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Noé et le 7ème continent

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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Noé et le 7ème continent

Les apparences sont trompeuses: alors que Noé se croit arrivé en sécurité sur la terre ferme, à la fin du déluge, c’est une fameuse surprise qui l’attend, et il aura bien besoin de notre aide pour se sortir de ce pétrin là… Une célébration en famille, un plaidoyer pour une écologie participative où chacun a un rôle à jouer…

Préparation: une mer (bâche bleue chiffonnée), l’arche de Noé vide (en carton, jouet,…) à placer en évidence devant le

‘public’; Puis les animaux (jouets, carton, peluches…); des petits miroirs; beaucoup de déchets différents: papier, carton, feuille aluminium, barquette aluminium, boîte à conserve (sécurisée anti coupures), sacs plastiques, bouteilles plastiques, Tetra Pack (boîtes de jus, de soupe), vieux bics, déchets organiques, pinces à linge, coton-tiges, cure-dent plastique, piles, dentifrice à micro billes, pailles, cuillères plastiques, gobelets plastiques, assiettes plastique, frigolite… Bref, tout un tas de choses que l’on jette sans trop y penser. Animaux et déchets sont à déposer un peu partout dans le temple, accessibles aux enfants (ou alors il faut les aider !)

Prévoyez aussi des produits de remplacement plus écologiques: assiettes en carton, couverts en bois ou en bambou, verres ou gourdes réutilisables, coton-tige en papier, vinaigre, bicarbonate de soude, sacs en papier ou en fécule (de maïs), pots en verre, panier en osier… Vous garderez ses objets près de vous ou vous les confiez à un complice. Prévoyez des sacs poubelles en fonction des possibilités de tri dans votre région: déchets organiques(une poule en carton… ou une vraie poule !), papiers/cartons, ‘bulle à verre’ (symbolique), déchetterie (symbolique), tout-venant… CD: « La colombe et le déluge » Mannick

Accueil

Chant d’ouverture Psaume 63,4-9

Chant: L’amour de Dieu est grand comme ça, Sœur Agathe

Lecture ou narration: Genèse 1,1-13: déplier (ou faire déplier) la bâche et lui donner un aspect de vagues. Poser l’arche sur la rive.

Lecture ou narration: Genèse 1,20-25: les enfants rassemblent les animaux près de la bâche/mer Annonce de la grâce

L’écho du récit de la création nous rappelle que Dieu en apprécie les différentes étapes. Tout cela est ‘bon’. Nous recevons le cadeau de cette création que Tu as organisée pour la vie, Seigneur. C’est -aussi- parce qu’elle est si bonne et si belle que nous aspirons à recevoir sans cesse la promesse du salut que Jésus-Christ vient confirmer, dans ta paix et dans ton amour.

Les enfants sont invités à nommer tous les animaux (ceux que l’on a à l’église et d’autres) Lecture ou narration: Genèse 1, 26: faites passer des miroirs dans les rangs…

Un temps plus tard, les hommes oublient qu’ils ressemblent à Dieu, et voilà qu’ils commencent à devenir méchants.

Je me demande ce que c’est que devenir méchant ? Et comment voit-on que quelqu’un est méchant ? Et qui peut devenir méchant ? Enfin, voilà, les hommes ne se sont pas bien préoccupé de la Création, et puis ils sont trop méchants les uns avec les autres, même les animaux semblent pris dans cette frénésie de méchanceté et Dieu décide de détruire tous les êtres vivants ! (Gn 6.5-7)

Repentance: Romains 11,22. Seigneur, Tu es sévère mais Tu es juste. Ta sévérité est remplie d’amour pour chacun et chacune de nous. Pardon, car nous oublions souvent le goût de ta bonté, la couleur de ta bonté, le parfum de ta bonté…

Pardon de les oublier et de n’être alors plus capables de les partager avec les autres. Viens, ouvre mes yeux à ta bonté, et que je puisse vivre grâce à elle. Amen.

Dieu voit un homme bon et doux, qui obéit au Seigneur, c’est Noé. (Gn 6-8) Dieu décide de sauver Noé et sa famille, ainsi qu’un couple de tous les animaux ! Dieu décide d’envoyer beaucoup, beaucoup, beaucoup d’eau, beaucoup, beaucoup de

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pluie. Mais avant, Il ordonne à Noé de construire une arche, un énorme bateau dans lequel Noé, son épouse, ses trois fils et leurs épouses, et les animaux seront sauvés. Les enfants mettent les animaux dans l’arche !

Chant (en musique de fond) « La colombe et le déluge » Mannick, CD « Les animaux de la Bible » Stdio SM 1992;

3-133580-120831.

Il pleut, il pleut, l’arche de Noé vogue sur les flots avec à son bord tous les animaux et bien sûr, Noé, son épouse et ses trois enfants avec leurs épouses. Ils restent presque une année tous ensembles dans l’arche, jusqu’à ce que l’eau commence à descendre.

Alors Noé relâche un corbeau (v7) pour que celui-ci aille explorer autour de l’arche.

Et le corbeau part et revient, et chaque fois, il a dans son bec…

Demander aux enfants de ramener tout ce que le corbeau a trouvé et nommer les choses (les déchets): Une bouteille plastique, une canette, un sac plastique, une boîte à conserve, un Tetra pack, une paille, une cuillère plastique, un vieux cd cassé, du papier, etc…

Les enfants amassent ces déchets autour de l’arche, sur la bâche/mer.

Le corbeau a trouvé tout cela qui flotte dans l’eau. Il y a tellement de déchets autour de l’arche que le corbeau croit d’abord qu’ils sont arrivés près de la terre ferme ! C’est qu’un nouveau continent est apparu sur la terre, non pas un continent que Dieu a créé, mais un continent de déchets grand comme six fois la France !

Si vous le pouvez, préparez un diaporama de photos et/ou de vidéo de ce 7ième continent de déchets, on en trouve beaucoup sur le net. Soyez prudent dans le choix de photos d’animaux (morts ou vivants), le but est d’éveiller les consciences mais pas de traumatiser les enfants ! Insistez sur la profondeur du phénomène: il y a ce que l’on voit en surface et ce qui est sous l’eau ! Les micros billes des dentifrices ou des produits nettoyants visages passent entre les mails du filet de l’épuration et se retrouvent dans la mer…

Les plastiques et les canettes qui sont jetés par terre ici à (votre ville) tombent jusqu’à (la rivière ou le fleuve le plus proche), le vent les pousse jusque dans les rivières qui coulent jusqu’à la mer… Et là, les courants marins les emportent au loin, mais les déchets ne disparaissent pas ! Ils s’accumulent, ils se collent les uns aux autres à cause de la mer qui les emmène tous dans le même sens, et ils vont former une immense île de déchets dans l’Océan Pacifique entre autre.En chemin… il y a des animaux. Des animaux qui mangent des petits bouts de plastique, les tortues croient que les sacs sont des méduses qu’elles peuvent avaler… Les oiseaux de la mer, les mouettes, les goélands se coincent les ailes et les pattes dans les déchets ; les dauphins se prennent le nez dans les ronds de plastique ou les boîtes… On voit beaucoup de crasses à la surface, et il y en a encore plus sous l’eau, là où on ne les voit pas… Le corbeau a bien du mal à expliquer à Noé qu’il ne peut pas arrêter l’arche à cet endroit ! C’est trop sale, et c’est très dangereux pour tous les animaux : les papillons vont être prisonniers dans les bouteilles en plastique, les chats vont se coincer la tête dans les boites de conserve, les oiseaux vont s’emprisonner dans les plastiques qui volent partout… Un vrai déluge de saletés ! Noé est bien d’accord. Il ne veut pas débarquer tout le monde à cet endroit. Il est sûr que ce n’est pas ce que Dieu veut… Dieu il a fait une belle création, avec la mer, la terre, les plantes, les animaux…Il ne veut pas qu’elle reste là, cette île de crasses, qu’elle grandisse encore ! C’est très laid, très dangereux, ça pollue pour plusieurs années !!! Noé réfléchit : Que peut-il faire ? Il faudrait nettoyer tout cela et faire en sorte que cela n’arrive plus jamais !

