N A L E S E D L ’IN IT ST T U
F O U R IE
ANNALES
DE
L’INSTITUT FOURIER
Nicolas MARTEAU
Équations aux différences associées à des groupes, fonctions représentatives.
Tome 54, no2 (2004), p. 383-412.
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ÉQUATIONS AUX DIFFÉRENCES ASSOCIÉES À DES
GROUPES FONCTIONS REPRÉSENTATIVES
par Nicolas MARTEAU
Introduction
Le
point
dedépart
de ce travail est un article de J.-P. Bézivin et F. Gramain[2]
danslequel
ils étudiaient certainssystèmes d’équations
auxdifférences. On trouve au début de ce travail le résultat suivant
(qui
est aussiune
conséquence
directe d’un théorème deGel’fond,
voir[8],
remarque page367),
si te et(3
sont deux nombrescomplexes
R-linéairementindépendants,
alors une fonction
f :
C -C, entière,
solution d’unsystème
de deuxéquations
aux différences à pas récurrents dans les directions aet 0
àcoefficients
constants,
(où aOaJ i=-
0 et0)
est unpolynômes exponentiel,
c’est à dire unélément de
l’algèbre engendrée
par lespolynômes
et lesexponentielles (les
fonctions z H
e~,
avec w EC).
Différents travaux de lapart
de J.-J.Loeb,
N. Brisebarre et L.
Habsieger (voir [4]
et[5])
conduisent à un résultatanalogue
avec la conditionplus
faible que a et!3
soientQ-linéairement
Mots-clés :
Équations
aux différences - Groupes de Lie.Classification math. : 39A05 - 39A10 - 39A70 - 22E25 - 22E27 - 22E30.
indépendants
et reste valable pour les fonctions continues d’une variableréelle,
i.e. une fonctionf :
R - Ccontinue,
solution d’unsystème
dedeux
équations
aux différences à pas récurrents dans les directions te etj3 (Q-linéairement indépendants)
à coefficientsconstants,
(où
0 et0)
est unpolynôme exponentiel.
Nous faisons les remarques suivantes
(valables
aussi dans le cas réel-continu).
1. Une fonction
f :
C -C, entière,
est solution d’unsystème
dutype
(,S’)
si et seulement si leC-espace
vectorielengendré
par les translatéesf,y : z
Hf (z
+-y), où 1 appartient
au sous-groupe r = Za + de(C, +),
est de dimension finie.
2. Les
polynômes exponentiels holomorphes
sur C sont les seules fonctions entièresf
telles que l’ensemble des translatéesf u : z
Hf (z + u) engendrent
un
C-espace
vectoriel de dimension finie(voir
théorème6).
3. La condition a et
{3
sont R ouQ-linéairement indépendants, implique
que toute fonction entière r-invariante
(où
r = Za +Z(3)
est constante.On
peut
donc traduire le résultat cité en introduction de lafaçon suivante,
si une fonction entière(resp. continue)
est telle quel’espace
vectoriel
engendré
par ses r-translatées est de dimension finie alorsl’espace
vectoriel
engendré
par ses C-translatées(resp. R-translatées)
est aussi dedimension finie
(et
est donc unpolynôme exponentiel),
pourvu que le sous-groupe r de C
(resp.
deR)
satisfasse certaines conditions. Tout cela segénéralise
aux groupes en introduisant les définitionssuivantes,
DÉFINITION. - Soient G un groupe, H un sous-groupe de G et
f :
G - C une fonction. On dit quef
estH-représentative
àgauche (resp.
àdroite)
si leC-espace
vectorielengendré
par les translatéesfh :
x H
f (hx), h E H (resp.
lesf h :
x Hf (xh), h E H)
est de dimension finie.Quand
H =G,
onparle
de fonctionreprésentative (au
lieu de G-représentative.
Il est nécessaire de
préciser
à droite ou àgauche
dans la défini-tion d’une fonction
H-représentative,
parcontre,
les notions de fonctionreprésentative
à droite et àgauche
sontéquivalentes (voir proposition 2).
On s’intéresse aux
problèmes
suivants.1. Problème
Po : quelle(s) condition(s)
doit-on avoir sur un sous-groupe H d’un groupe de Liecomplexe
G pour que toute fonction entière de Gqui
soit
H-représentative
soit aussireprésentative?
2. Problème
quelle(s) condition(s)
doit-on avoir sur un sous-groupe H d’un groupe de Lie réel G pour que toute fonction continue de Gqui
soitH-représentative
soit aussireprésentative ?
3.
Quels
liens existent-ils entresystème d’équations
aux différences à pas récurrents et fonctionsreprésentatives ?
On montre les résultats suivants.
