Problème : Déterminant de Gram et applications
Dans ce problème,E désigne un espace préhilbertien dont le produit scalaire est noté(· | ·).
Partie No1 : Déterminant de Gram
Pour u1,· · ·, um m vecteurs de E, on note Gram(u1,· · ·, um) la matrice carrée d’ordre m dont le coefficient d’indice (i, j) est (ui |uj) etG(u1,· · ·, um) le déterminant de celle-ci.
G(u1,· · · , um) est appelé le déterminant de Gram de la famille(u1,· · · , um).
1. Soientu etv deux vecteurs deE.
(a) CalculerG(u, v).
(b) Montrer que G(u, v)>0 avec égalité si, et seulement si, uetv sont colinéaires.
2. Soientu1,· · ·, um m vecteurs deE.
(a) On suppose la famille (u1,· · ·, um) liée. Montrer queG(u1,· · ·, um) = 0.
(b) On suppose la famille(u1,· · ·, um)libre. On introduitB= (e1,· · · , em)une base orthonor- mée deF = Vect(u1,· · · , um).
i. PourquoiBexiste et contientm vecteurs ?
ii. On noteA= (ai,j)la matrice de la famille de vecteurs (u1,· · · , um) dans la baseB.
Soient16i, j6m. Exprimer(ui|uj) à l’aide des coefficients de la matricesA.
iii. En déduire queGram(u1,· · · , um) =tAApuis que G(u1,· · ·, um)>0.
3. SoitF un sous-espace vectoriel deE de dimension p.
Soit(e1,· · ·, ep) une base de F. (a) Rappeler pourquoiE =F ⊕F⊥.
(b) Soit x∈E. On écritx=xF +n avecxF ∈F etn∈F⊥. Montrer que d(x, F) =||n||.
(c) Établir que
d(x, F) = s
G(e1,· · ·, ep, x) G(e1,· · ·, ep) . Partie No2 : Calcul d’une distance
Dans cette partie, ndésigne un entier naturel non nul et on suppose que E=R[X].
Pour tous polynômesP etQde E, on pose ϕ(P, Q) =
Z 1 0
Pe(t)×Q(t)e dt.
1. Vérifier queϕ est un produit scalaire surE.
On notera désormais(· | ·) au lieu deϕ.
L’objectif de cette partie est de prouver l’existence et de calculer un= inf
a0,···,an−1∈R
Z 1 0
(tn−(an−1tn−1+· · ·+a1t+a0))2 dt.
2. Calculeru1.
3. Interpréterun à l’aide de la distance d’un vecteur à un sous-espace vectoriel de E à préciser.
4. Calculer les déterminants
1 1
1 1 2 2
1 3
et
1 1
1 2
1 1 3 2
1 3
1 1 4 3
1 4
1 5
et en déduire la valeur de u2.
1
5. Dans cette question, on calculeun.
(a) Soient p un entier naturel non nul et a1,· · ·, ap, b1,· · · , bp des réels tels que pour tout 16i, j6p,ai+bj 6= 0 et pour tous16i6=j6p,bi6=bj.
Le but de cette question est de calculer le déterminant de la matrice
1 ai+bj
16i,j6p
=
1 a1+b1
1
a1+b2 · · · a 1
1+bp
1 a2+b1
1
a2+b2 · · · a 1
2+bp
... ... . .. ...
1 ap+b1
1
ap+b2 · · · a 1
p+bp
∈ Mp(R).
Ce déterminant sera noté Cp(a1,· · · , ap, b1,· · ·, bp).
i. Réaliser la décomposition en éléments simples deF(X) = (X−a(X+b1)×···×(X−ap−1)
1)×···×(X+bp) . ii. On noteDle déterminant égal à
D=
1
a1+b1 · · · a 1
1+bp−1 Fe(a1)
1
a2+b1 · · · a 1
2+bp−1 Fe(a2) ... ... . .. ...
1
ap+b1 · · · a 1
p+bp−1 Fe(ap) [p]
.
En calculant de deux façonsD, montrer que
F(ae p)Cp−1(a1,· · · , ap−1, b1,· · ·, bp−1) =
n
Q
i=1
(ai+bp)
n
Q
i=1
(bp−bi)
×Cp(a1,· · ·, ap, b1,· · · , bp).
iii. En déduire que
Cp(a1,· · ·, ap, b1,· · · , bp) = Q
16i<j6p
(aj−ai)× Q
16i<j6p
(bj−bi) Q
16i,j6p
(ai+bj) .
(b) Soit p∈N?. Calculer
∆p =
1 1
1
2 · · · 1p
1 2
1
3 · · · p+11 ... ... . .. ...
1 p
1
p+1 · · · 2p−11 [p]
.
(c) En déduire la valeur de un.
6. Montrer que(un)converge et calculer sa limite.
Partie No3 : Familles obtusangles
E est désigne désormais un espace euclidien quelconque de dimension nnon nulle.
On noteS ={x∈E /||x||= 1} l’ensemble des vecteurs unitaires deE.
1. Soientu0,· · ·, um m+ 1vecteurs de S deux à deux distincts.
Montrer que les deux conditions suivantes sont équivalentes :
— i) Pour tous06i6=j6m, les distances||ui−uj||sont deux à deux égales.
2
— ii) Pour tous06i6=j 6m, les produits scalaires (ui|uj) sont deux à deux égaux.
On suppose dans toute la suite du problème que la famille (u0,· · · , um) vérifie les conditions précédentes.
2. On noteλla valeur commune des produits scalaires (ui |uj).
Montrer que−16λ <1et queG(u0,· · · , um) = (1 +mλ)(1−λ)m.
3. Montrer que si la famille (u0,· · ·, um) est libre alorsm < n et−m1 < λ <1.
4. Dans cette question, on suppose que la famille(u0,· · · , um)est liée.
On dira, dans ce cas, que la famille vérifie la propriétéPm. (a) Montrer que λ=−m1.
(b) Montrer que la famille (u0,· · ·, um) est de rangm.
Il en résulte que m6n(Pourquoi ?).
(c) Prouver que
m
X
k=0
uk = 0.
Indication : On partira d’une combinaison linéaire nulle.
5. Dans cette question, on voit comment créer une famille (u0,· · · , un)vérifiant la propriété Pn. Pour cela, on démontre par récurrence finie que
∀16m6n, ∃(u0,· · ·, um)vérifiant Pm. (a) Initialiser la propriété.
(b) Soit 26m6n.
On suppose qu’on a construit une famille(u0,· · · , um−1) ayant la propriétéPm−1. Soit F le sous-espace deE engendré par u0,· · ·, um−1. On sait quedim(F) =m−1.
Soit vm un vecteur unitaire orthogonal àF. Pourquoi vm existe ?
(c) Pour 06k6m−1, on pose vk =−m1vm+ q
1−m12uk. Montrer que la famille (v0,· · ·, vm) possède la propriétéPm. (d) Conclure.
* * * FIN DU SUJET * * *
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