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Histoire de la pensée économiqueAlain MarcianoExam : question de cours 

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Histoire de la pensée économique

Alain Marciano Exam : question de cours  réponse précise

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Chapitre 1 : Les Physiocrate et la naissance de la doctrine libérale

Le terme physiocrate vient du grecque, il a été composé à partir du terme « Physis » qui signifie

« nature », et de « kratos » qui veut dire puissance. Ca repose sur l’idée de la puissance de la nature : la richesse vient de la nature, et donc de l’agriculture.

Le terme a été inventé par un physiocrate français qui s’appelle Dupont De Neumours. Et la

physiocratie c’est une école de pensée qui est typiquement et uniquement française. Elle n’a eu lieu qu’en France, ne s’est développée qu’en France, et il n’y a que des physiocrates français. Par ailleurs, elle est limitée dans le temps puisque sa durée de vie a été relativement courte, entre 1756 et 1780 environ. Toutefois, elle a eu une importance relativement grande, par son impact sur d’autres économistes, en particulier sur Adam Smith (il a été influencé par les physiocrates), sur Marx. C’est chez les physiocrates que l’on trouve les origines de la comptabilité nationale.

En fait la physiocratie marque la naissance de l’économie politique, c-a-d d’une conception de l’économie comme discipline qui permet d’expliquer le fonctionnement des sociétés, la vie politique. On ne s’intéresse plus uniquement à l’économie au sens stricte du terme, mais à l’économie dans la société, dans la politique, dans les institutions.

Remarque : Le terme économie politique a été utilisé pour la première fois en 1615 par un économiste français (Montchrétien) dans un ouvrage « Traité d’économie politique ». C’est intéressant parce que le terme d’apparait qu’une seule fois dans le livre (dans le titre). Mais entre 1615 et 1756, ce terme n’est plus utilisé. On recommence à utiliser ce terme avec les physiocrates. A la fin, c’est Adam Smith qui va vraiment inventer le concept d’économie politique (la développer etc…)

Il y a 2 personnages particulièrement intéressants chez les physiocrates :

 François Quesnay (le plus important)

 Mirabeau

I. La critique du mercantilisme :

L’époque ou écrivent les physiocrates c’est l’époque du règne de Louis XV en France, et Quesnay était le médecin de Louis XV. Ca va avoir un impact sur certaines de ses idées, il envisage la circulation des richesses dans une économie comme la circulation du sang dans un corps humain.

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Louis XV a régné de 1723 à 1774, c’est la période qui précède la révolution française (important), et d’une certaine façon la période dans laquelle écrivent les physiocrates est une période de crise. Cette crise est triple :

o Crise budgétaire : L’Etat français est très endetté et toutes les tentatives pour renflouer les finances publiques ont échouées.

o Crise politique : Cette crise politique est une conséquence de la crise budgétaire, mais est aussi liée à la fin de la guerre de 7 ans, qui a duré de 1756 à 1763, et à l’issue de cette guerre, la France perd toutes ses colonies américaines (canada, Louisiane), ses colonies en Inde, ce qui évidemment renforce la crise des finances publiques, et affaibli le pouvoir politique.

o Une crise agricole : Une crise de subsistance, il y a eu beaucoup de mauvaises récoltes qui ont entrainé des famines. Il faut garder à l’esprit qu’à cette époque-là, les gens se nourrissent principalement de pain. Donc la question du prix du blé est une question centrale parce que dès que le prix du blé augmente, les gens meurent de faim.

Pour les physiocrates, cette triple crise n’est pas le signe que la France est pauvre, mais montre que la France est mal gérée. Il y a un des physiocrates qui s’appelle Herbert qui publie un ouvrage en 1755 qui s’intitule « essai sur la police générale des grains » (police des grains = réglementation des prix du grain). Herber calcule que la France pouvait produire de quoi nourrir 31 millions d’habitants, alors que la population à l’époque était estimé à environ 18 millions de personne. Ce qui veut dire que ce n’est pas un problème de richesse, c’est un problème de gestion, et pourquoi est-ce qu’il y a un problème de gestion ?

Pour les physiocrates, le problème de gestion vient des mercantilistes, donc la crise à été provoquée par les mercantilistes.

Définition Mercantilisme : auteurs : Colbert, Montchretien. C’est une doctrine qui met l’accent sur le commerce comme un moyen de créer des richesses. Pour eux, c’est le commerce, l’échange, qui crée de la richesse. Et la richesse pour les mercantilistes, se mesure de façon monétaire. Pour le

mercantilisme français, le commerce est central, mais aussi l’industrie. C’est le commerce et l’industrie qui créent de la richesse. Evidemment, l’agriculture dans cette approche vient en second plan, elle est considérée comme secondaire, ou en tout cas n’est pas considérée comme un moyen de créer de la richesse.

Pour les physiocrates, cette approche de l’économie est totalement fausse parce qu’elle met l’accent sur le superflue (le commerce et l’industrie), et elle oublie ce qui est

nécessaire (l’agriculture). Par conséquent, pour sortir de cette crise, il faut renverser la logique mercantiliste et donner à l’agriculture la place centrale et mettre le commerce et l’industrie au second plan.

Ils ne sont pas les premiers à avoir ces idées-là. Le premier à avoir présenté cette distinction entre superflue et nécessaire (commerce et l’industrie / agriculture) c’est un économiste français du 17iem siècle qui s’appelle Pierre le Pesant de Boisguillebert. Dans un ouvrage de 1695 « le détail de la France sous le règne présent ». Il dit que la richesse vient de l’agriculture, et l’erreur des

mercantilistes, l’erreur de Colbert, est d’avoir oublié l’agriculture. Par ailleurs, il dit que la richesse ne

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se mesure pas par l’importance de la masse monétaire, mais dans les biens qui sont produits. Il a donc une conception matérielle de la richesse (la richesse c’est un ensemble de bien, pas une quantité d’argent). Autre élément très important : Boisguillebert propose une représentation de l’économie sous la forme d’un circuit (la circulation des richesses dans l’économie permet de faire fonctionner cette économie). Pour faire circuler les biens, il faut laisser la liberté du commerce, et la liberté des échanges. C’est pour ça qu’on retrouve l’idée de libéralisme, il est fondamental de laisser circuler les biens crée par l’agriculture selon les physiocrates. Cela se traduit par une formule qui est très connue : « Laissez faire, laissez passer ». Donc pas de réglementation, pas de contrôle du commerce, pas de protectionnisme.

II. Les principes économiques de la physiocratie

1. La théorie du produit net.

C’est une théorie qui est inventé par Quesnay. Il part de l’observation du fonctionnement d’exploitations agricoles en établissant une comptabilité de ces exploitations. Il élabore une

comptabilité de ces exploitations, et dans cette comptabilité il invente un certain nombre de notions comptables. Les deux notions les plus importantes sont les notions de produit brut et de produit net.

 produit brut mesure la richesse du pays.

 Et le produit net mesure la différence entre la richesse qui est obtenue par la production (richesse produite), et la richesse qui est dépensée pour produire.

Quand Quesnay parle de richesses, il parle de richesses matérielles (comme Guillebert). Il écrit : « les richesses d’une nation ne se règlent pas par la masse des richesses pécuniaires ». Ce n’est pas la quantité de monnaie qui existe dans une économie qui permet de dire si cette économie est riche ou pas, c’est la quantité de bien disponible.

Dans cette logique-là, l’industrie et le commerce ne créent pas de richesses, parce qu’elle ne crée pas de bien. La classe des producteurs, la classe des artisans, des industriels et de commerçants, est appelée par Quesnay la classe stérile. Stérile au sens où elle ne crée pas de richesse matérielle.

Exemple : Un menuisier qui fabrique une table ne crée pas de richesse, parce qu’il ne crée pas de matière, la quantité de matière qu’il y a dans la table est exactement la même que la quantité de matière dans le bois utilisé pour créer la table. Les artisans se contentent de transformer les biens.

Le produit net de cette classe stérile est égal à 0, parce que la richesse qui est créée a la même valeur que ce qui a été dépensé pour créer cette richesse.

