A NNALES DE L ’I. H. P.
F RITZ B OPP
La mécanique quantique est-elle une mécanique statistique classique particulière ?
Annales de l’I. H. P., tome 15, n
o2 (1956), p. 81-112
<http://www.numdam.org/item?id=AIHP_1956__15_2_81_0>
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La mécanique quantique
est-elle
unemécanique statistique
classique particulière?
par
Fritz BOPP,
(Munich, Institut de Physique théorique de l’Université.)
1. . Le but de la présente étude. - Les
systèmes atomiques
ont despropriétés
ondulatoires aussi bien quecorpusculaires.
C’est un fait donttous les essais
d’interprétation
de laMécanique
ondulatoire doivent rendrecompte.
L’idée de Born -d’après laquelle
la fonction d’ondedécrit,
d’unefaçon statistique,
l’état de laparticule
- est une consé-quence
immédiate
de ce dualisme entreparticule
et onde. Cette inter-prétation statistique
ne pose aucunproblème.
Mais les difficultéscommencent dès que nous considérons simultanément les ondes et les
particules
comme lesreprésentants
de la matièreatomique.
En ce cas,les deux notions sont nettement
incompatibles
parcequ’un système
atomique
nepeut
à la fois être localisé et étendu dansl’espace.
L’exemple
del’Acoustique,
ou la coexistence des deuxnotions (ondu-
latoires et
corpusculaires)
est tout à faitcoutumière,
montre clairementque
l’incompatibilité
de ces deux notions est due à laproposition qu’elles
décrivent toutes les deux un même
objet.
Pdr contre, enAcoustique,
seules les
particules (ou
éléments demasse)
sont considérées commereprésentants
de lamatière
tandis que les ondes ne décrivent pas direc-tement le mouvement de la
matière,
maisplutôt
lechangement
de eer-taines formes
(comme
parexemple
celui de lasurface,
dans le cas82
d’ondes dans
l’eau).
C’estpour
cetteraison,
que l’onpeut
éviter tout conflit entre l’idée des ondes et celle desparticules
dans le cas del’Acoustique.
Nous pouvons donc résumer la situation comme suit : il est
impos-
sible de
s’imaginer
la matièreatomique représentée
à la fois par des ondes et desparticules,
d’où laconséquence logique :
: ou bien on nepeut s’imaginer
la matièrereprésentée
que par unedes
deuxconceptions,
,ou bien aucune des deux ne convient. En tout cas,
l’emploi
simultanédes deux est exclu. ..
Or, l’expérience
montrepourtant
que ces deuxconceptions
ont leurimportance
pour lessystèmes atomiques,
cequi
nous met devant l’alter- native suivante : ou bien les deuxconceptions
ne serapportent
pas de la même manière auxsystèmes atomiques (c’est-à-dire
que la situationest semblable à celle de
l’Acoustique),
ou bien aucune des deuxconceptions
nerépond
tout à fait à la réalité. Dans ce dernier cas, lessystèmes atomiques
seprésentent
à nous sous forme departicules
oud’ondes selon les
dispositions
del’expérience
choisie. Parconséquent,
il serait insensé de
parler
de l’existence d’uneparticule
ou d’une ondesans se référer
à
une observation déterminée. Iln’y
aplus
moyen de définir - d’unefaçon objective -
ce que c’estqu’un système atomique.
Toute
objectivation
est donc rendueimpossible
dans le domaine de laPhysique atomique.
Pour saisir toute laréalité,
il est donc nécessaire de se servir dereprésentations contradictoires,
mais secomplétant
d’unemanière
dialectique; bref,
desreprésentations complémentaires,
commedisait M. Bohr.
Cette doctrine de la
complémentarité
de Bohr etHeisenberg
estsûrement irréfutable. Elle est sans lacune
logique
et résoud admira- blenient toutes les difficultés résultant du dualismeondes-particules.
Deplus,
cette théorie est excessivement séduisante pour les sciences nonphysiques
parcequ’il
semble que cette nouvellecatégorie
- lacomplé-
mentarité - soit d’une extrême
importance
bien au-delà du domainepropre à la
Physique.
Malgré
toutcela,
lesobjections
contre la doctrine de lacomplémen-
tarité n’ont
jamais complètement
cessé et se sont même accrues ces der- niéres années parce que l’on peut seulement prouverqu’elle
est sanscontradiction,
mais non pasqu’elle
estindispensable.
