LE RÔLE DES PROTIDES DANS L’UTILISATION
DES ALIMENTS DU POUSSIN
II. — INFLUENCE DU MODE DE DISTRIBUTION DES ALIMENTS SUR LA CONSOMMATION D’ÉNERGIE
J.
GUILLAUMEMonique
FENDRY B. IMBACHStation de Recherches
avicoles,
Centre national de Recherches
zootechniques, Jouy-en-Josas (Seine-et-Oise)
SOMMAIRE
Des
poussins
élevés de ¢ à 7semaines en cages individuelles sont nourris à l’aide d’alimentssemi-purifiés.
Deuxsystèmes
d’alimentation sont utilisés ; lepremier
consiste à distribuer un aliment,complet
ad libitum ; le deuxième, à donner au Poussin, dans deuxmangeoires séparées,
unequantité
limitée de
protéines
et un alimentprotéiprive
à volonté.Le taux
protidique
de lapremière
série derégimes
varie de 6 à 38 p. 100. Lespoussins
de ladeuxième série
reçoivent
desquantités
deprotéines
allant de i à 20g/jour,
cequi correspond
àdes pourcentages allant de 3à 28 p. 100du total des aliments
ingérés.
Les différents aliments sontisoénergétiques.
Le
gain
depoids
et l’efficacité alimentaire sont, dans les meilleurs lots,supérieurs
en alimenta-tion mixte lors de la
première
semaine, en alimentationséparée
lors de la troisième.Le taux azoté et la
quantité
deprotéines octroyée
exercent une influence sur la consommationd’énergie.
Mais la relation existant entreingéré
azoté etingéré
total est différente selon le mode d’alimentation. En alimentationséparée
nous avons montré que, dans nos conditionsexpérimentales,
la consommation d’aliment est liée à
l’ingéré
azoté par unehyperbole
dontl’équation
a été définie.Pour une même
quantité
deprotéines ingérées,
le Poussin consomme moins d’éléments nonazotés en alimentation
séparée qu’en
alimentation mixte ; il en résultegénéralement
une croissanceplus
faible et une baisse de l’efficacité alimentaire avec lepremier
mode d’alimentation. Toutefois les résultats s’inversentlorsque
l’on compare les indices de consommation depoussins possédant
les mêmes
gains
depoids.
Dans les deux cas les différencess’estompent
auvoisinage
du maximumde croissance.
En
ig6i, CA L ET, JouAVD!’r
et BAxATOUexpérimentent
une nouvelle méthode d’alimentation dupoulet.
Ils distribuent simultanément mais dans deuxmangeoires
distinctes un aliment azoté enquantité
limitée et un aliment nonprotéique
offertad Libitum. Dans ces conditions le Poussin
ajuste
sa consommation d’aliment nonazoté et finalement sa consommation totale de calories à la valeur nutritionnelle des
protéines
de son repas. Lerapport calories/protéines
déterminé par le Poussinlui-même est d’autant
plus
élevé que la valeurbiologique
desprotéines
estplus grande.
Depuis,
d’autres chercheurs ontrepris
cette méthode et ont montré que cecomportement
n’était pas propre au Poussinpuisqu’il
se retrouve chez le Rat.Ils ont étudié en détail les mécanismes de
l’ajustement
de la consommation spon- tanéed’énergie (C.S.E.) à l’apport
azoté du Rat(HENRY
etR!RAT, r 9 62 ;
RÉRATet
HENRY, 19 6 3 )
et ont mis aupoint
une nouvelletechnique
de mesure du coeffi-cient d’efficacité
protidique (C.E.P.) (P!x!TiAVU
etA BR A H A M , i 9 63).
Plusieurs inconnues
demeurent,
bien que l’on sache que la consommationspontanée d’énergie
dupoussin
soit déterminée par laqualité (C AEET
etal., ig6i)
et la
quantité
deprotéines (GUILLAUME
etCAr,!T, 19 64).
