Transformateur ´electrique
Pour des raisons pratiques (voir chapitre suivant), le courant produit par les centrales ´ electriques est sinuso¨ıdal dont la valeur efficace n’est pas la mˆ eme partout sur le r´ eseau : 400 000 V dans les lignes hautes tension, 20 000 V dans une ligne moyenne tension et 220 V aux bornes d’une prise de courant (l` a encore pour des raisons pratiques : transporter une grande puissance est plus efficace ` a haute tension, donc ` a basse intensit´ e, en raison de l’effet Joule).
Le but du transformateur ´ electrique est de convertir une tension alternative en une tension alternative de mˆ eme fr´ equence mais de valeur efficace diff´ erente. Le principe du transformateur repose sur le couplage par inductance mutuelle de 2 circuits, donc sur l’induction de Neumann. C’est une conversion statique de puissance.
I Ferromagn´ etisme
Les mat´ eriaux magn´ etiques se caract´ erisent par leur comportement lorsqu’ils sont soumis ` a un champ magn´ etique ext´ erieur. Ils s’aimantent plus ou moins lors de l’application du champ, et certains mat´ eriaux sont capables de conserver un champ magn´ etique apr` es disparition du champ magn´ etique ext´ erieur.
I.1 Rappel : Moment magn´ etique d’un circuit
Un circuit d´ elimitant une surface Ý Ñ S orient´ ee en fonction de l’intensit´ e i qui parcourt le circuit poss` ede un moment magn´ etique
~ m i Ý Ñ S I.2 Aimantation
On mod´ elise la mati` ere magn´ etique par un ensemble de dipˆ oles magn´ etiques. Le moment dipolaire magn´ etique d ~ m (A m
2) d’un volume m´ esoscopique dτ (m
3) de mati` ere magn´ etique est alors donn´ e par
d ~ m ÝÑ Mdτ
o` u ÝÑ M (en A m
1) est le vecteur aimantation qui est par d´ efinition un vecteur densit´ e volumique de moment dipolaire.
I.3 Excitation magn´ etique
On peut montrer que le champ vectoriel aimantation ÝÑ M est ´ equivalent ` a un champ cr´ ee par une distri- bution de courants ´ electriques volumiques ~j
1ÝÑ rot ÝÑ M. Ces courants volumiques sont aussi appel´ es courants amp` eriens. Ils imposent, dans le cadre de l’ARQS (qui sera toujours le cadre d’´ etude des transformateurs), de modifier l’´ equation de Maxwell Amp` ere
ÝÑ rot Ý Ñ B µ
0p ~j ~ j
1q Si on remplace ~j
1par son expression, on obtient
ÝÑ rot ÝÑ B
µ
0ÝÑ M
~j
On d´ efinit alors l’excitation magn´ etique Ý Ñ H Ý Ñ H Ý Ñ B
µ
0ÝÑ M
Dans la mati` ere aimant´ ee, l’´ equation de Maxwell-Amp` ere devient ÝÑ rot Ý Ñ H ~j
et en version int´ egrale, le th´ eor` eme d’Amp` ere
¾
Γ
Ý Ñ H d~l
¼
Σ
~j d Ý Ñ S I
enlac´eRemarques Le champ magn´ etique Ý Ñ B est d´ esormais difficilement calculable puisqu’il d´ epend des cou- rants amp` eriens dont on ne sait rien ` a notre niveau, ` a part qu’ils sont une mod´ elisation correcte des ph´ enom` enes microscopiques. Il faut donc se contenter de calculer l’excitation magn´ etique Ý Ñ H en utilisant les m´ ethodes que l’on utilisait pour calculer le champ Ý Ñ B dans le vide ou dans la mati` ere non aimant´ ee.
La description plus fine des m´ ecanismes produisant l’aimantation fait appel ` a une description quantique de la mati` ere. S’il est ais´ e de comprendre, avec la repr´ esentation classique d’un ´ electron tournant autour du noyau, la pr´ esence de moments dipolaires magn´ etiques dans la mati` ere sous forme de petites spires de courant, il en va autrement lorsque l’on passe ` a une repr´ esentation quantique qui d´ etruit la notion de trajectoire. On gardera cependant ` a l’esprit que le mouvement de rotation est souvent li´ e ` a la conservation d’un moment cin´ etique, notion qui elle garde tout son sens en m´ ecanique quantique, et est mˆ eme ´ etendue
`
a la notion de moment cin´ etique intrins` eque, le spin.