Et nous, que pourrions nous faire pour l’aider ? Je me demande ce que nous pourrions faire pour aider Noé ?

Lancer une opération « TRI » : adultes et enfants, tout le monde s’y met (en fonction des consignes en vigueur dans votre région). Distribuez les différents sacs poubelles, établissez les lieux de tri, nommez les déchets avec les enfants. Pour eux, les Tetra Pack ressemblent à des cartons, ils ne savent pas toujours faire la différence. Prenez le temps tous ensemble de faire le tri sélectif. Signaler le danger des sacs plastiques pour les enfants: gare aux étouffements ! La poule est là pour les déchets organiques, et elle nous remercie avec des œufs frais.

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Toute l’année, nous mangeons, nous buvons avec des bouteilles plastiques, des pailles, des cuillères en plastique… C’est assez facile, quand on va piqueniquer, quand on va à l’école… Nous ferons bien attention de jeter les déchets dans les poubelles prévues. Nous n’allons pas jeter sur la rue les barquettes et les cuillères du marchand de glace ! Nous n’allons pas laisser nos canettes sur le bord de la route ! Nous n’allons pas jeter nos bouteilles en plastique dans la nature, ni les appareils électro ménager, ni les piles ! Je me demande aussi si l’on pourrait utiliser d’autres choses pour qu’il y ait moins de plastique ?

Montrez à tous les solutions alternatives aux déchets trop vite générés; laissez les petits et les grands manipuler ces objets et en voir les qualités et les inconvénients: Panier/sac en papier/ sac réutilisable/sac en tissu/boîte à tartine/gourde…

Même dans les magasin, nous pouvons aller avec notre panier, notre bouteille bien lavée, et acheter des choses « en vrac ».

Noé a pu, grâce à notre aide, faire en sorte que l’île de plastique devienne petite, puis disparaisse, grâce aux bons gestes que nous avons appris pour bien jeter les déchets.

Alors après encore 40 jours, Noé a lâché la colombe, pour voir si l’eau avait baissé, et oui, la colombe est revenue peu après avec une petite branche d’arbre, un rameau d’olivier annonçant que Noé pouvait ouvrir les portes de l’arche et laisser sortir tous les animaux en sécurité.

Les enfants peuvent ressortir les animaux de l’arche. Peut-être pourront-ils en reprendre à la maison ?

Illustration Renata Fucikova in ‘L’Ancien Testament’. Ed. Gründ1996

Noé a bien fait son travail, bien sauvé sa famille et les animaux, et Dieu voit aussi avec joie que les hommes ne sont plus si méchants, mais qu’ils font tous des efforts pour que la belle création de Dieu reste belle, avec moins de déchets, moins de disputes et plus d’entraide… Dieu apprécie: il voit que c’est de nouveau ‘bon’, alors il met dans le ciel un bel arc en ciel, comme signe de son Alliance avec nous, pour éclairer toute la création de belles couleurs et de joie !

Grâce confirmée: Dieu dit en montrant l’arc en ciel (Gn 9.12-17): « Voici le signe de mon alliance. Je le mets entre moi et vous, entre moi et tous les êtres vivants qui sont autour de vous. Ce signe sera valable pour tous ceux qui naîtront après vous. Je mets mon arc dans les nuages, il sera le signe de l’alliance entre moi et la terre. Quand je ferai venir les nuages au-dessus de la terre, quand l’arc-en-ciel apparaîtra dans les nuages, je penserai à mon alliance avec vous et avec tous les êtres vivants. Il n’y aura plus jamais de grande inondation pour détruire la vie. Quand l’arc sera dans les nuages, je le verrai. Et je me souviendrai de l’alliance que j’ai faite pour toujours avec tous les êtres vivants de la terre. » « L’arc-en-ciel est le signe de l’alliance que je fais entre moi et tous les êtres vivants qui sont sur la terre. » Amen !

Chant

(Cette partie n’est pas spécialement adaptée au jeune public. Prévoyez éventuellement un coloriage d’animaux que les enfants peuvent réaliser seuls ou un jeu pour continuer l’expérience du tri.)

Confession de foi

Avec tous nos frères et sœurs chrétiens, nous confessons que le Dieu unique est Père -au-delà de tout et de tous

Fils- s’approchant de tout et de tous

et Saint-Esprit -au-dedans de tout et de tous.

Nous confessons que le Dieu trois fois Saint, est mystère de communication et de communion, de Justice et de Tendresse, tout autre et tout proche

Comme nos frères et sœurs juifs, nous confessons que Dieuest le créateur de l’univers et qu’il est Saint.

Et dans la différence, nous confessons que le créateur s’est fait créature et que le Saint s’est incarné.

Comme nos frères et sœurs musulmans, nous confessons que Dieu est le tout puissant, le parfait et l’immortel.

Et dans la différence, nous confessons que le Tout-Puissant a accepté d’être fragile, que le parfait a porté nos imperfections

et que l’immortel a transfiguré notre mortalité par la mort et la résurrection de Jésus, Comme nos frères et sœurs hindous, nous confessons que Dieu est l’Un indescriptible.

Et dans la différence, nous confessons que son unité est multiple et que le monde multiple ne se résorbe pas dans l’Un.

Comme nos frères et sœurs bouddhistes, nous confessons que la réalité ultime est inexprimable, et dans la différence, nous confessons que l’inexprimable s’est exprimé et que l’Invisible a pris visage.

Comme tous nos frères et sœurs en humanité, sans religion et de bonne volonté, nous confessons que les Droits de l’homme,

de la femme et de l’enfant sont inaliénables. Et dans la différence, nous confessons que l’humain est image du divin.

Avec les religions de l’Orient, nous confessons que Dieu est Silence et Souffle.

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Et avec les religions juive et musulmane, que Dieu est Parole. Et cette confession commune nous réjouit. Abbé J. Dabin Intercession: inviter l’assemblée à prier aussi pour toutes les personnes qui s’occupent de ces déchets dont on a parlé: les éboueurs et les travailleurs des centres de tri et des déchetteries, les personnes qui cherchent des matières alternatives au plastiques, toutes les personnes qui n’ont pas encore conscience des enjeux écologiques et des périls de ce continent de plastiques…

Notre Père (Composez un Notre Père écologique et partagez-le sur Pointkt !) Annonces

Offrande

Aujourd’hui, notre culte a été construit autour de gestes que nous avons posés pour la Création, en vue de l’éducation des enfants et des grands enfants que nous sommes… Chaque dimanche, nous faisons aussi le geste du partage, le geste de la collecte, selon nos possibilités, afin que tous ensemble nous soyons acteurs dans la proclamation de la parole de Dieu. Que chacun donne ce qui est possible, avec joie, et la prière des mains et du cœur.

Exhortation, bénédiction et envoi

Pour ce qui est des signes dans le ciel, Dieu l’a dit à Noé : « l’arc-en-ciel est le signe de l’alliance que je fais entre moi et tous les êtres vivants qui sont sur la terre. »

Pour ce qui est des signes sur la terre, (Actes 3.25-26) Dieu a fait alliance avec nos ancêtres, quand il a dit à Abraham :

“Par les enfants de tes enfants, je bénirai toutes les familles de la terre.” Et cette alliance est pour nous aujourd’hui encore. C’est pour nous que Dieu a fait venir son serviteur Jésus. Il l’a envoyé pour nous bénir, et pour nous détourner de nos mauvaises actions. »

Cantique final « C’est Lui qui tient la terre »

Bonus: DVD Carlos Martinez: « Still my Bible »: l’Arche de Noé (Mime) Brunnen-Verlag.de; 4-250222-900251.

