Mécanique classique
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30 décembre 2021
Chapitre 1. Les fondements de la mécanique classique 1
1.1 Introduction 1
1.1.1 Espace et temps 1
1.1.2 Vitesse et accélération 1
1.1.3 Rotation sur soi 2
1.1.4 Force 2
1.2 Mouvement rectiligne 2
1.2.1 Principe d’inertie et référentiel galiléen 2
1.2.2 Masse inerte et quantité de mouvement 4
1.2.3 Relation fondamentale de la dynamique 10
1.2.4 Masse grave et force de gravitation 12
1.2.5 Énergie 15
1.3 Mouvement de rotation 20
1.3.1 Inertie en rotation 20
1.3.2 Moment cinétique 21
1.3.3 Moment de force 23
1.3.4 Un seul axiome pour la mécanique 24
1.4 Annexes 26
1.4.1 Exemples de systèmes avec transfert de masse 26
1.4.2 Travail et énergie potentielle 28
1.4.3 Axiome du moment cinétique 29
Chapitre 2. Les forces fictives 31
2.1 Loi de composition des vitesses 31
2.2 Loi de composition des accélérations 34
2.3 Forces dans un référentiel non galiléen 37
2.4 Exemple de force fictive : la force centrifuge 37
2.4.1 Dans le référentiel galiléen 38
2.4.2 Dans le référentiel non galiléen 38
2.5 Annexes 39
Chapitre 3. Le pendule balistique 41
3.1 Description 41
3.2 Théorème du moment cinétique 42
3.3 Conservation de l’énergie mécanique 43
3.4 Conservation de l’énergie totale 44
3.5 Condition pour annuler la percussion 44
Chapitre 4. Équation de Poisson 47
4.1 Théorème de divergence 47
4.2 Théorème de Gauss 49
4.3 Loi de Gauss pour la gravitation 50
i
Les fondements de la mécanique classique
1.1 Introduction
À partir d’expériences ou d’observations, la physique consiste à établir des hypothèses (rai- sonnement par induction) pour modéliser la nature, et à en tirer des conséquences (raisonnement par déduction) par une démonstration (succession d’inférences logiques). La mécanique générale peut être construite à partir d’axiomes successifs de plus en plus puissants, le dernier incluant tous ceux qui le précèdent.
Les notions d’espace, de temps, de vitesse linéaire, d’accélération linéaire, de changement de direction, de rotation sur soi-même et de force sont supposées intuitives, c’est-à-dire issues de notre expérience quotidienne. Nous les prendrons dans leurs sens commun avant d’éventuel- lement les définir plus précisemment. Ces notions amènent les remarques suivantes.
1.1.1 Espace et temps
Ils n’ont pas d’existence propre, ce sont des modèles de la réalité créés par notre cerveau.
Ces modèles sont par exemple probablement très différents pour les insectes. En physique non relativiste les modèles d’espace et de temps sont ceux très simples de la vie de tous les jours, ils sont indépendants de la vitesse de l’observateur. Nous reprenons la définition du temps donnée par Isaac Newton :
Définition 1.1.1 . Temps
Le temps absolu, vrai et mathématique, sans relation à rien d’extérieur, s’écoule uniformément et s’appelle durée.
Un repère de l’espace physique est la donnée d’un point et d’une base de trois vecteurs, (O, i, j, k). Nous appelerons référentiel une référence spatiale et une référence temporelle.
Définition 1.1.2 . Référentiel
Un référentiel R est un repère pour mesurer les distances et une horloge pour mesurer le temps.
L’observateur est fixe dans le référentiel choisi.
1.1.2 Vitesse et accélération
Dans le langage courant la vitesse et l’accélération sont des scalaires. En physique la vitesse est modélisée par un vecteur ayant un module, une direction et un sens. La variation dans le temps du vecteur vitesse est le vecteur accélération. Un changement de direction (du vecteur vitesse) est alors une accélération.
La vitesse n’est pas ressentie. Dans un laboratoire fermé, la cale d’un bateau pour reprendre l’exemple donné par Galilée, aucune expérience ne permet de mettre en évidence la vitesse du laboratoire. Elle est observée donc relative, ce qui signifie que parler de vitesse n’a de sens que si l’on précise par rapport à quoi. Par exemple la vitesse d’un conducteur est nulle par rapport à son véhicule.
