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"Genève face à la menace terroriste". Analyse du cadrage médiatique en cas de crise

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Academic year: 2022

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Master

Reference

"Genève face à la menace terroriste". Analyse du cadrage médiatique en cas de crise

RAIMONDI, Aude

Abstract

Le 10 décembre 2015, le canton de Genève est en effervescence. Selon un communiqué de presse du département de la sécurité et de l'économie, des suspects liés aux attentats de Paris se trouveraient à Genève ou dans la région genevoise. Les médias réagissent immédiatement avec de nombreuses publications pour tenir la population informée. Ce travail de mémoire a donc pour objectif d'examiner comment se construit un cadrage médiatique dans un contexte aussi anxiogène. Il étudie la manière dont les communiqués de presse ont de l'influence sur le cadrage effectué par les médias, la différence de cadrage entre les supports et son évolution dans le temps. Il montre finalement la différence entre le cadrage effectué par les médias régionaux et celui du service public.

RAIMONDI, Aude. "Genève face à la menace terroriste". Analyse du cadrage médiatique en cas de crise. Master : Univ. Genève, 2019

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:123418

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Mémoire de diplôme, Master en journalisme et communication

« Genève face à la menace terroriste » Analyse du cadrage médiatique en cas de crise

Aude Raimondi

N° d’étudiant : 12-307-732

Directeur de mémoire : Dr. Sébastien Salerno

Session d’examen : Janvier 2019

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Table des matières

INTRODUCTION 1

1. PROBLEMATIQUE ET HYPOTHESES 3

2. CADRE THEORIQUE 5

2.1. Cadrage, panoplie et agenda-setting 5

2.1.1. Relation entre journalistes et communicants 8

2.1.2. Relation entre journalistes et sources 10

2.1.3. Statut de l’expert dans les médias 11

2.2. Médias et crise 13

2.2.1. Communication et terrorisme 14

2.3. Paysage médiatique en Suisse 15

2.3.1. Le rôle du service public audiovisuel en Suisse 15

2.3.2. Le journalisme local 16

3. CORPUS 18

3.1. Chronologie des événements de décembre 2015 18

3.2. Communication de la République et canton de Genève 21

3.3. La Radio Télévision Suisse (RTS) 21

3.3.1. La télévision 22

3.3.2. La radio 22

3.3.3. Le web 22

3.4. La Tribune de Genève 23

3.5. Léman Bleu 24

4. METHODOLOGIE 25

4.1. Analyse de contenu 25

4.2. Observations et analyses quantitatives 27

4.3. Construction de l’analyse thématique 28

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5. ANALYSE DU CADRAGE MEDIATIQUE 33

5.1. Cadrage suggéré par le département de la sécurité et de l’économie 33

5.1.1. Analyse approfondie des quatre communiqués 33

5.1.2. Synthèse et discussion des résultats 41

5.1.3. Comparaison avec les médias 45

5.1.4. Synthèse et discussion des résultats 50

5.1.5. Discussion autour de l’hypothèse 1 51

5.2. L’influence du support 53

5.2.1. Synthèse et discussion des résultats 56

5.2.2. Discussion autour de l’hypothèse 2 62

5.3. L’évolution dans le temps 64

5.3.1. En fonction du support 64

5.3.2. Par catégorie lexicale 66

5.3.3. Discussion autour de l’hypothèse 3 71

5.4. Le statut local ou national 73

5.4.1. Par catégorie lexicale 73

5.4.2. Le rôle des experts 80

5.4.3. Synthèse et analyse des résultats 91

5.4.4. Discussion autour de l’hypothèse 4 98

CONCLUSION 101

BIBLIOGRAPHIE 104

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Remerciements

Je remercie mon directeur de mémoire, Dr. Sébastien Salerno, pour ses conseils, remarques et suggestions apportés au long de ce travail.

Mes remerciements vont également à mes précieux relecteurs Pierre, Catherine et Florence Raimondi ainsi que Stéphane Gabioud. Leurs soutiens, implication et encouragements ont été des piliers essentiels dans la réalisation de ce travail.

Finalement, je remercie chaleureusement mes employeurs Michael Balavoine et Bertrand Kiefer pour leur confiance. Ils m’ont donné la chance inestimable de faire mes premiers pas dans le monde du travail avant même que mes études ne soient achevées. C’est grâce à eux que j’ai aujourd’hui l’opportunité de m’épanouir dans le monde passionnant du journalisme et ils ont toute ma reconnaissance.

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Introduction

Genève, le 10 décembre 2015 : depuis la fin de matinée, tout le canton semble en effervescence. Selon un communiqué de presse du département de la sécurité et de l’économie (DSE) rendu public à 11h47, des suspects liés aux attentats de Paris se trouveraient à Genève ou dans la région genevoise. Il n’en faut pas plus pour déclencher une tempête médiatique. Le soir même sur le plateau du 19 :30, le rendez- vous d’information de la Radio Télévision Suisse (RTS), le magistrat genevois Pierre Maudet, en charge du département de la sécurité et de l’économie, intervient en personne. Il parle alors de « menace précise », des termes qui seront immédiatement relayés. Pendant plusieurs jours, les informations sur l’évolution de l’enquête se multiplient dans les médias. La fête de l’Escalade, événement populaire organisé chaque année en vieille-ville de Genève, est placée sous haute surveillance. La tension et le stress règnent pendant plusieurs jours au sein de la capitale genevoise.

Les services de sécurité régionaux et nationaux ainsi que les politiques se relayent dans les médias pour informer la population. Mais après plusieurs jours sans incident majeur, la menace semble s’éloigner et le sujet disparaît petit à petit de la une des médias.

Dans ce contexte anxiogène, marqué par les attentats de Paris survenus quelques semaines plus tôt, le travail des journalistes, tout comme celui des communicants, a été particulièrement complexe. Dans les médias, le travail de mise en forme de l’information effectué par les journalistes implique forcément la notion de cadrage.

Celle-ci sera centrale tout au long de notre travail, qui tentera d’expliquer comment un cadrage médiatique se construit dans un contexte de menace terroriste. Notre réflexion pourra s’appuyer sur le cas concret de la menace survenue en décembre 2015 et toute la production médiatique qui en a découlé.

Nous proposerons dans un premier temps un cadre théorique, qui permettra d’avoir un regard global sur la littérature existante à ce propos. La notion de cadrage pourra ainsi être définie de manière précise. Nous verrons également quels liens unissent ou au contraire éloignent journalistes et communicants, les deux protagonistes principaux de ce travail de mémoire. Nous nous pencherons également sur la notion de crise et ce que peut engendrer ce type de tensions sur la production journalistique. Nous ferons finalement le point sur le paysage médiatique suisse afin de mener une réflexion contextualisée.

Notre analyse aura ensuite pour but de tester quatre hypothèses au sujet du cadrage.

Nous étudierons d’abord la manière dont les communiqués de presse officiels ont une influence sur les médias. Le DSE de la République et canton de Genève a en effet publié plusieurs communiqués pendant cette période de décembre 2015. Nous déterminerons les principaux champs lexicaux repérés dans ces documents, pour les comparer ensuite avec ceux employés par les journalistes dans les contenus médiatiques produits par la RTS. Cette analyse devrait mettre en avant des liens directs entre le discours des autorités et celui transmis via les médias.

