L3 UPEM - Analyse hilbertienne, compl´ements d’int´egration - 2019-2020
S6 - Math Auto-correction du partiel
Le bar`eme est sur 23 car le sujet ´etait un peu long
Exercice 1 – Cours
On suppose que sif ∈ L1B(U) est continue sur R et de classeC1 sur [0,2π]. Montrer que pour tout k∈Z, ck(f0) =ikck(f). En d´eduire que Sn,f est une s´erie normalement convergente sur R.
Correction sur 6 points.
La fonctionf est de classeC1 sur [0,2π] donc on peut faire une int´egration par parties pour calculer le coefficient de Fourier de f0 avec u0(t) = f0(t) continue etv(t) = e−ikt de classe C1.
1 point pour avoir bien v´erifi´e les hypoth`eses de l’IPP Cela donne pour tout k ∈Z,
ck(f0) = 1 2π
Z 2π
0
f0(t)e−iktdt = 1 2π
f(t)e−ikt2π 0 −
Z 2π
0
f(t) −ike−ikt dt
= 1 2π
(f(2π−)−f(0+)) +ik Z 2π
0
f(t)e−iktdt
=ikck(f)
puisque f est 2π p´eriodique et continue sur R ce qui entraine quef(2π−) =f(0−) =f(0+).
1,5 points pour avoir ´ecrit correctement l’IPP puis 0,5 point pour avoir bien pr´ecis´e pourquoif(2π)−
f(0) = 0 On sait que
Sn,f(t) =
n
X
k=−n
ck(f)eikt.
Or supt∈R|ck(f)eikt|=|ck(f)|. Donc d´emontrer que la convergence deSn,f est normale sur Rrevient
`
a d´emontrer que la s´erie P
k∈Z|ck(f)| est convergente.
1 point pour cette explication
On observe (car pour touta, b≥0, on a 2ab≤a2+b2) que
∀k ∈Z∗, |ck(f)|= 1
k|ck(f0)| ≤ 1 2
1
k2 +|ck(f0)|2
.
Or la s´erie de terme g´en´eral k12 est une s´erie de Riemann convergente et la s´erie de terme g´en´eral
|ck(f0)|2 est convergente d’apr`es l’in´egalit´e de Bessel appliqu´ee `a la fonctionf0(qui est bien aussi dans L1B(U) puisque f est de classe C1 sur [0,2π] et 2π p´eriodique). D’apr`es le th´eor`eme de comparaison des SATP, on en conclut que
X
k∈Z
|ck(f)| converge.
2 points pour avoir bien r´edig´e cette argumentation. Attention, vous enlevez 1 point si vous avez ´ecrit ou dit directement que
X
k∈Z
|ck(f)| ≤ 1 2
X
k∈Z
1
k2 +X
k∈Z
|ck(f0)|2
!
sans passer par le th´eor`eme de comparaison des SATP.
Exercice 2 – Soit f une fonction 2π-p´eriodique d´efinie par
∀t∈[0,2π[, f(t) = t(2π−t)
1) D´eterminer le domaine de continuit´e def, le domaine o`u la fonctionf est de classeC1. La fonction f est-elle impaire ou paire ?
2) Calculer les coefficients de Fourier trigonom´etriques de f.
3) En d´eduire une expression de
+∞
X
n=1
(−1)n+1 n2 ,
+∞
X
n=1
1 n2,
+∞
X
n=1
1 n4
Vous pr´eciserez bien les hypoth`eses des th´eor`emes que vous utilisez.
Correction sur 6 points.
1) En tant que polynˆome de degr´e 2,fest une fonction de classeC∞sur ]0,2π[. Puisf est ´etendue `aR par 2π p´eriodicit´e donc elle estC∞ surR\ {2kπ, k ∈Z}. Ensuite, limx→0+f(x) = 0 = limx→2π−f(x) doncf est continue en 0 (et en 2π). Par contre limx→0+f0(x) = 2π tandis que limx→2π−f0(x) = −2π doncf est d´erivable `a droite en 0, `a gauche en 0 mais n’est pas d´erivable en 0, (ni en aucune multiple entier de 2π, par 2π-p´eriodicit´e).
1 point
Soit y ∈]0,2π[ alors par 2π-p´eriodicit´e, on a f(−y) = f(−y+ 2π). Mais −y+ 2π ∈]0,2π[ donc par d´efinition, f(−y+ 2π) = (−y+ 2π)(2π−(−y+ 2π)) = y(−y+ 2π) = f(y). Ainsi f est paire sur ]−2π,2π[. Puis par 2π p´eriodicit´e, elle est paire sur R.