Nous avons vutout à l’heure
qu’elle
est inévitable si l’on suppose que lesconceptions
83
ondulatoires et
corpusculaires s’appliquent
de la même manière auxsy stèmes atomiques. Pourtant,
c’est unehypothèse qui
ne se déduit nide
l’expérience
ni del’interprétation statistique
de Born.Ceux
qui prennent
laPhysique uniquement
pour uncatalogue
dedonnées ne
s’occuperont peut-être
pas de laquestion
de savoir si laMécanique
ondulatoire nepermet qu’une
seuleinterprétation
ou non.Mais, quiconque
considère comme une connaissance essentielle de savoir si laquestion d’interprétation permet plusieurs réponses,
devrafaire face à une tâche réelle
qui dépasse
les bornes de la doctrine de lacomplémentarité.
On verra
plus
loinqu’il
y a une deuxièmeconception qui
nous four-nit de nouvelles
connaissances, malgré
sonéquivalence mathématique.
En outre, il serait
possible
que cette nouvelle forme soit d’une certaineimportance
pour lesproblèmes qui présentent
actuellement des difficultés insurmontables pour la théoriequantique
deschamps.
Évidemment,
personne ne pourra savoir d’avance si cela arrivera réellement.Au
point
de vuephilosophique, l’importance
de la doctrine de lacomplémentarité dépend
essentiellement de laquestion :
Est-ce quecette
interprétation
est une nécessité ou seulement unepossibilité ?
Dece
point
de vue, laquestion
que nous entamons icidépasse
les limites de laPhysique.
Selon nous, le raisonnement suivant montre
qu’il
y a vraiment encoreune seconde
interprétation qui
ne nousprive
pas de lapossibilité
d’uneobjectivation
dans le domaine dessystèmes atomiques.
En
Physique atomique,
onpeut
dire : toutes lesobservations,
faitesavec des
systèmes atomiques,
nouspermettent
de constater que « main-tenant et ici o un événement a eu lieu ou
qu’aucun
événement n’a eulieu. C’est
analogue
à la théoriegénérale
de larelativité,
à la base delaquelle
se trouve la constatation que toutes lesexpériences physiques
peuvent être réduites à des coïncidences dans
l’espace-temps.
EnPhy- sique atomique,
nous observons donc àchaque
instant des événements locaux. Le noircissement d’uneplaque photographique, qui
a subil’influence d’un
champ
d’ondes en interférences derrière un réseau dediffraction,
en donne unexemple.
Le noircissement d’ungrain peut
êtrela suite d’une ionisation d’un de ses atomes par la collision avec une
particule
ou un quantum. L’évidence de cet effet est encoreplus
nette84
si nous
remplaçons
laplaque photographique
par unmultiplicateur
d’électrons tout en réduisant l’intensité des
particules
ouquanta jusqu’à
ce
qu’il n’y
aitplus qu’une
seuleparticule
ou un seulquantum
à la fois dansl’appareil.
L’observation pourra donc être réalisée
n’importe
où etn’importe quand,
on feratoujours
l’une de ces deux constatations : « ici et main- tenant, un événement a eu lieu » ou bien « ici etmaintenant,
aucunévénement n’a eu lieu ».
Une troisième
possibilité
est exclue. C’est un fait. L’événement consiste dans unchangement aussi
bien localisé quepossible,
maisquand
même de naturemacrophysique
et donc observable. Cet évé- nement nouspermet
la conclusionqu’en
ce moment et en ce lieu uneparticule
est arrivée.Ici,
laparticule
est donc définie comme la causequi
aprovoqué
l’événement. Leprincipe
de la causalité estindispen-
sable pour la conclusion que la
particule
se trouve au moment même del’événement sur le lieu où l’événement arrive et pas ailleurs.
Mais,
cetteapplication
duprincipe
de causalité n’a rien à voir avec laquestion
desavoir si le mouvement est déterminable ou non
( 1 ) .
Les événements nous
renseignent
sur laposition
desparticules
aumoment où les événements ont lieu. Nous ne connaissons pas tous les
actes et nous
ignorons
aussi où se trouvent lesparticules entre-temps.
Nous ne savons même pas s’il est raisonnable de
parler
d’une existence desparticules pendant
lesentre-temps.