La seule classe productive, la seule classe qui crée des richesses, c’est l’agriculture. C’est la seule classe qui crée un produit net positif. Parce que le travail de l’agriculteur est, d’après les physiocrates, complété par le travail de la nature. Plus précisément (Nemours) : « Dieu est le seul producteur ».

Il reste une troisième classe qui est importante : La classe des propriétaires fonciers (les agriculteurs ne sont pas propriétaires). Cette classe n’est pas non plus une classe productive (produit net = 0).

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La classe des propriétaires et la classe stérile jouent un rôle dans le fonctionnement de l’économie, même si leur produit net est nul, parce qu’elles contribuent à faire circuler les richesses.

Comment ces trois classes fonctionnent ensemble ? voir tableau économique.

2. Le tableau économique (Quesnay).

Le tableau économique décrit le circuit que suivent les richesses à la fois matérielles et monétaires dans l’économie. Cette idée de circulation des richesses est inspirée de la circulation du sang dans le corps humain. Boisguillebert avait déjà proposé une représentation de l’économie sous la forme d’un circuit, et un autre économiste (Cantillon) a aussi proposé une représentation de l’économie sous la forme d’un circuit.

L’un de ceux qui a été inspiré par Quesnay et son tableau économique est Marx. Par ailleurs, on peut dire que toute la comptabilité nationale trouve ses origines dans le tableau économique. C’est un tableau qui est donc assez intéressant parce qu’il a inspiré des économistes importants, des idées importantes.

La première formulation du tableau économique date de 1758. La deuxième version (la plus courante) date de 1766, et c’est devenu la version de référence parce qu’elle introduit une notion importante qui est la notion d’avance.

Les avances, ce sont les ressources qui sont nécessaires à la production. Il distingue 2 types d’avances :

 Les avances primitives : C’est ce que les économistes appellent maintenant le capitale fixe (les machines, les immeubles, tout ce dont on a besoin de fixe pour produire).

 Les avances annuelles : Ce qu’on appelle le capitale circulant (matières premières)

Il introduit un troisième concept, qui est le concept de reprise. Les reprises ce sont les ressources qui sont prélevées pour reconstituer des avances (forme d’amortissement).

_________________________________ Fin séance 1 ______________________________________

Remarque : Ce tableau économique ne représente que les flux c.-à-d. la circulation de l’argent et la circulation de matière. Tout le capital fixe, qui sert à produire, n’est pas représenté dans le tableau économique.

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Explication du schéma sous forme de tableau :

Classe productive Classe propriétaire Classe stérile

5 milliards dans l’économie, distribué comme ça :

2 milliards 2 milliards 1 milliard

Représente les avances annuelles

Ce sont des revenus (qu’ils tirent de la location de leurs terres)

Avances annuelles.

Dépenses : Ces 2 milliards de revenu des

propriétaires proviennent d’un paiement qui a été fait l’année précédente par les agriculteurs.

Pour Quesnay, les propriétaires répartissent leur revenu en 2 type de dépenses : 50% d’achats faits aux agriculteurs, et 50% a la classe stérile. Il s’agit d’un flux sortant, c’est de l’argent que les

propriétaires dépense, et il s’agit d’un flux monétaire (c’est de l’argent).

Donc ici les agriculteurs reçoivent 1 milliard des propriétaires

La classe stérile reçoit 1 milliard des propriétaires.

La classe stérile utilise cet

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argent pour acheter 1 milliard aux agriculteurs (des matières premières

nécessaires à la production) et 1 milliard pour acheter de la nourriture.

Donc les agriculteurs gagnent encore 2 milliard en flux monétaire.

La classe productive a gagné 3 milliards.

La classe productive va utiliser le milliard qu’elle a reçu des propriétaires pour acheter des biens auprès de la classe stérile.

Il lui reste 2 milliards, qui vont être utilisés pour louer les terres aux propriétaires (rente).

Le 1 milliard restant (sous forme de matière première) va être utilisé par la classe stérile pour reconstituer les avances annuelles pour la période d’après.

Enfin, les 2 milliards d’avance des agriculteurs restant vont servir d’avance annuelle pour l’année suivante.

Les 2 milliards d’avance annuelle c’est du capital circulant, quelque chose utilisé pour produire.

Et il faut bien voir qu’il y a parfois 1 milliard en flux monétaire, et parfois c’est en flux réel (marchandise).

Autre façon de le voir : La classe agricole met en vente 3 milliards de produits agricole, achetés pour 1 milliard par les propriétaires (subsistance), 1 milliard par les stérile (subsistance) et 1 milliard pour les stérile (matières premières).

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Les propriétaires ont un revenu de 2 milliard, qui provient de la rente payée par les agriculteurs. Ils vont dépenser cet argent en achetant 1 milliard de subsistance aux agriculteurs, et 1 milliard de biens a la classe stérile

La classe stérile a 1 milliard d’avance annuelle (matière première qu’elle va utiliser pour produire).

Elle va utiliser ce milliard pour acheter des subsistances à la classe productive, ensuite elle va gagner 1 milliard des propriétaires, qu’elle va dépenser en achat de matières premières à la classe

productive. Donc il reste 1 milliard de matières premières à la classe stérile, qui va constituer son avance annuelle pour la période suivante.

Il faut voir chaque milliard comme des recettes mais aussi des dépenses, d’une part des biens produits et de l’argent reçu de la vente des biens. Il y a un équilibre entre les flux entrants et les flux sortants pour chaque classe.

On peut aussi représenter le même tableau sous la forme de flux monétaires et de flux réels. (bleu flux réel, rouge flux monétaires).

Pr

1 milliard de biens de subsistance 1 milliard de produits manufacturés

Rente 2 milliards

Achats de subsistance (1 milliard) achat d’1 milliard

A Achat d’1 milliard de produit manufacturés S 1 milliards de produits manufacturés

Achat d’1 milliard de biens de subsistance + 1 milliard de matières premières 1 milliard de biens + 1 milliard de matières premières

Le bouclage du circuit est assuré par la classe des propriétaires (ce qui permet d’équilibrer le tableau).

En effet, c’est assuré par les 2 milliards qu’ils dépensent à part égale auprès des 2 autres classes. Si la proportion des dépenses des propriétaires entre les agriculteurs et la classe stérile, cela va affecter l’équilibre d l’économie. 

- Si les propriétaires dépensent + auprès de la classe stérile, cela va entrainer un déclin de l’économie puisque les agriculteurs vont avoir moins de ressources pour produire.

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- Si les propriétaires dépensent + auprès des agriculteurs, cela va entrainer une croissance de l’économie parce que les agriculteurs vont produire plus, et comme ce sont les seuls à produire de la richesse  croissance.

Mais l’équilibre dépend de la répartition parfait entre les 2 classes.

3. La liberté du commerce.

La liberté du commerce correspond au laisser-passer.

Pour garantir le bon fonctionnement de l’économie, il faut que les richesses et les biens puissent librement circuler. Aussi bien dans le pays, qu’avec les autres pays. Cette liberté du commerce est le seul moyen, pour les physiocrates, permettant la vente des produits agricoles à un « bon » prix. Un bon prix c’est un prix qui est suffisant pour permettre aux agriculteurs à la fois de payer la rente et les impôts, mais aussi de dégager un profit permettant d’investir pour les années suivantes. Donc les physiocrates sont favorables au libre-échange.

A l’inverse, le protectionnisme va entrainer une surabondance de grains à l’intérieur du pays (puisque les grains ne peuvent pas circuler librement avec les autres pays, il y en aura trop qui resterons en France), et donc si l’offre augmente, les prix baissent. Donc il faut du libre-échange.

Cette idée du libre-échange va connaitre un certain succès dans le sens où elle va être mise en œuvre par une loi du 18 juillet 1764. Elle va donc être mise en pratique par une politique publique. Cela s’explique par le fait que les physiocrates étaient très proches du pouvoir politique et donc auront influencé la décision du roi. Cette loi autorise l’exportation libre des grains.

Malheureusement, le résultat a été contraire à ce que les physiocrates espéraient. La conséquence n’a pas été la baisse du prix, elle a été une hausse des prix, ce qui a entrainé le mécontentement des français (hausse du prix du pain), et donc le roi a annulé cette loi, et on est revenu au

protectionnisme.