0,5 point pour avoir bien expliqu´e cela.
2) Comme f est paire alors pour tout n∈N∗, bn(f) = 0 0,5 point
Ensuite comme f est paire alors pour tout n ∈N, an(f) = 2
π Z π
0
f(t) cos(nt)dt= 2 π
Z π
0
t(2π−t) cos(nt)dt.
Ainsi
a0(f) = 2 π
Z π
0
t(2π−t)dt= 2 π
πt2− t3 3
π
0
= 4π2 3 . Ensuite pour tout n∈N∗, on fait deux int´egrations par parties et on obtient
an(f) = 2 π
Z π
0
t(2π−t) cos(nt)dt = 2 π
t(2π−t)sin(nt) n
π
0
− Z π
0
(2π−2t)sin(nt) n dt
= −4 πn
(π−t)−cos(nt) n
π
0
− Z π
0
cos(nt) n dt
= −4 n2 + 4
πn2
sin(nt) n
π
0
=− 4 n2.
1,5 point pour tout le calcul correct
Commef est continue surRetC1 par morceaux alors on peut utiliser la forme forte du th`’eor`eme de Dirichlet qui indique que la s´erie de Fourier de f converge normalement versf surR. En particulier, on a
∀t∈R, t(2π−t) = 2π2 3 −4
+∞
X
n=1
cos(nt) n2 .
En prenantt = 0 ett =π, on obtient
+∞
X
n=1
1 n2 = 1
4· 2π2 3 = π2
6 et
+∞
X
n=1
(−1)n n2 =−1
4
π2− 2π2 3
=−π2 12. 1,5 point en ayant bien cit´e les hypoth`eses et la conclusion du th´eor`eme de Dirichlet.
De plus f est clairement une fonction de L1B(U) donc d’apr`es le th´eor`eme de Parseval, on a 1
π Z π
−π
|f(t)|2dt= a20 2 +
+∞
X
n=1
|an(f)|2. (1)
En effectuant deux int´egrations par parties, on a 1
π Z 2π
0
|f(t)|2dt = 1 π
t3
3(2π−t)2 2π
0
+ 2 Z π
0
t3
3(2π−t)dt
!
= 2 3π
t4
4(2π−t) 2π
0
+ Z 2π
0
t4 4dt
!
= 1 6π
t5 5
2π
0
= 25π4
6·5 = 16π4 15 Puis d’apr`es (1) et l’expression des an(f), on obtient
16
+∞
X
n=1
1
n4 = 16π4
15 − 8π4
9 = 8π4 3
2 5− 1
3
= 8π4 45 . On en conclut que
+∞
X
n=1
1 n4 = π4
90. 1 point pour avoir bien cit´e Parseval et bien fait ce calcul.
Exercice 3 – Soientfetgdeux fonctions deL1B(U). Rappeler la d´efinition du produit de convolution def etg puis d´emontrer que
∀k ∈Z, ck(f ? g) =ck(f)ck(g).
Correction sur 3 points.
Les fonctions f et g sont dans L1B(U) et par d´efinition, f ? g(t) = 1
2π Z 2π
0
f(u)g(t−u)du= 1
2π Z 2π
0
f(t−u)g(u)du
.
1 point (quelque soit la d´efinition donn´ee puisqu’on a vu que c’´etait commutatif ).
Par d´efinition, on a ck(f ? g) = 1
2π Z 2π
0
f ? g(t)e−iktdt= 1 2π
Z 2π
0
1 2π
Z 2π
0
f(u)g(t−u)du
e−iktdt.
On a |f(u)g(t−u)e−ikt| ≤ |f(u)g(t −u)|. Ce majorant est une fonction dans L1([0,2π]×[0,2π]) puisque f et g sont dans L1B(U) (souvenez-vous que la vraie raison est que ce sont des fonctions de L2(U). Donc on peut utiliser le th´eor`eme de Fubini et on obtient
ck(f ? g) = 1 2π
Z 2π
0
1 2π
Z 2π
0
g(t−u)e−ik(t−u)dt
f(u)e−ikudu.
Dans l’int´egrale en t, on pose alors le changement de variable y=t−u donc ck(f ? g) = 1
2π Z 2π
0
1 2π
Z 2π−u
−u
g(y)e−ikydy
f(u)e−ikudu.
