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Le portrait de Genève et de sa région dans les "Mémoires d'un touriste" de Stendhal

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Le portrait de Genève et de sa région dans les "Mémoires d'un touriste" de Stendhal

LÉVY, Bertrand

Abstract

L'image, les valeurs et la géographie de Genève dans les "Mémoires d'un touriste" de Stendhal (1837)

LÉVY, Bertrand. Le portrait de Genève et de sa région dans les "Mémoires d'un touriste" de Stendhal. H.B., 2018, vol. 22, p. 259-271

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:110878

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LITTÉRATUREETGUIDESDEVOYAGE

La littérature, comme d’autres arts, la peinture ou la musique, exerce une grande influence sur la formation de l’image d’un lieu. Ainsi, La Nou- velle Héloïse de Rousseau a accru la réputation des rives du Léman dans l’Europe du XVIIIe et du XIXe siècle ; le territoire anglais du Lake District n’aurait jamais connu une telle célébrité sans les poèmes de Wordsworth et des romantiques anglais1; Paris, sans Balzac, Flaubert ou Edith Piaf et Yves Montand, ne jouirait pas de l’image qui est la sienne aujourd’hui. On pourrait multiplier les exemples, mais tel n’est pas notre but ici. Nous al- lons essayer de préciser dans les limites de cet article la façon dont Stend- hal a décrit Genève et sa région dans ses carnets de voyage. Il faut rappeler que la Suisse était au XIXe siècle l’un des pays les plus visités du monde, aux côtés de l’Italie et de la France. Elle attirait un tourisme d’élite qui donnait au terme « touriste » une signification différente de celle d’aujourd’hui. C’est que le tourisme de masse n’existait pas encore. Nom- bre de grands écrivains français (ou allemands, anglais, hollandais, etc.) ont écrit un livre d’impressions de voyage en Suisse ou dans les Alpes, à l’époque où commençait à se développer le concept du guide touristique ; ainsi, pour la France, le premier guide Joanne date de 1841, et la première édition concernant la Suisse a été publiée à cette époque sans que je puisse la dater précisément, puisque Adolphe Joanne, dans sa deuxième édition de 1853 sur la Suisse, conservée à la Bibliothèque de Genève, n’indique pas la date de la première édition2; les livres de voyage d’écrivains célèbres com- plétaient ou anticipaient souvent la livraison des guides. Dans l’Itinéraire descriptif et historique de la Suisse d’Adolphe Joanne, guide fort de 664 pages et pourvu de cartes et de quelques plans de ville, littérature et géogra- phie se nourrissent mutuellement. Ainsi, après les deux pages de rensei- gnements pratiques donnés sur Genève, figure un long extrait des Impres- sions de Voyage en Suisse d’Alexandre Dumas (1852) 3, ainsi qu’une cita- tion de Rousseau et de Voltaire. Les écrivains, quant à eux, faisaient grand usage des guides ; par exemple, le trajet de Victor Hugo en Suisse4em-

LE PORTRAIT DE GENÈVE ET DE SA RÉGION DANS LES MÉMOIRES D’UN TOURISTE DE STENDHAL*

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prunte régulièrement les itinéraires signalés dans les guides.

On a écrit des livres de voyage à toutes les époques (sauf pendant les guerres), mais il intéressant de constater que nous vivons à cet égard depuis quelques années un regain d’intérêt lié à la mode du « travel-writing » anglo- saxon. Ce sont les écrivains de la période romantique qui sont indirecte- ment responsables de l’essor des guides dès le milieu du XIXe siècle ; quant aux écrivains de la route actuels, ils stimulent par leurs succès un nombre grandissant d’éditeurs à se lancer sur le chemin des guides de voyage di- versifiés. Considérons ce mécanisme : l’écrivain s’avance en touriste éclairé, après les géographes et les explorateurs, dans une région donnée d’où il rapporte un témoignage (sous forme de récit de voyage, de lettres, de mémoires, de roman, etc.), et il finit par susciter un engouement collec- tif, parfois malgré lui, pour cette région. D’autres lui emboîtent le pas pour mettre à l’épreuve de la vérité-terrain les dires de l’écrivain, et l’afflux de voyageurs augmente, les guides touristiques se multiplient, répondant aussi à un besoin économique. La télévision, la vidéo, le cinéma et la chanson participent de nos jours à ce mouvement de distinction d’un lieu5, mais à l’origine des films ou des chansons, il y a toujours une source écrite. Il est rare que des touristes soient attirés en des lieux sans le secours d’aucun média, d’aucun livre, d’aucun guide, d’aucun documentaire, d’aucun pros- pectus de voyage, mais ce cas peut aussi se présenter : le touriste devient alors un défricheur lui-même, porteur d’un discours, ou alors il conserve le silence de crainte de voir envahis ses lieux de prédilection.