A partir de 1770, l’importance des physiocrates commence à décliner, et avec la mort de Louis XV, leur influence va disparaitre complètement.

4. La croyance dans l’ordre naturel.

La croyance dans l’ordre naturel correspond au laisser-faire.

Pour les physiocrates la société est réglée par un ordre providentiel qui est voulu par Dieu. Il existe un ordre naturel qui s’impose aux hommes et en particulier aux gouvernants. Cet ordre naturel prend la forme d’un certain nombre de lois qui forment ce qu’on appelle le droit naturel. C’est le droit naturel qui gouverne la société au sens où c’est le droit naturel qui dit aux gouvernements ce qu’ils doivent faire.

Exemple de règle qui correspond au droit naturel : Le respect de la propriété privé.

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En même temps, puisqu’il existe un ordre naturel, les gouvernements n’ont pas grand-chose à faire, simplement laisser cet ordre naturel s’exprimer.

Anecdote : le Roi demande à Quesnay :

- « que feriez vous si vous étiez roi » il répond - « sire, je ne ferais rien ».

- « mais alors qui gouvernerait ? »

- « Les lois » (sous entendu, les lois naturelles), donc il faut laisser faire selon les physiocrates.

(Important) Dupont de Nemmour (1768) définit l’économie : « La science économique n’est rien d’autre que l’application de l’ordre naturel aux gouvernements des sociétés ».

____________________________Fin séance 2_____________________________

Remarque : Il y a plusieurs niveaux de réflexion chez les physiocrates.

 Le premier est plus fondamental. C’est le niveau de la réflexion philosophique. Cela concerne la réflexion sur l’ordre naturel (comment fonctionne la société, le rôle de Dieu…). Ce niveau est fondamental parce qu’il détermine les autres. Le niveau philosophique détermine la conception technique.

 Le second c’est le niveau technique, scientifique. Ce niveau correspond aux concepts économiques (tableau économique, produit net, avances).

 Le niveau des politiques publiques. Ce qu’on doit faire pour gérer la société quand on est au pouvoir. Ça se traduit par le laisser-faire / laisser-aller.

Aujourd’hui, les économistes ne s’intéressent qu’au second niveau. Comme si on pouvait faire des modèles sans avoir d’idées philosophique sur la nature, le monde, les Hommes. Chez les économistes qu’on va voir, il y a aussi ces 3 niveaux.

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Chapitre 2 : L’école classique britannique et ses prolongements continentaux.

Le terme d’économie politique classique (qu’on utilise pour désigner Smith, Ricardo, Malthus …) a été inventé par Karl Marx. Selon lui, l’économie politique classique cherche à comprendre en profondeur le fonctionnement du système économique bourgeois ou encore du capitalisme, en particulier en mettant l’accent sur les rapports de production. Pour Marx, le trait distinctif de cette économie classique c’est d’avoir proposé le concept de valeur travail. Parce que pour lui, la valeur des biens est fondée sur le travail qui est incorporé dans les biens.

Donc l’économie politique classique est importante parce qu’elle comprend les rapports de production et elle les comprend parce qu’elle propose une théorie de la valeur travail.

Pour Marx, le premier économiste classique est William Petty (1623 – 1687). C’est le premier à proposer une théorie de la valeur travail.

Marx oppose l’économie politique classique à ce qu’il appelle l’économie politique vulgaire.

L’économie politique vulgaire c’est donc une économie qui se contente des apparences et qui se contente de vulgariser un certain nombre de concepts de façon à faire l’apologie, la justification du capitalisme.

L’économie politique classique comprend en profondeur, l’économie politique vulgaire se contente des apparences et adopte une démarche politique ou idéologique visant à justifier l’ordre social bourgeois, le capitalisme. En terme économique, cette démarche non scientifique se traduit

évidemment par l’abandon du concept de valeur travail (on ne définit plus la valeur par le travail), et par l’adoption d’un certain nombre de concepts tels que la théorie de la valeur utilité, la théorie de l’offre et de la demande…

Il existe une autre définition de l’économie politique classique (donnée par Keynes) qui est beaucoup plus large. Keynes inclus dans l’économie classique des économistes néoclassiques : Les classiques sont les économistes qui croient dans l’efficacité des marchés et dans l’absence de crise de surproduction.

Ça va quand même un peu dans le même sens que Marx (le capitalisme ne fonctionne pas bien tout seul).

Un autre intérêt de ces définitions, est de souligner une caractéristique importante des économistes classiques qui est que pour ces économistes il n’y a pas de pensée économique en tant que tel.

L’économie est forcément politique dans le sens où elle cherche à expliquer avec des concepts économiques le fonctionnement de la société. Ils ne se contentent pas d’expliquer des phénomènes économiques. Ils expliquent tout, ils expliquent l’ordre social.

Cette approche est possible parce que ces personnes écrivent à une époque où il n’y a pas une division du travail entre les sciences. Donc on trouve dans leurs travaux un mélange de philosophie, psychologie, histoire, économie.

I. Les précurseurs.

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1. L’ordre spontané et l’harmonie naturelle des intérêts.

Cette double idée est une idée centrale du libéralisme parce qu’à partir du moment où les intérêts individuels s’harmonisent spontanément les uns avec les autres, il n’est plus nécessaire de prendre des mesures de politique économique pour obliger les gens à collaborer, à coopérer entre eux (puisqu’ils le font spontanément). Cela veut dire que les marchés sont toujours équilibrés, il n’y a pas de défaillances (pas de crises).

C’est une idée très ancienne, qui remonte à un économiste Bernard de Mandeville (1670-1733). Il est intéressant parce que son travail représente bien l’ordre spontané et l’harmonie naturelle des intérêts dans ce qu’elle a de plus extrême. Il était médecin, en 1705 il a publié un poème qui s’appelle « The grumbling hive » (la ruche murmurante). Et le sous-titre « ou les fripons devenus honnêtes gens ». Le poème a connu un tel succès, en particulier à cause de son contenu polémique, et il a écrit une version longue qui est paru en 1714 et qui s’appelle « la fable des abeilles ».

L’argument est le suivant : Les vices privés sont peut-être moralement condamnables, mais sont économiquement et socialement utiles. Ça veut dire que l’envie, la jalousie, l’appât du gain, l’orgueil, l’intérêt personnel… sont les fondements d’une société riche et prospère.

A contrario, les vertus telles que la bonté, l’humilité, la charité, la bienveillance, conduisent au désordre et à la pauvreté.

La démonstration de Mandeville repose sur l’histoire d’une ruche. Il imagine des abeilles (dans une ruche prospère), mais elles ont tous les vices privés. Mais, prise de remord, les ruches demandent à Jupiter d’être transformées en abeilles vertueuses. La conséquence c’est que toutes les industries (en particulier liées au luxe) disparaissent, le chômage arrive, et la prospérité disparait. L’idée sous- jacente c’est que grâce à ces vices privés les individus travaillent, cherchent à obtenir des richesses, innovent, inventent, et donc ça entraine la prospérité économique. Il y a donc un mécanisme de composition des actions individuelles qui permet à ces actions de se combiner les unes avec les autres et qui conduit à l’équilibre et à la prospérité. Chacun fait ce qu’il veut de son côté en ne se préoccupant que de son propre intérêt, il y a une sorte de rivalité entre les individus qui est créatrice de richesses.

Mandeville : « Le pire des individus travaille au bien commun ». (Aujourd’hui, supprimer l’économie souterraine ça appauvrirait l’économie par exemple).

Mandeville dit que si les individus ont des comportements non moraux, cela crée de l’efficacité (il ne se préoccupe pas du tout de la question de la répartition des richesses, parce qu’il pense que de toute façon la société sera plus riche).

Donc le raisonnement se fait en terme d’efficacité parce que Mandeville pense que la prospérité globale de l’économie va augmenter et pas en terme de répartition des richesses. Donc, toute idée de morale sociale (travailler pour le bien des autres…) est totalement contre-productive. Plus vous aidez les pauvres, plus vous contribuez à la pauvreté.