Crédits Marie-Pierre Tonnon (EPUB) – Point KT

Histoire de Petite Vague

L’HISTOIRE DE PETITE VAGUE est un conte de Soeur Myriam, pour célébrer la joie qu’apporte chacun.

Petite Vague habitait la grande mer. Elle était née au printemps un samedi matin. Elle s’en souvient très bien, parce que les vagues ne sont pas comme les petits bébés humains auxquels il faut du temps pour comprendre ce qui se passe autour d’eux. Petite Vague sut tout de suite que c’était un samedi parce que le lendemain de sa naissance, on lui apprit qu’en ce jour, les hommes venaient se promener sur des drôles de choses en bois au-dessus desquelles étaient tendus des morceaux d’étoffe de couleur. On lui dit que c’était un grand jour pour la mer parce qu’il se passait un tas de choses comme il ne s’en passait pas tellement les autres jours.

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Et Petite Vague qui, tout de suite aima la vie, dansait de joie et trépignait d’impatience le matin de très bonne heure, avant même qu’aucun homme ne vienne se promener car les vagues ne dorment jamais, jamais, jamais… Elles ont l’air de fermer les yeux et de se reposer un peu, mais en vérité elles sont toujours réveillées. Elles sont bien une des choses les plus réveillées, les plus vivantes que Dieu ait faites. Même les oiseaux dorment un peu et même les chats qui pourtant ne dorment que d’une oreille ou que d’un œil. Même le vent se repose. Mais les vagues de la mer, il faut aller très loin pour en trouver une qui dorme. Se repose même le vent ; Et les arbres qui jamais ne se couchent et paraissent veiller toujours, font de grandes siestes afin d’être frais et dispos lorsqu’il faudra beaucoup travailler, faire des bourgeons et puis des feuilles toutes tendres, toutes petites et puis des plus grandes, et puis des fleurs et puis des fruits. Quand ils ont fait tout ça, ils laissent leurs grands bras étendus au-dessus de nos têtes et ils font encore une sieste, puis tout recommence. Mais les vagues de la mer, elles n’arrêtent jamais et il faut aller bien loin pour en trouver une qui dorme.

Parmi toutes les vagues, Petite Vague, fraîchement née, était encore plus pétillante, plus joyeuse, plus malicieuse aussi.

Les premiers jours de sa naissance furent remplis de drôleries : elle allait partout, courait ça et là, elle faisait des farces aux poissons en les poussant par le nez ou par la queue pour qu’ils apprennent à faire des galipettes et même lorsque c’étaient de gros poissons sérieux qui n’avaient pas l’habitude de rire, ils s’y mettaient parce qu’ils aimaient Petite Vague.

Avec tous les petits, c’était encore plus merveilleux parce qu’ils faisaient d’interminables parties de cache-cache. Petite Vague passait aussi en courant près des huîtres endormies, elle les chatouillait sous le nez pour les faire éternuer et les huîtres cherchaient partout qui les avait dérangées mais Petite Vague était déjà loin en train de taquiner les méduses et les pieuvres qui ne lui faisaient pas peur du tout. Elle avait une telle manière de leur courir autour, dépasser entre leurs bras qu’elles en arrivaient à faire des nœuds et après c’était toute une affaire pour s’y retrouver et pour remettre chaque bras à la bonne place. Enfin vois-tu, pour Petite Vague la vie était passionnante du matin au soir et du soir au matin.

Mais ne crois pas qu’elle gambadait ainsi sans interruption et qu’elle ne pensait à rien qu’à s’amuser. Elle avait aussi des heures où elle était très sérieuse, presque grave : par exemple lorsqu’il y avait beaucoup d’étoiles au-dessus de sa tête, ou bien lorsque les très grosses vagues, sans se rendre compte de leur force, avaient renversé ces petites choses en bois sur lesquelles venaient les hommes. Elle était même songeuse lorsque les vents la poussaient tout près du rivage, là où jouent les enfants et qu’elle démolissait, sans le vouloir, leurs châteaux de sable. Petite Vague avait le cœur très tendre et elle n’aimait pas abîmer les choses, ni faire de la peine à quiconque. Elle savait très bien qu’un château de sable ou de gros pâtés maladroits n’ont pas beaucoup d’importance mais cela ne faisait rien. Elle était née le samedi – pour faire le bonheur de tout le monde – parce qu’elle continuait à aider les poissons sérieux à faire des galipettes, à chatouiller les huîtres et à emmêler les bras des méduses.

Elle avait trouvé un tas d’autres jeux qui ne faisaient de mal à personne. Par exemple, il y avait un gros rocher qui n’aimait pas être mouillé plus loin que la ceinture, il n’aimait pas du tout qu’on joue à saute-mouton avec lui et qu’on lui passe par- dessus la tête. C’était un gros bougon tout rouge mais, au fond, pas méchant. A chaque fois qu’elle y arrivait, elle venait à toute vitesse tandis qu’il se séchait au soleil et hop ! elle prenait son élan et vlan, il était tout mouillé et Petite Vague riait, riait sans pouvoir s’arrêter tellement c’était drôle. Elle avait aussi découvert qu’on peut sauter dans les bateaux quand personne ne s’y attend et tout arroser, juste un petit peu, de quoi surprendre tout le monde et cela l’amusait beaucoup.

Donc personne ne savait que Petite Vague avait parfois des soucis jusqu’au jour où un vieil homme posa son bateau juste à côté d’elle. Elle l’observa longtemps en clapotant contre le bois de sa barque et elle le trouva très beau. Il avait beaucoup de rides sur le visage et des cheveux tout blancs mais quand il levait la tête pour regarder autour de lui, elle voyait des yeux plus purs que le ciel à la belle saison, des yeux qui en savaient long sur la vie et qui donnaient confiance parce qu’ils étaient tranquilles et clairs comme le ciel à la belle saison. Et Petite Vague se mit à l’aimer. Elle vivait le plus souvent possible, tout près de lui sans rien faire d’autre que de chanter doucement le long de la barque brune.

Elle n’avait pas du tout envie de lui faire des farces parce qu’il était tranquille et pur comme le ciel à la belle saison. Et lui paraissait ne rien faire. Il ne prenait pas de poissons, il ne remplissait pas de panier avec de pauvres huîtres affolées. Il était là, comme on est à côté de tout ce qu’on aime. Il regardait, il pensait, il se taisait et à cause de ses yeux bleus et calmes Petite Vague eut envie de lui expliquer ses problèmes, ceux des grosses vagues qui faisaient du mal aux hommes.

Les hommes qui faisaient du mal aux poissons. Les poissons qui se faisaient du mal entre eux. Elle lui confia même, en tremblant un peu, que sans le vouloir, elle détruisait les châteaux de sable des petits enfants.

Quand elle eût terminé son histoire, elle se tint tout près de lui, contre la barque de bois sombre espérant qu’il aurait quelque chose à lui dire. Le vieil homme resta longtemps silencieux – du moins si l’on compte les heures comme les vagues qui sont si rapides – un jour leur semble une éternité, puis un matin, il lui parla :

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« Ecoute Petite Vague » lui dit-il, « je vais te dire quelque chose que peut être tu ne sais pas : nous habitons tous sur la Terre et sur la Terre la vie ne peut jamais être une fête perpétuelle. Il y a et il y aura toujours des choses qui te laisseront songeuse. Tant qu’il y aura la Terre, les grandes vagues renverseront les bateaux des hommes et les hommes feront du mal aux poissons et les grands poissons en feront aux petits poissons et toi, tu détruiras en passant les châteaux de sable des enfants. Cela, Petite Vague, il faut bien que tu l’admettes. Mais aussi, tant que nous somme sur la Terre, beaucoup d’hommes peuvent, comme toi, naître un samedi et rendre les hommes heureux. Le chagrin que tu te fais pour les châteaux de sable reviendra souvent, souvent, mais surtout qu’il ne t’empêche jamais d’essayer tout de suite de rendre heureux les petits poissons qui jouent et les barques qu’enchante ton clapotis et même le gros rocher bougon et rouge qui au fond de lui est joyeux parce que tu l’éclabousses de ta fine poussière de joie ».

