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Étude des ossements humains de Mechta-el-Arbi

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Étude des ossements humains de Mechta-el-Arbi

LAGOTALA, Henri

LAGOTALA, Henri. Étude des ossements humains de Mechta-el-Arbi. Recueil des notices et mémoires de la Société archéologique, historique et géographique du Département de Constantine, 1923, vol. 55, p. 145-166

DOI : 10.11588/DIGLIT.13135.12

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:150743

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(2)

ÉTUDE des OSSEMENTS HUMAINS

DE

MECHTA-EL-ARBI

Henri LAGOTALA

docteur ès-sciences

PRIVAT-DOCENT à l'Université de Genève.

Notre collègue et ami M. Debruge, le vaillant explo-

rateur du préhistorique nord-africain, a bien voulu

nous demander l'étude des fossiles humains qu'il a découverts. Nous avons accepté avec plaisir cette de- mande, persuadé de l'intérêt qu'elle présente dans l'histoire générale des races anciennes. Ces os ont été trouvés dans un niveau archéologique aurignacien,

d'après M. Debruge.

Il semblerait que les hommes de cette époque indus- trielle devraient présenter de grandes analogies avec les

préhistoriques d'Europe. Nous verrons dans l'étude qui suit ce qui en est. Mais nous voudrions tout de suite attirer l'attention du lecteur sur un point qui est le suivant. Pour nous, l'industrie et-les formes typiques sont des faits sociaux et non pas géologiques. Nous voulons dire par là que nous ne pensons pas qu'il y ait forcément entre l'aurignacien du Nord de l'Afrique et celui de France par exemple, une contemporanéité parfaite. Il ne faudra donc pas s'étonner si à Mechta- el-Arbi les formes humaines dites aurignaciennes ne

(3)

sont pas identiques aux formes humaines « aUrignâ- ciennes » ou « moustériennes » de France.

Cela dit, il n'en reste pas moins un intérêt immense dans l'étude de ces fossiles humains qui sont à l'heure actuelle parmi les plus anciens documents anthropo- logiques du Nord de l'Afrique.

Encore une fois nous remercions, ici, vivement notre collègue et ami M. Debruge de sa grande et

parfaite amabilité.

Laboratoire de Sciences naturelles Henri LAGOTALA.

du Collège de Genève. Docteur ès-Sciences.

Novembre 1924.

(4)

— 147 -

Crâne Masculin N° 1 H

A première vue, ce crâne étonne par son aspect fruste et sa bestialité. Le caractère dominant est celui des arcades sourcilières proéminentes formant- une

véritable visière sus-orbitaire, le frontal pincé et

fuyant contribue, avec le caractère précédent, à l'aspect brutal de ce crâne. Les bosses frontales ne sont pas individualisées, mais sur la ligne médio-frontale s'af- firme un bombement important. La glabelle, bien mar- quée, fait saillie sur la visière frontale. Les trous sus- orbitaires sont remplacés par une ouverture bérnis- phérique d'environ 3 à 4 millimètres de diamètre (fig.

1, 2, 3).

En norma latéralis le crâne montre un contour bien ordonné. La voûte n'est pas surbaissée. Les crêtes temporales bien marquées se suivent sans interrup- tion sur le frontal, le pariétal et de là rejoignent, par une courbe très nette, les régions sus-auriculaires, où elles se confondent bientôt avec la crête supérieure de l'arcade zygomatique éloignée des parois temporale et sphénoïdale, montre une fosse temporale importante.

L'arcade zygomatique est inclinée d'avant en arrière (fig. 2). L'occipital est légèrement en saillie près de sa jonction avec les temporaux. Quant aux mastoïdes

volumineux, ils continuent presque vers l'avant la

courbe occipitale inférieure. Les os temporaux sur- baissés, sont surtout développés dans le sens antéro- postérieur.

En norma supérior (fig. 2) le pincement du frontal frappe immédiatement de même la visière frontale et l'indépendance des crêtes temporales. L'aspect d'en- semble est celui d'un crâne bien allongé mais sans

exagération. La face proémine par ses os naseaux, ses

(5)

bords orbitaires inférieurs et son maxillaire. Le fort développement bijugal est bien mis en relief, de même que la grande valeur du diamètre lizygomatique.

Vu par la norma posterior, la tête osseuse présente une forme nettement pentagonale (fig. 3) et de même que la norma superior laisse deviner une légère défor- mation latérale post-mortem.