Un récit de voyage littéraire se distingue du guide dans le sens où il comporte une part importante de subjectivité, de charge émotionnelle, de souvenir autobiographique et qu’il est quasiment dénué de renseignements pratiques (cartes, liste d’auberges, d’hôtels, etc.). Les lieux visités ont beau être souvent similaires, l’écrivain, dans son travail, doit restituer avant tout les sentiments qui l’ont ému à la visite de tel ou tel site. Généralement, ce sont des impressions favorables, sans quoi le récit de voyage a tendance à faire fuir les lecteurs potentiels. Cela a fait dire à Pierre Mac Orlan, lui- même remarquable écrivain-voyageur du siècle dernier, que « c’est par un écrivain qu’une ville se rend sympathique6 ». Certes, des critiques, des sar- casmes voire des vilenies peuvent être distillés par un écrivain mécontent d’un lieu ou de lui-même. La littérature française de la période romantique fourmille de récits de voyage désenchantés conçus par des écrivains rétifs, ayant généralement atteint la cinquantaine, et n’attendant plus grand-chose du monde extérieur. Si la littérature française est l’une des littératures de voyage les plus critiques d’Europe, c’est que l’esprit critique est une mar- que de distinction dans la patrie de Descartes, alors que l’esprit rêveur et exalté est considéré avec suspicion ou condescendance. Cette capacité cri- tique fait d’ailleurs la force de l’écrivain français voyageant ; les lieux en ressortent démystifiés et le lecteur est rendu plus lucide sur ce qui l’attend.

Et puis, il y a surtout dans la littérature en général un plaisir malicieux non à dire du mal ou à exprimer la méchanceté, mais à entretenir chez le lecteur

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un sourire ricaneur face aux bizarreries de la condition humaine.

GENÈVEETLESÉCRIVAINSFRANÇAIS

J’ai dit dans la préface du Voyage à Genève7pourquoi j’avais d’abord réuni des auteurs français, Nicolas Bouvier mis à part : c’est par pur plaisir et sentiment de dépaysement. Ces textes provenant de sept auteurs célèbres de la période romantique et de quatre écrivains contemporains m’ont fait découvrir une « autre Genève » ; ma perception et mon intelligibilité du lieu ont été affinées. Il faut ajouter que je connaissais assez bien la littéra- ture romande sur Genève qui m’avait beaucoup intéressé depuis plusieurs années, avec des auteurs comme Amiel, Gaspard Vallette, Georges Haldas, Luc Weibel et d’autres, et j’éprouvais un besoin de compléter mes connais- sances. Ce qui distingue d’abord l’écrivain qui vient de l’extérieur est sa distance vis-à-vis de l’autochtone, la méconnaissance de certaines intri- gues locales, une certaine candeur – bien que ce mot ne convienne pas à des écrivains comme Stendhal ou Marie-Anne Cochet, très bien renseignés sur le plan historique et politique. Les auteurs du lieu, plus au fait des affaires locales, pris dans leur réseau relationnel, pratiqueront parfois l’autocen- sure car il est bien connu qu’un auteur qui s’exprime sur sa propre ville et qui y vit, doit retourner ses propos « trois fois sur sa langue » avant de laisser trace écrite. L’écrivain étranger n’est, quant à lui, redevable à per- sonne ou presque dans la ville où il ne fait que passer, et il agit avec plus de liberté et de désinvolture. Cela dit, il est impossible de généraliser cette esquisse théorique, car bien des auteurs autochtones se sont parfois sentis étrangers dans leur ville et n’ont pas manqué de le faire savoir (je pense à Amiel ou à Georges Haldas). Ainsi, le ton complaisant, qui est parfois la marque d’un manque d’esprit critique ou de discernement, affecte souvent la qualité de la littérature régionale, qui désire avant tout plaire à son pu- blic. Cependant, il ne faut pas cacher les sentiments bénéfiques que l’on a éprouvés au contact d’une région. Autant les écrivains autochtones qu’étran- gers (je pense dans ce dernier cas à Gérard Bauër8 ou à Julien Green9) se sont plu à relever des aspects délicieux de Genève et de la région lémanique.

Il n’existe pas de critère de qualité qui puisse étalonner la littérature régionale par rapport à la littérature étrangère ; toutes deux comportent leurs talents et leurs faiblesses respectifs. J’ai remarqué toutefois deux tendan- ces régulières : l’auteur de passage se complait plutôt dans les généralités et les comparaisons culturelles avec son pays de provenance – on peut le taxer quelquefois de superficialité –, alors que l’auteur du cru est plus en- clin à livrer des détails (géographiques, historiques, politiques, autobiogra- phiques) reliés à son milieu de vie, parfois à faire preuve d’une certaine complaisance pour les raisons que nous évoquions plus haut. En ce qui concerne la différence de ton entre les auteurs genevois et les auteurs fran- çais, notons la tendance à l’introspection, à la nostalgie, et à l’autodérision chez les premiers, et un ton plus léger, badin et extraverti chez les seconds,

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encore qu’il existe de nombreuses exceptions dans les deux camps.

