M ATHÉMATIQUES ET SCIENCES HUMAINES
G. K REWERAS
Polynômes de Stanley et extensions linéaires d’un ordre partiel
Mathématiques et sciences humaines, tome 73 (1981), p. 97-116
<http://www.numdam.org/item?id=MSH_1981__73__97_0>
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POLYNOMES DE STANLEY ET EXTENSIONS LINEAIRES
D’UN
ORDRE PARTIELG.
KREWFRAS*
PRESENTATION
Cet
article
est uncomplément
et unprolongement
naturel del’article
du mê-me auteur paru dans le
n°
53 de M.S.H.[4].
On y expose en réalité des ré- sultats dont laplupart
sontprésentés,
avec des notations trèsdifférentes
et selon un autre cheminement
logique,
dans la thèse de R.Stanley (réf.
[10]), qui.
était du reste inconnue del’auteur
au moment de sa rédaction. On y étudieprincipalement,
àpartir
d’un ensemblepartiellement
ordonnéquel-
conque E de n
éléments, l’ensemble
des extensions linéairesU(E),
ainsi que lespartitions
deU(E), suivant
le nombre d de"décrochements"
parrapport
à uneextension linéaire
L deréférence,
en classes devd éléments ;
l’ondémontre que la suite des
vd
esttoujours indépendante
du choix de L. Onconsidère ensuite
plus particulièrement
le cas où toutes leschaînes
maxima-les de E ont
même longueur k ;
on montre alors quevd =
l n-- et que, pourtoute extension linéaire
L,
il en existe une autre,qui
en est dans uncertain sens la
plus éloignée,
bienqu’il puisse
arriver rue~2(L) +
L .Pour k=l on retrouve une
propriété classique
des nombres eulériens. Pour k=2 on obtient deux curieusespropriétés
dosgraphes bipartis.
Enfin on étu-die trois
exemples
de famillesd’ordres partiels
où kpeut
êtrequelconque.
1 . INTRCDUCTIOI,,,.
Dans tout ce
qui suit,
nous considérerons un ensemible h de cardinal n , munid’une
relation d’ ordre(partielle
maisantisymétrique) noté 6 ou
suivant que1"on s’intéresse
à sa version réflexive ouirréflexive ;
nousappelle
rons E l’ensemble N ainsi ordonné.
Université
Paris 1Si sur le même N on définit une
relation de préordre
totalR,
dont laversion irréflexive est notée
R,
on dira que R estcompatible
avec E siLa relation
(xRy
etyRx) partitionne
Nenclasses, dites d’indifféren-
çe. Si le nombre de ces classes est r, il
revient
aumême
dedéfinir
R parun
épimorphisme
strict de E dans{1,2,...,r}, c’est-à-dire
par uneapplica-
tion
surjective
f : E -~{ 1, 2, ... , r }
telle quex y # f(x) f(y) ;
dans cecas on
appellera f(x)
le niveau de x.(Il
revientd’ailleurs
au même deconsidérer {1,2,...,r}
ou tout ensemble{al,a2,..,ar} qui
lui soitordina-
lement
isomorphe).
L’objet principal
duprésent
article estl’étude
del’ensemble U ,
r Y decardinal
u ,
r 9 despréordres
totaux à r classescompatibles
avec E. Pour quel’on
aitu r = 0,
il faut évidemment quer C
n ; mais il faut en outre que le nombre r de classesd’indifférence
soit au moinségal
au nombre k de termes de laplus longue
suite strictement croissante deE,
soitel e2
...ek.
Nous
appellerons
ce nombre k ledegré
deE,
et nous supposerons donc tou-.jours réalisée la
conditionk r
n.Les éléments de
U n
sontappelés
les extensions linéaires de E(cf.[3]);
ils retiendront notre attention
plus particulièrement.
Le nombre
ur
depréordres
totaux à r classes se relie au nombre totalP(t) d’homomorphismes
stricts de E dans{1,2,...,t}, c’est-à-dire d’applica-
tions f
auxquelles
onimpose
les mêmes conditions queprécédemment
sauf lasurjectivité.
En effet enrépartissant
ceshomomorphismes
suivant le cardi-nal r de
l’image f(E),
on voit queles termes à sommer
n’étant d’ailleurs
non nuls que pour kr
n.P(t) prend
donc les mêmes valeursqu’un polynôme
dedegré
n de la va-riable t ; ce
polynôme s’annule
pour t =0,1,2,...,k-1
et le coefficient deson terme de
plus
hautdegré
estu /n! .