1
L’accélération est ressentie. Selon Ernst Mach elle est ressentie « par rapport au reste de l’Univers » (sinon quoi ?).
1.1.3 Rotation sur soi
La rotation d’un système sur lui-même est un changement d’orientation par rotation autour d’un axe passant par le centre du gravité du système. Elle est modélisée par le pseudovecteur vitesse angulaire confondu avec l’axe de rotation. Elle n’est pas ressentie car l’observateur doit à chaque instant être parfaitement sur l’axe de rotation et ne jamais le quitter sinon ce n’est plus une rotation sur soi. S’il n’est pas parfaitement sur l’axe de rotation il acquiert une vitesse qui change constamment de direction et ressent une force, mais dans ce cas il ne s’agit plus de vitesse angulaire mais d’un changement de direction de son vecteur vitesse. Un déplacement à vitesse constante en tournant sur soi montre bien que vitesse et vitesse angulaire sont deux notions distinctes.
La vitesse angulaire est relative mais pas symétrique, ce que j’observe en tournant sur moi n’est pas ce que vous observez en me regardant. L’observateur étant fixe dans le référentiel, ce dernier tourne avec l’observateur. Les corps fixes dans le référentiel tournant subissent une force centrifuge dont le centre est sur l’axe de rotation. La rotation sur soi est donc facilement mise en évidence en mesurant cette force. Les corps isolés ont des trajectoires circulaires de centre l’observateur, ou des trajectoires qui s’enroulent ou se déroulent autour de l’observateur (changement continue de cercle). Là encore la rotation sur soi est facilement mise en évidence, les corps semblent subir des forces que l’on appelle fictives.
1.1.4 Force
La notion de force est prise dans son sens commun, tirer ou pousser. Pour la suite nous avons besoin des deux définitions suivantes liées à la notion intuitive de force :
Définition 1.1.3 . Corps isolé
Un corps est isolé s’il n’a aucune interaction avec l’extérieur. Il n’échange ni matière ni rayon- nement et ne subit aucune force (de contact, gravitationnelle, électromagnétique,...).
Définition 1.1.4 . Corps pseudo-isolé
Un corps est pseudo-isolé s’il n’échange ni matière ni rayonnement, et si la somme des forces qui s’exercent sur lui est nulle.
La force de gravitation est particulière. Les corps en rotation subissent tous une force cen- trifuge contrecarrée par une force centripète (la tension dans un câble par exemple), excepté pour la force gravitationnelle. Un corps en chute libre (quelle que soit sa vitesse initiale donc sa trajectoire, circulaire, elliptique, parabolique, hyperbolique ou rectiligne) ne ressent ni force centrifuge, ni force gravitationnelle. L’accélération subit dans un champs de gravitation n’est pas ressentie. La modélisation de la gravitation par une force a donc ses limites.
1.2 Mouvement rectiligne
1.2.1 Principe d’inertie et référentiel galiléen
Expérience 1.2.1 . Lorsqu’un corps est mis en mouvement rectiligne sur une surface plane
(le corps pouvant tourner sur lui-même), la distance parcourue par rapport à l’observateur qui
a mis en mouvement le corps est d’autant plus grande que les frottements sont petits. Nous
supposerons que lorsque les frottements de contact et les frottements de l’air tendent vers zéro,
la distance parcourue tend vers l’infini et la vitesse du corps reste constante par rapport à
l’observateur.
Cette expérience montre l’inertie du mouvement rectiligne d’un corps pseudo-isolé (le poids du corps et la réaction de la surface plane s’annulent), donc a fortiori d’un corps isolé. De toute évidence, on ne peut l’observer que si l’on n’est ni accéléré ni en rotation sur soi, d’où la définition suivante :
Définition 1.2.1 . Référentiel galiléen
Un référentiel est galiléen si et seulement si il se déplace d’un mouvement de
— translation (pas de mouvement de rotation sur lui-même)
— rectiligne (pas d’accélération normale au mouvement)
— uniforme (pas d’accélération tangentielle au mouvement)
Un référentiel lié à un corps est galiléen si et seulement si le corps est isolé et n’est pas en rotation sur lui-même. On vérifie que l’on est bien dans un référentiel galiléen grâce à des accéléromètres selon trois axes orthogonaux. Nous pouvons donner une définition alternative :
Définition 1.2.2 . Référentiel galiléen
Un référentiel est galiléen si et seulement si l’on peut y observer le principe d’inertie du mou- vement rectiligne d’un corps isolé.