Il nous a paru intéressant de
reprendre
l’étude de la consommation totale d’ali- ment par le Pouletquand
on lui octroie desquantités journalières
diverses de pro- téines alimentaires ouquand
ildispose
d’aliments mixtes(aliments complets
nor-maux)
à tauxprotéiques
très variables. Nous avonsenregistré,
dans ces conditionsles variations du
gain
depoids
et de l’efficacité alimentaire au moyen du coefficient d’efficacitéprotidique
et de l’indice de consommation.MATERIEL ET METHODES
Nos
sujets expérimentaux
sont despoussins
Arbor Acre mâles ; 540sontpesés
à 7jours, bagués
à l’aile et,
après
élimination des individus s’écartant leplus
de la moyenne,placés
en cages indivi- duelles. Ils sont peu à peu habitués à la solitudepuis
à l’alimentation séparée tellequ’elle
a étédécrite plus haut. Les individus
qui s’adaptent
le moins bien sont à nouveau éliminés et les 180 choisis sontrépartis
àl’âge
de 28jours
en lots de I5 oiseauxhomogènes
enpoids
etgain
depoids (
MA
C
KITTRICK,I94’J O
L’expérience
proprement dite débute au moment où lespoussins
sontâgés
de 28jours.
6 lotsreçoivent
des aliments mixtes et les 6 autres sont nourris en alimentationséparée
selon la méthode décrite en détail par CALETet MELOT (I96L) Lepremier
groupe seradésigné
par la lettre M, le se-cond par la lettre S.
Préparation
desrégimes.
On
prépare
un aliment azoté contenant environ 5o p. ioo de M.A.T.(N
X6,z 5 )
et un alimentprotéiprive.
L’aliment azoté dont la
composition
centésimalefigure
au tableau i est unmélange
de tour-teau de sésame, caséine, farine de
poisson
deNorvège,
huile d’arachide, cérélose etcomplément
vitaminique.
Il contient 50,9p. 100 deprotéines qui
ont pour facteur limitantprimaire
les acides aminés soufrés ; mais on ne fait aucunesuplémentation
en méthionine pure defaçon
à éviter les effets éventuels des acides aminés libres sur la consommationspontanée d’énergie (C ALET ,
1961 ;HA L
PERN et al.,
19 6 2 ).
L’aliment
protéiprive (tabl. 2 )
renferme lecomplément
minéral ; son tauxénergétique
est cal-culé de
façon
à être très voisin de celui durégime précédent ( 3
04o et 309o caloriesmétabolisables/kg respectivement).
Il est totalementdépourvu
de vitamines. Comme leprécédent
il estemployé
sous forme de farine.
Ces deux aliments sont distribués
séparément
aux lots S. Pour constituer lesrégimes
M, onmélange
enproportions
convenables l’alimentprotéiné
et l’aliment nonprotéiné ;
on obtient ainsi lesrégimes
dénommés M., M,o, M’5’ Mz&dquo; lVlzs et M38contenant 6 - 10- r 5 - 21 - 29 et 38 p. 100 de matières azotées totalesrespectivement.
Comme les deux aliments de base sontisoénergétiques (à
i p. 100près),
lesrégimes
M le sontégalement.
Larépartition
des acides aminés dans lesprotéines
est
rigoureusement
la même d’unrégime
à l’autre. Les vitamines,placées
initialement(en
doseslargement excédentaires)
dans l’aliment azoté, sont enquantités
variables, maisproportionnelles
à
l’apport
azoté. Les minéraux ne sont pas enproportion
constante,puisque
les sources deproté-
ines
(non purifiées)
en contiennent, mais ils suffisent pour couvrir les besoins du Poussin.En alimentation
séparée
nous donnons des rations d’aliment azotécorrespondant
à des doses deprotéines
totales allant de 1 à 12g/jour pendant
lapremière
semaine, et de 2,5 à 19,7g/jour pendant
les deux dernières semaines. De cette manière onpouvait prévoir
que laproportion
deprotides
dansl’ingéré
totalaugmenterait
linéairement(GUILLAUME
et FENDRY,r 9 6q.).
Les lots correspondants sont nommés SI, SIO, ..., Szs bien que les taux obtenus réellement ne soient pas exac-tement 6-10, ..., 29 p. 100 de
protéines.
Le dernier lot(S 3 g) reçoit
les deux aliments à volonté enlibre choix.
L’expérience
dure 20jours. L’éclairage
estdispensé
14heures parjour.
