Analise. Théorème général sur l’invariabilité de la forme des fonctions
Annales de Mathématiques pures et appliquées, tome 1 (1810-1811), p. 368-373
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368
ANALISE.
Théorème général
surl’invariabilité de la forme des fonctions ;
Par M.
DEMAIZIÈRE , professeur de mathématiques spéciales
au
lycée
de Versailles.INVARIABILITÉ
I.
SOIT
yune certaine fonction
~,de forme
engénéral inconnue ,
d’une variable x , considérée comme variable
indépendante; ~ (x)
étantsupposée pouvoir varier ,
soit par les états de’ la variable x , soit par laforme
même de lafonction désignée
par ~.Si,
pour un certain étatparticulier
xa(*)
de la variableprinci- pale,
l’étatcorrespondant
ya de la variabledèpendante
estexprimé
par
FI(xa) (**), où FI désigne
unefonction
déterminée de l’état xa ; pour tout autre état xh de la variableprincipale,
l’état correspondant
yh de là variabledépendante
seraexprimé
parFI (xh);
c’est-à-dire , qu’on
pourra êtresur,
avant même de connaître laforme
de
FI ,
que la relation entre y et x est invariable(***).
(*) xa doit se lire : x numéro a.
(**) FI (xa) se prononce : fonction numéro i de x numéro a.
(***) Ce théorème , à raison de sa
grande généralité ,
pouvant n’être paségalement
bien saisi par toutes les classes de lecteurs, il ne sera
peut-être
pas hors de propos defixer ,
parl’application
suivante, le sensprécis qu’on doit y
attacher.Soit y
une fonction~=(I+z)x
d’une variable x ; si pour un certain étatparticulier
xa=m de la variable
principale ( m
étantsupposé
entier etpositif )
l’étatcorrespondant
ya de la variable
dépendante
estexprimé
parOn
On
regarde
communément cetteproposition, prise
dans le sensgé-
néral de son
énoncé,
comme unaxiome,
et néanmoins on croit ne paspouvoir
sedispenser
de démontrer diversespropositions particulières qui
y sont renfermées. Ilparait cependant qu’il
n’est aucun cas oùune démonstration soit moins
indispensable
que dans le cas de l’incom-mensurabilité ,
que dans lagénéralisation
desformules
, soit de la tri-gonométrie ,
soit de latransformation
descoordonnées ,
soit despuis-
sapces des
polynomes ,
etc.La seule condition de
rigueur,
entre lesvariables x
et y, estqu’elles soient,
l’une etl’autre,, assujéties
à la loi decontinuité ;
en sorte que l’onpuisse concevoir
deux états. de x si voisinsqu’on voudra,
et assezvoisins pour
qu’il
leurcorresponde
de ux états de y dont la différence tombe au-dessous d’une limitedonnée, quelque petite qu’on
la sup-pose (*).
pour tout autre
état,
xh=-n ouxh=p q,
de la variableprincipale,
l’étatcorrespondant
y h de la variable
dépendante
seraexprime
parou
(*) Ceci n’a pas
besoin d’explication, lorsque
la série des états de x étantcomposée
de termes réels , celle des états
correspondans de y
necomprend également
que destermes réels ; mais on peut considérer une suite d’états
imaginaires
de x ou, en neconsidérant que des états réels de cette variable , il peut se faire que la série des états
correspondans dey
ne renferme que des termesimaginaires
ou soitcomposée
de diversesparties
alternativement réelles etimaginaires ,
et alors on peut demander àquels
ca-ractères on reconnaîtra qu’une telle suite de termes est assujétie à la loi de continuité ? Comme cela est sans difficulté pour les termes
qui
composent lesparties
réelles de lasérie , il
s’agit
seulementd’expliquer
dansquel
sens o-n peut dire que , soit deux termesimaginaires ,
soit un terme réel et un termeimaginaire ,
se succédant consécutive- ment, sontplus
ou moinsvoisins.
Pour cela nous remarquerons que la différence de deux
pareils termes
peut tou-jours )
engénéral,
êtresupposée imaginaire
et de la formep+q-I;
or iln’y
a-Tom. I. 50
370 INVARIABILITÉ
Notre proposition
sera démontrée(
comme en le verrabientôt )
si ,xa+I , ya+I étant deux états
correspondans ,
aussi voisinsqu’on
vou-dra de xa , ya,
respectivement ,
on reconnait que, la relationest une
absurdité ; F2 désignant
une fonctiondéterminée,
connue-ouinconnue ,
autre que cellequi
estdésignée
parFI.
