Quelques remarques sur le principe de fonctorialit´ e
Laurent Lafforgue
Institut des Hautes ´ Etudes Scientifiques, 35 route de Chartres, F-91440 Bures-sur-Yvette
Expos´e IV (7 juin 2006) : Et du cˆot´e g´eom´etrique ?
1. Expression g´eom´etrique des moyennes des noyaux tronqu´es 2. Mod`eles de Whittaker et d´ecompositions spectrales locales
3. Convolution de deux noyaux de Whittaker locaux via un homomorphisme de transfert 4. Une conjecture vague d’interversion d’une limite et d’une somme
Expos´e IV :
Et du cˆ ot´e g´eom´etrique ?
On continue `a s’int´eresser au principe de fonctorialit´e de Langlands entre deux groupes alg´ebriques lin´eairesGetH reli´es par un homomorphisme de transfert entre leurs groupes duaux.
Dans le cas o`u le groupe lin´eaire de d´epartGest ab´elien, on a introduit dans le pr´ec´edent expos´e un certain espace affine de fonctionnelles bilin´eaires en les paires de fonctions de Hecke surGet H. Ces fonctionnelles ont ´et´e d´efinies comme des limites formelles de s´eries dont les coefficients ont des expressions g´eom´etriques.
On aborde ici la question de chercher des formules g´eom´etriques explicites pour ces fonctionnelles.
En utilisant la d´ecomposition de Bruhat et le th´eor`eme de Shintani sur les mod`eles de Whittaker des groupes lin´eaires, on s’engage dans une direction qui conduit `a formuler une conjecture encore assez vague.
On suppose que nos fonctionnelles s’obtiennent en appliquant `a certaines fonctions explicites :
– d’abord une transformation par int´egration sur des produits de cercles index´es par un ensemble fini de places, pour la mesure de Haar ;
– puis une moyenne sur les ´el´ements rationnels des fonctions sur les tores maximaux ad´eliques de Get H obtenues par la transformation pr´ec´edente.
Le calcul de cette moyenne est difficile car les fonctions qu’on obtient sur ces tores ad´eliques sont tr`es oscillantes. C’est ce qu’on voit dans le cas de l’induction automorphe de GL1 `a GL2 via une extension quadratique, qui fera l’objet du prochain expos´e.
Les calculs que nous ferons dans ce cas nous inciteront `a proposer dans l’Expos´e V une formule g´eom´etrique pour la valeur de cette moyenne sur les ´el´ements rationnels, dans le cadre du transfert automorphe entre deux groupes lin´eaires dont le premier est ab´elien.
Si cette conjecture ´etait vraie, elle rendrait l’existence du transfert entre deux tels groupes lin´eaires
´equivalente `a une famille d’identit´es locales index´ees par les places de F.
Dans l’Expos´e VI, nous g´en´eraliserons notre approche et les conjectures du pr´esent expos´e IV et de l’Expos´e V au cadre g´en´eral du transfert entre deux groupes lin´eaires arbitraires.
1 Expression g´ eom´ etrique des moyennes des noyaux tronqu´ es
On consid`ere un groupe lin´eaire g´en´eral G= Y
i∈IG
ResEi/FGLri.
On rappelle que, pour toute famille d’entiersN• = (Ni)i∈IG, on s’int´eresse `a la fonctionnelle qui associe `a toute fonction de Heckeh∈ HG/AG la moyenne
Moyenne
deg (g)=N•
Λ1Λ2KhG(g, g) = Z
Q(F)\G(A)/AG
dg·1(degQ(g) =N•)·Λ1Λ2KhG(g, g) Z
dg·1(deg (g) =N )
.
Dans le groupe de Weyl du groupe lin´eaireG WG= Y
i∈IG
Sri,
on dispose de l’´el´ement de longueur maximalew0 qui inverse l’ordre de l’ensemble {1,2, . . . , ri} pour tout i ∈ IG. Pour toute famille r = {ri = ri,1+· · ·+ri,ki} de partitions des entiers ri, i ∈ IG, on notera wr l’´el´ement de WG tel que w0wr agit sur chaque {1,2, . . . , ri} en inversant l’ordre des ´el´ements dans {1,2, . . . , ri,1}, puis{ri,1+ 1, . . . , ri,1+ri,2}, . . .; puis{ri,1+ri,2+· · ·+ri,ki−1+ 1, . . . , ri}. Autrement dit, la composante d’indicei∈IG dewr vue comme une matrice est :
0
1 0
. ..