L’eau de boisson demême que les
régimes
M et l’alimentprotéiprive
desrégimes
S sont fournis ad libitum.RÉSULTATS
Les résultats
portant
surl’ingestion d’aliment,
deprotéines,
l’indice de consom.mation,
legain
depoids
et le coefficient d’efficacitéprotidique
sontrapportés,
se-maine par
semaine,
dans les tableaux 3, 4, 5.10 Résultats
globaux a)
Croissance.Les
gains
depoids
sont, dans les meilleurslots,
aussi élevés que ceux que l’on aurait puespérer
obtenir avec un aliment usuel bienéquilibré.
Dans les deux séries de lots l’influence du taux
protidique
est évidente. Nouspréférons cependant exprimer
les résultats non pas en fonction de ce taux mais enfonction de la
quantité
deprotéines ingérée
par les animauxqui
lereçoivent (fig. z).
Ce
changement
de variable modifie peu l’allure des courbes et rend lacomparaison
des lots M et S
plus
commode.Dans le cas des lots M l’accroissement de la
quantité
deprotéines ingérée
pro- voque uneaugmentation
brutale dugain
depoids
endeçà
de m g deprotéines
parjour
et paranimal ;
au-delà de cette dosel’augmentation
est deplus
enplus
faibleet on observe un maximum du
gain
depoids,
assez peumarqué d’ailleurs,
pour la dose de 19,7g/jour.
Cetteingestion
estenregistrée
chez lespoussins
du lot M 29. La courbecorrespondant
aux lots S est nettement distincte de laprécédente :
pour une même
quantité
deprotéines
consommée par lepoulet,
la croissance esttoujours plus
faible que dans les lots M. Deplus
la forme de la courbe estégalement différente ;
elle neprésente
pas de maximum et la meilleureperformance
est obtenueavec la
plus
forteingestion
deprotéines ;
elle est réalisée par le lot nourri en librechoix.
b) Coe!’tcient d’efficacité protidique.
Sur la
figure
i nous avonsporté
les variations du coefficient d’efficacité pro-tidique (C.E.P.)
en fonction de laquantité
deprotéines ingérée.
Les courbes ont lamême forme que celles décrites par BARNESet BOSSHARDT,
( 194 6)
chez la Souris et que celles étudiées d’unpoint
de vuethéorique
par AxNOU!,D( 19 6 1 .) (Ces
auteursavaient l’un et l’autre suivi l’évolution du C. E. P. en fonction du taux
protéique
et non de la dose de
protéines ingérée
comme nous l’avons fait. Mais enremplaçant
le taux azoté par
l’ingéré azoté,
nous avons constaté que la forme des courbes étaitpeu
modifiée ;
lacomparaison
de nos courbes à celles des auteurs cités est donc pos-sible.)
Le C.E.P. croît extrêmementrapidement
et passe par un maximum pourune
ingestion
deprotéines
très inférieure à cellequi
assure leplus
fortgain
depoids ; puis
il décroîtlentement,
la courbeprésentant
unpoint
d’inflexion peuaprès
sonmaximum.
La courbe
correspondant
aux lots S esttoujours
en-dessous de celle des lots M.Il n’est pas
possible
de dire si le maximum du C.E.P. a lieu pour les mêmes quan- tités deprotéines
dans les deux cas.c)
Indice de consommation.Quand
lesapports protidiques
conviennent le mieux au Poussin les indices de consommation s’avèrent très bons pour des aliments assez pauvres en matières grasses et pour des animauxde 4 à 7 semaines.
Ils sont de l’ordre de 2 pourchaque
série de lots mais
atteignent
des valeurslégèrement plus
basses dans les lots M.Ils sont influencés à peu
près
de la même manière parl’ingéré
azoté danschaque type
d’alimentation(fig. 2 ) :
il y a une améliorationspectaculaire
du taux de con-version en
deçà
de 10 p. 100environ, quand l’ingestion
deprotéines s’accroît ;
au-delà l’effet de la
quantité
deprotéines
estbeaucoup
moins net ; il existe un minimum trèsaplati
en alimentationmixte,
tandis que la courbe est constamment décroissanteen alimentation
séparée. Signalons
aussi que, àgain
depoids égal,
le taux de conver-sion est
toujours
meilleur en alimentationséparée (fig. 2 ),
mais ilcorrespond
àdes
quantités
d’azoteingéré
noncomparables.
d)
Consommation.Ces trois
exemples
nous montrent que les lots M et S ont chacun un compor- tement propre. Nous avons donc recherché si celas’expliquait
par des différences de mécanismes derégulation
del’appétit
selonl’ingéré
azoté.a)
Rclatiora entre taux azoté etingéré
azoté.Nous avons
déjà publié
les résultats concernant la variation du tauxprotidique
du
régime
reconstitué par lespoussins
des lots S en fonction de laquantité
de pro- téinesqui
leur est allouée(GUILLAUME
etF ENDRY , r 9 6 4 ).