La doctrine de lacomplémen-
tarité nie
justement
cette existence departicules
entre deux événementset nous
apprend qu’il
convientd’adopter, pendant
ceslaps
detemps,
la notion d’ondes.Si la doctrine de la
complémentarité
étaitindispensable
à lacompré-
hension de la
Mécanique ondulatoire,
il en résulterait lephénomène unique
dans l’histoire des sciences de la naturequ’un problème
pure-ment
philosophique (tel
que leproblème
del’existence) pourrait
êtrerésolu de manière
purement physique. Mais, habituellement,
les succèsde la
Physique
ne sont pas dus à la résolution maisplutôt
à l’élimination desproblèmes philosophiques.
C’est ce que Newton a
formulé,
d’unefaçon admirable,
et tout à fait(1) ) Cf. NI. BORN, Natural Philosophie of Cause and Chance, Oxford, I949, Chapitre II.
85
applicable
à nosréflexions,
dans son traitéd’Optique.
Dans la propo- sition XII du deuxièmevolume,
ildit,
enparlant
duphénomène
desanneaux d’interférences
( en
omettantquelques digressions
peuimpor- tantes) :
«...ici, je
n’examine pas les raisons de cephénomène.
Ceuxqui
ne veulent pas reconnaître une nouvelle découverte avantqu’ils
nepuissent l’expliquer
par unehypothèse,
pourronttoujours
supposer que les rayonsoptiques provoquent
des oscillationsqui
sepropagent
d’une manièreanalogue
aux oscillations de l’airquand
ellesproduisent
un son.Ici, je
ne veux pas discuter si cettehypothèse est juste
oufausse, je
mecontente d’avoir trouvé que les rayons
optiques reçoivent,
par une .cause
quelconque,
la faculté ou ladisposition
d’être réfléchies ou réfractées. »Comme
Newton,
nous voulons d’abord nous contenter de constater avecquelle
«disposition »
s c’est-à-dire ici avecquelle
«probabilité »
les
particules
peuvent déclencher « ici et maintenant » des événements locaux.Ainsi,
nous évitons la décisionphilosophique
de savoir s’ils’agit
decorpuscules
ou d’ondes - dans un sensmétaphysique
-- ou sinous avons
quelque
chosequi
ne peut être saisi que par lacatégorie
dela
complémentarité (ce qui
seraitégalement
une décisionmétaphy- sique).
2. Les équations
statistiques
du mouvement en Mécanique quantique.. - Nous
examinerons,
à titred’exemple,
le mouvement selon une seuledimension d’un
point
de masse M sous l’influence d’unpotentiel V~x~.
En ce cas,
l’équation
deSchrôdinger
s’écritSi nous voulions directement atteindre notre but à
partir
de cetteéquation,
nous aboutirions à des résultats semblables à ceux de M. deBroglie
et de ses successeurs. Nous serions amenés a nousrepré-
senter les
particules
sous forme d’ondes et nous serions ainsiobligés
defaire une
hypothèse
pourrépondre
à laquestion :
comment uneparti-
cule
peut-elle
avoir despropriétés
ondulatoires ?Il se peut que de
pareilles hypothèses
soient fortraisonnables; mais,
à mon
avis, l’expérience
actuelle ne fournit pas encore une base suffi- sante. Pour cetteraison,
nous voulons ici éviter ceshypothèses,
cequi
86
est
possible
si nous ne prenons pas seulement en considération la variété desprobabilités indépendantes qui
se déduisent de la fonction d’ondes deSchrôdinger,
mais aussi laplus grande
variété desprobabilités
linéairement
indépendantes,
cette dernièreayant
la même étendue que la variété des éléments de la matricestatistique
de von Neumann. Ilsemble donc mieux
approprié
à notreproblème
de traiter les « casmixtes » de la
Mécanique quantique
que de se borner aux « cas purs »comme on le fait
généralement.
Dans les cas
mixtes,
la fonction d’ondes deSchrôdinger
estremplacée
par la matrice
statistique
de von NeumannP ( t)
avec ses éléments(2) x’
i
p(t)x~~ i
= x~n t),qui
obéit àl’équation
de von Neumann(3) ih~P(x’, x’’, t) ~t
= -
h2 2M
(~2 ~x’2 - ~2 ~x"2)
P(x’, x", t)+ [V(x’) -
V(x")]P(x’ x" t).Soit
(4) t) = t), avec k = 1 , 2, 3, ...
un
jeu complet d’intégrales
linéairementindépendantes de l’équation
deSchrôdinger. Un jeu complet
de solutions deInéquation (3)
est alorsdonné par
(5) P(x’, x", t) =’~~(x’, t), avec k, l = 1 , 2, 3, ....