« The medium is the message » : la phrase du philosophe des médias Marshall McLuhan reste emblématique encore aujourd’hui. Nous nous intéresserons donc au rôle du support sur le cadrage de l’information. A l’heure du numérique, les plateformes médiatiques se multiplient. Mais trouve-t-on vraiment le même type d’information sur le web qu’à la télévision et à la radio ? La RTS produit du contenu sur les trois types

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de support. Un corpus donc intéressant pour comparer les contenus en fonction du médium pour lequel ils ont été composés. Nous verrons également si le facteur temporel a une influence sur le cadrage. Dans un tel contexte de crise, les médias doivent réagir dans des laps de temps très courts. Avoir plus de temps devant soi peut permettre de prendre du recul et d’amener plus de contenu critique. Finalement, nous verrons si le statut de média national ou local a aussi un impact sur la manière de cadrer l’information. Pour effectuer ces analyses, nous emploierons principalement des méthodes d’analyse du discours que nous appliquerons sur la production médiatique recueillie.

Ce travail centré sur la pratique journalistique s’inscrit dans un contexte de crise médiatique. L’avènement du numérique bouleverse les pratiques et les modèles économiques. En Suisse, la presse écrite est à la peine. Les journaux tentent en urgence de renouveler leurs propositions de contenus, en investissant d’autres formes de journalisme qui puissent se décliner sur d’autres supports que le papier. Les chaînes de radio et de télévision tentent également d’adapter leurs contenus, afin de les rendre exploitables sur les réseaux sociaux et le web en général. La convergence médiatique semble désormais être un passage obligé pour que chaque type de support puisse continuer de survivre. En toile de fond de ce travail se dessinent deux types de crise : la crise terroriste qui pèse sur l’Europe et la crise des médias en général. C’est donc dans ce contexte de tensions que nous tenterons de mettre en lumière le travail des journalistes et les différents éléments qui pèsent sur le cadrage.

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1. Problématique et hypothèses

Le sujet de nos recherches se concentre sur la communication étatique en cas de menace terroriste et ses répercussions dans les médias. Afin de mener à bien notre réflexion, nous nous référerons au cas concret des événements du 10 décembre 2015 survenus à Genève. Ces événements serviront aussi bien d’exemple que de corpus de recherche. Notre travail est donc ancré dans le domaine de la communication politique et sur la scène médiatique suisse romande.

La problématique de notre travail de mémoire est la suivante :

« Comment se construit le cadrage médiatique en cas de menace terroriste ? »

Lorsqu’une menace terroriste est rendue publique par une instance, la nouvelle déchaîne inévitablement une « tempête médiatique ». Thématique anxiogène, le terrorisme est un sujet « vendeur » pour les médias. Il est « concernant » et la peur qu’il déclenche incite la population à se renseigner. Afin de répondre à cette demande de la population, les médias effectuent alors un cadrage de la nouvelle. Mais comment les journalistes choisissent-ils les informations à diffuser en priorité ? Quels récits ou quelles histoires racontent-ils ? Font-ils confiance aux informations officielles ou ont- ils tendance à construire leur propre discours critique ? Et de l’autre côté, comment un service de communication prépare-t-il son matériel de communication ?

Cette problématique permet d’étudier la manière dont les journalistes s’approprient cette actualité à caractère anxiogène. Elle permettra également d’observer la construction du discours des instances étatiques, et d’analyser en profondeur la relation qui lie ces deux aspects. Dans l’objectif de répondre au mieux à cette question, les hypothèses suivantes ont été élaborées :

Hypothèse 1 : « Le cadrage de l’événement effectué par les journalistes de la RTS dépend des communiqués de presse officiels de l’État de Genève ».

Nous faisons l’hypothèse que la publication des communiqués officiels a eu une influence directe sur le cadrage effectué par les journalistes. Le jour où les communiqués sont publiés, toutes les catégories lexicales (voir au point 4.3) abordées dans ces documents officiels se retrouveraient dans les médias. Pour examiner cette hypothèse, nous allons comparer les catégories lexicales repérées dans les communiqués avec les productions médiatiques de la RTS diffusées le jour même de la publication des communiqués.

Hypothèse 2 : « Le cadrage des événements effectué par les journalistes de la RTS dépend du type de support de diffusion ».

Nous faisons l’hypothèse que la nature du support de diffusion (télévision, radio ou web) influence également le cadrage de l’information. Bien que les contenus que nous analyserons soient produits par le même média, la RTS, nous estimons que le cadrage d’une information de cette nature peut fortement varier d’un support à l’autre.

Les principaux indicateurs de cette hypothèse seront les catégories lexicales issues de l’analyse de contenu. Grâce à cela, nous pourrons examiner si elles diffèrent d’un support à l’autre.

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Hypothèse 3 : « Le cadrage des événements effectué par les journalistes de la RTS dépend du nombre de jours qui se sont écoulés depuis la diffusion de la première information officielle. Dans l’urgence de réagir, les journalistes restent proches du communiqué puis prennent du recul au fil des jours ».

Nous faisons l’hypothèse que la production journalistique devient plus critique chaque jour, en remettant en question le cadrage suggéré par le DSE. Plus l’information est ancienne, plus ils peuvent devenir critiques face aux informations officielles.

Les principaux indicateurs de ces hypothèses seront lexicaux : nous examinerons comment les catégories lexicales repérées dans le contenu médiatique évoluent au fil du temps. Nous ferons également des analyses quantitatives et des repérages chronologiques pour examiner à quelles dates certaines thématiques sont plus abordées que d’autres et pour quelles raisons.

Hypothèse 4 : « La reprise du cadrage étatique des événements par les journalistes dépend du statut local ou national du média. ».

En tant que service public audiovisuel, la SSR est un média national. La RTS, branche romande de la SSR, a pour mission de couvrir l’actualité de toute la Suisse romande (ainsi que des autres régions de Suisse et l’actualité mondiale). Les médias régionaux, ont en revanche pour mission de couvrir uniquement une actualité régionale. Nous faisons donc l’hypothèse que cette différence d’échelle a une influence sur le contenu.

Plus le média a une couverture limitée à une région précise, plus son contenu sera orienté vers l’information brute et le service à la population. Plus il a un mandat large (comme la RTS), plus il se concentrera sur l’analyse du contexte. Pour examiner cette hypothèse, nous comparerons les cadrages de la RTS (média national) avec ceux de La Tribune de Genève et de Léman Bleu (médias régionaux). L’analyse des champs lexicaux sera donc notre principal indicateur. En complément, nous effectuerons également une analyse des experts invités dans ces différents médias, avec l’hypothèse que ceux qui sont conviés par les médias locaux sont des personnes de terrain en lien direct avec la population, tandis que ceux invités par la RTS sont invités à exprimer un regard plus critique et analytique.

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2. Cadre théorique

2.1. Cadrage, panoplie et agenda-setting

La question du cadrage (framing en anglais) est le point central de notre travail.

