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Largeur des raies de résonance magnétique de l’état 6
3P1 du mercure et diffusion multiple des photons 2 537
Å
J.P. Barrat
To cite this version:
J.P. Barrat.
Largeur des raies de résonance magnétique de l’état 6 3P1 du mercure et
diffu-sion multiple des photons 2 537 Å. J. Phys. Radium, 1958, 19 (11), pp.858-862.
�10.1051/jphys-rad:019580019011085800�. �jpa-00235955�
858.
LARGEUR DES RAIES DE
RÉSONANCE
MAGNÉTIQUE
DEL’ÉTAT
6 3P1
DU MERCURE ET DIFFUSION MULTIPLE DES PHOTONS 2 537Å
Par J. P.
BARRAT,
Laboratoire de
Physique,
E. N. S., Paris.Résumé. 2014 Les mesures par diverses méthodes (résonance magnétique ou
dépolarisation
magné-tique) de la durée de vie 03C4 du niveau 6 3P1 du mercure conduisent en réalité à une « durée de
cohé-rence » T
plus
longue que 03C4, tendant vers 03C4 aux très basses pressions de vapeur. Ce phénomèneest dû à la diffusion
multiple
des photons de résonance optique par les atomes de mercure. Celle-ci se produit de façonindépendante
pour chaque composante hyperfine de la raie 2537 Å ;
elle estresponsable également de la dépolarisation de la raie de résonance optique quand la pression de vapeur augmente. La théorie permet de prévoir des relations entre la durée de cohérence et le
taux de
polarisation
pour une composantehyperfine
d’un isotope déterminé, ou entre les durées de cohérence relative. aux différentes composantes hyperfines. Elle donne aussi la forme théorique des raies de résonance magnétique dans le cas où on isole les photons diffusés deux fois par lesatomes de mercure. Les résultats
expérimentaux
sont en accord satisfaisant avec lesprévisions
théoriques.
Abstract. 2014 Several methods used to measure the lifetime 03C4 of the 6
3P1 state of mercury
(double resonance and Hanle’s method), lead, in fact, to a " coherence time "
T, longer than 03C4,
and equal to 03C4 at very low vapour pressures.
This effect is due to imprisonement of 2 537
optical
resonance radiation. It happens in acompletely independent
way for the different hyperfine components of the 2 537 line. The sameeffect is
responsible
for the depolarisation of the 2 537 line at high vapour pressures. The theory gives relations between T and the degree of polarisation of a given hyperfinecompo-nent ; and the relations between the T’s of the different isotopes. It
gives
also the theoreticalshape of the magnetic resonance lines when optical resonance photons have been scattered
only
twice.Experimental
results are in good agreement with theory.PHYSIQUE 19, 1958,
1. Introduction. - La méthode de la « double
résonance » de Brossel-Kastler
[1]
a étéappliquée
par Brossel à l’étude du
premier
niveau excité 63Pi
des différentsisotopes
du mercure[2].
Les formesde raie observées étaient en excellent accord avec
les
prévisions théoriques.
Enparticulier,
l’extra-polation
enchamp
deradiofréquence
nul de lalargeur
des raiespermet
de déterminer unpara-mètre T que Brossel avait
interprété
comme étantla durée de vie T du niveau.
Toutefois,
Blamont,
reprenant
à l’occasion de ses recherches sur l’effetStark les mesures de Brossel
[3],
constata que Test fonction des conditionsexpérimentales,
enparti-culier de
la pression
de vapeur du mercure dans lacellule à résonance. Pour des conditions
géomé-triques
déterminées,
T est fonction croissante du nombre N d’atomes de mercure par cm3. Les raiess’affinent quand
lapression
de vapeuraugmente.
Cependant,
dans tous les cas la forme de la raie reste en accord avec la formulethéorique
danslaquelle
intervient
lagrandeur
variable T que nousappellerons
« durée de cohérence ». De nombreuxarguments
ontpermis
d’attribuer cephénomène
àla diffusion
multiple
desphotons
par les atomes de la vapeur de mercure[4] :
auxpressions
de vapeurélevées,
lesphotons
émis à l’intérieur de la celluleont une
probabilité
nonnégligeable
d’être réab-sorbés dans la cellulemême ;
ils subissent ainsiplusieurs
diffusions avant deparvenir
à l’obser-vateur.II.
