Universit´e P. et M. Curie Licence de Math´ematiques
LM360 B
Jeudi 13 d´ecembre 2007
Topologie et Calcul Diff´ erentiel Corrig´ e de l’examen
Dur´ee 3 heures – sans document
I
1) La fonction f0 est continue sur U, `a valeurs dans L(Rn). Puisque V est compact est contenu dansU, f(V) est compact dans L(Rn), donc born´e.
Il en r´esulte queM := supx∈V¯ kf0(x)k<+1. On aft(x)−ft(y) =x−y+t(f(x)−f(y)), donc
kx−yk=kft(x)−ft(y)−t(f(x)−f(y))k6kft(x)−ft(y)k+tkf(x)−f(y)k Puisque V est convexe, il r´esulte de la formule des accroissements finis que, pour x et y dans V, on a kf(x)−f(y)k 6 supz∈rV kf0(z)k.kx−yk 6 M.kx−yk. Et puisque f est continue sur V, cette in´egalit´e reste valable pour x et y dans V : l’ensemble {(x, y) ∈ U ×U : kf(x)−f(y)k6 M.kx−yk} est ferm´e et contient V ×V, donc contient son adh´erenceV ×V.
Donc kx−yk6kft(x)−ft(y)k+tM.kx−yk. 2) Si 06t < t0 = 1
M, il r´esulte de l’in´egalit´e pr´ec´edente que (1−tM)kx−yk6kft(x)−ft(y)k .
En particulier, si ft(x) =ft(y), on en d´eduit que (1−tM)kx−yk 6 0, donc kx−yk6 0, c’est-`a-direx =y. Ceci montre queft est injective sur V.
3) Puisqueft est injective et continue sur le compact V, c’est un hom´eomorphisme deV sur son image.
4) Pourx ∈V, on a ft0(x) = I+tf0(x), donc kI −ft0(x)k=tkf0(x)k6M t= t
t0 <1. Et puisque la boule ouverte de rayon 1 et de centreI dans L(Rn) est contenue dans l’ensemble des applications lin´eaires inversibles, on voit que ft0(x) est inversible.
5) Puisqueft est un hom´eomorphisme de V sur son image, c’est un hom´eomorphisme de V surft(V). Puisqueft0(x) est inversible pour toutxdeV, il r´esulte du th´eor`eme d’inversion locale queft est ouverte, donc que W :=ft(V) est ouvert dans Rn et que ft−1 est de classe C1, c’est-`a-dire que ft est un C1-diff´eomorphisme de V sur W.
II
1) On v´erifie par r´ecurrence surk ∈N que la d´eriv´ee d’ordrek de la fonctionρ est, surJ,
´egale `a
ρ(k)(x) =°1 2
¢°1 2 −1¢
· · ·°1
2 −k+ 1¢
(1 +x)1/2−k
donc elle-mˆeme de classeC1, c’est-`a-dire que ρ est C1. Et on a ρ(k)(0) =°1
2
¢°1 2 −1¢
· · ·°1
2 −k+ 1¢ , donc
αk := 1
k!ρ(k)(0) = 1.(1−2).· · ·(3−2k) 2.4· · ·(2k) d’o`u l’on d´eduit α0 = 1 et αk+1
αk = 3−2k−2
2k+ 2 = 1−2k
2(k+ 1). En particulier, puisque
|2k−1|62k+ 2, on a |αk+1|6|αk|. La suite (|αk|) est d´ecroissante et on a|αk|6|α0|= 1.
2) Soient k > 1 et x ∈] − 1 2,1
2[. Sur l’intervalle d’extr´emit´es − |x| et |x|, la fonction ØØρ(k+1)ØØ, proportionnelle `a (1 +x)−k−1/2 est d´ecroissante, donc major´ee par sa valeur en
− |x|. L’application de la formule de Taylor-Lagrange `a l’ordre k donne alors : ØØ
ØØ
ØØρ(x)− Xk j=0
αjxj ØØ ØØ ØØ=
ØØ ØØ
ØØρ(x)− Xk j=0
xk
k!ρ(j)(0) ØØ ØØ
ØØ6 |x|k+1
(k+ 1)!ρ(k+1)(− |x|)
=αk+1|x|k+1(1− |x|)−k−1/2 =αk+1(1− |x|)1/2≥ |x| 1− |x|
¥k+1
6≥ |x| 1− |x|
¥k+1
Et si |x| 6 1
3, on a |x|
1− |x| 6 1
2, donc ØØØρ(x)−Pk
j=0αjxjØØØ 6 1
2k+1, d’o`u la convergence uniforme sur [−1
3,1
3] vers ρ de la s´erie de terme g´en´eral (αkxk).
3) Puisque la s´erie de terme g´en´eral (αkxk) converge absolument si|x|6 1 3, on a ρ(x)2 =≥X1
k=0
αkxk¥ .≥X1
k=0
αkxk¥
= X1 m=0
≥Xm
k=0
αkxk.αm−kxm−k¥
= X1 m=0
≥Xm
k=0
αkαm−k¥ xm
c’est-`a-dire
1 +x− X1 m=0
xm≥Xm
k=0
αkαm−k¥
= 0 .
On en d´eduit, par unicit´e des coefficients de la s´erie enti`ere, que, pour tout entierm>2, on a Pm
k=0αkαm−k = 0.