Chez Mandeville on retrouve la même idée d’ordre spontanée que chez les physiocrates mais avec une différence fondamentale qui est que chez les physiocrates l’ordre spontané est naturel (il vient de

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Dieu) alors que chez Mandeville l’ordre est spontané parce que chacun poursuit son intérêt personnel sans se préoccuper des autres.

Donc dans le passage des physiocrates à Mandeville, la dimension naturelle à disparu.

2. Ordre spontané et sympathie

Hume : Un des plus grands philosophe, représentant d’un courant « les lumières écossaises ». Par opposition au courant des lumières (représenté en particulier par Kant). Hume et Kant sont en opposition.

L’approche Kantienne est fondée sur la raison et sur la rationalité. Les lumières écossaises sont fondés sur les sens. La différence c’est que pour les rationalistes (Kant), tout notre savoir provient de la raison. Les êtres humains sont différents de tous les autres êtres vivants parce qu’ils sont dotés de raison. Pour les lumières écossaises, tout notre savoir provient des sens (5 sens).

Condillac compare un être humain privé de ses sens à une statue (ce n’est qu’un objet).

_________________________________Fin séance 3_________________________________

Hume a écrit en 1739 « Le traité de la nature humaine ». Cet ouvrage est intéressant pour 2 concepts particuliers :

 Sa théorie de la connaissance c.-à-d. son explication de la manière dont les êtres humains acquièrent des connaissances. Dans la vision rationaliste, notre savoir nous vient de notre raison, mais pour Hume, les êtres humains ne sont pas doté d’une raison à priori. On ne peut pas connaitre grâce à notre raison, mais grâce à nos sens ou à notre expérience. Ce n’est que parce que j’ai l’expérience de quelque chose que je vais savoir.

Plus généralement, pour Hume, l’être humain est une page blanche, qui reçoit des impressions de son environnement. Les impressions se regroupent par catégories et donc progressivement, vont donner naissance à du savoir et à de la connaissance. On peut regrouper les impressions en 2 grandes catégories : des impressions de plaisir et des impressions de douleurs.

Et le motif principal de l’action individuelle va être d’essayer d’obtenir le plus de plaisir et le moins de douleur possible. On va retrouver cette idée chez les utilitaristes et en particulier l’un des plus importants : Bentham.

Donc ce qui est intéressant c’est que le savoir est lié à l’expérience individuelle, et donc cela signifie que chaque individu a ses propres connaissances, son propre savoir, lié à son

expérience, et qui est totalement différent du savoir de tous les autres individus. Cela signifie que cette approche est complètement individualiste et on peut dire que chaque expérience est justifiée ou légitime (« tout le monde à raison »). Cet individualisme fonde le libéralisme (quand on est libérale, on est individualiste), et donc l’unité de base de la société ici c’est l’individu (chaque individu).

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Cela pose un problème, qui est : « comment peut-t-on expliquer la cohérence de la société ? ». Comment peut-t-on expliquer qu’en général les sociétés soient ordonnées et pacifiques, si le principe de base c’est l’individu.

 Le concept de sympathie (sympathy en anglais, veut dire bienveillance, compassion). C’est un principe qui permet à chaque individu d’éprouver les mêmes sentiments que les autres individus. On éprouve de la compassion pour les autres parce qu’on est capable d’éprouver les mêmes sentiments que les autres individus. On retrouve ça chez Adam Smith aussi, si je vois quelqu’un souffrir, par compassion (« sympathy ») je vais éprouver une forme de souffrance. Smith parle de quelqu’un qui voit un père pleurer son enfant. Evidemment, l’homme qui voit ça, par « sympathy », ressent la souffrance de l’autre personne.

Donc par la sympathie, les individus communiquent entre eux, ce qui va avoir une

conséquence qui est que la sympathie donne naissance à des obligations morales. Cela veut dire que, pour quelqu’un comme Hume (qui est individualiste), l’ordre social n’est pas fondé uniquement sur l’intérêt personnel, mais aussi sur ce principe moral de compassion pour autrui, de bienveillance. Il est important de noter qu’il y a une dimension morale très forte dans cette pensée. Et on va retrouver cette dimension morale chez Adam Smith.

II. Le libéralisme d’Adam Smith.

Adam Smith (1723 – 1790) est un économiste philosophe écossais. Il a écrit en particulier 2 ouvrages fondamentaux :

- « La théorie des sentiments moraux » (1759)

- « Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations » (1776). Cet ouvrage est supposé marquer le début de l’économie politique classique. C’est Adam Smith qui fonde l’économie politique avec la richesse des nations.

Il y a un concept central dans la théorie de Smith, c’est le concept d’échange. Il faut se souvenir qu’Adam Smith écrit la richesse des nations au début de la révolution industrielle. A un moment ou la société se transforme, s’organise de plus en plus autour du marché. Donc il est marqué par ce qu’il observe, et cette importance croissante du marché. Pour lui le marché est important parce que les êtres humains se caractérisent par un trait psychologique qui est la propension à échanger. Cette propension à échanger va par exemple donner naissance à la division du travail.

Il se pose 2 questions :

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- Pourquoi est-ce qu’on échange ? Quelles sont les motivations des individus dans les échanges ? LA on va avoir 2 motivations, l’intérêt personnel et la sympathie ou la bienveillance

- Pour échange, il faut être d’accord sur la valeur des biens qu’on échange, mais qu’est-ce qui fait la valeur des biens ?

1. « Le problème Adam Smith ».

« das adam smith problem » a été mis en avant par des philosophes allemands tels que Hegel, Marx., dans la deuxième moitié du 19ièm siècle. Hegel et Marx pensaient qu’il y avait une contradiction fondamentale dans la pensée de Smith. Evidemment, pour Marx, l’objectif était de critiquer la pensée de Smith.

Le problème : La théorie des sentiments moraux est un traité de philosophie morale dans lequel Smith explique l’importance de la sympathie et de la bienveillance dans les comportements humains.

Il écrit : « il existe dans la nature humaine certains principes qui poussent l’Homme à s’intéresser à la fortune des autres et qui lui rendent son bonheur indispensable. ». Donc, cette citation montre que les individus sont préoccupés, se sentent concernés par la situation des autres individus.

En revanche, dans la richesse des nations, Smith ne parle que d’intérêt personnel. Il y a cette fameuse phrase : « ce n’est pas de la bienveillance du boucher, du brasseur ou du boulanger que nous attendons notre diner, mais de leur soucis de leur intérêt propre. ».

Donc pour Hegel et Marx, il y a une contradiction entre ces deux ouvrages.

 On peut la résoudre en disant qu’il existerait une séparation entre d’un côté les activités économiques qui sont fondées uniquement sur l’intérêt personnel, et d’un autre côté toutes les autres activités qui seraient fondées sur la bienveillance. Selon cette interprétation, Smith va même plus loin, puisque donc selon lui il ne faut pas que les échanges marchands soient fondés sur la bienveillance. D’une certaine façon, on retrouve ici les idées de Mandeville puisqu’on a l’idée que la richesse marchande, l’échange, est fondé uniquement sur l’intérêt personnel. Cela voudrait dire que la bienveillance n’est pas possible sur les marchés et l’intérêt personnel n’est pas possible en dehors des marchés.

Cette explication est assez peu crédible parce que les motivations individuelles sont mélangées. On peut avoir des relations basées sur l’intérêt personnel dans la famille, avec les amis, on peut avoir aussi des relations basées sur la bienveillance dans des entreprises. Donc les

motivations individuelles se mélangent.

 Autre résolution du problème : l’intérêt personnel est nécessaire pour qu’il y ai de la bienveillance. Cela veut dire que je suis bienveillant vis-à-vis d’autrui parce que cela satisfait mon intérêt personnel. Toutes les théories économiques de l’altruisme sont fondées sur l’intérêt personnel et font reposer l’altruisme sur l’interdépendance des fonctions d’utilités.

L’utilité d’un individu dépend de sa propre consommation, mais aussi de la consommation d’un autre individu j : Ui = Ui(Xi, Xj). Cela veut dire que si l’individu j consomme +, l’utilité de i

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augmente. Par conséquent, si i fait un cadeau à j, il augmente l’utilité et la satisfaction de j, et donc il augmente sa propre satisfaction.