0 1
. ..
1 0
. ..
0 1
1 0
. ..
0 1
0
ri,ki
...
ri,2
ri,1
Rappelant le sous-groupe de Borel des matrices triangulaires sup´erieures BG = Y
i∈IG
ResEi/FBri, et son radical unipotent
NB = Y
i∈IG
ResEi/FNri,
on notera pour toute famille{ri=ri,1+· · ·+ri,ki}=rde partitions comme ci-dessus Nr =NB∩wr·NB·wr = Y
i∈IG
ResEi/F(Nri,1× · · · ×Nri,ki), et
Tr ={(λi,k) i∈IG 1≤k≤ri
|λi,k=λi,k0 si 1≤k < k0≤ri et wr(k)< wr(k0)}
le commutateur deNr dans le tore maximalTG= Q
i∈IG
ResEi/FGrmi des matrices diagonales.
Prouvons :
Proposition IV.1.–Pour toute famille d’entiers N•= (Ni)i∈IG, et toute fonction de Heckeh∈ HG/AG, l’int´egrale
Z
Q(F)\G(A)/AG
dg·1(degQ(g) =N•)·Λ1Λ2KhG(g, g) est ´egale `a la somme
X
r
X
γ∈Tr(F)
Z
Nr(A)\G(A)/AG·ZG(F)
dg·1(degQ(g) =N•)· Z
NB(A)
dn·ψB(n)·h(g−1·wr·γ·n·g).
D´emonstration.On sait d’apr`es le Lemme III.4 que l’int´egrale Z
Q(F)\G(A)/AG
dg·1(degQ(g) =N•)·Λ1Λ2KhG(g, g) est ´egale `a
Z
Q(F)\G(A)/AG
dg·1(degQ(g) =N•)· X
γ∈NB−(F)\G−(F)
Z
[NB(F)\NB(A)]2
dn1·dn2·ψB(n1·n−12 )
· KhG(n1·γ g, n2·γ g)
= Z
NB(F)\G(A)/AG·ZG(F)
dg·1(degQ(g) =N•)· Z
NB(F)\NB(A)
dn·ψB(n)· X
δ∈G(F)
h(g−1·δ·n·g)
= Z
NB(F)\G(A)/AG·ZG(F)
dg·1(degQ(g) =N•)· X
δ∈G(F)/NB(F)
Z
NB(A)
dn·ψB(n)·h(g−1·δ·n·g).
Or, d’apr`es la d´ecomposition de Bruhat, tout ´el´ement deG(F) s’´ecrit de mani`ere unique sous la forme η2·w·γ·η1
o`u
• w∈WG est un ´el´ement du groupe de Weyl deG, identifi´e `a une matrice de permutation,
• γ∈TG(F) est une matrice diagonale,
• η1 et η2 sont deux ´el´ements deNB(F), modulo le sous-groupeNB(F)∩w·NB(F)·w−1. Par cons´equent, notre int´egrale s’´ecrit encore comme une somme
X
w∈WG
Z
(NB(F)∩w·NB(F)·w−1)\G(A)/AG·ZG(F)
dg·1(degQ(g) =N•)· X
γ∈TG(F)
Z
NB(A)
dn·ψB(n)·h(g−1·w·γ·n·g).
On conclut grˆace au lemme suivant qui permet de ne garder dans la sommation que lesw de la forme wr et lesγ∈Tr(F) :
Lemme IV.2.–Une int´egrale de la forme Z
(NB(F)∩w·NB(F)·w−1)\(NB(A)×NB(A))
dn1·dn2·ψB(n1n−12 )·h(g2−1·n−12 ·w·γ·n1·g1) avecg1, g2∈G(A),w∈WG,γ∈TG(F)etNB(F)∩w·NB(F)·w−1 plong´e dans NB(A)×NB(A)par
η 7→(γ−1·w−1·η·w·γ, η) ne peut ˆetre non nulle que si west du type
wr
pour une certaine famille de partitionsr, et si
γ∈Tr(F).
