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D´enombrabilit´e et sommabilit´e

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Academic year: 2022

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(1)

D´enombrabilit´e et sommabilit´e

Table des mati` eres

1 Ensembles d´enombrables 2

2 Le probl`eme des s´eries semi-convergentes. 6

3 Familles sommables de r´eels positifs 6

4 Familles sommables de complexes 11

5 Propri´et´es des familles sommables 14

5.1 Lin´earit´e . . . 14 5.2 Commutativit´e . . . 16

(2)

1 Ensembles d´ enombrables

D´efinition.

Un ensemble est d´enombrable si et seulement s’il est en bijection avec N. Exemples. L’ensemble des nombres pairs est d´enombrable.

Propri´et´e. Toute partie infinie de Nest d´enombrable.

D´emonstration.

Soit P une partie infinie de N. On va montrer qu’il existe une unique bijection stricte- ment croissante deN sur P.

• Unicit´e. Supposons qu’il existe une bijection ϕ : N−→P strictement croissante.

Pour tout p∈P, il existe k ∈N tel que p=ϕ(k). Or ϕ(k)≥ ϕ(0), donc pour tout p∈P, p≥ϕ(0), ce qui prouve que (1) : ϕ(0) = min(P).

Soit n∈N. Si p∈P \ {ϕ(0), . . . , ϕ(n−1)}, il existe k ∈Ntel que p=ϕ(k).

k ≥n, donc ϕ(k)≥ ϕ(n), donc pour tout p ∈P \ {ϕ(0), . . . , ϕ(n−1)}, p≥ϕ(n). De plus ϕ(n)∈P \ {ϕ(0), . . . , ϕ(n−1)},

donc (2) : ∀n∈N ϕ(n) = min(P \ {ϕ(0), . . . , ϕ(n−1)}) .

Les relations (1) et (2) d´efinissent par r´ecurrence ϕde mani`ere unique.

• Existence.Notons ϕ l’application de Ndans P d´efinie par les relations (1) et (2).

ϕest correctement d´efinie, car pour toutn ∈N,P\ {ϕ(0), . . . , ϕ(n−1)}est non vide (P est suppos´e infini), donc il poss`ede un minimum dans N.

Montrons que ϕest une bijection strictement croissante.

Soient p∈P et n∈N. Supposons que p /∈ {ϕ(0), . . . , ϕ(n)}.

Sin = 0, p6=ϕ(0) =min(P), doncp > ϕ(0).

Sin >0,p∈P\ {ϕ(0), . . . , ϕ(n−1)}, doncp≥min(P\ {ϕ(0), . . . , ϕ(n−1)}) = ϕ(n).

Or p6=ϕ(n), doncp > ϕ(n).

Ainsi, pour tout p∈P et n∈N, (3) : p /∈ {ϕ(0), . . . , ϕ(n)}=⇒p > ϕ(n).

Soit n∈N. D’apr`es (2), ϕ(n+ 1)∈ {ϕ(0), . . . , ϕ(n)},/ donc d’apr`es (3), ϕ(n+ 1) > ϕ(n).

Ainsiϕ est strictement croissante. En particulier, elle est injective.

De plus, siϕ(n)≥n,ϕ(n+ 1)> ϕ(n)≥n, doncϕ(n+ 1)≥n+ 1. Ainsi, on montre par r´ecurrence que, pour tout n ∈N, ϕ(n)≥n.

Soitp∈P.p≤ϕ(p), donc d’apr`es la contrapos´ee de (3) avecn =p,p∈ {ϕ(0), . . . , ϕ(p)}.

Ainsi il existek ∈N tel que p=ϕ(k), ce qui prouve la surjectivit´e.

Exemple. L’ensemble P des nombres premiers est d´enombrable et en notant pn le ni`eme nombre premier, on a P={pn/n ∈N}.

Propri´et´e. On dit qu’un ensemble est au plus d´enombrable si et seulement si il est fini ou d´enombrable.

Un ensemble est au plus d´enombrable si et seulement s’il est en bijection avec une partie de N.

´

(3)

Les s´eries 1 Ensembles d´enombrables D´emonstration.

Supposons que I est un ensemble et qu’il existe une partie P de N et une bijection ϕ :P −→I.

SiP est finie, alorsI est fini.

Sinon, d’apr`es la propri´et´e pr´ec´edente, il existe une bijection de N dans P, donc par composition, il existe une bijection de N surI, ce qui prouve que I est d´enombrable.

La r´eciproque est claire.

Lemme technique :

Un ensembleI est fini ou d´enombrable si et seulement s’il existe une suite croissante (Jn)n∈N de parties finies de I dont la r´eunion est ´egale `aI.

Dans ce cas, on dira que (Jn)n∈N est une suite adapt´ee `aI. Remarque. Dans ce cas, pour tout n ∈ N, Jn =

n

[

k=0

Jk et I =

[

k=0

Jk, donc, en un certain sens, que l’on ne tentera pas de formaliser, I est la limite des Jn.

D´emonstration.

• Supposons que I est fini ou d´enombrable.

SiI est fini, on pose, pour tout n∈N, Jn=I. La suite (Jn) convient.

Supposons que I est infini. Il existe une bijectionf deN dans I.

PosonsJn =f([0, n]). [

n∈N

Jn=f [

n∈N

[0, n]

=f(N) = I, donc la suite (Jn) convient.

• Supposons qu’il existe une suite croissante (Jn)n∈N de parties finies de I dont la r´eunion est ´egale `aI.

PosonsK0 =J0 et, pour tout n ∈N,Kn =Jn\Jn−1. On v´erifie que I = [

n∈N

Jn = [

n∈N

Kn par double inclusion : Pour tout n∈ N, Kn ⊂Jn, donc [

n∈N

Kn⊂ [

n∈N

Jn et r´eciproquement, si x∈ [

n∈N

Jn, il existe

p= min{n∈N / x∈Jn}, doncx∈Jp\Jp−1 =Kp (en convenant queK−1 =∅).

