Enonc´e noD172 (Diophante)
Trois bissectrices qui se rencontrent pour un joli probl`eme
Dans un rep`ereOxy, on trace deux cercles de centresOetO0 et de rayons R < R0 tangents ext´erieurement en un point T. D’un point A ext´erieur aux deux cercles et du cˆot´e des x n´egatifs, on m`ene deux droites D et D0 tangentes au cercle de centre O qui coupent le cercle de centre O0 en quatre points dont on retient les points B et C les plus ´eloign´es deA.
D´emontrer que les bissectrices des anglesBT C,ABCetACBsont concou- rantes.
Solution de Jean Moreau de Saint-Martin
Bien que l’´enonc´e ne le sp´ecifie pas, la figure autorise `a penser que T et O0 sont sur Oxdu cˆot´e desx positifs.
Selon l’´eloignement de A, l’angle BAC sera plus ou moins ouvert ; selon la position deA par rapport `a la droite OO0, la somme d’angles ABC+ ACB=π−BAC se r´epartira de mani`ere plus ou moins in´egale entre ces deux angles. Ainsi la forme (`a similitude pr`es) du triangle ABC d´epend de deux param`etres. Mˆeme si le rapport R0/Rfixe certaines limites `a ces param`etres, il est possible de raisonner en partant du triangleABC plutˆot que des cercles (O) et (O0). En outre, la propri´et´e `a d´emontrer est ´enonc´ee sans r´ef´erence au rapportR0/R. Les bissectrices des angles ABC etACB se coupent enI, centre du cercle inscrit au triangle ABC.
L’´enonc´e est alors ´equivalent au suivant : un triangle ABC ´etant donn´e, montrer que la propri´et´e (1) d’un pointT :
(1) ´egalit´e des angles (T C, T I) = (T I, T B) est une cons´equence de la propri´et´e (2) :
(2) le cercle circonscrit au triangle T BC est tangent ext´erieurement `a un cercle passsant par T et tangent `a AB etAC.
En effet, l’´enonc´e d’origine et le choix d’un pointAconduisent `a construire un triangleABC dans lequel le pointT jouit de la propri´et´e (2).
Propri´et´e (1)
Je prends pour unit´e de longueur le rayon du cercle inscrit au triangle ABC, et j’utilise des axes IY parall`ele `a BC et IX, en sorte que les sommets du triangle ont pour coordonn´ees
B(1, β),C(1,−γ) avec β= cot(ABC/2),γ = cot(ACB/2), et on en d´eduit pour A
(1 +βγ)/XA= (β−γ)/YA= 1−βγ.
Ces ´egalit´es se prolongent en = 2YM/YA= 2/(XA+ 1), siM est le milieu deBC.
1
On voit que β et−γ sont les racines du trinˆome enα (XA+ 1)α2−2YAα+ 1−XA
La propri´et´e (1) fournit alors la condition arctanβ−YT
1−XT
−arctan YT XT
= arctan YT XT
−arctan YT +γ XT −1 soit apr`es mise sous forme enti`ere
((XA+ 1)YT −XTYA)(XT2 +YT2) + ((XT2 −YT2)YA−2XTYTXA) = 0.
On voit sur cette ´equation du lieu de T qu’elle repr´esente une cubique circulaire, ayant I comme point double et IM comme direction asymp- totique. Les tangentes au point double sont les bissectrices de l’angle (IX, IA). Cette courbe est une stropho¨ıde ; elle passe ´evidemment par A car (AC, AI) = (AI, AB).
Propri´et´e (2)
Un cercle passant par B et C admet pour ´equation (X−1)2+ (Y −β)(Y +γ) + 2λ(X−1) = 0.
Le cercle circonscrit au triangle T BC correspond `a
−2λ= (XT −1) + (YT −β)(YT +γ)/(XT −1).
Son centre est O0 de coordonn´ees (1−λ,(β−γ)/2).
Un cercle (O) tangent `aABetAC, situ´e dans l’angleBAC et de rayonµ, peut ˆetre consid´er´e comme homoth´etique du cercle (I) dans l’homoth´etie (A, µ). Inversement, si T est sur ce cercle, l’homoth´etie (A,1/µ) le trans- forme en un point de (I), d’o`u la relation entre T etµ
(XA+ (XT −XA)/µ)2+ (YA+ (YT −YA)/µ)2= 1, soit
(1−µ)2(XA2 +YA2−1)−2(1−µ)(XAXT +YAYT −1) + (XT2+YT2−1) = 0.
On en tire les coordonn´ees O((1−µ)XA,(1−µ)YA).