Donc il n’existe pas vraiment de problème, les deux ouvrages sont complémentaires : Soit parce qu’ils font références à 2 types d’action (explication peu crédible), soit parce que les 2 motivations se mélangent dans les actions individuelles (plus crédible).

2. Valeur et répartition des revenus

A/ Une théorie de la valeur travail.

Smith propose une innovation dans son approche de la valeur. Il est le premier à distinguer valeur d’usage et valeur d’échange. La valeur d’usage mesure donc l’utilité que procure la consommation d’un objet particulier, et la valeur d’échange mesure la valeur que prend un objet dans l’échange. Le résultat très important c’est que pour Smith, l’utilité ne joue qu’un rôle secondaire dans la

détermination de la valeur. Plus précisément, un bien qui n’a pas d’utilité, aura une valeur d’échange nulle, mais à l’inverse, ce n’est pas l’utilité que procurent les objets qui détermine la valeur que va prendre cet objet dans l’échange.

Smith prend l’exemple : Paradoxe de L’eau et des diamants : C’est ce qui permet de comprendre pourquoi la valeur ne se détermine pas par l’utilité. L’eau est un bien très utile, donc il a une grande valeur d’usage, mais il a une valeur d’échange faible. D’un autre côté, les diamants sont des biens qui ont une valeur d’échange très importante, mai une valeur d’usage relativement faible.

Remarque : Evidemment ici on parle plutôt de l’utilité sociale des marchandises que de l’utilité individuelle.

Avec ce paradoxe, Smith pense illustrer que la valeur d’usage, l’utilité, ne peut pas fonder la valeur d’échange.

 La valeur des biens est donc déterminée par le travail. Le travail est la mesure réelle de la valeur des marchandises. Evidemment le travail est lui-même une marchandise, donc la valeur du travail est aussi déterminée par le travail.

Ça peut être interprété de plusieurs façons :

 La valeur est déterminée par la quantité de travail nécessaire à la production des biens.

Autrement, la valeur est déterminée par la quantité de travail incorporée dans les biens.

Cette interprétation est une théorie de la valeur travail incorporée.

 La valeur est déterminée par la quantité de travail que permet d’acheter ou de commander les biens. (théorie de la valeur travail commandée).

 La valeur est déterminée par la quantité de travail que le consommateur aurait dû effectuer pour fabriquer le bien. (pas intéressante)

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Smith semble hésite entre la première et la seconde théorie. Il dit que dans les sociétés primitives la valeur repose effectivement sur le travail incorporé dans les biens, parce que dans ces sociétés, tous les individus travaillent et possèdent entièrement le produit de leur travail. Il n’y a ni propriétaire terrien, ni propriétaire de capital qui ne travaille pas et avec lesquels le travailleur devrait partager le produit de son travail. Le travail s’échange directement contre le travail.

Exemple des daims et des castors : Si un individu met un jour pour attraper 2 daims, il va les échanger contre un bien qu’un autre individu aura mis aussi 1 jours à capturer (le castor). Donc 2 daims vont s’échanger contre 1 castor parce que les 2 biens incorporent la même quantité de travail.

La situation va changer dans les sociétés non primitives (plus évoluées) parce que la terre est possédée par des propriétaires terriens, et le capital par des capitalistes. Le propriétaire terrien et le capitaliste vont tous les deux demander un revenu (une rente, le profit) au travailleur, ce qui implique que le travailleur ne possède plus la totalité de son travail puisqu’il donne une partie du produit de son travail à des individus qui ne travaillent pas. Par conséquent, dans ces sociétés évoluées, le prix des marchandises ne dépend pas que du travail incorporé. Il dépend aussi de la rente et du profit c.-à- d. il dépend aussi d’autres éléments que la quantité de travail nécessaire à sa production.

Par conséquent, on ne peut pas appliquer la théorie de la valeur travail incorporée aux sociétés évoluées capitalistes. On est donc obligé d’utiliser la théorie de la valeur travail commandée, ce qui signifie que dans une société moderne, un homme est riche ou pauvre suivant la quantité de biens qu’il peut acquérir c.-à-d. suivant la quantité de travail qu’il peut commander.

Remarques :

- Cette théorie s’oppose à la fois à la théorie mercantiliste de la richesse et à la théorie des physiocrates.

- Cette conception de la valeur est complètement tautologique (circulaire), parce que le prix des marchandises est donc déterminé par la quantité de travail que ces marchandises commandent (peuvent acheter). Le travail est aussi une marchandise, donc le prix du travail est déterminé par la quantité de travail que le travail commande, ce qui veut dire qu’au final, le prix des marchandises est déterminé par le prix des marchandises.

Supposons que l’heure de travail valle 5 euros, donc un i=objet qui vaut cinq euros va pouvoir commander une heure de travail, mais le travail se paye 5 euros parce qu’il peut commander des objets pour une valeur de 5 euros.

_______________________________fin du cours 4 _________________________________

Pour résumer la valeur chez Adam Smith est fondée plutôt sur la valeur d’usage. La valeur d’usage est fondée sur l’utilité, mais l’utilité de détermine pas la valeur d’échange, puisque la valeur d’échange est déterminée par le travail, et plus précisément par le travail que commande le bien, c.-à-d. la

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quantité de travail que permet d’acheter un bien. Ceci n’est valable que dans les sociétés

« évoluées ». Dans les sociétés « primitives » on a une théorie de la valeur travail incorporée (le travailleur s’approprie la totalité de son travail).

Smith utilise donc une théorie de la valeur travail commandée parce qu’une partie de la valeur des biens (rente ou profit) n’est pas déterminée par le travail (donc on ne peut plus utiliser une théorie de la valeur travail incorporée).

On va retrouver cette idée-là chez Malthus.

D’une certaine façon, on pourrait dire que Smith propose une vision un peu historique de la détermination de la valeur dans le sens où il explique que la valeur dépend du type de société.

Suivant le type de société, la valeur est plutôt déterminée par le travail incorporée ou commandé.

Quoi qu’il en soit, que l’on utilise l’une ou l’autre de ces théories, il se pose un dernier problème : Comment mesurer cette valeur ? Comment choisir une unité de compte, une unité de mesure qui soit invariante.

La première à laquelle on pense c’est la monnaie. Smith dit que la monnaie n’est pas une bonne façon de mesurer la valeur d’échange parce que si le prix exprimé en monnaie d’un bien change, on ne saura pas si ce changement est dû à une variation de la valeur de la marchandise ou une variation de la valeur de la monnaie. Donc cette mesure monétaire de la valeur correspond à ce qu’on appelle le prix nominal, et le prix nominal est incertain.

Il faut trouver une mesure qui ne varie pas. Smith propose d’utiliser le prix du blé comme mesure de la valeur d’échange, il pense que c’est une mesure invariante. Le prix du blé peut varier dans le court terme, mais à long terme il va demeurer stable parce qu’à cette époque le blé est la base de

l’alimentation, donc c’est une marchandise dont on ne peut pas se passer. Donc quand on doit mesurer la valeur d’échange, on doit la mesurer en terme réel en utilisant le prix du blé.

Le prix du blé va aussi déterminer les salaires, puisque les salaires sont le revenu du travail, le travail est une marchandise.

B/ La répartition des revenus :

Pour les économistes classiques, il existe 2 types de répartition : une répartition primaire et une répartition secondaire. Cela signifie que les revenus se répartissent en 2 catégories : les revenus primaires et les revenus secondaires.

 Les revenus secondaires : Ce sont des revenus de redistribution, de transfert. En particulier les intérêts (sur les prêts), et les salaires versés aux travailleurs improductifs. Les travailleurs improductifs sont ceux qui ne participent pas à la fabrication, au transport ou à la

commercialisation des objets. En particulier, on trouve les personnes qui travaillent dans les services, ce sont des travailleurs improductifs (à l’époque il y a pas beaucoup de services, les avocats, médecins, prof) et donc leur revenus sont des revenus secondaires (même si ce sont des salaires).

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 Les revenus primaires : C’est le revenu des travailleurs productifs, qui est important pour comprendre l’origine de la richesse. On distingue 2 catégories de revenu primaire :

o Les revenus de la propriété : Ils sont composés par la rente (revenu des propriétaires terriens) et le profit (revenu des capitalistes). Ces deux revenus sont des revenus résiduels parce qu’ils sont obtenus par différence, c’est ce qui reste après que le revenu du travail ai été payé.

