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http://eco.um1.free.fr B/ Théorie de la rente différentielle _________________________________Fin séance 6___________________________________

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B/ Théorie de la rente différentielle

_________________________________Fin séance 6___________________________________

La rente c’est le loyer payé par les locataires (paysans) c’est le revenu des propriétaires terriens, propriétaires foncier.

Malthus a une vision différente de Smith. Smith a une idée de la rente fondée sur l’idée de monopole c.-à-d. que la rente est un revenu de monopole c.-à-d. que c’est parce que les terres sont rares et que les propriétaires sont en situation de monopole, qu’il existe une rente. Et comme il y a une situation de monopole, les subsistances (ce qui est cultivé) se vendent à un prix supérieur à leurs coûts de production et donc il y a une rente. Donc la différence entre le prix de vente et le cout de production constitue la rente.

Malthus s’écarte de cette approche la parce qu’il fait dépendre la rente de la fertilité des terres et elle est donc liée à la notion de rendement agricole décroissant. Selon lui les terres n’ont pas toutes la même fertilité. Su certaines terres, l’augmentation de la quantité de travail engendre des produits moins que proportionnels (rendements agricoles décroissants)  plus on utilise de travail moins on produit.

Cette différence de rentabilité entre les terres donne naissance à une rente pour les propriétaires fonciers.

Ce qui intéresse Malthus c’est de lier sa théorie de la rente avec les théories de la population.

 Comme la population augmente, il y a une augmentation de la demande pour les

subsistances, or les subsistances sont produites à partir de terres de moins en moins fertiles, ce qui conduit à une décroissance de la rente.

C’est important de retenir l’idée que la rente n’est pas liée au monopole mais à la fertilité, et que la rente diminue à cause de l’évolution de la population. Donc Malthus ne fait qu’aborder la question de la rente.

(On parlera de la rente avec Ricardo)

C/ La contestation de la loi de l’offre de Jean-Baptiste Say

Il est connu pour avoir inventé la loi de l’offre que l’on connait sous l’expression « toute offre crée sa propre demande ». Il dit : « une offre de produit est une demande simultanée de produits » (ce n’est pas la même chose que « toute offre crée sa propre demande » !).

Ce que ça implique, c’est que si la loi de Say est vérifiée, alors les crises de surproduction sont impossibles et donc qu’il faut libérer l’offre pour pouvoir être certain d’éviter les crises.

Il a fondé tout ce qu’on appelle les théories de l’offre (années 1980).

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La loi de Say a été étiquetée « loi de Say » par Keynes, c’est lui qui a identifié cette loi, et il va dire que les crises de surproductions sont possibles, et si on veut les éviter il ne faut pas agir sur l’offre mais sur la demande !

Malthus va s’opposer à Jean-Baptiste Say, et proposer en contrepartie une théorie de la demande.

L’idée de Malthus c’est que Say a tords parce que contrairement à ce qu’il dit les crises de

surproduction sont tout à fait possible et elles sont possibles à cause de 2 problèmes que Say ignore.

 Le premier point que souligne Malthus, c’est le rôle de la demande effective.

Demande effective = demande qui est solvable. La demande qui est susceptible d’être faite par ceux qui en ont les moyens. Cette demande est une condition nécessaire pour

l’écoulement de l’offre. Pour qu’il y ait une demande solvable dit Malthus, il faut que les travailleurs aient un emploi, or rien de garantit que les travailleurs auront un emploi, par conséquent, la consommation peut être insuffisante pour assurer l’écoulement de l’offre, la vente des produits qui sont offerts.

 Le second problème que souligne Malthus c’est l’épargne. Il insiste sur le rôle et le problème que peut représenter l’épargne. Pour Say, l’épargne n’est pas un problème dans le

fonctionnement de l’économie parce que les sommes qui sont épargnées à un moment donné seront immédiatement (ou pas, mais peu importe) réinvesties, réinjectées dans l’économie. Donc on a un flux permanent d’épargne et de désépargne dans l’économie. Il n’y a jamais de fuite dans le système économique (pendant qu’il y en a qui épargnent, il y en a qui désépargnent). Cette conception est liée au fait que pour Say les agents économiques ne thésaurisent pas !

Malthus est en désaccord : Son argument est que l’épargne peut être trop importante (pas compensée par une désépargne) parce que la consommation est insuffisante.

Il faut se souvenir que c’est l’épargne qui fonde la croissance parce que c’est l’épargne qui fonde l’investissement. Mais seul les capitalistes sont en mesure d’épargner, et pas les salariés. Malthus souligne un problème, qui est que la propension à consommer décroît avec le revenu. Donc plus les gens sont riches, moins ils consomment (proportionnellement) et donc plus ils épargnent.

Malthus explique que lorsque le revenu augmente, l’épargne augmente et la consommation baisse (proportionnellement). L’épargne va entrainer une augmentation de l’investissement, une accumulation plus importante, et donc va entrainer une augmentation de l’offre. Mais dans le même temps, la consommation va être insuffisante et donc la demande va être insuffisante  l’offre (alimentée par l’épargne) augmente moins vite que la demande (pas assez alimentée par la consommation) Crise de surproduction.

Pour ces deux raisons, le rôle de la demande effective et la trop grande importance de l’épargne, Malthus conclue qu’on risque bien d’avoir des crises de surproduction.

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Cette argumentation va le conduire à formuler un certain nombre de recommandations de politiques publiques et en particulier 2 qui sont intéressantes :

 Il propose de diviser la propriété foncière (morceler les propriétés et augmenter le nombre de propriétaires) de façon à ce qu’il y ai plus de propriétaires moins riches. Il dit : « 30 ou 40 propriétaires ayant des revenus de 1000 à 5000 livres sterling feraient naitre une demande effective bien plus forte qu’un seul propriétaire ayant 100 000 livres de rente ». Donc il s’oppose à la grande propriété, au fait que ce soit un petit nombre d’individus qui possèdent toutes les terres.

 Il propose « d’entretenir » les consommateurs improductifs. Il faut qu’il y ai un nombre suffisant de consommateurs improductifs c.-à-d. de gens qui consomment sans produire. Ces consommateurs improductifs alimentent la demande sans alimenter l’offre, puisqu’ils ne produisent rien. Ces consommateurs improductifs permettent donc de réduire l’écart entre l’offre et la demande. S’il y a des consommateurs improductifs, cela réduit le nombre de travailleurs improductifs, cela réduit le nombre d’individus qui sont néfastes et qui alimentent l’offre sans suffisamment alimenter la demande.

Le concept important dans la pensée économique de Malthus c’est le concept de demande. Au 19°

siècle, l’économie de l’offre est représentée par Say, et celle de la demande par Malthus.

