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Lad´ecomposition M = D + N L2Math´ematiques.Math´ematiques:ALGEBRELINEAIREIICoursElisabethREMM

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(1)

L2 Math´ematiques.

Math´ematiques: ALGEBRE LINEAIRE II Cours Elisabeth REMM

Chapitre 5

La d´ecomposition M = D + N

1. Sous-espaces caract´eristiques d’un endomorphisme 1.1. Rappel: D´ecomposition associ´ee `a un endomorphisme diagonalisable.

Dans ce paragraphe, K d´esigne le corps des complexes ou le corps des r´eels. Soit E un K- espace vectoriel de dimension n et soit f ∈ End(E) un endomorphisme de E. Supposons que f soit diagonalisable. Ceci est ´equivalent `a dire:

(1) f admet n valeurs propres distinctes ou confondues (condition toujours r´ealis´ee si K= C). Soient λ1,· · · , λp les valeurs propres deux-`a-deux distinctes de f et r1,· · · , rp leur multiplicit´e respective. Alorsr1+· · ·+rp =n.

(2) Soit Eλi l’espace propre de f associ´e `a la valeur propre λi. Alors dimEλi =ri.

Ces conditions sont ´equivalentes `a

Th´eor`eme 1. Soit f ∈ End(E) un endomorphisme de E. Alors f est diagonalisablesi et seulement si les deux conditions suivantes sont r´ealis´ees:

(1) f admet n valeurs propres distinctes ou confondues. Soient λ1,· · ·, λp les valeurs propres deux-`a-deux distinctes de f.

(2) E =Eλ1 ⊕Eλ2 ⊕ · · · ⊕Eλp.

Cette d´ecomposition deE en somme directe des sous-espaces propres def signifie qu’il existe une base{vλ1,1, vλ1,2,· · · , vλ1,r1}deEλ1, une base{vλ2,1, vλ2,2,· · · , vλ2,r2} deEλ2,· · ·, une base {vλp,1, vλp,2,· · · , vλp,rp} deEλp telles que

{vλ1,1,· · · , vλ1,r1, vλ2,1,· · · , vλ2,r2,· · · , vλp,1,· · ·, vλp,rp}

1

(2)

soit une base de E. De plus, la matrice de f relative `a cette base est la matrice diagonale

λ1 · · · 0 0 · · · 0 · · · 0 ... . .. ... ... ... ... ... ... 0 · · · λ1 0 · · · 0 · · · 0 0 · · · 0 λ2 · · · 0 · · · 0 ... ... ... ... . .. ... ... ... 0 · · · 0 0 · · · λ2 · · · 0 ... ... ... ... ... ... . .. ...

0 0 0 0 0 0 0 λp

Remarque: Cas o`u f n’est pas diagonalisable. Supposons que f admette n valeurs propres distinctes ou confondues et soitλ1,· · · , λp l’ensemble des valeurs propres deux-`a-deux distinctes. Supposons aussi que ne soit pas diagonalisable. Ceci signifie qu’il existe au moins une valeur propre λk pour laquelle

dimEλk < rk

o`u rk est la multiplicit´e de λk. Or on a vu que si λi 6=λj, alors Eλi\

Eλj ={0}

et plus g´en´eralement que la somme des sous-espacesEλ1⊕Eλ2⊕ · · · ⊕Eλp est toujours directe.

Sous nos hypoth`eses, dire que f n’est pas diagonalisable signifie que F =Eλ1 ⊕Eλ2 ⊕ · · · ⊕Eλp

est un sous-espace propre deE.

1.2. Sous-espaces caract´eristiques d’un endomorphisme ayant n valeurs propres.

Soit E un K-espace vectoriel de dimension n, K = C ou R. Soit f ∈ End(E) un endomor- phisme deE. Supposons quef admette n valeurs propres distinctes ou confondues (condition toujours r´ealis´ee si K=C). Soient λ1,· · · , λp les valeurs propres deux-`a-deux distinctes de f etr1,· · · , rp leur multiplicit´e respective. Alorsr1+· · ·+rp =n. Le polynˆome caract´eristique def se d´ecompose ainsi:

Cf(X) = (−1)n(X−λ1)r1(X−λ2)r2· · ·(X−λp)rp.