Présente littéralement dans la problématique, c’est la notion qui cristallisera nos analyses. Il convient donc de comprendre les divers enjeux qui la sous-tendent. La notion de cadrage est pendant longtemps restée un concept relativement flou, utilisé plutôt comme métaphore que comme un concept applicable à une question de recherche (Scheufele, 1999, p.103). Le terme de cadrage a donc parfois été utilisé pour caractériser différentes approches, combiné à certains concepts comme l’agenda setting ou le priming. D’après Scheufele, « even in the area of media effects, the concept of framing is far from being integrated into a consistent theoretical model » (Scheufele, 1999, p.118). En 1993 cependant, Robert Entman s’intéresse à la signification du cadrage. En constatant en effet qu’il n’existait pas encore de véritable définition qui regroupe exhaustivement tous ses aspects, il proposa lui-même la définition suivante :

« Framing essentially involves selection and salience. To frame is to select some aspect of a perceived reality and make them more salient in a communication text, in such a way as to promote a particular problem definition, causal interpretation, moral evaluation, and/or treatment recommendation for the item described » (Entman, 1993, p.52).

Cette explication montre notamment la manière dont les médias transmettent à leur audience des schémas déjà construits pour interpréter des événements. En effet, le cadrage et la présentation d’événements peut systématiquement affecter la manière dont le récepteur va comprendre ledit événement (Price, Tewksubury, et Powers, 1995, p.4). Entman souligne également que le concept de cadre intervient au moins quatre fois dans le processus de communication : au niveau du communiquant, du texte, du récepteur et de la culture. Le cadrage, à chacun de ces niveaux, engendre des fonctions similaires: « selection and highlighting, and use of the highlighted elements to construct an argument about problems and their causation, evaluation and / or solution » (Entman, 1993, p. 53). A travers le mot salience (traduisible en français par point saillant / point essentiel), Entman décrit un phénomène qui consiste à rendre une partie de l’information plus remarquable, faisant du sens et facile à se rappeler pour l’audience.

Kahneman et Tverksky ont quant à eux pu démontrer la puissance du cadre à travers une désormais fameuse expérience. L’énoncé suivant a été soumis à un groupe de participants :

« Imagine that the U.S. is preparing for the outbreak of an unusual Asian disease, which is expected to kill 600 people. Two alternative programs to combat the disease have been proposed. Assume that the exact scientific estimates of the consequences of the programs are as follows: If program A is adopted, 200 people will be saved. If program B is adopted, there is a one-third probability that 600 people will be saved and a two-thirds probability that no people will be saved. Which of the two programs would you favor? » (Kahneman & Tversky, 1984, p. 343).

Parmi les personnes soumises à cet énoncé, 72% d’entre elles ont choisi le programme A. Une autre expérience proposait alors les choix suivants :

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« If program C is adopted, 400 people will die. If program D is adopted, there is a one-third probability that nobody will die and a two-thirds probability that 600 people will die. Which of the two programs would you favor? » (Kahneman, Tversky, 1984, p. 343).

Dans ce cas-là, le programme C qui, en terme numéraire, était parfaitement égal au programme A, ne récoltait pour que 22% des suffrages. Un résultat qui montre bien que le cadrage de l’énoncé a, à lui seul, pu influencer des opinions puis des décisions.

Il a eu un important effet sur la réception d’une majeure partie de l’audience. Grâce à leur expérience, Kahneman et Tversky montrent donc que le cadre sélectionne et attire l’attention sur certains aspects particuliers d’une réalité décrite (Entman, 1993, p. 54 et Kahneman & Tversky, 1984, p. 343).

Un produit médiatique est la plupart du temps soumis à ce phénomène de cadrage.

Car même si les journalistes suivent une règle « d’objectivité » dans leurs reportages, ils peuvent être eux-mêmes soumis à l’effet du cadre. En effet, leur manière de considérer une situation risque d’être déjà influencée par des cadres qu’ils retransmettent inconsciemment via les médias (Entman, 1993, p.54). Pour Gitlin

« frames largely unspoken and unacknowledged, organize the world both for journalist who report it and, in some important degree, for us to rely on their reports » (Gitlin, 1980, p.7). Il souligne également le fait que les cadrages médiatiques peuvent servir de routine aux journalistes. Ils permettent de rapidement identifier une information, la classifier et la présenter de manière à ce qu’elle soit efficacement relayée à son audience (Ibid.).

Tuchman (1978) a mis en avant au moins 5 facteurs qui peuvent potentiellement influencer le journaliste et imposer un cadrage : les normes et valeurs sociales, les pressions et contraintes organisationnelles, les pressions des groupes d’intérêt, la routine journalistique ainsi que les idéologies ou les orientations politiques du journaliste (Scheufele, 1999, p.109). Au cours d’un processus de création médiatique, les premières sources d’influence peuvent en effet intervenir très tôt. Le journaliste construit activement des cadres pour structurer et donner du sens aux nouvelles informations qu’il reçoit. Lorsqu’il apprend par exemple qu’une menace terroriste pèse sur Genève, la nouvelle va forcément provoquer chez lui certaines représentations. La formation de ses propres cadres va donc dépendre de ses idées mais aussi de ses normes professionnelles (Op. cit. : 115). On notera d’ailleurs que le médium lui-même a tendance à être marqué par des effets de cadrage. En effet, chaque véhicule d’information est normé différemment et est construit par une organisation routinière susceptible de transmettre un certain cadrage. On notera finalement que les cadrages les plus accessibles sont généralement ceux qui sont les plus faciles à mémoriser (Ibid.).

Une autre notion, proche de celle du cadrage, est proposée par McCombs et Shaw en 1972 : l’agenda-setting. Ceci émerge d’un constat fait par les chercheurs : l’information des médias de masse devient le seul contact que beaucoup ont avec la politique.

(McCombs & Shaw, 1972, p. 176). Ces médias de masse ont donc un grand pouvoir, notamment en période de votation. Si certaines personnes cherchent activement de l’information, la plupart attendent qu’elles viennent à eux. Dans ce deuxième cas de figure, les informations choisies jouent un rôle dans la formation de l’opinion publique.

En 1998, Weaver, McCombs et Shaw proposent ensuite un modèle théorique plus

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complet. Les concepts de « priming » et « framing »1 y sont alors intégrés comme des

« extensions naturelles de l’agenda-setting » (Scheufele, 2009, p. 297).

Weaver, McCombs et Shaw soulignent alors qu’en plus de nous dire à quoi il faut penser, les nouvelles retransmises par les médias nous disent comment y penser :

« Both the selection of object for attention and the selection of frames for thinking about these objects are powerful agenda-setting roles. Central to the news agenda and its daily set of objects – issues, personalities, events, etc – are the perspectives that journalists and, subsequently, members of the public employ to think about each object ». (Weaver, McCombs & Shaw, 1998, p. 62).

De nombreux chercheurs ont réalisé des études pour mesurer l’impact de l’agenda- setting sur l’audience. En faisant leur synthèse, Scheufele note que trois conditions semblent devoir être remplies pour induire une relation de cause à effet.

« First, some form of covariation needs to be identified between the two variables under study. Second, potential alternative explanations need to be ruled out. Third, a temporal order between independent and dependent variable has to be established, with the hypothesized cause preceding the effect ».