IV. Le pessimisme de Ricardo

Ricardo (1772 – 1823) : Il a commencé à travailler à 14 ans avec son père, et a 21 ans il a monté sa propre entreprise de courtage en bourse ce qui lui a permis de devenir riche et aux alentours de 40 ans, il a pris sa retraite, et a été élu au parlement et a écrit en même temps deux ouvrages

relativement importants d’économie, en particulier en 1817 : Les principes d’économie politique et de l’impôt.

Ses thèses :

1. La théorie de la valeur travail de Ricardo

Comme Smith, Malthus … Ricardo refuse de considérer que la valeur des biens est fondée sur l’utilité que les gens en retirent. Il accepte donc une théorie de la valeur fondée sur le travail. C’est

intéressant de voir que des auteurs aussi différents idéologiquement, ont tous les deux la même théorie de la valeur. Mais, à la différence de Smith, Ricardo adopte une théorie de la valeur travail incorporée parce qu’il critique la valeur de travail commandée.

 Il dit que la détermination de la valeur d’un bien selon cette théorie est totalement circulaire (tautologique).

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 Ricardo souligne un autre point qui est de dire que dans une théorie de la valeur travail commandée, il y a un autre problème : La valeur des biens n’est pas indépendante de la répartition des revenus parce que si les salaires changent, les prix des biens vont changer. Il dit que si les salaires changent, les prix des biens vont changer aussi, donc leur valeur va changer, donc on peut en déduire que la valeur des biens changent parce que la répartition entre salaire et profit change.

Donc la valeur des biens va dépendre de la manière dont sont répartis les revenus entre les salaires et les profits. C’est un problème, parce qu’on est dans une théorie de la valeur travail, la valeur des biens doit dépendre du travail, elle ne doit pas dépendre de la répartition des revenus. Cette théorie de la valeur travail commandée se contredit.

Explication :

Si les salaires augmentent avec des profits constants, puisque les salaires déterminent la valeur des biens, la valeur des biens va augmenter parce que la quantité de travail que ces biens commandent augmente.

Mais si les salaires augmentent à profit constant, il y a une seconde conséquence : La répartition des revenus entre salaire et profit change.

Ça veut dire que la valeur des biens est affectée par la répartition des revenus entre salaire et profit ! Cela signifie que la valeur des biens n’est plus totalement dépendante du travail.

Ricardo choisit donc une théorie de la valeur travail incorporée. Dans ce cas, la valeur des biens est indépendante de la répartition des revenus, puisque dans ce cas la valeur dépend uniquement des conditions techniques de production.

Ricardo ajoute une distinction entre le travail direct et le travail indirect : Le travail direct c’est la quantité de main d’œuvre nécessaire à la production, et le travail indirect c’est le travail qui est utilisé pour produire le capital.

2. La répartition des revenus et la rente chez Ricardo

Pour Ricardo on a des revenus primaires et des revenus secondaire (comme Smith), et il ne s’intéresse qu’aux revenus primaires c.-à-d. salaire, profit et rente.

 Le salaire, c’est le revenu du travail, et ce salaire se fixe d’après lui au minimum de

subsistance parce que tout écart entre le salaire courant et le salaire naturel va se résorber automatiquement à cause des mouvements de population. Donc il y a un phénomène de régulation naturelle des salaires. (Ricardo est pas très original ici)

 Le profit : La encore Ricardo n’est pas très original. Le profit est la différence entre le prix du bien produit et son coût de production qui correspond à sa valeur (une valeur déterminée en

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termes de travail). Par conséquent, le profit est un revenu qui dépend du travail mais en même temps c’est un revenu qui n’est pas issu du travail (les capitalistes ne travaillent pas, et se contentent d’encaisser la différence entre le coût de production et le prix de vente).

 La rente : Ricardo est le premier à proposer cette théorie de la rente différentielle qui Malthus a simplement esquissé. Il s’éloigne complètement de l’idée que la rente puisse être liée au monopole comme on le trouve chez Smith.

Remarque : La théorie de Ricardo est influencée par les évènements qu’il observe dans le monde agricole en Angleterre à cette époque-là. L’agriculture anglaise se caractérise par un mouvement croissant depuis le début du 18° siècle de concentration des propriétés (il y a de moins en moins de propriétaires, la taille des propriétés est de plus en plus grande) et surtout la propriété se concentre dans les mains des aristocrates, des nobles.

Cette concentration est la conséquence d’un mouvement qu’on appelle le mouvement des enclosures. C’est un mouvement de clôture des champs et qu’on observe surtout en Angleterre. Ce mouvement signifie que les propriétaires ou les gens qui utilisaient les

champs, étaient obligés par la loi de clôturer les champs et de supporter le coût de la clôture, ce qui a conduit à supprimer beaucoup de petites propriétés en particulier parce que les gens n’avaient pas les moyens de clôturer, et qui a contribué à cette concentration.

L’un des inconvénients de ce mouvement c’est que beaucoup d’agriculteurs ont été obligés d’abandonner leur métier, il y a eu une forte migration vers les villes, et ces personnes sont devenus des ouvriers dans les usines de la révolution industrielle.

Une conséquence plus positive, a été que l’augmentation de la taille de ces propriétés a permis des gains de productivité très importants, des innovations importantes (machines, engrais…) et donc plus de rentabilité de l’agriculture.

Ces propriétaires terriens (nobles) obtiennent un revenu sans travailler, comme pour le profit ce revenu est une différence entre les gains réalisés sur la terre et le coût de production (rente différentielle parce que c’est une différence, parce que le prix de vente du blé est supérieur au coût de production).

Ce que théorise Ricardo, c’est le fait que la rente est liée aux différences de fertilité des terres et donc peut se définir comme un surplus dégagé sur des terres de fertilité inégales et parce qu’il existe des terres de fertilité inégales.

______________________________ Fin séance 7 _________________________________

Le fait qu’il y ai cette différence de fertilité se traduit par une hypothèse de rendement marginaux décroissants. La seconde hypothèse faite par Ricardo c’est que la quantité de terres fertiles est limitée. Cela signifie donc que plus on met de terres en culture (et on en a besoin parce que la population augmente) moins ces terres cultivées sont fertiles. Donc on a encore un lien avec la loi de la population et Malthus, qui est que l’accroissement de la population se traduit par cette mise en culture de terres de moins en moins fertiles.

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Evidemment, au fur et à mesure que l’on met des terres moins fertiles en culture, il apparait une différence entre le produit obtenu sur ces terres moins fertiles et le produit qui est obtenu sur les terres plus fertiles.

Le produit obtenu (quantité de grain)

∏ w

Terres mises en culture

(Plus on s’éloigne de l’origine, moins les terres sont fertiles)

Ce produit est obtenu avec une certaine quantité de travail, lequel travail est rémunéré par un salaire (noté w) et il est aussi produit par du capital, (noté ∏, le profit qui va au capitaliste qui apporte les machines)

Les conditions de production sont fixes (la quantité de capital et de travail par unité de terre sont fixe) La terre E est ce qu’on appelle la terre marginale, puisque c’est la terre marginale, sur la terre

marginale, le produit sert uniquement à rémunérer le travail et le capital. On voit que sur cette terre E il n’y a pas de rente, parce que le produit est épuisé totalement dans le paiement du salaire et du capital.

