D E M AIZIÈRES
Analise. Démonstration du théorème général de l’incommensurabilité
Annales de Mathématiques pures et appliquées, tome 1 (1810-1811), p. 293-296
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293
ANALISE.
Démonstration du théorème général de l’incommensurabilité ;
Par M.
DEMAIZIÈRES , professeur de mathématiques spéciales
au
lycée de Versailles.
TOUTES
lesquestions
où seprésente
le cas del’incommensurabilité, c’est-à-dire ,
lesquestions
où ils’agit
de démontrerl’égalité
de deuxrapports
dont l’un estincommensurable,
ont les caractères communsque voici : 1. ê elles
supposent
deux séries dequantités soumises,
danschaque série , à
la loi de continuité(*) ;
2.° ellessupposent
deplus
que les termes des deux séries sont liés les uns aux autres par une
dépendance réciproque ,
en sorte que les deux séries secorrespondent
terme à terme
(**) ;
3.° ellessupposent
ennn que,lorsque
deux ter-mes de l’une des séries sont
commensurables ,
leurscorrespondans
dansl’autre série leur sont
proportionnels (***).
La difficulté de ces sortesde
questions
consiste alors àdémontrer
que la mêmeproportionnalité
a encore lieu
pour’des
termesincommensurables ;
et voici commenton
peut
yparvenir.
(*) C’est-a-dire que , dans
chaque
série, on peut concevoir deux termes aussi peu diflerensqu’on
voudra.(**) La loi de
correspondance
entre les deux séries peut d’ailleurs êtrequelconque;
elle peut même être
inconnue,
pourvuqu’on
soit certain de son existence.(***) L’ordre des rapports pouvant être indifféremment direct ou inverse , pourvu
qu’il
soit constant dans toute l’etendue des deux sériesTom. 2.
40
294
Soient les deux séries
correspondantes
KI , K 2 , K 3 , ... Ki , Ki+I , ... Kl, Kl+I ,
wKm, Km+I ,
...Kn, Kn+I,
..QI , Q 2 , Q 3 ,
...Qi , Qi+I , ... Ql, Ql+I , ... Qm, Qm+I, ... Qn, Qn+I ,
..assujéties
aux conditionsqui
viennent d’êtreexposées.
On suppose reconnue que , si deux termes
Ki, KI,
de l’unequel-
conque des
séries,
sont commensurables entre eux, ils ont, avec leurscorrespondans
dans l’autresérie ,
la relationet il
s’agit
de démontrer que, si deux autres termesKm, Kn,
de l’unequelconque
des séries sontincommensurables,
ils aurontégalement
avec leurs
correspondans
dans l’autresérie ,
la relationLa
proposition
seravraie,
sil’on prouve généralement qu’on
nepeut voir
unquelconque
des deuxrapports supérieur à l’autre ; par exemple,
Si 3
eneffet,
la relation(3) pouvait exister,
ondevrait avoir
Q.
étant un terme choisi convenablement dans la seconde série etQn;
or ,quelque petite
quepuisse
être d’ailleurs ladifférence
(Qn2013Qn’),
onpeut concevoir,
dans le numérateurQm ,
desparties égales
encore
plus petites ;
et , en mesurantQll
avec une de cesparties ,
onpourra
former unequantité
c’est-à-dire , comprise
entreQn
etQn’,
etcommensurable
avecQm,
laquelle devant
nécessairement fairepartie
de la secondesérie,
auraI N C O M M E N S U R A B I L I T É. 295
conséqumment ,
dans lapremière.
un termecorrespondant
Maintenant , Qn"
étantcommensurable
avecQm,
on aura ,d’après l’hypothèse (I),
La relation
(7)
étant démontréevraie,
tandis que la relation(4)
est
douteuse ,
leur combinaison est propre à fixernotre jugement
surcette relation
(4). Multiplions
doncpar ordre
les relations(4) , (7) ;
il
viendra ,
enréduisant.
Or,
cette relation(8)
estabsurde ;
car(6)
sonpremier rapport
estI , tandis
(5)
que son secondrapport
est aucontraire > I ;
doncla relation
(4)
estimpossible ;
et, attenduqu’elle
est uneconséquence
inévitable
de la relation(3),
il en résulte que cette dernière nepeut
être
admise ;
et comme, d’un autrecôté,
on nepeut
larejeter
sansadmettre la relation
(2),
il s’ensuit que cette relation a lieu eneffet
malgré
l’incommensurabilitésupposée
entreK
etKn.
La
proportionnalité
entre tous les termescorrespondant
des deuxséries est donc une suite nécessaire de la
proportionnalité
entre ceuxde ces termes
qui
sontcommensurables.
Ce mode de
raisonnement qui
ne laisse rien à désirer du côté de larigueur,
nous sembleprésenter
deuxavantages principaux
sur celuiqu’il
estd’usage d’employer dans
tous les cas de cette nature. I.° Ce que nous disons d’unrapport pouvant
êtreégalement appliqué à l’autre ,
nous nous trouvons
dispensés
de lacontre-épreuve
àlaquelle
on estexplicitement
ouimplicitement assujéti
dansl’application
des méthodesusitées ;
notre théorèmegénéral,
une foisdémontré , s’applique
avecla
plus grande
facilité auxlignes proportionnelles ,
auxangles
com-parés
aux arcs, aux aires desrectangles
de mêmebase,
auxangles
dièdres
comparés
auxangles plans ,
auxvolumes des parallèlipipèdes
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de même
base,
aux fuseauxsphériques comparés
soit entre eux soit aveela
sphère,
etgénéralement
à tous les cas del’incommensurabilité,
tant engéométrie qu’en arithmétique
et enstatique,
sansqu’on
soitobligé
de faireune démonstration pour
chaque
cas. La seule attention à avoir est de biens’assurer,
avantd’appliquer
le théorèmegénéral,
que les deux séries dequantités auxquelles
on en veut fairel’application p
sont exactement sou-mises aux lois que nous avons
supposé
exister danscelles que
nous,venons de considérer.
Il est essentiel de remarquer
que
notre démonstrationn’exige
pas que les deuxséries
dequantités ,
admises commeproportionnelles ,
dans le cas de la
commensurabilité,
soient exclusivement croissantesou décroissantes dans le même sens. L’une de ces séries
peut
croître tandisque l’autre décroît : comme il
arriverait,
parexemple,
si l’une des séries était formée demultiplicandes
et l’autre demultiplicateurs
de nature à donnerune suite de