Mais par 2π-p´eriodicit´e des fonctions, 1
2π
Z 2π−u
−u
g(y)e−ikydy= 1 2π
Z 2π
0
g(y)e−ikydy=ck(g).
Donc,
ck(f ? g) =ck(g)· 1 2π
Z 2π
0
f(u)e−ikudu =ck(g)ck(f).
2 points
Exercice 4 – On suppose que f :R→C est 2π-p´eriodique et C1 par morceaux.
1) Pour n∈N, on d´efinit le noyau de Dirichlet : Dn(t) =
n
X
k=−n
eikt.
Montrer que pour toutn ∈N 1 2π
Z π
−π
Dn(t)dt= 1 et que pour tout t /∈2πZ, Dn(t) = sin
(2n+1)t 2
sin 2t . 2) Montrer que∀x∈[0,2π], Sn(f)(x) =Dn? f(x).
3) En remarquant que Dn est paire, en d´eduire que Sn(f)(0) = 1
2π Z π
0
(f(t) +f(−t))Dn(t)dt.
4) Pour tout t∈[0,2π], on d´efinit
g(t) = f(t) +f(−t)−f(0+)−f(0−)
sin(t/2) .
Montrer que
Sn(f)(0)− f(0+) +f(0−)
2 = 1
2π Z π
0
g(t) sin
(2n+ 1)t 2
dt.
5) Montrer queg est int´egrable sur [0, π] et que
n→∞lim Z π
0
g(t) sin
(2n+ 1)t 2
dt = 0.
6) En d´eduire que
n→+∞lim Sn(f)(0) = f(0+) +f(0−)
2 .
7) Soitx0 ∈R. On poseh(x) =f(x+x0), pour x∈R. D´eterminerSn(h)(x) en fonction deSn(f)(x).
Conclure que
n→+∞lim Sn(f)(x0) = f(x+0) +f(x−0) 2
Correction sur 8 points 1) Pour tout k ∈Z∗, on a
Z π
−π
eiktdt = 1
ikeikt π
−π
= 0 par 2π-p´eriodicit´e. Ensuite, pour k= 0,
Z π
−π
eiktdt= Z π
−π
dt= 2π.
On en conclut que pour tout n ∈N, 1 2π
Z π
−π
Dn(t)dt=
n
X
k=−n
1 2π
Z π
−π
eiktdt = 1.
0,5 point
Pour toutt /∈2πZ, Dn(t) est la somme d’une suite g´eom´etrique de raison eit 6= 1. Donc Dn(t) = e−int 1−ei(2n+1)t
1−eit =e−int ei(2n+1)t/2 eit/2
e−i(2n+1)t/2−ei(2n+1)t/2
(e−it/2−eit/2) = sin ((2n+ 1)t/2) sin(t/2)
1 point
2) Par d´efinition du produit de convolution, on a Dn? f(x) = 1
2π Z π
−π
Dn(t)f(x−t)dt=
n
X
k=−n
1 2π
Z π
−π
eiktf(x−t)dt.
On pose le changement de variableu=x−t(ou bien d`es le d´epart vous utilisez le fait que le produit de convolution est commutatif pour calculerf ? Dn) et on obtient
Dn? f(x) =
n
X
k=−n
1 2π
Z x+π
x−π
eik(x−u)f(u)du=
n
X
k=−n
1 2π
Z π
−π
eik(x−u)f(u)du
par 2π-p´eriodicit´e des fonctions int´egr´ees. On en conclut que Dn? f(x) =
n
X
k=−n
eikx 1 2π
Z π
−π
e−ikuf(u)du=
n
X
k=−n
ck(f)eikx ce qui est justement la d´efinition deSn,f(x).
1 point
3) D’apr`es la question 2), Sn,f(0) =Dn? f(0) = 1
2π Z π
−π
Dn(t)f(−t)dt = 1 2π
Z 0
−π
Dn(t)f(−t)dt+ Z π
0
Dn(t)f(−t)dt
.
On fait le changement de variable u=−t dans la premi`ere int´egrale pour obtenir Sn,f(0) = 1
2π Z π
0
Dn(−u)f(u)du+ Z π
0
Dn(t)f(−t)dt
= 1 2π
Z π
0
Dn(t) (f(t) +f(−t))dt par parit´e deDn. La parit´e deDnest ´evidente d’apr`es la d´efinition deDn(via la changement d’indice k0 =−k).