THÉORÈME. - Soient G un groupe de Lie réel connexe et H un sous-
groupe de G. Toute fonction continue de G dans (C et
H-représentative (à
droite ou à
gauche)
estreprésentative
si et seulement si H est dense dansG.
THÉORÈME. - Soient G un groupe de Lie
complexe
connexe et H unsous-groupe de G. Si toute fonction entière de G dans C et
H-représentative (à
droite ou àgauche)
estreprésentative
alors toute fonction entièreH-invariante est constante. La
réciproque
est vraie si G est abélien ounilpotent.
Si H est un sous-groupefermé, complexe, co-compact
de G ou si H est un sous-groupe Zariski-dense dans un groupeG,
réductifcomplexe,
alors toute fonction entière
H-représentative
est aussireprésentative.
Notations. - Pour un ensemble X
quelconque,
on noteF(X)
la C-algèbre
desapplications
de X dansC,
on dira «fonction sur X » pourdésigner
un élément de cettealgèbre.
Pour un groupeG,
un élémentt E G et
f
un élément deF(G),
on noteft (resp.
la fonctionqui à g
e G associef (tg) (resp. f (gt) ) .
Pour un groupetopologique G,
onnote
Repc (G),
la(C-algèbre
des fonctions continues etG-représentatives,
de
même,
pour un groupe de Liecomplexe G,
on noteRep~ (G),
laC-algèbre
des fonctions entières etG-représentatives.
On noteraO(X),
la
C-algèbre
des fonctions entières d’une variétécomplexe X
etC(X),
laC-algèbre
des fonctions continues d’un espacetopologique
X. Pour ungroupe de Lie réel G et un sous-groupe H de
G,
on écriraC(G)~
= C poursignifier
que toute fonction continue de Gqui
est H-invariante à droite(ou
à
gauche)
estconstante,
ceci étantéquivalent
à H est dense dans G. Demême,
pour un groupe de Liecomplexe
G et unsous-groupe H
deG,
onécrira C pour
signifier
que toute fonction entière de Gqui
est H-invariante à droite(ou
àgauche)
est constante.1.
Propriétés élémentaires.
Aspects topologiques
et matriciels.Quelques
résultatsgénéraux.
On donne dans cette section
quelques
résultatsqui
seront constam- ment utiles par la suite. On commence par laPROPOSITION 1. - Soit G un groupe. Les fonctions de G
qui
sontH-représentatives (à
droite ou àgauche)
forment uneC-algèbre.
Preuve. - Donnons une démonstration
rapide
pour le casH-représen-
tatives à
gauche.
Soientf et g
deux fonctionsH-représentatives
àgauche,
notons
V f (resp. Vg),
leC-espace
vectorielengendré
par les translatées àgauche
def (resp.
deg)
par les éléments deH ; enfin,
soit À E C.Considérons
(fi, ... ,
une base deYf
et(gl , ... ,
une base deVg.
Ilest clair que les espaces vectoriels
engendrés
par les H-translatées àgauche f
+ g,f g
sont de dimensions finies etengendrées respectivement
par les
fi,
l’ensemble desf
etdes gj
et l’ensemble desfigj.
DPROPOSITION 2. - Soit G un groupe. Une fonction
f
EF(G)
estreprésentative
à droite si et seulement si elle estreprésentative
àgauche,
etles
C-espaces
vectorielsengendrés
par les translatées à droite et àgauche
sont de mêmes dimensions.
Preuve. - En
effet,
considérons une fonctionf
eF(G) représenta-
tive à
gauche.
NotonsYf (resp. Yf ),
leC-espace
vectorielengendré
par les translatées àgauche (resp.
àdroite)
def
par les éléments de G. Notonsn =
dimr V f,
la dimension deYf (finie
parhypothèse).
On aoù
( f 1, ... , f n )
forment une base deV f .
Il est alors clair quef
estreprésenta-
tive à droite
puisque
les al , ... , an forment unsystème
degénérateur
deYf
et on a
dimC Vf dimc V}.
En raisonnant de même sur lareprésentativité de f à gauche,
on obtientdimC Vf dimc V f ,
et doncdimC V f = dimC V f .
n
Par
contre,
les notions de fonctionH-représentative
àgauche
et àdroite ne coïncident pas à
priori (sauf
évidemment si G estabélien).
Voiciun
exemple,
on considère la fonctionf
sur le groupe deHeisenberg H3 (R) ,
Soit F le sous-groupe de
G,
On
peut
vérifier quef
estr-représentative
àdroite,
mais pas r-représentative
àgauche.
