Particules identiques en mécanique quantique
Chapitre 16
1.
Problèmes liés à l'indiscernabilité en mécanique quantique
Particules identiques ou particules indiscernables
Deux particules sont identiques si toutes leurs propriétés physiques sont les mêmes :
deux électrons, deux protons, ...
Concept valable aussi bien classiquement que quantiquement En mécanique classique, deux particules (même identiques) sont toujours discernables : on peut suivre la trajectoire de chacune.
1 2
1'
2'
1 2
1'
2'
compteur compteur
Particules indiscernables en mécanique quantique
Situation physique où les états de particules identiques se recouvrent : Etat initial,
avant une collision : Etat pendant la collision :
Etat après la collision : Ambiguïté des principes
vus jusqu'ici compteur
Exemple : deux particules dans un piège harmonique
Deux particules sans interaction, numérotées 1et 2
Etat(s) correspondant à la situation physique d'énergie totale ? 2=ω
1 2
( ) ( )
a x b x
ψ ψ
1 2
( ) ( )
b x a x
ψ ψ
états à une particule
Ces représentations du même état physique sont-elles équivalentes ? NON ! x x1 2 =m=ω Re
( )
λ µ*ω/ 2
=
5=ω/ 2 3=ω/ 2 ψa
ψb
ψc
1 2 1 2
( ) ( ) ( ) ( )
a x b x b x a x
λ ψ ψ +µ ψ ψ
2 2 1
λ + µ = avec
Espace de dimension2
Un premier pas vers la solution : l'opérateur d'échange
La numérotation des particules 1et 2est arbitraire : les prévisions physiques ne doivent pas dépendre de ce choix.
Si on pose
acceptables doivent être tels que
[ ]
12 1 2 1 2
ˆ n( ) m( ) m( ) n( )
P ψ x ψ x =ψ x ψ x , les états physiquement
12 1 2 1 2
ˆ ( , ) i ( , )
P Ψ x x =eδ Ψ x x
Comme , les seules possibilités sont Pˆ122 =Id e2iδ =1 eiδ = ±1 état symétrique :
état antisymétrique :
(
1 2 1 2)
1 ( ) ( ) ( ) ( )
2 ψa x ψb x +ψb x ψa x
(
1 2 1 2)
1 ( ) ( ) ( ) ( )
2 ψa x ψb x −ψb x ψa x
2.
Le postulat de symétrisation ou d'antisymétrisation
Principe de Pauli
Le principe de Pauli
Toutes les particules de la nature appartiennent à l'une ou l'autre des deux classes suivantes :
• les bosons, pour lesquels le vecteur d'état de Nparticules identiques est symétrique par échange de deux de ces particules
• les fermions, pour lesquels le vecteur d'état de Nparticules identiques est antisymétrique par échange de deux de ces particules Toutes les particules de spin entier sont des bosons
Toutes les particules de spin demi-entier sont des fermions mésons π, photons
électrons, neutrinos, quarks, protons, neutrons statistique de Bose-Einstein
statistique de Fermi-Dirac
On se donne une base de l'espace des états à une particule,
{
ψn( )rG}
(
1 2)
,(
1 2 1 2)
,
, k n k( ) n( ) n( ) k( )
k n
r r C ψ r ψ r ψ r ψ r
Ψ G G =
∑
G G + G G(
r r1 2,) (
r r2 1,)
Ψ G G = Ψ G G
Deux particules indiscernables de spin 0 :
Pour deux bosons indiscernables, les seuls états acceptables sont : Si les particules étaient discernables, une base de l'espace à deux particules serait :
{
ψn( )rG1 ψk( )rG2}
ω/ 2
=
5=ω/ 2 3=ω/ 2 ψa
ψb
ψc
(
x x1, 2)
ψa( )x1 ψa( )x2Ψ =
Etat fondamental :E==ω Premier état excité :
(
1 2 1 2)
1 ( ) ( ) ( ) ( )
2 ψa x ψb x +ψb x ψa x
Etat non dégénéré, contrairement au cas de particules discernables Le principe de Pauli réduit l'espace des états accessibles
2 E= =ω
Deux fermions (spin 1/2, 3/2,…)
Base de l'espace des états à une particule (orbital + spin)
{
ψa ,...}
A partir de la base qu'on aurait si les deux particules étaient discernables, on construit la base de l'espace des états à deux fermions identiques :
{
1: 2 : , , quelconques}
a b a b
ψ ⊗ ψ ψ ψ
( )
1 1: 2 : 1: 2 : ,
2 ψa ψb ψb ψa ψa ψb
⊗ − ⊗ ⊥
Chaque état de base peut se mettre sous forme d'un déterminant (Slater):
1: 2 :
1
1: 2 :
2
a a
b b
ψ ψ
ψ ψ
Ψ =
Pas d’état correspondant à la situation physique « deux fermions identiques dans ψa» : principe d’exclusion de Pauli
Particules élémentaires et particules composées
Pour des particules élémentaires, on montre le théorème spin-statistique : Bosons : spin entier
Fermions : spin demi-entier Pauli, 1940 Démonstration faisant explicitement appel à la théorie quantique et relativiste des champs
Pour des particules composées, le théorème reste valable si l'énergie en jeu est suffisamment basse pour ne pas "casser" ces particules.