Nousl’appellerons
lepolynôme
den
Stanley
de E.2. FORMATION RECURRENTE DE
P (t)
Le
polynôme P(t) dépend
bien entendu de E et cettedépendance peut
être rap-pelée
par la notationPE(t).
Considérons alors dans E l’ensemble M des élé- mentsqui
sontmaximaux,
appelons
H unepartie non-vide quelconque
deM,
etappelons F(H)
cequi
res-te de E
après suppression
de tous les éléments de H. A cet ensembleF(H) correspondra
notamment un nouveaupolynôme PF ( H)(t), qui
intervient tout na-turellement dans le calcul suivant de
P(t+l).
En effet tout
homomorphisme
strict de E dans{1~2,...~1,1+1}
ou bienne
place
rien au niveaut+l,
ou bienattribue
le niveau t+1 aux élémentsd’un
ensemble H nonvide
inclus dansM,
et à ces éléments-là seuls.On en conclut que
ce
qui peut s’écrire,
en utilisant la notation A du calcul desdifférences,
la somme du second membre est celle de
2m-l polynômes
si E a m éléments ma-ximaux.
La formule
(3), conjointement
avec(1),
estspécialement
commode pour le calculnumérique
deu.
...un
dans le casd’ensembles
E pastrop
compliqués. Quelques exemples
sont donnés dans[4].
Quant
à la formule(2),
ellepermet (puisque
sonpremier
membres’an-
nule pour t =
-1)
de montrer, par récurrence sur n, queP E (--1) - (-1)n ;
; larécurrence
s’amorce
pourn=l, puisque
En’a
alorsqu’un
élément et queP(t)
est
égal
à t.3. ILEAU" -- RELATICN ENTRE P ET
Q
Lorsque
E estdonné,
onappelle
idéal I toutepartie
de N telle queIl est bien connu
(cf. [1])
que lesidéaux
ainsidéfinis
àpartir
deE forment un ensemble T
auquel l’inclusion
confère une structure detreillis distributif ;
le minorant universel de T est0.
On a notamment dans T unerelation
antécédent-conséquent (ou
relation’’de couverture")
notée~
etdéfinie par
Tout idéal I autre
que 0 (auquel
onpeut
affecter unniveau 0)
a unniveau T
égal
à son cardinal en tant quepartie
de N. Si J est au niveauj,
il a un ou
plusieurs
antécédents au niveauj-1 ;
chacund’eux s’obtient
ensupprimant
un élément maximal de J et un seul.Posons-nous maintenant le
problème classique
suivant : étant donné J dansT,
combien existe-t-il dans T desuites
Il 12
...It
telles queS’il
en existeQJ(t),
on voitévidemment,
en faisantvarier It=I,
quececi
permet
de voir que les valeurs deQJ(t)
sont cellesd’un polynôme
en tayant
pourdegré
le niveau de J dans T.L’inversion
de cette formule(par
la méthode deMobius-Rota [9]
ou sil’on
veut icil’aide
de larègle d’inclusion-exclusion [7]) conduit
àconsi-
dérer
l’ensemble S(J)
de tous les 1 quel’on peut
obtenir àpartir
de J en ysupprimant
unepartie quelconque (même
éventuellementvide)
del’ensemble
des éléments maximaux de J.
On obtient ainsi
où
JJ-IL désigne
le cardinal de J-I .En
particulier
sil’on prend
pour J le maximumunique
de T(c’est-à-
dire
l’idéal plein E)
et sil’on change
de membre le termeI=E,
on obtientexpression
danslaquelle
I décritl’ensemble
quel’on
obtient ensupprimant
une
partie
non-videquelconque
H del’ensemble
M des élémentsmaximaux
de E.I
coincide
donc avec cequi
a étéappelé plus
hautF(H),
et la formulepeut
se récrire
Le
rapprochement
des formules(2)
et(4)
vapermettre d’établir,
par récurrence sur n,l’importante parenté suivante
entre lepolynôme
deStanley
PE
et lepolynôme Q = QE
formés àpartir d’un
même ensembleE,
de cardinaln:On a
bien
eneffet,
pour commencer,Q(t) =
t+1 pour n =1, puisque
T seréduit alors à son
minimum 0
et à son maximumE,
cequi
donne t+1 suitesnon-décroissantes distinctes
de t termes.En outre, si
l’on
transforme parl’hypothèse
de récurrence le secondmembre
de(4),
on trouveC’est
donc làl’expression
dupremier
membre de(4) ;
cela ne prouve pas encore(5),
mais prouve que les deuxpolynômes Q E (t)
etont
même
différence(même
transformé parA).
