Lycée Fénelon Sainte-Marie Classe de MP
Année 2020-2021 Mathématiques
Devoir maison n ◦ 07 – à rendre le lundi 1er février
durée estimée : deux heures environ
Dans tout le problème,Idésigne l’intervalle ]0,+∞[.
I — Une intégrale à paramètre — à faire
Pour toutx∈Ron pose, sous réserve d’existence, F(x) =
Z +∞
0
e−u
√u(u+x)du et K = Z +∞
0
e−u
√udu.
1. Démontrer queψ :u7→ e−u
√u est intégrable surI.
2. Déterminer les valeurs dexpour lesquellesF(x)est définie.
3. Montrer que la fonction F est de classeC1 surIet exprimer F0(x)sous forme intégrale.
4. En déduire que pour tout x∈I,xF0(x)−
x−1 2
F(x) =−K.
5. Pour tout x∈ I, on pose G(x) =√
xe−xF(x). Montrer qu’il existe une constante réelle C telle que pour tout x∈I,G(x) =C−K·
Z x
0
e−t
√tdt.
6. Déterminer les limites deGen 0 et+∞, et en déduire la valeur deK.
II — Étude de deux séries de fonctions — facultatif
Dans toute cette partie, on posef(x) =
+∞
X
n=1
e−nx
√n etg(x) =
+∞
X
n=0
√ne−nx.
7. Montrer quef et gsont définies et continues sur I.
8. Montrer que pour toutx∈I,
Z +∞
1
e−ux
√u du ≤ f(x) ≤ Z +∞
0
e−ux
√u du.
En déduire un équivalent de f(x)lorsquex→0.
9. Montrer que la suite
n
X
k=1
√1 k−2√
n
!
n≥1
converge.
10. Démontrer que pour toutx >0, la série X
n≥1 n
X
k=1
√1 k
!
e−nx converge et exprimer sa sommeh(x)en fonction def(x)pour toutx∈I.
11. En déduire un équivalent deh(x)lorsquex→0. Montrer alors queg(x)est équivalent à
√π
2x3/2 lorsquex→0.
Lycée Fénelon Sainte-Marie Classe de MP
Année 2020-2021 Mathématiques
Devoir maison n ◦ 07 — éléments de correction
d’après Mines-Ponts 2016 MP maths 2
I — Une intégrale à paramètre
1. Montrer que la fonction ψ est intégrable sur I La fonction ψ : u 7→ e−u
√u est continue par morceaux et positive sur ]0,+∞[. Elle possède deux problèmes d’intégration, en0et en +∞.
• Comme lim
u→+∞ue−u = 0 alors ψ(u) =o+∞(u3/2). La fonction u7→u3/2 est intégrable sur[1,+∞[ (fonction de référence) donc ψest intégrable au voisinage de+∞par comparaison de fonctions positives.
• La fonctionψest équivalente en0 à u7→ 1
√u qui est intégrable sur ]0,1](fonction de référence). Par compa- raison de fonctions positives,ψ est intégrable sur]0,1].
De ce fait : la fonctionψest intégrable surI=]0,+∞[ .
2. Déterminer les valeurs de xpour lesquelles F(x) est définie.
On posefx:u7→ e−u (u+x)√
u. Cette fonction admet trois problèmes : en0et en +∞, ainsi qu’en−xsix <0.
• Si x <0, alorsfx(u)u→−x∼ C
u+x avecu7→ 1
u+x non intégrable en−x(fonction de référence).
• Si x= 0, alors la fonction fx n’est pas intégrable en 0 car fx(u)u→0∼ 1
u3/2 et u7→ 1
u3/2 n’est pas intégrable (fonction de référence).
• Si x >0, alors la fonction fx est positive et pour toutu∈I, fx(u)≤ 1
xψ(u). Comme ψ est intégrable surI (question 1.),fxest intégrable surI.
On en déduit que la fonction F est définie surI=]0,+∞[.