Si on mettait en culture une terre encore moins fertile, (terre f), le produit serait à peine suffisant pour payer les salaires et ne permettrait de payer ni profit, ni rente, ce qui veut dire que cette terre ne présente aucun intérêt et donc ne va effectivement pas être mise en culture.

Si la terre F rapportait un produit qui est supérieur à w, alors c’est la terre F qui serait la terre marginale et plus la terre E. Donc la terre marginale c’est la terre pour laquelle le salaire et le profit épuise le produit, et la terre suivante est celle pour laquelle le produit correspond uniquement au salaire.

On peut annuler F :

GB GC GA

GD

GE

E F

C D A B

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Le produit obtenu (quantité de grain)

RenteA RB RC

∏ RD

w

Terres mises en culture

Sur toutes les autres terres, il y a une rente.

(Important :)Pourquoi le taux de profit est-il uniforme ? Parce qu’il y a une rente. S’il n’y avait pas de rente, les capitalistes conserveraient la partie du produit qu’ils ne versent pas aux travailleurs (il gagnerait la différence entre le produit et le salaire). Mais cette situation n’est pas possible, il n’est pas possible qu’il n’y ai pas de rente parce que les capitalistes vont se faire concurrence pour obtenir la possibilité de cultiver les terres les plus fertiles et donc ils proposent aux propriétaires la plus grande partie de leur produit, donc dit autrement, le capitaliste utilise une partie de son profit pour acheter le droit de produire sur des terres fertiles.

On a un processus de concurrence entre les fermiers capitalistes qui conduit à une égalisation des taux de profits.

C’est l’uniformité des profits qui donne naissance à la rente.

Sur la terre marginale (E), la rente est = 0. C’est un problème parce que s’il n’y a pas de rente, le propriétaire n’a aucun intérêt à louer la terre, donc cette explication se heurte à cette difficulté.

Comme expliquer l’existence d’une terre marginale sur laquelle la rente serait = 0 (impossible).

Pour expliquer ce problème, Ricardo propose un deuxième raisonnement qui repose sur l’idée de rente intensive. Il s’agit d’interpréter ce graphique en termes de travail et de productivité du travail.

Les colonnes de l’histogramme ne représentent plus des terres différentes, mais des travailleurs de moins en moins productifs. Le premier travailleur a une productivité mesurée par GA, et ainsi de suite. Et donc le dernier travailleur (le travailleur marginal) est celui dont la productivité permet de dégager un produit qui couvre son salaire et le profit du capitaliste. Donc le travailleur marginal est celui dont le produit ne dégage pas de rente donc cela veut dire qu’il existe bien des rentes sur chaque terre mais ces rentes ne sont pas produites par tous les travailleurs.

Sur chaque terres, même les moins fertiles, il y a une rente, mais ce ne sont pas tous les travailleurs qui dégagent de la rente il y a un travailleur marginal sur chaque terre qui ne dégage pas de rente.

On a une approche extensive de la rente qui correspond au premier graphique avec un raisonnement par catégorie de terre, et on a une approche intensive de la rente avec un raisonnement par

catégories de travailleurs. Mais, dans les deux cas, la rente est calculée de la même façon, par différence.

GB GC GA

GD

GE

D E B C

A

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3. Le laisser faire selon Ricardo :

C’est un peu paradoxale, parce que Ricardo n’est pas un économiste libéral, il est très critique du capitalisme, et pourtant, il était favorable à la liberté du commerce et au libre-échange et pendant une grande partie de sa vie il va s’opposer aux mesures protectionnistes qui étaient prises en Angleterre à cette époque–là. Il y a des lois (Corn Laws) qui étaient protectionnistes, et visaient à assurer une rente aux propriétaires fonciers, en faisant varier le prix du blé de façon à maintenir une rente pour les propriétaires fonciers. Ces lois font augmenter les salaires, et donc les industriels et les capitalistes se plaignent du fait qu’à cause de ces lois, le prix du travail soit plus élevé, mais il faudra attendre 1846 pour qu’elles soient abrogées.

Il a plusieurs arguments en faveur du libre-échange :

 Le libre-échange permet le retour automatique à l’équilibre de la balance des paiements. Cet argument est fondé sur la théorie quantitative de la monnaie qui dit que le niveau des prix est déterminé par la quantité de monnaie en circulation dans l’économie (si la quantité de monnaie est multipliée par 2, les prix sont multipliés par 2 etc…). Pour limiter la quantité de monnaie en circulation dans l’économie et donc contrôler l’inflation, Ricardo propose un mécanisme qui est le mécanisme de l’étalon or (indexer la quantité de monnaie émise par la banque centrale sur la quantité d’or possédée par la banque). Ce mécanisme, ajouté au libre- échange, permet l’équilibre spontané de la balance des paiements.

S’il y a un déficit commercial, les importations sont supérieures aux exportations, cela va signifier une sortie d’or du pays pour pouvoir payer la différence entre importation et exportation. Et donc cela va signifier une baisse de la quantité d’or disponible dans le pays et donc en vertu de la théorie quantitative de la monnaie et de l’étalon or, une baisse des prix, ce qui veut dire que les marchandises produites dans le pays deviennent moins cher que les marchandises importées, donc les exportations augmentent, les importations diminuent, et le déficit va se réduire. Le processus va se poursuivre jusqu’à ce que la balance des paiements soit retournée à l’équilibre.

Donc libre-échange + étalon or conduisent à l’équilibre automatique et spontané de la balance commerciale.

 Le libre-échange est bénéfique en vertu de la théorie des avantages comparatifs. Ricardo s’oppose à la théorie de Smith (théorie des avantages absolus) qui dit que chaque pays a intérêt à se spécialiser dans la production des biens dans lequel elle possède un avantage absolu. Smith avait utilisé dans son exemple 2 pays (Portugal, grande Bretagne) et 2 biens (vin, drap). Mais Smith considérait un cas spécifique qui est le cas dans lequel chaque pays possède un avantage absolu. La théorie des avantages absolus ne donne pas de réponse dans le cas où un pays possède des avantages absolus dans la production de tous les biens. C’est le cas que va étudier Ricardo :

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Il fait l’hypothèse qu’il n’y a pas de monnaie, on raisonne en terme réel. La seule différence entre les pays consiste dans le temps de travail nécessaire à la production d’une unité de bien. Sur les marchés nationaux, les prix relatifs sont déterminés en terme de travail incorporé (il applique la théorie de la valeur travail) et les salaires sont égaux entre les pays.

Donc on peut effectivement comparer les biens en fonction de la quantité de travail qu’il faut pour les produire.

