Int´egration et probabilit´es
ENS Paris, 2013-2014TD — Fon ions cara ´eri iques – Corrig´e
Exercice `a chercher du TD pr´ec´edent
E
xercice 0. On consid`ere une source lumineuse ponuelle situ´ee au point (−,) dans le plan. Soitθune variable al´eatoire d´efinie sur un espace de probabilit´es (Ω,A,P), uniforme sur ]−π/, π/[. On suppose que la source ´emet un rayon lumineux en direion de l’axe des ordonn´ees en faisant un angle θavec l’axe des abscisses. D´eterminer la loi de l’ordonn´ee du point d’impadu rayon avec l’axe des ordonn´ees.Corrig´e :
Le point d’impadu rayon lumineux sur l’axe des ordonn´ees eY = tan(t). Orφ :t ∈]−π/, π/[7→
tan(t)∈Reun C-diff´eomorphisme de Jacobien+ tan(t). Donc, pourF :R→R+bor´elienne, on a, d’apr`es la formule du changement de variables,
π
Z π/
−π/F(tan(t))dt= π
Z +∞
−∞
F(y) dy
+y.
La variable al´eatoireY suit donc la loi de Cauchy.
0 – Petites questions
E
xercice 1.. Calculer la fonion cara´eriique de la loi de probabilit´e de densit´e (− |x|)1|x|<?
. Quelle ela fonion cara´eriique de la loi de probabilit´e de densit´e (−cos(x))/(πx) ? Corrig´e :
. On calcule, en int´egrant par parties pourt,: Z
R
(− |x|)1|x|<eitxdx= Z
(−x) cos(tx)dx=−cos(t) t . Pourt=, la premi`ere int´egrale vaut(normal, c’eune densit´e de probabilit´e !).
. D’apr`es le cours, siµeune mesure de probabilit´es dont la fonion cara´eriiquebµeint´egrable par rapport `a la mesure de Lebesgueλ, alorsµeabsolument continue par rapport `aλ, et sa den- sit´e edonn´eeλ-p.p. par
x7→
π Z
R
bµ(t)e−itxdt.
Pour des queions, demande de pr´ecisions ou explications, n’h´esitez pas `a m’envoyer un mail `a igor.kortchemski@ens.fr , ou bien `a venir me voir au bureau V.
On en d´eduit que pour presque toutx∈R: (− |x|)1|x|<=
π Z
R
dt−cos(t) t e−itx.
Les deux membres ´etant des fonions continues enx, on a l’´egalit´e pour toutx∈R. En faisant le changement de variablex=−x, il s’ensuit que la fonion cara´eriique de la loi de probabilit´e de densit´e (−cos(x))/(πx) ex7→(− |x|)1|x|<.
E
xercice 2. (Queues de variables al´eatoires) SoitX une variable al´eatoire r´eelle. On d´efinit laqueuede Xparψ(x) =P(|X|> x).
. SiXeint´egrable, montrer que
xlim→∞xψ(x) =.
. SiXedansLpavecp≥, montrer que
xlim→∞xpψ(x) =.
. Donner un ´equivalent de la queue de la loi d’une variable al´eatoire gaussienne centr´ee r´eduite.
Corrig´e :
. On a
E(|X|) = Z ∞
P(|X| ≥x)dx.
Donc la fonionx 7→P(|X| ≥ x) eint´egrable. Elle ede plus d´ecroissante ce qui implique le r´esultat. En effet,tP[|X| ≥t]≤Rt
t P[|X| ≥x]dx→quandx→.
. On ´ecrit similairement
E(|X|p) = Z ∞
P(|X| ≥x/p)dx, de sorte quexP(|X| ≥x/p)→quandx→ ∞.
Remarque.Une autre mani`ere ede faire ed’´ecrirexpP[|X| ≥x] =E
hxp1|X|≥x
i≤E
h|X|p1|X|≥x
i→
quandx→ ∞par convergence domin´ee.
. SiN d´esigne une variable al´eatoire gaussienne centr´ee r´eduite, on a P[N ≥x] =√
π Z ∞
x
due−u/≤√
π Z ∞
x
duu
xe−u/= x√
πe−x/. Pour une minoration, on int`egre par parties :
Z ∞ x
e−u/du=e−x/
x −
Z ∞ x
e−u/
u du.
On r´eint`egre par parties : Z ∞
x
e−u/
u du=
xe−x/− Z∞
x
e−u/
u du.