Réciproquement, il faut avoir défini les référentiels galiléens pour définir le principe d’inertie puisqu’il n’est valable que dans ces référentiels. Autrement dit dans ce cas, les deux notions sont indissociables, l’une n’existe pas sans l’autre et il faut poser les deux en même temps.
On vérifie que l’on est bien dans un référentiel galiléen grâce au principe d’inertie. Un corps pseudo-isolé reste immobile ou bien se déplace à vitesse constante par rapport à nous.
Ces deux définitions posent un problème. Dans un satellite gravitant autour d’un astre les accéléromètres indiquent zéro, la force de gravitation et la force centrifuge s’annulent 1 , laissant penser que le référentiel est galiléen. Pour autant la trajectoire des satellites est elliptique et n’est donc pas rectiligne. De plus on y observe le principe d’inertie en translation que très localement.
Pour définir correctement les référentiels galiléens il faut donc toujours préciser loin de toute masse, ce qui n’a pas beaucoup de sens puisque la force de gravitation a une portée infinie. La définition d’un référentiel galiléen est donc théorique, elle s’applique à un espace dépourvu de force de gravitation. Nous donnons une nouvelle définition purement opérationnelle :
Définition 1.2.3 . Référentiel d’inertie
Un référentiel est d’inertie si et seulement si les accéléromètres indiquent zéro.
Nous verrons au paragraphe 1.3 p. 20 que le principe d’inertie en translation sera remplacé par un principe plus général d’inertie en rotation.
Expérience 1.2.2 . Lorsque nous nous déplaçons dans un train, notre vitesse par rapport à la gare est la somme vectorielle de notre vitesse dans le train et de la vitesse du train par rapport à la gare.
Nous supposerons donc l’additivité vectorielle des vitesses. Soient R un référentiel galiléen et R ′ un référentiel se déplaçant en translation à vitesse v R
′dans R constante dans R. Pour tout corps, isolé ou non :
v R (t) = v ′ R
′(t) + v R
′dans R
Si dans R supposé galiléen on observe le principe d’inertie du mouvement rectiligne d’un corps isolé
v corps isolé = c ste v ′ corps isolé + v R
′dans R = c ste v ′ corps isolé = c ste
1. En relativité générale ces deux forces n’existent pas, l’espace-temps est déformé par la présence de matière
ou d’énergie et le satellite suit une géodésique de l’espace-temps
alors on observe également dans R ′ le principe d’inertie du corps isolé. Ce référentiel est aussi galiléen 2 . Les référentiels galiléens se déplacent d’un mouvement de translation (sans rotation) rectiligne uniforme (à vecteur vitesse constant) les uns par rapport aux autres.
Axiome 1.2.1 . Principe d’inertie du mouvement rectiligne
Tout corps isolé se déplace à vitesse constante ou nul, pour un observateur dans un référentiel galiléen :
v corps isolé = c ste dans R galiléen (1)
Nous verrons que cet axiome 3 peut être remplacé par des axiomes plus puissants, et, bien qu’il devienne alors un théorème 4 , nous continuerons de l’appeler « principe » pour des raisons historiques. Les axiomes suivants seront à leur tour remplacés par des axiomes plus puissants au fur et à mesure que nous construirons la mécanique. Présentés comme des axiomes, ils deviendront des théorèmes, excepté le dernier.
1.2.2 Masse inerte et quantité de mouvement
Expérience 1.2.3 . Plaçons nous dans un référentiel galiléen et faisons interagir deux corps précédemment isolés. Imaginons par exemple un choc élastique (choc « dur » de boules de billard) ou inélastique (choc mou de boules de pâte à modeler), ou une interaction électrostatique (corps chargés) ou magnétique entre deux aimants. Nous observons que les variations des vecteurs vitesses des corps sont proportionnelles et opposées, quelle que soit la matière constituant ces corps.