Pour établir cette
proposition ,
formons le tableau des séries d’étatsvariables
de x , y 3FI(x) , F2(x) ,
...x xI x2 ... xa xa+I ... xh
(I)
y yI y2 ... ya ya+I
...
yh(II)
FI(x) FI(xI) FI(x2)
...FI(xa) FI(xa+I)
...FI(xh) (III) F2(x) F2(xI) F2(x2) ... F2(xa) F2(xa+I)
...F2(xh) (IV)
Cela
posé,
soienti , i’ , i" , i’’’ ,
...désignant
desquantités qui,
sans êtrenulles,
tom-bent au-dessous d’une limite
donnée,
sipetite qu’on
voudra la supposer.Si
(i )
estpossible ,
on a , à cause de(3) ,
et deya=FI(xa)
pas de doute
qu’une
telleexpression
nepuisse
tendre verszéro, puisqu’il
suffit pour cela que p et q tendent eux-mêmes vers cette limite commune. Nous dirons donc que les deux termes que nous considérons ici sont doutantplus
voishis que p et qseront
plus petits,
et la loi de continuité consistera, daus ce cas, en cequ’on puisse
concevoir ces deux termes assez voisins pour que p et q , sans 6tre nuls,
paissent
tomber , Fun et l’autre , au-dessous d’une limitedonnée, quelque petite d’ailleurs
’on suppose cette limite.
qu.
donc
(5), (6)
donnerontOr ,
ce résultat estimpossible ;
carFI (xa)
est unequantité
déter-minée , résultant
de certainesopérations
sur laquantité
xa et sur lesconstantes
implicites b ,
c , ...;F2(xa)
est aussi unequantité
déterminée , qui
résulte d’un autresystème d’opérations
sur lesquantités xa , b ,
c ,...., qui
sont exactement les mêmes que dansFI (xa);
doncFI(xa)-F2(xa)
est aussi unequantité
déterminée et nepeut
consé-quemment
tomber au-dessous d’une limite sipetite qu’on voudra ;
larelation
(7)
est doncimpossible
etconséquemment
la relation(I)
l’estaussi ,
si l’onsuppose F2
différent deFI;
donc enfinF2
est identi--que
avecFI.
Il suit de la
que
ya étantcompris
dans la sérieFI(x)
l’état ya+I,qui
avait étésupposé=F2(xa+I),
est aussicompris
dans la même sériepuisque F2
étant la même chose queFI;
aussiF2(xa+I)
est la mêmechose
queFI(xa+I):
or, cetteproposition
étantgénérale,
il s’ensuit quepareillement
ya+2 estcompris
dans la même sérieFI(x)
et quegénéralement,
si ya+g y estcompris ,
il en sera de même de ya+g+I ; donc ya+3 , ya+4 , ya+5 , ... yh, sontcompris
dans la mêmesérie ;
donc enfin
yh=FI(xh),
comme nous l’avions annoncé.II. La
même proposition
est vraie àl’égard d’une fonction inconnue y de
deux variablesprincipales x’, x"; c’est-à-dire ,
quesi ,
pour les états simultanésx’a’, x"a",
des deuxdernières, répondant à
l’étatya’a"
(*) de la première,
on a ya’a"=FI(x’a’, x"a") ... (I), où FI désigne
une
fonction déterminée,
connue ouinconnue;
pour tout autre sys-tème x’h’, x"h",
d’états simultanés des deux variablesprincipales, répondant à
l’état yh’h" de lavariable subordonnée,
on doit avoirégalement
yh’h"=FI (x’h’, x"h")
...(2).
On
peut ,
pour démontrer cetteproposition ,
ourépéter
exactement(*) ya’a" s’énonce : y numéro, a
prime
a seconde.372 INVARIABILITE DES FONCTIONS
le
raisonnement qui
a servi à démontrer lapremière,
ouemployer
unnouveau
raisonnement,
non moinssimple,
et fondé sur cettepremière:
nous
préférerons
ce dernier mode de démonstration.Pour
parvenir
deya’a"
à yh’h", considérons l’étatintermédiaire
yh’a".Cet état se trouve dans la série des états de
~(x’, x"a"),
pourlesquels
x"a"
est constante ; ainsi~(x’, x"a")
est une fonction d’une seule va-riable
x’,
et un de ses étatsparticuliers
est , parhypothèse
ya’a"=FI(x’a’,x"a") ;
donc toute la série~(x’ , x"a")
est de la formeFI(x’, x"a"); donc,
enparticulier,
pourx’h’, x"a"
on a :yh’a"=
FI(x’h’, x"a")... (3).