Vin Drap

Portugal 80 90

Angleterre 120 100

Ces chiffres représentent la quantité de travail qu’il faut pour produire une unité de bien. A partir de ce tableau on peut déterminer les taux d’échange entre les biens.

- Pour l’Angleterre : Avec 100 unités de travail, on peut produire une unité de drap ou 100/120 = 0,833 unités de vin ce qui veut dire qu’une unité de drap s’échange contre 0,833 unité de vin. 1 unité de vin s’échange contre 1,2 unité de drap.

Ca veut dire qu’en Angleterre, si je produits une unité de drap, je renonce à produire 0,833 unité de vin. Si je produits une unité de vin, je renonce à produire 1,2 unité de drap.

Ca veut dire aussi, que le coût de production d’une unité de drap (en termes de vin) est égal à 0,833 et le coût de production d’une unité de vin (en termes de drap) est égal à 1,2.

____________________________________ Fin séance 8 _________________________

- Pour le Portugal : Même type de raisonnement  1 unité de drap = 1, 125 unités de vin et une unité de vin = 0, 888 unités de drap.

Ce qui est intéressant de noter : le Portugal a des avantages absolus dans la production des deux biens c.-à-d. que le Portugal devrait, si on suit la théorie de Smith qui dit que les pays devraient se spécialiser dans leurs avantages absolus, le Portugal devrait se

spécialiser dans la production des deux biens. Or Ricardo montre que les pays devraient se spécialiser dans la production du bien pour lequel ils ont un avantage relatif et non absolu.

Il est moins couteux de produire du drap en Angleterre qu’au Portugal, parce que si on produit 1 unité de drap en Angleterre on renonce à 0,833 unités de vin, et quand on produit une unité de draps au Portugal, on renonce à 1,125 unités de vin. Donc ça coute relativement moins cher en vin de produire du draps en Angleterre qu’au Portugal.

De la même façon, produire une unité de vin coute 0,888 unités de drap au Portugal, et 1,2 en Angleterre, donc cela coute relativement moins cher de produire du vin au Portugal qu’en Angleterre.

On peut aussi exprimer ça en terme de productivité :

1 litre de Vin 1 mètre de drap

Portugal 1/80 1/90

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Angleterre 1/120 1/100

On voit encore que la productivité est meilleure au Portugal qu’en Angleterre (de façon absolu). Si on appliquait la théorie des avantages absolus, le Portugal étant plus productif devrait se spécialiser dans la production des deux biens. Si on raisonne en terme relatif, c.-à-d. si on compare les 2 productivités, c.-à-d. si on fait le rapport entre la productivité du vin en Angleterre et la productivité du vin au Portugal :

(1/120) / (1/80) = 0,66 (1/100) / (1/90) = 0,9

De ces deux chiffres, on peut conclure que l’Angleterre est désavantagée dans le cas de la production des deux biens en termes absolus, mais le désavantage de l’Angleterre est moins grand dans le cas de la production de draps que dans le cas de la production de vin. C.-à-d. que la productivité relative de l’Angleterre est meilleure dans un cas que dans l’autre.

Si on fait le rapport dans l’autre sens, on va voir que le Portugal possède un avantage relatif dans la production de vin  (1/80)/(1/120) = 1,5 et (1/90)/(1/100) = 1,1.

Si on compare la situation avant le libre-échange et après le libre-échange (avant la spécialisation, et après la spécialisation) :

o Avant le libre-échange et donc avant la spécialisation : Pour produire 2 unités de drap il fallait 190 heures (100 heures en Angleterre, et 90 au Portugal). Pour produire 2 litres de vin, il fallait 200 heures. Donc un total de 390 heures.

o Avec le libre-échange et donc avec la spécialisation : Pour produire 2 unités de drap, il faudra 200 heures. Pour produire 2 litres de vin, il faudra 160 heures. Donc au total 360 heures.

On observe que globalement, on va économiser du temps de travail avec le libre-échange. Il fallait 390 heures pour produire ces biens, maintenant il en faut 360 donc on économise 30 heures de travail donc c’est plus efficace. Globalement, le groupe formé par ces deux pays a gagné du fait de la spécialisation parce qu’on utilise moins de travail pour produire ces biens, donc le coût de ces biens est plus faible.

 Le libre-échange empêche la réalisation de l’état stationnaire (état sans croissance). Ricardo, comme Smith, pense que la croissance économique est commandée par l’évolution des profits. C.-à-d. que ce qui permet de générer de la croissance c’est qu’il y ai des profits et que ces profits augmentent. Il pense aussi que les taux de salaire sont constants et vont rester constants (puisque le taux de salaire se fixe au taux de salaire naturel). Par ailleurs, les rentes vont augmenter (on l’a vu, parce qu’on met en culture des terres de moins en moins fertiles, l’écart de rentabilité entre les terres les plus fertiles et les moins fertiles augmentent, et donc

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comme les taux de salaires restent constant et que les profits vont baisser aussi, c’est la rente qui augmente). La conclusion de Ricardo, c’est que si les profits baissent et que les rentes augmentent, il y aura de moins en moins de croissance économique.

Le seul moyen pour permettre de la croissance c’est de permettre aux profits de ne pas baisser. Or, le profit baisse parce les capitalistes cèdent une partie de leur profit au rentier, donc le profit baisse parce que la rente augmente.

Donc la conclusion de Ricardo c’est que pour qu’on évite un état sans croissance, il faut faire en sorte que les rentes n’augmentent pas.

Le problème c’est que les mécaniques qu’on a vu, font que les capitalistes sont obligés de se faire concurrence. Le seul moyen pour que la rente baisse, c’est de baisser le prix du blé. Si le prix du blé baisse, à ce moment-là ce que les capitalistes vont gagner va pouvoir être

conservé par eux grâce à la baisse du prix.

Le seul moyen de faire baisser le prix du blé, c’est le libre-échange, parce que si on reste dans l’économie fermée, le prix du blé ne pourra pas baisser.

Cette idée qu’avec le libre-échange on peut échapper à l’état stationnaire parce que cela permet de maintenir les niveaux de profit, d’éviter que les niveaux de profits baissent.

V. L’utilitarisme :

Avec l’utilitarisme on revient à une question fondamentale en science sociale, qui est celle de la justice sociale, de l’efficacité. En effet, l’utilitarisme se pose la question de savoir comment

déterminer si une action (un comportement individuel) ou une mesure politique économique est justifiée. Quel est le critère qui permet de déterminer si une action ou une mesure est bonne, légitime, justifiée ou efficace ?

Ce critère d’évaluation c’est l’utilité. On évalue une action, une politique, un phénomène, en fonction de l’utilité qu’elle procure à la collectivité. Bentham va inventer un critère qui est le critère du plus grand bonheur du plus grand nombre  ce qui est utile c’est ce qui permet d’avoir le plus grand bonheur du plus grand nombre.