Pour que les cercles (O) et (O0) soient tangents enT, il suffit que les points O,T etO0 soient align´es, ce qui s’´ecrit
(1−µ)XA (1−µ)YA 1
XT YT 1
2−2λ β−γ 2
= 0
d´eterminant o`u on peut retrancher de la 3e ligne la 2e multipli´ee par 2.
En ´eliminant λ et µ dans les trois relations qui les lient `a XT et YT, on obtiendra la condition qui donne au pointT la propri´et´e (2).
PosonsD1= 2−2λ−2XT β−γ−2YT
XA YA ,
D2 = 2−2λ−2XT β−γ−2YT
XT YT .
En d´eveloppant le d´eterminant 3×3 par rapport `a la 3e colonne, on a la condition (1−µ)D1−D2 = 0.
Si D1 = 0, T O0 est parall`ele `a IA; supposant r´ealis´ee la propri´et´e (2), la tangente en T est perpendiculaire `a AI et T est sur AO; revenant
`
a l’´enonc´e de d´epart, la figure admet OO0 comme axe de sym´etrie et la propri´et´e (1) est v´erifi´ee. Donc siD1= 0, on a bien l’implication
propri´et´e (2)⇒propri´et´e (1).
Voyons maintenant le casD1 6= 0. L’´elimination deµdonne comme condi- tion ´equivalente
D22(XA2 +YA2−1)−2D1D2(XAXT +YAYT −1) +D12(XT2 +YT2−1) = 0, soitD2D3−D1D4 = 0, en posant
D3 =D2(XA2 +YA2−1)−D1(XAXT +YAYT −1), D4 =D2(XAXT +YAYT −1)−D1(XT2 +YT2−1).
D3 = 2−2λ−2XT β−γ−2YT
XA−XT +YA(XTYA−XAYT) YA−YT −XA(XTYA−XAYT) , D4 = 2−2λ−2XT β−γ−2YT
XA−XT +YT(XTYA−XAYT) YA−YT −XT(XTYA−XAYT) . On peut exclure les casXA=−1 (B ouCserait rejet´e `a l’infini) etXT = 1 (le triangleT BC serait plat) qui conduiraient `a R0 infini dans l’´enonc´e de 2
d´epart. On n’introduit donc pas de solution parasite en multipliant lesDk par (XA+ 1)(XT −1), ce qui donne les expressions polynˆomiales
(2−2λ−2XT)(XA+ 1)(XT −1) =
=−2XA+ 2XT(XA+ 1)−2YAYT + (XA+ 1)(YT2−XT2), (β−γ−2YT)(XA+ 1)(XT −1) = (XT −1)(2YA−2YT(XA+ 1)).
Au terme de calculs laborieux, l’expression
(XA+ 1)2(XT −1)2(D2D3−D1D4) se factorise en produitQ1Q2 : Q1 = (XTYA−(XA+ 1)YT)(XT2 +YT2)−YA(XT2 −YT2) + 2XAXTYT, Q2 = (XA+ 1)2(XT2 +YT2)(XTYA−(XA−1)YT)−3XT2YA(XA+ 1)2+
+YT2YA(3XA2 −2XA−5) + 2XTYT(XA3 −XA−2YA2(XA+ 1))+
+4XT(XA2 + 2XA+YA2) + 8YTYA2−4YA(XA2 +YA2).
Q1 = 0 est l’´equation de la stropho¨ıde caract´eristique de la propri´et´e 1.
On a donc l’implication
propri´et´e (1)⇒ propri´et´e (2),
mais c’est l’implication inverse qui est `a d´emontrer.
Q2 = 0 repr´esente ´egalement une cubique circulaire, lieu deT `a Adonn´e.
Il faudrait discuter en quoi, si des points A et T v´erifient cette ´equation, la configuration correspondante des cercles (O) et (O0) n’est pas conforme
`
a l’´enonc´e.
On peut supposer qu’il s’agit du choix des pointsB etC comme intersec- tion avec (O0) des tangentes men´ees de A `a (O) ; cela s’exprime comme exigence que O0 se projette sur les droites AB et AC `a l’int´erieur des segments AB etAC. Il faut queλ soit assez grand, ce qui se traduit par une position de T par rapport `a des hyperboles limites. Si l’on peut mon- trer que la cubique n’est pas du “bon cˆot´e” de ces hyperboles, on pourra conclure que Q2 = 0 ne r´epond pas `a l’´enonc´e et que l’on a l’implication demand´ee. Mais je n’ai pas su faire cette discussion.
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