Le vocabulaire «fonction
représentative »
est motivé par le fait sui- vant. Si p est unereprésentation
d’un groupe G dans alors toutes lescomposantes
pi,j : G -~ C sont des fonctionsreprésentatives puis-
que
(g). Réciproquement,
si on considère unefonction
f
EF(G) qui
estH-représentative
àgauche
et que l’on noten la dimension
(finie)
del’espace
vectorielcomplexe E engendré
par lesfh, h
EH,
et que l’on en choisit une base( f 1, ... , f n ) ,
i alors la fonction F : G 2013~ (Cnqui à g
associe( f 1 (g), ... , f n (g) )
satisfaitoù p est une
représentation
de H dansGln(C),
cequi
résulte immédiate- ment de la définition d’une fonctionH-représentative.
Onappelle
p, unereprésentation
matricielle induite sur H par la fonctionH-représentative
f,
elle estuniquement
déterminée par la fonctionf
et la base de E que l’on a choisie.Le lemme élémentaire
qui
suitpermet
d’éclairerquelques aspects topologi-
ques de notre étude.
LEMME 3. - Soient X un ensemble non vide et E un sous espace vectoriel
complexe
de dimension finie n -> 1 deF(X).
Alors il existe91, ... , gn dans E et xl , ... , xn dans
X,
tels que(gl , ... , gn )
forment unebase de E et est ici le
symbole
deKronecker).
Deplus,
Eest fermé pour la
topologie
de la convergencesimple
sur X(i.e.
latopologie produit
de(CX ).
Preuve. - Montrons la
première partie
de notre assertion par récur-rence sur n =
dimC
E. Si n =1,
c’est évident : il suffit de choisirf
dansE non nulle et x, tel que
f (xl ) # 0,
on conclut enposant fi
=Supposons
maintenant E de dimensionn + 1,
il existealors,
parhypothèse
de
récurrence,
gl , ... , gn dans E et XI, - - - , xn dans X tels que =61, j . Soit 0 :
E - C"qui
àf
e E associe(f(XI),..., f (xn)), l’application 0
est linéaire et
surjective (par
l’existence desgi),
le noyaude 0
est doncde dimension 1. Soient
f
un élément non nul deker 0
et x’ E X tel quef(x’) :/= 0,
on conclut la récurrence enposant fn+1 (x)
=f (x)/ f (x’),
pourtout
i,
1 ~ i ~ n,fi (x) = gi (x) -gi (x’) f n+1 (x) Puis Xn+l -
x’. La deuxièmepartie
de notre assertion résulte du fait que latopologie produit
estengendrée
par la familleséparante
de semi-normesp., (f) -
xEX. 0
Cette remarque amène la
PROPOSITION 4. Soient G un groupe
topologique,
H un sous-groupe de G et
f
une fonction continueH-représentative
àgauche (resp.
àdroite)
alorsf
estH-représentative
àgauche (resp.
àdroite).(’)
Preuve. - Soit
f
une fonction continue etH-représentative (par exemple
àgauche).
Soit( fi, ... , fn)
une base duC-espace
vectoriel Sengendré
par les H-translatées àgauche
def.
Fixons t dansH,
par la continuité def
et par la définition d’un groupetopologique
onpeut
déduirebx E
G,
Ve >0, 3V,
unvoisinage de t,
(1) la notation H désigne l’adhérence de H, ici il s’agit de la topologie de G.
Fixons maintenant E > 0 et y1, ... , yP des éléments
quelconques
de G. Enprenant
l’intersection desvoisinages Yl, ... , vP
de t décritci-dessus,
on voitqu’il
existe unvoisinage
V de t tel quece
qui,
par définition de latopologie produit,
montre que la fonctionft
estdans l’adhérence de E. Le corollaire du lemme 3 montre que
ft appartient
à E et
permet
de conclure laproposition (on
a même obtenu le résultatplus précis qui
est quel’espace
vectorielengendré
par lesH-translatées
estle même que celui
engendré
par lesH-translatées).
DOn donne ici
quelques propriétés
de lareprésentation
matricielle d’une fonctionreprésentative.
PROPOSITION 5. - Soient G un groupe, H un sous-groupe de G et
f
EF(G)
une fonctionH-représentative
àgauche.
NotonsE,
leC-espace
vectoriel
engendré
par les fonctionsfh, h E H,
et n =dimr
E.(1)
Considérons deux bases( f 1, ... , f n )
et(gl , ... , gn )
de E et pi etp2 les deux
représentations
matricielles induites sur H. Si on note P eGln(C)
la matrice de passage entre ces bases alors pour tout h E H on a =(2)
Si G est un groupetopologique
etf
est continue alors lesreprésenta-
tions induites sur H par
f
sont continues.(3)
Si G est un groupe de Liecomplexe
et H est un sous-groupecomplexe
de
G,
alors lesreprésentations
induites sur H parf
sontholomorphes.