Interprétation qualitative
des effets observés.- A. EFFETS DÉJA CONNUS DE LA DIFFUSION
MUL-TIPLE. -
1)
Si l’on coupebrusquement
lerayon-nement
incident,
l’intensité de la lumière deréso-nance
optique
décroît avec une constante detemps
T’, égale
à T aux très bassespressions
devapeur,
supérieure
à ’t’quand
la diffusionmultiple
intervient. Des mesures de r’ en fonction de la
pression
de vapeur ont été effectuées par Garrett[5]
qui
détermina T par cetteméthode,
etplus
récem-ment par Holstein
[6].
2)
Le taux depolarisation
P de la lumière de résonanceoptique
décroîtquand
lapression
de vapeur des atomes diffusantsaugmente.
Cephéno-mène,
attribué souvent à descollisions,
trouve enréalité son
origine
dans la diffusionmultiple,
aumoins dans le cas du mercure
[7].
B. CARACTÈRE DES EFFETS DE LA DIFFUSION MULTIPI,E.
- 1)
La structurehy erfine
de la raie de résonance du mercure 2 537A (6 ISO
- 63Pi)
est
grande
devant lalargeur
Doppler
des compo-santes. Il est doncpossible
d’exciter sélectivement certainsisotopes pairs
et certainescomposantes
hyperfines
desisotopes
impairs
dans unmélange
isotopique (par exemple,
en éclairant du mercurenaturel par une
lampe
contenantl’isotope
2o2Hg
pratiquement pur),
et un transfert d’excitation pardiffusion
multiple
desphotons
doit se faireindé-pendamment
pourchaque composante
de la raie.859
Les effets de la diffusion
multiple,
dans des condi-tionsgéométriques déterminées,
nedépendent
quedu nombre N des atomes de
l’isotope
diffusant parcm3,
et non de la concentration des autresisotopes.
Cette conclusion a été vérifiéepour
lesgrandeurs
T et P(pour
lesisotopes
2o2Hg
et198Hg
dansHg
naturel,
et pourl’isotope 2o2Hg
pur) [4,
8,
9].
Aux bassespressions
de vapeur la diffusionmultiple
n’intervientplus
et T tend vers unelimite,
la même pour tous lesisotopes,
qui
est,
FIG. 1.
sauf
phénomène
imprévu,
la durée de vie vraie Tde l’atome isolé
(’t’
=:’1,18.10-7
sec)
( fig.
1).
2)
L’effet dû à des collisionsinteratomiques
nedépendrait
que de lafréquence
decelles-ci,
c’est-à-dire de latempérature
et de lapression
de. vapeur, il resterait inaffecté par unchangement
descondi-tions
géométriques.
Il n’en est pas de même d’unphénomène
lié à la diffusionmultiple
[4, 7,
8].
C’est d’ailleurs à cet effetqu’est
due la découverte duphénomène.
C. CARACTÈRE COHÉRENT DE
LA
DIFFUSIONMUL-. TIPMUL-.MUL-.LEMUL-. - La diffusion
multiple
serait incohérente sichaque
atome émettait des intensités lumineuses des diversespolarisations
cr.,a- et 7r,
correspon-dant aux transitions Am :±= +1,
-1,0
totale-mentincohérentes,
nedépendant
que desproba-bilités de
présence
dans les sous-niveauxZeeman
de l’état excité. Leséquations
permettant
d’étudier la diffusionmultiple
ne feraient intervenir que lesFIG. 2.
861
qu’un
tel processuspermet
d’interpréter
l’augmen-tation de v’ et la diminution de Pquand
Naug-mente ;
mais une telleconception
conduit aucon-traire
à prévoir
unélargissement
des raies de réso-nancemagnétique.