Remarque importante : L’utilitarisme est une doctrine conséquentialiste c.-à-d. que la valeur d’une action ou d’une politique découle de ses conséquences, se détermine par ses conséquences. Donc une action est bonne ou efficace si elle a de bonnes conséquences. Le conséquentialisme s’oppose aux approches déontologiques. Les approches déontologiques ce sont des approches qui évaluent selon des principes définis à priori, on ne se pose pas la question des conséquences, mais du principe (par exemple, ne pas mentir, ne pas tuer).

Exemple : Rembourser les soins de santé peut être évalué de 2 manières :

- D’un point de vue déontologique, la santé doit être prise en charge par l’Etat parce que moralement, il y a un principe qui dit qu’il faut défendre l’intégrité de la vie humaine.

- D’un point de vue conséquentialiste : L’opération est justifiée à partir du moment ou les conséquences sont avantageuses, c.-à-d. que le coût de l’opération va être compensé par les bénéfices qu’on peut en attendre.

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Bentham va donner cette dimension conséquentialiste à la science économique.

1. Jeremy Bentham : Utilitarisme et Ordre social :

Bentham (1748 – 1832) : Il vivait à Londres à l’époque des lumières. Il va être très proche des

révolutionnaires français. La question fondamentale qu’il se pose c’est de trouver un fondement à la morale qui soit acceptable par tous (scientifique, objectif) et qui ne se soit pas appuyé sur des préceptes religieux. Ce critère universel, il va le trouver dans une observation qui est que les êtres humains cherchent à se procurer du plaisir, et à éviter la souffrance. Il en déduit que le principe moral fondamental c’est la recherche du bonheur c.-à-d. la recherche du plaisir et l’évitement de la douleur donc le bonheur c’est la différence entre les deux.

Donc les actions des gens sont motivées par cette volonté qui est de maximiser (Bentham a inventé ce terme !) l’écart entre plaisir et douleur. Bentham cherche à déterminer ce qu’il appelle une arithmétique des plaisirs de façon à augmenter le bonheur du plus grand nombre d’individus (ça ne veut pas dire de tous les individus).

Il semble admis que s’il faut sacrifier un individu pour augmenter le bonheur du plus grand nombre, alors ce sacrifice est légitime.

Pour les utilitaristes, ce qui est justifié c’est ce qui rapporte de l’utilité à la collectivité.

__________________________ Fin séance 9________________________

Le plaisir et la douleur ont l’air subjectif (Bentham cherche un principe objectif), alors Bentham identifie 7 critères qui permettent de mesurer objectivement sur le plaisir et la douleur. Donc il dit qu’on peut exprimer objectivement le plaisir et la douleur. Il cherche à fonder une arithmétique des plaisirs.

Ce qui est fondamental, c’est que pour l’utilitarisme (et on ne peut parler d’utilitarisme qu’à cette condition), cette maximisation doit être faite au niveau collectif. Il faut favoriser le plus grand bonheur du plus grand nombre. Donc quelque chose qui est moral, c’est quelque chose qui contribue au plus grand bonheur du plus grand nombre.

Chaque fois qu’une décision doit être prise l’utilitarisme exige que :

 On détermine les conséquences associées aux différentes options possibles.

 Il faut évaluer les conséquences du point de vue de l’utilité des individus qui sont affectés par chaque option.

 On choisit l’option dont les conséquences sont telles que la somme des utilités individuelles est au moins aussi grande que la somme des utilités individuelles associées à chaque autre option.

Remarque : Le terme de plaisir et d’utilité sont synonymes chez Bentham.

Donc ce qui est moral, ce qui est efficace, c’est ce qui augmente la somme des utilités pour une communauté donnée.

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Il faut ajouter des précisions :

 Quels sont les individus qui sont concernés par la mesure des utilités ? Autrement dit quels sont les individus dont on doit additionner les utilités pour savoir si on va augmenter le bonheur de la collectivité. Par exemple, où est-ce qu’on doit placer la limite concernant la communauté qui va être prise en compte ? est-ce qu’on doit uniquement prendre une communauté locale, nationale, internationale ?

Mais c’est aussi des questions telles que : Quel type d’être vivants on prend en compte ? (les animaux par exemple)

Il y a un philosophe australien (Singer) qui a écrit là-dessus, et pour lui, il faut inclure les animaux aussi dans le calcul du bien-être collectif.

 Comment agréger les utilités individuelles ? Pour Bentham, il suffit de faire la somme des utilités individuelles. Pour d’autres, (par exemple John Stuart Mill) il faut faire la moyenne c.- à-d. prendre la somme des utilités individuelles et diviser par le nombre d’individus. On parle dans ce cas d’utilitarisme moyen.

On peut aussi envisager de faire une moyenne pondérée (on n’est pas obligé de considérer que l’utilité de chaque individu a la même importance).

 De quelle utilité parle-t-on ? La réponse diffère selon les économistes. Là encore, Bentham a la vision la plus simple de tous, pour lui il s’agit de prendre en considération le plaisir et la souffrance dans un sens purement matériel. Donc on dit que Bentham a une vision hédoniste c.-à-d. fondée uniquement sur le plaisir et sur l’utilité matérielle (il ne fait pas la différence entre les plaisirs matériels et les plaisirs intellectuels contrairement à Mill).

Pour Bentham, l’utilité est une propriété des objets (donc elle provient des caractéristiques des objets), donc l’utilité est objective, et de façon un peu extrême, on pourrait dire que le même objet va provoquer la même utilité chez tous les individus.

 La comparaison interpersonnelle des utilités : La maximisation du plaisir pour la collectivité, la recherche du plus grand bonheur du plus grand nombre, n’a de sens que si on peut mesurer et surtout comparer les utilités individuelles. Donc il faut qu’on puisse dire si une mesure de politique économique rapporte plus ou moins d’utilité qu’une autre mesure de politique économique et surtout, il faut savoir combien chaque mesure de politique économique rapporte. Cette addition d’utilité est particulièrement difficile si on considère que les utilités sont subjectives mais, pour Bentham, les utilités sont objectives donc on peut les quantifier, les additionner sans difficulté.

Donc on raisonne en terme d’utilité cardinale. Bentham avait conscience des problèmes que ça suppose (utilités objectives pas très réaliste), il a suggéré de passer par la monnaie pour mesurer les utilités individuelles (l’utilité que procure la consommation d’un bien est égal à la somme que cet individu est disposé à payer pour l’obtenir).

Donc maintenant on sait quels sont les individus dont on va mesurer l’utilité, on sait quelle utilité, comment on va la mesurer, et comment on va les agréger. Avec ces 4 critères, on peut comprendre comment se met en œuvre le principe utilitariste de Bentham.

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 Comment on fait pour savoir si une politique économique maximise l’utilité collective ? Qui maximise l’utilité collective ? Lorsqu’on décide de construire un aéroport, si on a une vision cout / avantage, comment on calcule la somme des utilités de chaque individu, et qui le calcul.