Sur lafigure
3nous avonsreproduit
la courbed’ajustement
de ces deux variables. Nous pouvons l’assimiler à une droite dès que laquantité
deprotéines dépasse
3g/jour.
Sur ce même
graphique figure également
la courbed’ajustement
del’ingestion
de
protéines
dans les lots M en fonction du tauxazoté, qui
est cette foisimposé
etsert de variable
indépendante.
Cette deuxième courbe se situe
toujours
en dessous de laprécédente.
Autrementdit si un lot de
poussins
de la série M et un autre de la série S consomment la mêmequantité
deprotéines,
larégime
M atoujours
un taux azotéplus
faible que lerégime
Scorrespondant.
Celasignifie
que dans lepremier
cas le Poussin consommedavantage
de calories.
Remarquons
que, en alimentationséparée,
le Poussin ne constituejamais
derepas contenant
plus
de 28 p. 100 de matières azotées totales et le taux leplus
élevéest celui
qui
entraîne laplus
forte croissance.g) Ingéré
total dans les lots S.Si nous considérons la
partie
linéaire de la courbed’ajustement
du tauxproti- dique
à laquantité
deprotéines
il nous est aisé deprévoir
que la courbe derégression
de
l’ingéré
total sur laquantité
deprotéines
est une branched’hyperbole :
Si le taux T est relié à la
quantité q de protéines
par uneéquation
de la forme T = aq -)- b(i) l’ingéré
total y s’écrit y=i o o
Tq par
définition. Donc !, =ioo q
aq + b( 2 ).
C’est
l’équation
d’une branched’hyperbole qui
passe parl’origine.
Pourtant dansla réalité les
poussins qui
nereçoivent
pas deprotéines
consomment une certainequantité
d’aliment. Cette contradictionprovient
du fait que la formule(i)
nes’ap- plique plus
aux faiblesquantités
deprotéines ingérées.
Pour ces valeurs onpeut
introduire dans(i)
le facteur correctif arbitrairec q + d
, qui permet
de rendrecompte
de l’anomalie citée
plus
haut et depréciser
le caractèregénéral
de la loi.L’équation (i)
s’écrit alors T =q :! ! ! d = ( 3 ) et l’équation ( 2 )
devient
cq
+ d
y
= 100
q + b ( 4 ).
&dquo;
aq + b ’&dquo;
Nous avons encore affaire à une
hyperbole, qui
cette foiscorrespond
à la réalité.Les coefficients a,
b, d
et cpeuvent
être estimés à l’aide des valeurs de T etde
q satisfaisant àl’équation ( 3 ).
On
peut
constater sur lafigure
3 que lespoints expérimentaux s’ajustent remarquablement
àl’hyperbole théorique d’équation ( 4 )
tracée sur cegraphique.
Dans les lots S la C.S.E.
augmente
donc d’abordrapidement puis
de moinsen moins vite à mesure que la ration de
protéines octroyée
s’accroît. Dans les lots M la consommationd’énergie présente
une évolution toute différentepuisqu’elle augmente
d’abordrapidement,
passe par un maximum vers 10à i5 p. 100de matières azotées avant de diminuerlégèrement quand
on élève le tauxprotidique.
Nous avonsvérifié que cette diminution est hautement
significative (P
<0 , 01 ).
2
°
Évolution
des résultats dans letemps
Pendant la durée de
l’expérience
nous assistons à une double évolution du com-portement
des animaux : d’unepart
il y a réduction dugain
depoids
moyen d’unesemaine sur l’autre. D’autre
part
lespoussins
des lotsS,
très inférieurs à touspoints
de vue à ceux des lots M au début de
l’expérience, opèrent
ensuite un redressementmarqué.