Si n > p, Kn∩Kp ⊂ (Jn\Jn−1)∩Jn−1 = ∅. Ainsi, les parties Kn sont deux `a deux disjointes. Ainsi,I = G

n∈N

Kn

Soit n∈N. Notons dn le cardinal de Kn (notamment, dn= 0 lorsque Kn=∅).

Il existe une bijection gn deKn dans l’intervalle d’entiers [

n−1

X

k=0

dk,

n

X

k=0

dk −1].

On note g l’application de I dans N dont les restrictions auxKn co¨ıncident avec gn. g est injective, car si i, j ∈ I avec i 6= j, on montre facilement que g(i) 6=g(j), donc c’est une bijection deI dans une partie de N.

Ainsi, I est fini ou d´enombrable.

Remarque. S’il existe une suite (Jn)n∈N de parties finies de I dont la r´eunion est

´

egale `a I, on a encore que I est fini ou d´enombrable, car en posant pour tout n ∈N,

(4)

Kn=

n

[

k=0

Jk, la suite (Kn) est adapt´ee `aI.

Remarque. Il faut savoir d´emontrer la partie “=⇒” de ce lemme technique, ce qui est facile. Par contre la partie “⇐=” ne sera pas utile pour les exercices, car elle se d´eduit simplement des propri´et´es qui suivent.

Corollaire. Z est d´enombrable.

D´emonstration.

Z= [

n∈N

([−n, n]∩Z).

Corollaire. N×N est d´enombrable.

D´emonstration.

N×N= [

n∈N

([0, n]2∩N2).

Corollaire. Q est d´enombrable.

D´emonstration.

Q= [

n∈N

{p

q/(p, q)∈([−n, n]∩Z)×([1, n]∩N)}.

Exercice. Montrer que Q[X] est d´enombrable.

R´esolution. Pour tout n∈N, notons Jn ={

n

X

k=0

pk

qkXk/∀k∈ {0, . . . , n} pk ∈Z∩[−n, n] et qk∈N∩[1, n]}.

On v´erifie que Jn est adapt´ee `a Q[X].

Propri´et´e. Une r´eunion au plus d´enombrable d’ensembles au plus d´enombrables est au plus d´enombrable.

D´emonstration.

On suppose que A=[

i∈I

Ai, o`uI est fini ou d´enombrable et o`u, pour tout i∈I, Ai est fini ou d´enombrable.

Il existeϕ : N−→I surjective (mˆeme si I est fini).

Ainsi, A= [

n∈N

Bn, o`u Bn =Aϕ(n).

Pour tout n∈N, notons (Jn,p)p∈N une suite adapt´ee `a Bn. Ainsi, A= [

n∈N

[

p∈N

Jn,p= [

(n,p)∈N2

Jn,p.

N2 est d´enombrable, donc il existe une bijection Ψ :N−→N2. AinsiA = [

n∈N

JΨ(n) et d’apr`es la remarque pr´ec´edente, A est fini ou d´enombrable.

Propri´et´e. Un produit cart´esien fini d’ensembles d´enombrables est d´enombrable.

´

(5)

Les s´eries 1 Ensembles d´enombrables D´emonstration.

Soit A1, . . . , Ap p ensembles d´enombrables o`u p ∈ N. Posons A = A1 × · · · ×Ap et montrons que A est d´enombrable.

Pour tout k ∈ {1, . . . , p}, il existe d’apr`es le lemme technique une suite (Jn,k)n∈N

adapt´ee `a Ak.

Pour tout n∈N, posons Ln=Jn,1× · · · ×Jn,p.

Ln est un ensemble fini en tant que produit cart´esien fini d’ensembles finis etA = [

n∈N

Ln :

En effet, sia = (a1, . . . , ap)∈A, pour toutk ∈ {1, . . . , p}, il existenktel queak ∈Jnk,k. Posons alors n= sup

1≤k≤p

nk. Pour toutk ∈ {1, . . . , p}, sachant que la suite (Jm,k)m∈Nest croissante, ak∈Jnk,k ⊂Jn,k, donc a∈Ln.

AinsiA ⊂ [

n∈N

Ln et l’inclusion r´eciproque est claire.

Alors, d’apr`es le lemme technique, A est fini ou d´enombrable.

De plusA est infini, car l’application f deA1 dans A d´efinie par : pour tout a1 ∈A1, f(a1) = (a1, e2, . . . , ep) o`u e2, . . . , ep sont des ´el´ements fix´es dans A2, . . . , Ap, est une injection.

Remarque. Notons pn len`eme nombre premier.

Notons ´egalement N(N) l’ensemble des suites presque nulles d’entier, c’est-`a-dire l’en- semble des suites (ni)i∈N d’entiers telle que : ∃N ∈N, ∀i≥N ni = 0.

D’apr`es le th´eor`eme d’existence et d’unicit´e de la d´ecomposition d’un entier comme produit de nombres premiers, l’application

N(N) −→ N (αi)i∈N 7−→ Y

i∈N

pαii est une injection.

Ceci prouve directement que N(N) est d´enombrable.

Propri´et´e. Rn’est pas d´enombrable.

D´emonstration.

Supposons que R est d´enombrable. Alors il existe une bijection ϕ de N dans R. Pour tout n ∈ N, posons ϕ(n) = b0,n+

+∞

X

k=1

bk,n10−k, o`u b0,n est la partie enti`ere de ϕ(n) et o`u la suite (bk,n)k∈N est le d´eveloppement d´ecimal (dansV) de ϕ(n).

Pour tout n∈N, posons cn=

0 si bn,n 6= 0 1 si bn,n = 0. Notons x=c0+

+∞

X

k=1

ck10−k. xest un r´eel, donc il existen∈Ntel quex=ϕ(n). Alors, d’apr`es l’unicit´e de la partie enti`ere et du d´eveloppement d´ecimal d’un r´eel, cn=bn,n, ce qui est faux.