Dans son ouvrage dédié aux mouvement sociaux, Neveu fait intervenir la notion de

« panoplie » (en anglais : packaging). Il s’agit dans ce cas d’un « cadre interprétatif destiné à donner sens à un problème et à des événements. Elle se compose de différentes valeurs et des principes, développe une explication causale des problèmes et des enjeux, sollicite des symboles, des slogans, des images, des exempla, des descriptions. » (Neveu, 1999, p. 33). Pour illustrer ceci, il fait référence aux travaux d’André Modigliani et William Gamson. Les chercheurs se sont intéressés aux discours véhiculés par les médias nord-américains de 1945 aux années 80 à propos de la question nucléaire. Ils ont ainsi pu mettre en avant une série limitée de ces

« panoplies ». Jusque dans les années 60, l’information à propos de ce sujet est cadrée dans une panoplie qu’ils appellent « progrès ». Les journalistes insistent surtout sur l’atome, vu comme une source de développement. La survenue de certains accidents nucléaires va ensuite aboutir à partir des années 70 à l’apparition d’une nouvelle panoplie : « solutions douces ». Celle-ci met en avant l’existence d’autres énergies moins dangereuses à exploiter. Puis dans les années 80 émergent alors deux nouveaux cadres à connotation bien plus négative, centrée la menace du nucléaire et la perspective de nouvelles catastrophes : « la fuite en avant » et « le marché du diable » (Neveu, 1999, p. 34). Au cours de notre travail, nous verrons si dans un laps de temps beaucoup plus court bien sûr, de telles variations de « panoplies » sont également observables ou si elles restent les mêmes du premier jour à plusieurs mois après les événements.

Gamson et Modigliani relèvent aussi que la formation de cadrage (ou panoplies) peut être expliqué par l’interaction des normes et pratiques des journalistes avec l’influence du contexte ou de groupes d’intérêts (Gamson et Modigliani, 1987, p. 168). Un cadrage véhicule en effet avec lui une sorte de définition de la situation et ne peut donc complétement être séparé de son contexte et des personnes qui le proposent au départ.

1(voir définition au point 2.1)

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De manière générale, ces différentes réflexions nous amènent à penser que, lors des événements survenus en décembre 2015 à Genève, les journalistes ont probablement aussi été soumis à des effets de cadrage, voire de panoplie. D’autant plus dans une situation qui suscite des peurs, donc potentiellement d’importants effets de cadrage dû aux émotions. Nous nous appliquerons donc à essayer de comprendre quels effets de cadrage se manifestent dans ce cas, et comment.

2.1.1. Relation entre journalistes et communicants

Les relations entre journalistes et communicants sont essentielles à définir et comprendre afin d’avoir un regard global sur l’analyse de notre corpus. En effet, elles font parties des éléments qui influencent nettement le cadrage de l’information.

Jean-Baptiste Legavre désigne les deux corps de métiers comme des « associés- rivaux » (Legavre, 2011, p. 105). Une définition très souvent rejetée par les deux camps qui aiment se définir comme « indépendants » les uns des autres. Pourtant, force est de reconnaître que leur coopération est essentielle dans bien des cas. Pour Bourricaud, « ne pouvant espérer durablement se débarrasser de l’autre, ils n’ont d’autre choix que de négocier » (Bourricaud, 1961, p. 136). Cette rivalité est sans doute liée aux idéologies à l’origine de chacun des métiers. D’après Legavre, les communicants servent les pouvoirs, tandis que les journalistes servent les contre- pouvoirs (Legavre, 2011, p. 108). Des intérêts opposés mais tout de même dépendants les uns des autres. Nous verrons en analysant notre corpus que les informations communiquées par le gouvernement ne peuvent pas être ignorées par les journalistes. Elles constituent en effet de précieuses sources. En revanche, elles sont souvent retravaillées, complétées, critiquées par le journaliste. Le gouvernement, quant à lui, a besoin des journalistes pour que l’information soit relayée au grand public. Il s’applique cependant à diffuser des messages selon une stratégie de communication qui sert ses intérêts. Les relations presse restent le seul moyen de communication via lequel le message est confié à un intermédiaire, soit le journaliste.

Pour le communiquant, cela implique le risque que son message initial ne soit pas repris ou tronqué, voir cadré avec une connotation négative (Catellani & Sauvajol- Rialland, 2015, p.84-85).

Pourtant, au-delà d’une relation de rivalité, Legavre souligne que l’association qui uni ces deux métiers est fondamentale. Les journalistes et les communicants ont chacun tout intérêt à ce que la relation se passe bien, car ils ont des intérêts communs (Legavre, 2011, p. 110). Dans un cas d’urgence, comme c’était le cas pendant les événements de décembre 2015, il est nécessaire pour les journalistes de pouvoir rapidement se retourner vers des contacts de confiance pour obtenir des informations et créer du contenu médiatique. Ils ont besoin du poids que confèrent à leur travail les déclarations de l’État. Les communicants, de leur côté, peuvent largement exploiter la fonction de relais qu’incarnent les journalistes. Selon une étude menée par l’Efficient Unit du gouvernement de Hong Kong, les relations publiques d’une entreprise jouissent d’ailleurs d’une importance significative dans le management de crise (Crisis Management – An international Overview, 2009, p.22). Il s’agit de part et d’autre de réussir à gérer la transmission d’un message dans une situation urgente et inhabituelle. Dans ce cas particulier, les médias peuvent être amenés à endosser le rôle central d’informateur, en renseignant la population sur l’attitude à observer pour minimiser l’impact de la crise (Crisis Management – An international Overview, 2009,

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p.23). Dans cet objectif, Drennan et McConnell recommandent aux de communicants la chose suivante :

« Avoid the impression of a slow or ineffective response, the impression of having something to hide (…), inconsistent messages from different actors or layers of government, rush to judgement, expressing lack of sympathy » (Drennan &

McConnell, 2007, p.159).

Des conseils plutôt tournés vers la transparence et l’efficacité. Si les intérêts spécifiques des journalistes et communicants peuvent diverger, en cas de crise terroriste, la sécurité et l’information des citoyens devient un intérêt commun. Selon Jacques Baud, « les stratégies de lutte contre le terrorisme doivent comprendre une stratégie de communication et par essence un moyen de communiquer » (RTS, Forum, 2015). Grâce à l’analyse de notre corpus, nous pourrons observer si dans ce cas précis, la relation journaliste-communicants semble avoir été empreinte de confiance et d’un intérêt commun de protection de la population.

Différents enjeux restent néanmoins spécifiques à chaque domaine. Dans le cas présent, pour le journaliste, l’objectif sera tout de même de fournir un produit médiatique enrichi de nouvelles exclusives. Pour le communicant, il s’agira avant tout d’assurer une « bonne image » dans les médias (Legavre, 2011, p. 117), en expliquant par exemple que le gouvernement a la situation bien en mains. On retiendra donc de cette relation particulière entre journalistes et communicants certaines tensions mais également des compromis nécessaires pour l’optimisation du travail de chacun (Legavre, 2011, p. 123).

Concrètement, différents outils servent de support à ces relations. Le communiqué de presse reste encore aujourd’hui le principal support de diffusion d’informations vers la presse (Catellani & Sauvajol-Rialland, 2015, p. 85). Il est peu coûteux et sa diffusion est très rapide. On notera qu’il a d’ailleurs été largement exploité lors des événements de décembre 2015. Avec pour objectif de faire passer une information centrale, un communiqué a des chances d’être efficace plus il est synthétique et précis.