Comme les photographes qui saisissent le choc de la première vision et ne s’attardent pas sur les lieux, les écrivains voyageurs français du XXe siècle restituent à merveille cette première touche du voyage, pour deux raisons je pense, en dehors du fait qu’ils sont tous, à l’exception de Flaubert (qui à l’époque de ses notations genevoises n’a que vingt-cinq ans et n’a encore rien écrit d’important), des écrivains confirmés. La première raison est que l’espace genevois marque le début de leur voyage. C’est la porte d’entrée de la Suisse ou des Alpes, qui les projettera plus loin, en Italie ou en Orient pour Gérard de Nerval. Donc, le voyageur n’est pas encore blasé, son re- gard est frais. La deuxième raison de cet œil averti sur Genève est que la cité de Calvin, depuis la Réforme, a suscité un intérêt chez les voyageurs étrangers ; les écrivains français en ont tous emporté des souvenirs ou des notations historiques. Genève, cité du Refuge ou cœur d’un paysage légen- daire, a eu une importance stratégique pour nombre de Français, et ce terri- toire proche mais différent dont on comprend en plus parfaitement la lan- gue, est un terrain idéal d’observations et de réflexions.

LA GENÈVEDES MÉMOIRESDUNTOURISTE

Stendhal (1783-1842) a publié en 1838 les Mémoires d’un touriste, texte fondateur que liront tous les écrivains qui le suivront. Dans la suite intitu- lée Voyage en France, qui n’a pas paru du vivant de l’auteur, figurent une quarantaine de pages très denses et fourmillant d’anecdotes sur Genève10. Stendhal quitte Grenoble, sa ville de naissance, à seize ans pour Paris, puis il fait de longs séjours en Lombardie, région dont il tombe amoureux dès dix-sept ans. Ses passages par Genève sont nombreux, avant 1837 : en 1811, sur la route de Milan, en 1813, à nouveau sur la route de Paris à Milan après les campagnes de Russie et d’Allemagne auxquelles il participe, puis en 1823, à l’origine d’un grand voyage en Italie11, et enfin en 1837. Stendhal est certainement l’un des voyageurs les plus intelligents de la littérature ; son style est aéré et en même temps synthétique, sa pensée exprime tou- jours une certaine subtilité là où d’autres préfèrent la facilité. Ce qui le différencie du géographe classique, c’est la structure digressive de son dis- cours, en fait ressemblant à un motif de fugue musicale, toujours dominé par le jugement personnel. Son texte est critique mais jamais manichéen à l’égard de Genève. Si l’écrivain né à Grenoble se permet des pointes vis-à- vis de Genève et des Genevois, celles-ci sont généralement contrebalan- cées par quelque sentiment favorable. Robert de Traz, qui dans L’Esprit de Genève12tenait absolument à donner au monde une image positive de Ge- nève, a affirmé que Stendhal s’est acharné sur les Genevois ; Nicolas Bou- vier13, quant à lui, reconnait que Stendhal a eu parfois la dent dure, mais son style mordant plaisait dans les salons.

Le Stendhal de cinquante ans qui fait le tour de Genève et passe en revue les mœurs, le caractère, ce fameux « esprit du lieu », est un homme lucide

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et sans illusions. Le découpage mental de son texte s’articule autour du paysage, de l’attitude des citoyens face à Rousseau, des mœurs matrimo- niales, du goût genevois pour la logique, l’éthique, l’économie politique, la médecine, et il se termine par un projet éditorial utopique. Les rubriques abordées par l’écrivain sont ainsi assez éloignées de celles qu’un géogra- phe classique aurait pu développer comme le climat, le relief, la végétation, l’hydrographie, l’occupation humaine, et les faits de civilisation sont trai- tés différemment. Stendhal, qui tenait absolument à éviter les conventions littéraires du Grand Tour anglais, évoque très accessoirement le paysage ;

« les mœurs et non les murs », les faits de civilisation et de société, voilà ce qui intéressait Stendhal au premier chef.

En 1837, Stendhal attribue vingt-six mille habitants à Genève. En 1853, c’est-à-dire quatorze ans plus tard, le guide de Joanne reporte 31.238 âmes pour la ville et 64.146 pour le canton. Il faut ajouter qu’à cette époque, Genève était la plus grande ville de Suisse, devant Berne, 27.758 habitants et Bâle, 27.313 habitants. Toujours selon le guide de Joanne de 1853, Zu- rich, fort de ses quelque 17.046 habitants, comptait moins de population que Lausanne, avec ses 17.108 habitants. Nous lisons dans les deux pages du Guide Joanne (voir ci-après) que les renseignements pratiques étaient déjà très précis ; on y apprend qu’une chambre à l’Hôtel des Bergues coû- tait « 2 fr. et au-dessus », sans le service, et que le « thé ou café » étaient à l fr. 50 – voilà qui nous donne une idée du prix d’alors des denrées tropica- les ! Le guide donnait aussi les noms des librairies14; encore une dispari- tion à signaler dans notre époque moderne.

Voyons à présent comment Stendhal aborde Genève.

PAYSAGELÉMANIQUEET ROUSSEAU

Les abords de Genève sont esquissés sous le double aspect du paysage (« Le voisinage du mont Blanc fait que la route me semble jolie15 »), et d’une géographie des marchés ; on y parle de la route des Foires. Le pre- mier jugement critique de Stendhal met en balance la région rhône-alpine avec les plaines de l’Île-de-France :

La route de Chambéry à Genève, par Annecy, est sublime de beauté si on la compare à la route de Paris à Montargis, de Paris à Orléans, de Paris à Troyes, de Paris à Châlons-sur-Marne, de Paris à Chartres, ou de Paris à Amiens16.