Il faut donc tenir
compte
en détail de la cohérencedans la diffusion
multiple :
la fonction d’onde d’unatome I dans la
vapeur
a la forme’FI ( t)
== 1CIi(t) 1Y’1,
ioù
Ti
est la fonction d’ondequi représente
le niveau i de cetatome,
lesCli(t)
étant des coefficients. Non seulement les1 CI (t)j 2(probabilités
deprésence)
des divers atomes sont reliés entre eux, mais aussi lesCli(t)
eux-mêmes. Leur évolution dans letemps
est
régie
parl’équation
deSchrôdinger,
tenantcompte
de la théoriequantique
durayonnement.
III. Résultatsquantitatifs.
-Le calcul par cette méthode des effets
de
la diffusionmultiple
peut
se faire dans le cas dechaque
niveauhyperfin
F d’unisotope
du mercure despin
nucléaire
I,
enchamp magnétique
assez faible pour~ ~
ne pas
découpler
I et J. Il conduit à la définition d’unparamètre x, représentant
laprobabilité
moyenne pourqu’un
photon
qui
vient d’être émis par un’ atome soit réabsorbé au moins une foisavant de sortir de la cellule. La définition même de x résulte de
l’approximation
selonlaquelle
cetteprobabilité
estindépendante
de laposition
de l’atome émétteur. x est une fonction biendéter-minée de
F, I
et N dans des conditionsgéométriques
-(2F+I)S
..fixées : x
= f
1’3(21 + 1)
Son calculexplicite
1)
est
impraticable
et on doit se concenter d’un calculapproché,
en assez bon accord(à
10%
près
envi-ron)
avec les déterminationsexpérimentales.
Selon les résultats
théoriques,
toutes les gran-deursmesurables,
telles queT, T’,
P,
sont desfonctions
biendéterminées,
engénéral simples
Fic. 4.
de x,
pour 1 et F donnés. La vérification de cesconclusions
peut
sefaire,
soit encomparant
direc-tement les valeurs de x obtenues par l’intermédiaire de T ou P aux valeursthéoriques
en fonction de N(accord
à 10%
près
environ).
soit en éliminant Nentre 2 formules donnant 2
grandeurs
telles queTI,F
et
PI,F
ouTI.E
etTI-,F,,
et encomparant
la relationthéorique
et la relationexpérimentale
entre cesgrandeurs.
L’accord est
alors,
engénéral,
bon àquelques
pour cent
près.
Enparticulier,
ont été étudiées de cette manière : - la relation entreT1=o.F=1
et(isolol)es
pairs) [4, 8] ;
- la relation entreT1=1/2.Fe=S/2
(isotope
199Hg)
etT1=o,F=1 (fig. 2) [8, 10] ;
- la relation entreTI-3/2.F-5/2,
TI=3I2,F·3/2
(iso-tope
2olHg)
etT1=o,F=1
[10]
(fig.
3)
;- la relation entre
T1=al/2,F=3/2 et pI=1/2
(en
exci-tation « broadline ») [8] ;
- la relation entre
Ti-O.F-l
et lagrandeur
T§_o,,_i
que l’on obtientlorsque
l’on essaie demesurer la durée de vie par la méthode de la
dépo-larisation
magnétique [11, 9] (fig. 4).
En outre le calcul
permet
deprévoir
les résultats obtenus si l’on isole desphotons
ayant
été diffusésun nombre de fois
déterminé,
2 fois parexemple.
L’expérience
a pu être réalisée[12]
et les résultatssont en accord avec les
prévisions,
tant en cequi
concerne lalargeur
des raiesde
résonancemagné-tique
que leur forme.5
BIBLIOGRAPHIE[1]
BROSSEL (J.)
et KASTLER(A.),
C. R. Acad. Sc., 1949, 229,1213.[2]
BROSSEL (J.), Ann.Physique,
1952, 7, 622. BROSSEL(J.),
et BITTER(F.),
Phys. Rev., 1952, 86, 308.[3] BLAMONT
(J.),
Ann. Physique, 1957, 2, 551.[4] GUIOCHON (M. A.), BLAMONT (J.) et BROSSEL (J.),
J. Physique Rad., 1957, 18, 99 ; C. R. Acad. Sc.,
1956, 243, 1859. GUICHON (M. A.), Diplôme d’Études Supérieures, Paris, 1956.
[5] GARRETT (P. H.), Phys. Rev., 1932, 40, 779.
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(T.), ALPERT (D.) et MCCOUBREY (A. O.), Phys.
