Théorème d'inversion locale
Monier, Analyse MP, page 547
Théorème : Soient E,F deux R-evn de dimensions nies, et soit U un ouvert de E.
Soit également ϕ : U → F de classe C
1et a ∈ U.
Si d
aϕ est bijective, alors :
• dim(E) = dim(F)
• Il existe un voisinage ouvert V de a dans E tel que ϕ soit un C
1-diéomorphisme de V sur ϕ(V ) .
Preuve : En munissant E et F de bases, il est clair qu'on peut se ramener au cas où E = R
p, F = R
n, munis de leurs bases canoniques et de la norme k · k
∞.
Comme d
aϕ : R
p→ R
nest linéaire bijective, on a nécessairement p = n.
Montrons qu'on peut se ramener au cas où d
aϕ = Id
Rn.
Notons T = d
aϕ ∈ GL(R
n). Alors T
−1existe et T
−1∈ GL(R
n), donc d
ϕ(a)T
−1= T
−1. On en déduit que T
−1◦ ϕ est de classe C
1sur U et
d
a¡
T
−1◦ ϕ ¢
= ¡
d
ϕ(a)T
−1¢
◦ (d
aϕ) = T
−1◦ T = Id
RnSi le théorème est démontré pour T
−1◦ ϕ , il existe un voisinage ouvert V de a dans E tel que T
−1◦ ϕ soit un C
1-diéomorphisme de V sur (T
−1◦ ϕ)(V ) ; il est clair qu'alors ϕ est un C
1-diéomorphisme de V sur ϕ(V ) , puisque ϕ = T ◦ (T
−1◦ ϕ) et que T est un C
1-diéomorphisme de (T
−1◦ ϕ)(V ) sur ϕ(V ) .
Montrons qu'on peut aussi se ramener au cas où a = 0 et ϕ(a) = 0
Considérons ψ : h 7→ ϕ(a + h = −ϕ(a) , qui est de classe C
1sur U
0= {h ∈ R
n; a + h ∈ U} . Comme d
0ψ = d
aϕ, d
0ψ est bijective.
Si le théorème est démontré pour ψ, il existe un voisinage ouvert V
0de 0 dans R
ntel que ψ soit un C
1-diéomorphisme de V
0sur ψ(V
0). Il est clair qu'alors ϕ est un C
1-diéomorphisme de V = {x ∈ R
n; x − a ∈ V
0} sur ϕ(V ) = {y ∈ R
n; y − ϕ(a) ∈ ψ(V
0)}.
Ceci montre qu'on peut se ramener au cas (plus commode) où a = 0, ϕ(a) = 0, d
aϕ = Id
RnConstruction d'une bijection.
L'application g : U → R
nx 7→ x − ϕ(x) est de classe C
1sur U et d
0g = 0. Notons g
1, . . . , g
nles applica- tions composantes de g : ∀x ∈ U, g(x) = (g
1(x), . . . , g
n(x)).
Puisque g est de classe C
1sur U et que ∀(i, j) ∈ {1, . . . , n}
2, ∂g
i∂x
j(0) = 0 , il existe r > 0 tel que
B(0, r) ⊂ U
∀x ∈ B(0, r), ∀(i, j) ∈ {1, . . . , n}
2,
¯ ¯
¯ ¯ ∂g
i∂x
j(x)
¯ ¯
¯ ¯ ≤ 1 2n
g
iest donc lipschitzienne et ∀x ∈ B(0, r) , ∀i ∈ {1, . . . , n}, |g
i(x)| = |g
i(x) − g
i(0)| ≤ n 1
n kxk
∞≤ r 2 D'où kg(x)k
∞= max
1≤i≤n
|g
i(x)| ≤ r
2 . Ceci prouve que ∀x ∈ B (0, r), g(x) ∈ B
³ 0, r
2
´
Soit y ∈ B ³ 0, r
2
´ . Considérons g
y: U → R
nx 7→ y + g(x) . Pour tout x de B (0, r) , on a
kg
y(x)k
∞= ky + g(x)k
∞≤ kyk
∞+ kg(x)k
∞≤ r 2 + r
2 = r Ainsi ∀x ∈ B (0, r), g
y(x) ∈ B (0, r). Pour tout (x
1, x
2) ∈
³ B (0, r)
´
2, on a comme plus haut g qui sera lipschitzienne :
kg
y(x
1) − g
y(x
2)k
∞= kg(x
1) − g(x
2)k
∞≤ 1
2 kx
1− x
2k
∞1
Ceci montre que l'application h
y: B (0, r) → B (0, r)
x 7→ g
y(x) est contractante. Comme B (0, r) est complète (car fermée dans un evn de dimension nie), le théorème du point xe montre que h
yadmet un point xe et un seul. Puisque h
y(x) = x ⇔ y = ϕ(x) , on conclut :
∀y ∈ B ³ 0, r
2
´
, ∃!x ∈ B (0, r) / ϕ(x) = y Ainsi, ϕ
−1µ B
³ 0, r
2
´¶
⊂ B (0, r) et l'application ϕ
1: ϕ
−1³ B ¡
0,
r2¢´
→ B ¡ 0,
r2¢
x 7→ ϕ(x) est une bijection.
