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Quelques polynˆomes caract´eristiques 6

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Texte intégral

(1)

QUELQUES POINTS D’ALG`EBRE (LIN´EAIRE) par Daniel Ferrand, et avec relecture par Michel Coste (F´evrier 2008)

. . . le langage et les m´ethodes des K[X]-modules de type fini ne sont pas v´eritablement compris.

(Rapport du jury, 1997, p. 132)

1. Modules

2. LeK[T]-module associ´e `a un endomorphisme 3. Le lemme des noyaux et des quotients 4. Endomorphismes semi-simples 5. Quelques polynˆomes caract´eristiques 6. Commutant

1. Modules

SiAest un anneau, une structure de A-module sur un groupe ab´elienM consiste en une application A×M →M, qui sera not´ee (a, x)7→a.x, v´erifiant les propri´et´es 1 `a 4 suivantes :

1. ∀a∈A, ∀x∈M, ∀y∈M, a.(x+y) =a.x+a.y.

L’applicationx7→a.xrespecte donc la loi de groupe de M; autrement dit, cette structure est la donn´ee d’une application

ρ:A−→End(M).

2. ∀a∈A, ∀b∈A, ∀x∈M, (a+b).x=a.x+b.x.

Autrement dit, `a la somme dansA, l’applicationρfait correspondre la somme d’endomorphismes : ρ(a+b) =ρ(a) +ρ(b).

3. ∀a∈A, ∀b∈A, ∀x∈M, (ab).x=a.(b.x).

Autrement dit, au produit dansA, ρfait correspondre la composition des endomorphismes :ρ(ab) = ρ(a)◦ρ(b).

4. ∀x∈M, 1.x=x.

Ou encore :ρ(1) = IdM.

Bref, une structure de A-module sur le groupe ab´elien M est exactement un morphisme d’anneaux (unitaires)

ρ:A−→End(M).

Pour unA-moduleM et un id´ealI ⊂A, on noteIM le sous-module de M form´e des sommes finies Paixi, avecai∈I etxi∈M; lorsqueI est monog`ene, c’est-`a-dire siI=aA, alorsIM =aM.

SiIM = 0, c’est-`a-dire si ax= 0 pour tout a∈I et toutx∈M, alors on a I⊂Ker(ρ), de sorte que ρse factorise en

A−→A/I−→End(M);

(2)

autrement dit, M est unA/I-module.

Lorsque A = K est un corps (commutatif), une structure de K-module n’est rien d’autre qu’une structure deK-espace vectoriel.

Rappelons qu’uneK-alg`ebre est un anneauA muni d’un morphisme d’anneaux unitairesα:K→A tel que α(K) soit dans le centre de A; commeK est un corps, un tel morphisme est injectif d`es que A est non nul (c’est-`a-dire d`es que 1A6= 0A), et permet donc d’identifierKau sous-corpsα(K)⊂A; si A et B sont des K-alg`ebres, un morphisme de K-alg`ebres f :A→B est un morphisme d’anneaux qui est l’identit´e sur le sous-corps K.

SoientMunK-espace vectoriel, etAuneK-alg`ebre. Lorsqu’on consid`erera une structure deA-module surM, il sera toujours sous-entendu qu’elle prolongera sa structure d’espace vectoriel, ce qui s’´ecrit :

∀λ∈K, ∀x∈M, λ.x=λx.

En vertu de la propri´et´e 3, le fait que λ soit dans le centre de A implique que pour tout a A, on a a.(λx) = (aλ).x= (λa).x=λ(a.x) ; autrement dit, que ρ(a) estK-lin´eaire. En notant EndK(M) End(M) la K-alg`ebre des endomorphismes K-lin´eaires deM, on supposera donc toujours que ρest un morphismedeK-alg`ebres :

ρ:A−→EndK(M).

2. Le K[T]-module associ´e `a un endomorphisme

Dans toute la suite K d´esigne un corps et V un K-espace vectoriel de dimension finie.

On va d´evelopper l’id´ee suivante :

La donn´ee d’une application K-lin´eaire u : V →V ´equivaut `a la donn´ee d’une structure de K[T]- module sur V.