Remarque. Cette technique de d´emonstration s’appelle un “argument diagonal”. Il est repris dans la d´emonstration suivante.

Corollaire. R est un Q-espace vectoriel de dimension infinie.

(6)

D´emonstration.

Sinon, il existerait n∈Ntel que Rest en bijection avecQn qui est d´enombrable, donc R serait d´enombrable.

Propri´et´e. Hors programme : P(N) n’est pas d´enombrable.

D´emonstration.

Sinon, il existe une bijectionϕ deN dans P(N).

Notons A={n∈N/n /∈ϕ(n)}. Il existe a∈N tel que A=ϕ(a).

Dans ces conditions, a∈ϕ(a)⇐⇒a ∈A ⇐⇒a /∈ϕ(a), ce qui est impossible.

Remarque. En adaptant cette d´emonstration, on voit que plus g´en´eralement, aucun ensemble I n’est en bijection avecP(I).

2 Le probl` eme des s´ eries semi-convergentes.

Dans le cours sur les s´eries de vecteurs, page 18, on a vu que, lorsque P

an est une s´erie semi-convergente de r´eels et σ est une bijection de R dans R telle que P

aσ(n) converge, en g´en´eral,

+∞

X

n=0

an 6= X

n∈N

aσ(n). Ainsi l’addition entre r´eels n’est plus com- mutative lorsqu’on l’´etend au cas d’une infinit´e de termes `a l’aide de la th´eorie des s´eries.

Nous allons voir une seconde mani`ere de d´efinir la somme d’une infinit´e de termes pour laquelle la propri´et´e de commutativit´e sera vraie, presque par construction, car cette nouvelle fa¸con de sommer les termes d’une suite ne tient pas compte de l’ordre dans lequel sont donn´es les ´el´ements de la suite. Il s’agit de la th´eorie de la sommabilit´e.

Cette th´eorie pr´esente l’avantage d’ˆetre g´en´eralisable au cas de la sommation des

´

el´ements d’une famille (ui)i∈I index´ee par un ensemble d´enombrable.

Cependant, lorsque I =N, il y aura moins de suites sommables que de s´eries conver- gentes. Plus pr´ecis´ement, on verra qu’une suite est sommable si et seulement si la s´erie associ´ee est absolument convergente.

3 Familles sommables de r´ eels positifs

Notation. Pour tout ce paragraphe, on fixe un ensemble I.

On fixe ´egalement une famille u= (ui)i∈I ∈RI+ de r´eels positifs index´ee par I.

Lorsque J est une partie finie de I, X

i∈J

ui est une somme finie de r´eels : c’est bien d´efini. De plus l’ensemble n X

i∈J

ui / J ∈ P(I) avec J finie o

est une partie non vide de r´eels positifs, car il contient au moins 0, en tant que somme vide. Ceci justifie la d´efinition suivante :

´

(7)

Les s´eries 3 Familles sommables de r´eels positifs D´efinition. On pose

X

i∈I

ui = sup

J∈P(I) J finie

X

i∈J

ui ∈R+∪ {+∞} . Remarque. Ainsi, pour une famille (ui)i∈Ide r´eels positifs,X

i∈I

ui est toujours d´efinie.

D´efinition. La familleu est sommable si et seulement si X

i∈I

ui <+∞, c’est-`a-dire si et seulement si il existe M ≥0 tel que,

pour toute partie finie J de I, X

i∈J

ui ≤M.

Propri´et´e. Si (ui)i∈I est sommable, alors{i∈I/ui 6= 0} est au plus d´enombrable.

D´emonstration.

On suppose qu’il existe M ∈R+ tel que, pour toute partie finie J deI, X

i∈J

ui ≤M. {i∈I/ui 6= 0}= [

n∈N

{i∈I/ui ≥ 1

n}. Posons Jn={i∈I/ui1n}.

Soit n ∈ N. Si J est une partie finie de Jn, M ≥ X

i∈J

ui ≥ X

i∈J

1

n = card(J) n , donc card(J)≤M n. Ceci prouve que Jn est de cardinal fini, donc {i∈I/ui 6= 0}= [

n∈N

Jn est d´enombrable.

Remarque. La contrapos´ee de cette propri´et´e affirme que lorsque {i ∈ I/ui 6= 0}

n’est pas d´enombrable, X

i∈I

ui = +∞. Il est donc naturel de se limiter au cas o`u I est au plus d´enombrable, ce que nous supposerons pour toute la suite.

Propri´et´e. Soient v = (vi)i∈I etw= (wi)i∈I deux familles de r´eels positifs telles que, pour tout i∈I,vi ≤wi.

Siw est sommable, alors v est ´egalement sommable et X

i∈I

vi ≤X

i∈I

wi

D´emonstration.

Pour toute partie finie J de I, X

j∈J

vj ≤ X

j∈J

wj ≤ X

i∈I

wi, donc v est sommable et X

i∈I

vi ≤X

i∈I

wi

Propri´et´e. Lorsque v = (vi)i∈I et w = (wi)i∈I sont deux familles de r´eels positifs telles que, pour tout i∈I vi ≤wi, on peut toujours ´ecrire que,

dans [0,+∞] , X

i∈I

vi ≤X

i∈I

wi. D´emonstration.

C’est ´evident lorsqueX

i∈I

wi = +∞et lorsqueX

i∈I

wi <+∞, c’est la propri´et´e pr´ec´edente.

(8)

Propri´et´e. Soit (Jn)n∈N une suite adapt´ee `a I, c’est-`a-dire une suite croissante de parties finies de I dont la r´eunion est ´egale `a I. Alors les propri´et´es suivantes sont

´

equivalentes :

— (ui)i∈I est sommable.

— La suite X

i∈Jn

ui

n∈N

est major´ee.