Continuité de ϕ
1. Soit (x
1, x
2) ∈ ³
B (0, r) ´
2. On a :
kx
1− x
2k = k(ϕ(x
1) + g(x
1)) − (ϕ(x
2) + g(x
2))k
≤ kϕ(x
1) − ϕ(x
2)k + kg(x
1) − g(x
2)k ≤ kϕ(x
1) − ϕ(x
2)k +
12kx
1− x
2k d'où kx
1− x
2k ≤ 2kϕ(x
1) − ϕ(x
2)k. Ainsi, pour tout (y
1, y
1) de ³
B ¡ 0,
r2¢´
2: kϕ
−11(y
1) − ϕ
−11(y
2)k ≤ 2kϕ(ϕ
−11(y
1)) − ϕ(ϕ
−11(y
2))k = 2ky
1− y
2k ce qui montre que ϕ
−11est 2-lipschitzienne, donc continue.
Diérentiabilité de ϕ
1.
Voyons si ϕ
−11est de classe C
1sur un voisinage ouvert de 0.
Puisque ϕ est de classe C
1sur U , l'application x 7→ det(J
ϕ(x)) est de classe C
0sur U . Comme det(J
ϕ(0)) = det(I
n) = 1 6= 0, il existe alors r
1> 0 tel que : ∀x ∈ B (0, r
1), det(J
ϕ(x)) 6= 0. En remplaçant dans l'étude précédente r par min(r, r
1), on peut donc supposer : ∀x ∈ B (0, r), d
xϕ ∈ GL(R
n). D'autre part, l'application GL(R
n) → L(R
n)
ϕ 7→ ϕ
−1est continue (en eet, en passant aux matrices dans la base canonique, les termes de la matrice de ϕ
−1s'expriment comme quotients, sommes, produits, à partir des termes de la matrice de ϕ ).
Il en résulte, par composition, que l'application B (0, r) → L(R
n)
x 7→ (d
xϕ)
−1est continue sur le fermé borné B (0, r) de l'evn R
nde dimension nie. Il existe donc alors M ∈ R
+tel que
∀x ∈ B (0, r), |||(d
xϕ)
−1||| ≤ M (où, pour f ∈ L(R
n), |||f ||| = sup
x∈Rn\{0}
kf (x)k kxk )
Soient y
0, y ∈ B ¡ 0,
r2¢
, x
0= ϕ
−11(y
0), x = ϕ
−11(y) . On a : kϕ
−11(y) − ϕ
−11(y
0) − (d
x0ϕ)
−1(y − y
0)k = °
° x − x
0− (d
x0ϕ)
−1(ϕ(x) − ϕ(x
0)) °
°
= k(d
x0ϕ)
−1((d
x0ϕ)(x − x
0) − (ϕ(x) − ϕ(x
0))) k
≤ M kϕ(x) − ϕ(x
0) − (d
x0ϕ)(x − x
0)k Comme ϕ est de classe C
1sur U , on a :
ϕ(x) = ϕ(x
0) + (d
x0ϕ)(x − x
0) + o
x→x0
(kx − x
0k
∞) D'autre part, ϕ
−11est 2 -lipschitzienne, donc kx − x
0k
∞≤ 2ky − y
0k
∞. Il en résulte :
ϕ(x) − ϕ(x
0) − (d
x0ϕ)(x − x
0) = o
y→y0