Alg`ebre 2 – correction du TD2 2010-2011
Extensions de corps, g´ en´ eralit´ es
Exercice no 1 Soient K un corps, etP un polynˆome irr´eductible de degr´e n sur K. SiLest une extension deK de degr´e premier `an, montrer queP est irr´eductible surL.
Correction. Soit Q un facteur irr´eductible deP surL, et notons L0 un corps de rupture de Q dans L. Si α une racine de Q dans L. Le degr´e de l’extension L0/L est ´egal au degr´e de Q. Le corpsK[α] est un corps de rupture de P dans K, ce qui montre queK[α] :K] =n. On a l’´egalit´e
[L0 :K] = [L0 :L][L:K] = [L0 :K[α]][K[α] :K] =n[L0 :K[α]].
Commen est premier avec [L:K], n divise [L0 :L] = degQ. Comme le degr´e de Q est inf´erieur ou ´egal `a n, cela prouve que ce dgr´e vaut n, ce qui signifie que P est irr´eductible sur L.
Exercice no 2 Soit L/K une extension de degr´e 2.
1. Si la caract´eristique de K est diff´erente de 2, montrer qu’il existe x ∈ L tel que L = K(x) et x2 ∈ K. Montrer que K(√
x) et K(√
y) sont isomorphes commeK-alg`ebres si et seulement si yx−1 est un carr´e dans K.
2. Supposons que K est de caract´eristique 2. Montrer que si L n’est pas de la forme K(x) avec x2 ∈K, il existez ∈L tel que L=K(z) et z2−z ∈K. En d´eduire une classification des extensions de degr´e 2 de K `a isomorphisme de K-alg`ebre pr`es.
Correction.
1. Voir cours.
2. Avec les notations de l’´enonc´e, soit x ∈L\K. Comme L est de degr´e 2 sur K,L=K[x] et l’on a une relation du typex2 =ax+b aveca, b∈K. Comme par hypoth`esex2 n’est pas dans K, a est non nul. On peut alors ´ecrire
(x
a)2 = x a + b
a2. Sit = xa, on a donc L=K(t) et t2−t∈K.
Soient Let L0 deux extensionsK-isomorphes de degr´e 2 deK. Alors siL est engendr´ee par une racine carr´ee d’un ´el´ement K, c’est aussi le cas de L0, ce qui nous ram`ene au cas de la premi`ere question. Sinon, L et L0 sont toutes deux engendr´ees par des ´el´ementsyetz tels que y2−y =a etz2−z=b,aet b´el´ements deK. LesK-alg`ebresLetL0 sont alors isomorphes si et seulement si il existeµ∈K tel queµ2−µ=a−b. En effet, si les deux alg`ebres sont les mˆemes, on peut ´ecrire z =λy+µ. On a alors
b =z2 −z =λ2a+µ2−µ+λ(λ−1)y.
Commeb est dansK, cela implique λ= 1 et µ2−µ=a−b. La r´eciproque se traite de mˆeme.
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Exercice no 3 (Autour de la clˆoture alg´ebrique) 1. Dans C, consid´erons les corps K = Q(i), L = K(√
2), M = K(√4
2) et le corps Q des nombres alg´ebriques sur Q. Soit f ∈ AutK(L) l’automorphisme qui envoie√
2 sur son oppos´e. Montrer qu’il existe un automorphisme de M qui prolonge f, mais qu’il n’existe pas d’automorphisme involutif de M qui prolonge f.
2. Montrer que tout automorphisme de Q laisse M stable. En d´eduire qu’il n’existe pas d’automorphisme involutif deQ qui prolonge f.
3. Montrer qu’il n’existe pas d’applicationclˆoture alg´ebrique qui `a tout corps K associe un corpsK et un morphisme de corpsK →K et `a tout morphisme de corps f :K →Lassocie un morphisme f :K →L tel que le diagramme
K f //L
K //
OO
L
OO
commute et tel que pour tousf, g, on aitf ◦g =f◦g.
Correction.
1. M est le corps de d´ecomposition du polynˆome X4−2 sur K, c’est donc une extension normale de K. Consid´erons le morphisme L → Q d´efini comme le compos´e de f avec l’inclusion de L dans Q. D’apr`es le cours, il se prolonge `a M en un morphisme φ : M → Q. Comme M est le corps de d´ecomposition dans Q d’un polynˆome `a coefficients dans K, l’image de φ est contenue dans M, et c’estM pour des raisons de degr´e. L’automorphismef ainsi obtenu est bien un prolongement def.
Soit ψ un automorphisme involutif de M qui prolonge f. Le morphisme ψ envoie √4
2 sur une racine de X4 −2, soit sur ik√4
2 pour un certain entier k.
Comme f, et donc ψ, envoie i sur i, ψ envoie ik√4
2 sur (−1)k√4
2. Comme ψ est une involution, k est pair. Cela implique
ψ(√
2) =ψ(√4
2)2 = (−1)k√ 2 =√
2, ce qui est une contradiction.
2. On a vu que M est une extension normale de Q. Le corps M est donc globa- lement stable par automorphisme deQ. Le r´esultat suit.
3. Remarquons tout d’abord que si K est un corps, IdK =IdK. En effet, on a IdK◦IdK =IdK =IdK◦IdK
ce qui implique le r´esultat.