3. Montrer que F est de classe C1 sur I et exprimer F0(x) sous forme intégrale.
Appliquons le théorème de dérivation des intégrales à paramètre. Notons désormais f(x, u) = e−u (u+x)√
u pour tout (x, u)∈I2.
• Pour toutx∈I,fx:u7→f(x, u)est continue par morceaux et intégrable surI d’après 2.
• La fonction f admet une dérivée partielle première selon sa première variable surI2, avec
∂f
∂x(x, u) = − e−u (u+x)2√
u.
• ? Pour toutx∈I, la fonction ∂f
∂x(x,·)est continue par morceaux sur I.
? Pour toutu∈I, la fonction ∂f
∂x(·, u)est continue surI.
? Hypothèse de domination (locale). Pour touta >0:
∀x∈[a,+∞[, ∀u∈I,
∂f
∂x(x, u)
≤ e−u a2√
u = 1 a2ψ(u) oùu7→ 1
a2ψ(u)est intégrable surI (question 1).
Ainsi, par le théorème de dérivation des intégrales à paramètre : F est de classeC1 surI et
∀x∈I, F0(x) = − Z +∞
0
e−u (u+x)2√
udu .
4. En déduire que pour tout x∈I,...
Soitx∈I. Calculons F(x)par intégration par parties. Posonsλ(u) = 2√
uet µ(u) = e−u
u+x. Les fonctionsλet µsont de classeC1sur I=R∗+ avecλ0(u) = 1
√u et µ0(u) =− e−u
u+x− e−u
(u+x)2, d’où : F(x) =
2√
u× e−u x+u
+∞
0
− Z +∞
0
2√ u
− e−u
u+x− e−u (u+x)2
du.
Le terme tout intégré est clairement nul quand u = 0. Il est également de limite nulle quand u → +∞ par croissances comparées. Par conséquent
F(x) = Z +∞
0
2√ ue−u x+u du+
Z +∞
0
2√ ue−u (x+u)2du.
De plus, en écrivant √ u= u
√u dans chacune des deux intégrales :
F(x) = 2 Z +∞
0
(u+x−x)e−u (x+u)√
u du + 2 Z +∞
0
(u+x−x)e−u (x+u)2√
u du
= 2 Z +∞
0
e−u
√udu−2x Z +∞
0
e−u (x+u)√
udu +
Z +∞
0
e−u (x+u)√
udu−2x Z +∞
0
e−u (x+u)2√
udu
= 2K−2xF(x) + F(x)−2xF0(x).
Finalement on obtient bien xF0(x)−
x−1 2
F(x) =K .
5. Montrer qu’il existe une constante C telle que G(x) =C−K Z +∞
0
e−t t dt.
La fonction G:x7→√
xe−xF(x)est dérivable surI et pour toutx∈I, G0(x) =
1 2√
xe−x−√ xe−x
F(x) +√
xe−xF0(x) = e−x
√x
xF0(x)−
x−1 2
F(x)
Q4.
= −Ke−x
√x.
De ce fait, comme G0 est continue et I est un intervalle, le théorème fondamental du calcul intégral (TFCI) affirme que : il existe une constante Ctelle que : ∀x∈I,G(x) =C−K
Z x
0
e−t t dt . 6. Déterminer les limites de G en 0 et +∞ et en déduire la valeur de K.
• Calculons la limite deG:x7→√
xe−xF(x)en+∞.
La fonctionF est positive (par positivité de l’intégrale) et décroissante (car la dérivée est négative) donc elle tend vers une limite finie`en+∞. De ce fait lim
x→+∞G(x) = 0 car lim
x→+∞
√xe−x= 0.
D’autre part, en utilisant la formule trouvée en 5. on obtient que G(x) x→+∞−→ C−K2. On en déduit que C=K2 .
• Calculons maintenant la limite deGen0.
Commeex x−→→01on peut se contenter de calculer la limite de√
xF(x)quandx→0. On effectue le changement de variable affineu=xt(doncdu=xdt) :
√xF(x) = Z +∞
0
√xe−u
√u(u+x)du = Z +∞
0
x√ xe−xtdt
√xt(xt+x) = Z +∞
0
e−xtdt
√t(1 +t).