Nous d´esignerons souvent paru.xl’image u(x) dexparu.

A un endomorphisme` u∈EndK(V) est associ´e un unique morphisme de K-alg`ebres ρ:K[T]−→EndK(V),

caract´eris´e par la condition :ρ(T) =u. L’image parρdu polynˆomep(T) =a0+a1T+· · ·+anTn ∈K[T] est donc l’endomorphismep(u) =a0IdV +a1u+· · ·anun (Il faut peut-ˆetre insister sur le fait queu0est l’application identique de V, et que pourn≥1,un est len-i`eme it´er´e deu). L’image du produit pq de deux polynˆomes est le compos´e des endomorphismes ; cela s’´ecrit

(pq)(u) =p(u)◦q(u).

La structure deK[T]-module surV peut aussi ˆetre d´ecrite par l’application K[T]×V −→V, (p(T), x)7→p(u).x.

Lorsqu’on munitV de cette structure deK[T]-module associ´ee `au, on le noteVu, et on parle simplement dumodule Vu.

L’image du morphismeρest not´ee parK[u]⊂EndK(V) ; c’est la sous-K-alg`ebre de EndK(V) engendr´ee paru, c’est-`a-dire l’ensemble des endomorphismes deV qui s’expriment comme des polynˆomes enu.

Voici quelques traductions de notions li´ees `auen les notions ´equivalentes dans le langage des modules :

(3)

2.1 Sous-espace stable

«W est un sous-module deVu» signifie :«W est un sous-espace vectoriel deV, stable sousu».

2.2 Annulateur

Pour un polynˆome p∈K[T], les propri´et´es suivantes sont ´equivalentes : -p(T) annuleVu;

- pour toutx∈V, p(u).x= 0 ; -p(u) = 0 ;

- le morphismeρ:K[T]−→EndK(V) passe au quotient et se factorise parK[T]/(p)−→EndK(V) ; -Vuest unK[T]/(p) -module.

Lorsque p(T) = T −λ, cette condition signifie que pour tout x V, u(x) = λx; noter qu’alors K[T]/(p) est isomorphe `aK, et que, justement, l’isomorphisme est celui qui envoieT surλ(encore un exemple o`u dire que deux objets sont isomorphes sans donner l’isomorphisme, fait perdre toute l’infor- mation importante).

A` un polynˆomeq, on peut associerdeux modules annul´es parq : - Le sous-espace Ker(q(u)).

- Le quotientV /q(u)V, o`u on noteq(u)V le sous-espace form´e des ´el´ementsq(u).xpourxparcourant V ; c’est le sous-espace image Im(q(u)) de l’endomorphismeq(u) ; comme ce sous-espace est stable pour u, l’endomorphismeupasse au quotient et d´efinit un endomorphisme deV /q(u)V, lequel endomorphisme est annul´e parq.

Dans certains cas, les deux modules Ker(q(u)) et V /q(u)V sont isomorphes (voir plus bas le lemme des noyaux).

2.3 Polynˆome minimal

CommeV est de dimension finie, le noyau du morphismeρ:K[T]−→EndK(V), c’est-`a-dire l’annu- lateur du module Vu, est un id´eal principal qui est non nul puisque EndK(V) est de dimension finie sur K, et pasK[T] ; il est donc engendr´e par un unique polynˆome unitaire, nomm´e lepolynˆome minimal de u, et not´eµu, ouπu, et ici plus simplementm; l’espaceVu est donc unK[T]/(m)-module. Par d´efinition dem, le morphisme

K[T]/(m)−→EndK(V) est injectif, de sorte qu’on obtient un isomorphisme deK-alg`ebres

K[T]/(m) −→g K[u].

Supposons que le polynˆome minimalmsoit irr´eductible dansK[T], de sorte que le quotientL=K[T]/(m) soit un corps ;Vudoit ˆetre alors vu comme unL-espace vectoriel, et, par exemple, les sous-espaces stables sousu sont exactement les sous-L-espaces vectoriels.

