C AHIERS DE
TOPOLOGIE ET GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CATÉGORIQUES
F RANCIS B ORCEUX
Complétion universelle des catégories
Cahiers de topologie et géométrie différentielle catégoriques, tome 13, n
o4 (1972), p. 369-376
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COMPLETION UNIVERSELLE
DESCATEGORIES
par Francis BORCEUXCAHIERS DE TOPOLOGIE ET GEOMETRIE DIFFERENTIELLE
VoL XIII - 4
Etant donné une
catégorie C",
existe-t-il unecatégorie
C* com-plète
àgauche
et à droite dont C’ soit unesous-catégorie?
ISBELL(cfr.
[6] )
et EHRESMANN(cfr. [4] )
ont exhibé diversescatégories C’
ré-pondant
à laquestion.
Troispropriétés importantes
sont souhaitées pour lacatégorie C» ,
à savoir le caractère universel de cettecomplétion,
lecaractère
plein
de C’ dans C* et la commutation aux limites de l’inclu- sioncanonique (C’,
i ,C’ ) .
La solution
proposée
par ISBELL est telle que l’inclusion canoni- que soitpleine
et commute auxlimites;
quant àEHRESMANN,
il propose deux solutions de type universel telles que lapremière présente
une in- clusionpleine
de C* dans C* et la seconde une inclusion commutant auxlimites.
Le but de cet article est de montrer que la seconde solution pro-
posée
par EHRESMANN peut en fait être considérée comme la solution i- déale en ce sens que l’inclusioncanonique
de C* dans C* commute auxlimites mais est
également pleine (théorème 15 )
et que cette solution pos- sède un caractère universel non seulement par rapport auxfoncteurs,
maisaussi par rapport aux transformations naturelles. L’extension de la pro-
priété
universelle aux transformations naturelles est d’ailleurs valableégalement
pour lapremière complétion proposée
par EHRESMANN(thé-
orème
13 ).
Les résultats contenus dans cet article ont en fait constitué l’es- sentiel d’un mémoire
présenté
à l’université de Louvain en 1970 en vue de l’obtention dugrade
de licencié en Sciences. Ils ne sontqu’une
mo-deste contribution aux travaux du Professeur C. EHRESMANN sur les pro- blèmes de
complétion
descatégories. Je
remercie Madame A. BASTIANI dont une remarquejudicieuse
apermis
desimpl ifier
nettement la démons-tration du théorème 6.
Pour des raisons de
commodité,
nousadoptons
les notations etla numérotation des résultats telles
qu’on
les trouve dans l’article de C .EHRESMANN (cfr. [4] ).
Si C. est unecatégorie, BC*
est lacatégorié
de ses quatuors
f, ou
carréscommutatifs ) .
Une transformation naturelle(O, t, O) d’un foncteur ID
de 1. vers C’ vers un foncteur O’ est iden- tifiée au foncteur vers8 C’ correspondant ( qui
associe(O’(k), t (Bk), t(Ck),O(k))
àk E I).
Plaçons-nous
dans la situation décrite au début de la secondepartie
de[4]. X.
etmo
sont deux univers tels quemo
Em(1
etlko
Cmo
et
lùo
l’ensemble des éléments demo équipotents
à un éléments demo.
Introduisons en outre
l’hypothèse
que l’universmo
contient un ensembleinfini : cette
hypothèse
nous semble en effet nécessaire pourjustifier,
dans la démonstration du théorème
5 , l’égalité w_& = A ( cfr. [4] ).
Désignons par 9
un ensemble decatégories
choisies dans l’universmo
Dès lorsfog désigne
l’ensemble descouples (C’ , v),
où C’ est unecatégorie
dont l’ensemble desmorphismes appartient
àmo
et v un «choix»de limites
projectives
sur C’ pour lesfoncteurs O=(O, O, I.)
où l’E9;
la
catégorie
des foncteurs entre élémentsde 9n «compatibles
avec leschoix de limites » est
notée fg.