D´efinition 1. On appelle sous-espace caract´eristique de f attach´e `a la valeur propre λi (i= 1,· · · , p), le sous-espace vectoriel de E, not´e Cλi(f) d´efini par:

Cλi(f) = ker(f−λiIn)ri.

Exemple. Soit f l’endomorphisme de R3 ayant pour matrice relative `a la base canonique:

M =

1 −3 4 4 −7 8 6 −7 7

(3)

Son polynˆome caract´eristique est

Cf(X) = CM(X) = −(X+ 1)2(X−3).

Les valeurs propres sont λ1 = 3, racine simple et λ2 = −1, racine double. Calculons les sous-espaces caract´eristiques.

Cλ1(f) = ker(f −3I3).

Comme la multiplicit´e est ´egale `a 1, on a donc

Cλ1(f) = Eλ1.

Cet espace est de dimension 1, une base est donn´ee par {v1 = (1,2,2)}. Concernant la valeur propreλ2 =−1, on a

Cλ2(f) = ker(f +I3)2 alors que le sous-espace propre est

Eλ2(f) = ker(f +I3).

On a dimEλ2(f) = 1, une base de ce sous-espace est donn´ee par {v1 = (1,2,1)}. On en d´eduit que

F =Eλ1(f)⊕Eλ2(f)

est de dimension 2 et {v1, v2}en est une base. D´eterminons Cλ2(f).

(M+I3)2 =

16 −16 16 32 −32 32 32 −32 32

.

Ainsi le syst`eme

16x−16y+ 16z = 0 32x−32y+ 32z = 0 D’o`u

Cλ2(f) = ker(f+I3)2 ={(x, y,−x+y), x, y∈R}.

Il est de dimension 2, la famille {v2 = (1,0,−1), v3 = (0,1,1)} en est une base. Comme {v1, v2, v3} est une base de R3, on a:

R3 =Cλ1(f)⊕ Cλ2(f).

Remarque. Siv est un vecteur propre associ´e `a la valeur propreλ, il v´erifie (f−λIn)(v) = 0 et donc aussi (f −λIn)k(v) = 0 pour tout entier k ≥1. Ainsi v ∈ Cλ(f) et donc

Eλ(f)⊂ Cλ(f).

Comme dimEλ(f)≥1, on en d´eduit que dimCλ(f)≥1.

(4)

2. Th´eo`eme spectral 2.1. Th´eor`eme spectral.

Th´eor`eme 2. Soient E un K-espace-vectoriel de dimension n et f un endomorphisme de E ayant n valeurs propres distinctes ou confondues. Soitλ1,· · ·, λp les valeurs propres deux

`

a deux distinctes. Alors

E =Cλ1(f)⊕ · · · ⊕ Cλp(f) o`u Cλi(f) est l’espace caract´eristique attach´e `a la valeur propre λi. D´emonstration. Par hypoth`ese le polynˆome caract´eristique s’´ecrit

Cf(X) = (−1)n(X−λ1)r1· · ·(X−λp)rp

PosonsPi(X) = (X−λi)ri etQi(X) = (X−λ1)r1· · ·(X−λi−1)ri−1(X−λi+1)ri+1· · ·(X−λp)rp. Ainsi

Cf(X) = (−1)nPi(X)Qi(X).

Comme λi 6= λj quand i 6= j, les polynˆomes Qi(X) sont premiers entre eux. D’apr`es le th´eor`eme de Bezout il existe des polynˆomes hi(X)∈K[X] tels que

h1(X)Q1(X) +· · ·+hp(X)Qp(X) = 1.