Dans un premier temps l’interaction est supposée sans échange de matière entre les deux corps pour qu’ils gardent leur intégrité et que l’on puisse les désigner par les indices 1 et 2 avant et surtout après l’interaction. Pour un observateur dans un référentiel galiléen les vecteurs variation de vitesse ∆v 1 et ∆v 2 sont colinéaires lors d’une intéraction sans échange de matière,
∆v 1 = −k∆v 2 dans R galiléen (2) où k est un réel positif supposé indépendant 5 de v 1 et de v 2 . On vérifie que si cette relation est valable pour un observateur dans un référentiel galiléen R alors elle est aussi valable pour un observateur dans un autre référentiel galiléen R ′ :
∆v 1 = −k∆v 2
∆(v ′ 1 + v) = −k∆(v ′ 2 + v)
∆v ′ 1 + ∆ v = −k∆v ′ 2 − k∆ v La vitesse relative v des référentiels galiléens étant constant
∆v ′ 1 = −k∆v ′ 2 dans R galiléen Nous retrouvons bien la relation (2).
Expérience 1.2.4 . Prenons le corps 1 comme corps de référence et faisons le interagir avec d’autres corps. Notons b la première expérience, c la deuxième, etc. Les coefficients de
2. L’additivité des vitesses n’est plus valable en relativité mais les référentiels galiléens se déplacent quand même avec des vitesses relatives constantes
3. Un axiome est une proposition non démontrable, à la base d’un système hypothético-déductif. Dans le langage courant, axiome est synonyme d’hypothèse, de principe, ou de postulat.
4. Un théorème est une proposition démontrable à partir d’axiomes.
5. En relativité k est fonction de la vitesse relative (v 1 − v 2 ) avant l’interaction.
proportionnalité sont alors notés k b , k c , etc. Dans tout référentiel galiléen nous avons :
∆v 1 = −k b ∆v 2 (3)
∆v 1 = −k c ∆v 3
∆v 1 = −k d ∆v 4
...
Dans ces relations les ∆v 1 ne sont pas égaux mais correspondent à des expériences différentes.
Lorsque l’on fait interagir les corps 2 et 3 l’expérience montre le fait remarquable suivant : k b ∆v 2 = −k c ∆v 3
Nous pouvons alors associer les coefficients de proportionnalité aux différents corps. Ces coefficients sont appelés masses inertes ou masses inertielles ou masses dynamiques, ou inertie.
On les notera m, ou m i , ou encore I comme inertie. La masse inerte du corps 1 de référence est de fait prise égale à l’unité, m 1 = 1. La masse inerte du corps 2 est m 2 = k b , etc.
Expérience 1.2.5 . L’expérience montre que quelle que soit la matière utilisée (fer, sable, eau,...), si l’on double la quantité de matière d’un corps alors on double sa masse inerte. Elles sont proportionnelles.
Expérience 1.2.6 . L’expérience montre que la quantité de matière, donc la masse inerte qui lui est proportionnelle, se conserve lors de toute interaction.
La masse inerte est un coefficient qui traduit la résistance d’un corps à la modification de son état de mouvement. On peut la mesurer par comparaison directe, en désignant un corps de référence qui aura une masse inerte unité, avec laquelle les masses inertes des autres corps sont comparées en les faisant se percuter ou interagir. On peut aussi la mesurer par comparaison indirecte, en passant par une valeur intermédiaire. Avec une corde on attache un corps un dynamomètre et on fait tourner l’ensemble dans le plan horizontal. Le dynamomètre mesure la force centripète qui dépend de la masse inerte. Si la vitesse angulaire et la longueur de la corde sont fixes, on peut comparer les masses inertes des différents corps grâces aux valeurs données par le dynamomètre.
Définition 1.2.4 . Masse inerte
La masse inerte mesure la résistance d’un corps au changement de son état de mouvement.
Avec m 1 = 1 et en notant v i la vitesse initiale avant le choc et v f la vitesse finale après le choc, la relation (3) p. 5 devient :
m 1 ∆v i 1 = −m 2 ∆v i 2 m 1 (v f 1 − v i 1 ) = −m 2 (v f 2 − v i 2 )
m 1 v f 1 + m 2 v f 2 = m 1 v i 1 + m 2 v i 2 dans R galiléen (4) La définition que nous avons posé de la masse inerte nous permet de dire que la somme initiale des produits des masses inertes par leur vitesse respective se conserve lors de toute interaction sans échange de matière.