L'occipital se joint avec les pariétaux au lambda par l'intermédiaire d'un petit os wormien, légèrement dé- saxé sur le côté droit. La ligne courbe supérieure de l'occipital forme une crête excessivement marquée et qui à Finion forme un bec. La ligne courbe inférieure est très nettement indiquée.

Si nous considérons le crâne en norma inferior (fig.

4), la saillie des arcs zygomatiques est une des pre- mières choses que nous remarquons, de même l'indi- cation de fosses digastriques (profondément entaillées.

Sur le côté gauche une seconde rainure de l'occipital court parallèlement à 5 millimètres de distance de la fosse digastrique. L'arc mandibulaire supérieur est d'une forme elliptique très régulière et la voûte pala- tine est profonde.

La norma anterior (fig. 5) accuse immédiatement la plagiocéphalie. Cette face apparaît comme puissante avec ses bords sus-orbitaires qui dominent des orbites inclinées d'arrière en avant et du centre vers l'exté- rieur. La forme est légèrement allongée dans le sens transversal sans cependant accuser le type des orbites de l'homme de Cro-Magnon. Les fosses canines sont marquées, les os malaires présentent un diamètre bi- malaire très grand. Le nez est large. L'arc dentaire présente une particularité. Les deux fosses alvéolaires des incisives médianes sont très peu développées et

(6)

- 149 -

comme Bertholon nous pensons que le sujet a subi très

jeune l'extraction des deux dents correspondantes.

Comme ce caractère existe aussi sur la mandibule in- férieure et qu'il se répète sur l'autre crâne que nous étudierons plus loin, nous sommes d'accord avec Ber- tholon pour attribuer ces faits à un rite. Bertholon si- gnale aussi le limage « de la table antérieure des inci- sives » et ajoute que « des mutilations analogues se

pratiquent encore de nous jours parmi nombre de

tribus nègres africaines, notamment près des grands lacs ».

Quant au maxillaire inférieur, un menton saillant vient lui enlever tout ce que sa robusticité eut pu lui donner de primitif.

Les sutures crâniennes sont peu visibles. C'est no- tamment le cas pour les fronto-pariétales, la sagittale.

Les temporo-pariétales sont presque fermées. La sutu- re occipitale est d'un dessin simple.

Carie dentaire. — Bertholon signale trois dents avec carie. Pour ma part, je crois qu'il y faut ajouter une carie du collet de la première prémolaire gauche supé- rieure. Les dents sont toutes excessivement usées.

MENSURATIONS

DIAMETRES m/m

antéro-post... 196

métopique... 183

transversal... 150

frontal mini... 95

frontal max... 113

auriculo-bregm . . 113 biorbitaire ext. . . . 114

biorbitaire int.... 27

orbitaire larg ... 42

orbitaire haut, ... 35

naso-alvéol... 72

haut nasale... 30

larg. nasale... 53

alvéolo-spinal.. 18

bijugal... 119,5 bi mastoïdien.., 138

DIAMETRES m/m bizygomatique.. 143

ophryo-alvéolaire .. 78

antéro post palatin. 49 transverse ext. paiat 70 transverse ini. palat 47 MaX inférieur hauteur du menton. 34 larg. entre III et IV mol 71 hauteur condyl.. 76

haut a l'échancrure corono conoylienne. 60 largeur bigoniaque. 118 larg. minbranchement. 45 largeur mentonnière '48.5 larg. min, bran- che montante... 34

COURBES m/m horiz tôt... 540

transvers... 470

i auric bregm... 314

frontale... 130

nas. métop... 34

bregma lambda. . . 130

lambda opisthida.. 122

ANGLES : mandibulaire... 120*

crâniens : voir texte,

(comparaisons)

(7)

— 150 —

INDICES : naso alv ^

facial

lizygom I — 50 cophalique...

iVunto transver:a

76.0 03.3 56 6 83 3 rasai . ..

orbitai: e.

En résumé, nous sommes en présence d'un crâne très robuste, aux arcades sourcitières saillantes et aux impressions musculaires bien marquées. Par son in- dice céphalique de 76,6, ce crâne se place parmi les dolichocéphales. A ce caractère de dolichocéphale, peu accentuée il est vrai, se joint celui de la platyrhi- nie pour le nez; les orbites, elles, sont microsèmes

mais avec tendance à être mésosème.

Le diamètre fronto-transversal montre le pincement du frontal. Le maxillaire inférieur (fig. 6 et 7) est ro- buste sans cependant atteindre pour la branche mon- tante un développement transversal exagéré. Le men- ton est bien formé. L'arc dentaire forme une parabole sans tendance à la forme en U. Par son angle mandi- bulaire de 120°, ce maxillaire se place parmi ceux des hommes évolués.