I.4 Milieux magn´ etiques lin´ eaires, homog` enes et isotropes (LHI) Milieu lin´ eaire Un milieu lin´ eaire est un milieu tel que, localement
ÝÑ M p M q K p M qÝ Ñ H p M q
o` u K p M q est ` a priori une matrice qui d´ epend du point M .
Milieu homog` ene La matrice K p M q ne d´ epend pas du point M .
Milieu isotrope La matrice K ne d´ epend pas de la direction de l’espace. C’est donc une matrice diagonale dont les coefficients sont tous ´ egaux. K est donc simplement une constante scalaire (tout ¸ca pour ¸ca !).
Susceptibilit´ e magn´ etique La constante K, souvent not´ ee χ
mest appel´ ee susceptibilit´ e magn´ etique, et est une grandeur sans dimension.
Perm´ eabilit´ e magn´ etique relative Dans un mat´ eriau LHI, on peut donc ´ ecrire Ý
Ñ H Ý Ñ B
µ
0χ
mÝ Ñ H
donc Ý Ñ B µ
0p 1 χ
mqÝ Ñ H
On d´ efinit alors la perm´ eabilit´ e magn´ etique relative, grandeur sans dimension µ
r1 χ
met on ´ ecrit
Ý
Ñ B µ
0µ
rÝ Ñ H µ Ý Ñ H
On peut donc traiter les milieux LHI comme les milieux non aimant´ es en rempla¸ cant simplement µ
0par µ (voir sujet DST sur l’induction).
Types de milieux LHI On distingue deux types de milieu LHI :
– les milieux diamagn´ etiques, pour lesquels χ
m0 est faible. L’aimantation est oppos´ ee ` a l’excitation magn´ etique impos´ ee.
– les milieux paramagn´ etiques, pour lesquels χ
m¡ 0 est faible. L’aimantation est de mˆ eme sens que l’excitation magn´ etique impos´ ee.
Milieux non lin´ eaires, homog` enes et isotropes Dans le cas des transformateurs, afin d’obtenir une bonne canalisation du flux du champ magn´ etique, on utilise des mat´ eriaux ferromagn´ etiques dont la perm´ eabilit´ e magn´ etique relative est tr` es grande. Le mat´ eriau n’est cependant plus lin´ eaire. En particulier, µ
rd´ epend en g´ en´ eral de l’excitation magn´ etique, mais aussi de l’´ etat magn´ etique ant´ erieur du mat´ eriau (on parle de ph´ enom` ene d’hyst´ er´ esis). On simplifiera l’´ etude des transformateurs utilisant ce type de
mat´ eriau en consid´ erant une aire de cycle d’hyst´ er´ esis suffisamment faible pour assimiler le cycle ` a une droite.
II Transformateur ´ electrique
II.1 Couplage magn´ etique entre 2 circuits
Soient deux circuit filiformes d’inductances propres L
1et L
2. Soit M le coefficient d’inductance mutuelle entre ces deux circuits. Les coefficients v´ erifient
M
2¤ L
1L
2D´ emonstration On note Ý Ñ B le champ cr´ ee par les courants parcourant les 2 circuits. Par d´ efinition, l’´ energie magn´ etique E
mest ´ egale ` a l’int´ egrale sur tout l’espace de la densit´ e volumique d’´ energie magn´ etique
B2
2µ0
. Elle est donc positive ou nulle.
Par ailleurs, cette ´ energie s’exprime en fonction des coefficients d’induction et des courants E
m1
2 L
1i
21M i
1i
21 2 L
2i
22En factorisant par i
21, on obtient
E
mi
221
2 L
1i
21i
22M i
1i
21 2 L
2qui est un polynˆ ome de degr´ e 2 de variable
ii12
. Ce polynˆ ome est positif ou nul quelque soit la valeur de la variable puisque E
m¡ 0, ce qui implique que le discriminant est n´ egatif (pas de racines r´ eelles non nulles)
M
24 1 2 1
2 L
1L
2¤ 0 et donc
M
2¤ L
1L
2On appelle couplage magn´ etique parfait un couplage entre deux circuit filiformes tels que M
2L
1L
2II.2 Constitution du transformateur ´ electrique
Quelques m´ etaux, dont le fer, ont la propri´ et´ e de canaliser les lignes de champ magn´ etique. Ces mat´ eriaux sont dits ferromagn´ etiques.