Pour finir de montrerqu’il
sontégaux,
il suffit de constater que les deux membres de(5)
ont tous deux lamême
valeur 1 pourt=0 ; l’égalité (5)
est donc établie. Il en résulte enparticulier
que lepolynômes Q(t) (qui exprime
le nombre de suites non-décroissantes de t idéaux de
E) s’annule
pour t =-1, -2,...,
-k .4. EXTENSION LINEAIRE DE REFERENCL
Dans tout ce
qui
suit on se donnearbitrairement,
une fois pourtoutes, l’une
des u extensions linéaires deE, c’est-à-dire
l’un des éléments Ln
de
Un ,
et l’onadopte
pour les éléments de E les nomsindividuels
n
Al A2
...An dans
l’ordre croissant de L . Toutépimorphisme
de E dansdonc tout
préordre
total à r classescompatible
avecE,
seranoté par une suite de n termes
indiquant
les niveauxsuccessifs
deAl A2
...An ;
enparticulier
lesextensions
linéaires de E seront notées par despermutations
et L sera notée par lapermutation identique.
Parmi toutes les suites
surjectives
a =(a
1a2
...an)
de n termespris
parmi 11,2,...,r),
cellesqui
définissent des éléments deUr
sont cellesqui
satisfont à un
système
de"conditions
decroissance"
que nousdésignerons
par la même lettre E que l’ensemble
partiellement
ordonné : chacune de ces conditions consiste àimposer
que sur une certainepaire {i,j} (telle
que1 i
i n)
on aita.
1a..
J Parexemple
l’ordrepartiel
Epeut
être celuidont le
graphe
de couverture est donné par lafig. 1
; lafig.
2 montre ,l’extension
linéaire L et lespaires
à croissanceimposée : {1,2}
{2,3} {3,4} {2,5} {5,7} {6,7} ;
lafig.
3 montrel’élément
deU5 représenté
par la suite
(1235114).
f ig.1 fig.2
2fig.3
5. PAIRES
"REMARQUABLES’‘.
TASSEMENT ET GONFLEMENTNous aurons besoin de
quelques
conventions de vocabulaire relatives aux en-sembles
U .
r Toutd’abord, quand
nousparlerons d’une paire {i,j},
ils’a-
gira toujours
de deux éléments de{1,2,...,n}
tels que ij .
Etant donné
a E U r
r il nousparticulariserons
deux sortes depaires,
sousla
dénomination
commune depaires remarquables :
(i)
lespaires stabilisantes ;
nousappelons
ainsi unepaire {i,j}
telle que
ai
i eta.
j aient la mêmevaleur,
h parexemple,
etqu’aucun a 91
telque
1 L j
ne soitégal
à h .(ii)
lespaires décrochantes ;
nousappelons
ainsi unepaire {i,j}
telleque
a. =
Ja. -
1. 1(=h
parexemple),
que tous les autres h de lasuite
a,s’il
en
existe,
soientpostérieurs
àa. ,
9 et que tous les autres h+1 de la suite Ja, s’il en
existe,
soient antérieurs àa..
1.S’il
en est ainsi nous dironsaussi que la suite a
présente
un décrochement sur lapaire {i,j}.
Du fait même de leurs définitions les
paires remarquables (stabilisan-
tes ou
décrochantes)
sonttoujours
distinctes despaires
surlesquelles
ona
imposé
les conditions de croissance E . Deplus
ons’assure
facilement que si deuxpaires remarquables {i,j}
et{i’,j’}
ont un élément commun,c’est
toujours
soit i =j’,
soiti’ = j .
Par ailleurs on remarque que pour tout a donné dans
U ,
J’ le nombre der
paires
stabilisantes est exactement n-r . En effet sith
est le nombre de termeségaux
à h dans a, on atl
1 +t2
+ ... +t r =
n . Mais à chacun des ni-veaux h
possibles correspondent
alorsth -
1paires stabilisantes, et
commele nombre de niveaux est r, il y a n-r
paires
stabilisantes au total. Bien entendu sia GU ,
’y iln’y
a aucunepaire
stabilisante. Enfin nous utilise-n
rons la notation
U(r,d)
pourdésigner
lapartie
de U r formée des suitesqui présentent
d décrochements.Exen;ple récapitulatif (n=9, r=6) :
a = 621643532(E U6)
Paires {i,j} remarquables (dont
3stabilisantes puisque
n-r =3) : {2,9} :
stabilisante{6,8} :
stabilisante{5,6} :
décrochante{4,7} :
décrochante{1,4} : stabilisante. a E U(6,2) .