C’estpourquoi
nous avonsporté
sur legraphique
i les résultats obtenuspendant
la troisième semaine à côté de ceux de l’ensemble del’expérience qui
reflè-tent surtout la
première
et la deuxièmesemaine (époque
où les animaux étaientplus comparables, ayant
unpoids voisin).
a)
Dans les lots M le tauxprotéique qui
assure la meilleure croissance est de 2g p. 100pendant
lapremière semaine,
21 p. 100pendant
la deuxième. Au coursde la troisième semaine le
gain
depoids
maximal est atteint dès 21 p. 100de matièresazotées,
il ne diminue pas au-delà.Les meilleurs
gains
depoids
obtenus avec les lots S d’abord très inférieurs àceux des lots M s’en
rapprochent
lors de la deuxième semaine et lesdépassent
à latroisième.
b)
Le C.E.P. se montre extrêmement fluctuant d’une semaine sur l’autre : très faible en alimentationséparée
lors de lapremière semaine,
il devientplus
élevéqu’en
alimentation mixte lors de la deuxième et les deux courbes finissent par serapprocher
fortement l’une de l’autre lors de la troisième semaine(fig. 1 ).
c) L’indice
de consommation se détériore avecl’âge
despoussins
comme onl’observe
généralement.
Il passe dans les meilleurslots,
de 1,71 à 1,94 et2 , 4 6
de lapremière
à la deuxième et à la troisième semainerespectivement.
Notons quel’opti-
mum dans le cas des lots M se situe au-delà du taux
permettant
la croissance laplus
élevée
(deuxième semaine). Remarquons
surtout que les meilleurs I.C. en valeur absolue sont obtenus avec l’alimentationséparée (fig. 2 ),
saufpendant
laphase d’adaptation.
Ces trois critères nous montrent donc que durant la troisième semaine les pous- sins nourris en alimentation
séparée
ont de meilleursgains
depoids
et les réalisentavec de meilleurs rendements
alimentaires,
bien que leur C.E.P. soit du même ordre degrandeur.
On nepeut
supposer que cela est dû à uneplus grande ingestion
d’ali-ment
puisque
la consommation des lots M et celle des lots S évoluent de la même manière. Celle despremiers
restesupérieure
à celle des seconds pour un mêmeingéré
protéique (fig. 3 ).
On note une seuleexception
le lotS,, ingère
à peuprès
la mêmequantité
deprotéine
que le lotM 29
et la consommation de Calories est très voisine dans les deux cas.Nous pouvons mieux
comprendre l’origine
de cette différence de croissance entre les lots M et S si au lieu de considérerl’ingestion
de calories paranimal,
on larapporte
aupoids
vif moyen comme le fait ARNOUr,n( 19 6 1 ).
Ce moded’expression
modifie assez peu l’allure des courbes que nous avons décrites. En alimentation
. 1
, consommation d’énergie
. d, ’t i!mixte le
rapport
consommationd’énergie passe
par un maximumpuis
décroît. Enpoids
vif moyenalimentation
séparée
il ne cessed’augmenter quand
le tauxprotidique
s’élève(fig. 4 ).
Remarquons cependant
que lors de la troisième semaine les animaux des lots Smangent davantage
que ceux des lots M, relativement à leurspoids quand
les tauxazotés sont élevés. A ce moment et à ce moment seulement l’alimentation
séparée permet
uneingestion rapportée
aupoids
vif et une croissanceplus
élevée.N ’1 . consommation
d’énergie
d, . 1. , . tNotons otons aussi que le aUSSI que e
rapport rapport consommation d’énergie
décroît linéairement avecpoids
vif moyenecrOlt meanemen avec
le
logarithme
dupoids
des animaux(fig. 5 ).
DISCUSSION
Nos
résultats, pris
dans leur ensemble confirment ceuxqui
ontdéjà
été obtenus dans notre laboratoire. A l’aide de latechnique
d’alimentationséparée,
le Poussinréalise
l’ajustement
desingérés énergétiques
etprotidiques
comme l’ont montréC ALE
T et al.
( 19 6 1 ),
Gumr,nuM! et FENDRY(rg6 4 ).