On va maintenant faire tendre xvers0, à l’aide du théorème de convergence dominée à paramètre continu :
? Pour toutt∈I, la fonction x7→ e−xt
√t(1 +t) tend vers 1
√t(1 +t) quandxtend vers0.
? Pour toutx∈R+, la fonctiont7→ e−xt
√t(1 +t) est continue par morceaux surI.
? Pour toutx∈Ret toutt∈I:
e−xt
√t(1 +t)
≤ 1
√t(1 +t) = θ(t).
Prouvons que θ est intégrable sur I. Ses seuls problèmes sont en 0 et +∞. En outre θ(t) t→0∼ 1
√t et θ(t)t→+∞∼ 1
t32, avect7→ 1
√t ett7→ 1
t32 qui sont intégrables en0et +∞respectivement.
On en déduit que
x→0limG(x) = lim
x→0
√xF(x) = Z +∞
0
√ dt
t(1 +t). Maintenant, cette dernière intégrale se calcule en posant v = √
t (et donc dv = 1 2√
tdt) : c’est bien un changement de variable licite (C1-difféomorphisme) car bijectif, de classe C1, et de bijection réciproque la fonction carré qui est de classe C1 surI. On obtient :
Z +∞
0
√ dt
t(1 +t) = Z +∞
0
2dv
(1 +v2) = 2h
arctan(v)i+∞
0
= π.
En d’autres termes G(x)x→0−→π .
• Par ailleurs en reprenant la formule trouvée en 5. on obtient : G(x)x→0−→C . En conclusionK2=C=πet donc K=√
π.
II — Étude de deux séries de fonctions
7. Montrer que f etg sont définies et continues sur I.
• Soitx∈I. La série géométriqueP
ne−nx converge car sa raison vérifie|e−x|<1.
Pour tout n ≥ 1, on a e−nx
√n ≤ e−nx donc par comparaison de séries à termes positifs (SATP) : X
n
e−nx
√n
converge. Par conséquent la fonction f est définie surI . Posonshn(x) =e−nx
√n . Pour touta∈I, pour toutx∈[a,+∞[, |hn(x)| ≤hn(a). On en déduit quekhnk[a,+∞[∞ ≤ hn(a), terme général d’une série convergente. AinsiP
nhn converge normalement donc uniformément sur tout [a,+∞[. Or chaquehn est continue, d’oùf est continue sur tout [a,+∞[.
Finalement f est continue surI .
• Soit x∈I. Par croissances comparées n2√
ne−nx n→+∞−→ 0 donc √
ne−nx =o 1
n2
. Par comparaison à une série de RiemannX
n
1
n2 convergente on en déduit queX
n
√ne−nx est convergente. Ainsi g est définie surI .
Posons `n(x) = √
ne−nx. Pour tout a ∈ I, pour tout x ∈ [a,+∞[, |`n(x)| ≤ `n(a). On en déduit que k`nk[a,+∞[∞ ≤`n(a), terme général d’une série convergente. AinsiP
n`n converge normalement donc uniformé- ment sur tout [a,+∞[. Or chaque`n est continue, d’oùg est continue sur tout[a,+∞[.
Finalement gest continue surI .
8. Montrer que. . . En déduire un équivalent de f(x)lorsque xtend vers 0.
Soitx∈I. La fonctionθ:u7→ e−ux
√u est décroissante et continue par morceaux. On peut donc utiliser la méthode de comparaison série-intégrale. Précisément, pour tout entier N :
Z N−1
1
θ(u)du ≤
N
X
n=1
e−nx
√n ≤ Z N
0
θ(u)du.
En faisant tendre N vers+∞on obtient : Z +∞
1
e−ux
√u du ≤
+∞
X
n=1
e−nx
√n = f(x) ≤ Z +∞
0
e−ux
√u du .
Notons que les intégrales convergent d’après la question 1.