— La suite X

i∈Jn

ui

n∈N

est convergente dans R+. De plus, dans ce cas, X

i∈I

ui = sup

n∈N

X

i∈Jn

ui = lim

n→+∞

X

i∈Jn

ui. D´emonstration.

On remarque que la suite X

i∈Jn

ui

n∈N

est croissante, donc elle converge dans R si et seulement si elle est major´ee et dans ce cas, sup

n∈N

X

i∈Jn

ui = lim

n→+∞

X

i∈Jn

ui. Ainsi, il suffit d’´etablir l’´equivalence entre les deux premi`eres assertions et de montrer qu’en cas de sommabilit´e,X

i∈I

ui = sup

n∈N

X

i∈Jn

ui.

• Supposons que la suiteX

i∈Jn

ui

n∈N

est major´ee.

SoitJ une partie finie de I. Pour toutj ∈J il existenj ∈Ntel quej ∈Jnj. En posant N = max

j∈J nj, J ⊂JN, donc X

i∈J

ui ≤ X

i∈JN

ui ≤sup

n∈N

X

i∈Jn

ui.

Ceci prouve que la famille (ui) est sommable et que, dans ce cas, X

i∈I

ui ≤sup

n∈N

X

i∈Jn

ui.

• R´eciproquement, supposons que la famille (ui) est sommable.

Soit n ∈N. Jn est une partie finie de I, donc X

i∈Jn

ui ≤X

i∈I

ui. Ceci prouve que la suite X

i∈Jn

ui

n∈N

est major´ee et que, dans ce cas, sup

n∈N

X

i∈Jn

ui ≤X

i∈I

ui.

Remarque. Ainsi, les sommes X

i∈Jn

ui jouent un rˆole analogue aux sommes partielles utilis´ees en th´eorie des s´eries.

Exercice. Soit A une partie de N de densit´e α ∈]0,1], c’est-`a-dire telle que si l’on pose, pour tout n∈N, a(n) = |A∩ {1, . . . , n}|, a(n)

n −→

n→+∞α.

Montrer que la famille1 a

a∈A n’est pas sommable.

Propri´et´e. Lorsque I =N,

une suite (un)∈RN+ est sommable si et seulement si la s´erie P

un est convergente

´

(9)

Les s´eries 3 Familles sommables de r´eels positifs et dans ce cas, X

n∈N

un =

+∞

X

n=0

un. D´emonstration.

Pour tout n ∈N, posons Jn = [0, n]. Ainsi, (Jn)n∈N est une suite croissante de parties finies de N dont la r´eunion est ´egale `a N. D’apr`es la propri´et´e pr´ec´edente, (un) est sommable si et seulement si la suite X

i∈Jn

ui

n∈N

= Xn

i=0

ui

n∈N

est major´ee, c’est-`a- dire, dans le cadre des s´eries `a termes positifs, si et seulement si P

unest convergente.

De plus, dans ce cas, X

i∈N

ui = lim

n→+∞

X

i∈Jn

ui = lim

n→+∞

n

X

i=0

ui =

+∞

X

i=0

ui.

Th´eor`eme. Supposons que I est d´enombrable et soitϕ une bijection de N dans I.

La famille de r´eels positifs (ui)i∈I est sommable si et seulement si la s´erie P

uϕ(n) est convergente et dans ce cas, X

i∈I

ui =

+∞

X

n=0

uϕ(n). D´emonstration.

Pour tout n∈N, posonsJn={ϕ(0), . . . , ϕ(n)}. Ainsi, (Jn)n∈Nest une suite croissante de parties finies de I dont la r´eunion est ´egale `a I. Alors (ui)i∈I est sommable si et seulement si la suite X

i∈Jn

ui

n∈N

= Xn

k=0

uϕ(k)

n∈N

est major´ee, c’est-`a-dire, dans le cadre des s´eries `a termes positifs, si et seulement si P

uϕ(n) est convergente.

De plus, dans ce cas, X

i∈I

ui = lim

n→+∞

X

i∈Jn

ui = lim

n→+∞

n

X

k=0

uϕ(k)=

+∞

X

n=0

uϕ(n).

Propri´et´e de lin´earit´e : Si (vi)i∈I et (wi)i∈I sont deux familles sommables de r´eels positifs, alors pour tout α∈R+, (αvi+wi)i∈I est sommable.

Dans ce cas,X

i∈I

(αvi+wi) = αX

i∈I

vi+X

i∈I

wi. D´emonstration.

Soit (Jn)n∈N une suite adapt´ee `a I. Par lin´earit´e des sommes finies, pour tout n ∈ N, X

i∈Jn

(αvi +wi) = αX

i∈Jn

vi+X

i∈Jn

wi, donc par lin´earit´e du passage `a la limite, X

i∈Jn

(αvi +wi) −→

n→+∞αX

i∈I

vi +X

i∈I

wi. Ainsi, (αvi +wi)i∈I est sommable et X

i∈I

(αvi+wi) =αX

i∈I

vi+X

i∈I

wi.

Convention : Soit (ui)i∈I une famille d’´el´ements de R+∪ {+∞}.

S’il existe i0 ∈I tel que ui0 = +∞, on convient que X

i∈I

ui = +∞.

Propri´et´e. Soit (vi)i∈I et (wi)i∈I deux familles d’´el´ements de R+∪ {+∞}.

(10)

Alors, dans tous les cas, X

i∈I

(vi+wi) =X

i∈I

vi+X

i∈I

wi. D´emonstration.

S’il existe i0 ∈I tel que vi0 = +∞ ouwi0 = +∞, alors X

i∈I

(vi+wi) = +∞=X

i∈I

vi+X

i∈I

wi.

Sinon, (vi)i∈I et (wi)i∈I sont deux familles de r´eels positifs.

Si (vi)i∈I n’est pas sommable, commevi+wi ≥vi, on obtient que X

i∈I

(vi+wi) = +∞=X

i∈I

vi+X

i∈I

wi. On raisonne de mˆeme lorsque (wi)i∈I n’est pas sommable.