Preuve. - La preuve de 1 est
immédiate, notons,
pour u EG, F (u) = ( f1 (u), ... ,
etG (u) - (gl (u), ... ,
gn(u)).
On a alorsG (u) = PF(u)
etdonc, pour h
e H et u eG, G(hu) =
cequi
donne
PF(hu) = p2(h)PF(u) puis P-1PF(hu)
= d’où= Pour le
point 2,
on considère une base de Eadaptée
comme au lemme
3,
i.e. on a( f 1, ... ,
base de E et x 1, ... , x~ dans G tels que =61,j .
SoitF (g) = ( f 1 (g), ... , fn (g»
et p lareprésentation
matricielle induite sur H. On a alors
Vg
EG,
Vh EH, F(hg) = p(h)F(g),
on
voit,
enremplaçant g
par que cequi permet
de conclure. La preuve dupoint
3 estidentique
aupoint
2. DLes fonctions continues
(IRn, +)-représentatives
et entières
(C" , + )-représentatives.
THÉORÈME 6. - Les fonctions continues
+)-représentatives
ainsique les fonctions entières
(C, +)-représentatives
sont lespolynômes
expo-nentiels.
Preuve. - On commence par le cas
complexe qui
est un peuplus simple.
Soientf :
C - C une fonction entière(C, +)-représentative
et Ele
C-espace
vectoriel de dimension finieengendré
par les translatées def.
Soient,
pour tout n eN,
n ->1,
les fonctions entièresLes fonctions
f n appartiennent
à E. Comme E est fermé pour latopologie
de la convergencesimple (voir
corollaire au lemme3)
etf’,
on en déduit quef’
e E. Deproche
enproche,
lesdérivées successives
f(P) appartiennent
à E. Comme E est de dimensionfinie,
il existe une relation linéaire non triviale à coefficients dans C satisfaite par lesf ~p> ;
la théorie élémentaire deséquations
différentielles nous montre alors quef
est unpolynôme exponentiel holomorphe.
La même démonstration est valable pour une fonction d’une variable réelle de classe C°° . Ici on suppose que
f :
R - C est une fonctionreprésentative
seulement continue et on note E leC-espace
vectorielde dimension finie
engendré
par les translatées def. Soient,
pour toutn E
N,
n >-1,
des fonctionsOn
de classe C°° sur Rayant
poursupport
[2013~,+~] ]
et satisfaisant = 1. Notonsf n
les fonctionsf * On
D’une
part,
lesfn
sont de classe C°° etconvergent simplement
versf quand
n tend vers +oo. D’autre
part,
on afn (x) = f (x - t)Bn (t)dt
etdonc,
par sommation de Riemann
On en déduit que
fn appartient
àE, puis,
comme E nC°° R, C)
estfermé dans E
qui
est fermé pour latopologie
de la convergencesimple,
quef
est de classe C°° et est donc unpolynôme exponentiel.
Montrons la
réciproque :
toutpolynôme exponentiel
est une fonctionreprésentative,
aussi bien dans le cas réel quecomplexe. Soit 0
une fonctionde la forme où les cj sont des
polynômes.
Il est facilede voir que toute translatée
0,, :
r -0(x
+u)
est une combinaison linéaire à coefficients dans C des fonctionsdeg(cj).
DLEMME 7. - Soit G un groupe
topologique produit
direct de deux groupestopologiques G,
etG2,
alorsl’algèbre Repc(G)
des fonctions G-représentatives
continues estengendrée
par etSi on se
place
dans le cadre des groupes de Liecomplexes, l’algèbre
Rep O (G)
des fonctionsG-représentatives
entières estengendrée
parRepo
et
Preuve. - On fait la démonstration dans le cas des groupes
topolo- giques,
le cas des groupes de Liecomplexes
se traite de la même manière.Tout
d’abord,
il est clair que laproposition
1implique qu’une
fonctionqui
s’écrit
f : (x, y)
Hai (x) bi (y)
où les ai et lesbi
sont des fonctions continuesrespectivement Gl
etG2 représentatives
estG-représentative.
Réciproquement,
soitf
une fonctionG-représentative,
alorsf
satisfaitcomme les
fonctions ai et bi
doivent être elles-mêmes des fonctions G-représentatives continues,
on en déduit quef (u, y) = ~~=~ ai (u, e2 ) bi (el , y), (où
el et e2 sont les éléments neutres deG,
etG2 respectivement)
appar- tient àl’algèbre engendrée
par etRep~ ( G2 ) .
DTHÉORÈME 8. - Les fonctions continues
(IRn, -~)-représentatives
ainsique les fonctions entières
(cn, +)-représentatives
sont lespolynômes
expo- nentiels.Preuve. C’est une
conséquence
facile du théorème 6 etdu lemme 7. D
Equations
aux différences et fonctionsreprésentatives.