Ils concordent aussi avec ceuxde RÉRAT et HENRY
(rg6 3 ),
établis chez le Rat.Ils confirment
également
les travaux de CALET et al.( 19 6 3 ) qui
montraient que la courbe depoids
est sans cesse ascendante sous l’effet dequantités
croissantes deprotéines. L’ajustement
calorico-azoté demeure mêmelorsque
lesprotéines
sontdistribuées ad libitum et que l’animal
dispose
des alimentsénergétique
et azotéen libre choix
(lot S 38 ).
Il convient desouligner
que pour celot,
lespoussins
con-somment une
quantité
de matières azotéeségale
à cellequi
assure la meilleure crois-sance dans les
régimes
mixtes.Nos résultats
apportent
unsupplément
d’information en cequi
concerne laconsommation des lots recevant l’alimentation
séparée,
celle-ci est déterminée parune relation
mathématique. lorsque
laquantité
deprotéine
allouéejournellement augmente,
la consommation est définierigoureusement
par unehyperbole
dontnous avons donné les
caractéristiques.
Dans leurs travaux citésplus
haut Riâx!2et HENRY avaient obtenu des résultats voisins des nôtres. Mais ils n’avaient utilisé que 3 doses de
protéines
et n’avaient pupréciser
la nature de la courbed’ajuste-
ment.
L’existence
d’une limiteasymptotique
de la consommationd’énergie peut
s’in-terpréter physiologiquement.
Au fur et à mesure que l’onaugmente
la ration azotée duPoussin,
on améliorel’équilibre
nutritionnel durégime global
et l’onaugmente
le rendementmétabolique
des Calories(F ORBES
etal.,
1944;1 KI,EIBER,
1945 ; 1 CALETet
al., 1 9 64).
Le Poussinpeut
donc consommer moins de nutrimentsénergétiques
pour satisfaire un besoin
énergétique
donné.Or il
n’y
a pastoujours parallélisme
entre la valeur del’apport
azoté et la crois-sance comme en
témoignent
les variations durapport gain
depoids/protéines ingé-
rées
(C.!.P.).I,orsque
la consommation deprotéines
du Poussin passe de 5 à 20 gpar
jour
le C,E,P. ne fait que diminuer. En outre lacomposition
dugain
depoids
n’est pas la même selon le taux azoté de la ration. Des travaux non
publiés
montrentque la teneur du corps en calories diminue au fur et à mesure que l’oiseau
ingère plus
deprotides (C ALET
etal.).
Si l’on compare les résultats sur la base de la quan- tité deprotéine ingérée,
l’animalqui reçoit
une rationpléthorique
en azoteprésente
par
rapport
à l’animal moins bien nourri lescaractéristiques
suivantes : songain
de
poids
par unité deprotéines ingérées s’amenuise,
il accumule moins de calories par unité degain
depoids
et il le faitcependant
avec un meilleur rendementénergé- tique.
Oncomprend
dès lorspourquoi l’augmentation
de la consommation de ré-gimes isoénergétiques
s’amenuiseprogressivement
et tend vers uneasymptote lorsque
l’on
majore l’apport
azoté. Al’opposé
et pour les mêmes raisons oncomprend
pour-quoi
la courbe de consommation est fortement ascendante pour les faiblesquantités
d’azote
ingéré.
Ce résultats’applique
aussi bien pour les lotsS 6
àS 29 qui reçoivent
une
quantité
deprotéines
fixée à l’avance que pour le lotS 38
nourri en librechoix.
L’évolution
de la consommationd’énergie
est tout à fait différente en alimen- tation mixte. Dès que le tauxprotéique dépasse
10 p. 100, la consommation de Calo- ries dechaque
animal décroîtrégulièrement
au fur et à mesure que l’on enrichitson
régime
enprotéines.
Cette observation a été rarement énoncée. Citons !I!y!R
( 1954 ) qui
est le seulà notre connaissance a avoir montré que tout excès de
protéine
freinel’appétit.
On a
plus
souvent l’habitude de croire avec HILL et D!xsxir( 1954 )
que le Poussinconsomme avant tout la
quantité
d’alimentqui
luipermet
de satisfaire son besoinénergétique. D’après
ces auteurs l’élévation du tauxénergétique
durégime
s’accom-pagne d’une réduction inversement
proportionnelle
de la consommation d’aliment de manière à ce que le montant des Caloriesingérées
demeure constant. Bien quenos
régimes
soientisoénergétiques,
la diminution del’ingéré
est fonction du tauxprotidique
d’une manière hautementsignificative.