Lorsqu’il y a échange de matière entre les corps 1 et 2 nous ne pouvons plus désigner les corps par les mêmes indices après l’interaction. La matière échangée peut être considérée comme un corps de masse ∆m 1 ayant pour vitesse initiale v i 1 . Les corps finaux ont pour masses respectives m 3 = m 1 − ∆m 1 et m 4 = m 2 + ∆m 1 . Peut-on à partir de la relation (4) obtenir la relation de conservation suivante :
m 1 v i 1 + m 2 v i 2 = (m 1 − ∆m 1 )v f 3 + (m 2 + ∆m 1 )v f 4
Injectons-la dans la relation (4) :
m 1 v f 1 + m 2 v f 2 = (m 1 − ∆m 1 )v f 3 + (m 2 + ∆m 1 )v f 4 (m 1 − ∆m 1 )v f 1 + ∆m 1 v f 1 + m 2 v f 2 = (m 1 − ∆m 1 )v f 3 + (m 2 + ∆m 1 )v f 4 (m 1 − ∆m 1 )(v f 1 − v f 3 ) + m 2 (v f 2 − v f 4 ) + ∆m 1 (v f 1 − v f 4 ) = 0
Cette relation doit être vraie quels que soient les coefficients m 1 − ∆m 1 , m 2 et ∆m 1 . Nous avons alors :
v f 3 = v f 1 v f 4 = v f 2 v f 4 = v f 1
⇒ v f 4 = v f 3 = v f 2 = v f 1 C’est à dire :
m 1 v i 1 + m 2 v i 2 = (m 1 − ∆m 1 )v f 3 + (m 2 + ∆m 1 )v f 3
= (m 1 + m 2 )v f 3
Les deux corps de départ doivent fusionner en un seul puisqu’il n’y a qu’une vitesse finale.
C’est la condition pour obtenir la conservation de la somme des mv à partir de la relation (4) p. 5 lorsqu’il y a échange de matière. Cette relation est trop restrictive, comme le montre une nouvelle expérience.
Expérience 1.2.7 . L’expérience montre que pour un observateur dans un référentiel gali- léen, la somme initiale des produits des masses inertes par leur vitesse respective se conserve lors de toute interaction y compris lors d’échange de matière.
Cela amène la définition suivante :
Définition 1.2.5 . Quantité de mouvement
Le produit de la masse inerte d’un corps par sa vitesse est appelé sa quantité de mouvement : p , mv
De façon plus précise il faudrait parler de « quantité de mouvement en translation », car nous verrons qu’il existe une « quantité de mouvement en rotation ». Tout comme la vitesse, la quantité de mouvement est toujours relative, parler de quantité de mouvement n’a de sens que si l’on précise par rapport à quoi. La masse inerte d’un corps isolé étant constante, le principe d’inertie du mouvement rectiligne d’un corps isolé (1) p. 4 se réécrit :
Axiome 1.2.2 . Principe d’inertie du mouvement rectiligne
Tout corps isolé se déplace à vecteur quantité de mouvement constant ou nul pour un observateur dans un référentiel galiléen :
p corps isolé = c ste dans R galiléen (5)
En notant p i la quantité de mouvement avant le choc et p f celle après le choc, la relation (4) p. 5 devient :
p f 1 + p f 2 = p i 1 + p i 2 dans R galiléen (6) Dans un référentiel galiléen, la somme des quantités de mouvement du système isolé formé des corps 1 et 2 se conserve au cours du temps, elle est identique avant, pendant et après l’interaction entre les deux corps. Pour l’instant cette relation n’est valable que si l’on retrouve les corps 1 et 2 après l’interaction, autrement dit lorsqu’il n’y a pas d’échange de matière.
Définition 1.2.6 . Un système est un ensemble quelconque de corps en interaction entre-eux ou non. Un système est isolé s’il n’a aucune interaction avec l’extérieur. Il n’échange ni matière ni rayonnement et ne subit aucune force (de contact, gravitationnelle, électromagnétique,...).