L’interview est un second outil fondamental pour rendre compte de la relation journaliste-communicant. Selon Catellani et Sauvajol-Rialland, « elle est très prisée car elle est souvent l’occasion d’obtenir une information personnalisée, sur mesure, fine ». (Catellani & Sauvajol-Rialland, 2015, p. 86). C’est l’un des genres caractéristiques du journalisme de terrain. Dans son ouvrage sur l’écriture journalistique, Jacques Mouriquand souligne l’importance de la part du journaliste de connaître au moins sommairement les « préoccupations vraisemblables de son interlocuteur » (Mouriquand, 2015, p.7). Pour résister au biais du cadrage imposé par l’interlocuteur, le journaliste s’attèle à dépasser ce qui a déjà été dit sur le sujet en formulant des questions inédites. Les questions doivent donc se situer « à l’intersection de la curiosité du journaliste et de la compétence supposée de l’interviewé. » (Ibid.) Afin de garder les rênes en main, Mouriquand suggère encore au journaliste de poser des questions variées, à la fois fermées et ouvertes pour mêler réponses précises et propos généraux. A noter que le rapport journaliste – expert risque parfois d’être manipulé :

« Certains experts deviennent des interviewés professionnels, connaissant le moindre truc de leurs partenaires, jetant habilement les bons mots dont ils savent qu’ils seront repris. Le talent du journaliste sera là d’empêcher cette forme singulière mais envahissante de familiarité ». (Ibid.)

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Notre corpus est composé de nombreuses interviews, notamment de personnes avec une grande habitude de l’exercice médiatique. Il conviendra donc de mener nos analyses à la lumière de ces considérations, en gardant en tête les objectifs à la fois de l’interviewer et de l’interviewé. Nous pourrons ainsi tenter de voir si les experts profitent du format de l’interview pour suggérer leur propre cadrage autour des événements de décembre 2015. De l’autre côté, nous verrons si les questions des journalistes correspondent quant à elles à un cadrage prédéfini.

2.1.2. Relation entre journalistes et sources

Au cours de ce travail, nous serons largement amenés à aborder la question des sources. Par sources, nous entendons à la fois les communicants que nous venons d’évoquer, mais également toutes personnes vers qui le journaliste est susceptible de se tourner pour obtenir une information. Celles-ci jouent en effet un rôle majeur au niveau du cadrage. Pour bien comprendre les tenants et aboutissants, il convient de se pencher sur la question des relations entre les journalistes et leurs sources. Dans son ouvrage intitulé Sociologie du journalisme, Neveu éclaire ce point, en faisant notamment référence aux travaux de Schlesinger (1992). Ceux-ci remettent en cause la vision du « médiacentrisme » selon laquelle les journalistes seraient les seuls protagonistes actifs de la production de l’information. (Idid.). Les sources se professionnalisent et par conséquent développent des stratégies, basées sur l’anticipation des pratiques et des routines des journalistes (Neveu, Op. cit.). En temps de crise, comme lors des événements que nous étudions ici, les journalistes doivent travailler de manière particulièrement rapide. Une situation dont les sources peuvent profiter, car « leur formatage d’une information prête à publier peut rendre service à un journaliste surchargé. La peur de voir le concurrent couvrir une information pourtant fabriquée suscite le réflexe d’en faire état » (Ibid.). Mais toujours selon Neveu, la plupart des journalistes ne sont pas dupes face au raz de marée d’informations formatées qui s’abat sur eux. Pour y faire face, de nouvelles tendances journalistiques apparaissent, comme par exemple moins parler de l’événement mais plutôt faire état des usages intéressés et médiatiques (Ibid.). Au cours de notre travail, nous pourrons ainsi tenter d’observer si les journalistes ont bel et bien une tendance à questionner les usages des sources, en particulier des sources officielles comme les communiqués de presse de l’État de Genève.

Pour détecter ces mécanismes, Neveu donne trois exemples de stratégies qu’emploient les sources pour faire passer leur message. Premièrement, le modèle de contrôle. En offrant des accréditations, certaines sociétés parviennent à constituer des sortes de club dont l’appartenance permet d’assister par exemple à des points presse et d’avoir des informations en primeur. Mais l’accès à ce type de club est sélectif et par conséquent, les journalistes doivent respecter un ensemble de règles, comme par exemple les embargos. Grâce à ce type d’action, ils noient les journalistes sous une quantité d’informations et peuvent choisir de retirer une accréditation, ce qui leur confère un certain pouvoir (Ibid.).

Le second modèle évoqué par Neveu est celui de la séduction. Selon lui, « les chargés de communication des entreprises ne manquent pas d’imagination pour bénéficier de la bienveillance des journalistes susceptibles de parler de leur produit » (Ibid.). Il évoque également les visites d’entreprises et produits offerts. Dans certains pays comme la Thaïlande par exemple, la pratique est monnaie courante. Sachant que les journalistes ne sont pas beaucoup rémunérés « les parlementaires contribuent au

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financement des dépenses des journalistes chargés de les suivre, leur offrent des repas, paient les consommations au bar, parfois les nuitées d’hôtel (…) Un ministre de la Santé eut même l’idée ingénieuse d’offrir aux journalistes un tarif préférentiel dans les cliniques privées qu’il possédait. » (Ibid.). Dans ces conditions, difficile de développer un cadrage médiatique neutre, dénué de toute influence de la source. En Suisse, la corruption est certes nettement moins marquée. Il ne faut toutefois pas minimiser les stratégies de séduction potentiellement déployées par les instances politiques sur lesquelles nous seront amenés à nous pencher.

Finalement, Neveu évoque une dernière stratégie qu’il intitule « laisser jouer la sous- professionnalisation d’un titre ». Il évoque ici la situation de certains médias dont l’équipe journalistique est peu étoffée, et qui doivent donc faire appel à des pigistes et stagiaires. Grâce aux banques de données que dispose une rédaction, il est parfois possible de travailler sans quitter les locaux de la rédaction (Ibid.). Une pratique qui constitue certes un gain de temps, mais le peu d’implication sur le terrain risque également de causer une baisse de la qualité informationnelle.

Notre comparaison entre les communiqués de presse et les documents officiels devra donc se faire à la lumière de ces considérations.

2.1.3. Statut de l’expert dans les médias

Inviter un expert pour commenter une situation est une pratique très fréquente dans le monde médiatique. L’activité d’expertise et l’intervention de personnes proclamées ou auto-proclamées expertes est d’ailleurs devenue omniprésente dans notre société contemporaine (Garric & Léglise, 2012, p.1). Dans ses travaux sur la crédibilité de la source, Erdogan définit l’expertise comme :

« The extent to which a communicator is perceived to be a source of valid assertions. It refers to the knowledge, experience or skills possessed by an endorser. It does not really matter whether an endorser is an expert; all that matters is how the target audience perceives the endorser” (Erdogan, 1999, p.298).

On l’aura compris, le statut d’expert conféré à une personne est donc étroitement dépendant de la manière dont elle est perçue par le récepteur. En effet, les informations en provenance d’une source considérée comme crédible au préalable peuvent influencer des croyances, opinions, attitudes et même les comportements (Op. cit : 297). La légitimité et la crédibilité accordée par le récepteur sont donc essentielles pour donner de la valeur et construire la fonction d’expert.