2 Mod` eles de Whittaker et d´ ecompositions spectrales locales
On reste avec notre groupe lin´eaire
G= Y
i∈IG
ResEi/FGLri. SiK= Q
x∈|X|
Kx est un sous-groupe ouvert deK0G, on peut consid´erer l’espace LK,ψB(NB(F)\G(A))
des fonctions
ϕ:NB(F)\G(A)→C telles que
• ϕest invariante `a droite par K,
• ϕ(n·g) =ψB(n)−1·ϕ(g),∀n∈NB(A),∀g∈G(A).
L’alg`ebre de HeckeHGK agit sur cet espace par convolution `a droite, et toute fonctionh∈ HGK admet un noyau pour son action, qui s’´ecrit
KhG,ψB: (g1, g2)7→
Z
NB(A)
dn·ψB(n)·h(g2−1·n·g1). On voit en particulier que la somme de la Proposition IV.1 s’´ecrit encore
X
r
X
γ∈Tr(F)
Z
Nr(A)\G(A)/AG·ZG(F)
dg·1(degQ(g) =N•)·KhG,ψB(g, γ·wr−1·g).
Pour toute placex∈ |X|, notonsψxla composante locale de ψB surNB(Fx) etLKx,ψx(G(Fx)) l’espace des fonctions
ϕ:G(Fx)→C telles que :
• ϕest invariante `a droite par Kx,
• ϕ(nx·gx) =ψx(nx)−1·ϕ(gx),∀nx∈NB(Fx),∀gx∈G(Fx).
L’alg`ebre de Hecke localeHGx,K
xagit sur cet espace par convolution `a droite, et l’action de toute fonction hx∈ HGx,K
x admet un noyau qui s’´ecrit KhG,ψx
x : (g1, g2)7→
Z
NB(Fx)
dnx·ψx(nx)·hx(g−12 ·nx·g1).
L’espace LK,ψB(NB(F)\G(A)) est le produit tensoriel infini de tous les espaces locaux LKx,ψx(G(Fx)), x∈ |X|, et sih= N
x∈|X|
hx est un ´el´ement deHGK d´ecompos´e en facteurs, les noyaux locaux et globaux sont reli´es par la formule
KhG,ψB(•,•) = Y
x∈|X|
KhG,ψx
x (•,•).
Allons en une placex∈ |X|o`u le groupeG(c’est-`a-dire les extensionsEi,i∈IG, deF) est non ramifi´e surF. ChaqueEi,x=Ei⊗FFxse d´ecompose en
Y
j∈Ii,x
Fx,i,j,
et on peut ´ecrire
G(Fx) = Y
i∈IG
Y
j∈Ii,x
GLri(Fx,i,j).
Si Kx=K0,xG et si la forme diff´erentielle rationnelleωX (qui sert `a d´efinir le caract`ereψB) est r´eguli`ere enx, c’est-`a-dire n’y a ni z´ero ni pˆole, nous allons rappeler la d´ecomposition spectrale de l’espace
LKx,ψx(G(Fx))
muni de l’action par convolution `a droite de l’alg`ebre de Hecke sph´erique HGx,φ
SGx
−→∼ O
i∈IG
O
j∈Ii,x
C[Xi,j,1±1 ;. . .;Xi,j,r±1
i]Si. On commence par rappeler le th´eor`eme suivant :
Th´eor`eme IV.3. (Shintani)– Supposons comme ci-dessus queG est non ramifi´e sur F en la place xet que la formeωX y est r´eguli`ere.
(i)Alors, pour tout ´el´ement
λ•= (λi,j,k)∈ Y
i∈IG
Y
j∈Ii,x
(C×)(ri), il existe une unique fonction
Wx,λ• = Y
i∈IG
Y
j∈Ii,x
Wx,i,j,λ• :G(Fx)→C telle que :
• Wx,λ• est invariante `a droite par K0,xG ,
• Wx,λ•(1) = 1 (etWx,i,j,λ•(1) = 1,∀i, j),
• Wx,λ•(nx·gx) =ψx(nx)−1·Wx,λ•(gx),∀nx∈NB(Fx),∀gx∈G(Fx),
• Wx,λ•∗hx=SxG(hx)(λ•)·Wx,λ•
pour toute fonction sph´eriquehx∈ HGx,φ.