Soient maintenantLetf comme plus haut. Commef est une involution, l’as- sertion pr´ec´edente montre que f est une involution. Cela implique, puisque deux clˆotures alg´ebriques de L sont isomorphes, l’existence d’un automor- phisme involutif de Q qui prolonge L. On obtient bien une contradiction.
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Quelques calculs explicites
Exercice no 4
1. D´eterminer le polynˆome minimal de√ 2 +√
3.
2. Quel est le degr´e de l’extension engendr´ee par √5
10 +√3 7 ?
Correction.
1. Soit
P(X) = (X−√ 2−√
3)(X+√ 2−√
3)(X−√ 2+√
3)(X+√ 2+√
3) =X4−10X2+1.
Le polynˆome P est un polynˆome `a coefficients entiers qui annule √ 2 +√
3.
PuisqueP n’a pas de racine dansQ, siP n’est pas irr´eductible, il a un facteur irr´eductible de degr´e 2 `a coefficients dans Q. L’expression donn´ee ci-dessus de P comme produit de polynˆomes de degr´e 1 permet de se convaincre facilement que ce n’est pas le cas.
2. Soit α = √5
10 +√3
7. On peut commencer par montrer en utilisant le crit`ere d’Eisenstein queL=Q(√2
10,√3
7) est de degr´e 15 sur Q. Montrons queQ(√3
7) est l’unique sous-corps de degr´e 3 deL. SoitK un sous- corps de dimension 3 sur Q. Si le polynˆome X3−7 n’est pas irr´eductible sur K, K(√3
7) est un sous-corps de degr´e 9 de L, ce qui est impossible car 9 ne divise pas 15. Il a une racine dans K, c’est une racine r´eelle car les ´el´ements deK sont r´eels, c’est donc √3
7, et K =Q(√3 7).
De mˆeme, siK est un sous-corps de degr´e 5, on peut voir queX5−10 n’est pas irr´eductible sur K. S’il n’a pas de racine dans K, il a un diviseur de degr´e 2 irr´eductible dans K. Ses racinesαetβ v´erifient alorsα+β ∈K ⊂R. Comme elles sont de la forme ζi√5
10 avec ζ = e2iπ5 , l’examen des racines 5-i`emes de l’unit´e montre que l’on a obligatoirement αβ = √5
102. Donc √5
102 ∈ K.
Comme 2 et 5 sont premiers entre eux, on a alors √5
10∈K etK =Q(√5 10).
Ces deux r´esultats impliquent sans difficult´e que le sous-corps engendr´e parα est de degr´e 15.
Exercice no 5 Soit K =Q(√3
2, j) o`u j =e2iπ/3 ∈C.
1. D´eterminer le degr´e deKsurQ, et exprimerKcomme corps de d´ecomposition d’un polynˆome bien choisi.
2. D´eterminer tous les sous-corps de K ainsi que leur degr´e.
3. Donner un polynˆome irr´eductible de degr´e 3 `a coefficients rationnels dont le corps de d´ecomposition est de degr´e 3 surQ.
Correction.
1. On v´erifie sans difficult´e que √3
2 est de degr´e 3 sur Q car racine de X3 −2.
Sij ´etait dans Q(√3
2), il engendrerait une extension de degr´e 2 de Q incluse
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dans Q(√3
2, ce qui est impossible car 2 ne divise pas 3. Comme j est racine deX2+X+ 1,K est une extension de degr´e 2 deQ(√3
2, doncK est de degr´e 6 sur Q. Les racines du polynˆome X3−2 dans C sont √3
2, j√3
2 etj2√3 2, ce qui montre queK est le corps de d´ecomposition de X3−2.
2. Les nombres √3 2, j√3
2 et j2√3
2 sont les trois racines du polynˆome X3 − 2 et ce dernier est irr´eductible sur Q. Ils sont donc tous trois de degr´e 3 sur Q. Ils engendrent des sous-corps diff´erents, d’o`u plusieurs sous-corps de L = Q(j,√3
2) : Q, Q(j) de degr´e 2, Q(√3
2), Q(j√3
2), Q(j2√3
2) de degr´es 3 et L lui-mˆeme de degr´e 6. Nous allons montrer que ce sont les seuls. Soit K un sous-corps deLqui soit diff´erent deQ et deL. Son degr´e divise 6, c’est donc 2 ou 3. Supposons K de degr´e 2. Si j /∈ K, K(j) serait de degr´e 2 sur K, donc de degr´e 4 sur Q, c’est impossible ´etant donn´e que 4 ne divise pas 6. Si maintenantK est de degr´e 3 et ne contient aucune des trois racines deX3−2, ce dernier est irr´eductible surK et donc K(√3
2) est de degr´e 3 sur K, donc 9 surQ. Encore une fois, 9 ne divise pas 6, ce qui conclut.
3. On rappelle la formule de trigonom´etrie
cos 3x= 4 cos3x−3 cosx.
SoitP(X) = 4X3−3X−12. Les racines deP sont cosπ9, cos(π9 +2π3 ) = −cos2π9 et cos(π9 − 2π3 ) =−cos4π9 . Il est facile de voir que ces trois racines engendrent le mˆeme corps, ce qui montre que le corps de d´ecomposition deP est de degr´e 3 sur Q. On pourra voir le TD 3 pour un examen d´etaill´e de cette question.