Crédit : Sœur Myriam

La capuche

Ce texte peut soit se rapper, soit être slamé ou cantillé… Il peut très bien être utilisé dans le cadre de la fête de l’ascension ou pour la thématique de la mission. Une fois Jésus parti, je fais quoi ? Je regarde hébété vers le ciel, priant pour son retour ou je retourne changer le monde. A moins de fuir… Je tiens à remercier Norman et Squeezie pour l’idée de la capuche.

Quand j’suis dans la foule, j’suis sous ma capuche.

Quand il pleut ou neige, j’reste sous ma capuche !

Et quand j’enlève ma capuche, j’suis toujours sous ma capuche ! Et v’la que Dieu y m’appelle pour porter secours à des gens qui se perdent, genre spirituellement parlant…

Faut dire que les gens en question y sont super méchants et j’dois leur balancer les quatre vérités dans les dents ! J’suis qui sous la capuche pour leur faire la morale ?

Apporter la vérité et comment ils doivent se comporter au final ?

Mais j’détale jusqu’au premier obstacle devant ma capuche ! Que d’eau, que d’eau ! J’suis le missionnaire sous la capuche, même pas peur ; c’est pas l’amer à boire !

J’achète un bateau avec c’qui me reste au comptoir,

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J’aime pas l’avion et les trous l’air et pis t’es jetlagué ! Au fait, c’est dans l’autre direction qu’je devais aller !

J’suis parti tout schuss soleil couchant genre cow boy solitaire J’suis l’anti-héros de service en mode guerre nucléaire

J’me terre sous ma capuche et j’veux rien savoir de leurs histoires ! Si Dieu a des comptes à régler avec les indigènes locaux,

Il a qu’à se débrouiller, j’risque pas ma peau ! Tu sais jamais sur qui tu vas tomber !

J’suis personne sous ma capuche et j’vais me coucher dans le ventre du bateau. j’vais ronfler ! Ça va passer !

Mais Dieu il est pas du genre à lâcher le morceau, Il déclenche une tempête, tsunami méga costaud

Le bateau menace de couler et le sort tombe sur ma capuche ! C’est moi le responsable de tout ça ! Non mais quelle cruche !

Ils peuvent pas jeter par-dessus bord celui qui paie pour échapper à sa mission ? Comme quoi, on s’achète pas sa bonne conscience avec du pognon,

Et c’est pas le plus riche qui décide où et à qui va l’argent, J’crois peut-être que j’suis seul sous ma capuche, et ben non ! Suis fourré dans la même galère

avec un tas d’autres qui se demandent quoi faire ?

Et si chacun sur ce bateau, jetait quelque chose de lui à l’eau pour éviter que le Titanic ne coule et qu’il reste à flots ! Et dans ces situations extrêmes, souvent, suis obligé de savoir et de dire qui je suis et en quoi je peux croire !

Cette fois c’est pour ma capuche et j’insiste qu’on me jette à l’eau ! J’me dis pour échapper à Dieu, « j’me cache à l’eau ».

Et voilà qu’il arrive le gros cabillaud,

puisqu’ y a que cette capuche à avaler, qu’un et re-qu’un !

Et sous ma capuche comme la mission un-possible j’ai cru, suis maintenant avalé tout cru !

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Et dans le bide du grand poisson, j’me suis dit, c’est assez !

J’arrête de fuir ! J’suis crevé ! comme ceux partis en ayant tout laissés ! Dites ! Vous avez remarqué ! La facture est trop salée !

Il reconnait le poisson péché – pardon- le poids d’son péché ! Temps en temps faut que ça sorte ! Tu peux toujours recommencer ! Et comme il lui reste sur l’estomac, le poisson, qui avait des nausées, vomit la capuche à la vie qui part direction soleil levé !

Dans cette histoire, il y a Elohim et Yahvé ; deux Dieux qui s’entendent au mieux ! On n’appellerait pas cela de l’interreligieux ?

Le Dieu personnel de la capuche et un Dieu pour les Ninivites.

C’est plus forcément le Dieu de la capuche adoré comme le fric ! Mais chacun le retrouve dans sa propre tradition et culture.

Bref, ça a l’air de fonctionner, si on ne s’abrite pas derrière ses murs ! La capuche prêche à Ninive et les ninivites, eux, sans attendre le déluge, se repentent et Dieu aussi parce qu’il voulait leur faire du mal ! Le dieu-juge !

Et moi sous ma capuche j’étais pas content du tout alors que les ninivites, des bestioles, jusqu’au président de la république,

ont écouté et agi ! J’suis le seul pasteur à la capuche qu’on prend pas pour une… quiche.

Ma prédication a eu un effet domino, ils se sont tous convertis, ils ont changé du tout au tout, tous… Sauf bibi !

quand j’suis sous ma capuche, j’reste sous ma capuche sans moufeter ! J’me suis assis, le plus loin possible, pour vraiment bouder !

Celui qui dit, il est ! Et c’est valable aussi pour Dieu, non mais…

J’vois pas pourquoi il changerait d’avis ! J’savais, moi, qu’il se dégonflerai.

Il est bien trop bienveillant et miséricordieux, un peu lent à la colère, le genre qui revient sur sa décision par amour ! Un Dieu pépère ! J’aurai adoré voir les Ninivites, ces gros méchants, morfler grave ! J’étais persuadé d’avoir raison et eux tort ! De vrais caves !

J’suis fâché jusqu’à la mort. En fait, je le suis bien, si je suis incapable de m’ouvrir et que j’ reste sous ma capuche, mariner dans mon jus jusqu’à pourrir !

C’est pas sur un coup de tête que tu pars en mission ventre à terre,

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ni pour te faire ton trip sur un chantier humanitaire ! Une telle décision n’est à prendre ninivite, ni par intérêt,

mais par amour du prochain et de l’Eglise universelle. T’es prêt ?

J’vous rappelle que je suis toujours fâché contre Dieu qui change d’avis comme de chemise.

J’me suis posé sur la colline d’en face pour voir si la partie serait pas remise ? En attendant, J’commence à avoir un coup de soleil. La vérité si j’mens Vous sentez la chaleur du soleil d’orient ?

Heureusement Dieu m’a abrité à l’ombre d’un ovni, objet végétal non identifié, si, si…

Pour me guérir de ma mauvaise humeur. Eh oui !

Même fâché contre lui, Dieu prend soin de moi et ça me rend happy ! Bon jusqu’à ce que Dieu fit assécher mon pare soleil !

En m’faillant crever d’une insolation, Dieu m’a permis de distinguer l’accessoire de l’essentiel.

Et dire que j’m’en faisais un max pour une plante dont j’me suis jamais occupé ! qui est apparu et a disparu en une nuit, mirage de la société,

alors que j’voyais pas sous ma capuche tous ces grands enfants désorientés qui ne savent même pas distinguer leur droite de leur gauche, vraiment paumés ! Alors, j’retourne sous ma capuche et j’men tape si le monde déconne ?

ou j’relève ma capuche pour voir mes sœurs, mes frères, les hommes ! Quant à la capuche, il est peut-être encore en train de bouder, sur la colline, en face de la ville, qui elle, est sauvée !

En tous cas, son histoire se termine en queue de poisson ! A propos, mais vous l’avez reconnu depuis longtemps, non ! Dans la Bible, la capuche s’appelle la colombe : Yonah ; c’est pas devenu un symbole de paix… ça ?

