivedel’OCT est en cours (ClinicalTrials.gov Identifier: NCT02108587) seuleoucoupléeàl’écho-endoscopieurétérale(Fig.8).
Prélèvements anatomopathologiques
Lediagnosticmacroscopiquevisuelnepermettoutefoispas dedéterminerle caractèreinfiltrant delaTVES.Eneffet, l’aspect tumoral endoscopique conduit à une erreurdans l’évaluationdustadedans30%descas[19].
Cytologieurinaire
La cytologieurinaire repose surl’analyse decellules des- quaméesdanslesurines.
Celles-cisontrecueilliesaudécoursd’unemictionouvia desprélèvementseffectuéslorsdelacystoscopieouidéa- lementinsitulorsdel’URSS(etavantinstillationdeproduit decontrastelorsd’uneUPR).
Laréalisationd’unecytologieurinairedanslebiland’une TVESestimpérative(gradeA—AFU/EAU)[4,6].
Le cyto-diagnostic urinaire mictionnel est non invasif mais il est limité par une sensibilité variable (35 à 65%) en lien avec une variabilité inter-individuelle importante de l’interprétationpar lepathologiste et lapossibilité de
Figure 9. Biopsie endoscopique d’une TVES en urétéroscopie souple:pinceclassique.
faux positifs en cas de traumatisme de l’urothélium ou d’inflammation. La spécificitéde cette technique est par ailleursexcellente(>90%).
Encasdecytologieurinairepositiveaveccystoscopienor- male,laprobabilitéd’uneTVESesttrèsélevée.Toutefois, lacytologieurinairedemanièreisoléeadesperformances
Figure10. EchantillonsbiopsiquesmacroscopiquesdeTVESobte- nusà l’aided’unepinceclassiqueet d’unepince macro-biopsie (inséréedefac¸onrétrogradeparl’avantdel’URSS).
médiocrespourprédirelegradeetlestadetumoraldéfini- tif.PourMesseretal.,unecytologieurinairepositiveprédit unetumeurdehaut gradeavecune sensibilitéde 56% et une tumeur infiltrante avec une sensibilité de 62% [33].
Par ailleurs, une cytologie urinaire préopératoire positive sembleêtreunfacteurderisquederécidiveintra-vésicale [34].
Biopsies
Lors de l’URSS, l’opérateur peut réaliser des biopsies de la lésion suspecte. Les biopsies établissent le diagnostic avecune sensibilité de 89 à 95% et souvent le grade de latumeur[35].Lafiabilitédustadetumoral biopsiqueest encorefaible avecun taux de sous-évaluation important.
Ainsi 45% destumeurs classées Taseraient enréalité des tumeursinfiltrantes[36,37].Enrevanche,legradebiopsique estunbonrefletdugradetumoraldéfinitifdans69à91% descas[22,38,39].Ilexisteégalementunecorrélationentre legradebiopsiqueetlestadetumoraldéfinitif.Eneffet,les biopsiesinsiturévélantdugrade1correspondraientàune tumeurnoninfiltrante(≤pT1)dans68à100%etlesbiop- siesretrouvantdugrade3correspondraientàunetumeur infiltrante(≥pT2)dans62à100%descas[22,35—39].
La réalisation de biopsies n’est pas toujours facile, notammentpourleslésionslocaliséesdanslescalicesinfé- rieurs.Eneffet,selonletypedepinceutiliséelorsl’URSS, ilpeutseproduireunelimitationplusoumoinsgrandedes capacitésdedéflexionparl’introductiondelapincedansle canalopérateurdel’urétéroscope(Fig.9)[40].
La qualité de l’analyse histologique des biopsies est dépendante de celle des prélèvements [40]. Plusieurs équipes évaluent actuellement en ce sens les résultats des instruments mis à la disposition des opérateurs et
Figure11. Biopsie endoscopique d’uneTVES enurétéroscopie souple:panierennitinol.
notamment les pinces à macro-biopsie (Fig. 10) [41,42].
Lesbiopsiesàl’aidedepanieraunitinolauraientainsiune meilleurerentabilité(diagnosticdans94%)(Fig.11)queles pincesclassiques(diagnosticdans63%).Laréalisationd’une cytologie associée aux biopsies permettrait d’augmenter encorecesrésultats[43].
Brossage
Lerecueildecellulesurothélialesparbrossagerétrograde estassociéà dessensibilité etspécificitéplus faiblesque
cellesdesbiopsies[44].Iln’estcependantplusévoquédans lesrecommandationsrécentes[4,6].
Fluorescenceinsituhibridization(FISH)
La FISH est un test diagnostique cytologique recherchant des aneuploïdiessurleschromosomes 3,7et17ainsique desdélétionssurlelocus9p21àl’aidedesondesspécifiques parFISH.Cettetechniqueprésenteunemeilleuresensibilité (78,9—100%) que la cytologie urinaire avec une spécifi- citéquisemblelégèrementplusfaible(89,5—99%)[45,46].
L’associationFISH-cytologiesurinairesstandardaméliorerait letauxdedétectiondesTVES[47].Cependant,lesrésultats restentpréliminaires,surdepetitessériesetlecoûtdela techniqueélevé.
Ledépistagedeslésionsduhautappareilparutilisation de laFISH après cystectomien’a, lui, pas été clairement démontré[48].
Àl’heureactuelle,aucunmarqueururinairen’estrecom- mandépouruneutilisationenpratiqueclinique[4,6].
Conclusion
Le diagnosticprécisdes TVES aété révolutionnéau cours deces dernièresannées parledéveloppement de l’endo- urologie.Tous lesoutils disponiblespour letraitement de lalithiasesontaujourd’huimisàcontributionpourlaprise enchargepersonnaliséedes TVES.Enpratique,l’URSS est l’outilprincipaldecetterévolutionquipermetlediagnostic (biopsie,cytologieinsitu)etparfoismêmeletraitementde laTVESdurantlamêmeintervention.
Déclaration d’intérêts
Lesauteursdéclarentnepasavoirdeconflitsd’intérêtsen relationaveccetarticle.
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