Crâne féminin N.° 2 F

(correspond au squelette 2 F fig. 8J

Il produit, comparé au crâne n° 1, une impression de faiblesse. Cependant il est par rapport aux crânes modernes, bien constitué. Il diffère en tout du crâne précédemment étudié si ce n'est par quelques petits détails.

Nôrma verticalis. — Le crâne est allongé et ne pré- sente pas la saillie des bosses pariétales comme le n° 1.

(8)

En valeur absolue moins long que le n° 1 (196 pour le n° 1 et 188 pour le n° 2), il est aussi moins large (150 pour le n° 1 et 140 pour le n° 2). Mais la diminution

du D. I. est plus importante que la diminution du

D. A. P.. Le crâne n° 2 est donc plus délichocéphale (jue le n° 1. Son indice s'élève à 74,40 (76,57 pour le n° 1). Le diamètre métopique montre que la glabelle re fait qu'une faible saillie de 3 millimètres alors que (lins le crâne précédent elle était de 13 millimètres. Le pincement du frontal est bien marqué et entre le D.

frontal maximum et le D. frontal minimum l'écart s'élève à 18 millimètres. Si nous établissons le rapport en.re ces deux diamètres nous voyons que si le D.

frontal maximum = 100; crâne n° 1 = 84,1; crâne

n° 'i = 84,4.

Ces deux crânes présentent un pincement du frontal équivalent. La visière frontale existe mais moins forte que pour le n° 1.

Forma lateralis. — Ce crâne est légèrement surbais- sé, les crêtes temporales moins marquées que sur le crâne précédent, peuvent cependant se suivre surtout dans la région pariétal postérieure où elles s'affirment de plus en plus en passant du pariétal sur le tempo- ral pour rejoindre la région sus-auriculaire, détermi- nant ainsi un sillon entre elles et les apophyses mas- toïdiennes. Le trou auriculaire a un diamètre vertical

très développé.

La saillie de l'occipital est faible. Aucun os wornien ne vient du reste la faciliter comme pour le crâne n° 1.

Si dans le n° 1 les mastoïdes continuaient vers l'avant la courbure occipitale inférieure, tel n'est cependant pas le cas pour le n° 2 où ces apophyses sont nette- ment séparées. Le temporal n'est pas surbaissé et

(9)

- 152 —

l'arcade zygomatique ne présente pas cette inclinaison en arrière caractéristique du n° 1.

En Norma posterior, le crâne est régulièrement ar- rondi. La ligne courbe supérieure est indiquée sans exagération, la ligne courbe inférieure est plus mar- quée. Par ces deux caractères, les deux crânes sont nettement distincts.

Norma inferior. — L'arc zygomatique est saillant

et la fosse temporale large. Le sillon digastriqie

est faible, il est aussi doublé d'une petite rainure pa- rallèle qui ne diffère en rien par sa forme et sa direc- tion, de celle observée sur les crânes modernes. L'arc dentaire supérieur est large, la voûte palatine oeu profonde en avant le devient davantage en arrière. Le trou occipital incomplet montre cependant une fo*me

allongée.

Norma anterior. — La visière frontale bien marquée domine les orbites qui sont basses et rectangulaires alors que dans le crâne n° 1 ces orbites ne présentent pas d'inclinaison, elles sont dans un plan vertical. Les fosses canines sont profondes, le nez large. Notons au sujet de la dentition l'extraction des deux incisives médianes. L'usure des dents est extrême et anormale si nous comparons ce caractère à celui des sutures qui toutes sont très nettement marquées. Le sujet adulte a une usure dentaire oui n'est pas en rapport avec son

âge.

Le maxillaire inférieur. — Le menton est saillant

mais tous les diamètres sont réduits par rapport a

la mandibule du crâne n° 1. Encore sur cette mandi-

bule nous noterons l'extraction des deux incisives médianes, l'usure extrême des dents et la carie du

collet qui atteint la seconde molaire gauche. L'apophyse

(10)

- 153 -

géni est bien marquée. L'angle mandibulaire atteint 107°. Il est relativement faible.

MENSURATIONS

COURBES m/m

auriculo bregmatique .... 310

frontale... 133

naso-métopique... 30

pariétale... 130

occipitale... 115

horizontale... 535?