Un transformateur ´ electrique est un quadrupˆ ole compos´ e de deux enroulements de fil autour d’un tore de mat´ eriau ferromagn´ etique. L’enroulement de gauche, constitu´ e de N
1spires, est appel´ e enroulement primaire. L’enroulement de droite, constitu´ e de N
2spires, est appel´ e enrou- lement secondaire. En canalisant les lignes de champ magn´ etique, le mat´ eriau ferromagn´ etique assure un couplage presque parfait entre les deux enroulements.
On peut trouver deux type de sch´ ema conventionnels du transformateur ´ electrique. Nous utiliserons
dans la suite le sch´ ema (b).
Bornes homologues L’orientation des enroulements primaire et secondaire est telle que leur normale (obtenue avec les r` egles habituelles) est dans le sens choisi pour l’orientation du circuit magn´ etique. On rep` ere alors par deux points une paire de bornes homologues du transformateur : cette paire est compos´ ee de la borne du primaire et de celle du secondaire par o` u rentre un courant qui donne un flux positif avec la convention d’orientation pr´ ec´ edente.
i
1i
2i
1i
2Ý Ñ S S~ e
θ~
n
i1Ý Ñ S 0
~
n
i2Ý Ñ S ¡ 0
i
1i
2i
1i
2Ý Ñ S S~ e
θ~ n
i1Ý Ñ S ¡ 0
~ n
i2Ý Ñ S ¡ 0
i
1i
2u
1u
2II.3 Mod` ele du transformateur parfait Un transformateur est dit parfait ou id´ eal si :
– le couplage magn´ etique entre les deux enroulements est parfait
– la puissance ´ electrique re¸cue par le primaire est int´ egralement transf´ er´ ee au secondaire : il n’y a pas de pertes dans le transformateur.
Ce mod` ele permet des calculs simples et une compr´ ehension du comportement du transformateur ´ electrique.
Le champ magn´ etique ´ etant parfaitement canalis´ e, le flux φ a la mˆ eme valeur ` a travers toute section du tore. On l’appelle flux commun.
On oriente la section Ý Ñ S du tore. On consid` ere par ailleurs pour faciliter le calcul que l’excitation
magn´ etique est homog` ene sur une section du tore, ce qui est vrai si la dimension caract´ eristique de
la section est petite devant le rayon R du tore.
Le mat´ eriau est un mat´ eriau LHI de perm´ eabilit´ e magn´ etique relative µ
rque l’on consid´ erera comme tr` es grande.
i
1i
2i
1i
2Ý
Ñ S S~ e
θu
1u
2Calcul du flux du champ magn´ etique Par sym´ etrie, l’excitation magn´ etique Ý Ñ H est un vecteur orthoradial, puisque le plan pO, ~ e
zq est plan de sym´ etrie. Par ailleurs, il y a invariance par rotation autour de p O, ~ e
zq , donc Ý Ñ H ne d´ epend pas de θ. Pour finir, on suppose que le tore est suffisamment grand pour que l’excitation soit homog` ene dans une section du tore, donc la valeur de Ý Ñ H est constante. On a donc
Ý
Ñ H H~ e
θOn applique le th´ eor` eme d’Amp` ere ` a un cercle d’axe p O, ~ e
zq et de rayon R pour calculer l’excitation
magn´ etique ¾
Γ
Ý
Ñ H d~l 2πRH N
1i
1N
2i
2Le signe venant de l’orientation relative des spires parcourues par i
1et Ý Ñ S . On a donc Ý
Ñ B µ
0µ
rÝ Ñ H
donc Ý Ñ B a les mˆ emes propri´ et´ es g´ eom´ etriques que Ý Ñ H . On peut alors calculer le flux magn´ etique commune
`
a travers la section S du tore
φ Ý Ñ B Ý Ñ S N
1i
1N
2i
22πR µ
0µ
rS Coefficients d’inductance D’apr` es la loi de Faraday
e
1dφ
1dt N
1dφ
dt et e
2dφ
2dt N
2dφ dt u
1et u
2sont en convention g´ en´ erateur donc
u
1e
1N
1dφ
dt et u
2e
2N
2dφ
dt
que l’on peut exprimer en explicitant φ u
1N
1µ
0µ
rS 2πR
N
1di
1dt N
2di
2dt
et
u
2N
2µ
0µ
rS 2πR
N
1di
1dt N
2di
2dt
Par ailleurs, par d´ efinition, en convention g´ en´ erateur u
1L
1di
1dt M di
2dt
et u
2L
2di
2dt M di
1dt
donc par identification
L
1N
12µ
0µ
rS
2πR M N
1N
2µ
0µ
rS
2πR L
2N
22µ
0µ
rS 2πR On trouve que la condition de couplage parfait M
2L
1L
2est bien remplie.