Enfinf’og
est définie de même en rem-plaçant
les choix de limitesprojectives
par des « choixpartiels » .
Lescatégories analogues
relatives à l’universXo
sontdésignées par ff
etf’g.
Le résultat suivant est purementtechni q ue :
THEOREME 5 et LEMME G. Su osons
gemo, (C’, v)Efg
etMCC.
THEOREME 5 et LEMME6.
Supposons o (C., V) E fg et MCC.
Soit
(M’, v)
lacomplétion g-projeetive
de M dans(C., v) - ( c’est-à·
dire la
plus petite sous-catégorie
de C. stable pour les choix de limiteset contenant
M)-.
SiM E mo,
on a M Emo.
Si M" est unesous-catégori e
de C’ telle que :
(A) si O =(C , O,I. ) E f.g (=
ensemble desfoncteurs
dont la sourceappartient à 9
et de butC.)
et siLim v O E M,
on aO (I)C M
et(M’, O, I.)
admet(DD M., v (O), I.)
pour limiteprojective
naturali.s ée.
(B)
pour toutobjet
e E C.o -Mo il existe auplus
unfoncteur O = (C. , O, I* )
g tel que Lim v O=e,
alors M° est
pleine
dansM’ ;
si dePlus il
est un univers, M° une’U-ca-
tégorie ( c’est-à-dire
que les ensembles demorphismes
de but et de sourcefixés appartiennent à ch)
et si 1E ’11
pour tout 1-E g,
alors lacatégorie
M’ est aussi
une’U -catégorie.
Nous avons donc
remplaçé
les deuxhypothèses (A’) Lim v O E M quel
que soit O E C’f.g,
( B’ )
le foncteurLim"
estinj ectif
sur lesobj ets,
qui apparaissaient
dans le théorème 5 de[4]
par leshypothèses plus
faibles
(A)
et(B).
Le lemme 6 de[4]
a consisté à prouver quel’hy- pothèse (A’ ) pouvait
êtreremplacée
parl’hypothèse (A)
sans altérer lerésultat;
il reste à vérifierqu’il
en est de même pour leshypothèses (B)
et
(B’ ).
Dans le théorème 5 , la démonstration du fait que
Nk = Mk
restevalable sous les
hypothèses affaiblies;
eneffet, l’hypothèse ( B’ )
y estutilisée deux fois et
chaque
foisl’hypothèse (B)
suffit:p.
58, 1.19: par hypothèse, a (m’) E M;
p.60 ,
1.10 :m’ = pi (O) E Mk;
siLim v OD = a (m’) E M, alors O (I. ) C M (hy- pothèse A)
e.tpi (O) E M C Mk, (hypothèse A),
d’où unecontradiction;
donc
a (m’)= B(mn ) E M.
En outre la démonstration du théorème 5 peut être utilisée sans modification pour prouver queM*=M*1
est une sous-catégorie pleine
deM) .
Enchaînons alors avec la démonstration du lemme 6 où
l’hypothèse (B’)
est utilisée une fois de
plus;
à nouveaul’hypothèse (B)
suffit:p.141 ,
1. -- 3 : siLim vO =B(m1),E M, O(I)C M (hypothèse A)
et donc18( ID) c Ml
avec 1k’.puisque k>2;
siLimv O= B(m1) E Mk’-M-
vul’hypothèse (B)
et la définition deMk’,
il existeSoit
P9
le foncteur d’oubli defg
vers lacatégorie 5
des fonc-teurs. Nous allons maintenant relativiser par rapport
à 5:
lapropriété
u-niverselle vérifiée p ar la
ptsrrucrure
libre en cause dans le théorème 6.T H E O R E M E 6.
Soit g Cfo et gEio.