Je dédie ce texte tout particulièrement à mon regretté collègue et ami, le pasteur Jean Daniel Faivre qui y a mis beaucoup du sien ! Frédéric Gangloff (UEPAL)

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Prier avec Jésus au jardin des Oliviers

« Prier avec Jésus au jardin des Oliviers » est une célébration qui pourrait être utilisée pour Jeudi saint.

Proposition d’Emily Huser (UEPAL). Avant ce culte, nous avions préparé les narrations ensemble, en 4 groupes en utilisant la Fiche de travail – les acteurs de jeudi saint

Prélude

Invocation et Accueil Bonjour et bienvenue à tous au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Le temps de notre prière, ce lieu va devenir autre. Comme Jésus l’a demandé à ses disciples, nous avons préparé le lieu et nous avons dressé la table.

Répondant mystérieusement son invitation, nous le suivrons pas à pas, du repas de la Cène, jusqu’au jardin des Oliviers.

Les catéchumènes de première année et moi-même, nous vous proposons de prendre le temps de prier avec Jésus, et lui avec nous. Cette célébration nous mènera dans cette nuit particulière pour ceux qui suivent Jésus. Ils croient encore que tout est normal, alors que Jésus seul sait ce qui va se passer, avant que tout ne bascule. Nous proclamons sa venue parmi nous, sa mort et sa résurrection. Le sachant toujours vivant, nous attendons son retour et cette célébration en est un signe.

Chant : Arc 780 La veille de sa mort

La nuit tombe sur Jérusalem : narration (Myriam la servante)

Mon nom est Myriam. Je suis servante à la maison de Lèvi. C’est chez mon maître, que Jésus a partagé la Pâque avec ses disciples. Celui-là même dont tout Jérusalem parle ! Certains disent même qu’il est le Messie, envoyé par Dieu pour nous libérer. Certaines femmes que je connais au marché l’ont vu guérir un paralytique. Un homme qui ne pouvait pas marcher. Il a suffit que ce Jésus lui parle pour qu’il se mette à courir.

J’ai aussi entendu certains dirent qu’il est trop mou, qu’il devrait utiliser la force pour chasser les romains hors de notre pays. Qu’il fallait le pousser à l’action …

Alors j’étais impatiente de le rencontrer. Surtout que nous avions déjà passé toute la journée à préparer la salle du banquet. Tout était prêt pour une belle fête de Pâques ! Nous l’attendions avec impatience. Quand je l’ai vu, je me suis tout de suite qu’il était grand. Pas seulement grand physiquement … mais qu’il était grand de l’intérieur. Je me suis sentie toute petite devant lui. Il m’a tout de suite fait une drôle d’impression. Un peu comme quand vous vous installez au Temple et que tout est calme. Cette sensation qui vous dit que vous êtes bien.

Mais je n’ai pas eu beaucoup de temps. Le maître m’a dit de me dépêcher, de bien recevoir nos invités. J’ai couru pour chercher l’eau, l’éponge et les serviettes. Je devais laver les pieds des invités au plus vite. Tout le monde m’a poussé à me dépêcher en me reprochant ma lenteur. Ce n’était pas facile, avec tout ce monde qui me pousse et l’eau qui déborde de la bassine. Quand enfin je suis arrivée à servir le premier invité, quelqu’un m’a encore poussé. Je me suis retourné, fâchée d’être tellement houspillée mais son regard m’a arrêté. Il a un regard si doux ce Jésus …. si bon … si gentil. Il a pris la bassine et l’éponge. Avec soin et douceur, il a commencé à faire mon travail. J’ai essayé de lui reprendre. C’était mon travail ! Même les invités, ses disciples n’étaient pas contents. Mais lui, il disait : « Celui qui commande doit être celui qui sert. » Moi, je me suis dit pour moi-même : qu’avec ces disciples, il allait être mal servi ! Ces hommes n’avaient jamais servis qui que ce soit. Cela se voit. Hors de question que je leur confie ma bassine à eux ! Mais Lui, c’est pas pareil. Lui, il était si doux ! Il a pris soin d’eux comme s’ils étaient les plus précieux de tous. Comme s’il pansait des blessures. Et pour une fois, je me suis dit que moi aussi j’aimerais qu’on prenne soin de moi comme cela. Que ce serait bien si quelqu’un

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tenait à moi comme cela.

Chant : « Dieu tout puissant »

Ils sont partis dans la nuit : (narration Marthe la servante 2)

Çà y’est, ils sont enfin partis ! En vingt ans de service dans cette maison, je n’ai jamais connu une soirée de Pâque comme cela ! Parole de Marthe, je n’ai jamais vu cela.

Ce Jésus, je le connaissais. Une fois je l’ai entendu enseigner sur la place, prés du marché. Pour sûr, il a une belle voix. On l’entendait bien ! même si on était très nombreux. C’était même plutôt bien. Il disait que Dieu était comme une femme qui perdait une pièce et rangeait toute sa maison pour la retrouver. Que Dieu nous cherchait de la même manière jusqu’à que nous soyons de nouveau avec Lui. Ça m’a parlé. Parce que perdre une pièce je connais. On n’a pas tous les jours une pièce d’argent. Et si j’en avais une, je la chercherais aussi sans relâche jusqu’à ce que je la retrouve. Si Dieu me cherchait comme cela, je serai contente pour sûr !

Mais ce soir, je n’ai pas bien compris ce qu’il faisait. Déjà il a pris le travail de Myriam en lavant les pieds des invités ! Lui l’invité d’honneur ! Et après … après durant le repas, il a de nouveau perturbé tout le monde. Il m’a pris le pain des mains.

Je voulais le distribuer. Et voilà qu’il le déchire en deux … le pain s’est rompu en deux …. comme un corps qu’on écartèle

…. et lui il dit « Prenez et mangez, ceci est mon corps donné pour vous. » J’ai jeté un coup d’œil aux autres invités, ses disciples, ils ne comprenaient pas plus que moi … Surtout qu’après, il a pris la coupe et il a dit « Buvez en tous. Ceci est mon sang, qui a été versé pour la multitude ». Moi j’ai pas tout compris. J’aurais préféré qu’il ne fasse pas ce genre de choses si mystérieuses. Je préfère quand il parle de Dieu comme celui qui me cherche parce que je suis si précieuse. Mais peut-être que cela veut dire la même chose. Que pour moi, parce que je suis précieuse, il donne même son sang pour me trouver …. mais que voulez-vous qu’une servante comme moi comprenne ?

En tous les cas, après tout cela, ils sont partis. Enfin ! Ils étaient tous si contents de chanter et de fêter Pâque. Il n’y a que Jésus qui semblait un peu triste. C’est lui qui a eu cette idée de partir, d’aller prier au calme. J’espère qu’il ne va rien arriver de grave. Il a la mine des gens qui savent que quelque chose va mal aller. Enfin, moi ce ne sont pas mes affaires. Je ne suis qu’une servante. Moi je n’arriverai pas à prier.

Répons : Dans nos obscurités

Prière : Pardon Seigneur de tout ce qui ‘m’empêche de prier « Faire silence pour être à l’écoute » Auteur : Béatrice Gahima

Seigneur, il fait noir Et je m’assieds. J’écoute Je suis comme assourdie Par le silence. Mes oreilles ne distinguent rien. Il fait si calme ce soir.Je m’apaise, et j’entends Le chant de la source Qui jamais ne s’arrête de couler Mais que, dans le brouhaha de la journée, J’avais à peine remarquée. J’écoute encore et, tout doucement, Autour de moi J’entends le crissement des chauves-souris Qui ont attendu Que plus personne ne les dérange Pour s’ébattre dans le noir. Oh, qu’il fait bon Seigneur ! La main humide du soir Se pose sur mon visage. Comme pour me rafraîchir ! Et je tends encore l’oreille : Tout à coup, résonne dans le lointain Le hululement du hibou Deux fois, trois fois Déjà il s’est tu Mais je l’ai entendu Quelle chance ! Merci, Seigneur, de m’avoir fait la grâce De m’arrêter et de goûter les merveilles dont tu m’entoures. Si je ne m’étais arrêtée Si je n’avais laissé le silence descendre en moi Je n’aurais pas reçu ces beaux cadeaux ! La source aurait continué à chanter Les chauves-souris à crier Le hibou à hululer Sans que je m’en aperçoive. N’est-ce pas aussi, Seigneur, Ce qui se passe dans ma vie ? Par ton Esprit, tu parles en moi Et je ne t’entends pas ! Ma course effrénée vers je ne sais quel but M’empêche d’entendre Le chant de ton amour qui résonne en moi Le chant de la plénitude et du bonheur Qui n’attend que moi

Répons : Dans nos obscurités

Le jardin des Oliviers : narration par l’un des disciples

Il y a un lieu à Jérusalem qui s’appelle Gethsémané. C’est de l’hébreu pour dire » mont des oliviers ». C’est un peu à l’écart de la ville. Sur l’une des collines qui entourent Jérusalem est un jardin particulier. Il n’y a que des oliviers, grands et élancés. Certains sont si anciens que leurs troncs s’est tordu sous les années.