ANGLE : mandibulaire... 120»

INDICES : Céphalique...,. .. 74 4 fronto transversal... 70 —

nasal 60 orbitaire... 73.68 DIAMETRES m/m antéro-poslérieur... 188

métopique ... 185

transversal... 140

frontal mini... 98

frontal max... 116

auriculo-bregm... 110

bi orbitaire ext ... 111

bi orbitaire int... . 25

orbitaire largeur... 38

orbitaire hauteur... 28

naso-alvéolaire... 58

alvéolo spinal... 12

largeur du nez... 27

hauteur du nez ... 45

ophryo-alvéolaire ... 71

antéro-post palatin. .... 44

transverse cxt. palat .... 64

transverse int palatin.... 44

hauteur du menton... 32

largeur (III et IV mol.).. 64

hauteur condylienne... 62

hauteur échancrure coro- no condylienne... 49

largeur bigoniaque... 107

largeur mentonnière .... 45 largeur minim. branche

montante... 32,5

Le crâne n° 2 appartient à un individu féminin

adulte, dolichocéphale. Par son indice nasal il est pla- tyrhinien, les orbites sont très microsémes.

Nous avons aussi reçu des débris d'un troisième

crâne, correspondant au squelette n° 3 H.

Ces débris sont cependant peu complets et ne per- mettent guère qu'une légère reconstitution. La voûte apparaît comme dolichocéphale, elle ne permet pas de mesures. Les orbites sont peu saillantes, le frontal est

(11)

- 154 -

bien pincé. Ce crâne possède des os excessivement épais. Nous pensons que cette épaisseur de même que l'allure spongieuse des tissus, sont dues à des causes pathologiques.

Un débri d'occipital d'un autre crâne est caractéri- sé par une ligne courbe supérieure extrêmement sail-

lante d'un fort relief.

Enfin, un fragment de maxillaire inférieur nous

montre de nouveau l'extraction chez l'individu jeune des deux incisives médianes. Cette mâchoire est ro- buste, mais son état ne permet pas de mesuration autre que la hauteur du menton, 30 centimètres, et la

largeur mentonnière, 46 millimètres. La largeur li-

goniaque paraît s'élever à 118 millimètres.

' Tous ces crânes sont dolichocéphales avec pour cer- tains d'entre eux une tendance à la sous-dolichocé- phalie. Le crâne de la série Bertholon n° 3 F. fait ex-

ception si son indice est juste (Bertholon l'indique

avec ?) il serait mésocéphale.

Par l'indice nasal nous aurions un mésorhinien (n° F) proche de la leptorhinie, et un franchement mé- sorhinien.

Les deux autres seraient platyrhiniens.

Les orbites seraient: deux microsèmes et une mé-

sosème.

(1) Beflholon — Note sur l'ossuaire de Mecùta-el-Arbi.

COMPARAISONS

crane crane bertholon o

Indice céphalique Indice nasal . . . Indice orbitaire .

il» 1 (h) n° 2 (p i n° 1 f nlj 2 h n 3 f 76,6 74,4 76,46 73,44 79?

56,6 60— 48— 49,12

• 83,3 70— 86,84

(12)

Comparaisons du crâne n" 1 de Mechta-el-Arbi

avec les crânes de la Chapelle-aux-Saints, du Néanderthai, etc.

Si la dolichocéphalie et te pincement du frontal, la saillie des arcades sourcilières étaient des caractères spécifiquement néanderthaloïdes, nous pourrions trou- ver là un certain lien de parenté entre le crâne n° 1 et les crânes de Spy et de la Chapelle-aux-Saints, et du Néanderthai. Mais ce n'est pas le cas.

Nous prendrons comme type le crâne de la Chapelie- aux-Saints, nous référant à la magistrale description qu'en a donné Mr M. Boule.

La vue en norma verticalis (fig. 9) extraite de la des- cription de Bertholon) montre une certaine analogie

de forme entre Spy2, la Chapelle-aux-Saints et Mechta-

el-Arbi. Mais pour Mechta-el-Arbi le crâne est déjà

moins long.

Si nous calculons les angles crâniens en prenant comme centre le point auriculaire (O) et pour les autres repères le point alvéolaire (A), le point spinal (S), le point nasal (N), la glabelle (G), le bregma (B), le lam- bela (L) et l'Inion (I), nous obtenons les valeurs sui-

vantes:

ANGLES CHAPELLE-AUX-SAINTS MECHTA-EL-ARBI

10' 13

A 0 s

s 0 n '

N 0 g

g 0 B

B 0 L

L 0 I

A 0 ~~g

g 0 I

Ba

A 0 g

g 0 I

S

3t 1/2

34 1/2 4

51 63 1/2

59 52 38 43

44 1/2 48 1/2 148 158 1/2 29,6 % 30,1 o/o

Marcelin Boule — L'Homme fossile de la Cliipelle-aux-Saints An- de Paléontologie. T. VI. ltfïï.