Ainsi
√
π Z ∞
x
e−u/du=√
π
x − x
e−x/+√
π Z ∞
x
e−u/
u du≥√
π
x− x
e−x/. On en d´eduit que
P[N ≥x] ∼
x→∞
x√
πe−x/.
1 – Fonctions caract´eristiques
Notation.SiXeune variable al´eatoire r´eelle, on noteraφX sa fonion cara´eriique, d´efinie parφX(t) =E
heitXi
pourt∈R. LorsqueXe`a valeurs dansN, sa fonion g´en´eratrice epar d´efinition z7→E
hzXi .
E
xercice 3.. Calculer les fonions g´en´eratrices des lois suivantes : (a) Bernoulli de param`etrep∈[,].
(b) Binomiale de param`etres (n, p), avecn∈N, p∈[,].
(c) G´eom´etrique de param`etrep∈],[.
(d) Poisson de param`etreλ >.
. Calculer les fonions cara´eriiques des lois suivantes : (a) Exponentielle de param`etreθ >.
(b) Uniforme sur [,].
Corrig´e :
. Soits∈[,]. On a (a) G(s) =−p+ps, (b) G(s) = (−p+ps)n,
(c) G(s) = −p
−sp,
(d) G(s) = exp(−λ(−s)).
. Soitt∈R. On a (a) φ(t) = θ
θ−it, (b) φ(t) =exp(it)−
it .
E
xercice 4. SoitXune variable al´eatoire r´eelle.. On suppose queXadmet un moment d’ordren∈N∗. Montrer queφXede classeCket que pour tout entier≤k≤n, on a
∀t∈R, φX(k)(t) =ikE
hXkexp(itX)i . En particulier :
φ(k)X () =ikE hXki
()
. On suppose queφX efois d´erivable en. Montrer queXadmet un moment d’ordreet que E[X] =−φ(X)().
Indication.On pourra consid´erer φX(t)+φtX(−t)−.
. Soitk≥entier. On suppose queφXekfois d´erivable en. Montrer queXadmet des moments jusqu’`a l’ordrebk/c(icibxcela partie enti`ere dex) donn´es par ().
. Faire l’exercice.
Corrig´e :
. Ceci provient imm´ediatement du th´eor`eme de d´erivation sous le signe int´egral en utilisant la domination
ikXkexp(itX)
≤ |X|k∈Lpour≤k≤n.
. La fonionφX ´etant deux fois d´erivable en, la formule de Taylor-Young garantit un d´eveloppement limit´e `a l’ordre:
φX(t) =+φ0X()t+φ00X()t
+o(t).
On en d´eduit que :
limt→
φX(t) +φX(−t)−
t =φ00(). ()
OrφX(t) +φX(−t) =Re(φX(t)) =E[cos(tX)]. Il s’ensuit par () que limt→E
"
−cos(tX) t
#
=−
φ00X().
Or −cos(tX)t ≥. Le lemme de Fatou fournit donc : E[X] =E
"
lim inf
t→
−cos(tX) t
!#
≤lim inf
t→ E
"
−cos(tX) t
#
=−φ00X()<∞. La queion. permet de conclure queE[X] =−φX()().
. Raisonner par r´ecurrence en adaptant la preuve de la queion pr´ec´edente.
. L’exercicemontre qu’en g´en´eral il n’epas vrai queXadmet un moment d’ordrelorsqueφX ed´erivable en.
E
xercice 5. Soit (Xn)n≥une suite de variables al´eatoires r´eelles. On noteφn(t) =φXn(t) pour simplifier, et on suppose qu’il exie une fonionφ:R→C, continue en, telle que∀t∈R, φn(t) −→
n→∞ φ(t).
. Prouver que pour tou ta >on a P
|Xn|> a
≤ a
Za
−a
(−Re(φn(u)))du= a
Z a
−a
(−φn(u))du.
. Montrer que pour tout >, il exieu >etntels que pourn > non ait
u
Zu
−u
|−φn(t)|dt < .
. En d´eduire que la suite (Xn)n≥etendue, c’e-`a-dire que pour tout >, il exiea >tel que
∀n≥, P[|Xn|> a]<.
. D’apr`es le th´eor`eme de Fubini–Tonelli,
a
Z a
−a
(−φn(t))dt = a
Z a
−a
Z
R
(−eitx)PX
n(dx)
! dt=
a Z
R
Za
−a
(−eitx)dt
! PX
n(dx)
=
Z
R
−sin(ax) ax
! PX
n(dx)≥ Z
|x|>/u
−
|ax|
PX
n(dx) car pour tout r´eelton a−sin(t)/t≥et−sin(t)/t≥−/|t|. Comme
Z
|x|>/a
−
|ax|
PX
n(dx)≤ Z
|x|>/a
−
PX
n(dx) =P[|Xn|>/a], ceci conclut.