C’est un lieu que nous connaissons bien, nous les disciples de Jésus. Nous sommes souvent passé par là pour aller à Béthanie. Parfois nous nous arrêtons pour permettre au Maître de se reposer. Les gens alors en profitent pour le presser.

Et lui, comme toujours, se laisse amadouer et prends le temps d’enseigner, de guérir. J’ai parfois l’impression que c’est

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notre jardin tellement nous nous y sommes arrêtés et que nous y avons passé du temps. Certains des autres disciples râlent en disant que nous perdons notre temps. Mais moi, j’aime bien. Il y a une petite pierre, bien plate, où je peux m’asseoir. L’endroit est agréable au soleil surtout pour écouter le Maître. C’est un peu comme un petit paradis pour moi.

Mais cette nuit, c’est différent. Jésus a voulu aller prier ici après le repas. Nous, on était tellement contents de fêter Pâque et un peu ivres aussi. On s’est contentés de le suivre. La nuit, le jardin est différent. Plus sombre, plus calme … *** éteindre les lumières

Sans peine, nous avons retrouvé notre endroit, sous les arbres si grands. Il fait un peu frais. Malgré l’obscurité, j’ai retrouvé ma petite pierre encore toute chaude du soleil du jour. Là, nous nous sommes installés. On a posé nos lampes pour éclairer le Maître. *** allumer les bougies et les lampes

Quand je le regarde le Maître, je me dis que quelque chose ne va pas. Il a la tête de quelqu’un qui sait qu’un malheur va venir. Il a bien dit quelque chose lors du repas qui me turlupine, moi et même ses disciples. Alors que tout allait bien, que nous fêtions, il a eu cette tête triste qu’il a depuis ces derniers jours quand il parle de sa mort. Nous tâchons de ne pas trop y faire attention. C’est le Maître ! Je l’ai vu rappeler Lazare à la vie simplement en l’appelant. Qu’est-ce qui pourrait l’arrêter ? Jésus ne peut pas mourir. Voyons, c’est impossible. Même si les autres, ces jaloux de prêtres du temple arrivaient à le blesser, il lui suffirait d’un ordre pour les mettre à terre ! Comme il a vaincu la tempête ! Non, rien de mauvais ne va arriver.

Mais plus j’y pense, plus je trouve que le Maître nous cache quelque chose. Ce soir, le jardin ne m’apporte pas le calme habituel. Malgré moi, je prie pour qu’il n’arrive rien.

Ecoute en silence

Arc Ps 42 Comme un cerf altéré brame

Lecture biblique : Matthieu 26 Là-dessus, Jésus arriva avec eux en un lieu appelé Gethsémané. Il dit à ses disciples : Asseyez-vous ici pendant que je vais prier là-bas. 37 Il prit avec lui Pierre et les deux fils de Zébédée. Il commença à être envahi d’une profonde tristesse, et l’angoisse le saisit.38 Alors il leur dit : Je suis accablé de tristesse, à en mourir. Restez ici et veillez avec moi ! 39 Puis il fit quelques pas, se laissa tomber la face contre terre, et pria ainsi : O Père, si tu le veux, écarte de moi cette coupe ! Toutefois, que les choses se passent, non pas comme moi je le veux, mais comme toi tu le veux. 40 Ensuite, il revint auprès des disciples et les trouva endormis. Il dit à Pierre : Ainsi, vous n’avez pas été capables de veiller une seule heure avec moi ! 41 Veillez et priez, pour ne pas céder à la tentation. L’esprit de l’homme est plein de bonne volonté, mais la nature humaine est bien faible. Seigneur nous te prions en chantant :

Répons : Bleibet hier de Taizé

42 Puis il s’éloigna une deuxième fois, et se remit à prier en disant : O mon Père, s’il n’est pas possible que cette coupe me soit épargnée, s’il faut que je la boive, alors, que ta volonté soit faite. 43Il revint encore vers ses disciples et les trouva de nouveau endormis, car ils avaient tellement sommeil qu’ils n’arrivaient pas à garder les yeux ouverts.

Répons : Bleibet hier de Taizé

44 Il les laissa donc, et s’éloigna de nouveau. Pour la troisième fois, il pria en répétant les mêmes paroles. 45 Lorsqu’il revint auprès de ses disciples, il leur dit : Vous dormez encore et vous vous reposez. L’heure est venue où le Fils de l’homme va être livré entre les mains des pécheurs. 46 Levez-vous et allons-y. Celui qui me trahit est là.

47 Il n’avait pas fini de parler que Judas, l’un des Douze, survint, accompagné d’une troupe nombreuse armée d’épées et de gourdins. Cette troupe était envoyée par les chefs des prêtres et les responsables du peuple. 48 Le traître avait convenu avec eux d’un signe en disant : Celui que j’embrasserai, c’est lui, saisissez-vous de lui. 49 Il se dirigea donc tout droit sur Jésus et lui dit : Bonsoir, Maître ! Et il l’embrassa. 50 Mon ami, lui dit Jésus, ce que tu es venu faire ici, fais-le ! Alors les autres s’avancèrent et, mettant la main sur Jésus, ils se saisirent de lui.

Répons : Bleibet hier de Taizé

Chant : Arc 602 Oh ! Prends mon âme Méditation

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Interlude

Prière d’intercession et Notre Père Unis à Jésus qui entre dans sa passion, supplions le Père des hommes : Seigneur, rappelle-toi. L’abandonné qui redoute les heures de la nuit. L’innocent que l’on arrête comme malfaiteur.En cette nuit, où tu souffres sous la torture, abandonné de tous, Jésus, nous te portons notre prière pour : l’accusé injustement condamné.

Pour le prisonnier frappé, humilié. Pour le juste que l’on mène à la mort.Seigneur, nous voulons te prier et déposer le nom de tous ceux qui souffrent, qui vivent leurs dernières heures. Te confier celui qui jusqu’au bout te fait confiance. Seigneur, nous te confions la personne qui est triste à en mourir. Le condamné qui a tellement peur qu’il en sue du sang. La personne trahie par un de ses meilleurs amis.

Annonces et Offrandes

Chant : ARC 638 Reste avec nous Envoi : On dit à Jérusalem

On dit à Jérusalem que les romains l’ont arrêté ce Jésus. Qu’ils vont le mettre à mort.

On dit qu’il est retenu dans la prison et que déjà il le torture. Mais qu’il ne dit rien.

On dit à Jérusalem que demain, il sera cloué sur une croix comme le pire des malfaiteurs.

On dit partout qu’il est mauvais, qu’il blasphème, que c’est un agitateur. Qu’il s’est cru fils de Dieu, qu’il est fou.

Oui mais moi je dis qu’il m’a servi avec douceur lors du repas, que cet homme s’est fait serviteur pour me lever les pieds.