Consid´erons alors les endomorphismes suivants:

fi =Pi(f), gi =Qi(f) li =hi(f) Comme

h1(X)Q1(X) +· · ·+hp(X)Qp(X) = 1 on a

h1(f)◦Q1(f) +· · ·+hp(f)◦Qp(f) =In c’est-´a-dire

l1◦g1 +· · ·+lp◦gp =In. Ainsi pour tout veceurv ∈E on a

(l1◦g1+· · ·+lp◦gp)(v) = v.

Mais les endomorphismesfi et gi v´erifient

fi◦gi =Cf(f) = 0 d’apr`es le th´eor`eme de Cayley-Hamilton. On en d´eduit

fi◦gi◦li = 0.

Mais fi◦gi ◦li = Pi(f)◦Qi(f)◦hi(f) = (PiQihi)(f). Comme le produit des polynˆomes est commutatif, (PiQihi)(f) = (PihiQi)(f) =fi◦li◦gi et donc

fi◦gi◦li =fi◦li◦gi = 0.

Ainsi pour tout v ∈E on a

(li◦gi)(v)∈Ker(fi) = Cλi.

(5)

Mais le vecteurv admet la d´ecomposition

v = (l1◦g1+· · ·+lp◦gp)(v).

On en d´eduit que

E =Cλ1(f) +· · ·+Cλp(f).

Montrons que cette d´ecomposition est directe. Comme E est la somme des sous-espaces car- act´eristiques, tout vecteur v de E se d´ecompose sous la forme

v =v1+v2+· · ·+vp

avec vi ∈ Cλi(f) , i = 1,· · · , k. Pour montrer que la somme des sous-espaces caract´eristiques est directe, il faut montrer que cette d´ecomposition est unique. Calculons g1(v). Comme

g1 =Q1(f) = (f −λ2In)r2 ◦(f−λ3In)r3 ◦ · · · ◦(f−λpIn)rp et comme les facteurs (f−λiIn)ri commutent deux-`a-deux, on a

g1(vi) = 0, i6= 1.

En effet vi ∈ Cλi(f) = ker(f−λiIn)ri.Ainsi

g1(v) =g1(v1).

On en d´eduit

(l1◦g1)(v) = (l1◦g1)(v1).

Or, nous avons vu que pour tout vecteurv ∈E, on a (l1◦g1+· · ·+lp◦gp)(v) =v.En particulier (l1◦g1+· · ·+lp◦gp)(v1) = v1.Mais gi(v1) = 0 d`es que i6= 1. Ainsi

v1 =l1◦g1+· · ·+lp◦gp)(v1) = (l1◦g1)(v1).

On obtient donc

v1 = (l1◦g1)(v).

De mˆeme, nous aurons

vi = (li◦gi)(v), i= 1,· · · , p.

La d´ecomposition v =v1+v2+· · ·+vp est donc ´egale `a v = (l1◦g1+· · ·+lp◦gp)(v) et cette d´ecomposition est bien unique.

2.2. Dimension des sous-espaces caract´eristiques.

Th´eor`eme 3. Soient E un K-espace-vectoriel de dimension n et f un endomorphisme de E ayant n valeurs propres distinctes ou confondues. Soitλ1,· · ·, λp les valeurs propres deux

`

a deux distinctes de multiplicit´e respective r1,· · ·, ri. Alors dimCλi(f) = ri pour tout i= 1,· · · , p.

D´emonstration. D’apr`es la d´efinition de l’endomorphisme fi on a Cλ(f) = Ker(fi). Comme f◦fi =fi◦f l’espace caract´eristique Cλ(f) est invariant par f:

f(Cλ(f))⊂ Cλ(f).

(6)

La restriction fei de f a Cλ(f) est donc un endomorphisme de Cλ(f). Or le polynˆome car- act´eristique Cfe

i(X) divise Cf(X). Ainsi le polynˆome Cfe

i(X) a toutes ses racines dans Kil est donc trigonalisable dans Cλi. Il existe donc une base de Cλi par rapport `a laquelle la matrice defei est du type

λi ? ? ? 0 λi ? ? ... ... . .. ...