Il est alors commode de définir deux
opérations
inversesl’une
del’au-
tre, que nous
appellerons
tassement etgonflement.
1°) Tassement
Etant donné a dans
U(r,d),
avecd > 1,
et étant donné unepaire
décrochante{i,j}
telle quea. =
i h+1 eta. =
Jh,
tasser a sur{i,j}, c’est
former lasuite b obtenue en
diminuant d’une unité
tous les termes de aqui
sonth+l,
sans rien
changer d’autre.
2°)
GonflementEtant donné b dans
U(r-1, d-1)
et étant donné unepaire
stabilisante{i,j}
telle que
b. =
1b. =
Jh , gonfler
b sur{i,j} c’est
former une suite a enaugmentant d’une
unitéd’une part
tous les termes de bqui
sontégaux
à hmais situés à
gauche
deb. , d’autre part
tous les termes de bqui sont h+1,
1 sans rien
changer d’autre.
On
s’assure
aisément que lesopérations
de tassement et degonflement possèdent toujours
lespropriétés
suivantes :(i)
elles nepeuvent
provoquer aucune violation des conditions de croissance(ii)
elles nechangent
pasl’ensemble
despaires remarquables,
maissubstituent seulement à une
paire
décrochante unepaire
stabilisante etinversement
(iii)
deux tassements successifs oudavantage, portant
sur despaires
{i,j}, {i’,j’},..., produisent
le même résultat finalquel
que soitl’ordre
danslequel
on leseffectue ;
idem pour desgonflements
successifs.6. RELATIONS FONDAMENTALES
Il résulte de ce
qui précède qu’aucun
élément deU k
nepeut présenter
de dé-crochements car
s’il
enprésentait
un onpourrait
par tassement construireun élément de
Uk-1 ,
cequi
estimpossible puisque
estvide.
En outreaucun élément de
Un
nepeut présenter plus
de n-kdécrochements,
sinon onpourrait
par n-k tassementssuccessifs
trouver un élément deUk présentant
un décrochement.
Un
est doncpartitionné,
suivant le nombre dedécrochements,
en n-k+1 classes
V 0 V1 .... Vn-k,
decardinaux respectifs va v1
"*""vn-k
0 1 ’ 0 1 n-
Considérons
alorsl’une quelconque
a desvd permutations appartenant
àVd ; parmi
les dpaires
surlesquelles
aprésente
undécrochement,
choi-sissons-en arbitrairement
p P(de l’une
des(d)
manièrespossibles)
et faisonsp P
les p tassements successifs
qui
on pour effet desupprimer
ces décrochementset eux seuls.
Quel
que soitl’ordre
de cestassements,
on aboutit à un mêmea’ E U(n-p, d-p).
Inversement sil’on part d’un
a’quelconque
deUn- ,
ilsuffit de faire des
gonflements
sur ses ppaires stabilisantes
pourajouter
p décrochements
supplémentaires
à ceux quea’ présente
éventuellementdéjà
et
aboutir
dansVd .
*Il en résulte
l’égalité
dans
laquelle
le termegénéral
de la somme du 2ème membre dénombre les élé-ments de
U(n-p, d-p).
Les deux casparticuliers extrêmes
sont le castrivial
où
p=O, qui
donneu =
et le cas un peu moins évident oùn u i n- K
p=n-k , qui donne uk - vn - k ’
.La résolution des
équations (6)
parrapport
aux v est immédiate et donne£
Mais cette fois le cas où d=0
n’est plus trivial, puisqu’il
donneOr
v0 =
1puisqu’il n’y
aqu’une
seulepermutation
sansdécrochement,
qui
est lapermutation identique.
On obtient ainsi la relationvalable pour tous les ensembles
partiellement
ordonnés decardinal
n et dedegré
k. Cette relation faitl’objet
de deuxdémonstrations indépendantes,
distinctes de celle donnée
ici,
dans[4].
.
