Universit´e Bordeaux I 2009-2010 Analyse 2 (MHT 302)
Compl´ ements du cours N. 2 : les r` egles de diff´ erentiation, exemples,
la formule de Taylor d’ordre 2
Par d´efaut, l’espace en question estRd muni de la norme euclidienne.
• Diff´erentiation d’un produit de deux fonctions
Th´eor`eme 1 Soient x ∈ O, O ⊂ Rd un ouvert f, g deux fonctions d´efinies l`a-dessus, f, g:O→R. Sif, g∈D(x), alors f g∈D(x)et
D(f g)(x) =f Dg(x) +g Df(x).
D´emonstration.Par la d´efinition de la diff´erentiabilit´e, on a pourh∈Rd (l’ac- croissement hest tel quex+h∈B(x, δ)⊂O)
f(x+h) = f(x) +Df(x)·h+εx(h), lim
||h||→0
|εx(h)|
||h|| = 0, g(x+h) = g(x) +Df(x)·h+ε0x(h), lim
||h||→0
|ε0x(h)|
||h|| = 0.
En multipliant ces deux relations, on obtient
f g(x+h) =f g(x+h) +{(f Dg(x) +g Df(x))·h}+ (ε0x(h)·f(x) +εx(h)·g(x)).
La partie lin´eaire de l’expression `a droite (c.`a.d., la diff´erentielle en question) est contenue dans les accolades. Il faut maintenant d´emontrer que le reste (le terme en parenth`eses `a droite) satisfait la propri´et´e de la d´efinition de la diff´erentiabilit´e. On a
lim
||h||→0
|ε0x(h)·f(x)|
||h|| =|f(x)| lim
||h||→0
|ε0x(h)|
||h|| = 0,
et la v´erification pour le deuxi`eme terme du reste est identique.
• Diff´erentiation d’une composition de deux applications Ce th´eor`eme s’appelle aussi ”la r`egle de la chaine”.
Th´eor`eme 2 Soient O ⊂Rd,O1 ⊂Rd1 etO2⊂Rd2 des ouverts. Soientf ∈ D(O, O1), g∈D(O1, O2)(et doncg◦f est bien d´efinie). Alorsg◦f ∈D(O, O2) et pour tout x∈O
(Dg◦f)(x) =Dg(f(x))·Df(x).
Observez que l’expression Dg(f(x))·Df(x) est un produit des matrices de dimensionsd2×d1 etd1×d(et il est bien d´efini par cons´equent).
D´emonstration. Pour toutx∈O posonsy =f(x) et ´ecrivons, comme avant, les d´efinitions de diff´erentielles
f(x+h) = f(x) +Df(x)·h+εx(h), g(y+h0) = g(y) +Dg(y)·h0+ε0y(h0),
1
o`u h, h0 sont suffisamment petits pour que x+h ∈ B(x, δ) ⊂ O et y+h0 ∈ B(y, δ0)⊂O1. Les restes admettent les majorations habituelles. Mettons main- tenantf(x+h) `a la place dey+h0et d´eveloppons en utilisant la premi`ere ligne (h0=Df(x)·h+εx(h)). Alors
g◦f(x+h) = g(f(x+h)) =g y+Df(x)·h+εx(h)
= g(y) +Dg(y)·(Df(x)·h+εx(h)) +ε0y(Df(x)·h+εx(h))
= g(y) + Dg(y)Df(x)·h +
Dg(y)·εx(h) +ε0y(Df(x)·h+εx(h)) . A droite, le terme entre parenth`eses est la partie lin´eaire et, donc, la diff´erentielle.
Il nous reste `a v´erifier que le reste (c.`a.d., le terme entre accolades) tend vers 0 dans le sens appropri´e. Pour la premi`ere partie :
lim
||h||→0
||Dg(y)·εx(h)||2
||h|| ≤ lim
||h||→0
||Dg(y)||o||εx(h)||1
||h||
= ||Dg(y)||o lim
||h||→0
||εx(h)||1
||h|| = 0.
Pour la deuxi`eme : on a h0=Df(x)·h+εx(h) et lim
||h||→0||Df(x)·h+εx(h)||1≤ lim
||h||→0(||Df(x)||o+ε)||h||= 0,
o`u ε > 0 est une constante qu’on peut choisir aussi petite qu’on veut. En particulier, nous avons||h0||1/||h|| ≤Cquand||h|| →0. Alors
||h||→0lim
||ε0x(h0)||2
||h|| = lim
||h||→0
||ε0x(h0)||2
||h0||1
·||h0||1
||h|| = 0,
car le premier facteur va vers 0 par la d´efinition et le deuxi`eme est born´e.
• Exemple Soient
g:R2→R2, g(u, v) =
sinuv cos(u+v)
,
f :R2→R2, f(x, y) =
x2−2xy 3y2−xy
.
Calculer la d´eriv´ee de l’applicationg◦f au point (1,1).
Solution.Bien ´evidemment, on peut ´ecrire l’application compos´ee g◦f explici- tement (faites la substitutionu=x2−2xyetv= 3y2−xy), calculer la d´eriv´ee totale et poser (x, y) = (1,1).
Nous allons faire l’usage de la r`egle de la chaine. Notamment, f0(1,1) = (−1,2),
Df =
f1x0 f1y0 f2x0 f2y0
=
2x−2y −2x
−y 6y−x
,
Dg =
g01u g01v g02u g02v
=
vcosuv ucosuv
−sin(u+v) −sin(u+v)
.
2
Pour (Dg◦f)(1,1) on obtient donc (Dg◦f)(1,1) =Dg(−1,2)·Df(1,1) =
2 cos(−2) −cos(−2)
−sin 1 −sin 1
·
0 −2
−1 5
=. . . .
• Formule de Taylor d’ordre 2.
Th´eor`eme 3 Soitf ∈C2(O,R)o`uO⊂Rd un ouvert. On a f(x+h) =f(x) +Df(x)·h+1
2(D2f(x)h, h) +R2(f, x;h), et lim
||h||→0
||R2(f, x;h)||
||h||2 = 0 (∗).
D´emonstration. L’id´ee est d’appliquer la formue d’accroissements finis d’abord `a la fonctionf, et ensuite `a sa diff´erentiellesDf. Soitx∈Oet, comme d’habitude, h∈Rd suffisamment petit (i.e.,x+h∈B(x, δ)⊂O). Alors
f(x+h)−f(x) = Z 1
0
Df(x+th)dt·h, ou bien
f(x+h)−f(x)−Df(x)·h= Z 1
0
(Df(x+th)−Df(x))dt·h.
Maintenant,
Df(x+th)−Df(x) = Z t
0
D2f(x+sh)ds·h, et donc
f(x+h)−f(x)−Df(x)·h= Z 1
0
Z t
0
D2f(x+sh)h, h ds
dt.
On peut re´ecrire cette relation comme f(x+h) − f(x)−Df(x)·h−1
2(Df(x)h, h)
= Z 1
0
Z t
0
(D2f(x+sh)−D2f(x))h, h ds
dt=:R2(f, x;h).
Il est possible de voir queR2d´efini ainsi, satisfait (∗). Si on se permet de changer l’ordre de l’int´egration, on obtient
R2(f, x;h) = Z 1
0
(1−s) (D2f(x+sh)−D2f(x))h, h ds.
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