4) Pourt > −1, on a ϕ0(t) = 3
2(1 +t)1/2(1− 3 2t)− 3
2(1 +t)3/2 = 3
2(1 +t)1/2(1− 3
2t−1−t) =−15t
4 (1 +t)1/2 , donc ϕ0(t) < 0 si t > 0. Il r´esulte alors de la formule des accroissements finis que ϕ est d´ecroissante sur [0,1[, donc que ϕ(t)6ϕ(0) = 1 si t>0.
2
On a ØØØØβk+1 βk
ØØ
ØØ=≥k+ 2 k+ 1
¥3/2ØØØØαk+1 αk
ØØ ØØ=°
1 + 1 k+ 1
¢3/2|2k−1| 2k+ 2
=°
1 + 1 k+ 1
¢3/2ØØØØ1− 3 2(k+ 1)
ØØ ØØ=
ØØ ØØϕ( 1
k+ 1) ØØ ØØ Et puisque ϕ(t) > 0 pour t 6 2
3, on a 0 6 ϕ( 1
k+ 1) 61 pour k >1, ce qui montre que la suite (|βk|)k>1 est d´ecroissante, donc que|βk|6β1 =√
2 pour k >1.
Il en r´esulte que |αk| 6 β1
(k+ 1)3/2 =
√2
(k+ 1)3/2 pour k > 1. Et cette in´egalit´e est encore valable pourk = 0, puisque α0 = 16√
2.
5) On a kαnunk = |αn| kunk 6 |αn| kukn 6 |αn| 6
√2
(n+ 1)3/2, d’o`u l’on d´eduit P1
n=0kαnunk<+1. On a alors, par convergence normale, R(u)2 =≥X1
n=0
αnun¥ .≥X1
n=0
αnun¥
= X1 k,n=0
αkαnuk+n = X1 m=0
°Xm
k=0
αkαm−k¢ um et puisque Pm
k=0αkαm−k est ´egal `a 1 si m61, et `a 0 si m>2, on voit que R(u)2 =I+u.
Si v ∈ L(E) v´erifie kv−Ik 6 1, l’´el´ement u = v−I v´erifie kuk 6 1, donc r = R(u) est d´efini et v´erifie r2 =I+u =v.
6) La fonction ∞ : L(E) × L(E) → L(E) d´efinie par ∞(u, v) = u◦v est bilin´eaire continue, donc de classe C1. La fonction p0 :u 7→u0 =I est constante, donc de classe C1. Supposant quepn−1 est de classeC1, la fonction qn :u 7→(u, pn−1(u)) est de classe C1 de L(E) dans L(E)× L(E) ; il en r´esulte que ∞◦qn : u 7→ u◦pn−1(u) = pn(u) est de classe C1, c’est-`a-dire que pn est de classeC1.
On a clairement p00 = 0, puisque p0 est constante, et p0(u) = I pour tout u puisque p0 = I. Supposant par r´ecurrence que p0n(u).h = Pn−1
k=0uk◦h◦un−1−k, on voit, puisque pn+1(u) =∞(u, pn(u)), que
p0n+1(u).h=∞(h, pn(u)) +∞(u, p0n(u).h) =h◦un+u◦(
n−1X
k=0
uk◦h◦un−1−k)
=h◦un+
n−1X
k=0
uk+1◦h◦un−k−1 =h◦un+ Xn k=1
uk◦h◦un−k = Xn k=0
uk◦h◦un−k ce qui prouve la formule de r´ecurrence `a l’ordre n+ 1.
On en d´eduit que
kp0n(u).hk6n−1X
k=0
∞∞uk∞∞khk∞∞un−k−1∞∞6n−1X
k=0
kukkkukn−k−1khk=nkukn−1khk ,
ce qui montre que kp0n(u)k 6 nkukn−1. Si 0 < δ < 1, la s´erie de terme g´en´eral (αnp0n) converge normalement sur la boule ˜B(0,1−δ) : en effet
kαnp0n(u)k6n|αn| kukn−1 6n|αn|(1−δ)n−1 6n(1−δ)n−1 , 3
etP1
n=0n(1−δ)n−1 <+1. Il en r´esulte que la sommeR(u) =P1
n=0αnpn(u) est de classe C1 sur la boule B(0,1−δ) et que R0(u) =P1
n=0αnp0n.
Enfin, puisqueRest de classeC1 au voisinage de chaque point de la bouleB =B(0,1), elle est de classeC1 sur B.
On peut remarquer qu’un r´esultat un peu plus faible pouvait ˆetre obtenu presque sans calcul avec le th´eor`eme des fonctions implicites : en notantF(u, r) =I+u−r2, on voit que F(0, I) = 0, que la diff´erentielle partielle deF par rapport `a la seconde variable en(0, I)est
−p02(I) :h 7→ −h◦I−I◦h=−2h ,
qui est inversible de L(E) dans lui-mˆeme, et ainsi qu’il existe une fonction Rde classe C1 d´efinie sur un voisinage V de 0, qui `a chaque u dans V associe un r tel que F(u, r) = 0, c’est-`a–dire “la racine carr´ee ”de I+u. Mais cette m´ethode ne permet pas de savoir que R peut ˆetre d´efinie sur toute la boule unit´e, ni d’obtenir une expression explicite de R.
4