(ii)De plus, les valeurs de cette fonctionWx,λ• et de ses composantes lesWx,i,j,λ• sont enti`erement sp´ecifi´ees par la r`egle suivante :
Simi,j =
µ1 0
. ..
0 µri
est une matrice diagonale dans GLri(Fx,i,j)avec v1=vx◦Nm(µ1), . . . , vri =vx◦Nm(µri), Wx,i,j,λ•(mi,j) n’est non nul que si
v1≥v2≥ · · · ≥vri, et dans ce cas il est ´egal au produit de
q
P
1≤k≤ri 2k−1−ri
2 ·vk
!
x · 1
Q
1≤k<k0≤ri
(λk−λk0)
et du d´eterminant.
λv11+ri−1 λv21+ri−1 . . . λvri1+ri−1 ...
λv1ri λv2ri . . . λvriri
.
D´emonstration de (ii) quand G= GL2.Rappelons une preuve de la formule de (ii) quandG= GL2. Sim=
µ1 0 0 µ2
avecvx(µ1) =v1,vx(µ2) =v2, il s’agit de d´emontrer Wx,λ•(m) =q
v2−v1
x 2 · X
n1 +n2 =v1 +v2 v1≥n1,n2≥v2
λn11·λn22.
Pour d´emontrer cette formule, on part de la fonctionϕx,λ• surG(F2) = GL2(Fx) qui v´erifie :
• elle est invariante `a droite par GL2(Ox) =K0,xG ,
• elle est invariante `a gauche par NBop(Fx),
• sim=
µ1 0 0 µ2
avecvx(µ1) =v1,vx(µ2) =v2, on a ϕx,λ•(m) =λv11·λv22·q
v1−v2
x 2 . On sait d´ej`a que pour toute fonction sph´eriquehx∈ HGx,φ, on a
ϕx,λ•∗hx=SxG(hx)(λ•)·ϕx,λ•.
Il en r´esulte que la fonction cherch´eeWx,λ• est ´egale `a une constante multiplicative pr`es `a la fonction gx7→
Z
NB(Fx)
dnx·ψx(nx)·ϕx,λ•(nx·g) d`es que cette int´egrale converge.
Calculons donc l’int´egrale Z
Fx
dux·ψ(Res(ux·ωX))·ϕx,λ•
1 ux
0 1
µ1 0 0 µ2
= Z
Fx
dux·ψ(Res(ux·ωX))·ϕx,λ•
µ1 0 0 µ2
1 µµ2
1ux
0 1
.
Comme la forme diff´erentielleωX est r´eguli`ere en x, cette int´egrale vaut 0 sivx
µ
2
µ1
≥1 soit v2> v1, car alorsux7→ϕx,λ•
µ1 0 0 µ2
·
1 µµ2
1ux
0 1
est invariante par le groupe additifπx−1·Ox. Au contraire, siv1≥v2, cette int´egrale vaut
qxv2−v1·(λv11·λv22·q
v1−v2
x 2 ) + X
0<i≤v1−v2
qxv2−v1+i·
1− 1 qx
·
λv11−i·λv22+i·q
v1−v2 2 −i x
−
λv12−1·λv21+1·q
v2−v1
2 −1
x
= q
v2−v1
x 2 ·
1−λ−11 ·λ2 qx
·
X
0≤i≤v1−v2
λv11−i·λv22+i
.
On obtient la fonction cherch´ee Wx,λ• en divisant cette expression par la constante
1−λ−11q·λ2
x
.