Ici,
«complet »
veut dire quechaque
solution doitdépendre,
d’unemanière
linéaire,
de toutes les autres données ci-dessus. Laplus grande
variété des solutions linéairement
indépendantes
montre quel’équation
de von Neuman
(3)
est d’une validitéplus générale
que celle deSchrôdinger.
Il a
déjà
été montré que les variétés dessolutions indépendantes
del’équation
de von Neumann et de celle de Liouville sont les mêmes.Sous cette
forme,
l’énoncé est démontré pour un espacecomposé
d’unnombre fini de
points. Mais,
la démonstration est aussiapplicable
surun espace
continu;
car la variété des fonctions hermitiennesP ~x’, x")
de deux variables est
égale
à la variété des fonctions réellesf’~ p, q)
dedeux variables. Il y a donc une transformation
univoque
et réversiblemenant d’une variété de fonctions à l’autre.
Soit’G
l’opérateur
d’unequantité physique
enMécanique quantique
87
sa valeur moyenne est alors pour les cas purs .
(6) G = 03C8+G03C8.
S’il
s’agit
de casmixtes,
par contre, cette valeur moyenne devient(7) G = Tr(P G).
Ces valeurs moyennes sont des
probabilités
élémentaires si la matrice Gest
idempotente
avec la trace i, c’est-à-dire si elle obéit auxéquations
(8 ) G2 =G, Tr G =1, ,
d’où suit directement pour les éléments de matrice
(9)
x’|G|x" >
=Il(1’)
u*(x"),u*(x) u(x)
dx = I.Ainsi,
toutes lesprobabilités
élémentairesqui peuvent
être déduites de P ont la forme suivante :(10) W = u+ P u =
u*(x’)
p(x’, x", t) u(x") dx’ dx".Nous considérons maintenant un ensemble à deux dimensions de fonctions u, à savoir
ip.r
(il) u(p, q, ce) = e ~ u(x - q) que l’on obtient à
partir
de la fonctionparticulière
(I2)
u(x) = 2 803C03 lhexp (- x2 l2)
par une translation dans
l’espace
desphases,
c’est-à-dire par la trans- formationT(p, q),
avec ses éléments :(I3) x’
|T(p, q)|x">
= exp (ipx’ h) 03B4(x’ -
x" -q).
En
effet,
on vérifie aisémentl’équation
suivante :(i4)
~x~
~’)x,~ > u(x~~)
dx"= u(p, R’~x’).
Au moyen des fonctions
(11),
nous pouvons définir la fonction de88
répartition
Puisque P
est hermitienne et définiepositive, f
doit être réelle etposi-
tive. La valeur
y =
o estadmise; toutefois, f ~
o parce que (16) t)dp
clq =P(x’,
x", t) 1(ce’- x")dx’ dx"= Tr P =1.Si nous nous
rappelons
quechaque
valeur de la fonctionf
estrapportée
à un certainpoint
del’espace
desphase,
nous pouvons doncappeler f (p,
y,t )
la « densité de laprobabilité
dansl’espace
desphases ».
Il est
pourtant surprenant qu’il
yait,
à côté duquantum
d’actionh,
une
longueur
l. Ilparaît
deplus
que l est d’uneimportance
fondamentale pour la formation def ( p,
q,t).
En tous cas, la relation( ~ 5 )
nepeut
être inversée si l est
égal
zéro ou infini. Dans l’état actuel de nos connais- sances, il estimpossible
de dire s’il faut attribuer à L une valeur définieou non. Nous
ignorons également
si la fonction(12)
est définitivement la base. Mais pour les réflexionssuivantes,
la valeurparticulière prise
par l est sans
importance
si nousexceptons 1 =
o et l = 00. . Même unevariation de la fonction de base
u (x)
del’équation (12) n’impliquera probablement
pas dechangement
essentiel. Le choixparticulier
deu
(x)
nesignifie
donc aucune restriction essentielle de nospossibilités.
En outre, tout choix sans
singularité
conduit à deséquations qui
sontéquivalentes
à celles de laMécanique quantique. Évidemment
lafonction
u (x)
décrit la loi d’erreur de l’observation deslieux,
peuimporte qu’elle
soit fondamentale ouaccidentelle ;
etl’équation (12),
est la loi d’erreur de Gauss.