La théorie de COMBS(ig6i) permet d’expliquer
enpartie
ce résultat.D’après
elle unrégime
pauvre en un acide miné est consommédavantage
par le Poussinqui
tente de satisfaire ainsi son besoinen l’acide aminé le
plus
limitant. Dans le cas des lotsM io
etM 15
lesrégimes
sont défi-cients pour l’ensemble des acides aminés et l’on
comprend pourquoi
ils induisent des consommationssupérieures
à celles des lotsM 21
etM 29 .
Onn’explique cependant
pas la faible consommation du lot
M 6’
bien que d’autres auteurs aient observé des diminutions semblables de la consommationquand
le niveauprotidique
était trèsfaible
(BossH!RD’r
etal., zg 4 6). Remarquons
enfin que nos résultats sont en assezbon accord avec ceux d’ARxOULD
(ig6i)
pourlequel l’ingéré
diminue en fonctiondu taux
protidique
selon une loiexponentielle lorsqu’il
estrapporté
aupoids
vifmoyen de l’animal.
Nous voyons donc que l’alimentation
séparée
et l’alimentation mixte aboutis- sent à des résultats très différents en dehors duvoisinage
du maximum de crois-sance.
L’apport
azoté détermine des consommationsd’énergie
d’une manière tout à fait distincte dans les deux cas et, par suite il influence defaçon
dissemblable la croissance. Mais il estremarquable
de constaterqu’avec chaque
mode d’alimentation l’indice de consommation desrégimes isoénergétiques dépend
essentiellement de laquantité
deprotéines ingérée.
En conclusion nous avons
souligné l’importance
desprotéines
sur l’efficacitéalimentaire et sur la consommation. Bien que
l’apport protéique
yparvienne
pardes
voies différentes avecchaque
moded’alimentation,
il détermine de la mêmefaçon
l’efficacité alimentaire desrégimes,
mesurée à l’aide dudéveloppement pondéral.
Reçu
pourpublication
enjanvier 19 6 5 .
SUMMARY
THE ROLE OF PROTEIN IN THE UTILIZATION OF FEED BY THE CHICKEN II. INFLUENCE OF METHOD OF DISTRIBUTION OF THE COMPONENTS
OF THE FEED ON INTAKE OF ENERGY.
The influence of the system of
giving protein,
eitherseparately
or mixed with rest of diet, onintake of energy,
growth
andefficiency
of feed utilizationby
the chiken was studied.Chickens caged
individually
weregiven semi-purified
dietssupplying equal
energy from 4 toweeks
of age. In the first trialproteins
weregiven
in limited amounts, from 1to 20g per chicken perday,
in one feeder, and thecomplementary nitrogen-free
diet wasgiven
toappetite
in an other feeder ; the birds had simultaneous access to both feeders. As found inprevious
work(G UILLAUME ,
F ENDRY
,
i 9 6,I),
there was a linear relation between the amount ofprotein given
in this way and theprotein
content of total feed intake. In the second trial this relation was used to choose the pro- tein contents of thecomplete
diets which were obtainedby mixing
thenitrogen-free
diet and theproteins ;
theseprotein
contents ranges from 6 to 38 per cent.Weight gain
and intake of feed per unitweight gained
were greater with thecomplete
dietduring
the first week and
during
the third weekthey
were grater with the separatefeeding (fig.
12et1 3 ).
Intake of energy was influenced
by
both theprotein
content and the amount ofprotein given.
The relation between intakes of
nitrogen
and of total feed differedaccording
to the method offeeding (fig.
3.)When the results were
compared
on the basis ofequal
intake ofprotein
it seemed that the chickens ate less of thenitrogen-free
diet with separate than with completefeeding. Consequently, growth
andefficiency
of feed utilization weregenerally
lower with separatefeeding.
But when the results werecompared
on the basis ofequal gain
inweight
the reverse was treu ;growth
andefficiency (fig 2 )
were lower withcomplete feeding.
In both cases, the differences became less near maximumgrowth.
