Croissance et environnement
Franc¸ois Langot
Le Mans Universit´e (GAINS-TEPP, IRA) Paris School of Economics
Cepremap (ENS-Paris) Insitut Universitaire de France
L2 – Croissance – 2019-2020
Introduction d’un facteur non accumulable
On suppose une fonction de production Cobb-Douglas est le la forme :
Yt=Ktα(AtLt)βTφ avecα+β+φ= 1
I Nouveau facteur de production : la terre T.
I Ce facteur n’est pas indic´e du temps t : c’est un facteur fixe que l’on ne peut pas accumuler.
I La somme des exposants est ´egale `a 1, ce qui assure dans une Cobb-Douglas que les rendements d’´echelle sont constants.
Donc la production par tˆete est :
yt= Ktα(AtLt)βTφ Lt
Calcul du taux de croissance
I Prenons la d´eriv´ee logarithmique : dy
y = αdK
K +β dA A
|{z}=g
+β dL L
|{z}=n
+φ dT T
|{z}
=0
− dL L
|{z}=n
= αdK
K +βg−(1−β)n
I Si la croissance est ´equilibr´ee, alors dYY = dKK et donc
dy
y ≡ dYY −n= dKK −n I On d´eduit alors
dy
y = α dy
y +n
+βg−(1−β)n
⇒ dy
y = βg−(1−α−β)n
1−α = βg−φn 1−α
Compatibit´ e entre croissance et environnement
I On ne peut avoir de la croissance par tˆete `a taux constant que si :
βg −φn
Il faut donc que le progr`es technologique croisse `a un taux sup´erieur `a :
g > φ βn
I Est-ce possible ? On se donne des valeurs empririquements observables :
φ= 0.15, α= 0.25, β = 0.6 Donc on doit avoir
g >(0.15×0.01)/0.6 = 0.25%
ie. un taux de croissance tr`es faible du progr´es technique.
⇒ Fort possible !
Compatibit´ e entre croissance et environnement
I Avant 1820,g ≈0, donc la croissance par tˆete est : dy
y = −φn 1−α
Ainsi pour maintenir un niveau de vie constant dy/y = 0 il faut que le taux de croissance de la population soit nul (n= 0).
⇒ C’est le cas du mod`ele malthusien.
I Apr`es 1820, le progr`es technique croˆıt `a un rythme de 2%...
mais la population a augment´e `a un rythme ´equivalent.
Ainsi si g ≈n, il y a de la croissance tant queβ > φ, ie. tant que la part de r´emun´eration du travail dans le revenu est sup´erieure `a la part de la r´emun´eration de la terre (rente fonci`ere) dans le revenu.
⇒ L’exploitation des travailleurs par les propri´etaires fonciers nuit `a la croissance.
Introduction d’une ressource ´ epuisable
Ici l’extence d’un sentier de croissance est encore plus incertaine.
I La pr´esence d’une ressource ´epuisable n´ecessite de faire une hypoth`ese sur le pr´el`evement de cette ressource rare.
I On suppose que l’on dispose `a la date 0 d’un stockR0. I A chaque p´eriode t, on pr´el`eve un montantEt. La dynamique
de la ressource ´epuisable est :
Rt =Rt−1−Et ⇔dRt=−Et
I On suppose que ce pr´el`evement est une part constante du stock restant :
Et =sERt
I La dynamique de la ressource ´epuisable est donc : dRt=−sERt ⇒ dRt
Rt =−sE I La fonction de production est :
Yt =Ktα(AtLt)βEtφ avecα+β+φ= 1
Croissance et ressource ´ epuisable
I La production par tˆete est :
yt= Ktα(AtLt)β(sERt)φ Lt
I La d´eriv´ee logarithmique de cette fonction conduit `a dyt
yt =αdKt
Kt +β dAt
At
|{z}=g
+β dLt
Lt
|{z}=n
+φdsE,t sE,t
| {z }
=0
+φ dRt
Rt
=−s|{z}E
−dLt
Lt
|{z}=n
I La croissance ´equiilibt´ee imposant dYKt
t = dYKt
t et donc
dyt
yt = dYYt
t −n, on a dyt
yt
= βg −φsE−(1−α−β)n
1−α = βg−φ(sE+n) β+φ
Quelles restrictions pour avoir une croissance perp´ etuelle avec ressource ´ epuisable ?
I La croissance est durablement positive si : βg > φ(sE +n) On peut en tirer deux conclusions :
1. Pour une part de pr´el`evement donn´eesE, on peut trouver le taux de croissance du progr`es technique n´ecessaire :
g > φ(sE+n) β
2. Pour un niveau de progr`es technique le pr´el`evement ne doit pas d´epasser :
sE <βg −φn
φ =β
φg −n
Est-ce r´ ealiste d’envisager une croissance perp´ etuelle avec ressource ´ epuisable ?
I Empiriquement, si n=g = 0.01,φ= 0.1,β = 0.6 etα= 0.3, alors le taux de pr´el`evement doit ˆetre inf´erieur `a
0.6
0.1 ×0.01−0.01 = 5%.
⇒ Il ne faut pas extraire plus de 5% des ressources restantes.
I Si les r´eserves prouv´ees de p´etrole sont de 1 492 000 millions de barils et que l’on extrait 34 675 millions de barils par ans cela fait 2,3%, ce qui est donc inf´erieur au 5% du calcul ci-dessus.
I Tout est donc possible tant que la croissance des connaissances (g) est suffisement grande