On fait le lien entre
équations
aux différences et fonctionsreprésen- tatives, déjà esquissé
dans l’introduction.PROPOSITION 9. - Soient
(G, --~)
un groupe abélien et r un sous-groupe de
type
fini de Gayant
-y,, ... , qn pourgénérateurs.
Dans cesconditions,
une fonctionf
EF(G)
estr-représentative
si et seulementsi
f
est solution de néquations
aux différences non triviales à coeficients constants dans les directions ~y1, ... , 7n.Preuve. -
Supposons
quef
estr-représentative,
par définition celaimplique
que les fonctionsf 2.y1, ... ,
sontC-liées,
pour M suffi-samment
grand.
On en déduit uneéquation
non triviale dutype
satisfaite par
f.
Onprocède
de même avec -Y2, - - -, ,1n.Réciproquement,
sif
EF(G)
satisfait unsystème
de néquations
aux différences non triviales danschaque
direction -y2,1 ~
i ~ n, i.e.avec
0,
alors il est clair quechaque
translatéeIr’
1 Er,
est unecombinaison linéaire à coefficients
complexes
des où mi estun entier
compris
entre 0 etMi - 1,
pourchaque
iE {1, ... , n~ .
DVoici un
exemple d’application
de laproposition
ci-dessus combinéaux résultats de la
première
section. Soitf e solutions
de n + 1équations
aux différences à pas récurrents dans les directions el, ... , en(la
basecanonique
de et v =(vl , ... , vn ) .
On suppose deplus
que vl , ... , vn et 1 soientQ-linéairement indépendants.
Dans ces conditionsf
est un
polynôme exponentiel.
Eneffet,
le sous-groupe additif Fengendré
par e 1, ... , en et v est alors dense dans par un théorème de Kronecker
(voir [9],
pages 375 à378).
Laproposition
4implique
alors quef
estreprésentative
et donc unpolynôme exponentiel
par le théorème 8.L’hypothèse
G abélien est essentielle dans laproposition
9. Si on lasupprime,
alors on al’implication : f
estr-représentative (précisons,
àgauche) implique
l’existence de néquations
aux différences satisfaites parf
dutype
0 avec 0(on
a noté laloi de G
multiplicativement).
Par contre laréciproque
estfausse,
en voiciun
exemple.
Soient etet F le sous-groupe de G
engendré
par A et B. On aSoit on a Toute fonction
f
EF(G)
satisfait unsystème
de deuxéquations
aux différences dans les directions A et Bpuisque f (A2g) - f (g)
etf (B2g)
=f (g),
mais n’estpas nécessairement
r-représentative (à gauche) :
il suffit de choisirf qui
associe
ec ;
les fonctionsf (Cng),
étant alors C-indépendantes, puisque f (Cng) =
e .2. Une
condition nécessaire
auxproblèmes 7~~
etPo.
Le cas réel.
Une condition nécessaire. On prouve ici le
THÉORÈME 10. - Soient G un groupe de Lie
complexe
connexe et Hun sous-groupe de G. Si toute fonction
f
eO(G)
etH-représentative
àgauche (ou
àdroite)
estreprésentative
alors = C.Preuve. - Considérons
f :
G -C,
une fonction entière H-invariante(par exemple
àgauche)
et montronsqu’elle
est constante. Sif
est H-invariante alors elle est
H-représentative
àgauche
et doncreprésentative
par
hypothèse.
Fixons un élément X dans g(l’algèbre
de Lie deG)
etconsidérons la fonction entière
où exp est
l’application exponentielle de g
dans G. Commeet que la fonction
f
estG-représentative,
on voit que g est(C-représentative.
La
fonction g
est donc unpolynôme exponentiel d’après
le théorème 6. Pour toute fonction entière 03A6 : C -C, l’application 03A6
of :
G - C est entièreet
H-invariante,
et doncG-représentative.
Or V o g estC-représentative (c’est-à-dire
unpolynôme exponentiel)
carPour
~(~) == et,
le faitque V
o get g
soient despolynômes exponentiels implique
que g est de la formeg(t)
= at + b. Enprenant (D (t)
=eet ,
on voitque a = 0 et
donc g
est constante.On en déduit que pour tout
(t, X)
dans C x g,f (exp(tX ))
=f (e)
etdonc
f
o exp est constante sur g. Comme exp envoiesurjectivement
g surun
voisinage
V de e EG,
on conclut quef
est constante sur V et doncconstante sur G par
prolongement analytique
et par connexité de G. D Defaçon analogue
dans le cas réel :THÉORÈME 11. Soient G un groupe de Lie réel connexe et H un
sous-groupe de G. Si toute fonction
f
eC(G)
etH-représentative
àgauche (ou
àdroite)
estreprésentative
alorsC(G)H - C
et donc H est dense dansG.