2.4 Sous-espace cyclique

«Vu est un module monog`ene» signifie : «il existe x V tel que pour tout y V il existe un polynˆome p∈K[T] tel que y=p(u).x», c’est-`a-dire : «il existex∈V tel que l’espace vectorielV soit engendr´e par la famille{x, u.x, u2.x, . . .}».

Si m d´esigne le polynˆome minimal de u, ceci ´equivaut aussi `a : il existe x V tel que l’application K[T]→V d´efinie parp(T)7→p(u).x, passe au quotient et donne unisomorphisme deK[T]/(m)-modules

2.4.1 ϕx:K[T]/(m) −→g Vu.

(4)

2.4.2 Proposition SiVuest cyclique l’ensemble de ses sous-espaces stables est fini. R´eciproquement, si cet ensemble est fini et si le corps K est infini, alorsVu est cyclique.

PosonsA =K[T]/(m), choisissons un g´en´erateurx∈ V, comme ci-dessus, et consid´erons l’isomor- phisme 2.4.1 ϕx:A −→g Vu

Les sous-espaces u-stables de V correspondent via ϕx aux sous-espaces de A stables sous le produit par un quelconque polynˆome, c’est-`a-dire aux id´eaux de l’anneau A. Comme A est le quotient de K[T] par l’id´eal engendr´e parm, les id´eaux deAcorrespondent bijectivement `a ceux deK[T] qui contiennent m, c’est-`a-dire finalement auxdiviseurs unitairesdem, puisqueK[T] est principal. Ils sont en nombre fini.

R´eciproquement, supposons que l’ensemble des sous-espacesu-stables deV soit fini, et soientW1, . . . , Ws

ceux qui sont distincts de V. Comme K est infini (il suffirait que K contienne plus des´el´ements, voir Gourdon p. 110), la r´eunion de ces sous-espaces est distincte deV. Consid´erons alors un ´el´ementxdeV qui ne soit dans aucun de ces Wi. Le sous-espace Im(ϕx) = Axest stable et n’est contenu dans aucun desWi. C’est doncV.¤

2.4.3 Supposons toujours que Vu soit cyclique, de g´en´erateurx. Notons t la classe de T dans A = K[T]/(m), de sorte que les ´el´ements deAsont de la formep(t) ; l’application 2.4.1 s’´ecrit alors

ϕx(p(t)) =p(u).x.

Soitv:V →V un endomorphismeK-lin´eaire ; commeϕx est surjective, il existe un polynˆome p(T) tel quev.x=p(u).x. Montrons que siv commute avecu, alors, pour touty∈V, on av.y=p(u).y, c’est-

`a-dire v =p(u) : en effet, la surjectivit´e de ϕx implique que tout ´el´ementy est de la forme y =q(u).x; on a donc

v.y = vq(u).x vu=uv= q(u)v.x = q(u)p(u).x qp=pq= p(u)q(u).x= p(u).y.

Ainsi, lorsque V est cyclique pour u, le sous-anneau de EndK(V) form´e des endomorphismes qui commutent avecu(ce qu’on nommera plus bas lecommutant) est form´e des polynˆomes enu. Noter que la r´eciproque est vraie : si le commutant de uest form´e des polynˆomes enu, alorsV est cyclique pouru.

Mais ceci est un th´eor`eme ! (voir §6)

3. Le lemme des noyaux et des quotients

DansK[T], soitq=q1q2. . . qsla d´ecomposition d’un polynˆomeqen produit de polynˆomesqipremiers entre eux deux `a deux. Le th´eor`eme chinois indique un isomorphisme d’anneaux

K[T]/(q) −→g K[T]/(q1)×. . . ×K[T]/(qs).

On all`egera l’´ecriture de cet isomorphisme en :

3.1 A f A1×. . .× As.

Soitu: V V un endomorphisme tel que q(u) = 0 de sorte que V est unA-module. Le classique

«lemme des noyaux» ´enonce que tout A-module se d´ecompose en une somme directe de Ai-modules.