Rev., 1949, 76, 1257 ; Phys. Rev., 1951, 82, 567 ; Phys. Rev., 1952, 85, 985.
[7] ROLLET (N.), BROSSEL (J.) et KASTLER (A.), C. R.
Acad. Sc., 1956, 242, 240.
[8] BOUTRON (F.), Diplôme d’Études Supérieures, Paris,
1957.
[9] BARRAT (J. P.), C. R. Acad. Sc., 1957, 244, 2785.
[10] BOUTRON (F.), BARRAT (J. P.) et BROSSEL (J.), C. R.
Acad. Sc., 1957, 245, 2250.
[11] Voir MITCHELL et ZEMANSKY, Resonance Radiation and Excited Atoms, p. 262.
[12] BARRAT (J. P.) et BROSSEL (J.), C. R. Acad. Sc., 1958,
246, 2744.
DISCUSSION
G. J. Gorter. -- « Si
j’évalue
bien les ordres degrandeur,
le libre parcours moyen desphotons
dans la diffusionmultiple
est considérable. Est-ce exact ? »J. P. Barrat. - « Au centre ’de la raie
d’absorp-tion
Doppler,
le libre parcours moyen desphotons
est2.1012/N
cm, où N est le nombre d’atomes diffusant par cm3. Pour unisotope
pur à 0OC,
N ^6.1012,
cequi
donne un libre parcours moyende 3 mm environ. » .
C. J. Gorter. - « Pourrait-on
en modulant le
libre
parcours moyen et en étudiant le halo del’image
de la sourcelumineuse,
obtenir des donnéesnouvelles sur les résonances et la
diffusion
mul-tiple?))
J. P. Barrat. - « Pour un
photon
defréquence
déterminée,
le coefficientd’absorption,
dans nosexpériences
où laséparation
Zeeman des niveauxest
petite
devant l’effetDoppler (champs
magné-tiques
inférieurs à 100oersteds),
est déterminé par la formeDoppler
de la raie. On nepeut
le moduleren modulant le
champ
magnétique.
Parcontre,
une telle modulation serait
possible
enfaisant
varier le
champ
magnétique
d’une valeur nulle àune valeur de
plus
de 1 000oersteds, correspondant
à un effet Zeeman nettementsupérieur
à l’effetDoppler.
»E. E. Schneider. - « Il me semble que dans la diffusion
multiple
desphotons,
l’assemblage
des atomes secomporte
classiquement
en cequi
con-cerne l’effet de résonance. Onpourrait
sedemander
s’il y a une
analogie
avec lecomportement
clas-sique
d’une assemblée de noyaux dans la résonance nucléaire. »J. P. Barrat. - « Dans le
cas de la résonance
magnétique
nuéléaire,
la mise enphase provient
du fait que le
champ
H. F. a la mêmephase
entous les
points
où se trouvent les noyaux, étant donné que lalongueur
d’onde de l’onde H. F. estgrande
devant les distancesatomiques.
Aucon-traire,
lalongueur
d’onde de l’ondeoptique
(À
= 2 537A)
estpetite
devant les distancesinter-atomiques.
La différence dephase
de l’onde estdéterminée pour 2 atomes
déterminés,
mais elle varie aléatoirement d’uncouples
d’atomes à unautre. Je
comparerais
plutôt
l’ensemble des atomes à un ensemble d’antennesclassiques.
Leséquations
déterminant ces
phénomènes
sont très compa-rables. »A. Kastler. - « La théorie
développée
par J. P. Barrat apeut-être
desapplications
au cas desexcitons,
étudié par M. Balkanski. »M. Balkanski. - « En
effet,
comme M. Kastlerl’a
remarqué,
la théoriedéveloppée
par J. P. Barrat semblepouvoir
être d’un trèsgrand
secours dansle domaine de la
Physique
des Solideslorsqu’il
s’agit
de traiter lapropagation
des excitons dans les semi-conducteurs.L’analogie phénoménologique
estcomplète
et l’onpeut
redéfinir leproblème
de l’exciton en se basant sur lescaractéristique
de la diffusionmultiple,
à conditiond’introduire,
en
dehors des