L’intérêt principal
des formules(6)
et(7)
est de montrerqu’il
re-vient au même de
connaître,
pour un Edonné,
soit larépartition
despréor-
dres totaux
compatibles
avec E par nombre declasses,
soit larépartition
des extensions linéaires de E par nombre de décrochements par
rapport
àl’une d’entre elles, L ;
iln’était d’ailleurs
nullement évident que cettedernière répartition
devait êtreindépendante
du choix de L. Une telle in-dépendance
est parelle-même
un théorèmegénéral
sur les ensemblespartiel-
lement ordonnés.
7. CAS HOMOGENE
Nous
dirons qu’un
ensemblepartiellement
ordonnéE,
de cardinal n et dedegré k,
esthomogène s’il possède l’une
oul’autre
des deuxpropriétés équivalentes (i)
et(ii) :
(ii)
toutes les suites strictement croissantes maximales(au
sens del’inclusion) d’éléments
de E sont forméesd’exactement
k termes.L’équivalence
de(i)
et(ii) s’établit facilement,
parexemple
par récurrence sur k. Pourk=2,
tout élément deE,
que E soithomogène
ou non, est soitmaximal, soit minimal,
soit les deux à lafois ;
dans ce derniercas il
s’agit d’un
élémentisolé (incomparable
à toutautre). Suivant
quel’ensemble
des éléments isolés de E est vide ou pas, on voitimmédiatement
que deuxpropriétés (i)
et(ii)
sont ou toutes deuxvraies,
ou toutes deuxfausses.
Soit E
donné,
dedegré k >
2. Toute suite strictement croissanted’éléments
deE,
si elle est maximale au sens del’inclusion,
se termine enun élément maximal de
E,
et celaqu’elle comporte
k éléments oumoins ;
onexclut le cas
d’un
élémentunique, qui
serait dans E unpoint isolé, empê-
chant à la fois
(i)
et(ii).
Si l’onsupprime
alors de E tous les élémentsmaximaux et eux
seuls,
il reste un E’ danslequel
toutes les suitesstricte-
ment
croissantes
se trouventraccourcies d’exactement
une unité.Suivant
queE’ , qui
est dedegré k-1 ,
esthomogène
ou non, on voit que sur E les deuxpropriétés (i)
et(ii)
seront de nouveau ou toutes deuxvraies,
outoutes deux fausses.
8. CARACTERE PARITAIRE DE P ET
CONSEQUENCES
Montrons que si E est
homogène,
on peut définir unebijection
entrel’en-
semble des suites
d’idéaux Il
1I2
...It
telles queet
l’ensemble
deshomomorphismes
stricts f de E dans{1~2,...~k+t} . Appelons
en effet vl’homomorphisme "niveau"
de E dans11,2,...,k}, homomorphisme qui
est bien définipuisque uk -
1. Donnons-nous la suiteIl I2
...It et définissons f(x)
parle fait que f est un
homomorphisme
strict de E dansf1,2,...,k+t~
se vérifieimmédiatement
Inversement si
l’on
se donne unhomomorphisme strict
f de E dans{!~2~...,k+t}~
il est facile des’assurer
que l’on atoujours
en effet si x a pour niveau dans E
l’entier v(x) = h ,
ces deuxinégalités
résultent
respectivement
de lapossibilité
defaire
de x le dernierpoint
d’une
suite strictement croissantex1 x2
...x
ou lepremier
point d’une
suite strictement croissante xxh+l
...xk .
Il suffitalors de définir
G ,
pour e =O,l,...,t ,
paret
l’on reconstitue
la suiteIl 12
...1
~qui
sera bien une suite crois-sante
d’idéaux,
parCette
bijection permet d’affirmer
que si E esthomogène
dedegré k ,
on a
(en reprenant
les notationsdu § 3) :
Compte-tenu
de la formulegénérale (5),
on déduit de là que, pourun E
homogène
dedegré k ,
on aCela
signifie
que, au facteur(-1)n près,
lepolynôme P(t) reprend
alors pour t =
-1, -2, -3,
... lesmêmes
valeursrespectives
que pour t =k, k+1, k+2,
... ; ils’agit
doncd’un polynôme paritaire (c’est-à-dire pair
... ) d 1
. bl k-1ou
impair
suivantn)
de lavariable
t -k-1
La
propriété (9)
entraîne uncertain
nombre depropriétés
remarqua- bles des ordrespartiels homogènes.