0,5 point
4) Par parit´e de Dn, on sait d’apr`es la question 1) que 1
2π Z π
−π
Dn(t)dt= 1 π
Z π
0
Dn(t)dt= 1.
Donc
f(0+)−f(0−)
2 = 1
π Z π
0
f(0+)−f(0−)
2 Dn(t)dt = 1 2π
Z π
0
f(0+)−f(0−)
Dn(t)dt et on en conclut d’apr`es la question 3) que
Sn,f(0)−f(0+)−f(0−)
2 = 1
2π Z π
0
f(t) +f(−t)−f(0+)−f(0−)
Dn(t)dt.
D’apr`es la question 1), on sait que pour tout t∈]0, π] on a Dn(t) = sin((2n+ 1)t/2)
sin(t/2) et Dn(0) = (2n+ 1).
Par d´efinition de g, on a bien
Sn,f(0)−f(0+)−f(0−)
2 = 1
2π Z π
0
g(t) sin((2n+ 1)t/2)dt.
1 point
5) Les questions 5 et 6 sont difficiles !
La fonctiong est d´efinie pour tout t∈]0, π] par
g(t) = f(t) +f(−t)−f(0+)−f(0−) sin(t/2)
On sait qu’au voisinage de 0, sin(t/2) ∼t/2. Comme f est de classeC1 par morceaux alors elle est d´erivable `a droite en 0 et
lim
t→0+
f(t)−f(0+)
t =f0(0+).
De mˆeme f est d´erivable `a gauche en 0 et lim
t→0+
f(−t)−f(0−)
−t =f0(0−) (car −t tend vers 0−). Or
g(t) = 2 t/2 sin(t/2)
f(t)−f(0+)
t −f(−t)−f(0−)
−t
donc on conclut de tout cela que lim
t→0+g(t) = 2(f0(0+)−f0(0−))
c’est `a dire que g est prolongeable par continuit´e (`a droite) en 0. De plus ; comme f est C1 par morceaux et que t 7→ sin(t/2) est une fonction C∞ non nulle sur ]0, π] alors g est une fonction C1 par morceaux sur ]0, π]. Comme elle est prolongeable par continuit´e en 0, alors elle est continue par morceaux sur [0, π] donc elle y est int´egrable.
1 point 6) De plus,
sin((2n+ 1)t/2) = sin(nt+t/2) = sin(t/2) cos(nt) + cos(t/2) sin(nt)
et les fonctions g1 : t 7→ g(t) sin(t/2) et g2 : t 7→ g(t) cos(t/2) sont int´egrables sur [0, π] (d’apr`es la question 5)). D’apr`es le lemme de Riemann-Lebesgue (cf exercice 1 de la feuille de TD1), on sait que
n→+∞lim Z π
0
g1(t) cos(nt)dt= lim
n→+∞
Z π
0
g2(t) sin(nt)dt= 0 ce qui finit de prouver que
n→+∞lim Z π
0
g(t) sin((2n+ 1)t/2)dt = 0 puisque
g(t) sin((2n+ 1)t/2) =g1(t) cos(nt) +g2(t) sin(nt).
1 point, mais dans le bar`eme, ce n’est pas important car je n’attendais pas que vous r´eussissiez `a faire cette question. C’´etait plutˆot pour tester et discriminer quelques ´el`eves. Normalement un ´etudiant arrivant `a cette question avait d´ej`a accumul´e au moins de 18 `a 20 points.
7) On calcule les coefficients de Fourier de h. Pour toutk ∈Z, on a ck(h) = 1
2π Z 2π
0
h(t)e−iktdt= 1 2π
Z 2π
0
f(t+x0)e−iktdt = 1 2π
Z 2π+x0
x0
f(u)e−ik(u−x0)du en posant u=t+x0. Par 2π-p´eriodicit´e des fonctions int´egr´ees, on obtient que
∀k ∈Z, ck(h) = eikx0ck(f)
ce qui permet de conclure que
Sn,h(x) =
n
X
k=−n
eikx0ck(f)eikx =Sn,f(x+x0).
Comme h est aussi C1 par morceaux (comme f), on peut appliquer la question 6) `a la fonction h donc
n→∞lim Sn,h(0) = h(0+) +h(0−) 2 ce qui donne
n→∞lim Sn,f(x0) = f(x+0) +f(x−0)
2 .
2 points.