Pour celui qui a fait de la chasse au bonheur sa devise, la rencontre avec le Léman s’apparente à un moment de félicité :

Enfin, je revois ce beau lac, si vaste, si magnifiquement entouré ! Il donne des idées moins sérieuses, moins sublimes, si l’on veut, mais plus tendres que la mer véritable. C’est Rousseau qui a fait la réputation de son lac, et ce grand homme est encore abhorré ou méprisé dans les villes si jolies que je vois de loin sur ses bords. Il est vrai que, du côté de la Savoie, on ignore jusqu’à son nom,

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mais dans les villes de Suisse on l’injurie tous les jours, et je m’en réjouis pour lui17.

Ainsi, la première appréciation de Stendhal est contrastée : une impres- sion enchantée du paysage immédiatement nuancée par le jugement néga- tif que les hommes portent sur Rousseau. Stendhal perçoit cette injustice envers celui qui a dit : « Nul n’est prophète en son pays. » À souligner que les Savoyards ne sont pas épargnés non plus : ils brillent par leur indiffé- rence à la culture rousseauiste. Stendhal livre ainsi une appréciation du lieu en se fondant sur l’observation directe et en relatant le lien affectif entre le célèbre philosophe et sa région d’origine. Puis il passe de l’échelle lémanique à l’échelle urbaine :

Je commence comme toujours à Genève par courir à la promenade Saint-An- toine, voir le lac. De là, je traverse la ville, et même, avant de commencer mes affaires et d’aller chercher mes lettres, je vais voir la maison où Jean-Jacques Rousseau naquit en 1712. On vient de la rebâtir ; c’est maintenant une belle maison à six étages, comme celles à l’aide desquelles on enlaidit journellement Paris18.

À nouveau, l’esprit critique de Stendhal s’exerce de manière duale : tant la nouvelle architecture parisienne que genevoise est écornée au passage ; notons que la maison natale de Rousseau se trouve au 40, Grand-Rue (Ge- nève), une maison à la façade sobre et reconstruite qui fait bonne figure aujourd’hui. Fidèle à son sens du cloisonnement social, Stendhal distingue deux Genève : les citoyens du Haut, la classe « méthodiste » qui a mis long- temps avant d’adopter Rousseau, et la classe du Bas, les ouvriers notam- ment, qui fêtent Rousseau chaque année comme pour se démarquer spiri- tuellement de l’autre classe19. Cette Fête est donnée avec la bénédiction du gouvernement, tolérant et paternaliste, poursuit l’auteur.

Stendhal se livre encore à deux courtes appréciations paysagères.

D’abord, il relève que le paysage régional vu à partir du lac présente un premier plan assez plat, foisonnant de champs cultivés (« on songe malgré soi au produit des terres, à la fabrique, etc.20 »). Il est donc pourvu d’activi- tés économiques, contrairement aux lacs tessinois et italiens d’alors (lac Majeur, lac de Côme), qui semblent dessinés pour une jouissance purement esthétique du paysage21. Ensuite, Henri Beyle tombe sur un batelier gene- vois triste et renfrogné, et l’humeur bougonne de ce batelier déteint certai- nement sur ses jugements défavorables sur le site.

À la fin du passage, alors que Stendhal a déjà fait ses adieux à Genève, il regrette de ne pouvoir passer huit jours à Vevey. Le lac, à la hauteur de la Riviera, lui plait davantage :

Je suis touché […] de ce point admirable, où les montagnes sévères et couver- tes de sapins se rapprochent du lac, remplacent l’ignoble champ cultivé et don- nent au paysage un si grand caractère22.

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On aura là une appréciation romantique en opposition avec l’idéal des physiocrates qui a marqué le temps de l’Encyclopédie. Et Stendhal de con- clure ce chapitre sur une note plaisante mais sarcastique :

Quoi que disent les gens du haut à Genève, et quoique certainement Rousseau tombe souvent dans l’emphase, cent fois moins cependant que M. de Cha- teaubriand ou M. de Marchangy, c’est à lui uniquement que le lac de Genève est redevable de cette disposition à l’aimer, qui se trouve dans tous les cœurs et qui rend impossible toute plaisanterie contre ce beau lac. Que serait-ce, si Ge- nève, au lieu d’être barème et momière, avait les mœurs douces de Milan23!

Une dernière observation intéresse l’architecture de la Haute Ville. Les maisons patriciennes donnant sur la Treille sont « les mieux situées d’Eu- rope ». « Je ne vois à leur comparer que l’hôtel Rainville à Altona24 », con- clut l’auteur.

CARACTÈREGENEVOIS

La déambulation spirituelle de Stendhal s’accompagne de remarques sur la société genevoise de l’époque, ses mœurs, ses tendances politiques, sa façon de vivre en général. Stendhal joue sur le contraste supposé séparer l’épicurisme catholique, ici symbolisé par la Savoie (« Voyez les mines réjouies de ces bons Savoyards25 ») et l’austérité de la cité protestante.