Il reste le cas o`u (vi)i∈I et (wi)i∈I sont deux familles sommables de r´eels positifs. Il correspond `a la propri´et´e pr´ec´edente.

Convention : lorsqu’on travaille dansR+∪ {+∞}, on utilise la convention suivante : 0×(+∞) = 0

On convient aussi, mais c’est plus universel, que pour tout x∈R+, x×(+∞) = +∞.

Propri´et´e. Pour tout α ∈ R+ ∪ {+∞}, pour toute famille (ai)i∈I d’´el´ements de R+∪ {+∞}, α.X

i∈I

ai =X

i∈I

α.ai. D´emonstration.

Lorsque α= 0, avec la convention pr´ec´edente, α.X

i∈I

ai = 0 =X

i∈I

α.ai. On suppose maintenant que α >0.

S’il existe i0 ∈I tel que ai0 = +∞, alors α.X

i∈I

ai = +∞=X

i∈I

α.ai. On suppose maintenant que (ai)i∈I est une famille de r´eels positifs.

Si cette famille n’est pas sommable, alors la famille (αai)i∈I ´egalement n’est pas som- mable, donc α.X

i∈I

ai = +∞=X

i∈I

α.ai.

Si cette famille est sommable, la propri´et´e a d´ej`a ´et´e d´emontr´ee.

Propri´et´e. Soit (vi)i∈I et (wi)i∈I deux familles d’´el´ements de R+ ∪ {+∞} et soit α∈R+∪ {+∞}. Alors, dans tous les cas, X

i∈I

(αvi+wi) =αX

i∈I

vi+X

i∈I

wi. Exercice. Soitα∈R. Etudier la sommabilit´e de la famille 1

(p+q+ 1)α

(p,q)∈N2

. R´esolution.

Pour tout n∈N, posons Jn={(p, q)∈N2/p+q≤n}.

(Jn)n∈Nest une suite croissante de parties finies deN2 dont la r´eunion est ´egale `a N2, donc la famille 1

(p+q+ 1)α

(p,q)∈N2

est sommable si et seulement si la suite X

(p,q)∈Jn

1 (p+q+ 1)α

est major´ee.

´

(11)

Les s´eries 4 Familles sommables de complexes Soit n ∈N.

X

(p,q)∈Jn

1

(p+q+ 1)α =

n

X

k=0

X

p+q=k

1

(p+q+ 1)α =

n

X

k=0

X

p+q=k

1 (k+ 1)α =

n

X

k=0

k+ 1 (k+ 1)α, donc la famille

1 (p+q+ 1)α

(p,q)∈N2

est sommable si et seulement si la s´erie X 1

(k+ 1)α−1 converge, or 1

(k+ 1)α−1 ∼ 1

kα−1, donc la famille

1 (p+q+ 1)α

(p,q)∈N2

est sommable si et seulement si α >2.

4 Familles sommables de complexes

Notation. Id´esigne un ensemble au plus d´enombrable et (Jn)n∈Nest une suite adapt´ee

` a I.

On fixe une famille u= (ui)i∈I de complexes.

D´efinition. On dit que

la famille (ui)i∈I est sommable si et seulement si la famille (|ui|)i∈I est sommable.

Ainsi, (ui)i∈I est sommable si et seulement si X

i∈I

|ui|<+∞ .

Remarque. Pour le moment, lorsque (ui)i∈I est une famille ”sommable” de complexes, sa somme n’est pas d´efinie. Heureusement, cet inconfort n’est que passager :

Propri´et´e. Supposons que tous lesui sont r´eels.

Pour tout i∈I, on pose u+i = max(ui,0) et ui = max(−ui,0).

u+ = (u+i )i∈I et u= (ui )i∈I sont deux familles de r´eels positifs.

On v´erifie que, pour tout i∈I,ui =u+i −ui et|ui|=u+i +ui .

(ui)i∈I est sommable si et seulement si (u+i )i∈I et (ui )i∈I sont sommables (selon la d´efinition du paragraphe pr´ec´edent) et dans ce cas,

on pose (1) : X

i∈I

ui =X

i∈I

u+i −X

i∈I

ui .

D´emonstration.

En discutant selon le signe de ui, on montre que ui =u+i −ui et|ui|=u+i +ui . Si u est sommable, comme 0 ≤ u+i ≤ |ui| et 0 ≤ ui ≤ |ui|, u+ = (u+i ) et u = (ui ) sont sommables.

R´eciproquement, si u+ et u sont sommables sur I, comme |ui| = u+i +ui , u est sommable.

Propri´et´e. Supposons maintenant que u est `a valeurs complexes. Alors les familles Re(u) = (Re(uk))k∈I et Im(u) = (Im(uk))k∈I sont `a valeurs dans R.

u est sommable si et seulement si Re(u) et Im(u) sont sommables et dans ce cas, On pose (2) : X

k∈I

uk =X

k∈I

Re(uk) +iX

k∈I

Im(uk),

(12)

o`u les sommes du membre droit de l’´egalit´e sont d´efinies dans la propri´et´e pr´ec´edente.

D´emonstration.

Siu est sommable, comme, pour tout i∈I, 0≤ |Re(ui)| ≤ |ui| et 0≤ |Im(ui)| ≤ |ui|, Re(u) et Im(u) sont sommables.

R´eciproquement, si Re(u) et Im(u) sont sommables surI, comme |ui| ≤ |Re(ui)|+|Im(ui)|, u est sommable.

Propri´et´e. Lorsque (ui)i∈I est une famille sommable de complexes, X

i∈I

ui = lim

n→+∞

X

j∈Jn

uj.

Cependant la r´eciproque est fausse : la suite X

j∈Jn

uj

n∈N

peut converger sans que (ui)i∈I ne soit sommable.

D´emonstration.