Smith aurait répondu en utilisant le principe de la main invisible, c.-à-d. que pour Adam Smith la maximisation de l’utilité collective se fait de manière spontanée (si il y a un marché, interactions  maximisation des utilités collectives).

Rappel : Le marché permet de conduire à la plus grande utilité pour la collectivité. Le principe du marché c’est : Chaque individu peut acheter ce qu’il a envie d’acheter, et puisse payer le prix qu’il a envie de payer. Donc l’allocation des ressources se fait de manière efficace parce que chacun paye ce qu’il a envie de payer (sous contrainte du budget).

Bentham refuse cette idée d’une harmonie naturelle des intérêts, il pense que l’ordre social ne sera pas spontané, parce qu’il pense que la poursuite des objectifs privés par chaque individu ne contribue pas à maximiser l’utilité collective. Par conséquent, il faut orienter les actions individuelles de façon à s’assurer que chaque individu va agir en faveur du plus grand bonheur du plus grand nombre. C’est le législateur et la loi qui vont s’assurer que les individus agissent dans le bon sens (fassent ce qui est moral).

Donc le législateur va devoir mesurer les plaisirs et les souffrances et mettre en place un système de règle qui va dissuader les actions qui sont mauvaises (c.-à-d. qui ne contribuent pas au plus grand bonheur du plus grand nombre) et de façon à encourager les actions qui sont bonnes.

Pour les individus qui sont réticents (c.-à-d. les individus qui refusent de respecter les règles morales), Bentham dit qu’il faudra mettre les individus en prison. La prison a un but de rééducation. Bentham invente une prison qui s’appelle le Panoptique. Ce qui est intéressant c’est l’architecture. Le panoptique c’est la forme que vont prendre la plupart des prisons qui sont construites au 19° siècle dans le monde. Il y a un point central ou se trouve le gardien, et il y a des rayons autour (ça ressemble à un soleil). Le principe c’est que les prisonniers doivent se sentir observés et regardé sans voir leur gardien. Le but c’est que c’est plus économique, on peut surveiller plus de monde avec moins de gardiens.

Le panoptique sert aussi pour les ouvriers. Cela peut être la forme que peut prendre l’usine (il faut surveiller les ouvriers aussi).

Par ailleurs, le panoptique a une double visée éducative. Il doit éduquer non seulement les prisonniers mais aussi les visiteurs.

Ca nous mène à un dernier point sur la définition de l’utilitarisme, qui est la question du sacrifice.

 La mise en place du système juridique prôné par Bentham peut conduire au sacrifice d’un ou de plusieurs individus si le plus grand bonheur du plus grand nombre le réclame. C’est problématique, on a une doctrine morale qui justifie de sacrifier certains individus…

Bentham n’a pas donné de réponse à ça puisque le problème a été soulevé après.

Les utilitaristes ont répondu à cette critique en utilisant le principe de la décroissance des utilités marginales, et le raisonnement à la marge. L’utilité marginale des individus qui sont

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bénéficiaires du sacrifice est décroissante alors que la désutilité marginale des personnes qui sont sacrifiées est croissante.

Ca signifie qu’avantager une partie de la population au détriment d’une autre augmente leur utilité mais moins que cela ne diminue la désutilité des perdants. On peut dire qu’en

raisonnant à la marge, ce que gagnent les gagnants est toujours moins important que ce que perdent les perdants. Cette explication justifie qu’on ne puisse pas sacrifier de manière répétée toujours les mêmes personnes. C’est donc une explication dynamique, cette explication ne dit pas qu’on ne puisse pas décider d’un coup de sacrifier une partie de la population.

Conclusion : Quel est l’héritage de l’utilitarisme ? L’utilitarisme est un fondement du marginalisme, en particulier du marginalisme de Jevons. Jevons a repris l’approche hédoniste de Bentham c.-à-d.

qu’il considère comme Bentham que l’être humain est à la recherche du plaisir et essai d’éviter la souffrance et il considère aussi que l’utilité et le plaisir sont synonymes. Mais il y a quelques

différences. Chez Jevons, l’utilité n’est pas une propriété des objets mais elle est subjective (propre à chaque individu). Par ailleurs, Jevons ne cherche pas à établir une théorie morale, il cherche à développer une théorie économique.

Après Jevons, les économistes ont commencé à prendre leurs distances par rapport à l’utilitarisme et surtout par rapport à l’utilitarisme de Bentham. En particulier, 2 points :

- ils ont renversé la relation qui existe entre utilité et préférences. Chez Bentham, un individu choisit de faire « a » plutôt que « b » parce que l’utilité que lui procure « a » est supérieure à l’utilité que lui procure « b ». Donc il y a un lien de causalité entre l’utilité et l’action. Pour les économistes contemporains, ce sont les préférences qui font l’utilité : Le fondement de l’action individuelle ce sont les préférences. Ce n’est pas parce que l’utilité de a est > l’utilité de b que je fais a, mais parce que je préfère a. Donc l’utilité ici n’est pas causé par les préférences, l’utilité est simplement une représentation des préférences.

- Les économistes contemporains (début du 20°) : (Pareto) ont une approche ordinale de l’utilité, c.-à-d. qu’ils ont abandonné l’approche cardinale de l’utilité de Bentham, et par conséquent ils ont abandonné le besoin de faire des comparaisons interpersonnelles d’utilité. L’optimum de Pareto a un avantage énorme par rapport au critère de Bentham c’est qu’il n’a pas besoin de comparaison des utilités.

Donc en fait, l’économie contemporaine a résolu l’un des problèmes centraux de l’utilitarisme (comparaison interpersonnelle des utilités) en le faisant disparaître et en expliquant que l’on peut savoir comment maximiser le bien-être collectif sans cette comparaison. L’optimum de Pareto a d’autres problèmes et en particulier il est partiel, ça signifie qu’il existe souvent des options que l’on ne peut pas comparer en vertu de l’optimum de Pareto, il ne permet pas de comparer tous les états possibles de la société.

2. L’utilitarisme de John Stuart Mill

_____________________ Fin séance 10 _____________________

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John Stuart Mill (1806 – 1873) : Son père James Mill était un ami de Bentham. James Mill était convertit aux idées de Bentham, et en particulier au sujet de l’éducation. Il pensait que si on changeait l’environnement dans lequel vivaient les gens, on pouvait changer leur caractère, leur personnalité. James Mill a décidé d’élever son enfant selon ces principes Benthamiens. En l’occurrence, il avait décidé de prendre son fils comme un sujet d’expérience éducative et donc il voulait façonner son fils en agissant sur son environnement sur l’éducation qu’il allait lui donner. Très vite, James Mill a appris à son fils tout ce qu’il pouvait lui apprendre.