Remarque :

 Smith ne propose pas du tout de théorie de la rente, il ne s’y intéresse pas.

 Par ailleurs, il n’y a pas de revenus spécifiques pour les entrepreneurs. C’est une catégorie à part, spécifiques, ce ne sont pas des capitalistes comme les autres. En économie, ils sont très importants parce qu’ils innovent, créent des nouveautés. Le premier à avoir insisté sur le rôle des entrepreneurs c’est Say, et Schumpeter.

Mais pour Smith, l’entrepreneur est rémunéré soit comme capitaliste (profit), soit avec un salaire, lorsqu’il est le salarié d’un capitaliste. Donc

l’entrepreneur, chez Smith, n’est pas distingué comme un agent économique particulier.

o Le revenu du travail (le plus important) : Le salaire est la source de tous les autres revenus. Le travail est la source de la richesse et le salaire est la source des revenus qui circulent dans l’économie. Ce salaire peut avoir 2 valeurs comme n’importe quelle autre marchandise. Donc chaque marchandise a deux prix : un prix naturel et un prix courant. Il existe donc un salaire naturel, et un salaire courant.

 Le prix courant et le salaire courant : C’est le salaire qui est déterminé par les conditions d’échanges, c’est donc le prix de marché (confrontation offre et demande).

 Le prix naturel ou le salaire naturel : Il représente la somme des revenus (salaire, rente et profit) qui ont été dépensés pour produire ce travail. Dans le cas du travail, le salaire naturel c’est ce qui a été dépensé pour produire le travailleur, c’est la valeur des biens qui est nécessaire à l’existence du travailleur. Ca correspond donc au salaire de subsistance.

Evidemment, le salaire courant peut différer du salaire naturel (salaire de

subsistance). Dans une économie en croissance par exemple, le salaire courant va être plus élevé que le salaire naturel. En effet, dans une période de croissance, la demande augmente, donc la demande de travail augmente, et donc les salaires augmentent aussi. Cela veut dire que la croissance économique protège les travailleurs, puisqu’elle leur assure un salaire plus élevé que leur salaire de

subsistance. Ceci n’est possible que si la croissance est continue, parce qu’il y a une contrepartie à cet écart positif entre le salaire courant et le salaire naturel : Si le salaire courant est supérieur au salaire naturel, cela va entrainer une augmentation

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de la population. Et si la population augmente, l’offre de travail augmente, et si l’offre de travail augmente, le salaire baisse. Ca veut dire que sur le long terme, on ne peut pas espérer qu’il y ai une différence entre le salaire courant et le salaire de

subsistance, dans le long terme le salaire courant va nécessairement tourner autour du salaire de subsistance. Et cette idée que le salaire courant ne peut pas différer de manière significative du salaire de subsistance c’est ce qu’on a appelé la loi d’airain des salaires.

A l’inverse, si le salaire courant est inférieur au salaire de subsistance, les gens ne peuvent plus subsister, ils meurent, la population baisse, l’offre de travail baisse, le salaire augmente.

Donc dans l’économie, il y a des mécanismes contre lesquels on ne peut pas lutter et qui se reproduiront systématiquement.

3. Division du travail et théorie de la main invisible

Le terme de main invisible apparait une fois dans la richesse des nations. « Ce n’est que dans la vue d’un profit qu’un homme emploi son capital, et en dirigeant cette industrie de façon que son produit ai le plus de valeur possible, il ne pense qu’a son propre gain ; En cela, il est conduit par une main invisible à remplir une fin qui n’entre nullement dans ses intentions. ».

La fin en question, c’est la richesse de la nation, la prospérité. Chacun contribue à la prospérité parce qu’il poursuit son propre gain (son propre intérêt), et surtout sans l’avoir voulu. Donc le mécanisme de la main invisible nous dit que les actions individuelles ont des conséquences inattendues,

personne n’a cherché ce qui se passe, personne n’a cherché à produire la situation qui arrive, mais ça arrive malgré tout. C’est pour ça qu’on parle aussi d’ordre spontané. Ces conséquences inattendues peuvent être positives ou négatives.

La conséquence inattendue positive la plus importante c’est la division du travail. C’est quelque chose que personne n’a cherché, mais ça se produit. Pourquoi ? La division du travail c’est en fait la conséquence involontaire de cette propension à échanger qui caractérise les Hommes. Cette propension à échanger conduit les individus à vouloir produire plus pour pouvoir échanger plus, et donc à diviser leur travail parce que c’est le meilleur moyen pour permettre cette augmentation de production.

Le travail est la source de la richesse des nations à condition qu’il soit organisé de manière efficace c.- à-d. à condition qu’il soit divisé. S’il y a un mécanisme de main invisible qui conduit à la division du travail et à la prospérité générale, il n’est pas nécessaire d’intervenir dans le fonctionnement de l’économie, donc il n’est pas nécessaire que l’Etat intervienne. Donc Smith est plutôt favorable à une intervention minimale de l’Etat, mais cela ne signifie pas que cela doit être une intervention nulle.

L’Etat peut intervenir pour 2 types d’activités :

- Pour protéger les droits de propriété (fonction régalienne, l’état protecteur)

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- Pour produire certains biens. L’Etat doit pouvoir produire des biens indispensables au

fonctionnement de la société mais qui ne dégagent pas assez de profit pour être produits par des entreprises privées (des biens publics). Il est même d’accord pour que l’Etat corrige les défaillances du marché, c.-à-d. les défaillances de la main invisible.

Quand la main invisible entraine des conséquences négatives, Smith est favorable à l’intervention de l’Etat, en particulier, Smith est favorables aux lois pour lutter contre la pauvreté, parce que cette pauvreté était un produit négatif de la main invisible.

Donc il est favorable au laisser-faire, mais avec un Etat qui peut intervenir malgré tout. Smith n’était donc pas un ultra libéral.

4. Accumulation, croissance et commerce extérieur.

La main invisible fonctionne à l’intérieur des nations, mais aussi entre les nations, et la division du travail existe aussi entre les nations. Il existe un ordre spontané, une harmonie naturelle, des intérêts entre les individus mais aussi entre les nations. Cette harmonie est fondée sur la division

internationale du travail, et le libre échange (le commerce).

Le commerce est donc l’origine d’une forme de paix et de stabilité entre les nations, c’est aussi la source de la prospérité des nations en général, et en particulier la liberté du commerce permet d’éviter que les économies tombent dans ce que Smith appelle l’état stationnaire c.-à-d. sans croissance.

Explication : L’accumulation (l’investissement) est la condition de la croissance économique. En même temps, l’accumulation est rendue possible par l’épargne. Or, qui épargne ? Ce sont les capitalistes, donc l’épargne vient du profit. Le profit est la condition, le moteur de la croissance économique.

Malheureusement, le taux de profit que reçoivent les capitalistes va baisser dans le long terme parce que les possibilités d’investissement sont de moins en moins importantes, donc la rémunération des capitalistes est de plus en plus faible.

La conclusion c’est que dans le long terme, les économies tendent vers une situation de croissance 0 parce qu’il y a de moins en moins de profit et donc de moins en moins d’investissement et de croissance. Pour sortir de cette situation, la seule solution est le commerce avec les autres pays. En effet, ce commerce offre des débouchés aux capitaux, il offre des possibilités d’investissement. Et grâce à ses investissements, le taux de profit va remonter.

Ces possibilités de croissances sont renforcées par la division internationale du travail et la spécialisation des pays. Smith propose une théorie en fonction de la spécialisation en termes d’avantage absolu.

Le libre-échange et donc le laisser-passer garantie la croissance économique et permet d’éviter l’état stationnaire.

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Conclusion : D’une certaine façon, il est clair que Smith a donné des éléments permettant de fonder la doctrine libérale puisqu’il justifie le laisser-faire (main invisible, division du travail) et le laisser- passer (division du travail, liberté du commerce). Donc d’une certaine façon Smith défend le

libéralisme, il est aussi défenseur de l’intérêt personnel puisqu’il dit « ce n’est qu’en se préoccupant de soi qu’on contribue au bien des autres ». Toutefois, son approche contient des éléments qui sont différents de la doctrine libérale radicale. Smith n’est pas un ultra libéral parce qu’il considère quand même que la sympathie, la bienveillance jouent un rôle important dans le fonctionnement de l’économie et des sociétés. Il y a donc une dimension morale dans le libéralisme de Smith.