With
complete feeding
ratio of intake of feed tobody weight
andprotein efficiency
ratio deve-loped
in a similar way(fig.
3andfig.
4) when theprotein
content increased. With separatefeeding
intake of feed increased
continously according
to anhyperbolic
curve(fig.
3).RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ARNOULD R.,io6i. L’utilisation des protéines pour la croissance. Thèse, Université de Louvain (Belgique).
B
ARNES R. H, et BOSSHARDT D, K., 1946. The evaluation of protein quality in nonnal animal. Ann. N. y. Acad. Sci., 47, 279.
BOSSHARDT D. K., PAUL W&dquo; O’DOHERTY K., BARNES R. IL, rc!¢G. The influence of caloric intake on the growth utilization of dietary protein. J. :!’utv., 32, 641-651.
CALET C., ig6i. Étude de quelques facteurs d’ordre nutritionnel qui retentissent sur l’appétit des vo-
lailles. Journées scienti!ques de l’Avicultune, 37-57. Paris, 3o nov-z déc. ig6i. Groupe Français W. P. S. A.
CALE
T C., J0uA;DET C., BARATOU J., 1061. Variations de la consommation spontanée d’énergie du poussin en fonction de la nature des matières azotées du régime. Ann. Biol. aniiii. Bioch. Biophys., 1, 1-.9 CALET C., MELOT VL, ig6i. Efficacité comparée pour la croissance du poussin de la méthionine et du
sel de calcium de l’acide hydroxyméthylthiobutyrique (MHA). Ann. Zootech., 1, 205-213.
CALET C., BARATOU F., 1963. Le rôle des protéines comme facteur d’appétence pour les calories chez le
poulet en croissance. Ann. Biol. anim. Bioch. Biophys., 3 (no h. s. i.), I03-lo6.
CALET C., GUILLAUME J., DELPECH P., JACQUOT R., 1964. Le rôle des protides dans l’utilisation des nutriments énergétiques chez le Poussin. C. R. Acad. Sci. Paris, 258, 3104-3106.
Covss G. F., ig6t. Feed formulation in poultry. journées scienlifques de l’Aviculture. 77-81 Paris,
30 nov.-2 déc. ig6i. Groupe français BB!. P. S. A.
GUILLAUME J., CALET C., 1964. Le rôle des protides dans l’utilisation des aliments du poussin. I. Limites
supérieures de l’efficacité azotée et énergétique mesurée à partir de la composition corporelle de l’animal.
Ann. Biol. ani1ll, Bioclz. BiapTzys., 4, 63-68.
GUILLAUME L, FE!(DRY DL, 1964. Modes d’expression de l’ajustement des besoins énergétiques et azotés
chez le poussin. Ann. Biol. aniin. Bioch. Biophys., 4, 95-97.
IL4LPER.!’ 13. P., BERNARD R. A., K.!aE B. R., 1962. Aminoacides as gustatory stimuli in the rat.
,J. Gen. Ph3!sial., 45, 68c-;or.
HENRY Y., KÈRAT A., 1963. Influence de la qualité et de la quantité des matières azotées ingérées sur
la consommation spontanée d’énergie chez le rat en croissance. Ann. Biol. ani1ll. Bioch. Biophys., 2, z67-z76.
IItLL F. DANSKV L. M., rg5!. Studies on the energy requirements of chickens. I. The effect of dietary
energy level on gronth and feed consumption. Pou/<. Sei., 33, 112-119. K
LEIBER JBI&dquo; ’9-+5. Dietary deficiencies and energy metabolism. Nutr. Absir. Rev., 15, 207-222. MAC KITTRICK D. S., 1947. The selection of chicks for growth experiments and the evaluation of growth
Growth, 11, 89-99.
IIIn
YER J., 1958. La régulation de l’appétit. XXe Congrès Intern. Physiol., Bruxelles, 138-158.
P
FRETIANU J., ABRAHAM J., 1963. Nouvelle technique de mesure du coefficient d’efficacité protéique
Ann. Nutr. /lli>U., 17, 8l-102. RÉan2 A., HENRY
B ., 196 3
. Étude de
l’ajustement de la consommation spontanée d’énergie en fonc-tion de l’apport azoté chez le rat en croissance. Ann. Biol. ani1ll. Bioch. Binphys., 3, 263-298.