Un système est pseudo-isolé s’il n’échange ni matière ni rayonnement et si la somme des forces
qui s’exercent dessus est nulle. Un système est fermé s’il n’échange ni matière ni rayonnement mais sur lequel peuvent agir des forces. Un système est ouvert s’il évolue dans le temps en recevant ou en perdant de la matière ou de l’énergie, des forces pouvant ou non agir sur lui.
Référentiel et système sont des notions séparées bien que l’on puisse associer un référentiel à tout système. L’observateur est fixe dans le référentiel, ce qui est observé est le système.
La variation de quantité de mouvement d’un système donne deux termes :
∆p = ∆(mv)
= m∆v + v∆m (7)
Le premier est indépendant du choix du référentiel galiléen dans lequel on le mesure. En revanche le second dépend de ce choix, la quantité de mouvement du système passe de mv à (m + ∆m)v et dépend donc de v. Si à un instant précis on se place dans le référentiel galiléen lié au système alors ce terme est nul car la vitesse est nulle. Ce terme n’est pas un simple gain ou perte de matière par le système car il dépend de la vitesse relative entre le système et l’observateur.
Lorsque la masse varie le système est ouvert, il évolue dans le temps et n’est plus lié à un ou plusieurs corps physiques (voir l’exemple 1 p. 8 de la fusée et en annexe 1.4.1 p. 26).
Lorsque la masse inerte du système est constante :
∆p = m∆v La relation (3) p. 5 dans laquelle m 1 = 1, devient :
∆p 1 = −∆p 2
L’interaction entre deux corps correspond donc à un transfert de quantité de mouvement car la variation de quantité de mouvement du corps 1 est égale et opposée à la variation de quantité de mouvement du corps 2.
Définir la masse inerte c’est poser la conservation de la quantité de mouvement pour un observateur dans un référentiel galiléen, et réciproquement.
Les quantités de mouvement étant des vecteurs, la somme de deux quantités de mouvement est encore une quantité de mouvement. Appelons quantité de mouvement totale d’un système, notée p système , la somme des quantités de mouvement des corps constituant ce système :
p système ,
2
X
j=1
p j
L’expérience a donc montré que la quantité de mouvement totale de ce système isolé constitué de deux corps se conserve pour un observateur dans un référentiel galiléen,
p f système = p i système dans R galiléen
y compris lorsqu’il y a des interactions dans le système (sans quoi tout se conserve lorsqu’il ne se passe rien). En considérant l’interaction de ce système avec un troisième corps, nous formons un nouveau système tel que :
p f système + p f 3 = p i système + p i 3 p f 1 + p f 2 + p f 3 = p i 1 + p i 2 + p i 3
3
X
j=1
p f j = X 3
j=1
p i j
En généralisant à n corps :
n
X
j=1
p f j =
n
X
j=1
p i j
n
X
j=1
p j = c ste dans R galiléen Nous pouvons énoncer l’axiome suivant :
Axiome 1.2.3 . La quantité de mouvement totale d’un système isolé se conserve au cours du temps pour un observateur dans un référentiel galiléen,
p système isolé = c ste dans R galiléen d
dt p système isolé = 0 dans R galiléen
(8) (9) y compris lorsqu’il y a des interactions entre les corps constituant le système isolé.
À partir d’une nouvelle expérience, nous avons obtenu l’axiome de conservation de la quan- tité de mouvement d’un système isolé (8) p. 8. Il inclut le principe d’inertie (5) p. 6 d’un système constitué d’un unique corps.
Exemple 1 . Dans l’espace, une fusée allume son réacteur avec un débit de gaz µ(t). La vitesse v gaz d’éjection des gaz relativement à la fusée est supposée constante. Quelle est l’accé- lération de la fusée ? Quelle est la vitesse maximale atteinte ?