Chevalier évoque d’ailleurs la légitimité comme « le statut qui autorise un individu, un groupe d’individus (mais aussi une idée ou une action publique), à jouer le rôle qui est le sien aux yeux des autres membres d’une collectivité » (Chevalier, 1999, p. 17). La légitimité peut évidemment se manifester sous différentes formes, qui varient en fonction des interactions et de leurs enjeux. Dans le cas précis de l’expert, on peut cependant qualifier la légitimité de « rationnelle » (Op. cit :19). Il s’agit dans ce cas d’une triangulation complexe entre différentes relations : celles d’un individu (ou d’un groupe, idée, action, etc.) avec celles d’une instance légitimante et d’un public communautaire (Ibid.). L’instance légitimante donne un cadre participationnel avec des procédures reconnues. Elle permet également de définir un champ de validité avec des frontières à la légitimité.

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C’est précisément la distance entre l’institutionnel et le public qui constitue « l’une des clés de l’intelligibilité des procédures de légitimation dans les médias » (Chevalier, 1999, p. 20). Car c’est dans cet espace que les stratégies discursives de représentation et médiation prennent place.

Après avoir défini les différents types de légitimité, Chevalier s’attèle à dégager des profils correspondants à chacun d’entre eux : le porte-parole, l’expert et le sage. La figure d’expert est déclinée en deux catégories distinctes : celle de l’expert technicien et celle de l’expert communicant (Op. cit : 23). L’expert technicien est celui qui maîtrise son domaine de compétence. Figure très appréciée par les médias, il est invité pour fournir une analyse ou une vision d’ensemble sur une situation. L’expert communicant, en revanche, a un statut plus complexe. Il est en effet soumis à une double légitimité.

D’une part, celle issue de sa spécialité. Personnage impliqué sur le terrain, il incarne une légitimité scientifique reconnue par ses pairs. D’autre part s’ajoute la légitimité vis à vis du commanditaire, donc par exemple le média qui a décidé de faire appel à lui (Garric & Léglise, 2012, p.6).

A l’aide de ces différentes manifestations de l’expertise, nous pourrons analyser dans notre propre corpus le rôle attribué aux experts. Il sera notamment intéressant de relever le titre sous lequel ils sont présentés dans les médias, et la manière dont l’institution est mise en avant. Nous observerons également la manière dont les journalistes accordent de la légitimité aux experts lorsque la thématique très actuelle de la menace terroriste est abordée. Ainsi, nous pourrons observer si les définitions de Chevalier, proposées en 1999, sont encore actuelles ou plutôt en cours d’évolution.

Garric et Léglise soulignent en effet que le rôle des experts à travers les médias est probablement en train de changer. Pour elles, « le lien établi avec l’actualité ou les objets du débat public est caractéristique d’une certaine d’évolution ou d’un renouveau de la notion d’expertise » (Op. cit : 2). Avec l’apparition de nouveaux acteurs et nouveaux objets de discours et de savoirs, la figure d’expert a tendance à se publiciser et rencontrer de nouveaux questionnements. Garric et Léglise relèvent en particulier une figure en plein développement, celles des « experts de leur quotidien ». Il s’agit de profanes à qui l’on reconnaît une expertise d’usage (Ibid.). Il sera donc intéressant d’observer si de telles figures apparaissent dans notre corpus.

Garric et Léglise relèvent également des formes linguistiques récurrentes dans le discours des experts, qui seront intéressantes à relever dans notre propre corpus.

Selon elles, l’expertise se définit par un positionnement énonciatif particulier, distancié, qui laisse parler les choses d’elles-mêmes (Op. cit : 4). En effet, l’expert est celui qui intervient pour apporter des éléments de réflexion, une vision analytique de la situation, mais il n’est « ni le détenteur de la solution, ni l’acteur décisionnel » (Op. cit : 6).

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2.2. Médias et crise

Certains événements d’actualité brûlants déclenchent une grande quantité de production médiatique. Les journalistes font alors des choix éditoriaux et appliquent un cadrage. Mais celui-ci n’est pas uniquement le résultat de leur travail. Il dépend également de leurs sources d’information et de la manière dont elles accèdent aux médias. En 2015, Nollet propose une analyse du cadrage médiatique de la crise de la vache folle. Il souligne alors le pouvoir que peuvent avoir les médias en arguant que

« les réformes des trois administrations2 sont indubitablement liées à la puissante visibilité de la crise de la vache folle à partir de mars 1996, tant elles instituent des principes de vision du monde consacrés dans le champ journalistique » (Nollet, 2015, p.22).

La crise entraîne une profonde modification du cadrage. Entre 1985 et 1996, la thématique de la vache folle est peu présente dans les médias. Le cadrage se concentre sur un problème vétérinaire classique, avec des implications commerciales et scientifiques (Op. cit : 25). En 1996, l’intérêt journalistique pour ce sujet se renforce.

Le 20 mars, le premier ministre britannique annonce une possible transmission à l’homme. Nollet repère alors une modification radicale du cadrage. Dans les médias, la crise s’articule selon trois catégories : la peur collective, le problème de santé humaine avec des victimes et finalement l’interpellation, voir la mise en cause des responsables politiques et administratifs (Op. cit : 26). Un cadrage n’est donc pas nécessairement fixe. Le contexte de crise a même tendance à le faire largement évoluer.

La crise peut même se manifester dans les médias via la linguistique. C’est ce que montre Pier-Pascale Boulanger au travers de ses travaux sur la presse généraliste pendant la crise des subprimes. Elle s’est particulièrement intéressée au rôle des métaphores. Comme elle l’explique, celui-ci est parfois plus important que ce que l’on pourrait croire :

« La métaphore participe à rendre les nouvelles accrocheuses, mais elle permet aussi de vulgariser, donc de présenter avec une économie des moyens et des concepts compliqués, tels que les événements survenus sur les marchés durant la crise des prêts hypothécaires américains, dite crise des subprimes » (Boulanger, 2016).

En analysant les métaphores conceptuelles dans plusieurs journaux canadiens, Boulanger a montré que pour vulgariser des concepts complexes ou insister sur la gravité de la situation, les journalistes ont eu recours aux métaphores de l’accident, du cataclysme, de la catastrophe et de l’épidémie (Ibid.). Notre travail concerne certes un sujet moins « technique » que la crise des subprimes. Il s’agit néanmoins également d’un contexte de crise avec des éléments qui nécessitent de la vulgarisation. Nous pourrons donc également être attentifs aux éventuelles métaphores, puisque celles-ci font partie intégrante du cadrage.

Dans le cas d’un événement à caractère terroriste, qui suscite inévitablement de l’inquiétude, un cadrage sécuritaire a tendance à s’imposer. Salerno se penche sur ce type de cadre à l’occasion de l’anti-G8 organisé entre autres à Genève en 2003. Il rappelle que selon Wisler et Guigni, le type de cadrage journalistique est l’un des facteurs qui explique certaines politiques de maintien de l’ordre en Suisse (Salerno,

2Les directions générales au sein des ministères gestionnaires des politiques agroalimentaires

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2015). Car si la couverture médiatique est favorable aux forces de l’ordre, celles-ci se sentiront plus légitimes d’intervenir (Wisler, Guigni, 1999). Salerno note encore que :

« Les conséquences politiques des cadres d’interprétation proposés par les médias d’information découlent du principe que la définition d’un problème affecte sa prise en charge. La première a partie liée avec les facteurs structurels (comme l’organisation et les ressources des compétiteurs, etc.), la deuxième avec des éléments d’ordre culturel (les normes et les croyances en vigueur, etc.). » (Salerno, 2015).