Premier cas : Supposons que u= (ui)i∈I est `a valeurs dans R. Pour tout n ∈ N, X

j∈Jn

uj = X

j∈Jn

u+j − X

j∈Jn

uj, donc d’apr`es une propri´et´e du para- graphe sur les r´eels positifs, X

j∈Jn

uj −→

n→+∞

X

i∈I

u+i −X

i∈I

ui , donc d’apr`es la relation (1), X

j∈Jn

uj −→

n→+∞

X

i∈I

ui .

Second cas : Supposons que u est `a valeurs dans C. Pour tout n∈N, X

j∈Jn

uj = X

j∈Jn

Re(uj) +iX

j∈Jn

Im(uj), donc par application du premier cas, X

j∈Jn

uj −→

n→+∞

X

k∈I

Re(uk) +iX

k∈I

Im(uk).

Ainsi, d’apr`es la relation (2), X

j∈Jn

uj −→

n→+∞

X

i∈I

ui .

Pour montrer que la r´eciproque est fausse, il suffit de prendreI =Zavec, pour tout n∈N, Jn= [−n, n]∩Z, et pour tout k ∈Z,uk =k.

Pour tout n∈N, X

k∈Jn

|uk|= 2

n

X

k=1

k=n(n+ 1) −→

n→+∞+∞, donc un’est pas sommable.

Pourtant, pour tout n∈N,

n

X

j=−n

uj = 0 −→

n→+∞0.

Exercice. Soitθ∈R. Calculer la somme de la suite double

cos(p+q)θ p!q!

(p,q)∈N2

. Solution :Existence de la somme :Pour tout (p, q)∈N2,

cos(p+q)θ p!q!

≤ 1 p!

1 q!, donc pour montrer la sommabilit´e de la famille

cos(p+q)θ p!q!

(p,q)∈N2

, il suffit

´

(13)

Les s´eries 4 Familles sommables de complexes d’´etablir la sommabilit´e de la famille de r´eels positifs

1 p!

1 q!

(p,q)∈N2

. PosonsJn={0, . . . , n}2 : la suite (Jn) est adapt´ee `a N2.

Or X

(p,q)∈Jn

1 p!

1

q! =Xn

k=0

1 k!

2

n→+∞−→ e2, donc 1

p!

1 q!

(p,q)∈N2

est bien sommable.

Calcul de la somme : Notons S la somme de cette famille.

S = lim

n→+∞

X

0≤p≤n 0≤q≤n

cos(p+q)θ

p!q! = lim

n→+∞

X

0≤p≤n 0≤q≤n

Re(ei(p+q)θ) p!q!

= Re

 lim

n→+∞

X

0≤p≤n 0≤q≤n

ei(p+q)θ p!q!

,

car Re est une application continue. Ainsi,S = Re

 lim

n→+∞

n

X

p=0

(e)p p!

!2

,

or

n

X

p=0

(e)p p! −→

n→+∞

+∞

X

p=0

(e)p

p! =e(e), donc

n

X

p=0

(e)p p!

!2

n→+∞−→ e2e. Ainsi, S = Re

e2(e)

= Re(e2 cosθ+2isinθ).

En conclusion, X

(p,q)∈N2

cos(p+q)θ

p!q! =e2 cosθcos(2 sinθ).

In´egalit´e triangulaire : si u est sommable, alors|X

i∈I

ui| ≤X

i∈I

|ui|.

D´emonstration.

Pour tout n∈N, |X

i∈Jn

ui| ≤ X

i∈Jn

|ui|et on fait tendre n vers +∞.

Propri´et´e. Lorsque I =N, une suite (un)n∈N est sommable si et seulement si la s´erie Pun est absolument convergente. Dans ce cas, X

n∈N

un=

+∞

X

n=0

un.

Propri´et´e. Lorsque I =Z, (un)n∈Z est sommable si et seulement si les s´eries X

n≥0

un etX

n≥0

u−n sont absolument convergentes et dans ce cas

X

n∈Z

un =

+∞

X

n=1

u−n+

+∞

X

n=0

un.

(14)

D´emonstration.

• Supposons que la famille (un)n∈Z est sommable. Soit N ∈ N.

N

X

n=0

|un| ≤ X

n∈Z

|un|,

donc la s´erie P

|un| est convergente. De mˆeme,

N

X

n=0

|u−n| = X

n∈[−N,0]∩Z

|un| ≤ X

n∈Z

|un|, donc la s´erie P

|u−n| est convergente.

• R´eciproquement, supposons que les s´eries P

un etP

u−n sont absolument conver- gentes. Soit J une partie finie de Z.

X

i∈J

|ui|= X

i∈J∩N

|ui|+ X

i∈J∩Z

|ui| ≤

+∞

X

n=1

|u−n|+

+∞

X

n=0

|un|, donc la famille (un) est sommable.

Dans ce cas,

+∞

X

n=1

u−n +

+∞

X

n=0

un = lim

N→+∞

N

X

n=1

u−n+

N

X

n=0

un

!

= lim

N→+∞

X

n∈[−N,N]∩Z

un = X

n∈Z

un, car ([−N, N]∩Z)N∈N est adapt´ee `aZ.

Exemple. X

n∈Z

1

n3 = 0, et X

n∈Z

1

n n’est pas d´efinie.

5 Propri´ et´ es des familles sommables

Notation.

I d´esigne un ensemble au plus d´enombrable et (Jn)n∈N est une suite adapt´ee `aI.

5.1 Lin´ earit´ e

Propri´et´e de lin´earit´e : soit a = (ai)i∈I et b = (bi)i∈I deux familles sommables de complexes et soit α ∈ C. Alors la famille αa+b = (αai +bi)i∈I est sommable et X

i∈I

(αai+bi) = αX

i∈I

ai+X

i∈I

bi. D´emonstration.