Smith n’était pas un idéaliste, ce n’était pas un idéologue, et il se rend parfaitement compte des imperfections du marché, des imperfections du mécanisme de main invisible. Donc il ne dit pas que le marché, le capitalisme, le libéralisme, est un système parfait. C’est un système qui doit être corrigé, et l’intervention de l’Etat peut permettre cette correction. Mais évidemment, l’intervention est

seulement là pour corriger les défaillances, pas plus. Ou encore, Smith croit fondamentalement dans l’harmonie naturelle des intérêts individuels.

III. Malthus et la loi de la population

Malthus partage avec Ricardo une forme de pessimisme qui n’existe pas chez Adam Smith. Adam Smith était fondamentalement optimiste, alors que Malthus et Ricardo sont pessimistes.

Ca s’explique par le fait que Malthus et Ricardo écrivent à des périodes totalement différentes de la période à laquelle écrivait Smit. Smith écrivait au début de la révolution industrielle à une époque où les effets positifs de la révolution industrielle dominaient. Malthus et Ricardo écrivent à un moment où les effets négatifs de la révolution industrielle se manifestes pleinement, on peut voir

concrètement que la révolution industrielle a un effet très négatif.

Par ailleurs, la révolution industrielle a entrainé une augmentation de la population très importante en Angleterre, ce qui a obligé l’Angleterre à importer des céréales, des grains, qui a conduit aussi à une augmentation des prix, et qui a conduit à l’imposition d’un système de taxes mobiles dans les lois qui s’appellent les « Corn Laws ». Les propriétaires fonciers n’étaient pas satisfaits des importations de grains, parce que ça faisait baisser les prix. Ils ont donc obtenu que soit votées des lois (les Corn Laws) qui introduisent des taxes mobiles : Quand le prix baissait, les impôts augmentaient pour maintenir le prix du blé à un certain niveau.

C’est un aspect que Smith n’a pas pris en considération, le rôle du politique dans l’économie.

En bref, la situation est beaucoup moins optimiste qu’au début de la révolution industrielle. Ce contexte la va énormément marquer Malthus.

Malthus (1766 – 1834) : Il a étudié les mathématiques à Cambridge, a obtenu son diplôme en 1788 et la même année est devenu pasteur dans une petite église « Oakwood ». En 1805, il est devenu professeur d’histoire, politique, commerce et finance et le titre a été changé en professeur d’histoire et d’économie politique. Donc Malthus est en fait le premier professeur d’économie politique en Angleterre.

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1. Malthus, La loi de la population ou l’utilité de la misère ? A/ La croissance de la pauvreté et les lois d’aides aux pauvres.

______________________________fin séance 5_________________________________

Le 26 septembre pas cours d’histoire.

(contexte : révolution industrielle, qui produit un certain nombre de résultats négatifs)

Autre élément de contexte qui va fortement influencer Malthus : La croissance de la pauvreté a la fin du 18° siècle et les lois qui existaient en Angleterre pour aider les pauvres (les « Poor Laws »).

En Angleterre il y a une relativement longue tradition d’aide aux pauvres. Les premières lois datent du début du 17° siècle, l’idée principale qui en ressort était que les paroisses devaient aider les

personnes qui ne pouvaient pas gagner suffisamment d’argent en travaillant. Donc chaque paroisse avait l’obligation d’aider les pauvres et pour cela pouvait prélever un certain impôt.

L’un des problème qui se pose dans ces mesures, c’est que certaines paroisses étaient riches, d’autres étaient moins riches, et donc il y avait des inégalités entre les paroisses (les paroisses les plus riches pouvaient mieux aider les pauvres … ), donc il y avait des mouvements de population de façon à aller dans les paroisses les plus riches pour chercher de l’aide.

On a observé au fur et à mesure une croissance de la pauvreté, donc de plus en plus de besoins d’aide, et de moins en moins de capacité à aider au cours du 17° siècle. Il y a eu un moment ou le système est devenu incapable de faire face à la pauvreté, dans les années 1790. Au début de ces années, la pauvreté était tellement importante qu’un système a été mis en place, qu’on appelle le système de Speen Hamland.

En fait, en 1795, dans le village de Speen Hamland, il a été décidé de donner aux travailleurs un revenu dépendant du prix du pain. Plus précisément, quand le prix du pain dépassait un certain niveau, les personnes qui travaillaient recevaient immédiatement un revenu complémentaire. On peut dire que ce système est similaire au revenu minimum d’insertion. C’est une sorte de RMI dans le sens où c’est un revenu qui ne dépend pas du travail (il faut travailler pour l’obtenir, mais ce n’est pas un revenu du travail), et c’est un complément par rapport au coût de la vie. Donc c’est une avancée sociale relativement forte.

On pourrait dire que si le salaire tombe en dessous du salaire de subsistance, il y avait un complément versé pour que le revenu soit au moins égal au revenu de subsistance.

On parle de système de Speen Hamland parce que ça n’a jamais été voté légalement, c’est simplement arrivé comme ça, et a connu un succès énorme.

Très rapidement, le nombre de personnes bénéficiaires de ces redistributions a augmenté, d’autant plus que peu de temps après, la guerre avec la France et donc le blocus continental instauré par Napoléon et les mauvaises récoltes ont entrainé des augmentations du prix du pain, du prix du blé, et donc il y a eu de plus en plus de bénéficiaires de ce système.

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Il y a un autre élément qui explique ce succès. Les entreprises avaient intérêt à ce que ce système fonctionne, elles avaient intérêt à proposer des salaires plus bas parce qu’elles savaient qu’un complément serait versé aux travailleurs. On se retrouve avec un système qui a du succès parce que non seulement les travailleurs le demandent, mais les entreprises sont contentes qu’il existe également.

Le système a été abrogé en 1834.

Il faut retenir qu’on est dans une période où il y a beaucoup de pauvres et des lois pour aider les pauvres.

B/ Faut-il vraiment aider les pauvres ?

Il y a eu des débats autour de ces lois sur la pauvreté. Parmi les gens qui étaient favorable à ces aides, il y avait un philosophe : Godwin (qui était un ami du père de Malthus).

Godwin a publié un ouvrage en 1793 qui s’appelle « political justice » dans lequel il défend les systèmes, les lois d’aide aux pauvres. Il admet tout a fait que les lois d’aides aux pauvres vont

entrainer une augmentation de la population (qui va devenir le problème central pour Malthus), mais d’un autre côté, il pensait aussi qu’en contrepartie, un changement de la nature humaine (dans les comportements, mentalités) allaient permettre de faire face à ces augmentations de population, et en particulier, il pensait que les gens seraient de plus en plus éclairés, la raison allait l’emporter sur les sens et les plaisirs intellectuels allaient se développer et progressivement allaient remplacer les plaisirs du sexe. Donc sa conclusion c’est qu’on peut aider les pauvres, parce que ces mesures d’aides vont permettre le développement des capacités intellectuelles des pauvres ce qui va limiter

l’augmentation de la population.

Malthus n’est pas du tout d’accord avec cet argument, il trouve Godwin trop optimiste. Ce qui le conduit à ce pessimisme, c’est ce qu’il observe dans sa propre paroisse. Au moment où il arrive dans cette paroisse, il se produit un mini boom de la population. Pendant la période qui va de 1789 à 1798, on observe environ 16 baptêmes par an, et 5 enterrements. Cette observation va influencer

fortement Malthus.

Il constate la chose suivante : « Les gens à Oakwood sont petits, ils sont petits parce qu’ils sont mal nourris, ils sont mal nourris par ce qu’ils sont trop nombreux, et ils sont trop nombreux parce qu’ils sont incapables de faire preuve de retenu morale. ». C’est cet argument qui va être au cœur de sa théorie sur l’évolution des populations.

C/ La loi sur la population.