. Comme|φ(t)|= limn→∞|φn(t)| ≤pour toutt∈R,φ() = limn→∞|φn()|=et queφecontinue en, si >efix´e, il exieu >tel que|−φ(t)|< /pour|t|< u. Ainsi
u
Z u
−u
|−φ(t)|dt < .
Or|−φn(t)| ≤et|−φn(t)| → |−φ(t)|quandn→ ∞. Par convergence domin´ee, il s’ensuit que
u
Z u
−u
|−φn(t)|dt −→
n→∞
u
Z u
−u
|−φ(t)|dt < . Le r´esultat d´esir´e en d´ecoule.
. D’apr`es la premi`ere queion, pourn ≥n, P
h|Xn|>ui
>. Comme les variables al´eatoires Xi sont r´eelles, il exie des r´eels positifsa, a, . . . , an−tels que
P[|Xi|> ai]<, ≤i≤n−.
En posanta= max(/u, a, a, . . . , an−), on a bien
P[|Xn|> a]< pour tout entiern≥.
– Compl´ements (hors TD)
E
xercice 7. SoitX une variable al´eatoire r´eelle de loiPX =Pk∈Zakδk sym´etrique (c`adak =a−k) et telle que P
k≥kak =∞. Le moment d’ordre de X e-il fini ? Trouver une suite (ak)k≥ telle que φX soit d´erivable en. Comparer avec l’exercice.
Corrig´e :
On calcule ais´ementE[|X|] =X
k>
kak= +∞. D’autre part :
φX(t) =a+
∞
X
k=
akcos(kt).
Choisissonsa=a=a−=et pourk≥: ak=a−k= c
klnk, o `uc=
∞
X
k=
klnk
−
,
de sorte que :
≤−φX(t) t =c
t
∞
X
k=
klnk(−cos(tk)).
On v´erifie ensuite que cette quantit´e tend verslorsquet→en d´ecomposant cette derni`ere somme suivant quek≥/touk </t. Tout d’abord :
X
k≥/t
klnk
(−cos(tk))
t ≤ −
tln(t) X
k≥/t
k ≤ − tln(t)
Z
b/tc−
xdx=−
t(b/tc −) ln(t) −→
t→ .
Ensuite, en utilisant l’in´egalit´e−cos(x)≤ x
pourx∈R:
t
X
≤k</t
klnk
(−cos(tk))
t ≤t X
≤k</t
ln(k) ≤ t ln()+t
Z/t
ln(x)dx.
Une int´egration par parties donne Z y
ln(x)dx=
"
x ln(x)
#y
+ Z y
(ln(x))dx.
Mais lorsquex→ ∞,/(lnx)=o(/ln(x)) et donc lorsquey→ ∞: Zy
ln(x)dx=
"
x ln(x)
#y
+o Z y
ln(x)dx
!
de sorte que
Z /t
ln(x)dx ∼
t→ − tln(t) Il s’ensuit que
t Z /t
ln(x)dx −→
t→ .
Ceci ach`eve de d´emontrer que (−φX(t))/t→lorsquet→.
E
xercice 8. (Probl`eme des moments)On consid`ere la fonionf :R∗+→R: f(x) = sin(πlnx) x
√πexp −lnx
! . CalculerR
R+xkf(x)dxpour toutk∈N.Que peut-on dire des v.a.XetY de densit´e respeives
x√
πexp −lnx
!
et (+ sin(πlnx)) x√
πexp −lnx
!
?
Corrig´e :
Soitn≥. La fonion x7→xnsin(πln(x))x√πexp−ln(x)
eint´egrable surR+, et le changement de variableu= ln(x) aboutit `a
I= Z ∞
sin(πln(x)) x√
πexp −ln(x)
! dx=
Z +∞
−∞
exp −u
+nu
!
sin(πu)
√πdu.
En remarquant que−u/+nu=−/(u−n/)+n/, le changement de variablev=u−n/donne I=Cste.
Z +∞
−∞
sin(πv) exp −v
!
dv=.
Ainsi pourα∈[−;] les moments des loisK(+αsin(πln(x)))
x
√πexp−ln(x)
avec
K−= Z ∞
x
√πexp −ln(x)
! dx
sont ´egaux sans que ces lois ne soient ´egales.
Fin