Tout H»e 5.
adm et unecomplétion
g-projective (H., v) - ( c’est-à-dire
unepi-structure libre) -
ayant lespropriétés
suivantes :1)
V
estinjective
et H’ est unesous-catégorie pleine
deH’,
2) (k , v)
est unepg-structure
libreengendrée
par H’ relativementà f,
3)
si Iappartient
à l’univers11
pour tout I’E g
et si H’ est uneU-ca- tégorie,
H’ est uneli-catégorie,
Le caractère relatif de la
pg-structure
libre(H- , v ) indique (cfr. [2])
que l’on a un
isomorphisme
decatégories
pour tout élément (H" ,
v’) E fgo
et non seulement unebijection
entre lesensembles
d’objets;
onexige
bien sûr le caractère naturel en (H"’ v’) desisomorphismes
enquestion.
Soient donc
(H’, v’) e fgo, O= (H’, O, H°) E f, Y=(H",Y,H) E f
etT=(Y,T, O) E n(N’, H°) DD.
NotonsO = ((H", v’), O, (H’ , v)) E fg
et
’Y = ((H’,v’), Y, (H°, v)) Efg
lesuniques
extensions des foncteurs O et Ils’agit
de prouver que la transformation naturelle T s’étend de manièreunique
en une transformation naturelleT = ( Y, T, O).
La donnée de la transformation naturelle T est
équivalente
à la donnéed’un foncteur T’ de H* vers
8 H",
En outre le choix v’ de limites pro-jectives
sur H’* s’étend en un choixDDv’
de limitesprojectives
surDD’°,
de manière à fournir un
objet (DDH’, DDv’) de fog;
eneffet,
siI. E g
et@=(DDH’, @,I)
est un foncteur, notons0’=(02,0’,
la transformation naturelle
correspondante :
nous définissonssimplement H v’(@)= v’(0’) - (unique
factorisation deV’(01)
versV’( 02
indui-te par la transformation naturelle
01 ).
Dès lorsT’=((DDH’, DDv’), T’, (H’, v ))
est unmorphisme
defg
et sonunique
extensionH-
DD v’), T’, (H,v)) E fg
fournit la transformation naturelleT=(Y, T, O)
cherchée.Les raffinements
techniques
du théorème 5 telsqu’ils
ont étéexposés
ci-dessus nous permettent maintenant de montrer que lacomplé-
tion
9-projective (H°, 03BC)
de(H’, J.L)
en cause dans le théorème 10 esten fait telle que H- soit
pleine
dansH’ .
On remarquera en outre(corol-
laire du théorème
5 )
que cettecomplétion présente
unepropriété
univer-selle
qui
se relativise par rapport à?. Notons
l’inclusioncanonique
de fg dans fg
THEOREME 10 et COROLLAIRE DU THEOREME 5.
Supposons (H* , 03BC)
e5:" .
Il existe unecomplétion f-projective (H°, 03BC)
de
(H°, u)
et ellepossède
lespropriétés
suivantes:1 ) /7’ est
isomorphe à
unesous-catégorie pleine
deH’,
2)
(H°, 03BC)
est uneqg-structure
libreengendrée
par(H°, 03BC) relative-
ment à
Cj,
3) (H°, 03BC)
est uneqg-structure quasi-quotient
d’unepg-structure
libreengendrée
par H° relativement àf.
On sait que
(H°, 03BC)
est uneqg-structure
libreengendrée
par(H°, 03BC) en
vertu du corollaire du théorème 5 de
[4] ;
le caractère relatif àf
de cet- te situation se vérifie par des raisonnementsanalogues
à ceuxdéveloppés
ci-dessus dans la démonstration du théorème 6. Il reste à vérifier le ca-
ractère
plein
de H° dansH°.
Nous utiliserons pour cela lagénéralisation
du théorème 5 établie ci-dessus.
Tout d’abord
l’argumentation développée
pour établir le caractèreinjec-
tif
de û
dans le théorème 6 s’étend tellequelle pour
prouver quel’hypo-
thèse
(B)
du théorème 5 est vérifiée dans le casprésent.