Moi je dis qu’un jour il a dit que j’étais précieuse aux yeux de Dieu. Et qu’il me chercherait sans relâche. Qu’il donnerait sa vie pour cela.

Moi je dis qu’il a eu peur mais qu’il n’a pas reculé.

Quand on fête la Pâque Juive on finit la soirée en se souhaitant de la fêter l’an prochain à Jérusalem. Ce soir, je souhaite de la fêter avec lui.

Bénédiction Seigneur Jésus, tu nous as regardés ce soir, comme tu l’as fait avec tes disciples une dernière fois et tu as partagé avec nous ce repas de fête. Mets en notre cœur une joie rayonnante. Malgré le danger et les heures sombres de la vie, donne-nous Seigneur assez de foi pour voir tout ce qui est beau dans le monde et assez d’espérance pour le rendre plus beau encore, Que la grâce et la paix du Seigneur Jésus soient avec nous tous. Amen.

Postlude

Crédit : Emily Huser

L’enfant nourri aux sept laits

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L’enfant nourri aux sept laits

(d’après un conte tadjik cité par Luda, extrait de « Contes et saynètes de Noël rassemblés par Marie-Bénédicte de Villenfagne Éditions Fidélité)

Il y a de cela bien longtemps, vivait un jeune roi très ambitieux. Ce roi était marié et sa jeune femme, la reine, attendait un bébé. Le roi voulait un fils. Un fils pour lui succéder, un fils fabuleux, un fils qui serait plus connu, plus craint, plus respecté que l’empereur lui-même.

Un fils tellement génial, tellement à l’image de son père qu’il deviendrait le roi de toute la terre. Et du ciel aussi, d’ailleurs.

Oui, le roi imaginait déjà son fils honoré par le monde entier. Tous les marquis, les princes, les rois et même les empereurs s’inclineraient devant son fils. Les étoiles même… Enfin, bon ! Faut peut-être pas trop exagérer. Encore que…

Mais comment faire pour que le bébé à naître soit vraiment exceptionnel ? De l’aube au crépuscule et du crépuscule à l’aube, la question tracasse le roi. La jeune femme, son épouse, s’arrondit. Déjà elle gazouille des mots d’amour en caressant son ventre. Cela agace le roi au plus haut point : son fils va devenir débile en entendant ces fadaises ! Aussi convoque-t-il un sage très illustre pour donner des leçons de mathématiques et de philosophie politique devant le ventre de la reine. Là, à coup sûr, son fils sera brillant.

Deux mois plus tard, lors d’une chasse, le roi a l’inspiration, la réponse à la question qui n’arrêtait pas de le tarauder :

« Que faire pour que mon fils soit un être exceptionnel ? » Mais c’est absolument évident ! Tout dépend non seulement de l’environnement, mais aussi de la nourriture !…

Trois semaines plus tard, la reine met au monde son bébé. Un fils ! C’est un fils. Le roi est fou de joie. Il déclare aussitôt :

« Aucune femme au monde, fût-elle la mère de mon fils, n’est digne de la nourrir. Il recevra les sept laits qui feront de lui un être exceptionnel, un être divin. »

Son conseiller s’étonne : « Quels sont ces sept laits, seigneur ? »

« Mon fils sera nourri

au lait de tigresse pour qu’il obtienne la puissance du tigre,

au lait de chamelle pour qu’il devienne sobre comme le chameau traversant le désert, au lait d’éléphante pour obtenir la mémoire et l’intelligence,

au lait d’ourse pour qu’il en ait la force, au lait de lièvre pour avoir sa rapidité, au lait de jument pour qu’il en ait l’élégance,

au lait de chatte pour que sa vue soit perçante même dans l’obscurité C’est le mélange de ces sept laits qui fera de mon fils le roi du monde ! »

Ainsi ordonné, ainsi fait. Le bébé est soigneusement nourri du mélange de ces sept laits. Et l’enfant grandit.

Alors que l’enfant a six ou sept ans, arrive au palais de son père une étrange caravane. Les chameliers ne vendent ni n’achètent quoi que ce soit. Leur chef est un vieux mage-astrologue.

Accueilli par le roi, l’astrologue explique qu’il a vu apparaître une étoile étonnante, une étoile annonciatrice d’un personnage important. Peut-être le personnage le plus important que la terre ait jamais porté.

C’est pour rencontrer ce personnage que le vieil homme s’est mis en chemin. Or, depuis peu, l’étoile a disparu.

L’astrologue demande : « Est-ce donc ici, dans ce palais, qu’est né cet être divin ? Je cherche un futur roi, peut-être un empereur, en fait je ne sais pas exactement qui se trouve au bout de ma quête… »

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Le roi est fou de joie. Il le savait que son fils allait être quelqu’un d’exceptionnel. Et en voilà la confirmation. Même les étoiles chantent les louanges de son fils !

« Entre, grand Sage, daigne franchir le seuil de ma maison. C’est ici que prend fin ta longue route. Mon fils est celui que t’a désigné l’étoile. Nourri aux sept laits, il est le soleil parmi les étoiles, le lys parmi les pâquerettes, l’albatros parmi les moineaux. Entre, et dévoile-moi le fabuleux futur destin de mon fils ! »

Le vieil homme s’installe donc dans le palais avec sa longue vue et ses parchemins aux formules astrologiques compliquées. Il observe aussi longuement le fils du roi…

Au bout de sept jours, l’astrologue se présente devant le roi pour prendre congé. « Merci de ta généreuse hospitalité. Il faut continuer pourtant à mettre la route sous mes pieds ; il me faut continuer à chercher l’être exceptionnel que l’étoile annonce. »

« Mais… et mon fils ? » balbutie le roi.

« Ton fils n’est pas celui que je cherche. »

« Comment ? Mais tu n’y penses pas une seule seconde ! Je t’ai bien confié tous les atouts que j’ai mis dans son jeu ! Souviens-toi que je l’ai fait abreuver des sept laits ! »

« Prince, je vais te parler en toute franchise et amitié : tu as pourri ton fils. Par ta faute il a la férocité du tigre, la lippe boudeuse du chameau, la balourdise de l’éléphant, la stupidité de l’ours, la lâcheté du lièvre, le caractère capricieux du cheval rétif et la perfidie du chat. »

« Comment peux-tu dire cela, à ma moi qui t’ai accueilli ? Crains mon courroux. Je vais t’écrabouiller comme une vermine! »

« Non, réplique le vieil homme, non, je n’ai pas peur de ton courroux, parce qu’il dit ta déception. Mais, au fond de toi, tu sais que je dis vrai. »

« Qu’a donc de plus que mon fils ce roi que tu cherches ? »

« Je te l’ai dit, je ne sais pas exactement ce qu’il sera. Mais je sais qu’il sera nourri de l’immense tendresse et du lait de sa mère, du lait humain, et qu’il sera pleinement homme. Pleinement homme sûrement, mais, à voir l’étoile, je sais qu’il sera bien davantage encore… »

D’un signe de la main, le vieil astrologue remet sa caravane sur la route. Et à ce moment précis, dans l’immensité du ciel réapparaît l’étoile. La tête levée vers l’astre revenu, le vieil homme entend la voix du petit prince :

« M’sieur, dis, M’sieur, je peux venir avec toi ? Dis oui, M’sieur, s’il te plaît… » Mise en scène à télécharger ici

Titâne et les Rameaux

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« Titâne et les Rameaux » est une belle narration du récit de Marc 11,1 à 11 imaginée par le pasteur Christian Kempf pour présenter aux petits -et aux grands- ce qui est à l’origine du « Dimanche des Rameaux ».