Maintenant 51
la valeuryh’h"
estcomprise
dans la série des états de~(x’h’, x")
pourlesquels xrh,
est constant, x" seulevariable,
et dontun état
particulier
est,(3), yh’a"=FI(x’h’, x"a");
donc(I)
toute la sé-rie
~(x’h’, x")
est de la même forme queFI (x’h’ ,x"a"); donc,
en par- ticulieryh’h"=FI (x’h’, x"h"),
comme nous l’avions annoncé.III. La
proposition
étantsupposé vérrifiée jusqu’à y=~[x’,x",
...,x(k)],
elle sera vraie aussi
pour y=~[x’, x",..., x(k), x(k+I)].
Eneffet,
supposons ya’a".
....(k) I)=FI [x’a’, x"a" ...x(k)a(k), x(k+I)a(k+I)] (*)
...(I),
nous allons voir
que yh’h".... h(k)h(k+I)=FI[x’h’, x"h",..., x(k)h(k), x(k+I)h(k+I)]
...(2).
Pour nous en
convaincre , considérons d’abord
l’étatintermédiaire yh’h".... h(k)a(k+I), compris
dansla
série[ 1
X// ,...x(k),x(k+I)a(k+I)] fonc-
tion d k
variables (
la dernièrequantité x(k+I)a(k+I)
étantconstante) ,
et dontun état
particulier
est celuisupposé (1). D’-après l’hypothèse
établiepour
une fonction de k
variables
on doit avoir~[x’, x",.... x(k), x(k+I)a(k+I)]=
FI
[x’,
x",...x (k), x(k+I)a(k+I)].... (3),
et parconséquent yh’h".. .h(k)a(k+
I)=FI [x’h’, x"h",
....,x(k)h(k), x(k+I)a(k+ I )] ... (4).
Maintenant la valeur
énoncée yh’h"....h(k)h(k+I) est
un étatparticulier
(*)
ya’a"...a(k)a(k+I) s’énonce : y numéro ,
aprime,
a seconde,.... aaccent k,
a accent
(k+I).
de ~[x’
h’,x"h",...., x(k)h(k), x(k+I )],
fonction de la seulevariable x(k+I),
et dont un autre état
particulier
estFI[x’h’, x"h", ....x(k)h(k), x(k+I)a(k+I)] ;
donc
(t)
on doitavoir yh’h" ....
h(k)h(k+
I)=I [x’h’, x"h",...x(k)h(k), x(k+I)h(k+ I)],
comme nous l’ayons annonce.
IV. Conclusion. La
proposition
étant effectivementprouvée (I), (II) pour k=I, k=2, il
s’ensuit(111) qu’clle
est vraie pourk=3,k=4,...,
pour un nombre
quelconque , pour
un nombre m de variables.V. Il est maintenant facile de voir que cette
proposition embrasse,
dans sa
généralité,
toutes cellesqui
concernent lesincommensurables les
formules trigonométriques ,
ledéveloppement
de(I+z)m, m
étantquelconque,
etc., etc. Il y aplus,
elles’applique
à des fonctions com-posées
deplusieurs
sériesséparées,
comme sont les ordonnées des deuxparties
d’unehyperbole ;
la loi de continuité étantconservée,
dans les deux sériesdistinctes y
par lesexpressions imaginaires qui
entre autres
propriétés ,
ontl’importante
destination de lier des résul-tats
qui,
sans leursintermédiaires,
sembleraient isolés les uns desautres.
QUESTIONS RÉSOLUES.
Solution du premier des deux problèmes proposés à la
page 292 de
cevolume ;
Par M. V E C T E N , professeur de mathématiques spéciales
au
lycée de Nismes.
ENONCÉ.
Deux villes se troupentsituées
dunemanière
connue, d’un même côté cl’un canalrectiligne.
On veut établir un
pont
sur cecanal,
et construire une routede
communication
de cepont
aux deuxvilles
pourl’usage desquelles
il est destiné.