Les différentes sources des médias d’information ont donc tout intérêt à se montrer disponibles et collaboratifs avec les journalistes pour pouvoir imposer leur propre définition de la situation. Tout l’intérêt pour eux est d’être directement cités afin de pouvoir mettre en avant leur interprétation des événements (Ibid.). Au cours de notre travail, nous examinerons donc les documents des communicants à la lumière de ces constatations. L’analyse des communiqués de presse de l’État de Genève devrait nous permettre de déterminer quelle définition de la situation les politiques ont souhaité donner. Dans un second temps, nous verrons si les journalistes ont adhéré à cette terminologie. Nous verrons également si les experts issus du domaine politique et interviewés par les médias parviennent en effet à imposer un cadre.

2.2.1. Communication et terrorisme

Notre travail d’analyse se construit dans un contexte très particulier. Les attaques terroristes survenues à Paris ont mis toute l’Europe sur le qui-vive. La thématique du terrorisme, particulièrement anxiogène, engendre des cadrages spécifiques. Plusieurs auteurs se sont ainsi penchés sur des cas concrets. Schaefer s’est intéressé au cadrage du 11 septembre et du bombardement de l’ambassade américaine dans les journaux américains et africains. Il souligne que des grandes différences de cadrage sont perceptibles. Il a commencé par une classification de thématiques récurrentes : disaster, crime, war, public reaction, others. (Schaefer, 2003, p. 100). A l’aide de ces catégories lexicales, il a pu mettre en avant certaines différences de cadrage et tenter d’expliquer leurs causes. Certaines sont probablement attribuées aux différences culturelles. D’autres sont liées aux secteurs politiques et économiques, qui ont une influence sur le cadrage. Par exemple, suite aux bombardements de l’ambassade américaine, les journaux aux Etas-Unis ont en quelque sorte « favorisé » les victimes en consacrant une grande quantité de sujets aux portraits des victimes. Le Washington Post et le New York Times ont par exemple publié plusieurs pages de portraits des victimes américaines. Sur 27 articles de ce type, seuls 5 mentionnaient aussi les victimes africaines. (Op. cit : 104). En revanche, les deux journaux africains étudiés ont publié en première page l’arrivée des corps des victimes aux États-Unis. Schaefer a tout de même relevé un thème fréquent dans les journaux américains et africains : celui de la culpabilité des États-Unis et la nécessité de prendre en compte les autres points de vue (Op. cit : 108). Il conclut alors que :

« Terrorism news, like other genres, is colored and frames with a local tint. As seen here, while geographic parochialism may not be dominant force in shaping the amount and nature of news coverage, even when stories are officially “foreign” they often contain local components. Furthermore, when events abroad are interpreted and framed, they often carry with them the domestic perceptions of those events. » (Schaefer, 2003, p. 108)

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Dans notre cas d’étude, nous étudierons uniquement des médias suisses. Par conséquent, il n’y aura pas de différence culturelle majeure. En revanche nous serons amenés à comparer des médias nationaux avec des médias locaux, ce qui peut induire des différences de cadrage. Le fait de s’adresser directement à la communauté genevoise pourrait entraîner de légères différences de culture, et donc d’avoir un impact sur le cadrage.

Autre exemple d’évolution en termes de cadrage avec une étude du chercheur Samaras, au sujet du cadrage du 11 septembre effectué par les journalistes grecs. Un travail qui nous intéresse particulièrement en raison des liens avec la thématique terroriste. Si aux États-Unis, les attaques du 11 septembre ont principalement été couvertes selon le cadre de « guerre contre le terrorisme », en Grèce le cadre de l’anti- américanisme a été dominant. En analysant les éditoriaux de quatre quotidiens grecs, Samaras montre que :

« Contrairement au cadre principal de « guerre contre le terrorisme » qui enlève tout contexte aux actes de terroristes et se focalise sur le terrorisme, les victimes, le danger ultérieur et les actes punitifs, le cadre principal de l’anti américanisme place les attaques terroristes dans leur contexte et se concentre sur les conditions environnantes » (Samaras, 2005).

Cette remarque nous rappelle qu’un tel travail d’analyse médiatique ne peut être mené sans prendre en compte le contexte. Les journalistes sont forcément imprégnés par ce qui les entoure, la culture dans laquelle ils vivent et les événements qu’ils ont eux- mêmes vécu. Dans le cadre de notre travail, il faudra donc garder à l’esprit que les productions journalistiques que nous étudierons ont été produites peu de temps après les attentats de Paris, dans une Suisse encore choquée par les terribles images venues de France.

2.3. Paysage médiatique en Suisse

2.3.1. Le rôle du service public audiovisuel en Suisse

Notre corpus est essentiellement basé sur la production journalistique du service public suisse. Il convient donc de rappeler son rôle et son fonctionnement. Par définition, un service public « regroupe d’une manière générale toutes les activités ayant pour but d’être au service de la société. Il vise la satisfaction de certains besoins de la collectivité nationale dans une perspective d’intérêt général » (Badillo, 2016, p.

11). En somme, sa fonction est donc à la fois utilitaire et sociale. En Suisse, il existe un service public audio-visuel : la SSR (Société suisse de radiodiffusion et télévision).

Il s’agit d’une association à but non lucratif, divisées en quatre sociétés régionales, qui correspondent aux quatre régions linguistiques du pays (allemand, français, italien et romanche). Elle est contrôlée par la Confédération, puisque son activité est régie par la Constitution Fédérale, la loi fédérale sur la radio et la télévision (LRTV) ainsi que sur la concession, accordée par la Confédération. De plus, elle est soumise à la surveillance de l’office fédéral de la communication pour l’aspect administratif et financier3.

3 Informations à retrouver sur le site internet de RTS, onglet « qu’est-ce que la RTS » : https://www.rts.ch/entreprise/a-propos/8969475-qu-est-ce-que-la-rts-.html

(22)

La commission fédérale des médias (COFEM) donne la définition suivante du service public :

« La radiodiffusion publique se base sur un mandat de prestations (concession), qui répond aux objectifs étatiques et sociaux de la Suisse. Elle doit informer, divertir, contribuer à la formation et au développement culturel ainsi qu’à la cohésion du pays. Elle remplit des fonctions de sensibilisation et d’intégration qui lui sont attribuées par le biais de contributions dans les domaines de l’information, de la culture, du divertissement et de la formation. Le programme doit présenter une diversité éditoriale suffisante et s’adresser à tous les habitants du pays, dans toutes les régions linguistiques. Le respect de ce mandat et soumis au contrôle social.

(Commission fédérale des médias, 2015, p.4). »

Deux points nous paraissent particulièrement importants au regard des analyses qui vont suivre. Il s’agit tout d’abord du premier devoir cité : celui de l’information. Dans un contexte comme celui d’une menace d’attentat, la SSR se doit donc d’informer la population sur l’évolution des événements. Le deuxième point fondamental est celui concernant la présentation d’une « diversité éditoriale suffisante ». La mission du service public est donc entre autres de veiller à varier les sujets et les points de vue.