(13)

- 156 —

Si ces deux crânes diffèrent quelque peu par leurs angles, nous voyons que ceci provient surtout du fait que pour Mechta-el-Arbi l'angle total A O I est de 207°, alors que pour la Chapelle-aux-Saints il n'atteint que 192° 1/2. La relation entre la masse faciale A O G et la masse cérébrale G O I est la même à peu de chose près (fig. 10). Mais ici intervient un nouveau caractère, c'est celui de la hauteur du crâne. Mechta-el-Arbi pré- sente une hauteur auriculo-bregmatique de 111 milli- mètres, le même diamètre pour la Chapelle-aux-Saints aussi 111 millimètres environ.

Calculant d'indice de hauteur de Schwalbe, c'est-à- dire le rapport entre la hauteur du vertex (longueur de

la projection perpendiculaire du vertex sur la ligne

glabello-iniaque) et la longueur glabello-iniaque, nous obtenons 59 environ.

Voici quelques chiffres indiqués par Boule, nous y joignons notre résultat:

La Chapelle... . 40 5 Pithecanthropus erectus ... 34.2 Néanderthal... 40.4 max. des singes anthrop... 37.7 Spy I ... . . 40.9 minim. humains actuels... 52

Spy II... 44 3

Gibraltar____ . . 40.0 Mechta-el-Arbi. . 59

Ce petit tableau montre nettement que le crâne de Mechta-el-Arbi est très développé relativement à la longueur, tous les crânes dits néanderthaloïdes sont très homogènes à cet égard et il n'y a guère que Spy II qui fasse une légère exception à cet égard. Par la hau- teur de sa calotte crânienne, Mechta-el-Arbi se range parmi les humains actuels. Par sa courbe antéropos- térieure sous-cérébrale du frontal qui atteint 34 milli- mètres, Mechta-el-Arbi se rapproche de la Chapelle- aux Saints (35 millimètres). Mais ce n'est là qu'une

(14)

157 -

valeur absolue et il faut se souvenir que le crâne de Mechta-el-Arbi est plus grand que celui de la Chapelle- aux-Saints.

L'indice glabelîaire de Schwalbe (1) nous donne la valeur suivante pour Mechta-el-Arbi, nous emprun-

tons à Boule quelques valeurs:

La Chapelle... 39 Néanderthal... 44.2

Spyl... 41.5 Spyll... 34.4 î

Gibraltar...'. 43 ? Maximum moderne. 31.8

Mechta-el-Arbi.... 27 environ.

Par ce caractère Mechta-el-Arbi se détache de tous les crânes néanderthaloïdes. Le maximum des crânes modernes 31,8 a été abservé par Schwalbe sur un nègre Dschagga (cité par Boule: L'Homme fossile de la Chapelle-aux-Saints).

L'angle frontal de Schwalbe est donné par l'angle que forme la ligne glabelle-iniou et la tangente menée au frontal par la glabelle. Nous empruntons toujours à M. Boule quelques valeurs, de même pour l'angle iniou-glabelle-bregma (angle de Schwalbe) et l'indice bregmatique, rapport de la hauteur du bregma au- dessus de la ligne glabelle-iniou, avec la largeur de cette ligne glabelle-inion.

Chapelle Néanderthal Spy I Spy II Mecnta

Angle bregmatique ou de Schwalbe 45 5 44" 46" 47" 57*

Indice bregmatique... 36.5 38.4 34.5 35.2 54.7 Angle frontal de Schwalbe... 65* 62' 57-5 67* 74-

Par le caractère bombé du frontal, le crâne de Mech- ta-el-Arbi se trouve être bien isolé dans ce tableau, alors que ces derniers crânes préhistoriques forment un ensemble d'une homogénéité impressionnante. Par

(1) Rapport de la ligne Ophryo-nasion à la ligne Ophryo-bregma.

(15)

son angle bregmatique de 57 °- le crâne de Mechta-eL-

Arbi rentre dans les crânes . au front légèrement

fuyant et se trouve bien près du minimum observé par Schwalbe (cit. Boule) de 55° pour les hommes mo- dernes. L'angle frontal de Schwalbe qui atteint 74°

est supérieur à la série de la Chapelle-Néanderthal- Spy. Cependant sa valeur est bien faible comparée au

minimum indiqué par Schwalbe sur un Kalmouck

(80°) et par Sollus chez un Australien (72°30) (cité par Boule).