L’auteur anticipe la thèse wébérienne de l’éthique protestante liée au déve- loppement du capitalisme ; les Genevois seraient « les premiers hommes à argent du continent26 ». Le Genevois entreprenant sur le plan économique mais économe, il a un esprit non routinier mais il se méfie de l’aventure, et son cœur est « allemand et champêtre27 ». L’auteur oppose le caractère fran- çais, brillant et dispendieux, au caractère allemand, rêveur et romantique, à l’humour moins léger. Stendhal marque sa préférence pour la Savoie (« on y a moins d’esprit, sans doute ; mais on y a meilleur cœur28 ». Un mot qu’il écrit en grands caractères est « méfiance » – mais il ne s’adresse pas à la cité de Calvin en particulier –, puis il élargit sa comparaison à l’Allemagne, à l’Angleterre et à Paris. Notons au passage que Stendhal ne fut pas tendre non plus vis-à-vis de Grenoble, sa ville d’origine. Stendhal conçoit fort bien que pour cerner le caractère genevois, il convient de le projeter hors du contexte régional (« le caractère genevois se rapproche du caractère an- glais29 ».) Genève échappe donc spirituellement à sa « région naturelle ».

L’auteur dénote une tristesse de ton anglaise dans les cerc1es : « Je crois qu’un Genevois qui aurait la mine gaie et sans-souci serait chassé de son cercle30. » Les cercles favorisent le compagnonnage mais ils pèsent sur la vie conjugale : « Il me semble que ce qui distingue Genève, c’est que les deux sexes s’y voient aussi peu que possible 31 », ou encore : « À force d’imiter la Bible, ou ce que les commentateurs disent qu’est la Bible les rapports des sexes sont devenus fort maussades32. »

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Pourtant, Genève dispose de « sociétés de jeunes filles » où l’on donne des bals et où les jeunes gens peuvent rencontrer les jeunes filles sans sur- veillance trop étroite ; « on comprendra sans peine que l’amour naît facile- ment au milieu de ces douces et innocentes relations33 ». Alors qu’à Paris,

« ce sont les notaires qui font les mariages34 », « chose singulière dans une ville d’argent, ce n’est pas l’argent qui fait ici [à Genève] les mariages35 ».

Sur la Genevoise, l’auteur fait montre de son art physionomiste et dévoile ses goûts :

Le genre de beauté genevois consiste, quand il n’est pas strictement allemand, dans de grands traits à la florentine, embellis par une extrême fraicheur. Le défaut de cette beauté, c’est quelquefois la lourdeur du menton et des ailes du nez, et pour l’expression l’air insignifiant, l’air d’un beau mouton qui rêve, Rien n’est au-dessus d’une belle Genevoise de dix-huit ans ; mais sur une fi- gure si pure, et où toute gaieté est difficile, le momiérisme fait des ravages affreux. Au contraire, la dévotion jésuitique embellit une belle Milanaise (Mme Marini, contrada della Baguta) 36.

LESSCIENCESGENEVOISES

Sur l’économie, le tableau dressé par l’auteur est louangeur : « Les Ge- nevois ont une manière de traiter les affaires nette, précise, inexorable, qui me convient fort37. » Aussi, l’avantage des cercles consiste en leur possibi- lité de s’y instruire, d’y trouver de bons livres, brochures et journaux. C’est indéniablement sur le plan de l’instruction et de la science que Stendhal se montre le plus enthousiaste. L’esprit genevois est logique, il cherche à s’ins- truire et sait mettre à profit son savoir. Ainsi, l’horloger, une fois sa beso- gne finie, écrit des articles, ou se renseigne sur « l’économie politique, la science genevoise par excellence38 ». Rien en revanche n’apparaît sur les représentants illustres des sciences naturelles ; peut-être Stendhal estime-t- il que ce fait est suffisamment connu. L’auteur juge en outre que « Genève a produit plus d’hommes remarquables que Lyon sa voisine, ville de deux cent quatre mille habitants 39 ». Quant aux médecins genevois, ils seraient supérieurs aux médecins parisiens car « l° Ils daignent interroger leurs malades ; 2° ils étudient leurs maladies ; 3° ils ne font pas d’esprit en leur parlant ; 4° ils ne mettent pas leur amour-propre à la promptitude des déci- sions40. »

LESLETTRESGENEVOISES

Les goûts genevois en matière littéraire se rapprocheraient plus de l’An- gleterre que de la France. Shakespeare passerait mieux la rampe que Vol- taire, cet « homme parfaitement calculé pour faire horreur aux Genevois41 ».