Il nous reste encore à montrer que
l’équation ( I i ~ peut
être inversée.Dans ce
but,
nous l’écrirons sous la forme suivante :89 Posant
x’+
x"=2
lç, X’ - x" =2
l~et, par
conséquent aussi,
dx’ dx" = l? d; d~,
on obtient
Soit
I
.
rn, n
le
développement
des éléments de matrice P enpolynomes
d’Hermite.D’après Magnus-Oberhettinger (2) l’équation (15)
devientTant
qu’il
existe undéveloppement de f en
série depuissances de p
et q, on
peut exprimer
P par une série depolynômes
d’Hermite dont les coefficients se calculent àpartir
de la fonctionf.
La convergence de la série pour P dans lalimite ~, r~
- oo est la même que celle dudévelop-
pement de f
parce que les séries sontasymptotiquement identiques.
Ainsi, P(x’, x", t) et f (p, q, t)
sont desreprésentations équivalentes
de l’état du
système mécanique-quantique.
Nous pouvons donc rem-placer l’équation
de von Neumann par uneéquation équivalente
pourf ( p,
q,t).
Dans cebut,
nousmultiplions l’équation (3)
par le facteuret
intégrons
sur x’ et x". Tenantcompte
del’équation ( 15 ~,
on obtientainsi .
( 2 ) W. MaGwus, F. ÛBERHETTINGER, Formule und Sätze für die speziellen f unktionen
der mathematischen Physik, Berlin, rg43, chapitre 8, § 5, p. r3g.
go
Une
intégration
parpartie
sur lepremier
terme del’intégrand
dansla
première intégrale avec Q
=q - l (q-x’ l)2
-q _ l
x")2
-ip h (x’
-x")]
donne
(- p2 h2
-4ip hl2(q - x’) + 4* l4(q - x’)2 - 2 l2)
eQP.De même, le deuxième terme de la
première intégrale
devient1
-
[- p2 h2
+4ip hl2
(q - x") +4 l4
( q - x")2 -2 l2 ]eQ
Pd’où
la somme- hl2
(2q-x )-~~(x ~
~ )(2q-x~ -x ) ri
e P.Or,
~eQ ~p = - i h(x’ - x) eQ, ~eQ ~q = - 2 l2(2q - x’ - x1)eQ.
On peut donc
remplacer
dans lesparenthèses
devant eQ(I8) x’ - x" ~ -
h i ~ ~p,
2q - x - x" ~ -l2 2 ~ ~q,
ou
bien,
cequ’il
nous faut pour le termepotentiel,
(I9)
x’ ~ q + l2 4 ~ ~q + ih 2 ~ ~p,
x"~q +l2 4 ~ ~q - ih 2 ~ ~p.
L’intégrand précité
s’écrit maintenant(2ip
~ ~q- 2h il2 ~2 ~p ~q) eQP
~ dq il2
d~
dq ’et
l’équation ( I7) devient,
si nous tenonscompte
del’équation (I9)
dans le terme
potentiel
C’est une
équation statistique
du mouvement pour lafonction
denépartition f (p,
q,t)
que nous avons définie parl’équation (I5)
etqui
est
apparentée
àl’équation
de Liouville de laMécanique statistique.
9I
En définissant Foscillateur
harmonique
linéaire par(21)
V(~)=~~~
on obtient au lieu de
Inéquation (20)
le casparticulier
Ici,
de même que dans le cas de l’absence de toutchamp potentiel,
lacomparaison
avecl’équation
de Liouville estparticulièrement
remar-quable.
Soit f0
une solution del’équation
de Liouville(23)
~f° + ~’ -~Zc~~y~~f°
=o.C~
Il s’en
suit,
si nousreplaçons f o
par les valeurs moyennes localesque l’on obtient en prenant la moyenne de
f ~
dans depetits
domainesde
l’espace
dephase,
cequi
est mieuxadapté
aux observationsréelles,
Cette
équation
estidentique
à(22)
si l’on met(26)
0394p = h l2, 0394q = l 2.
Cette
équivalence
estindépendante
de lafréquence
et doncégalement
existante dans le cas d’un mouvement
qui
n’est pas sous l’influence de forcesextérieures,
c’est-à-dire pour 03C90 = o.Dans ce dernier cas, aussi bien que dans le cas d’un oscillateur har-
monique, l’équation
dérivée de celle de Liouville ne différe pas de celle de von Neumann(3 ).