Effectuons le changement de variable affinev=ux(doncdv=xdu), licite, dans les deux intégrales :
√1 x
Z +∞
x
e−v
√vdv = 1 x
Z +∞
x
e−v
pv/xdv ≤ f(x) ≤ 1 x
Z +∞
0
e−v
pv/xdv = 1
√x Z +∞
0
e−v
√vdv.
Par encadrement, on en déduit que√
xf(x)x→0−→
Z +∞
0
e−v
√vdv=√
πd’après la question 6.
En conclusion f(x)x→0∼ rπ
x . 9. Montrer que la suite
n P
k=1
√1 k−2√
n
n≥1
converge.
On pose pourk≥1, vk = 1
√k− Z k
k−1
√1
tdt= 1
√k−2(√ k−√
k−1). Par télescopage, pour toutn≥1:
n
X
k=1
vk =
n
X
k=1
√1 k −2√
n.
Or la fonctiont7→ 1
√t est définie et continue surI et décroissante. De ce fait, pour toutk≥2 :
√ 1
k−1 ≥ Z k
k−1
√1
tdt ≥ 1
√ k d’où :
√1
k− 1
√k−1 ≤ vk = 1
√ k−
Z k
k−1
√1
tdt ≤ 0.
Cela implique par télescopage que, pourk≥2: v1+ 1
√n−1 ≤
n
X
k=1
vk ≤ v1.
La sérieP
vk est donc une série à termes négatifs dont les sommes partielles sont minorées, puisque :
∀n∈N∗, v1−1 ≤
n
X
k=1
vk.
On en déduit que la sérieX
k
vk converge et donc la suite n
P
k=1
√1 k−2√
n
n≥1
converge .
10. Démontrer que la série X
n≥1 n
X
k=1
√1 k
!
e−nx converge et exprimer sa sommeh(x)en fonction de f(x).
Par croissances comparées il vient 0 ≤ n2×
n
X
k=1
√1 k
!
e−nx ≤ n2×ne−nx n→+∞−→ 0,
donc
n
X
k=1
√1 k
!
e−nx=o 1
n2
. Par comparaison à la série de RiemannX
n
1
n2 convergente : X
n≥1 n
X
k=1
√1 k
!
e−nx converge .
Calculons sa somme h(x). On considère les séries de termes générauxak =e−kx
√
k etbk=e−kx, avece−x∈]0,1[.
Ces séries sont absolument convergentes, de sommes
+∞
X
k=1
ak =f(x)et
+∞
X
k=1
e−kx= e−x
1−e−x = 1
ex−1. On a donc la convergence de leur produit de Cauchy, de terme général :
cn =
n
X
k=1
akbn−k =
n
X
k=1
e−kx
√
k e−(n−k)x =
n
X
k=1
√1 k
!
×e−nx.
Il s’ensuit que h(x) =
+∞
X
n=1
cn =
+∞
X
n=1
an
! +∞
X
n=1
bn
!
et enfin h(x) = f(x)
ex−1 pour toutx∈I . 11. En déduire un équivalent de h(x)pour x→0. Montrer que g(x)x→0∼
√π 2x3/2.
En utilisant les résultats des questions 8 et 10, on obtient que h(x)x→0∼ 1 x
rπ x=
√π
x3/2. Maintenant, on pose(αn)n la suite définie à la question 9 parαn =
n
X
k=1
√1 k−2√
n. Pour x∈I :
h(x) =
+∞
X
n=1 n
X
k=1
√1 ke−nx
!
=
+∞
X
n=1
(2√
n+αn)e−nx
= 2g(x) +
+∞
X
n=1
αne−nx (car les deux séries convergent).
Or on a vu à la question 9 que(αn)n était une suite positive, croissante et convergente. Si on noteAsa limite, on a pour toutx∈I :
+∞
X
n=1
αne−nx
≤ A
+∞
X
n=0
e−nx
= A
1−e−x
x→0∼ A x. On en déduit que
+∞
X
n=1
αne−nx =Ox→0 1
x
= ox→0 1
x3/2
.
Finalement : g(x) x→0∼ 1
2h(x) x→0∼
√π 2x3/2 .