A 3 ans, John Stuart Mill avait appris le grec, à 8 ans le latin, entre 8 et 12 ans il apprend la géométrie, l’algèbre, le calcul différentiel, et avant 13 ans il avait écrit une histoire de Rome, une histoire de la Hollande, et un abrégé d’histoire universelle. A 14 ans il a fait un séjour en France avec la famille du frère de Bentham (à Montpellier notamment, à la faculté des sciences) où il a suivi des cours de chimie, géologie… A 15 ans, il s’est retrouvé familiarisé avec les idées de Bentham sur l’utilitarisme etc… En 1826 (à 20 ans) il a fait une sorte de dépression et pendant une dizaine d’années il n’a plus rien fait. Il faut attendre 1843 pour qu’il écrive un ouvrage vraiment important, qui s’appelle le système de logique déductive et inductive. Cet ouvrage de méthodologie et de philosophie va lui apporter une grande réputation plus précisément en philosophie, et en 1848 il va écrire principe d’économie politique qui sera son principal ouvrage d’économie.

Il a aussi été élu au parlement, il s’est engagé dans beaucoup de luttes sociales, en particulier pour le droit des femmes dans la société anglaise. Il s’est marié en 1851.

A) L’apport méthodologique de John Stuart Mill :

Les réflexions méthodologiques de J.S. Mill ont joué un rôle très important en sciences économiques, elles ont dominées la méthodologie économique pendant très longtemps, et ca reste une référence.

La méthodologie de l’économie c’est essentiellement la question de savoir comment est-ce qu’on fait de la science économique, quelles méthodes on doit utiliser pour faire de la science économique ? De manière plus générale, la science économique est-elle une science ?

Son problème de départ : Il est attaché à l’économie classique mais en même temps, cette économie classique a un certain nombre de défauts :

o Elle semble reposer sur des prémices (hypothèses) fausses o Elle est difficile voire impossible à tester

o Les prédictions qu’elle fait semblent fausses.

En plus, pour lui, une théorie scientifique doit être jugée par rapport aux faits. Cela veut dire que ce qui permet de dire si une théorie est scientifique ou pas, c’est dans le rapport à la réalité, dans le rapport aux faits. Il était très influencé par le positivisme d’Auguste Comte. Pour Comte, la seule science qui mérite d’être appelée une science c’est la sociologie qu’il appelle aussi la physique sociale.

Le but de cette sociologie c’est d’étudier les phénomènes observables et de relier ces phénomènes par des lois. Donc cette sociologie est une science parce qu’elle est basée sur l’expérimentation (elle est non seulement élaborée à partir des faits, mais validée empiriquement).

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Mill adhère à cette idée, c.-à-d. que pour lui une science doit être empirique, reliée aux faits. Il oppose 2 types de méthodes :

o La méthode à postériori : C’est une méthode inductive, qui donc induit des conclusions générales à partir de l’observation de faits particuliers

Exemple : Supposons : 1970 on observe une croissance faible et un taux de chômage qui augmente légèrement. En 1990 on observe une croissance assez faible, et un taux de chômage qui augmente légèrement. En 2000 on observe une croissance plus soutenue et un taux de chômage qui baisse.

Donc on a observé ces faits, on peut en inférer (induire) que le taux de croissance et la variation du taux de chômage sont reliés de manière négative.

o La méthode à priori : C’est une méthode mixte, elle mélange l’induction et la déduction. Dans ce cas, on raisonne à partir d’hypothèses qui sont obtenues par induction mais pas par induction à partir du phénomène observé. En plus, on déduit des propositions à partir de ces hypothèses qui permettent d’expliquer le

phénomène que l’on cherche à expliquer.

Exemple : Supposons que l’on cherche à comprendre l’effet de l’introduction d’un impôt sur la demande d’un bien quelconque. La méthode à priori suppose que : Dans un premier temps on va formuler un certain nombre d’hypothèses qui ne concernent pas le marché du bien en question.

A partir de ces hypothèses on déduit des propositions qui permettent de prédire l’effet que l’on cherche à expliquer.

Ce type de méthode est typiquement le type de méthode qu’on utilise aujourd’hui en économie.

Aujourd’hui on utilise une méthode hypothético-déductive, on fait des hypothèses, incorporées dans des modèles, et les modèles permettent de faire des propositions ou prédictions.

3 questions qui se posent :

 Les hypothèses doivent-elles être réalistes ? Dans la plupart des cas, les économistes ont répondu que non, ce qui est important c’est la justesse des prédictions qu’on peut faire.

 Ces prédictions sont vérifiées sur le passé, donc elles ont un statut très ambigu.

 Aujourd’hui, la science économique (orthodoxe) utilise ce type d’approches. Dans le passé, il y a eu beaucoup de débats entre les économistes pour savoir s’il fallait utiliser cette méthode hypothético-déductive ou une méthode inductive. Il y a un courant d’économistes « Les institutionnalistes » qui défendait une position opposée, ils disaient qu’il fallait partir de l’observation de faites pour établir un certain nombre de propositions (méthode à postériori).

La différence principale entre cette approche et l’approche orthodoxe, est que cette approche inductive ne peut pas proposer de généralisations, de prédictions parce qu’elle ne parle que des faits (à un moment donné, à un endroit donné). C’est pour cette raison qu’elle a disparu.

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Pour John Stuart Mill (comme pour Auguste Comte) la « vrai » science doit utiliser une méthode à postériori. C.-à-d. que la sociologie de Comte est une vrai science parce qu’elle utilise une méthode à postériori. Le problème est que l’économie ne peut pas utiliser la méthode à postériori parce que :

 Les données empiriques qui sont accessibles et utilisables en économie ne sont pas des données expérimentales mais sont des données d’observation. Puisque ce ne sont pas des données expérimentales, on ne peut pas utiliser l’expérimentation pour comprendre la nature des relations entre les phénomènes observés.

 Le deuxième obstacle qui se pose est que les phénomènes économiques sont des phénomènes complexes qui mettent en jeu un grand nombre de facteurs qui sont interconnectés. Il est donc très difficile d’isoler certaines relations.

L’économie ne pouvant pas utiliser cette méthode expérimentale, elle doit utiliser la méthode à priori (on formule des hypothèses à partir desquelles on va déduire des propositions que l’on peut tester).

Précisément, l’un des hypothèses fondamentale que l’on fait en économie politique est que :

« L’homme est un être qui désire posséder des richesses, qui préfère un gain plus important à un gain plus faible » ce que Mill appelle l’hypothèse d’avidité rationnelle.

Donc l’économie politique s’intéresse uniquement à ces comportements individuels motivés par l’avidité rationnelle. Mill : « l’économie politique fait abstraction de tout autre passion ou motif humain ».

Pour Mill, cette hypothèse n’est absolument pas réaliste, il insiste sur le fait qu’aucun économiste ne pense que les êtres humains sont comme ça, mais il faut faire des hypothèses réductrices pour pouvoir isoler certains faits que l’on va expliquer.