( 3 ) Cf. E. WIGNER, Phys. Rev., t. 40, I932, p. 49, équation ( 8 ). Ici nous trouvons une équivalence complète entre l’équation de Liouville et celle de Wigncr dans le cas des
oscillateurs harmoniques.
92
Vu que les matrices
statistiques P, qui
sont à valeurs propresposi-
tives conservent cette
propriété
et fournissent une fonction deréparti-
tion essentiellement
positive,
onpeut déjà
dire d’avance : Les fonctions derépartition qui
peuvent être affectées à un certain moment à unsystème
de laMécanique quantique gardent
cettepropriété
et restenttoujours positives.
,Tout
système
de laMécanique quantique peut
donc êtreaffecté,
selon
l’équation (15),
d’un ensemblestatistique
depoints
dansl’espace
dephase..
,Pourtant,
l’inversion de ce théorème n’est pasjuste.
Il y a bien des fonctions derépartition positives f (p,
q,t)
sanscorrespondance
enMécanique quantique,
parexemple
toutes cellesqui
ne sont pas compa- tibles avec la relation d’incertitude.Mais,
que sepasse-t-il
pour depareilles répartitions anti-heisenbergiennes
au cours dutemps?
Est-ce°
que
l’équation (20)
a aussi des solutionsanti-heisenbergiennes
etpourquoi
sont-elles àexclure,
si ellesexistent,
de laMécanique
quan-tique ?
~ ,La
réponse
de la doctrine de lacomplémentarité
est la suivante :Ici,
nous rencontrons le domaine réservé à la
conception
d’ondes.Certe,
ilest
possible
deparler
seulement des causes localisées d’accidents. Ilest
compréhensible
que l’on obtient pour les lieux d’accidents deséquations statistiques qui
sontcomparables
àl’équation
de Liouville.Mais,
si nous avions affaire à de véritablesparticules,
il faudrait quetoutes les fonctions de
répartition
soient réalisables.Qu’elles
ne lesoient pas
s’explique
facilement par la nature ondulatoire desparti-
cules.
Assurément,
lespropriétés
ondulatoires sont étroitement liées à lapossibilité
de différence entre les ensembles réalisables etirréalisables ;
mais la nécessité de la doctrine de la
complémentarité
serait seulementprouvée
s’il n’était paspossible
decomprendre
cette classification par leséquations statistiques
mêmes, cequi
estjustement possible.
Dans la troisième
section,
nous montrerons que lesrépartitions
anti-heisenbergiennes
sont éliminées. Là nous considérons un autreexemple :
En
regardant
la fonction derépartition (24),
on reconnaît facilement, que dans ce cas, seules les
répartitions ayant
une incerttitude finiepeuvent
avoir un sensphysique,
c’est-à-direqu’il
est nécessaire de93 différencier les ensembles réalisables et
irr~éalisables,
même si la struc-ture
corpusculaire
de sesobjets
est horsquestion.
3.
L’entropie
de l’ensemble comme nombre caractéristique pour les différentes classes desolutions. - L’équation statistique
du mouvement(2. 20)
fournit toute la fonction derépartition/(/~,
q,~)
si ses valeurssont connues à un seul instant.
D’après
la remarque faite à la fin de la deuxièmesection,
les solutions se divisent en deux classes : cellesqui
peuvent
être déduites d’une matricestatistique (et qui obéissent,
parconséquent,
à la relationd’incertitude)
et cellesqui
nepeuvent
être déduites de P etqui
n’obéissent donc pas à la relation d’incertitude. Vu que cette classification ne varie pas avec letemps,
il suffit de considérer les fonctions derépartition
en un seul instant où elles-peuvent
être choisies - au moins dupoint
de vuepurement mathématique
- defaçon
tout à fait arbitraire.Nous baserons notre étude sur les fonctions de
répartition
dutype
suivant :Parmi ces
fonctions,
il y a tout aussi bien desrépartitions
heisenber-giennes
queanti-heisenbergiennes.
Unreprésentant
de lapremière
classe est le cas limite de
répartition
uniforme(4p, Og -~ ~o );
unrepré-
sentant de la deuxième classe est la distribution
(dp, àq - o ).