Une
première d’entre
elles est quesi
E esthomogène
dedegré
k(et
de
cardinal n),
on atoujours
Il
suffit,
pourl’établir, d’égaler
lescoefficients
detn-l d’une
-
-
1
part
dansl’expression générale (1), d’autre part
dans n.(t - 20132013)
2(puisque
les autres termes dudéveloppement paritaire
sont dedegré n-2
en
t).
On trouveainsi
d’où, après multiplication
par(n-1) !, l’égalité
annoncée.Une autre
conséquence remarquable
del’hypothèse d’l-,Giogéi,éité
de Esera la
symétrie interne
de la *Four l’établir on
peut,
avantmême
de supposer que E esthomogène,
seservir des formules
(1)
et(6)
pourexprimer séparément
en fonction des vles deux membres de la formule
(9)
pour0 ~ t ~ n-k .
On trouveainsi,
àl’aide
de calculs binomiauxélémentaires :
Si E est
homogène,
la formule(9) permet d’affirmer
que les deux seconds membres ci-dessus sontégaux,
cequi
donne deproche
enproche :
Le calcul
numérique
effectif dev0 vl v2
...vn-k ,
pour Ehomogène
donné,
estaisé
àconduire, lorsque P(t)
est connu sous la forme(1),
àl’aide
des formules(7) ;
lasymétrie
interne de lasuite constitue
une vé-rification
du calcul.Quelques exemples
seront donnésplus loin.
9. DEGRES 1 ET 2
Pour n
donné,
leplus simple
des ensemblespartiellement
ordonnéshomogènes
est celui
qui
a pourdegré k=1, c’est--à-dire l’ensemble
totalement désordon- né.Malgré
latrivialité
de cepremier exemple, l’illustration
des résultatsci-dessus n’est déjà
pas tout à faittriviale.
On a en effet
P(t) = tn ;
; lescoefficients
u r
de la formule(1)
sontles nombres de
Stirling
de2me espèce multipliés
par r! :1
Quant
aux nombres v , ce sont les nombres dits"eulériens" (cf. [71), qui décomposent (symétriquement)
les n!permutations
de(J
2 ...n) suivant
le nombre de décrochements et dont le tableau commence comme suit :
la récurrence
permettant
de former leslignes
successives de ce tableau estN’importe lequel
des n! ordrespossibles peut
êtrepris
audépart
comme
extension linéaire L ,
donc commesingleton V0
* Lesingleton -
V n- k
=Vn-1
} est donné parl’unique permutation présentant
n-1décrochement,5, laquelle
définitL’ = cp(L)
inverse(ou dual)
de L .Un intérêt
spécial s’attache
aux ensemblespartiellement
ordonnés Equi
sonthomogènes
dedegré
k=2 . Leurs n éléments separtagent
en p élé- ments minimaux et q élémentsmaximaux (p+q = n).
Un tel ensemble est par-faitement
défini soit par ungraphe biparti (cf. [2])
sans sommetsisolés,
soit par un tableau de p
lignes
et q colonnes dont certaines cases sontmarquées d’une croix,
avec une croix au moins parligne
et par colonne.le cas où
p=I (et
defaçon analogue
celui oùq=1)
se ramèneimmédia-
tement au cas du
degré 1 , puisque l’ensemble
desextensions
linéaires se compose de tous lesordres,
au nombre de(n-l)! , auxquels
onimpose
commeseule
contrainte d’avoir
pourminimum
un élément donné.Les cas les
plus simples
àétudier
vont doncêtre
ceux oùp=q=2 ,
etil
n’y
aura en fait que trois cas distincts(à
unautomorphisme près) ,
suivant
que le nombred’arêtes
dugraphe biparti correspondant
sera4,
3ou 2 .
1°)
Le cas de 4arêtes (graphe ’’biparti complet" K2,2 )
estpratique-
ment trivial : choisir une extension linéaire L revient à choisir arbitrai-
rement et
indépendamment l’un
des deux ordrespossibles
sur les élémentsminimaux
et l’un des deux ordrespossibles
sur les élémentsmaximaux, d’où
4
possibilités
entout,
et pour chacuned’elles
la seulepermutation
L’ = ~(L)
à deux décrochements est cellequi
inverse ces deux ordres.2°)
Le cas de 3arêtes, qui
forment alorsnécessairement
unechaîne,
donne 5 extensions linéaires
possibles (v0 = 1, VI = 3, v2 = 1).