Plus pr´ecisement, l’application canonique

3.2 M

i

Ker(qi(u)) −→g V, est un isomorphisme.

(5)

Il faut voir le th´eor`eme chinois et le lemme des noyaux comme deux faces de la mˆeme propri´et´e. Voici comment.

En consid´erant les ensembles d’applications A-lin´eaires de chacun des membres de 3.1 dans V, on obtient un isomorphisme

3.3 HomA(A, V) f HomA(A1, V)⊕ · · · ⊕HomA(As, V).

Or, une application α:A →V, si elle estA-lin´eaire est enti`erement d´etermin´ee par α(1) =x, puisque α(a) =aα(1) =a.x. Par suite l’application HomA(A, V) V, α7→α(1), est un isomorphisme.

On constate tout aussi simplement qu’une application A-lin´eaire α : Ai = K[T]/(qi) V est d´etermin´ee par l’´el´ementα(1)∈V, soumis `a la seule condition d’ˆetre annul´eqi(u) ; on a donc un isomor- phisme

HomA(K[T]/(qi), V) f Ker(qi(u)), ce qui s’´ecrit aussi

HomA(Ai, V) f Ker(qi(u)).

Ainsi, l’isomorphisme 3.2 est-il une r´e´ecriture de 3.3, et ce dernier est une cons´equence th´eor`eme chi- nois 3.1.

Apr`es les noyaux, il convient de consid´erer les images, et les quotients, et d’appliquer le th´eor`eme chinois directement `aV.

En effet, comme les polynˆomesqi(T) sont deux `a deux premiers entre eux, la relation de B´ezout montre que les sous-espaces Im(qi(u)) = qi(u)V sont deux `a deux ´etrangers, au sens suivant : pouri 6=j, on a qi(u)V +qj(u)V =V; le th´eor`eme chinois implique que l’application

V −→ V /q1(u)V ⊕ · · · ⊕ V /qs(u)V est surjective.

On pourrait v´erifier directement que le noyau de cette application, c’est-`a-dire iqi(u)V est ´egal `a q(u)V = 0, et donc que c’est un isomorphisme, mais on va plutˆot le d´eduire d’une remarque importante parce qu’elle relie entre eux ces diff´erents points de vue.

On va montrer en effet que pour chaquei, l’application compos´ee

(?) Ker(qi(u)) V −→ V /qi(u)V

est un isomorphisme.

Fixons donc un indicei; les polynˆomespi=q/qietqisont premiers entre eux ; il existe donc, d’apr`es B´ezout, des polynˆomes ri, si∈K[T] tels que

3.4 1 = ri(T)pi(T) +si(T)qi(T).

Ainsi, pour toutx∈V, on a

x = ri(u)pi(u).x+si(u)qi(u).x.

Soit x =qi(u).y un ´el´ement de qi(u)V ; comme pi(u)qi(u) = q(u) = 0, on ax = si(u)qi(u).x; si on a, de plus, x∈ Ker(qi(u)), alors x= 0 ; ainsi, Ker(qi(u))∩qi(u)V = 0, et cela entraˆıne l’injectivit´e de l’application compos´ee (*) ; la formule du rang montre que l’on a mˆeme une d´ecomposition en somme directe

V = Ker(qi(u))Im(qi(u)).

(6)

Cela montre la surjectivit´e de l’application (*).

L’´egalit´e de B´ezout 3.4 a une autre cons´equence : posons εi(T) = ri(T)pi(T) ; ce polynˆome v´erifie les congruences suivantes

εi 0 mod. qj, pourj6=i, et εi 1 mod. qi.

(La premi`ere congruence vient de ce que qj divise pi lorsque j 6=i). On en d´eduit imm´ediatement les relations :P

iεi1 mod.qetqiεi0 mod.q. Par suite, dans le lemme des noyaux, l’´egalit´e X

i

εi(u).x = x

pr´ecise l’isomorphisme 3.2, en montrant, en particulier, que la composanteεi(u).xKer(qi(u)) s’obtient

`a l’aide d’un polynˆome enu.