II.4 Propri´ et´ es du transformateur parfait
Rapport de transformation en tension On peut calculer le rapport u
2u
1N
2N
1m o` u m est appel´ e rapport de transformation.
Rapport de transformation en intensit´ e On a vu que φ N
1i
1N
2i
22πR µ
0µ
rS Si µ
rÑ 8 , alors le le flux doit rester born´ e, ce qui impose
N
1i
1N
2i
20 soit, en faisant intervenir le rapport de transformation m
i
1mi
2donc i
2i
11 m
Transfert de puissance La puissance consomm´ ee dans l’enroulement primaire p
1vaut p
1u
1i
1. La puissance consomm´ ee dans l’enroulement secondaire vaut p
2u
2i
2, donc la puissance c´ ed´ ee par l’enroulement secondaire vaut p
12p
2u
2i
2. On peut alors exprimer le rapport
p
12p
1u
2i
2u
1i
1u
2u
1i
2i
1m 1 m 1
ce qui montre que la puissance consomm´ ee dans l’enroulement primaire est int´ egralement fournie par le
secondaire au circuit qui lui est attach´ e.
II.5 Transfert d’imp´ edance
Vu de l’enroulement primaire, l’ensemble secondaire+charge est ´ equivalent ` a un dipˆ ole dont on peut d´ eterminer l’imp´ edance ”ramen´ ee en entr´ ee” Z
r.
i
1i
2u
1u
2Z
On se place donc en r´ egime sinuso¨ıdal de pulsation ω avec une imp´ edance en circuit avec l’enroulement secondaire. Par d´ efinition
Z u
2i
2car on est en convention g´ en´ erateur.
u
2mu
1et i
21 m i
1donc
Z mu
1 m1i
1m
2u
1i
1et donc
u
11
m
2Zi
1Z
ri
1o` u Z
rest bien l’imp´ edance totale de l’enroulement secondaire et de la charge Z vus du primaire.
III Transformateur r´ eel et applications
III.1 Transformateur r´ eel
Cette partie traite d’un certain nombre de ph´ enom` enes intervenant dans le transformateur r´ eel, en particulier les pertes ignor´ ees jusque l` a. On ne donnera ici que quelques indications dans la mesure ou le traitement de ces pertes est hors programme.
III.1.1 Courant magn´ etisant
On reprend l’´ etude du transformateur en supposant cette fois ci que la perm´ eabilit´ e magn´ etique relative µ
rn’est pas infinie. Dans ce cas
φ N
1i
1N
2i
22πR µ
0µ
rS On en d´ eduit
N
1i
12πR
µ
0µ
rS φ N
2i
2donc i
12πR
N
1µ
0µ
rS φ N
2N
1i
2Si le secondaire ne d´ ebite pas de courant, on constate cependant que l’intensit´ e i
1est non nulle. Ce courant est appel´ e courant magn´ etisant
i
m2πR
N
1µ
0µ
rS φ
La puissance absorb´ ee par le transformateur n’est alors pas nulle. Par ailleurs, on peut remarquer que u
1N
1dφ dt N
1N
1µ
0µ
rS 2πR
di
mdt N
12µ
0µ
rS 2πR
di
mdt L
mdi
mdt
ce qui montre qu’on peut mod´ eliser le courant magn´ etisant par une inductance plac´ ee en parall` ele ` a l’entr´ ee du transformateur.
i
1i
2u
1L
mu
2i
mIII.1.2 Pertes cuivre
Les pertes cuivre sont les pertes li´ ees ` a la r´ esistance non nulle des enroulements secondaire et primaire.
Elles sont prises en compte en rajoutant des r´ esistances en s´ erie R
1et R
2. Ce sont des pertes par effet Joule.
III.1.3 Inductances de fuite
Dans le mod` ele du transformateur r´ eel, le couplage entre les deux enroulements n’est plus consid´ er´ e comme parfait, en raison de la canalisation imparfaite du flux par le mat´ eriau ferromagn´ etique. On tient compte de cette imperfection en ´ ecrivant
φ
1loomoon N
1φ
partie commune
L
1fi
1loomoon
f uite au primaire
et φ
2loomoon N
2φ
partie commune
L
2fi
2loomoon
f uite au secondaire