Puis on a un ´enonc´e de d´ecomposition spectrale locale pour les fonctions non ramifi´ees :
Proposition IV.4.– Dans la situation du Th´eor`emeIV.3, associons `a tout polynˆome en lesλi,j,k etλ−1i,j,k P :λ•= (λi,j,k)i∈IG,j∈Ii,x
1≤k≤ri
7→P(λ•) la fonction deLKG
0,x,ψx(G(Fx))d´efinie par l’int´egrale Wx,P :g7→Wx,P(g) =
Z
|λi,j,k|=1
dλ•·Wx,λ•(g). Alors on a :
(i)PourP un tel polynˆome en lesλi,j,ketλ−1i,j,k, la fonction|Wx,P|est `a support compact surNB(Fx)\G(Fx) d`es que P s’annule sur tous les hyperplans
λi,j,k=λi,j,k0, i∈IG, j∈Ii,x, 1≤k < k0≤ri. (ii)SiP etP0 sont deux polynˆomes v´erifiant la condition de(i), on a
hWx,P;Wx,P0i=hP;P0i si on pose
hP;P0i= Z
|λi,j,k|=1
dλ•·
P
σ,σ0∈ Q
i∈IG j∈Ii,x
Sri
σ(P)(λ•)·σ0(P0)(λ•)
Q
i∈IG,j∈Ii,x 1≤k<k0 ≤ri
|λi,j,k−λi,j,k0|2 .
(iii)L’homomorphisme
P 7→Wx,P
induit donc un isomorphisme de l’espace de Hilbert des fonctions sym´etriques en les variablesλi,j,kmuni du produit hermitien d´efini par la formule de(ii)vers l’espace de Hilbert des fonctions deLKG
0,x,ψx(G(Fx))dont le carr´e est int´egrable.
D´emonstration dans le cas o`uG= GL2.Dans ce cas,λ• ne consiste qu’en deux variablesλ1 etλ2. Et siP est un monˆome
P(λ1, λ2) =λ−k1 1·λ−k2 2 avec k1, k2∈Z, alors on a d’apr`es l’expression explicite des fonctionsWx,λ :
Wx,P
µ1 0 0 µ2
=
q
vx(µ2 )−vx(µ1 )
x 2 si vx(µ1µ2) =k1+k2, vx(µ1)≥k1, k2≥vx(µ2),
0 sinon.
Si doncP est un polynˆome enλ±11 , λ±12 qui s’annule sur la diagonale λ1=λ2, la fonction|Wx,P| est `a support compact surNB(Fx)\G(Fx), et a fortiori elle est de carr´e int´egrable.
Etant donn´es deux tels polynˆomes P et P0 qui s’annulent sur la diagonale, nous voulons calculer le produit hermitien
hWx,P;Wx,P0i = Z
NB(Fx)\G(Fx)
dg
dn·Wx,P(g)·Wx,P0(g)
= Z
Fx××Fx×
dµ1·dµ2·qxvx(µ1)−vx(µ2)·(Wx,P·Wx,P0)
µ1 0 0 µ2
. Posons formellement
Φ(X1, X2;λ1, λ2) = X
k1,k2∈Z
X
v1≥k1,k2≥v2 v1 +v2 =k1 +k2
X1v1·X2v2
·λk11·λk22 = X
v1≥v2
Φv1,v2(λ1, λ2)·X1v1·X2v2
avec
Φv1,v2(λ1, λ2) =λv11·λv22+λv11−1·λv22+1+· · ·+λv12·λv21 = λv11+1·λ2−λv12·λv21+1 λ1−λ2
. Alors le produit hermitien
hWx,P;Wx,P0i est ´egal `a la somme finie
X
v1≥v2
Z Z
|λ1|=1=|λ2|
dλ1·dλ2·Φv1,v2(λ1, λ2)·P(λ1, λ2)
!