En conclusion, il convient de mettre en regard le lemme des noyaux et un «lemme des quotients», formellement analogue au th´eor`eme chinois, et de consid´erer simultan´ement les deux d´ecompositions

suivantes. M

i

Ker(qi(u)) −→g V −→g M

i

V /qi(u)V.

4. Endomorphismes semi-simples.

Soient, comme plus haut,V un espace vectoriel de dimension finie sur un corpsK, etu:V →V un endomorphismeK-lin´eaire ; on noteA=K[u]⊂EndK(V) la sous-K-alg`ebre form´ee des polynˆomes enu.

On dit queuest semi-simple si tout sous-espace de V stable paruadmet un suppl´ementaire stable ; il revient au mˆeme de dire que tout sous-A-module de Vu admet un sous-A-module suppl´ementaire. Si A est un corps, c’est-`a-dire si le polynˆome minimal de u est irr´eductible, alorsuest semi-simple. Plus g´en´eralement,

4.1 Proposition Avec les notations qui pr´ec`edent, les propri´et´es suivantes sont ´equivalentes : i) L’endomorphismeuest semi-simple ;

ii) l’anneauA=K[u]est r´eduit (i.e son seul ´el´ement nilpotent est 0) ;

iii) le polynˆome minimal deuest produit de polynˆomes unitaires irr´eductibles distincts.

i⇒ ii : Soitα∈A =K[u] un ´el´ement nilpotent et W unA-module suppl´ementaire deα(V), d’o`u la d´ecomposition V =α(V)⊕W; tout x∈V s’´ecrit donc sous la forme x=y+z, avecy ∈α(V) et z W; comme W est stable, on a α(z) W, et par suite α(x−y) = α(z) α(V)∩W = 0 ; ainsi, α(x) = α(y) α2(V) ; bref, α(V) = α2(V). Comme αest suppos´e nilpotent, on en d´eduit α(V) = 0, c’est-`a-direα= 0.

ii⇒iii: Soitm le polynˆome minimal deu, de sorte qu’on a un isomorphisme K[X]/(m) −→g K[u].

S’il existait un polynˆome q non constant et tel que q2 divise m, on pourrait ´ecrire m =pq2; la classe modulomdu polynˆome pq serait non nulle et de carr´e nul, etK[u] ne serait pas r´eduit.

(7)

iii⇒i: Ecrivons la d´ecomposition du polynˆome minimal en produit de polynˆomes unitaires irr´eductibles distincts :

m=m1. . . . ms.

SoitW V un sous-espace stable ; en appliquant le lemme des noyaux `a V et `aW on obtient les

d´ecompositions M

i

Ker(mi(u)) −→g V, M

i

Ker(mi(u))∩W −→g W.

Par d´efinition, l’espace Ker(mi(u)) est annul´e parmi(u), c’est donc un module sur l’anneau quotient Ai =K[T]/(mi(T)), lequel est un corps puisque les mi sont irr´eductibles ; bref, Ker(mi(u)) est un Ai- espace vectoriel, et son sous-espace Ker(mi(u))∩W admet unAi-espace suppl´ementaire Wi0. Force est alors de constater que W0=L

Wi0 est un suppl´ementaire deW dansV, qui est stable sousu.

5. Quelques polynˆomes caract´eristiques

Soitχu(T) = det(TIdV −u) =Td+ad−1Td−1+· · ·+a0 le polynˆome caract´eristique de u. La K- alg`ebreR =K[T]/(χu) admet pour base la famille 1, t, t2, . . . , td−1, o`u td´esigne la classe de T dansR, et o`ud= dim(V) ; dans cette base la matrice de la multiplication partest la fameuse matrice compagne deχu

5.1









0 0 0 . . . 0 −a0

1 0 0 . . . 0 −a1

0 1 0 . . . 0 −a2

... ...

0 . . . 0 −ad−2

0 . . . 1 −ad−1









Le polynˆome caract´eristique de cette matrice est ´egal `aχu( On peut le v´erifier directement, par exemple par r´ecurrence ; mais on peut aussi remarquer que χu est visiblement le polynˆome minimal de cette ma- trice, et il a le bon degr´e pour ˆetre ´egal au polynˆome caract´eristique).