Pour
pouvoir
mieuxséparer
les deuxclasses,
il nous faudraregarder
la matrice
statistique appartenant
à( 1 ).
Selonl’équation (2. .15 )
on latrouve à
partir
del’équation intégrale
Cette
équation
estséparable.
En substituant (3)x’=x+ ~~ 2
,x" = x - i 2
et
94
on obtient
ce que l’on
peut
aussi écriresi l’on choisit B
(~~
defaçon
queCes deux
équations peuvent
être résolue au moyen de fonctions dutypegaussien.
En posant B = b
exp (- 03B203BE2), l’équation (6)
devientd’où il suit
M
~ = 4~i~ -~
et
(8)
’=/~’
De la même
manière,
on obtientde (5),
avec A ._-_r
On a donc
( 9 ) a ’~
2 ~q? - l~’ ’
a "
~p
V
2 ~~~ - l,,
La matrice
statistique appartenant
â la fonction derépartition { i )
devient rnaintenant
et existe pour
n’importe quelle
valeur desparamètres 0~
et4q.
95 ]Bfais cette matrice n’est pas
toujours
définiepositive. Si,
parexemple lÀ/) # § §/2,
le Second terme del’exposant
devient Zéro et les fonctionspropres sont cos
(kx)
etsin(kx)
dont les valeurs propres ne diffèrent l’une de l’autre que par lesigne.
Dans ce cas, la matrice est sûrementindéfinie.
Quelle
est la condition pourque P
soit à élémentspositifs?
On trouvera la
réponse
si l’on écrit P sous la forme suivante:( I i ) P
=j / "
exj> [- 03B1x’2 - a x"2 - y ( «’ - ce" )2 ], ,où « et ,, sont des
abréviaions
pour(i~) q -
~
, v -
~
-
~
( 12) ~ z .
3q~ - l~ ’ ’
£ h~
z l~£
3q~ - z l~.
’
Tant que
03B3 ~ o,
nous pouvonsreprésenter exp [-03B3(x’2 - x"2)]
parune
intégrale
deFourier,
à savoir par( I3)
03B303C0
exp(-03B3x2)= I 203C0 exp(-k2 403B3
+ikx)
dk,et l’on trou ve ainsi (i£) P = I 203C0203B1 03B3
fdk exp (-
k2 203B3)
exp( - 03B1x’2 + ikx’) exp( - 03B1x"2 - ikx").2"
i’
2iCette matrice est définie
positive,
car elle est une combinaison liné- aire de matrices définiespositives ayant
la forme u(x’)
u*(x"),
avec lescoefficients
positifs
dk exp(-k2 203B3).
Suivant
l’équation (I2),
laproposition 03B3
~ o estéquivalente
à laformule
(I5)
(
0394p2 -2h2 l2) (
0394q2 -l2 2)
~ 2dont nous montrerons, au cours de la
quatrièine section, qu’elle
corres-pond
à la relation d’incertitudemalgré
sa forme extérieurement diffé-rente.
Ainsi,
nous avons trouvé que la matricestatistique ( i i )
estdéfinie
positive
si la fonction derépartition ( i )
obéit à la relationd’incertitude donnée par
l’équation ( 1 5 ).
Mais sil’équation ( 1 5 )
n’estpas
vérifiée, l’intégrale
de Fourier de Pdiverge. Si,
deplus,
au moinsune des deux
équations
96
n’est pas
vérifiée,
P deviendrasingulière. Évidemment,
toutes cesmatrices sont nettement exclues par le
postulat
derégularité
de Schrô-dinger.
Ces dernièreséquations
arrivent ici pour lapremière
fois parce que dans lareprésentation
paropérateurs
de laMécanique quantique,
seules les différences
(I7)
(0394p)2Q
= 0394p2 -2h2 l2, (0394q)2Q
= 0394q2 - l2 2apparaissent.
Pour ceséquations
nous renvoyonségalement
à laquatrième
section.Le
postulat
derégularité
peut donc servir à une classification formelle des fonctions derépartition.
Pour trouver unecaractéristique plus profonde
pour cette différence declasses,
il convient de déterminer les fonctions propres de P et de calculerl’entropie
de larépartition.