· Z Z
|λ01|=1=|λ02|
dλ01·dλ02·Φv1,v2(λ01, λ02)·P0(λ01, λ02)
! . SiV est un entier assez grand, cette somme est ´egale `a la mˆeme restreinte aux indices
v1≥v2≥ −V . Elle vaut
X
v1≥v2≥−V
Z
· · Z
|λ1|=1=|λ2|
|λ0
1|=1+ε=|λ0 2|
dλ1·dλ2·dλ01·dλ02·
Φv1,v2(λ1, λ2)·Φv1,v2(λ0−11 , λ0−12 )·P(λ1, λ2)·P¯0(λ0−11 , λ0−12 ) avec
X
v1≥v2≥−V
Φv1,v2(λ1, λ2)·Φv1,v2(λ01, λ02)
= X
v1≥v2≥−V
λv11+1·λv22−λv12·λv21+1 λ1−λ2
·λ0−v1 1−1·λ0−v2 2−λ0−v2 2·λ0−v1 1−1 λ0−11 −λ0−12
= 1
(λ1−λ2)·(λ0−11 −λ0−12 )·
X
v2≥−V
λ1·λ2 λ01·λ02
v2
·
X
v≥0
(λv+11 −λv+12 )·(λ0−v−11 −λ0−v−12 )
= 1
(λ1−λ2)·(λ0−11 −λ0−12 )· λ1·λ2
λ01·λ02
−V2
1−λλ10·λ2 1·λ02
·
λ1λ0−11
1−λ1λ0−11 + λ2λ0−12
1−λ2λ0−12 − λ1λ0−12
1−λ1λ0−12 − λ2λ0−11 1−λ2λ0−11
.
Par d´eplacement des contours d’int´egration et calcul des r´esidus, on obtient hWx,P;Wx,P0i=
Z Z
|λ1|=1=|λ2|
dλ1·dλ2· 1
|λ1−λ2|2 ·[P(λ1, λ2) +P(λ2, λ1)]·[P0(λ1, λ2) +P0(λ2, λ1)].
Cela termine la preuve dans le cas o`u G= GL2.
On d´eduit de la Proposition IV.4 :
Corollaire IV.5. – Dans la situation du Th´eor`eme IV.3, soit hx une fonction dans l’alg`ebre de Hecke sph´eriqueHx,φG deG(Fx).
Alors le noyauKhG,ψx
x de l’op´erateur de convolution `a droite parhxdans l’espace de HilbertLKG
0,x,ψx(G(Fx)) se d´ecompose en l’int´egrale
KhG,ψx
x (g1, g2) = Z
|λi,j,k|=1
dλ•·cG,ψx x(λ•)·SxG(hx)(λ•)·Wx,λ•(g1)·Wx,λ•(g2) o`u on a pos´e
cG,ψx x(λ•) = Q
i∈IG
Q
j∈Ii,x
Q
1≤k<k0≤ri
|λi,j,k−λi,j,k0|2 Q
i∈IG
(ri!)2|Ii,x| .
3 Convolution de deux noyaux de Whittaker locaux via un homo- morphisme de transfert
Pla¸cons-nous maintenant dans la situation d’un homomorphisme de transfert (essentiellement injectif) g´en´eral entre groupes lin´eaires :
LG ρ //
!!D
DD DD DD
D LH
||zzzzzzzz
WF
Comme toujours, on consid`ere un sous-groupe ouvertK= Q
x∈|X|
KxdeK0G, une partie finieS0de|X|en dehors de laquelleGet H sont non ramifi´es surF etKx=K0,xG , puis un sous-groupe ouvertK0= Q
x∈|X|
Kx0 deK0H tel queKx0 =K0,xH ,∀x /∈S0, et que, en chaque placex∈S0, Kx0 soit assez petit en fonction deKx et de la ramification deGet H.
Enfin, on choisit une partie finieS⊂ |X| −S0assez grande pour v´erifier les conclusions du Lemme II.2.
Il n’y a pas de restriction `a supposer que la forme diff´erentielle rationnelleωX est r´eguli`ere en toutes les placesx∈S.