Pour pouvoir appliquer la relation (8) p. 8, l’observateur doit se trouver dans un référentiel galiléen et le système considéré doit être isolé. Nous supposons que nous sommes en tant qu’ob- servateur dans un référentiel galiléen. On pourra par la suite préciser lequel. La fusée n’est pas un système isolé car elle éjecte du gaz, en revanche la fusée, le propergol et le gaz constituent un système isolé (le seul). Dans notre référentiel galiléen, la quantité de mouvement de ce système isolé se conserve au cours du temps :
d dt
p f usée + p propergol + p gaz = 0 dp f usée
dt + dp propergol
dt + dp gaz
dt = 0 (10)
Le système étant isolé, sa masse inerte se conserve. On note cependant que les différentes parties du système n’ont pas la même vitesse ni une masse constante. Le gaz n’a pas la même vitesse que la fusée et le propergol, et le propergol et le gaz ont des masses variables. Le premier terme s’écrit :
dp f usée
dt = m f usée
dv f usée
dt + v f usée (t) dm f usée dt La masse de la fusée sans propergol étant constante :
dp f usée
dt = m f usée
dv f usée
dt Le second terme s’écrit :
dp propergol
dt = m propergol (t) dv propergol
dt + v propergol (t) dm propergol
dt
Choisissons pour notre référentiel galiléen celui qui a l’instant t 0 est confondu avec celui non
galiléen de la fusée. Une fois fixé notre référentiel galiléen nous ne pouvons plus en changer. De
même on se fixe à l’instant t 0 , lorsque la vitesse du propergol est nulle dans notre référentiel : dp propergol
dt
t
0= m propergol (t 0 ) dv propergol dt
t
0+ v propergol (t 0 ) dm propergol dt
t
0= m propergol (t 0 ) dv propergol dt
t
0À l’instant t 0 le troisième terme s’écrit : dp gaz
dt
t
0= m gaz (t 0 ) dv gaz
dt
t
0+ v gaz (t 0 ) dm gaz
dt
t
0Remarque. Si la vitesse d’éjection des gaz est supposée constante par rapport à la fusée, alors dans notre référentiel elle varie dans le temps. En effet, soit a(t) l’accélération de la fusée à l’instant t, alors dans notre référentiel v gaz (t) = a(t)t où t est le temps qui s’écoule après t 0 : d t v gaz | t
0= a(t 0 )
La masse de gaz créée à l’instant t 0 (durée nulle) est nulle : dp gaz
dt
t
0
= v gaz (t 0 ) dm gaz
dt
t
0
Dans notre référentiel à l’instant t 0 , la relation (10) devient : m f usée
dv f usée
dt
t
0
+ m propergol (t 0 ) dv propergol
dt
t
0
+ v gaz (t 0 ) dm gaz
dt
t
0
= 0 Isoler le terme concernant la fusée c’est la prendre pour système :
m f usée dv f usée
dt
t
0
= −m propergol (t 0 ) dv propergol
dt
t
0
− v gaz (t 0 ) dm gaz
dt
t
0
Le terme de droite est non nul, la fusée n’est donc pas un système isolé. La vitesse du propergol est égale à celle de la fusée, nous pouvons regrouper deux termes. Le système devient la fusée et le propergol encore à son bord :
(m f usée + m propergol (t 0 )) dv f usée dt
t
0= −v gaz (t 0 ) dm gaz dt
t
0(11) Nous voyons avec cet exemple que vdm/dt est bien une force. La masse du système (fusée plus propergol) est variable, le système est ouvert. Au départ le système c’est la fusée avec le plein de propergol, à chaque instant il est redéfini avec moins de propergol, à la fin le système c’est la fusée seule. Le système n’est pas lié à des corps physiques.
µ(t) = dm gaz /dt est le débit de gaz éjecté par la fusée à l’instant t : a f usée (t 0 ) = − µ(t 0 )v gaz (t 0 )
m f usée+propergol (t 0 )
ce qui répond à la première question. Comme on pouvait s’y attendre, l’accélération est propor- tionnelle au débit et à la vitesse d’éjection des gaz, et inversement proportionnelle à la masse restante à l’instant t 0 .
Pendant le temps dt, la masse de propergol diminue, il se transforme en gaz dm propergol = −dm gaz
où la variation infinitésimale de masse dm propergol est négative puisque le propergol perd de
la masse et dm gaz est positive puisque du gaz est créé. Nous pouvons remplacer dm propergol
par dm f usée+propergol car dm f usée est nulle. En reprenant (11) et en remplaçant −dm gaz par dm f usée+propergol :
(m f usée + m propergol (t 0 )) dv f usée
dt
t
0
= v gaz (t 0 ) dm f usée+propergol
dt
t
0
dv f usée | t
0= v gaz (t 0 ) dm f usée+propergol
m f usée+propergol
t
0