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M ÉDECINE DES VOYAGES

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Academic year: 2022

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Texte intégral

(1)

L

es diarrhées des voyageurs - nommées surtout au Mexique

“la turista” - étaient le trouble de santé le plus fréquent lors de voyages en pays exotique à la fin des années 1970.

Selon de nouvelles enquêtes, les taux d’incidence vingt ans plus tard sont restés plus ou moins constants (figure 1). La Tunisie est ici une exception favorable grâce à des mesure s très importantes prises par les Ministères de la santé et du tourisme. Grâce à ces eff o rts, une diminution des taux d’in- cidence de 50 à 25 % a été observée lors de séjours de deux semaines.

Les symptômes qui accompagnent le plus souvent la diar- rhée sont les crampes abdominales et les nausées. Chez un patient sur cinq, on observe de la fièvre et/ou du sang dans les selles ; ces deux symptômes, évocateurs d’une dysente- rie, indiquent une invasion de la muqueuse intestinale par l ’ o rganisme p a t h o g è n e .

Une enquête multicentrique menée en Jamaïque, à Mombasa (Kenya), à Goa (Inde) et à Fortaleza (Brésil) est en cours jus- qu’à mi-1998. Elle a déjà donné quelques résultats surpre-

nants : tout d’abord, il paraît que les touristes britanniques se rendant dans les pays exotiques souff rent significativement plus souvent de diarrhée que les voyageurs d’origine euro- péenne continentale ou que les voyageurs d’origine cana- dienne ou américaine. Jusqu’à présent, cette diff é rence re s t e inexpliquée. Similairement à des études antérieures, il paraît que les jeunes voyageurs sont nettement plus souvent aff e c- tés par la diarrhée que les voyageurs d’un certain âge, même quand ils se nourrissent dans les mêmes hôtels.

Il paraît illusoire de cro i re que les professionnels de la santé des voyages peuvent convaincre les voyageurs de s’abstenir de boissons et de nourr i t u re potentiellement contaminées par des agents pathogènes. Plus de 90 % des touristes de toute nationalité succombent aux tentations gastronomiques du pays visité et acceptent, par exemple, des glaçons dans les boissons, des salades du buffet froid, etc…

Selon des résultats étiologiques pro v i s o i res, un tiers des d i a rrhées du voyageur est dû aux Escherichia coli e n t é ro- toxigènes (ETEC) pour la plupart des destinations (figure 2). Le groupe d’experts de Houston (HL DUPO N T, C h ER I C S S O N, JJ MAT H E W S O N), utilisant de nouvelles tech- niques PCR, suggère que ce taux pourrait être encore bien plus élevé. Les autres pathogènes bactériens, parasitaires et viraux jouent un rôle nettement moins important.

C’est bien pour cette raison que nous attendons avec impa- tience les résultats d’une grande enquête menée avec un vaccin oral contre les ETEC. Le voyageur doit avaler une p re m i è re dose au moins 14 jours avant le départ et une deuxième au moins 7 jours avant de part i r. Selon les pre- m i è res informations, ce vaccin est bien toléré. Il pro t è g e c o n t re au moins 80 % des infections par les ETEC. Il sera d i fficile d’expliquer aux voyageurs que, bien que ce vaccin p rotège seulement contre un tiers des infections pro v o q u a n t une diarrhée symptomatique, il sera utile à 10 % de l’en- semble des voyageurs, ce qui en fera le vaccin le plus utile au bien-être des touristes et des gens d’aff a i res.

L a turista : acquisitions et leçons tirées d’enquêtes récentes.

Summary:Traveller’s Diarrhea,Lessons from Recent Studies.

Diarrhea among travellers continues to be as widespread as ever. A multicentric investigation car - ried out in Jamaica, Kenya, Goa (India) and Fortaleza (Brazil) indicates high incidence rates and enterotoxigenic Escherichia coliare the most common etiology for each destination.

Résumé :

Les diarrhées des voyageurs sont toujours aussi fréquentes. Une enquête multicentrique menée en Jamaïque, au Kenya, à Goa (Inde) et à Fortaleza (Brésil) indique des taux d’incidence élevés ; les Escherichia coli entérotoxigènes sont l’étiologie la plus fréquente pour chaque destination.

M ÉDECINE DES VOYAGES

R. Steffen

Division d’épidémiologie et de prévention des maladies infectieuses, Institut de médecine sociale et préventive de l’Université,Zurich Manuscrit n°1977/SMV 1.3e journée biennale de Médecine des voyages. Accepté le 14 novembre 1998.

Key-words: Travel - Diarrhea

Mots-clés : Voyageur - Diarrhée

Figure 1.

Taux d’incidence des diarrhées (%),1977-1995.

Incidence rate of diarrheas(%), 1977-1995.

0 10 20 30 40

50 Tunisie

78 80 82 84 86 88 90 92 94 96 Turquie

Jamaique Kenya

STEFFEN R et al. JAMA, 1983, 249, 1176-80.

ANGST F et al. J Travel Med (sous presse)

année D'après STEFFENR et al. (3) & ANGSTF et al. (1)

(2)

E n t re temps, les règles traditionnelles pour l’au- totraitement de la diarrhée survenue pendant un voyage à l’étranger restent valables : dans la plu- p a rt des cas, la simple consommation de liquides (thé sucré, jus de fruits) et de quelques aliments contenant du sel (noix salées, potage) perm e t d ’ a t t e n d re la guérison spontanée, qui surv i e n t en moyenne au bout de 48h (figure 3). Si des cir- constances impératives, par exemple un pro- gramme chargé d’activités, demandent une solution plus rapide, la combinaison de lopéra- mide et d’une quinolone ont apporté les meilleurs résultats. A noter la contre-indication du lopé- ramide, utilisé seul, dans les cas de “dysenterie”.

C o n c l u s i o n

S

elon ces études épidémiologiques, les diar- rhées du voyageur vont rester un pro b l è m e lors de visites en tout pays en voie de dévelop- p e m e n t . Les options de prévention sont limités.

Ainsi, une trousse de voyage contenant de la lopé- ramide et un quinolone sont à recommander ; leur usage doit être expliqué en détail.

Références bibliographiques

1. A N G S T F & STEFFEN R - Update on the Epidemiology of Tr a v e l l e r ’s Diarrhea in East Africa. J Travel Med, 1997, 4, 118-120.

2. DUPONT HL & ERICSSON CD - Prevention and Treatment of Travellers Diarrhea. N EnglJ Med, 1993, 328, 1821-1827.

3. STEFFEN R, COLLARD F & TORNIEPORTH N et al. - Tr a v e l l e r ’s diarrhea: Epidemiology, Etiology, Impact in Visitors to Jamaica. Jama, 1998 (sous presse).

Figure 2.

Figure 3.

Proportion des E. coli entérotoxigènes provoquant la diarrhée du voyageur.

Proportion ofenterotoxicogenicE.coli provoking traveller’s diarrhea.

Recommandations pour l’auto-traitement de la diarrhée du voyageur.

Recommendations for self-treatment of traveller’s diarrhea.

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