Pour tout i ∈ I, |αai +bi| ≤ |α||ai|+|bi|, or d’apr`es le paragraphe 3, la famille de r´eels positifs (|α||ai|+|bi|)i∈I est sommable, donc la famille (|αai+bi|)i∈I est ´egalement sommable.

Ainsi la famille de complexes (αai+bi)i∈I est aussi sommable.

Pour toutn ∈N, X

i∈Jn

(αai+bi) = αX

i∈Jn

ai+X

i∈Jn

bi et il suffit de faire tendren vers +∞

pour conclure.

Propri´et´e. Soit (ui)i∈I une famille de r´eels positifs et (vi)i∈I une famille de complexes.

On suppose que, pour touti∈I, |vi| ≤ui.

´

(15)

Les s´eries 5 Propri´et´es des familles sommables Si (ui) est sommable, alors (vi) est sommable et|X

i∈I

vi| ≤X

i∈I

ui. D´emonstration.

On suppose que (ui) est sommable.

pour touti∈I,|vi| ≤ui, donc d’apr`es le paragraphe 3, la famille (|vi|) est sommable.

Ainsi, la famille (vi) est sommable.

Pour toutn ∈N,|X

i∈Jn

vi| ≤ X

i∈Jn

|vi| ≤ X

i∈Jn

ui. On conclut en faisant tendren vers +∞.

Notation. K d´esigne R ouC.

Notons l(I,K) l’ensemble des familles born´ees (ui)i∈I ∈KI. et pour p∈[1,+∞[, posons lp(I,K) = n

(ui)i∈I / X

i∈I

|ui|p <+∞o .

Propri´et´e. l1(I,K), l2(I,K) et l(I,K) sont des sous-espaces vectoriels de KI. De plus si (ai) et (bi) sont dansl2(I,K), alors (aibi) est un ´el´ement del1(I,K).

D´emonstration.

On vient de montrer quel1(I,K) est stable par combinaison lin´eaire. De plus il est non vide, donc c’est bien un sous-espace vectoriel de KI.

Soit (ai)i∈I et (bi)i∈I deux ´el´ements de l2(I,K).

Soit i∈I. (|ai| − |bi|)2 ≥0, donc |aibi| ≤ 12(|ai|2+|bi|2), ce qui prouve que (aibi)i∈I est dans l1(I,K).

De plus, (ai+bi)2 =a2i +b2i + 2aibi, donc (ai+bi)∈l2(I,K). On en d´eduit facilement que l2(I,K) est un sous-espace vectoriel de RI.

Soit (ai)i∈I et (bi)i∈I deux familles born´ees de r´eels index´ees par I et soit α∈R. Pour tout i∈I, |αai+bi| ≤ |α||ai|+|bi| ≤ |α|sup

j∈I

|aj|+ sup

j∈I

|bj|,

ainsiα(ai)i∈I+(bi)i∈I ∈l(I). De plus,l(I,K) est non vide, donc c’est un sous-espace vectoriel de RI.

Propri´et´e. Pour tout (ui),(vi)∈l2(I,R), on pose ((ui)|(vi)) =X

i∈I

uivi. l2(I,R) muni de (.|.) est un espace pr´ehilbertien.

D´emonstration.

Ce qui pr´ec`ede montre que (.|.) est correctement d´efini. De plus, il est clairement bilin´eaire, sym´etrique et positif.

Si ((ui)|(ui)) = 0. Pour toutj ∈I, 0≤u2j ≤((ui)|(ui)) = 0, donc (ui) = 0.

Propri´et´e.

— En posant k(ui)i∈Ik= sup

i∈I

|ui|, (l(I),K) est un espace vectoriel norm´e ;

— En posant k(ui)i∈Ik1 =X

i∈I

|ui|, (l1(I),K) est un espace vectoriel norm´e ;

— En posant k(ui)i∈Ik2 = s

X

i∈I

|ui|2, (l2(I),K) est un espace vectoriel norm´e.

(16)

D´emonstration.

Exercice.

5.2 Commutativit´ e

Propri´et´e. Commutativit´e de la somme d’une famille sommable.

Soient (ui)i∈I une famille sommable de complexes et ϕune bijection de I dansI. Alors (uϕ(i))i∈I est aussi sommable et X

i∈I

uϕ(i) =X

i∈I

ui. D´emonstration.

Montrons d’abord que (ϕ(Jn))n∈N est adapt´ee `a I.

Soit n ∈N : Jn est de cardinal fini, donc ϕ(Jn) est aussi finie.

De plus Jn⊂Jn+1, doncϕ(Jn)⊂ϕ(Jn+1).

Enfin, I =ϕ(I) = ϕ([

n∈N

Jn) = [

n∈N

ϕ(Jn).

Ainsi, pour tout n ∈N, X

i∈Jn

|uϕ(i)|= X

j∈ϕ(Jn)

|uj| −→

n→+∞

X

j∈I

|uj|, ce qui montre que la famille (uϕ(i)) est sommable.

Alors, X

i∈I

uϕ(i)= lim

n→+∞

X

i∈Jn

uϕ(i) = lim

n→+∞

X

j∈ϕ(Jn)

uj =X

i∈I

ui.

Remarque. Ainsi le symbole “

+∞

X

n=0

” n’est pas commutatif dans le cas des s´eries semi-convergentes de complexes, mais il le devient dans le cas des s´eries absolument convergentes. Plus g´en´eralement, on voit que la d´efinition d’une somme infinie prove- nant de la sommabilit´e est plus sˆure et plus robuste que celle provenant des s´eries.

Propri´et´e. Hors programme :

Soient (ui)i∈Iune famille sommable de complexes etϕune bijection deK dansI. Alors (uϕ(k))k∈K est aussi sommable et X

k∈K

uϕ(k) =X

i∈I

ui. D´emonstration.

On adapte la d´emonstration pr´ec´edente.K est au plus d´enombrable et il faut supposer ici que (Jn)n∈N est une suite adapt´ee `a K.