Il reste à voirque
l’hypothèse (A)
du théorème 5 estégalement
vérifiée.Notons
i1 =((H, 03BC), i1, (H°
l’inclusioncanonique.
Soit F =(H,
F, I°) où I’E 9
un foncteur telque il ( e )
= Lim03BC (F) E Ho;
il faut démontrer que03BC (F) C D H°.
Procédons par l’absurde. Notons 77’ la ca-tégorie équivalente
à77’
obtenue enajoutant
à/7’
unobjet
eoisomorphe
à e. Notons
i2 = ( li" , i2’ fi- )
l’inclusioncanonique
eti3 =(H°, i3, H°)
lefoncteur coïncidant avec l’identité sur
Ho
et tel quei3 (eo) = e.
Si OEH 9,
posons03BC(O)=03BC(i3.O)
siO+i2. F
ete(i 2 F) isomorphe
à
03BC(F)
et tel queLim J.L( i 2’ F ) = eo,
On a(H’, 03BC) E fgo
eti2. i1 = ((H°, 03BC), i2. i1, (H°, 03BC
parce que03BC (F) C D H: Il existe donc un
unique foncteur j = (( H.03BC), j, (H’ , 03BC)) E fg
tel quei2. i1 = j . i1.
Maisi - F=i2
F car, si k est leplus petit
ordinal tel queF(I) C Mk (on
aposé
M = H et utilisé les notations du théorème5 ) , M,B
a été construit àpartir
de H* et desfoncteurs O E Mç . f.g où ç k;
comme Fn’appar-
tient pas à cette classe de
foncteurs, j
coincide avec l’identité surMk
vu la définition de
/2 .
Dès lors
t
d’où la
contradiction,
cequi
achève de prouverque fi ( F ) C 0
H°. En ver-tu du théorème
5 ,
nous obtenons donc le caractèreplein
de H’ dansH°.
Les enrichissements de certains résultats de
[4]
telsqu’ils
ontété décrits ci-dessus entraînent bien sûr des enrichissements correspon- dants des résultats du
paragraphe
11-3 concernantl’adjonction
simultanéede limites inductives et
projectives.
Citonssimplement
les deux résultatsprincipaux auxquels
onaboutit. g désigne
un ensemble decatégories
choisies dans l’univers
Mi. , 599
lacatégorie
des foncteurscompatibles
avec les choix de limites et définis entre les
triplets ( C’ , v, 03BC)
où C’est une
catégorie
deM. , v
un choix de limitesprojectives
et 03BC un choixde limites
inductives; f’gg
est définiecomme fgg
enremplaçant
leschoix de limites par des choix
partiels; pgg
est le foncteur d’oubli defgg
versf et qll
l’inclusioncanonique de 5:J
dansf’gg.
THEOREME 13. Tout H*
E fo
admet unegg-complétition
fC’, v,f-L)
ayant lespropriétés
suivantes:1 ) H° est une
sous-catégorie pleine
de C»2 ) (C°, v, f-L)
estune pgg-structure
libr eengendrée
par Ho relativementà
f,
3 ) le
foncteur
somme de Lim ’ et de Lim i" estinjectif.
THEOREME 15 et COROLLAIRE DU THEOREME 12.
Tout
(H°,
v,03BC)
Ef,ggo
admetune gg-complétion (fi» v, 03BC)
ayant lespro pri ét és
suivant es :1 ) H’ est une
sous-catégorie pleine
deH’,
2 ) ( fi« , ÎÍ, w )
est uneqil-structure
libreengendrée
par( H* ,
v ,03BC)
rela-tivement à
f,
3) (H°, v, 03BC)
est uneqgg-structure quasi-quotient
d’unepj-structure
li-bre
engendrée
par H’ relativementà f.
C’est ce dernier résultat
qui
étaitprésenté
dans l’introduction decet article comme étant la solution idéale aux
problèmes
decomplétion.
Bibliographie
[1]
F. BORCEUX, Problèmes universels decomplétion
descatégories,
Mémoire, Louvain (1970).