Consid´erons deux fonctions de Heckeh∈ HGK/AG eth0 ∈ HHK0/AH. Si elles sont de la formeh= N
x∈|X|
hx
et h0 = N
x∈|X|
h0x, on a les d´ecompositions naturelles des “noyaux de Whittaker” des actions de h et h0 sur LK,ψB(NB(F)\G(A)/AG) etLK0,ψB0(NB0(F)\H(A)/AH) :
KhG,ψB(g1, g2) = Y
KhG,ψx(g1, g2),
KhH,ψ0 B(g01, g20) = Y
x∈|X|
KhH,ψ0 x
x (g10, g02). Et en toute placex∈S, on peut ´ecrire d’apr`es le Corollaire IV.5
KhG,ψx
x (g1, g2) = Z
|λi,j,k|=1
dλ•·cG,ψx x(λ•)·SxG(hx)(λ•)·Wx,λ•(g1)·Wx,λ•(g2) et
KhH,ψ0 x
x (g10, g02) = Z
|λ0i0,j0,k0|=1
dλ0•·cH,ψx x(λ0•)·SxH(h0x)(λ0•)·Wx,λ0•(g10)·Wx,λ•(g20). Souvenons-nous alors de l’´enonc´e du Lemme II.1 : Par composition avec les isomorphismes de Satake
SxG : Hx,φG −→∼ O
i∈IG j∈Ii,x
C[Xi,j,1±1 ;. . .;Xi,j,r±1i]Sri, Hx,φH −→∼ O
i0 ∈IH j0 ∈Ii0,x
C[Xi0±10,j0,1;. . .;Xi0±10,j0,ri0]Sri0 ,
l’homomorphisme d’alg`ebre induit parρen la placex∈S ρ∗x:Hx,φH → Hx,φG
peut s’´ecrire en substituant `a chaque variable Xi00,j0,k0 un monˆome de la forme εi0,j0,k0· Y
i∈IG,j∈Ii,x 1≤k≤ri
X
1
dx·mi0,j0,k0(i,j,k) i,j,k
o`u dx= ppcm{[Fx,i,j :Fx],[Fx,i0,j0 :Fx]}, les racines dx-i`emes de l’unit´eεi0,j0,k0 et les multiplicit´esmi0,j0,k0 (i, j, k) ne d´ependent que de l’image de Frobx dans n’importe quel quotient fini de WF `a travers lequel se factorise son action sur les ensembles{ι:Ei,→F¯}et{ι0 :Ei0 ,→F¯}.
Il est naturel de poser la d´efinition suivante : D´efinition IV.6.– En toute placex∈S, on notera
(KhG,ψx
x ∗ρKhH,ψ0 x
x )(g1, g2;g10, g02)
la fonction deg1, g2∈G(Fx)etg10, g02∈H(Fx) qui s’obtient en appliquant l’op´erateur d’int´egration Z
|λi,j,k|=1
dλ•· Y
i0∈IH
(ri0!)|Ii0,x|
!
`
a la fonction
cG,ψx x(λ•)·SGx(hx)(λ•)·Wx,λ•(g1)·Wx,λ•(g2)·cH,ψx x(λ0•)·SxH(h0x)(λ0•)·Wx,λ0•(g01)·Wx,λ0•(g20) o`u on pose les relations
λ0i0,j0,k0 =εi0,j0,k0· Y
i∈IG,j∈Ii,x 1≤k≤ri
λ
1
dx·mi0,j0,k0(i,j,k)
i,j,k .
Pour les fonctions globalesh= N
x∈|X|
hx eth0= N
x∈|X|
h0x, on peut alors poser (KhG,ψB∗ρ,SKhH,ψ0 B0)(g1, g2;g01, g20) = Y
x∈S
(KhG,ψx
x ∗ρKhH,ψ0 x
x )(g1, g2;g01, g20)
· Y
x∈|X|−S
KhG,ψx
x (g1, g2)·KhH,ψ0 x
x (g01, g20). La fonction surG(A)2×H(A)2
(KhG,ψB∗ρ,SKhH,ψ0 B0)(g1, g2;g10, g02)
est alors d´efinie par bilin´earit´e pour toutes fonctionsh∈ HGK/AG,h0∈ HHK0/AH. LorsqueH =Get queρest l’homomorphisme identique, on notera simplement
(KhG,ψB∗SKhG,ψB
1 )(g1, g2;g01, g20).
4 Une conjecture vague d’interversion d’une limite et d’une somme
Nous consid´erons toujours un homomorphisme de transfert
LG→LH
qui relie les groupes duaux de deux groupes lin´eairesGetH, mais nous supposons dans ce paragraphe que le groupe lin´eaire de d´epartGest ab´elien, c’est-`a-dire de la forme Q
i∈IG
ResEi/FGL1. Nous pouvons supposer d’autre part queH a un seul facteur ResE0/FGLr.