0 0 · · · λi

En effet tous les ´el´ements de la diagonale sont ´egaux `a λi car (fei −λiI)ri = 0, par d´efinition de l’espace caract´eristiqueCλi(f).Ainsi l’ordre de cette matrice, qui est la dimension deCλi(f) est inf´erieure ou ´egale `ari:

dimCλi(f)≤ri. Or, d’apr`es le Th´eor`eme 5

r1+r2+· · ·+rp =n

dimCλ1(f) +· · ·+ dimCλp(f) = n.

Ainsi

dimCλi(f) = ri pouri= 1,· · · , p.

3. Un crit`ere de diagonalisation donn´e par le polynˆome minimal 3.1. Sous-espaces caract´eristiques et polynˆome minimal.

Th´eor`eme 4. Soient E un K-espace-vectoriel de dimension n et f un endomorphisme de E ayant n valeurs propres distinctes ou confondues. Soitλ1,· · ·, λp les valeurs propres deux

`

a deux distinctes. Alors si

mf(X) = (X−λ1)s1(X−λ2)s2· · ·(X−λp)sp

est le polynˆome minimal de f, les sous-espaces caract´eristiques attach´es aux valeurs propres de f v´erifient:

Cλi(f) = ker(f −λiIn)si pour tout i= 1,· · · , p.

D´emonstration. Soit Cf(X) le polynˆome caract´eristique de f:

Cf(X) = (−1)n(X−λ1)r1(X−λ2)r2· · ·(X−λp)rp etCλi(f) = ker(f−λiIn)ri.Par hypoth`ese, le polynˆome minimal de f s’´ecrit:

mf(X) = (X−λ1)s1(X−λ2)s2· · ·(X−λp)sp

et 1≤si ≤ri pour tout i= 1,· · · , p.Montrons que Cλi(f) = ker(f−λiIn)si. La dmonstration se calque sur celle tablie au paragraphe pr´ec´edent. Notons Dλi le sous-espace ker(f −λiIn)si.

(7)

PosonsPei(X) = (X−λi)si etQei(X) = (X−λ1)s1· · ·(X−λi−1)si−1(X−λi+1)si+1· · ·(X−λp)sp. Ainsi

mf(X) = Pei(X)Qei(X).

Comme λi 6= λj quand i 6= j, les polynˆomes Qei(X) sont premiers entre eux. D’apr`es le th´eor`eme de Bezout il existe des polynˆomesehi(X)∈K[X] tels que

eh1(X)Qe1(X) +· · ·+ehp(X)Qep(X) = 1.

Consid´erons alors les endomorphismes suivants:





fei =Pei(f), egi =Qei(f) eli =ehi(f) Comme

eh1(X)Qe1(X) +· · ·+ehp(X)Qep(X) = 1 on a

eh1(f)◦Qe1(f) +· · ·+ehp(f)◦Qep(f) =In c’est-´a-dire

el1◦eg1 +· · ·+elp◦egp =In. Ainsi pour tout veceurv ∈E on a

(el1◦eg1+· · ·+elp◦egp)(v) = v.

Posons

Πi =eli◦egi. L’identit´e pr´ec´edente s’´ecrit alors

Π1 +· · ·+ Πp =In. Lemme 1. Les endomorphismes Πj v´erifient

(1)





Π1+· · ·+ Πp =In, Πj ◦Πk= 0 si i6=j

Πj ◦Π−j = Π−j,:j = 1,· · · , p.

D´emonstration. On a d´ej`a montr´e la premi`ere identit´e. Montrons la deuxi`eme. Soient j et k deux indices distincts. On a

Πj ◦Πk =eji◦egj◦elk◦egk

=egj ◦egk◦eji◦elk

En effet nous avons vu que tous les endomorphismes dfinis `a partir de polynˆomes, commutent.