Par sa face postérieure le crâne de Mechta el Arbi se différencie nettement de celui de la Chapelle. Ce der- nier peut être inscrit dans un cercle et les bords du crâne sont à peu de chose près tangents à ce cercle.

Bien de pareil avec le crâne de Mechta-el-Arbi qui présente une belle forme pentagonale.

La face de la Chapelle-aux-Saints est caractérisée par un grand prognathisme, quoique légèrement pro- gnathe (angle facial de Topinard: 74 environ), la face du crâne de Mechta est loin d'atteindre le prognathis- me de celle de la Chapelle-aux-Saints (65°).

Les fosses canines sont absentes sur la face de la Chapelle, alors qu'elles sont bien marquées sur Celle de Mechta.

L'indice facial supérieur atteint respectivement les valeurs suivantes:

La Chapelle ... 71.8 Mechta... 59 72

L'indice facial (Monaco) :

La Chapelle ....______ 56.2 Mechta... 50?

Par ces deux indices la face de Mechta-el-Arbi ap- paraît comme bien plus courte que celle de la Chapelle- aux-Saints. La moyenne des Européens pour l'indice

(16)

facial atteint 54, 51 chez les Australiens (d'après Duck- werth, cité par Boule).

Par sa forme, l'orbite du crâne de Mechta-el-Arbi est différente de celle du crâne de la Chapelle. Les in- dices sont pour la Chapelle, 81,9, et pour Mechta, 83,3.

L'orbite de la Chapelle-aux-Saints est plus arrondie que celle de Mechta qui tend à devenir rectangulaire.

L'indice nasal de la Chapelle, 55,7, est proche de

celui de Mechta, 56,6, Mais la Chapelle a une ouverture nasale plus platyrhinienne que Mechta.

Nous pouvons, je crois, conclure qu'il n'y a au-

cun lien de parenté possible de forme entre la race dite de Mechta-el-Arbi et les crânes dits Néandertha- loïdes dont la Chapelle-au-Saints à donné le plus bel exemplaire. Il y a similitude très éloignée par la for- me de la calotte crânienne en norma verticalis, mais à part ce caractère des orbites saillantes et du frontal pincé, le crâne de Mechta-el-Arbi constitue un type complètement différent. On ne saurait, à mon avis, l'envisager comme type d'une race africaine néander- thaloïde. Nous sommes en présence d'un type beau- coup plus évolué que le type Chapelle-aux-Saints.

Il nous faut donc chercher d'autres comparaisons que celles de crânes néanderthaloïdes. Cro-Magnon ne peut

aller. Si, en effet, les orbites par leur forme peuvent montrer une certaine tendance à la forme de celles de Cro-Magnon (1), il n'en est rien pour tout les autres

caractères.

Broca. — Mémoires d'Anthropologie, f, 1!, Rheimwald et Cie Paris 1814

(17)

Mechta el-Arbi

Cro-Magnon Ko i V 3 N° 1 N° 2 vieillard aduite

Indice céphalique ... 73,76 74,75 76,6 74,4

Courbe frontale ... 145 148 130 133

Frontal mini...

Haut-nez... 51 53 45

Largeur nez ... 23? 30 27

Dizygomatique...— — — —

Largeur orbitaire... 44 — 42 38

Hauteur orbitaire... 27 — 35 28 Indice orbitaire ... 61,36 — 83,3 73,6

Les crânes de Cro-Magnon sont beaucoup plus évo- lués que les crânes de Mechta-el-Arbi.

Nous aurions plutôt tendance à placer ces crânes, surtout le crâne n° 1, parmi des formes qui, sans at- teindre le stade 'Cro-Magnon, seraient déjà éloignées de la Chapelle-aux-Saints.

En considérant spécialement le crâne n° 1 de Mech- ta-el-Arbi nous pouvons dire qu'il présente par son

bourelet sus-orbitaire, le pincement du frontal, la

faiblesse des apophyses mastoïdes, des caractères ex- trêmement primitifs, semblables à ceux observés sur le type Néanderthal. Il ne faut pas tirer de cela, d'après nous, une idée de parenté. Il y a simplement peut-être un phénomène de convergence intéressant. Pour l'ins- tant nous croyons qu'il faut garder au crâne étudié ici la dénomination de type de Mechta-el-Arbi. Il pour- rait être considéré comme un ancêtre des types nord- africains actuels. Dans leurs recherches anthropologi- ques dans la Eerbérie orientale, Chantre et Bertholon (1913), donnent les caractéristiques suivantes des crânes néolithiques:

Indice céphalique ... 76,53 (Mechta 1 : 76,6) Indice orbitaire ... 83,06 (Mechta 1 : 83,3) Indice nasal ... 48,67 (Mechta 1 : 56,6)

(18)

m -

f>ar les indices céphalique et orbitaire, les néoli- thiques africains se rapprocheraient de notre crâne n° 1. Cependant le crâne de Mechta-el-Arbi présente une platyrhinier très accentuée, ce qui est loin d'être le cas pour les néolithiques.