Collision entre deux atomes d'hydrogène d'énergie cinétique << 13,6 eV température ordinaire : k TB ≈25meV
protons, neutrons (3 quarks): fermions particules α, atomes d'hydrogène : bosons
Cas des fermions : 3 particules
Base des états à une particule
{
ψn , n=1,2,...}
Situation où une particule est dans l'état ψ1, une dans ψ2, une dansψ3
(
1:ψ1; 2 :ψ2 ; 3:ψ3Ψ =
3 2 1
1:ψ ; 2 :ψ ; 3:ψ
−
)
2 3 1 3 1 2
1:ψ ; 2 :ψ ; 3 :ψ 1:ψ ; 2 :ψ ; 3 :ψ
+ +
1 1 1
2 2 2
3 3 3
1: 2 : 3 :
1 1: 2 : 3 :
6 1: 2 : 3 :
ψ ψ ψ
ψ ψ ψ
ψ ψ ψ
2 1 3
1:ψ ; 2 :ψ ; 3:ψ
−
1 3 2
1:ψ ; 2 :ψ ; 3:ψ
− 1
6
Dimension 6 Dimension 1
Généralisation àNparticules Dimension N! Dimension 1 Déterminant de Slater
E
ψ1 ψ2
ψ3 ψ4 ψ5
Cas des bosons : N particules
Base des états à une particule
{
ψn , n=0,1,...}
Situation physique oùNparticules sont dans le même état ψ0
0 0 0
1:ψ 2 :ψ ... N:ψ
Ψ = ⊗ ⊗ ⊗
On numérote les particules 1 , 2 ,..., N,...
Condensats de Bose-Einstein : À suffisamment basse température, 1 million d'atomes (sodium, rubidium,...) accumulés dans l'état fondamental d'un piège magnétique.
Autres manifestations d'un état macroscopiquement occupé
Superfluidité de l'hélium 4 (2 protons + 2 neutrons + 2électrons)
pour T≈2 Kelvins Rien de ce type pour l'hélium 3 dans ce domaine de température
supraconductivité de certains métaux à basse température formation de paires liées
d'électrons (Cooper)
Cas des bosons : N particules (suite)
Etat physique caractérisé par les nombres d'occupation : Naparticules dans l'état ψa, Nbparticules dans l'état ψb,...,
(1) (2) ( )
1: P ; 2 : P ;....; : P N
P
ψ ψ N ψ
Ψ ∝
∑
Pour des bosons identiques, somme sur les N!permutations P d'un ensemble de Néléments:
Etat non dégénéré
a b ...
N +N + = N
Base des états à une particule
{
ψn , n=0,1,...}
1:ψa,...,Na:ψa,Na+1:ψb,...,Na+Nb:ψb,...
Si les particules étaient discernables, un état possible (parmi d'autres) serait:
Na Nb
Evolution hamiltonienne
: hamiltonien àNparticules identiques (bosons ou fermions) par exemple :
Toutes les particules jouent un rôle identique dans (sinon elles ne seraient pas identiques!)
Un vecteur d’état initialement symétrique ou antisymétrique gardera cette propriété au cours de l’évolution
3.
Conséquences physiques du principe de Pauli
Un modèle simplifié pour l'atome d'hélium
Noyau de charge Z=2 en r = 0 et deux électrons numérotés 1et 2:
2 2 2 2 2
1 2
1 2 12
ˆ ˆ
ˆ 2 e 2 e
p p Ze Ze e
H= m + m − r − r +r r12 = rG1−rG2
On va négliger ici le terme de répulsion entre électrons e2/r12. Cette approximation n'est valable en toute rigueur que si Z >>1
1 2
ˆ ˆ ˆ
H =H +H ˆ ˆ2 2
2
i i
e i
p Ze H = m − r
Energie des états liés de Hˆi n Z E22I ε = − n
4
2 2 I m ee
E =
= 1, 2,...
n= =13,6 eV
L'atome d'hélium (suite)
1 2
ˆ ˆ ˆ
H=H +H n Z E22I
ε = − n Niveaux d'énergie à une particule :
Niveau fondamental :on essaie de mettre chacun des deux électrons dans le niveau fondamental (état 1sen exp(-Zri/a1))
1s 1 1:1 2 :1
1:1 2 :1
2
s s
s s
+ +
− −
Autres notations : ou 1s2 ou
• même état orbital pour les deux électrons
• l'état de spin doit être antisymétrique 1s ; 1s ⊗ =s 0,ms =0
(
r r1 2,)
ψ1s( )
r1 ψ1s( )
r2Ψ G G = G G 1
(
1: ; 2 : 1: ; 2 :)
2 + − − − +
énergie : 2ε1= −8EI
Emission inhibée (fermions) et émission stimulée (bosons)
Le neutron est une particule instable. Dans l'espace libre :
n p+ + e- + antineutrino νe durée de vie : 900 s Mais il est stable dans les noyaux, sauf en cas de radioactivitéβ-
Exemples :noyau d'hélium 4 (c'est-à-dire une particule α) Deux protons + deux neutrons : stable
noyau de tritium
Un proton + deux neutrons : instable
Noyau d'hélium et noyau de tritium
Modèle simple dans lequel on simule l'interaction entre chaque nucléon (proton ou neutron) et les A-1autres par un puits de potentiel
neutrons protons
Noyau d'hélium 4
neutrons proton
Noyau de tritium
description quantitative compliquée par la répulsion coulombienne entre protons
(durée de vie 12 ans)
10-15m
L'émission stimulée (bosons)
interaction
a b
probabilitép
pour basculer dea versb (p1)
interaction
a
b probabilité(N+1)p
si Nparticules bosoniques
dans l'état
b N+1particules dans l'état
(N+1)p1
Le principe du laser
miroir complètement
réfléchissant
miroir partiellement
réfléchissant
Avec une source d'énergie extérieure (décharge dans un gaz, passage d'un courant dans une diode, lumière d'une lampe intense,...), on crée une "inversion de population".
Nombre de photons dans le mode laser : ( 1)
N = −Γ +N G N+ effet laser si : gain (G) > perte (Γ) énergie
extérieure