Mais on v´erifie facilement que egj ◦egk s’´crit mf(f)T(f) o`uT(f) est un polynˆome en f. Ainsi, commemf(f) = 0, on a

Πj◦Πk = 0.

Montrons la troisi`eme identit´e. On a

Πj = Πj ◦In= Πj◦(Π1+· · ·+ Πp) = Πj◦Π1+· · ·+ Πj◦Πp) = Πj ◦Πj.

(8)

D’o`u le lemme.

Lemme 2.

(2) ImΠi = ker(f−λiIn)si

D´emonstration. Les endomorphismesfei et egi v´erifient

fei◦egi =egi◦fei =mf(f) = 0 On en d´eduit

fei◦Πi = Πi◦fei =eli◦egi◦fei = 0.

Ainsi

ImΠi⊂kerefi= ker(f−λiIn)si.

Inversement, soit v ∈ker(f −λiIn)si.. Si k est un indice diff´erent de i, alors egk(v) = 0, ∀k 6=i

car egk =Qek(f) et ce dernier polynˆome contient le facteur fei et que tous les facteurs de Q(fe ) commutent. Mais nous avons vu que

v = (el1◦eg1+· · ·+elp◦egp)(v)

= (eli◦egi(v)

= Πi(v).

Ainsiv ∈ImΠi.

On d´eduit directement de ces deux lemmes que

E = ker(f −λ1In)s1 ⊕ · · · ⊕ker(f−λpIn)sp.

Comme chacun des sous-espaces ker(f −λiIn)si est un sous-espaces de Cλi(f), on en d´eduit que la d´ecomposition pr´ec´edente correspond `a la d´ecomposition spectrale, soit

ker(f−λiIn)si =Cλi(f).

D’o`u le th´eor`eme.

3.2. Crit`ere de diagonalisation et polynˆome minimal.

Th´eor`eme 5. Soient E un K-espace-vectoriel de dimensionn et f un endomorphisme de E ayant n valeurs propres distinctes ou confondues. Soit λ1,· · · , λp les valeurs propres deux `a deux distinctes. Alorsf est diagonalisable si et seulement si les racines du polynˆome minimal de f sont simples, c’est-`a-dire si et seulement si

mf(X) = (X−λ1)(X−λ2)· · ·(X−λp).

D´emonstration. Supposons que les racines du polynˆome minimal soient simples. D’apr`es le Th´eor`eme 5, les sous-espaces caract´eristiques v´erifient

Cλi(f) = ker(f −λiIn).

(9)

Ils sont donc ´egaux aux espaces propres Eλi. Comme dimCλi(f) = ri la multiplicit´e de la valeur propreλi, on a

dimEλi =ri

et f est diagonalisable. Inversement, supposons que f soit diagonalisable. Il existe une bese deE, {v1,· · · , vp}constitu´ee de vecteurs propres de f. Consid´erons le polynˆome

P(X) = (X−λ1)· · ·(X−λp) Alors pour tout vecteur propre vi de la base choisie, on a

P(f)(vi) = (f −λ1In)· · ·(f−λpIn)(v).

Mais les facteurs commutent et comme vi est un vecteur propre, il est associ´e `a une valeur propre λl et donc (f −λlIn)(vi) = 0. D’o`u P(f)(vi) = 0 pour tout vecteur vi de la base choisie. Ainsi l’endomorphismeP(f) est nul et P(X) est un polynˆome annulateur de f. C’est le polynˆome minimal et toutes ses racines sont simples.

4. La d´ecomposition M =D+N 4.1. Matrices nilpotentes.

D´efinition 2. Une matrice M ∈ Mn(K) est dite nilpotente s’il existe un entier k ≥ 0 tel que

Mk = 0.