Preuve. - On considère une fonction
f
continue H-invariante(à gauche)
et doncG-représentative
parhypothèse.
On posehu
est H-invariante et doncreprésentative.
La preuve du casholomorphe s’applique
alors(on change simplement « holomorphe »
en«continue»)
saufque l’on a pas, dans ce cas,
l’argument
sur leprolongement analytique.
On sait toutefois que
hu
est constante sur unvoisinage
V de e e G et cevoisinage
nedépend
pas de u. On en déduit quef
est constante surchaque
translaté
V.u, u
e G. Unargument
de connexité donne alors quef
estconstante
partout.
Si H n’était pas dense dansG, G/H
serait une variétéhomogène
connexe non réduite à unpoint
surlaquelle
il existe des fonctions continues nonconstantes,
on en déduit l’existence de fonctions continuessur G non constantes et
H-invariantes
et àplus
forte raisonH-invariante,
ce
qui
contreditC(G)H =
C. DLe cas réel. Ceci clôt le
problème
dans le casréel-continu, puisque
lethéorème ci-dessus combiné à la
proposition
4 nous donne une conditionnécessaire et suffisante :
THÉORÈME 12. - Soient G un groupe de Lie réel connexe et H un
sous-groupe de G. Alors toute fonction
f
EC(G)
etH-représentative
àgauche (ou
àdroite)
estreprésentative
si et seulement si H est dense dans G.3.
Approche
d’unecondition suffisante
auproblème P~.
Le cas
abélien.
Le but de cette section est de motiver notre
impression qui
est que la conditionO(G)H -
C est suffisante pour leproblème
i.e. si G est ungroupe
complexe
connexe, H est un sous-groupe de G tel que = C alors toute fonctionf
eC7(G)
etH-représentative (à gauche
ou àdroite)
est
représentative.
Toutd’abord, je
montrais dans ma thèse[11], grâce
àdes
arguments « élémentaires », qu’une
fonction entière sur G = CI solution d’unsystème
de n + 1équations(2)
aux différences à pas récurrents dans les directions e1, ... , en(la
basecanonique
deCn )
et v =(Vl, .... Vn),
estun
polynôme exponentiel
pourvu que VI,... , vn et 1 soientQ-linéairement indépendants. Or,
cette dernièrehypothèse implique O(G)H - C,
où H estle sous-groupe additif de G
engendré
par el, ... , en et v, cequi peut
se voiren utilisant les
développements
en séries de Fouriercomplexe.
Ceci motive l’étude dans le casabélien,
que l’on résoutgrâce
au lemmeLEMME 13. - Soient G un groupe de Lie
complexe
et H un sous-groupe de G tel que = C. On suppose de
plus
que toute fonction entièref :
G - C telle quel’espace
vectorielcomplexe engendré
par lesfh,
h e
H,
soit de dimension1,
ne s’annule en aucunpoint.
Dans cesconditions,
toute fonction entière
H-représentative (à gauche)
estreprésentative.
Preuve. - Soient
f
une fonction entièreH-représentative
àgauche, supposée
non nulle etE, l’espace
vectoriel de dimension finie nengendré
par les
fh, h
E H. On considère une base( f 1, ... , fn)
de E et x 1, ... , xn des éléments de G tels que =61,j ,
par le lemme 3. PosonsOn a alors
F(hg) = p(h)F(g)
où p : H ---->GIn (C)
est lareprésentation
matricielle induite par
f
sur H.Soit 0 :
G -C, l’application qui à g
associedet(F(g)).
On a4J( hg)
= où X est un caractèrede H. Comme
~(e) - det(F(e))
= 1(par
construction des xi, 1 ~ i ~n) l’espace
vectorielengendré
par les4J h, h E H,
est de dimension1,
on en(2) pour le cas réel, voir l’exemple qui suit la proposition 9.
déduit
que 0
ne s’annule en aucunpoint,
autrement ditF(u)
est inversiblepour tout u e G.
Soit,
pour u e Gfixé, l’application Hu qui à g
E G associeon a
ainsi
Hu
est H-invariante et donc constante parhypothèse
sur H. On a alorsHu(g)
=Hu(e),
cequi
s’écrit encoreV(g, u)
EG2, F(gu) = F(g)F(u).
Onen déduit que F est une
représentation
et est doncreprésentative.
Il en estde même pour
f.
DRemarque.
- Dans les conditions du lemme13,
on obtient le résultatplus précis
suivant :l’espace
vectorielengendré
par lesfh, h
EH,
est lemême que
l’espace
vectorielengendré
par lesfu, u
E G.THÉORÈME 14. - Soient G un groupe abélien
complexe
connexe(noté additivement)
et H un sous groupe de G tel que = C. Dansces conditions toute fonction entière
H-représentative
estreprésentative.