Etude des os des membres des squelettes N° 3 H et 2 F

tVl ENSURATIONS

a) FÉMURS:

x 3 (

HJ N° 2 (F)

6 dr dr g

Long, trochantérienne . . . 459 457 ?

Angle diaphvse ...

Angle du cel ... 137

d. a. p. du cel...

25

d. trans. du cel... 28

d. a. p. tête...

—■ 42,5 d. trans. tête ... 42

d. a. p. Ier tiers...

25 25 23,5 23,5

d. t. i" tiers... 35,5 36 30,5 30,5

d. ap. pilastr...

3i 3i 25,5 25

d. tr. pilastr...

3i 30 28 27,5

IIIe trochanter ... nul nul fort

Fosse hypotroch... existe fosse accusée

Indice pilastrique... 100 9i. 07 Indice platymérique... 70 77

Reconstitution de la taille

(méthode Manouvrier) . . im6Q

Les fémurs n° 3 sont robustes et lourds, ils ont

appartenus à un homme de taille déjà forte et solide-

ment constitué.

(19)

L'indice dé platymerie est très bas, 70, il accuse une platymerie très accentuée et supérieure à celle des fémurs de Spy, 74, et de la Ferrassie, 76, (Boule).

L'indice pilastrique est bien proche de celui des

hommes de la Chapelle aux Saints-Spy-Néanderthai, etc., qui arrive à 99 environ (Boule).

Les fémurs du squelette n° 2 présentent une platy- mérie moins accusée et un indice pilastrique moins

élevé.

Manouvrier considère la platymérie comme un ca- ractère en relation étroite avec les fonctions et sans valeur au point de vue « race ». Ce caractère d'adap- tation est bien marqué à Mechta-el-Arbi, nous pouvons en conclure que ces hommes avaient un grand déve- loppement relatif'de la surface d'inaction de la por- tion antérieure et supérieure du muscle crusal (1).

b) TIBIAS : MECHTA.

N- 3 h) N 2 Chapelle g dr g dr aux Saints Long, maxim... 383 — 340

la-g. épiphys. nep... 80 —

D. a. post... 39 39 31 31 1/2 27

D. transv... 23 23 1/2 20 1/2 20 1/2 39 d. a. p. + d t... 62 62 1/2 51 1/2 52 ' 66

Indice platycnémique (2> 58 9 — 65 — 69 Spv Angle rétroversion ( 3). . 111/2 — — — 20- 18

Angle inclinaison... ... 8- — — — 14-13 Angle liaxial... 3 1/2 — — — 6 5

Taille... 1" 68 ~ — —

La platycnémie du fémur n° 3 H est très forte. Le tibia de Mechta-el-Arbi présente une platycnémie très

(1) Manouvrier. — La platymerie, C. R. Congrès int. Anlhrop. et Archéol.

préhist, Paris 1889.

Manouvrier. — Etudes sur les variations morphologiques du fémur B. S. A.

Harls 1893.

i2) Manouvrier. — Mémoire sur la p'alycnémie chez l'homme et les an- thropoïdes. Mém. soc Anthrop. Paris 1888.

(3i Etude technique prise dans Manouvrier : Elude sur la rétroversion de la tête du tibia et l'attitude humaine. Mém. soc A. Paris 1890.

(20)

- ië3 -

accentuée qui marche de pair avec le fémur très pla- tymérique. Il y a là concordance parfaite de ces ca- ractère d'adaptation à une locomotion du terrain dif- ficile comme l'a démontré Manouvrier.

La marche en flexion est la cause déterminée d'a- près Manouvrier, de cette platycnémie.

Ce caractère est peu accusé dans le tibia n° 2 F.

cela est peut-être dû au sexe comme l'a indiqué Manou-

vrier et comme nous avons pu en avoir la confirma- tion dans nos travaux sur l'ossuaire de Guiry (fouilles

A. de Mortillet) (1) de même du reste que pour la

platymérie (2).

L'angle de rétroversion qui n'a pu être mesuré que

sur ce tibia g n 3 H est faible, de même celui d'in-

clinaison.

Péronés, les quelques débris que nous possédons sont grêles et n'ont pu être mesurés.