La RTS définit elle-même son rôle de la manière suivante :

« Les médias de la SSR ont une mission d’information, de divertissement et d’éducation. Les émissions répondent aux attentes de la majorité comme des minorités. Qualité, pertinence et diversité caractérisent les chaînes de la SSR, qui se démarquent ainsi des chaînes privées ou étrangères. »4

Dans leur ouvrage, Badillo et Bourgeois notent encore que :

« La SSR diffuse beaucoup de programmes d’informations et est perçue par les utilisateurs comme un média de qualité, en particulier en ce qui concerne le professionnalisme informatif. Les chaînes de télévisions privées suisses sont davantage orientées vers le local-régional. » (Badillo et Bourgeois, 2016, p.45).

2.3.2. Le journalisme local

Afin d’examiner notre quatrième hypothèse, nous nous pencherons également sur du contenu journalistique produit par des médias locaux (Léman Bleu et la Tribune de Genève). Les journaliste appelés « localiers » sont caractérisés par une visibilité sociale dans une communauté fondée sur des liens de proximité (Pélissier, 2002).

Gerbeau explique que « le premier devoir du journaliste de presse locale est d’informer, de dire à ses lecteurs ce qui se passe, d’abord autour de lui ensuite en France et dans le monde ». (Gerbeau, 1996).

La presse locale a une très longue histoire derrière elle. La Tribune de Genève que nous étudierons au cours de ce travail a été fondée au siècle dernier, en 1879, sans jamais cesser d’exister. Nombreux de ces médias sont ancrés depuis des années dans la culture d’une région, ce qui leur confère un statut particulier. Nielsen souligne que

Ainsi qu’à l’onglet « qu’est-ce qu’un média de service public ? » : https://www.rts.ch/entreprise/notre- role/9051773-qu-est-ce-qu-un-media-de-service-public-.html

4 Informations à retrouver sur le site internet de RTS, onglet « Qu’est-ce que la RTS » : https://www.rts.ch/entreprise/a-propos/8969475-qu-est-ce-que-la-rts-.html

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pendant plus d’un siècle, les journaux locaux étaient pris pour acquis. Des petits villages au grandes villes, chacun pouvait avoir accès à un média faisant partie intégrale de la vie de la communauté. (Nielsen, 2015). Dans la société, deux visions contradictoires du journalisme local ont tendance à circuler. Pour certains, ce sont des médias souvent superficiels et très influencés par les publicitaires locaux. Mais pour d’autre, c’est aussi quelque chose d’extrêmement important. Leur rôle est en effet de donner des informations sur les affaires publiques locales, d’être une sorte de forum pour lancer des discussions et de relier les communautés ensembles (Ibid.). Nielsen souligne que finalement, la réalité du journalisme local se situe peut-être entre les deux :

« It is because it is important and imperfect that we (…) should try to understand local journalism, how it operates, what its consequences are, and where it is heading. The first thing to recognise is that local journalism, like journalism more generally, is changing today as part of a wider structural transformation of our media environment, driven in large part by the rise of digital media. » (Ibid.).

Il est vrai que ces dernières années, la révolution numérique et la crise de la presse écrite ont frappé les journaux de plein fouet. Les médias locaux ayant souvent un budget relativement restreint, peu de forces peuvent être injectées dans la transition digitale (bien que les budgets d’acquisition de matériel relatif à la transition numérique soient lourd pour les autres types de médias également). En Suisse, les exemples sont nombreux. Sur la Riviera par exemple, le journal Le Régional, distribué gratuitement chaque semaine, n’a presque aucune présence sur les réseaux sociaux. D’autres titres en revanche, comme Le Matin.ch, ont éliminé le papier en se tournant vers des modèles web first.

De nombreux experts s’accordent à dire que l’avenir du journalisme local est incertain.

Sa production coûte cher. Le business model sur lequel ces médias sont généralement basés subit un fort déclin des investissements publicitaires. Dans de nombreux journaux locaux, les nouvelles offres digitales n’arrivent pas à combler les pertes au niveau du print (Nielsen, 2015). Les chaînes de radios et de télévisions locales ont en revanche généralement un peu moins de peine à s’en sortir :

« While broadcasting has so far weathered the digital transition better as business, both radio and television are more often organised regionaly than locally, and in any case they typically make at best limited investments on local journalism. » (Op. cit : 3).

Nielsen souligne également que de manière générale dans le monde, les médias services publics ont moins de problèmes financiers. Ils produisent revanche plutôt des nouvelles régionales que locales (Nielsen, 2015) et ne pourraient donc pas se substituer aux médias locaux. En Suisse, certaines chaînes de télévision locales bénéficient d’une partie de la redevance du service public. C’est notamment le cas de Léman Bleu que nous étudierons au cours de ce travail. La presse suisse, en revanche, ne bénéficie d’aucune subvention de la Confédération. En nous penchant sur les productions de la RTS, de Léman Bleu et de La Tribune de Genève, nous étudierons ainsi trois médias bien ancrés dans le paysage médiatique suisse, mais chacun pourvu d’un modèle d’affaire et de sources de financement différentes. Notre analyse comparative devra donc se faire à la lumière de ces considérations économiques, politiques et structurelles.

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3. Corpus

3.1. Chronologie des événements de décembre 2015

Afin de situer ce travail dans son contexte, voici un rappel des faits de manière chronologique :

10.12.15 : L’État de Genève envoie un communiqué de presse5 faisant état d’une

« menace plus précise » et d’individus recherchés dans le cadre des investigations suite aux attentats de Paris. Le département de la sécurité et de l’économie (DSE) indique avoir reçu la veille des informations de la Confédération au sujet de la présence de suspects liés au terrorisme. Cette alerte est venue des services secrets américains.

Figure 1 : « Les quatre individus soupçonnés d’être liés à l’État islamique ». Photographie publiée le 10.12.15 dans 24 heures6.

La sécurité est immédiatement renforcée dans les lieux sensibles à Genève et une enquête lancée pour localiser les suspects.

En fin de journée, les médias communiquent des informations sur l’enquête. Le 8 décembre, un utilitaire avec des plaques belges aurait échappé à un contrôle de douane et quitté le territoire. Mais le mercredi 9 décembre, les renseignements américains auraient été informés

de la présence dans la région genevoise de quatre hommes, décrits comme des membres du groupe État islamique7.

Le magistrat Pierre Maudet, à la tête du DSE, intervient en direct dans l’édition du soir du téléjournal le 19 :30 de la RTS et parle d’un « niveau plus précis que la menace floue »8.

Une polémique commence à enfler dans les médias au sujet de la communication des du DSE9. Était-ce bien juste de communiquer ou est-ce que cela sème la panique parmi la population ?

11.10.15 : Le DSE publie un nouveau communiqué pour indiquer que « le niveau de vigilance reste inchangé et le dispositif mis en place hier est confirmé »10. Le

5 Annexe : Communiqué de presse 1, p.16

6 Photographie disponible en ligne : https://www.24heures.ch/news/standard/terrorisme-passes- menace-precise/story/21399238

7 Annexe « RTS : sujets télévisés », TV3, p.21

8 Annexe « RTS : sujets télévisés », TV4, p.23

9 La question est posée frontalement à Jean-Paul Rouiller, directeur du centre d’analyse du terrorisme dans l’émission Forum sur La Première (RTS). Interview disponible en annexe : « RTS : sujets radiophoniques », R4, p.44.

10 Annexe : Communiqué de presse 2, p.17

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