An’impor-
te
laquelle L , prise
commesingleton Vo 31
encorrespond
une autreL’= ~(L), qui
est lesingleton V2 correspondant,
etL’ est
dans un certain sens(à
savoir par le nombre de
décrochements) l’extension
’~laplus éloignée’~
de L.Mais ici on constate un
phénomène
nouveau :la ,transformation w qui
fait passer de L à
L’
non seulementn’est plus involutive,
maisn’est
mêmeplus bijective :
ilexiste
en effet uneextension
linéaire(ici
uneseule) qui n’apparaît jamais
commeimage d’ une ~ autre par ~ .
La
fig.
4 montre les 5 extensionspossibles
A B C D E(les points
minimaux du
graphe s’appellent
m etm’ et
lespoints
maximaux M etM’)
fig.
4On
s’assure aisément
quece
qui
se traduit par ungraphe
de latransformation /? représenté fig.
5 :fig.
53°)
Le cas de 2arêtes,
nécessairement isoléesl’une
del’autre
(graphe
nonconnexe),
donne 6 extensions linéairespossibles (v0 = l,
’v. =4, ~ ~ 1).
Kous laissons au lecteur le soin de lesreprésenter
surune
figure analogue
à lafig. 4 ;
remarquonsqu’elles correspondent
aux6
dispositions possibles
des rimes dans unquatrain ayant
deux rimes mas-culines
et deux rimesféminines.
Onpeut
alors noterP
1 etPZ
les deuxcas de
"rimes plates", C1
etC2
les deux cas de"rimes croisées", El
1 etE2
les deux cas de
’’rimes embrassées",
etl’on vérifie
que legraphe
de latransformation w
seprésente
commel’indique
lafig.
6 :f ig.
610. GRAPHES BIPARTIS
Dans le cas
général
des ordrespartiels homogènes
dedegré 2,
le calcul deun d’une part,
celui deu3 d’autre part, peuvent
se conduite par des mé- thodesqui
mettent en évidence deuxpropriétés générales
desgraphes
bi-partis. L’un
etl’autre
calculs’appuient
essentiellement sur la formule(3) relative
auxpolynômes P(t).
Relativement
auxgraphes bipartis,
nousadopterons
les notationsque
voici :
les deux ensembles de sommets, de cardinauxrespectifs
p et q(avec p+q=n),
serontappelés
X etY, l’ensemble
desarêtes
seraE ; l’en-
semble des sommets de X
adjacents
à un sommet y de Y sera notéE(y) ,
laréunion des
E(y) quand
xparcourt
unepartie
B de Y sera notéeE(B) ,
etles cardinaux
respectifs
seronte(y)
ete(B).
Lamême
lettre Edésignera
sans
ambiguité l’ordre partiel
défini sur X LJ Y par le fait quex
y ssi/
x et y sont
adjacents.
lère
propriété
Dans la formule
(3),
ledegré
despolynômes
est n-1 dansl’un
etl’autre
membres.
Comme,
parsuite
de(1), PE a
pour terme deplus
hautdegré
a pour terme de
plus
hautdegré
Le second membre de(3)
est une somme de
polynômes
dont seuls sont dedegré
n-1 ceux pourlesquels
H est un
singleton Si,
pourplus
declarté,
onremplace l’écriture
u ,
J’qui
est relative àE ,
paru(E) ,
la formule(3) indique
ainsi quen
où
F y désigne
legraphe . obtenu
parsuppression
du sommet y de Y .Grâce à
(10),
il sera aisé demonter,
par récurrence sur q , queu(E)
peut être calculé par la formule suivante :
où S
q
désigne
l’ensemble despermutations
deY ,
et oùBS
est lapartie
deq J
Y formée
des j premiers
éléments de lapermutation S .
. En effet sil’on
regroupe,
parmi
lesq!
termes de cette somme, les(q-1)!
termes correspon- dant àdes S qui
se terminent par le sommet y , et si l’on met en communle dernier
dénominateur q+e(Y) = q+p =
n , on met en évidence le termeu(F )
de(10) , auquel
onpeut appliquer l’hypothèse
de récurrence.L’amor-
y
çage de la récurrence pour
q=l
est assuré par le fait queu(E) = p!= (n-1)!
dans ce cas.