Preuve. - On se
place
sous leshypothèses
du lemme 13 : on considèref,
une fonction entière de G dans C telle quel’espace
vectorielengendré
par les
fh,
h EH,
soit de dimension 1. On a doncf (h ~- g)
=x(h) f (g),
oùx est un caractère de H.
Soit,
pour t EG, Ot (g) - f (g
+t) f (-g + t),
on a+
g) = ot (g),
ainsiÇt
estconstante,
sif
s’annulait en unpoint
t E Gon
aurait ~t ~
0 et doncf
= 0 par connexité de G. DRemarque. -
La démonstrationoriginale
de J.-J.Loeb, s’applique plus généralement
à unealgèbre
de fonctions de G satisfaisant certaines conditions decompatibilité
avec la loi de groupe de G(voir [11],
page54).
Il est
important
desouligner
que pour certains groupes de Liecomplexes G,
onpeut
trouver des sous-groupes H tels que C et des fonctionsf
EC7(G)
telles quel’espace
vectorielengendré
par lesfh, h
EH,
soit de dimension 1 maisqui
s’annulent en certainspoints.
Par
exemple,
considérons G = le groupe des matrices 2-2 de déterminant 1 et H le sous-groupe des matrices de la formea E On a
0(G)~ -
Cpuisque G/H
s’identifie à la variétécomplexe compacte IP’1(C).
Soitf
EO (G) qui
àx ( z t ) g
t associeP(x, z),
un
polynôme homogène
en x et z dedegré
m. On aalors, f (gh)
=où La fonction
f
est bienH-représentative (à droite), l’espace
vectorielengendré
par lesf h, h
EH,
est de dimension1,
maisf
s’annule en certainspoints.
Onpeut
remarquer quef
estquand
mêmereprésentative,
mais quel’espace
vectorielengendré
par lesf u, u
EG,
estde dimension au moins
égale
à m.Pour
finir, je
donne pour motivation un théorème dû à J.-J. Loeb[10]
qui
utilise un résultatclassique
sur les sectionsholomorphes
d’une variétécomplexe compacte.
THÉORÈME 15. - Soient G un groupe
complexe
et H un sous-groupecomplexe
fermé tel queG/H
soitcompact.
Alors les fonctions entières H-représentatives
sontreprésentatives.
On
peut
remarquer que la condition Hco-compact
dans Gimplique
C mais ne lui est pas
équivalente,
comme le montrait J.Winkelmann dans
[16]
ou F.Capocasa
et F. Catanese dans[6].
Cettedernière référence contient une caractérisation des groupes de
Cousin,
i.e. les groupes de la forme
C~/F,
sans fonction entière autre que lesconstantes, qui
est àl’origine
de l’étude du casnilpotent
où on utiliseune caractérisation des groupes H tels que
O(G)H -
C.4. Le cas
nilpotent.
Le but de cette section 4 est de montrer
quelques
résultats sur lesgroupes
nilpotents généralisant
ceux sur les groupesabéliens,
notammentle théorème suivant.
THÉORÈME. - Soient G un groupe de Lie
nilpotent, complexe,
connexe et H un sous-groupe de G. Si
O(G)H - C
alors toute fonctionentière
H-représentative
est aussireprésentative.
On donne tout de suite la caractérisation des sous-groupes H fermés d’un groupe G satisfaisant
O(G)H - C,
dont onpeut
trouver une démons-tration dans
[11]
page62,
ou dans[7]
page 2.THÉORÈME 16. - Soient G un groupe de Lie
complexe, nilpotent,
connexe,
simplement
connexe, g sonalgèbre
de Lie et H un sous-groupefermé de G. Soient K sous-groupe connexe de G tel que
K/H
soit compact et t son
algèbre
de Lie. Soient [ = ~ n it et L le sous-groupe de Liecomplexe,
connexecorrespondant
à L Soit p laprojection canonique
de K sur
K/L.
On a la caractérisation= (C si et seulement si t + it = g et
p(H)
est dense dansK/L.
Ceci
généralise
les groupes de Cousin(le
cas G =C’).
Lepremier
résultat de cette
partie
est unegénéralisation
du théorème 8 dans le casnilpotent.
Les fonctions
représentatives.
On utilisequelques
théorèmesclassiques
sur la classification des groupes
nilpotents,
dont on trouve une démonstra-tion dans
[14],
page 144 et145,
théorème 6.8 et corollaire.THÉORÈME 17. - Lie-Kolchin - Soit G un sous-groupe de Lie connexe, résoluble de
Gln(C),
alors il existe P EGln(C),
tel queVg
EG, PgP-lsoit triangulaire supérieure.