Par d´efinition, leK-vectorielR est cyclique pour l’endomorphismer7→tr; cela montre, entre autre, qu’en g´en´eral, il n’est pas isomorphe au vectoriel V muni de u. Cependant, on a le r´esultat important suivant, d´esign´e parfois sous le nom de«th´eor`eme spectral». Dans l’´enonc´e, on ´ecrit detR et detV pour signaler clairement les espaces o`u op`erent les endomorphismes.

5.2 Proposition Pour tout polynˆome q(T)∈K[T], on a

detR(r7→q(t)r) = detV(q(u)).

Plus g´en´eralement, le polynˆome caract´eristique de l’applicationr7→q(t)r, et celui de q(u) sont ´egaux.

Dans la suite l’application R→R, r7→q(t)r sera simplement not´eeq(t) ; avec cette convention,χt

est le polynˆome caract´eristique de la matrice compagne, et on peut donc ´ecrire χt = χu; la seconde partie de la proposition s’´ecrit χq(t)=χq(u).

(8)

Cette deuxi`eme assertion se d´eduit d’ailleurs de la premi`ere : supposons d’abord que le corps K soit infini. Pour tout λ K, la premi`ere ´egalit´e appliqu´ee au polynˆome λ−q(T), donne detR−q(t)) = detV(λIdV −q(u)), c’est-`a-dire

χq(t)(λ) = χq(u)(λ).

Comme cette ´egalit´e est vraie pour tous lesλ∈K, et queKest infini, les polynˆomesχq(t)(T) etχq(u)(T) sont ´egaux.

En g´en´eral, et en particulier si le corpsKest fini, il faut consid´erer l’extension de corpsK→ K(X), et choisir une base deV ; cela permet d’identifieru`a une matrice `a coefficients dansK, donc,a fortiori,

`a coeffficients dans le corpsK(X) ; on applique alors l’´egalit´e des d´eterminants au polynˆomeX−q(T) K(X)[T] (c’est un polynˆome enT, puisqueX est dans le corps de baseK(X)).

D´emontrer la premi`ere assertion consiste `a v´erifier l’´egalit´e de deux ´el´ements de K; comme toute extension de corps K L est un morphisme injectif, on peut «grossir» le corps de base autant que n´ecessaire pour simplifier la situation. On peut d´ecomposer soit le polynˆome χu, soit le polynˆome q(T).

Les deux proc´ed´es sont instructifs.

1) Premi`ere m´ethode : d´ecomposerχu.

SoitK →L une extension de d´ecomposition du polynˆome caract´eristique, de sorte que dansL[T], on a

χu(T) = Y

i

(T −αi).

On ne pr´etend ´evidemment pas que les valeurs propres soient distinctes.

D´emontrons d’abord directement l’´enonc´e suivant qui apparaˆıtra plus bas comme un corollaire de la pro- position.

5.3 Corollaire Supposons que le polynˆome caract´eristique de usoit scind´e : χu(T) = Q

i(T −αi).

Alors pour tout polynˆome q(T), on adetV(q(u)) =Q q(αi).

On peut en effet trouver une base deV relativement `a laquelle la matrice deuest trigonale sup´erieure

`a termes diagonaux les αi; on constate alors imm´ediatement que la matrice de q(u) relativement `a cette mˆeme base est trigonale sup´erieure `a termes diagonaux les q(αi), ce qui montre que detV(q(u)) = Qq(αi).¤

Revenons `a la d´emonstration de 5.2. On applique 5.3 d’une part `a l’espace vectoriel R muni de la multiplication par t, et d’autre part `a V muni deu; ces deux endomorphismes ontχu pour polynˆome caract´eristique, comme il a ´et´e rappel´e ; si ce dernier est scind´e, le corollaire montre que detR(q(t)) = Qq(αi), et queQ

q(αi) = detV(q(u)) ; d’o`u l’´egalit´e annonc´ee.¤

2) Deuxi`eme m´ethode : d´ecomposerq(T).