Pourquoi ? Parce que « le fond du caractère français, gai, satirique, mo- queur, libertin, chevaleresque, étourdi, échappe entièrement à une tête ge- nevoise ; au contraire, ce qui est emphatique, raisonnable et triste […] va

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droit à leur cœur42 ». Stendhal est impitoyable quant au style : « Le style genevois est pénible avant tout ; on croit voir un attelage de bœufs qui labourent lourdement. Le Français de Genève est exact, mais toujours gêné43. »

La proposition suivante a fait l’objet de deux interprétations : « Un livre genevois n’est jamais absolument vide44 ». L’auteur veut-il signifier qu’un livre genevois, contrairement à certains livres de France, qui sont totale- ment vides, compte toujours quelque contenu, ou alors, Stendhal entend-il que les livres genevois sont généralement vides, mais jamais de manière absolue ? Nous avons eu en cours une discussion sur cette question, qui ressemblait à celle du verre à moitié vide ou à moitié plein…

Le langage populaire du « français-suisse » amuse l’écrivain qui relève quelques curiosités piquantes dans les journaux. Chez le savant genevois, Stendha1 loue la perspicacité et la mémoire : « On y lit attentivement les cinq ou six bons ouvrages qui paraissent chaque année en Europe45 », et les Genevois connaissent les langues.

UNEUTOPIEENCONCLUANT

Stendhal dresse ensuite une comparaison triangulaire entre Genève, les villes de Province et Paris. Alors que les provinciaux « haïssent Paris et l’imitent46 », les Genevois ne l’imitent pas mais en parlent sans cesse, avec la manie de rabaisser cette « ville de l’ironie47 ». Genève, sous cet angle, n’est pas considérée comme une ville provinciale, parce qu’elle se permet de juger Paris. En amoureux de l’esprit parisien qu’il est, le créateur de Julien Sorel tance les Genevois de ne pas porter de jugement, de ne pas « se scandaliser de la ville immorale48 », parce que la vérité n’est pas une dans ce genre de jugement d’opinions.

Stendhal fait à Genève une proposition qui lui tient à cœur : que Genève arrête la « décadence de la littérature française49 ». En effet, l’auteur fran- çais aujourd’hui célébrissime ne connut guère la gloire de son vivant. Sym- boliquement, le guide Joanne ne cite pas son récit genevois – il lui préfère Dumas, feuilletoniste alors en vogue –, et le nom de Stendha1 n’est même pas mentionné sous la rubrique des hommes célèbres natifs de Greno- ble dans le même guide de 1853 – qui déborde sur les régions limitrophes de la Suisse. Stendha1 souffrit beaucoup de l’indifférence ou de l’hostilité de la critique parisienne. Il ne fut certes pas un poète maudit, mais il vécut beaucoup plus modestement que ses aventures princières et chevaleres- ques ne le laissent présager. Or, l’auteur note que « tous les articles de jour- naux français sont dictés par la camaraderie50; la plupart des jugements littéraires parisiens sont dénués de valeur, à cause du sectarisme ou de la complaisance. Alors, Stendhal aimerait que Genève s’occupe d’éditer un Journal littéraire indépendant et indiquant les livres qu’il faut acheter. Il assigne au rédacteur de ce journal les qualités suivantes : être inexorable, être attentif à gagner de l’argent, et être savant. Il demande aux critiques de

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lire les livres dont ils rendent compte. Stendhal utilise son périple genevois pour se plaindre des pratiques parisiennes et assigne à Genève un rôle de redresseur de torts. Toutefois, une telle aventure éditoriale serait-elle possi- ble à Genève ? Ce qui ferait la force morale d’une telle entreprise tomberait infailliblement dans la faiblesse lorsqu’il s’agirait de jauger les œuvres tou- chant à « l’ana1yse fine du cœur et à la littérature51 », reprend l’auteur. La critique genevoise ne saurait en effet s’accommoder de marivaudages et d’écrits « amoraux » (!). L’auteur ne tranche pas la question délicate de la camaraderie, universellement répandue, comme chacun sait.

Je porterai ma conclusion sur deux plans : d’abord, quel profil de la région dessine Stendhal à son époque, et ensuite, dans quelle mesure sa perspective est-elle encore actuelle.

Le point de vue que nous livre Stendhal sur le paysage et surtout sur le caractère genevois est original et doit être replacé dans son contexte. Cer- tes, le propos est souvent ironique, voire caricatural et mérite d’être dis- cuté. Son point de vue d’auteur s’inscrit dans une tradition française assez caractéristique vis-à-vis de Genève, qui oscille entre l’admiration et la cri- tique, l’envie et la rivalité, l’amitié et le malentendu. Il n’y a pas de relation amour/haine entre les deux peuples car le degré de fascination réciproque n’est pas suffisamment élevé, mais plutôt une relation de voisinage où cir- culent des plaisanteries, parfois de fausses rumeurs, et souvent la moque- rie. Le texte de Stendhal vise à expliquer au lectorat français les sources de la curiosité genevoise, à amuser le public français parfois aux dépens des Genevois, bref à affirmer haut et fort que les identités française et gene- voise sont irréductiblement distinctes, mais réciproquement fréquentables.

Cette attitude mi-admirative mi-railleuse traverse l’histoire avec une re- marquable constance.