Pour ceux de ces groupes
qui
sontalgébriques,
on a une classificationen terme de
produit
direct de tores et de sous-groupes formés de matricesunipotentes. Précisément,
on a leTHÉORÈME 18. - Soit G un sous-groupe de Lie
complexe, nilpotent,
connexe de
Gl,,(C),
alors G est leproduit
direct de deux de ses sous-groupes : G =
Gs
xGu,
oùGs
est l’ensemble des élémentsdiagonalisables
de
G,
etGu
est formée de matricesunipotentes (de
la forme Id +N,
avecN
nilpotente). Gs
est un torecomplexe
inclus dans le centre de G. Parailleurs, Gu
estnilpotent,
connexe etsimplement
connexe.On obtient la
caractérisation,
THÉORÈME 19. - Soit G un groupe de Lie
nilpotent,
connexe, sim-plement
connexe. Une fonctionf :
G - C continue estreprésentative
si etseulement si elle est un
polynôme exponentiel.
~ voir
[13],
théorème 2.10.Il faut
préciser
cequ’on
entend parpolynôme exponentiel
dans cecontexte.
DÉFINITION 20. - Une
exponentielle
est un caractère continu deG dans (~*
(dans
le cas G = RP on retrouve la définitionhabituelle, puisqu’il
est bien connuqu’un
caractère continu de est de la formeDÉFINITION 21. - Soit P : G -
C,
alors P estappelé polynôme
si et seulement
si,
pour une base(e1, ... , ep) de g,
la fonctionP : C, (xl, ... , xp)
HP o exp
+... est unpolynôme
en xl, ... , xpau sens
classique (cela
nedépend
pas de la basechoisie).
On
appelle
alorspolynôme exponentiel
toute fonctionappartenant
à laC-algèbre engendrée
par lesexponentielles
et lespolynômes.
Passons à la démonstration du théorème 19 et montrons d’abord
qu’une
fonctionreprésentative
continue est unpolynôme exponentiel.
Soit donc
f
une fonctionreprésentative
continue de G. Soit Vl’espace
vectoriel de dimension finie
engendré
par les translatées àgauche
def,
soit( fi , ... , fn)
une base de V et posonsF(u) _ (ll(U),..., In(u)).
On obtientune
représentation
continue p de G dans satisfaisantEn
posant u
= e dans cetterelation,
on voit que pour montrer quef
est un
polynôme exponentiel,
il suffit de montrer quechaque
coordonnéeC de p en est un.
On considère
H,
l’adhérence - au sens de latopologie
de Zariski de-zar
GIn(C) -
dep(G),
cequ’on
écrit H = Ils’agit
d’un sous-groupealgébrique
connexe,fermé, nilpotent
deGln(CC). Appliquons
le théorème 18 : H= Hs x Hu,
oùHU
est un sous-groupe connexe,simplement
connexe,nilpotent,
formé de matricesunipotentes
etHs
est un torecomplexe,
i.e.isomorphe
à un(C*)~,
inclus dans le centre de H.On a le résultat
classique d’algèbre
linéaire : Soit(Li)iEI
unefamille
de matrices carrées de même dimension à
coefficients
dans C. Si lesLi
commutent deux et sont
diagonalisables,
alors elles sont toutesdiagonalisables
dans une même base.On
applique
ce résultat aux éléments deHs qui
commutent deux àdeux
(théorème 18)
et on supposera dorénavant que V estrapporté
à unebase
qui diagonalise
les éléments deHs.
Le fait queHs
est inclus dans le centre de H permet dedécomposer
p enoù pl et p2 sont deux
représentations
de G dansHs
etHu respectivement
et
chaque
1 ~ i x n, est un caractère de G(les
autrescomposantes
:~ j,
sontnulles).
On s’intéresse maintenant à p2. On a le
diagramme
commutatifsuivant
où n est
l’algèbre
de Lie associée àHu.
Le sous-groupeHU
étantnilpotent,
connexe,
simplement
connexe, la fonctionExp
est unebijection
de n surHu.
Comme
Hu
est formé de matrices de la forme Id +N,
avec Nnilpotente,
on voit que
est
polynomiale.
Commedp2
estlinéaire,
il en est de même pour la fonctionExp
od p2 .
En utilisant ce
qui
a été dit sur pl , et ce que l’on vient de voir surp2, on constate que
chaque composante
pi,j : G ~ ~ de p est unpolynôme exponentiel
et doncf
est aussi unpolynôme exponentiel.
DMontrons maintenant que tout
polynôme exponentiel f
est unefonction
représentative.
Lepolynôme exponentiel f
s’écritoù
chaque xi
est un caractère de G etchaque Pi
est unpolynôme.
Il est clairque