Soit λ une valeur propre de la matrice nilpotente M. On sait alors que λp est une valeur prore de Mp. Il s’en suit que λk est une valeur propre de Mk. Or par hypoth`eseMk = 0. On en d´eduit que λk = 0 et donc λ = 0. De plus, il est clair que le polynˆome P(X) = Xk est un polynˆome annulateur de M. Comme tout polynˆome qui divise P(X) = Xk est du type Xp avec p ≤ k, le polynˆome minimal de M est donc du type Xp. Soit nM le plus petit entier k tel que Mk = 0. Cet entier est appel´e l’indice de nilpotence de la matrice nilpotente M. Le polynˆome minimal deM est donc

mM(X) = XnM.

En particulier, ce polynˆome n’a que des racines simples seulement si nM = 1. Dans ce cas mM(X) = X et doncmM(M) =M = 0. En r´esum´e:

Proposition 1. Soit M ∈ Mn(K) une matrice nilpotente. Alors les valeurs propres de M sont toutes nulles. Si nM est son indice de nilpotence, alors le polynˆome minimal de f est mM(X) = XnM. En particulier une matrice nilpotente est diagonalisable si et seulement si elle est nulle.

Il est ´egalement clair que si M est nilpotente, toute matrice sembleble M4 = P−1M P est aussi nilpotente et de mˆeme indice de nilpotence.

(10)

D´efinition 3. Soit E un K-espace vectoriel de dimension finie. Un endomorphisme f de E est dit nilpotent s’il existe un entier k tel que

f◦f· · · ◦f =fk = 0.

SiM est la matrice def relative `a une base deE donn´ee, alorsM est une matrice nilpotente.

4.2. La d´ecomposition M =D+N, cas complexe K=C.

Th´eor`eme 6. SoitM ∈mn(C)une matrice complexe. Il existe un unique couple de matrices (D, N) de mn(C) tel que

(1) D est une matrice diagonalisable, (2) N est une matrice nilpotente (3) M =D+N

(4) DN =N D.

Au lieu de d´emontrer ce r´esultat, on propose une m´ethode pratique de d´etermination directe des matricesA etN. Cette m´ethode est bas´ee sur la d´etermination des projecteurs Πk d´efinis dans la relation (1).

M´ethode de calcul des matrices A et N.

(1) On d´etermine le polynˆome minimal mM(X) de la matrice M et on le factorise:

mM(X) = (X−λ1)s1(X−λ2)s2· · ·(X−λp)sp. (2) On d´ecompose en ´el´ements simples la fraction rationnelle 1

mM(X):

(3) 1

mM(X) = R1(X)

(X−λ1)s1 + R2(X)

(X−λ2)s2 +· · ·+ Rp(X) (X−λp)sp

o`u Ri(X) est un polynˆome de degr´e inf´erieur ou ´egal `asi−1, pour i= 1,· · · , p.

(3) Posons

Qei(X) = (X−λ1)s1· · ·(X−λi−1)si−1(X−λi+1)si+1· · ·(X−λp)sp Alors mM(X) = Qei(X)(X−λi)si pour touti= 1,· · · , p.

(4) Multiplions les deux membres de l’´equation (3) par mM(X):

(4) 1 = R1(X)mM(X)

(X−λ1)s1 +R2(X)mM(X)

(X−λ2)s2 +· · ·+ Rp(X)mM(X) (X−λp)sp et simplifions

(5) 1 = R1(X)Qe1(X) +R2(X)Qe2(X) +· · ·+Rp(X)Qep(X).

(11)

(5) Posons

Ni(X) = Ri(X)Qei(X) pour i= 1,· · · , pet consid´erons les matrices

Πi =Ni(M).

(6) La matrice A est la matrice

A=λ1Π1(M) +λ2Π2(M) +· · ·+λpΠp(M).

(7) La matice N est la matrice

N =M −A.

Exemple. Soit la matrice

M =

1 −3 4 4 −7 8 6 −7 7

 Son polynˆome caract´eristique est

Cf(X) = CM(X) = −(X+ 1)2(X−3).