En passant `a une extension de d´ecomposition deq, on peut supposer queq(T) =aQ

(T−βi). Comme le d´eterminant est multiplicatif, il suffit de v´erifier l’´egalit´e de 5.2 lorsque qest de la formeq(T) =T−β; mais alors, detR(t −β) = (−1)ddetR−t) = (−1)dχu(β). De mˆeme, q(u) = u−β, de sorte que detV(u−β) = (−1)ddet(β−u) = (−1)dχu(β) ; cela donne l’´egalit´e cherch´ee.¤

5.4 Remarque La conclusion de 5.2 reste vraie siK est un anneau (commutatif) et siV est un K- module libre de rangd; le second proc´ed´e donne encore une d´emonstration `a condition d’ˆetre l´eg`erement modifi´e : par division euclidienne par le polynˆome unitaireχu, on peut supposer d’abord queqest de degr´e

< d; on remarque ensuite qu’on ne change pas la conclusion en rempla¸cantqparp(T) =q(T) +χu(T) ; mais ce polynˆome pest unitairede degr´ed; `a ce titre il admet un morphisme de d´ecompositionK→L

(9)

qui est un K-module libre ; le morphisme K L est donc injectif. La fin de la d´emonstration est in- chang´ee.

5.5 Corollaire Le polynˆome caract´eristique et le polynˆome minimal ont les mˆemes racines (dans une extension convenable du corps de baseK).

En effet, comme le polynˆome minimalm(T) divise le polynˆome caract´eristique, toute racine demest racine deχu. Par ailleurs, commem(u) = 0, on aχm(u)(T) =Td; mais, si on noteα1, . . . , αd les racines de χu (dans une extension deK), le r´esultat qui pr´ec`ede montre que χm(u)(T) =Q

(T −m(αi)), donc que pour touti,m(αi) = 0.¤

On peut aussi terminer la d´emonstration de la fa¸con suivante : la proposition 5.2 montre queχm(t)(T) = χm(u)(T) =Td; par suite, la multiplication parm(t) dansR est nilpotente ; cela ´equivaut `a la propri´et´e suivante :

Le polynˆome caract´eristique divise une puissance du polynˆome minimal.

Cette assertion est ´equivalente `a 5.5.

6. Commutant et bicommutant

On pose ici de nouveauA=K[T], et on consid`ere leA-moduleVu.

Pour un endomorphismev EndK(V), la relation de commutation uv=vu se traduit simplement en :

«vest A-lin´eaire.»

Ainsi, le commutant deu est-il le sous-anneau C=EndA(Vu)EndK(V) ( Malgr´e son nom, le commu- tant n’est pas, en g´en´eral, un anneau commutatif ; par exemple, siuest une homoth´etie,ucommute avec tout autre endomorphisme, donc le commutant de uest l’anneau EndK(V) tout entier).

Le bicommutant est l’anneau form´e des endomorphismesK-lin´eaires de V qui commutent avec tous le ´el´ements deC, soit EndC(V).

6.1 Proposition Le bicommutant de uest l’anneauK[u].

La d´emonstration utilise la d´ecomposition, due `a Frobenius, deVuen somme directe d’espaces cycliques.

Il existe, en effet, un isomorphisme de A-modules

(6.1.1) Vu'A1⊕A2⊕. . .⊕As,

o`u Ai =A/piA, et o`u les polynˆomespi v´erifient les relations pi |pi+1. Le dernier polynˆome de la liste, psest donc le polynˆome minimal de u, et on a un isomorpisme deK-alg`ebresK[u]'As.

Soitf un ´el´ement du bicommutant, c’est-`a-dire une application qui commute avec celles qui sontA- lin´eaires ; on va raisonner sur le membre de droite de 6.1.1. Montrons d’abord quef est diagonal au sens o`u il envoie le facteurAisur lui-mˆeme : soit πi la projection sur ce facteur, c’est-`a-dire l’endomorphisme A-lin´eaire d´efini par

πi(a1+. . .+as) =ai.