Ce qui frappe dans le texte de Stendhal, ce n’est pas l’évocation géogra- phique descriptive, volontairement restreinte à la portion congrue, c’est l’étude de caractère. Les lieux géographiques sont toujours reliés à leur histoire littéraire ; la Haute Ville est associée au lieu de naissance de Rous- seau, l’île qui porte son nom aussi, et le lac fait songer à La Nouvelle Hé- loïse ; Ferney est toute tournée vers Voltaire ; notons que Ferney comptait encore 1.500 habitants en 1853, suite au développement économique promu par le célèbre écrivain – alors qu’Annemasse était modeste –, sans oublier Coppet, lieu de séjour de Madame de Staël. Quant aux reliefs environnants, ils sont rapidement évoqués ; il faudra attendre Théophile Gautier pour re- cueillir une description attentive du Salève52. L’économie genevoise est esquissée dans sa spécificité (l’horlogerie, la joaillerie, la banque), et l’on parle un peu de l’imprimerie et de l’édition qui étaient si importantes au temps de Voltaire, quand Genève avait pris le relais d’une édition pari- sienne bâillonnée.

Le projet éditorial et littéraire que Stendhal lance pour Genève n’a en tous les cas jamais été réalisé. Genève ne s’est pas substituée à Paris sur le plan de l’édition littéraire ; Lyon, Grenoble ou Annecy sont aussi demeurés

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au second plan. De plus en plus d’auteurs et de lecteurs francophones s’émeu- vent de la « décadence » du roman français édité à Paris et les provinces francophones ont grand-peine à contourner le centralisme parisien en ma- tière d’édition. Genève, Lyon, Grenoble auraient sans doute une carte à jouer si un humus intellectuel se formait et se doublait d’une volonté artis- tique et politique à l’échelle régionale. Les difficultés de l’édition gene- voise et rhône-alpine sont connues de tous. Si un jour, une région Léman- Rhône-Alpes, ou franco-valdo-genevoise, devait se cimenter davantage, la littérature en serait le témoignage le plus durable. Or, je n’ai trouvé aucune pièce importante de littérature du vingtième siècle qui reflète les pratiques spatiales contemporaines ayant cours dans la région. En fait, la littérature éditée dans la région est souvent à la traîne des pratiques des populations, qui traversent beaucoup plus souvent et facilement la frontière que ne le font les écrits des littérateurs. (Je mets de côté les guides alpins ou lémaniques nécessairement transfrontaliers).

Genève est envisagée par Stendhal non pas comme une capitale régio- nale, mais comme une tête de pont à dimension internationale, situé au bout d’un lac légendaire. Il ironise sur une éventuelle rivalité littéraire avec Paris ; Genève est trop peu voltairienne (et peut-être trop petite) pour que sa littérature puisse séduire en masse le lecteur français. Pour le lecteur anglais ou allemand d’aujourd’hui, Genève ne représente plus un lieu de création littéraire, mais juste un décor ponctuel de quelque roman d’action ou sentimental. L’édition régionale sait que les livres rayonnent à partir du point focal que représente le cadre géographique compris dans les livres.

Un livre sur Genève se vendra d’abord à Genève, un livre sur Lyon d’abord à Lyon, etc. Comme il n’existe pas de romans régionaux d’envergure aujourd’hui couvrant la région Léman Rhône-Alpes – il est vrai qu’écrire un chef-d’œuvre ne se décrète pas –, la région n’existe guère sur le plan littéraire. La production actuelle est d’ailleurs bien faible, comparée à celle des XVIIIe et XIXe siècles, quand cette région était l’un des phares de l’Eu- rope culturelle, et attirait à elle les Rousseau, Voltaire, Madame de Staël, Benjamin Constant, et tous les grands romantiques français, anglais, alle- mands. S’il y avait une véritable volonté de renaissance, alors les autorités culturelles de part et d’autre de la frontière devraient inviter des auteurs à résidence, lancer des prix et des soutiens à la création littéraire pour stimu- ler les auteurs locaux, qui éviteraient ainsi le passage obligé par Paris ou par Lausanne. Il conviendrait aussi d’organiser une édition franco-suisse de qualité, qui toucherait plusieurs millions de lecteurs. Naturellement, des défaitistes se dresseraient pour asséner que tout ceci ne relève que d’une aimable utopie.

La littérature française du siècle passé fournit des clés de compréhen- sion pour la nature des relations humaines tissées entre Genève et la France ; elle a l’intérêt de ne pas sous-estimer la distance mentale séparant les deux cultures, et relève avec force le lien Paris-Genève comme d’autres liens internationaux. Elle nous rend ainsi attentifs à ne pas prendre comme allant

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de soi un discours régional intégrateur et pavé de louables intentions ; la littérature perce à jour certains mystères et certaines contradictions de ce monde immatériel qu’on nomme la « culture ».