Au paragraphe1.2 nous avons vu que cette matrice n’´etait pas diagonalisable. On a donc mM(X) = (X+ 1)2(X−3).

Posons

1

mM(X) = 1

(X+ 1)2(X−3) = R1(X)

(X+ 1)2 + R2(X) (X−3)

les polynˆomes R1(X) ´etant de degr´e inf´erieur ou ´egal `a 1 etR2(X) de degr´e 0, c’est donc une constante. On d´etermine directement R2(X) en multipliant toute l’identit´e par X−3 puis en faisantX = 3. On en d´eduit

R2(X) = 1 16.

PosonsR1(X) =aX +b. On d´etermine les constantes a et b (comme on veut): par exemple, on multiplie l’identit´e par X et on fait tendre X vers l’infini, ceci donne

0 =a+ 1 16 soit

a=− 1 16 et si X = 0:

−1

3 =b− 1 48 soit

b=−15 48 ce qui donne

1

mM(X) = 1

(X+ 1)2(X−3) = −161 X−1548 (X+ 1)2 +

1 16

(X−3). Multiplions les deux membres par (X+ 1)2(X−3). Il vient

1 = (− 1

16X−15

48)(X−3) + 1

16(X+ 1)2.

(12)

Ainsi





N1(X) = (− 1

16X−15

48)(X−3) = − 1

16X2−1

8X+15 16 N2(X) = 1

16(X+ 1)2 = 1

16X2+1

8X+ 1 16. On pose





Π1 =N1(M) = − 1

16M2− 1

8M +15 16I3 Π2 =N2(M) = 1

16(M +I3)2. et

D=λ1Π12Π2 =−Π1+ 3Π2. On obtient

Π1 =

0 1 −1

−2 3 −2

−2 2 −1

 Π2 =

1 1 1

2 −2 2 2 −2 2

et donc

D=

3 −4 4 8 −9 8 8 −8 7

 N =

−2 1 0

−4 2 0

−2 1 0

.

5. Exponentielle d’une matrice complexe 5.1. Rappel.

D´efinition 4. Soit M ∈ mn(K) une matrice `a coefficients dans K. Alors Exp M =In+M+ 1

2!M2+· · ·+ 1

n!Mn+· · ·=

+∞

X

n=0

1 n!Mn.

Nous avons vu que cette s´erie convergeait pour toute matriceM. Donc l’exponentielle d’une matrice carr´ee existe toujours. De plus c’est une matrice inversible qui v´erifie

(Exp M)−1 =Exp(−M).

Nous avons vu ´egalement que si M etM0 commutent, alors Exp(M +M0) =Exp(M)·Exp(M0).

(13)

5.2. Exponentielle d’une matrice nilpotente.

Soit M ∈ Mn(K) une matrice nilpotente. Soit p son indice de nilpotence:

Mp = 0.

Dans ce cas, l’exponentielle de la matriceM se calcule `a partir de la d´efinition, le d´eveloppement en s´erie se r´eduisant ici `a un simple d´eveloppement polynomial:

Exp M =In+M + 1

2!M2+· · ·+ 1 p!Mp. Exemple. Soit la matrice

N =

−2 1 0

−4 2 0

−2 1 0

. Elle v´erifie

N2 =

0 0 0 0 0 0 0 0 0

et doncN est une matrice nilpotente d’indice de nilpotence ´egal `a 2. On en d´eduit Exp N =I3+N =

−1 1 0

−4 3 0

−2 1 1

.

5.3. Exponentielle d’une matrice M =D+N.

SoitM inMn(C) etM =D+N sa d´ecomposition. CommeD est diagonalisable, nous savons calculer son exponentielle: SoitD0 =P−1DP une matrice diagonale sembleble `aD. Alors

ExpD=P ·ExpD0·P−1.

CommeN est nilpotente, nous venons de voir comment calculer son exponentielle. Comme les matrices D etN commutent, on en d´eduit

ExpM =ExpD·ExpN.

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EXERCICES

Exercice 1

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