Au
premier
coupd’0153il, l’application
de la notiond’entropie paraît
douteuse parce que nous considérons un
système n’ayant
que très peu dedegrés
de liberté. Maisl’exemple
récemment discuté par Born etHooton ~ ~ )
montre que la notiond’entropie
est aussiapplicable
sur dessystèmes
à un seuldegré
de liberté du moment que nos connaissancessur le
système
enquestion
sont limitées.Seulement,
la sourcestatistique
de cette notion ressort alors
plus
clairement. Engénéral,
il n’estplus possible
de mesurerl’entropie
comme enThermodynamique
parce que les fluctuations ne sontplus négligeable
vis-à-vis des incertitudes de mesures, comme c’est le cas dans lessystèmes macrophysiques.
Pourcette
raison, l’entropie
nepeut plus
êtreindiquée
que defaçon
statis-tique.
Mais la notiond’entropie
et même le théorème del’entropie
restevalable,
car iln’y
a pas de différence fondamentale entre la connais-sance
incomplète
des données initiales d’unsystème macrophysique
et de celle d’un
système microphysique. Évidemment
la notion detempérature
n’a aucuneplace
dans ces considérations.D’abord nous voulons
analyser
le cas limite y = o.Dans ce cas
particulier,
leproblème séculaire,
définipar (
ii ) ,
s’écrit(4) M. BORN, D. J. HuoTUN, Zeits. Phys., t. I955, p. 20I 1V1. BORN, Phys. Blätter,
~. Il, Ig55, p. 49 et 3~4.
97
Il suit :
si p
n’est pasidentique
à o,et la valeur propre devient (20)
~
Toutes les autres valeurs propres sont
égales
à zéro et les vecteurspropres sont, à
part
le facteur de Gauss sus-mentionnéégaux
auxpoly-
nomes d’Hermite.
Il s’en suit que
l’entropie
de la fonction derépartition
devient o poury = o. Bien connue en
Mécanique quantique,
cetteentropie
est donnéepar
l’équation ( ~ )
’
(21) S =- k TrCE In P),
car :
premièrement,
cetteexpression
pour S est uneintégrale première
du mouvement et
deuxièmement,
elle devientidentique
àl’expression
habituelle pour
l’entropie
sil’équilibre thermodynamique
estatteint;
c’est-à-dire pour P = C
exp (- H kT),
où Hsignifie l’opérateur
hamilto-nien et T la
température
absolue.On obtient S = o de
l’équation ( 20 ) comme
suit :Soit pk
les valeurs propres de P et 03A6k les fonctions propres, on aet
A cause de la
normalisation _/ ’ ~(~)~(.r)~===i,
la trace de lamatrice devient
( 5 ) Ici nous parlons seulement de l’entropie qui appartient aux répartitions données
par P. Nous ne considérons pas celles qui interviennent, si nous n’avons pas des connaissances cornplètes de P. Évidemment les problèmes très difficiles de la notion de
l’entropie thermodynamique, discutée de nouveau par M. N. G. van Kompen (Fortschrifte
der Physik, 1956 ) sont sans intérêt pour ce qui suit..
98
Dans le cas d’un
équilibre thermodynamique,
d’où suivent les
expressions
et
(24) Z
( 24 ) S = kT
dT + le ln Z
qui correspondent
auxexpressions qui
nous sont familières en Thermo-dynamique. Ici,
la fonction departition
est donnée parl’équation
Dans le cas de la
répartition
caractérisée par y = o, ~o = i et o pour k = 1 , 2,3,
..., onobtient,
en portant ces valeurs dansl’équa-
tion
( 23 )
S == 2014 ~(i In c’est-à-dire
l’entropie
devient o.D’après l’équation
de von Neumann aussi bien quediaprés l’équation
de
Liouville, l’entropie
est une constante. Pour lavarier,
il faut uncouplage
dusystème
avec le mondeambiant,
comme c’est le cas enThermodynamique. Après cela, l’entropie
dusystème
peut augmenterou diminuer. On peut montrer que la limite y = o ne peut pas être
dépassée.
Il estimpossible
que les matrices P cessent d’avoir des valeurs proprespositives.
’
Pour ces raisons il n’est pas
possible
de réaliser les ensembles anti-heisenbergiens.
En tout cas nous commençons l’observation sans connaître l’état actuel d’unsystème physique.
Parconséquent,
nous partonstoujours
d’une matricestatistique
de von Neumanproportion-
nelle à l’unité
qui
a des valeurs proprespositives
évidemmentpositives.
Toutes leurs valeurs propres ne sont pas