Quant à l'astragale et au Calcanéum, ils sont très puissants en ce qui concerne le squelette n° 3 H, mais ne présentent pas de caractères spéciaux. Les mêmes os du squelette de femme n° 2 F sont bien développés.

HUMÉRUS:

N 3 h N 2 f

dr g g de

Long, max... 340 —

Circonfér. mini... 70 65 58 60 Diam. tête... 50 — — — Larg. licondylienne... . 63 1/2 63 — —

Taille reconstit... im68

Le n" 3 H droit présentait une petite perforation de la fosse olécranienne; l'humérus n° 3 H gauche avait

(1) Lagotala. — Note au sujet de tibias néolithiques. Actes soc. helv. se.

nat. Schafîhouse 1920.

(2) Lagotala. — Notes préliminaires sur les ossements néolithiques de Genève A F. A. S. Rouen 1921.

(21)

line paroi de cette même cavité translucide. Le n° 2 F

gauche était perforé (4 millimètres environ), mais

l'humérus du (côté droit ne l'était pas.

Les derniers travaux de Manouvrier ont montré que la perforation de l'humérus correspondait à un défaut d'ossification p rimitive ou à l'action du con- tact du bec olécranien s;ur le fond de la cavité (1).

RADIUS:

N 3 h N 2 f

dr &cr

Longueur max... ... 268 225

Taille reconstit... ... im79 im575

CUBITUS:

dr g g

dr

Long, max... 288 — 239 241 Long. max. totale... 294 — 240 244

Larg. max. olécrane... 32,5 «28 25 26 1/2

Diam. vertical olécrane . . . 46 43 39 38

Diam. aut.-post. fosse oléc. 20 21 20 20

Taille reconstit... im79 im575

Le cubitus n° 3 FI dr. montre une belle (largeur qui nous semble cependant exagérée par rapport au fé- mur, au tibia et à l'humérus. Le bec olécranien est épais dans les deux cas, n° 3 H et 2 F, puisque l'épais- seur prise au milieu de la cavité accuse 20 millimè-

tres.

Reconstitution de la taille

Nous l'avons effectuée d'après les méthodes de Ma- nouvrier: comme nous l'avons indiqué, les divers os

longs nous donnent les tailles suivantes. 9

(i) Manouvrier. - Sur l'interprétation anatomique de la perforation olé-

cranlenne, A. F. A. S. Rouen 1921, page 725,

(22)

165

N 3 h N- 2 f

Fémur... im6g —

Tibia ... im68 — Humérus... im68 —

Radius ... ini79 imS75 Cubitus... im79 im575

Il y a une disproportion frappante pour le n" 3 H

entre les indication données par le fémur, le tibia et l'humérus d'une part, le radius et le cubitus, d'autre part. L'écart s'élève à 11 centimètres. Si nous considé- rons que l'humérus et le fémur nous donnent à peu près la même taille, nous voyons que le radius et la cubitus sont anormalement grands par rapport à l'hu- mérus et au fémur. Nous pouvons prendre comme tail- le moyenne pour le squlette n° 3 H, 1 m. 615, et pour

le n° 2 F, 1 m. 575. La différence de taille entre le squelette masculin (n° 3 H) et le féminin (n° 2 H)

s'élève à 11 centimètres, ce qui est une différence sexuelle normale de nos jours.

Conclusions

Le type de Mechta-el-Arbi, caractérisé par une

taille élevée, présente les caractères de la doîichocé- phalie, de la platyrhinie et des orbites microsémes. Le front, moins bombé que de nos jours, n'atteint cepen- dant pas île degré de fuite des crânes néanderthaloïdes.

Le frontal pincé forme par ses acs sus-orbitaires, une forte visière accentuée encore par la glabelle. Comme caractères morphologiques secondaires, nous citerons la platycnémie et la platymérie et la forte dimension de l'avant-bras,

(23)

Tout l'individu était fortement charpenté: Nous

croyons qu'il convient pour l'instant de (lui laisser le nom de « type de Mechta-el-Arbi » et de le séparer net- tement du type Néanderthal. Nous sommes là en pré- sence d'un fossile humain du plus haut intérêt. Espé- rons que les fouilles de M. .Debruge apporteront de nouvelles contributions à l'étude de l'Africain préhis- torique.

(24)

Fig_ 2i _ i/2 Grandeur, vue de côté

(25)
(26)

pig j. — 1/2 Grandeur, vue de dessus

Fig> 4- — 1/2 Grandeur, vue de derrière

(27)
(28)

Fig. 6

(29)
(30)

Fig. 10

(31)
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