La
propriété
desgraphes bipartis qui
en résulteprovient
de la dua- litéordinale, qui
nechange
pasu(E) ;
elle peuts’exprimer
parElle
s’étend,
cornme ons’en
assureaisément,
auxgraphes
pourlesquels
despoints
isolés existent dans X ou dans Y ou dans les deux.La valeur commune des deux membres de
(11)
estminimum
pour le gra-phe complet
K ,qui
la rendégale
etmaximum
pour legraphe
p,q
sans
arêtes, qui
la rendégale
à 1 .r,me
.2me propriété
u2
estégal
à 1 pour tous lesgraphes homogènes
dedegré 2;pour
lesgraphes
de
degré
2qui
. ne sont pashomogènes
etqui
ont donc ipoints isolés, u2
est
égal
à2 puisque
chacun despoints
isoléspeut être
arbitrairement rattaché à chacun des deux niveaux.La formule
(3) indique
que leu3
de Es’obtient
en faisant la sommede tous les
u2
desF(H),
’ H étantn’importe quelle partie
non-vide de Y .Ces
F(H)
sont tous dedegré 2 ,
saufF(Y) qui
est dedegré
1 , et dont leu 2
est donc2~’-2 .
Pour chacun des autresF(H) , u 2
estégal
à21H , i H
étant le nombre de
points
isolés dont lasuppression
de H provoquel’appa- rition ;
on a donc aussii ri = p-e(B) ,
où B = Y-H .Finalement
onobtiendra
en étendant la sommation à toutes les
parties
nonpleines
deY ;
sil’on préfère
étendre à toutes lesparties
deY ,
onpeut
écrireLa
propriété générale correspondante
desgraphes bipartis
résulte denouveau de la
possibilité d’intervertir
X et Y pour cecalcul, d’où
A son tour cette
propriété s’étend
à tous lesgraphes bipartis, même
s’ils
ont despoints isolés.
La valeur commune des deux membres de
(12)
est de nouveau minimum pour legraphe complet
Kp,q ,
qui
la rendégale
à2p
+2q -
1 , et maximum^
p q
, ..
p+q
pour le
graphe
sansarêtes, qui
la rendégale
à 2 .Il. EXEMPLES HOMOGENES DE DEGRE
QUELCONQUE
Lorsque
E esthomogène
dedegré
kquelconque,
il est intéressantd’étudier
les transformations del’ensemble
de sesextensions linéaires
dupoint
devue
qui
était celui desexemples
donnésplus
haut pour k=2 . Cette étude feral’objet d’une publication
ultérieure.Nous nous contentons ici de mentionner trois des
exemples
lesplus simples d’ensembles partiellement
ordonnéshomogènes
dedegré quelconque ;
tous trois sont
composés
de 2mpoints a1 a2
....am
,bl b2
....bm
mais avec en outre les
conditions
suivantes :pour le
premier (fig. 7) :
pour le second
(fig. 8) : a.
etb. incomparables V(i,j)
1.
_j
.pour le troisième
(f1g. 9) :
:a.
1.. ab.
J ssii j4 .
. +-,fig.
7fig.
8fig.
9Les calculs sont assez
simples
dans les trois cas pour que nous lais- sions au lecteur le soin de lesvérifier ;
ils sontquasi
triviaux dans lepremier
des trois. Dans le deuxième il estremarquable
que lesvd
soientdes carrés de binomiaux et les
u
des trinomiaux. Enfin dans letroisième,
r
on voit
apparaître
pourvd
les nombres ditsparfois
deRunyon
ou deNarayana ([8], [5])
et pouru r les
nombres deRaney ([6]) ;
les relations(6)
et(7)
constituent entre ces différentes sortes de nombres des identi- tés faciles à établir par calculdirect,
mais intéressantes surtout par leurssignifications
énumératives.BIBLIOGRAPHIE
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BARBUT M. et MONJARDETB.,
Ordre etClassification, Paris, Hachette,
1970.
[2 ]
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ethypergraphes, Paris, Dunod,
1970.[3 ]
DUSHNIK B. et MILLERE.W., "Partially
orderedsets",
Am. J.Math., 63, (1941),
600-610.[5 ]
NARAYANA T.V. et SATHEY.S., "Minimum
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RANEYG.N., "Functional composition patterns
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[7 ] RIORDANJ.,
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of combinatorialanalysis, N.Y., Wiley,
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RIORDANJ.,
CombinatorialIdentities, N.Y., Wiley, 1968,
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the foundations of combinatorialtheory",
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Wahrscheinlichkeitstheorie
u. verw.Geb., 2, (1964),
340-368.[10]
STANLEYR., ’Ordered
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Memoirs of the Am.Math.