Montrons d’abord que (ϕ(Jn))n∈N est adapt´ee `a I.

Soit n ∈N : Jn est de cardinal fini, donc ϕ(Jn) est aussi finie.

De plus Jn⊂Jn+1, doncϕ(Jn)⊂ϕ(Jn+1).

Enfin, I =ϕ(K) = ϕ([

n∈N

Jn) = [

n∈N

ϕ(Jn).

Ainsi, pour tout n∈N, X

k∈Jn

|uϕ(k)|= X

j∈ϕ(Jn)

|uj| −→

n→+∞

X

j∈I

|uj|, ce qui montre que la famille (uϕ(k))k∈K est sommable.

´

(17)

Les s´eries 5 Propri´et´es des familles sommables Alors, X

k∈K

uϕ(k) = lim

n→+∞

X

k∈Jn

uϕ(k)= lim

n→+∞

X

j∈ϕ(Jn)

uj =X

i∈I

ui.

Remarque. Lorsque (ui)i∈I est une famille de r´eels positifs, pour toute bijection d’un ensemble K dans I, X

k∈K

uϕ(k) =X

i∈I

ui.

Th´eor`eme. Sommation par paquets pour des familles de r´eels positifs.

Soit (Iq)q∈N une partition de I (on accepte que certains Iq soient vides).

On suppose que u= (ui)i∈I ∈RI+.Alors u est sommable si et seulement si pour tout q∈N, la famille (ui)i∈Iq est sommable et

la suite X

i∈Iq

ui

q∈N

est sommable.

Dans ce cas,X

i∈I

ui =X

q∈N

X

i∈Iq

ui.

Remarque. En cas de non sommabilit´e, on a encore : X

i∈I

ui =X

q∈N

X

i∈Iq

ui = +∞.

Ainsi, on peut ´enoncer le th´eor`eme sous une forme plus concise : si (Iq)q∈N est une partition de I et si (ui)i∈I ∈RI+, alors X

i∈I

ui =X

q∈N

X

i∈Iq

ui. D´emonstration.

• Supposons que (ui)i∈I est sommable.

Soit q∈N. SoitJ une partie finie de Iq. J est ´egalement une partie finie deI, donc X

i∈J

ui ≤X

i∈I

ui, ce qui prouve que (ui)i∈Iq est sommable.

Soit q ∈N. Iq ⊂I et I est au plus d´enombrable, donc Iq est au plus d´enombrable.

Notons (Jq,N)NN une suite adapt´ee `aIq. Soit n ∈N.

n

X

q=0

 X

i∈Iq

ui

=

n

X

q=0

N→+∞lim X

i∈Jq,N

ui = lim

N→+∞

n

X

q=0

X

i∈Jq,N

ui. Pour tout N ∈ N,

n

X

q=0

X

i∈Jq,N

ui = X

i∈

0≤q≤nJq,N

ui ≤ X

i∈I

ui, car [

0≤q≤n

Jq,N est une partie

finie deI. On en d´eduit, en faisant tendreN vers +∞, que

n

X

q=0

 X

i∈Iq

ui

≤X

i∈I

ui.

Ceci prouve que

 X

i∈Iq

ui

q∈N

est sommable et que X

i∈I

ui ≥X

q∈N

X

i∈Iq

ui.

• Supposons que pour tout q ∈ N, (ui)i∈Iq est sommable et que

 X

i∈Iq

ui

q∈N

est sommable.

(18)

Pour tout n∈N, posons Jn=

n

[

q=0

Jq,n. On v´erifie que la suite (Jn) est adapt´ee `aI. De plus, X

i∈Jn

ui =

n

X

q=0

X

i∈Jq,n

ui

n

X

q=0

X

i∈Iq

ui

+∞

X

q=0

X

j∈Iq

uj. Ceci prouve que (ui)i∈I est sommable et queX

i∈I

ui ≤X

q∈N

X

i∈Iq

ui. Exemple. Pour tout α∈R,

X

p,q∈N

1

(p+q+ 1)α =

+∞

X

n=0

X

p+q=n

1

(p+q+ 1)α =

+∞

X

n=0

1

(n+ 1)α−1, car

en posant In={(p, q)∈N2/p+q=n}, la famille (In)n∈N est une partition de N2. Corollaire. Interversion de sommations pour des suites doubles de r´eels positifs (Fubini).

Soit (up,q)(p,q)∈N2 une famille de r´eels positifs index´ee par N2. Les propri´et´es suivantes sont ´equivalentes.

La famille (up,q)(p,q)∈N2 est sommable.

Pour toutq ∈N, (up,q)p∈N est sommable et la suite X

p∈N

up,q

!

q∈N

est sommable.

Pour toutp∈N, (up,q)q∈N est sommable et la suite X

q∈N

up,q

!

p∈N

est sommable.

Lorque l’une de ces propri´et´es est v´erifi´ee, on dit que (up,q)(p,q)∈N2 est une suite double sommable et on dispose des ´egalit´es suivantes.

X

(p,q)∈N2

up,q =

+∞

X

q=0 +∞

X

p=0

up,q

!

=

+∞

X

p=0 +∞

X

q=0

up,q

! .

D´emonstration.

Il suffit d’appliquer le th´eor`eme de sommation par paquets pour des familles de r´eels positifs en posant, pour tout q ∈N, Iq =N× {q}, ce qui constitue bien une partition deN2.

Plus pr´ecis´ement, d’apr`es le th´eor`eme de sommation par paquets, X

(p,q)∈N2

up,q = X

p0N

X

(p,q)∈{p0N

up,q.

Soit p0 ∈ N. L’application q 7−→ (p0, q) est une bijection de N dans {p0} ×N donc X

(p,q)∈{p0N

up,q =X

q∈N

uϕ(q)=X

q∈N

up0,q. Ainsi, X

(p,q)∈N2

up,q=

+∞

X

p=0 +∞

X

q=0

up,q

! .

´

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