Bertrand LÉVY

NOTES

(*) Article révisé, initialement paru sous le titre : « Le portrait de Genève et de sa région dans les Mémoires d’un touriste de Stendhal (1837) », Le Globe. Revue genevoise de géographie, 1994, vol. 134, pp. 31-45. Indications bibliographiques complémentaires : Alexis François, Stendhal à Genève, Neuchâtel, La Baconnière, 1954 ; R. de Candolle,

« Stendhal et les Genevois du haut de la ville », Stendhal Club, n° 67, 15 avril 1975 ; Michel Crouzet, « Province et nation chez Stendhal », dans Stendhal et Balzac II. La pro- vince dans le roman, Alain Chantreau (éd.), Nantes, S. N. E. L., 1978, pp. 44-45 ; Claude Reichler, Roland Ruffieux, Le Voyage en Suisse : anthologie des voyageurs français et européens de la Renaissance au XXe siècle, Paris, Robert Laffont, 1998 ; Philippe Ber- thier, « Genève », dans Dictionnaire de Stendhal, Paris, Honoré Champion Éditeur, 2003, pp. 295-296 ; Merete Gerlach Nielsen, « Stendhal et Andersen à Genève », HB, n° 13-14/

2009-2010 ; Dominique Fernandez, « Stendhal en Suisse », ArtPassions Revue suisse d’art et de culture, n° 44, décembre 2015,

1. Cf. Newby (Peter T.), « Literature and the Fashioning Tourist Taste », in D.C.D.

Pocock (dir.), Humanistic Geography and Literature. Essays on the Experience of Place, Londres, Croom Helm, 1981, pp. 130-141.

2. Joanne (Adolphe), Itinéraire descriptif et historique de la Suisse […], Paris, L. Maison éd., 1853, 2e éd.

3. Dumas (Alexandre), (1832), Impressions de Voyage en Suisse (1832), cité par Adol- phe Joanne, op. cit., p. 98.

4. Cf. Victor Hugo (1839 et 1869), Fragment d’un Voyage aux Alpes. Œuvres complè- tes, 3, 2, France et Belgique. Alpes et Pyrénées. Voyages et Excursions, Paris, Librairie Ollendorf, 1910. Rééd. sous le titre Voyages en Suisse, Lausanne, L’Âge d’ Homme, 1982.

5. Vernex (Jean-Claude), « L’invention des lieux touristiques », Le Globe. Revue ge- nevoise de géographie, t. 133, 1993, pp. 15-25.

6. Mac Orlan (Pierre), Villes. Mémoires, in Œuvres complètes, Genève, Cercle du Bi- bliophile, 1969, [Paris, Gallimard, 1966].

7. Lévy (Bertrand) (dir.), Le Voyage à Genève. Une géographie littéraire. Stendhal, Chateaubriand, Alexandre Dumas, Victor Hugo, Gustave Flaubert, Gérard de Nerval, Théo- phile Gautier, Marie-Anne Cochet, Gérard Bauër, Pierre Gascar, Nicolas Bouvier, Ge- nève, Metropolis, 1994.

8. Bauër (Gérard), « Genève, cette Survivante », Ventadour, 1954, Paris, rééd. Quai Voltaire, 1993, et in Le Voyage à Genève, op. cit., pp. 235-240.

9. Green (Julien), « Genève », Journal d’un Voyageur, Paris, Seuil, 1990, pp. 189-191.

10. Stendhal, Voyages en France, éd. Victor Del Litto, Paris, Gallimard, « Bibliothè- que de la Pléiade », 1992, pp. 436-468. Désormais : VF.

11. Stendhal, Rome, Naples et Florence (1826), édition présentée et annotée par Pierre Brunel, Paris, Gallimard, « Folio », 1957.

12. De Traz (Robert), L’Esprit de Genève, Paris, Grasset, 1929, p. 28.

13. Bouvier (Nicolas), « Petite morale portative », in Pour une littérature voyageuse,

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(ouvrage collectif), Bruxelles, Complexe, 1992, p. 51.

14. Joanne (Adolphe), op. cit., pp. 96-97.

15. VF, p. 435.

16. Ibid., p. 436.

17. Ibid.

18. Ibid.

19. Ibid., pp. 437-438.

20. Ibid., p. 455.

21. Cf. Ritter (Joachim), « Landschaft », in Subjektvität, Francfort, 1974, pp. 155-163, cité par Jean Starobinski, « Langage poétique et langage scientifique », Diogène, n° 10, oct.-déc. 1977, p. 149.

22. VF, p. 467.

23. Ibid.

24. Ibid., p. 457.

25. Ibid., p. 446.

26. Ibid., p. 446.

27. Ibid.

28. Ibid.

29. Ibid., p. 447.

30. Ibid., p. 443.

31. Ibid., p. 444.

32. Ibid.

33. Ibid., p. 441.

34. Ibid., p. 442.

35. Ibid., p. 441.

36. Ibid., p. 460.

37. Ibid., p. 449.

38. Ibid., p. 451.

39. Ibid., pp. 450-451.

40. Ibid., p. 451.

41. Ibid., p. 448.

42. Ibid.

43. Ibid., pp. 453-454.

44. Ibid.

45. Ibid., p. 460.

46. Ibid., p. 461.

47. Ibid.

48. Ibid., p. 462.

49. Ibid., p. 463.

50. Ibid.

51. Ibid., p. 465

52. Gautier (Théophile), Les Vacances du lundi. Tableaux de montagnes. Préface de Sylvain Jouty, Seyssel, Éd. Champ Vallon, 1994, pp. 127-131 [1881].

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