Titâne tenait bon dans son projet, bien que tout le monde lui ait dit : « Tu es fou, Titâne ! Toi, un âne, tu ne peux pas t’inscrire à ce concours, c’est perdu d’avance ! » Eh bien ! il est allé s’inscrire, sans trop savoir pourquoi. Ou plutôt, si : il avait promis à son père, qui partait avec des marchands étrangers, que toujours il garderait la tête haute et qu’il ferait honneur à son nom. Alors, quand il a entendu parler de ce concours, il s’est dit, si je le gagne ce sera fini, plus personne ne pourra rien me faire. Je serai célèbre, on jettera des vêtements sur le sol pour que je marche dessus, on agitera des branches d’arbre à mon passage et on jouera aux trompes et aux cornes pour m’accompagner, on me traitera comme une bête sacrée. Voilà ce qu’il voulait. Pas pour lui-même, pour son père. Et pour tous les ânes avant lui et après lui.

Quel concours ? Le concours de la plus belle monture pour le roi. Personne n’avait idée de quel roi il s’agissait, mais on savait que des files de chevaux, des caravanes entières de chameaux et de dromadaires, des mulets, des autruches, des bœufs allaient se présenter au bureau des inscriptions. Et lui, le petit de l’ânesse, on lui disait à chaque coin de rue :

« Titâne, arrête, tu n’as aucune chance ! » Et il y est allé quand-même. Et vous savez quoi ? Ils avaient tous parfaitement raison : le comité de sélection n’a même pas examiné sa candidature. Éliminé d’office, il était. Trop petit, pas assez prestigieux. Alors il est retourné chez son propriétaire, qui l’a attaché à un anneau à côté de la porte. Il avait les oreilles basses et le moral à zéro, Titâne.

Plus tard, quand il a remarqué les deux hommes qui remontaient la ruelle, il s’est dit « ça y est, c’est fini ! pour sûr, ces deux-là vont m’acheter à mon propriétaire pour trois pièces d’argent comme d’autres ont fait avec ma mère et mon père, ils vont m’emmener loin d’ici et je tournerai toute ma vie autour d’un puits d’eau ou d’une meule à farine. »

L’un des deux hommes a dit : « Tu as vu ? C’est là, exactement comme il l’a dit ! » Et ils se sont mis à détacher Titâne. Un voisin qui passait par là est intervenu : « Mais dites donc ! Qui est-ce qui vous a permis de détacher cet ânon ? » L’autre homme a expliqué que c’était Jésus de Nazareth, leur maître, qui leur avait dit d’aller au village, qu’ils y trouveraient tout de suite un ânon attaché que personne n’a jamais monté, qu’ils devaient le détacher et le lui ramener. Et si quelqu’un leur disait « Pourquoi faites-vous cela ? » ils devaient répondre : « Le Seigneur en a besoin et il le renvoie ici dès que c’est fini. »

Le voisin a incliné la tête : « Oh ! alors ! Si c’est Jésus de Nazareth qui vous envoie… » et il est rentré dans sa maison. Les deux hommes se sont mis en marche pour ressortir du village et Titâne les a suivis sans faire d’histoires. Il n’avait encore jamais entendu parler de Jésus de Nazareth, mais apparemment le voisin le connaissait et le respectait. Et Titâne avait bien envie de voir qui était ce personnage qui avait tout prévu de loin et à l’avance. Et en plus, c’était parfaitement vrai : jusqu’à présent, personne ne s’était encore permis de s’asseoir sur son dos, on l’avait toujours trouvé trop petit pour ça. Et on ne l’avait encore jamais chargé de rien, même d’un sac ou d’un panier. Mais bon, il y a un début à tout.

Quand Jésus de Nazareth a vu venir les deux hommes qui amenaient Titâne, il est allé au-devant d’eux : « Ah ! Voilà qui est bien ! Exactement ce qu’il me fallait ! » Il a gratté le front de Titâne entre les deux yeux et lui a tapoté le flanc d’un geste amical. Puis il s’est penché vers son oreille et lui a soufflé : « Ne t’inquiète pas. Je ne suis pas lourd, tu arriveras parfaitement à me porter. » Des amis du maître ont étalé leurs tuniques sur le dos de Titâne. Jésus n’a pas eu à sauter bien haut pour s’asseoir dessus, et effectivement Titâne n’a eu aucune peine à supporter ce poids, comme si la capacité de Jésus

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à porter les fardeaux des autres faisait que lui, par contre, n’était pas du tout lourd à porter. Enfin bon… cette pensée-là n’a pas traversé l’esprit de Titâne. Lui, il était juste content d’être capable de faire son travail, voilà.

Et tout le cortège s’est mis en route. Pour aller où ? Eh bien ! à Jérusalem, tiens donc ! Les deux hommes qui étaient venus chercher Titâne marchaient en tête. Titâne a entendu l’un d’eux dire à l’autre : « Tu sais quoi ? Tout ça me fait penser à ce que dit le prophète Zacharie : ‘Dites à la fille de Sion : Voici que ton roi vient à toi, humble et monté sur une ânesse et sur un ânon, le petit d’une bête de somme.’ » L’autre lui a répondu : « Mais pourquoi pas un âne adulte, solide et bien dressé ? Ce serait mieux quand-même ! » Le premier a secoué la tête : « Non, je ne crois pas. Jésus, notre maître, prend certes la suite des pères du peuple d’Israël en se faisant porter par un âne, mais il ne répète pas simplement ce qu’ils ont fait, il monte sur un âne que personne n’a encore jamais monté, il réalise quelque chose de tout à fait neuf. »

Plus le groupe autour de Jésus se rapprochait de la ville, plus les gens au bord du chemin devenaient nombreux. Ils se passaient le mot, on appelle ça le téléphone arabe, quelqu’un prévient son voisin qui avertit son voisin qui le dit à quelqu’un d’autre et ainsi de suite et bientôt toute une foule est là. Certains prenaient des vêtements et les jetaient sur le chemin où allait passer l’ânon portant Jésus, d’autres coupaient des branches d’arbres et les agitaient en l’air pour saluer le héros qui arrivait, quelqu’un s’est mis à crier sa joie : « Hosanna ! Béni soit celui qui vient ! » et la foule a repris le cri :

« Béni soit au nom du Seigneur celui qui vient ! Béni soit le règne qui vient, le règne de David notre père ! » Et de l’autre côté du chemin le reste de la foule a répondu : « Hosanna au plus haut des cieux ! »

Titâne, lui, ne se sentait plus de joie et de fierté. Voilà donc le roi qu’il s’agissait de porter, Jésus de Nazareth ! Et lui, Titâne, qui n’avait même pas eu le droit de s’inscrire au concours, c’est lui qui a eu l’honneur extraordinaire de lui servir maintenant de monture. Aucun cheval, aucun chameau ni aucun autre animal n’avait été jugé digne de ce service, sauf lui, Titâne ! Quand mon père apprendra ça – se dit-il – il sera fier de moi.

Ce que ni Titâne, ni les amis de Jésus, ni la foule le long du chemin n’avait remarqué, c’étaient les prêtres du Lieu Saint qui se tenaient dans un recoin près de la grande porte de la ville, le visage sombre et les bras croisés sur leur poitrine. Ceux-là ne semblaient pas apprécier le spectacle. Qu’est-ce qui leur passait donc par la tête ?

Le soir, quand les deux hommes ont ramené Titâne dans son village et qu’ils l’ont attaché à nouveau à l’anneau près de la porte du propriétaire, il s’est promis que partout où il irait au cours de sa vie, il raconterait ce qui lui était arrivé. Il se sentait chargé d’annoncer que ce Jésus, ce n’était vraiment pas un roi comme un autre : il ne portait pas d’épée et il n’y avait pas de soldats autour de lui. Il n’était pas accompagné par des princes et des gens importants, mais par de simples amis et par les gens du peuple. Pas de chevaux ni de caravanes de chameaux. Un roi pour servir, pas pour dominer. Pas pour profiter, pour aimer. Et ça, Titâne en était sûr et certain. Parce que Jésus avait eu confiance en lui, assez pour se laisser porter par lui.

crédit – Christian Kempf – Point KT

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