Malthus écrit donc l’ouvrage « essai sur le principe d’une population » publié en 1798

(anonymement). Il pensait que sa thèse était tellement pessimiste que ce serait mal perçu. Il s’avère que l’ouvrage est un succès phénoménal, il publie donc dès 1803 une deuxième édition (avec son nom) et il y aura en tout entre 1798 et 1827 6 éditions.

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L’argument : Malthus part d’un exemple qui est celui du rythme d’évolution de la population dans l’économie américaine. Il pense que l’on peut dire que la population dans ces colonies double tous les 25 ans. Cela veut dire que la population augmente à un rythme qui est celui d’une progression géométrique (1, 2, 4, 8, 16….).

En revanche, les subsistances augmentent simplement sur le rythme d’une progression arithmétique (1, 2, 3, 4, 5…). Donc si on part de la situation actuelle (1798) où il y a, supposons, 1 milliards

d’habitants pour 1 milliards de subsistances. On voit que si on passe d’une année à l’autre, très rapidement les subsistances ne suffisent plus pour nourrir la population.

Il donne deux chiffres : Il dit que dans 3 siècles, la population sur la terre sera de 4096 milliards, et les subsistances seront de 13 milliards, ce qui signifie qu’il y a 4083 milliards d’habitants en trop !

Malthus est tout à fait conscient du fait que comparer ces deux ratio n’est pas très réaliste, parce qu’on arrivera jamais a 4096 milliards parce que les gens vont mourir avant, il y a des mécanismes qui vont empêcher l’évolution de la population.

D/ Comment résoudre le problème posé par cette loi ?

Nous avons 2 variables, la population et les subsistances. En réalité, on ne peut pas agir sur les subsistances, on ne peut pas les augmenter, parce que la quantité de terre est limitée et donc les rendements des terres sont décroissants.

Donc la seule variable d’ajustement c’est la population. Pour ca il y a trois mécanismes de contrôle :

 Préventifs : les mécanismes qui empêche la population de trop se reproduire. C’est le contrôle des naissances, l’abstinence, la retenue morale

 Les mécanismes positifs : Ce sont des mécanismes à postériori, c.-à-d. une fois que la population s’est reproduit. Les famines, les guerres, les épidémies, la pauvreté… Tous ces phénomènes sont des modes de contrôle positif de la population.

Donc il existe bien des moyens.

La malthusianisme c’est cette idée selon laquelle il existe des moyens qui éliminent les excédents de population. Une politique malthusienne consiste a laisser disparaitre tous les individus (ou animaux, ou entreprise) qui sont en surplus par rapport à ce que le marché peut absorber par exemple.

Malthus pensait aussi que les pauvres sont ceux qui se reproduisent le plus, le problème de la population ne vient pas des riches.

Tout de même, pour Malthus les individus sont quand même capable de prévoir les effets négatifs d’une trop grande reproduction, ils sont capables en particulier de prévoir les coûts liés au fait d’avoir trop d’enfants, et donc ces capacités d’anticipation conduisent les gens à faire preuve d’une retenue.

Donc il n’est pas nécessaire de contrôler leur comportent, ils peuvent se contrôler eux-mêmes.

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E/ Malthus et la théorie de la sélection naturelle.

La théorie de la sélection naturelle en biologie a été inventée par 2 biologistes : Wallace et Darwin.

Darwin a publié « l’origine des espèces » en 1859. Il cite 1 économistes dans cet ouvrage, Malthus.

Malthus occupe une place particulière chez Darwin, puisqu’il explique que c’est en lisant « l’essai sur la population » de Malthus, qu’il a trouvé l’idée de la sélection naturelle. Donc Darwin attribue à Malthus l’inspiration principale qui l’a conduit au principe de sélection naturelle. L’idée que Darwin retiens, c’est l’idée que les espèces (les hommes, les animaux ou les plantes) produisent plus de descendants que ce qui pourra en survivre. Cela conduit Darwin à proposer 2 principes qui sont les 2 principes qui expliquent la manière dont les espèces évoluent :

 Un principe de sélection : Une partie des trop nombreux individus qui sont nés va disparaitre spontanément.

 Un principe de survie : Ne peuvent survivre que les meilleurs des individus (meilleurs c.-à-d.

les mieux adaptés).

L’explication des deux principes : Produire trop de descendants crée un environnement concurrentiel et donc il n’y a que ceux adaptés qui vont survivre. Ce processus est totalement spontané et non intentionnel.

2. Les grands thèmes de l’économie malthusienne

Malthus est essentiellement connu pour sa loi sur la population, pour son impact sur Darwin (qui sont assez mal vu).

Il y a un commentateur de la fin du 19° siècle qui résume la pensée de Malthus en disant : « Malthus croyait que l’offre des biens pouvait excéder la demande et donc que ça allait entrainer des crises de surproduction, et c’est à peu près tout ce à quoi il pensait en terme économique. ». Dans ces

conditions, on peut difficilement dire que Malthus était véritablement un économiste. Pourtant, Malthus a été le premier professeur d’économie politique en Angleterre, il a été très proche de Ricardo et de Jean-Baptiste Say, et il a aussi écrit des ouvrages économiques relativement

intéressants en particulier « principe d’économie politique » (1820), et ses idées économiques sont relativement intéressantes et innovantes pour l’époque et en particulier sur les 3 aspects qu’on va voir :

(Valeur travail, rente, et demande)

A/ La théorie de la valeur travail chez Malthus.

Il faut parler du Ricardo, parce que Malthus réagit à ce qu’a dit Ricardo

Ricardo a critiqué la théorie de la valeur travail commandée de Smith, et a proposé une théorie de la valeur travail incorporée.

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Malthus, lui, va prendre une position entre Smith et Ricardo. Il accepte la critique que Ricardo fait de la théorie de valeur travail commandée (tautologie) mais il n’accepte pas la théorie de la valeur travail incorporée parce que « le travail qui est employé à la production des marchandises ne détermine pas leur coût, et donc ne détermine pas leur rapport d’échange, parce qu’au coût du travail on doit ajouter le profit et la rente. ».

Et donc entre les deux, Malthus préfère choisir la théorie de la valeur travail commandée. La valeur d’une marchandise a toujours pour mesure la quantité de travail contre lequel elle peut s’échanger.

En plus, il ajoute un élément qu’on ne trouve ni chez Smith, ni chez Ricardo, concernant l’écart possible entre le prix courant et le prix naturel du travail (ou des marchandises en général). Il admet que le prix courant peut différer du prix naturel de manière relativement durable à cause du jeu de l’offre et de la demande ce qui veut donc dire que Malthus abandonne la théorie de la valeur travail, puisqu’il admet qu’à certains moments, le prix des marchandises va être déterminé non plus par les quantités de travail commandé mais par la situation sur le marché.

C’est une innovation très importante parce que c’est en quelque sorte le premier à avoir imaginé que le prix des marchandises allait être déterminé par la confrontation de l’offre et la demande.

B/ Théorie de la rente différentielle

_________________________________Fin séance 6___________________________________

La rente c’est le loyer payé par les locataires (paysans) c’est le revenu des propriétaires terriens, propriétaires foncier.

Malthus a une vision différente de Smith. Smith a une idée de la rente fondée sur l’idée de monopole c.-à-d. que la rente est un revenu de monopole c.-à-d. que c’est parce que les terres sont rares et que les propriétaires sont en situation de monopole, qu’il existe une rente. Et comme il y a une situation de monopole, les subsistances (ce qui est cultivé) se vendent à un prix supérieur à leurs coûts de production et donc il y a une rente. Donc la différence entre le prix de vente et le cout de production constitue la rente.

Malthus s’écarte de cette approche la parce qu’il fait dépendre la rente de la fertilité des terres et elle est donc liée à la notion de rendement agricole décroissant. Selon lui les terres n’ont pas toutes la même fertilité. Su certaines terres, l’augmentation de la quantité de travail engendre des produits moins que proportionnels (rendements agricoles décroissants)  plus on utilise de travail moins on produit.

Cette différence de rentabilité entre les terres donne naissance à une rente pour les propriétaires fonciers.

Ce qui intéresse Malthus c’est de lier sa théorie de la rente avec les théories de la population.

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