Par hypoth`ese, on a f ◦πi = πi◦f; cela se traduit simplement en : f(Ai) Ai; de plus, comme f est A-lin´eaire, la restriction de f `a Ai est simplement la multiplication par un ´el´ement αi Ai. Par ailleurs, comme pi divise ps, on dispose des morphismes de passage au quotientAs →Ai; ce sont des applications A-lin´eaires ; commef doit commuter avec ces morphismes, l’image deαsdansAi est ´egale

`a αi; l’applicationf est donc ´egale `a la multiplication parαs; c’est un ´el´ement deAs=K[u].¤

(10)

Pour d´eterminer le commutant, posons

Cij = HomA(Aj, Ai), (l’inversion de l’ordre des indices est d´elib´er´ee !). Alors l’isomorphisme

C:= EndA(A1⊕. . .⊕As) =Y

i,j

Cij

est plus explicite si on voitC comme un tableau (une matrice) de modules

C=





C11 C12 . . . C1s

C21 C22 . . . C2s

... ...

Cs1 Cs2 . . . Css





Il faut donc d´eterminer ces modules Cij. Plus g´en´eralement, soient p et q des ´el´ements d’un anneau principal A; une applicationA-lin´eaireA/pA →A/qA est d´etermin´ee par l’image de 1, c’est-`a-dire par la classe mod.q d’un ´el´ementa∈A, et la seule contrainte sur aest que

ap∈qA.

On voit imm´ediatement que a doit ˆetre un multiple de ppcm(p, q)/p, ou encore, un multiple de q/pgcd(p, q).

Supposons que p divise q, c’est-`a-dire que q = pr, donc que pgcd(p, q) = p. Pr´ecisons les modules HomA(A/pA, A/qA) et HomA(A/qA, A/pA). Pour le premier, on a l’isomorphisme (de A-modules)

A/pA −→g HomA(A/pA, A/qA), 17→(xmod.p 7−→ (q/p)xmod.q)

Pour le second, l’inclusionqA⊂pAmontre qu’il existe une application canoniqueA/qA→A/pA, `a savoir le morphisme surjectif d’anneaux associ´e `a cette inclusion ; on a donc un isomorphisme deA-modules

A/pA −→g HomA(A/qA, A/pA), 17→(xmod.q 7−→ xmod.p)

Revenant auxCij, et compte-tenu de l’hypoth`esepk|pl pourk≤l, on a donc un isomorphisme Cij ' Ainf(i,j).

Le commutant est donc isomorphe (commeA-module) `a la matrice (de A-modules)







A1 A1 A1 A1 . . . A1

A1 A2 A2 A2 . . . A2

A1 A2 A3 A3 . . . A3

... ... ... ... A1 A2 A3 . . . As







(Les Ai sont dispos´es «en ´equerre»). Lorsqu’on utilise cet isomorphisme, il ne faut pas oublier que le produit dans l’anneau C est donn´e par les applications usuelles Cij ×Cjk Cik provenant de la composition des applications

(Aj→Ai, Ak →Aj)7−→ Ak→Aj→Ai.

(11)

Mais celles-ci sont perturb´ees par les isomorphismesCij 'Ainf(i,j)d´egag´es plus haut ; ainsi, par exemple, l’application A1×A1 A1, associ´ee `a C12×C21 C11 est celle `a laquelle on pense d’abord, mais multipli´ee parp2/p1.

Pour le calcul de la dimension deC, la nature du produit dans C n’intervient heureusement pas, et l’isomorphisme indiqu´e suffit ; il montre queA1apparaˆıt 2s−1 = 2(s−1)+1 fois ;A2apparaˆıt 2(s−2)+1 fois, etc. Finalement, on trouve ladimension du commutant :

dimK(C) = Xs

i=1

(2(s−i) + 1) deg(pi).

Comme P

deg(pi) = dimK(V), cette formule montre en particulier que dim(C) dim(V) et qu’on a l’´egalit´e si et seulement siVuest cyclique (i.e s= 1).

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