Dans ce cadre, le Probl`eme III.16 de l’expos´e pr´ec´edent nous a permis de d´efinir un certain espace affine FonctG,HK,K0(ρ) de fonctionnelles bilin´eaires enh∈ HKG/AG eth0∈ HHK0/AH tel que :
•Tout ´el´ement de FonctG,HK,K0(ρ) est de la forme (h, h0)7→ X
π∈Πaut,K(G/AG) π0∈Πaut,c(H/AH) π0=ρ∗π
cπ·Trπ(h)·Trπ0(h0)
o`u lescπ sont des constantes qui valent 1 quandπ0 =ρ∗πest une repr´esentation cuspidale.
•Cet espace affine est engendr´e par les fonctionnelles de la forme Z
G(F)\G(A)/AG
dg·
lim
(1−Z1 )=c·(1−Z) Z,Z17→1
(1−Z1)· X
N∈N
Z1N ·vol(H(F)\H(A)/AH)· Moyenne
degQ(g0)=N
[KG(g, g)×Λ1Λ2KH(g0, g0)]((h⊗h0)∗∆G,HS (Z)) o`u c est une constante multiplicative et ∆G,HS (Z) = N
x∈S
∆G,Hx (•,•, Z) est un ´el´ement central de (HGK ⊗ HHK0)JZKdont les facteurs ∆G,Hx (•,•, Z) v´erifient les hypoth`eses du Lemme II.3.
D’autre part, la fonctionnelle bilin´eaire enh, h1∈ HGK/AG
(h, h1)7→DiagGK,aut(h, h1) = X
Trπ(h)·Trπ(h1)
admet pour expression g´eom´etrique
vol(G(F)\G(A)/AG)· X
γ∈G(F)
(h∗h1)(γ).
Dans l’´enonc´e du Probl`eme II.16, on a dit qu’on doit pouvoir montrer que l’espace affine FonctG,HK,K0(ρ) contient une fonctionnelle bilin´eaire enh∈ HGK/AG et h0 ∈ HKH0/AH ´egale `a
(h, h0)7→ X
π∈Πaut,K(G/AG) π0∈Πaut,c,K0(H/AH) π0=ρ∗π
Trπ(h)·Trπ0(h0).
Quoi qu’il en soit, pour montrer le principe de fonctorialit´e entre G et H, il suffirait de prouver que la fonctionnelle bilin´eaire
(h, h0)7→DiagGK,cusp(h, ρ∗h0) est ´el´ement de l’espace affine FonctG,HK,K0(ρ).
Rappelons enfin que pour tout entierN, on a la formule de la Proposition IV.1 : Z
Q(F)\H(A)/AH
dg0·1(degQ(g0) =N)·Λ1Λ2KhH0(g0, g0)
=X
r
X
γ0∈Tr(F)
Z
Nr(A)\H(A)/AH·ZH(F)
dg0·1(degQ(g0) =N)·KhH,ψ0 B(g0, γ0·w−1r ·g0)
o`urd´ecrit l’ensemble des partitions der,wrest la famille de matrices de permutations associ´ee, etTr⊆TH
est le sous-tore diagonal associ´e.
La seule partition pour laquelleTr=THest celle en intervalles de longueur 1. Il lui correspond l’´el´ement wr =w0 dont toutes les composantes sont de la forme :
0 . . . 0 1 ... . .. . ..
0 . .. 0
. ..
. .. ... 1 0 . . . 0
Et c’est aussi la seule partition pour laquelle le groupe unipotent associ´e Nr est trivial. La contribution associ´ee `a cette partition est :
X
γ0∈TH(F)
Z
H(A)\AH·ZH(F)
dg0·1(degQ(g0) =N)·KhH,ψ0 B(g0, γ0·w0·g0).
Prenons le risque de proposer la conjecture suivante :
Conjecture IV.7.– Si LG−→ρ LH est un homomorphisme de transfert essentiellement injectif qui relie deux groupes alg´ebriques lin´eairesGetH dont le premier est ab´elien et le second a un seul facteur, il existe dans l’espace affine
FonctG,HK,K0(ρ)