Grace à la méthode à priori, l’économie peut quand même faire un certain nombre de propositions que l’on peut tester empiriquement. L’économie est une science au sens de cette méthode à priori.

B) La théorie économique de John Stuart Mill

Mill est réputé pour avoir réalisé une synthèse de la pensée classique. Il y a quand même certaines originalités dans son approche, l’une d’entre elle étant la distinction qu’il fait entre la production et distribution des richesses : Pour Mill,

 la production des richesses obéit à des lois naturelles, donc il est impossible de la modifier.

Elle échappe au contrôle des Hommes.

 En revanche, la distribution des richesses est le produit de la volonté des Hommes. Ca signifie que si la société à un moment donné décide que la production des richesses n’est pas répartie équitablement, la société peut décider de corriger cette situation par la distribution.

Ce sont donc les Hommes qui décident ce qui est juste ou injuste en matière de répartition des ressources. C’est très important, parce que John Stuart Mill introduit un élément normatif, un jugement de valeur dans l’économie politique.

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Ce qui est important dans sa synthèse, c’est la théorie du salaire que propose Mill. Il repart d’une idée que l’on trouve chez Smith qui est que les salaires dépendent du rapport entre la population et le capital de la façon suivante : on suppose qu’à un moment donné dans une économie il existe une somme de richesse qui est consacrée uniquement au paiement des salaires. Cette somme peut évoluer au cours du temps en fonction de l’épargne et des investissements, mais à un moment précis, cette somme est donnée.

Cela veut dire que la somme qui va être répartie entre les travailleurs sous forme de salaires est donnée. Et donc le salaire individuel va dépendre du nombre de travailleurs. Le salaire est déterminé uniquement par le nombre de travailleurs. Ce raisonnement conduit à une implication : Si on

augmente les salaires, cela va se faire au détriment de l’emploi.

Son opinion à propos de ce point a évolué au cours du temps et il a fini par admettre qu’il y avait d’autres facteurs qui pouvaient déterminer les niveaux des salaires. Mais, fondamentalement, c’est la population des travailleurs qui détermine le niveau des salaires individuels.

Deuxième point important de cette synthèse : La théorie de la valeur qu’il propose : Fin séance 11

Il cherche à expliquer la valeur d’échange. Quels sont les critères qui expliquent qu’un objet va avoir une valeur d’échange, c.-à-d. une valeur sur un marché.

 Il considère 2 facteurs qui sont déterminants pour expliquer la valeur d’un objet :

o L’utilité : Pour qu’un objet possède une valeur, il faut qu’un objet soit utile. L’utilité correspond à la satisfaction d’un désir chez Mill, et est déterminée par « la

disposition à payer de l’acheteur ». Cette disposition à payer entretient un rapport avec la valeur d’échange, il faut évidemment que le prix soit inférieur à ce que l’individu est prêt à payer (disposition à payer) pour obtenir le bien. En disant cela, Mill reconnait la nécessité de l’existence d’un surplus du consommateur (prix – DAP

= surplus). Mill a donc déjà l’intuition de ce concept avant Marshall.

o La difficulté d’acquisition d’un objet : Elle dépend de 3 facteurs :

 Elle peut provenir d’une limitation absolue de l’offre (œuvres d’arts, la terre…). Ca s’applique à tous les biens qui ne peuvent pas être produits en quantités importantes.

 Elle peut provenir des conditions de production : La manière dont on va combiner le capital et le travail pour obtenir le bien. Cela signifie que le bien est difficile à acquérir parce qu’il est couteux à produire.

 La difficulté d’acquisition d’un objet peut provenir de la loi des rendements décroissants. Les objets sont difficiles ou pas à produire, mais leur production va être limitée à cause de ces rendements décroissants, ce qui peut impliquer que ces objets soient difficiles à acquérir.

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 L’état stationnaire : Mill est la seul des économistes classiques pour lequel l’état stationnaire est une bonne chose. L’état stationnaire c’est un état sans croissance. Pour lui l’état

stationnaire est bon, parce que c’est un état sans concurrence. C’est cet élément là qu’il trouve positif.

Il s’opposait à la concurrence parce qu’il considérait que l’état naturel de l’homme n’est pas de lutter sans fin pour sa survie. Au contraire, il était favorable à une société dans laquelle personne n’aspirerait, ne souhaiterait devenir plus riche que ce qu’il n’est déjà. Cette situation sans concurrence, sans souhait de s’enrichir sans fin c’est exactement l’état stationnaire.

C’est un des aspects les plus remarquables de la pensée de Mill, et c’est intéressant de noter qu’il réalise cette synthèse de l’économie classique en arrivant à une conclusion qui est opposée à ce que les autres économistes classiques défendaient. C’est d’autant plus

remarquable que Mill a la réputation d’être libéral. Sa pensée a été revendiquée par les plus grands économistes libéraux et ultralibéraux du 20° siècle, en particulier Hayek.

Hayek est des fondateurs du courant des économistes autrichiens (ultralibéraux), il a été conseillé de Margaret Thatcher. Une de ses idées les plus originales c’est celle de la

privatisation de l’émission de monnaie. Il était un grand admirateur de John Stuart Mill, et a contribué à faire de Mill un économiste libéral.

Malgré cela, le libéralisme de Mill doit être jugé avec beaucoup de précautions, il était favorable à l’intervention de l’Etat, contre la concurrence etc…

On va voir maintenant les prolongements de l’économie classique sur le continent.

VI. Le libéralisme économique sur le continent européen.

1. Jean Baptiste Say et l’impossibilité des crises :

La pensée de JB Say est d’actualité. Ça fait 50 ans qu’elle est redevenue d’actualité, mais en particulier ces dernières années. Il dit que pour éviter les crises, il faut favoriser l’offre.

C’était un entrepreneur, et un économiste qui a eu beaucoup de contacts avec les économistes de son époque en particulier avec Malthus, Sismondi, … Il peut être présenté comme un continuateur de la pensée d’Adam Smith. Ses ouvrages de référence : En 1803 parait la première édition de son traité d’économie politique ou simple exposé de la manière dont se forment, se distribuent et se

consomment les richesses. Ce sous-titre est intéressant pour 2 raison.

- Il faut noter la référence aux richesses. L’économie politique s’intéresse aux richesses et on voit ici que cette idée est très proche de l’idée qu’avait Smith sur l’économie politique et les richesses.

- Ce sous-titre nous donne une définition de l’économie qui est la science qui étudie la manière dont se forment, se distribuent et se consomment les richesses. C’est une des définitions de l’économie, cette définition nous dit que l’économie se définit par son objet, par son champ, ce qui signifie que dans l’ensemble des activités humaines, il en

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existe un certain nombre qui ont une dimension économique, et l’économie doit se limiter à étudier ces activités-là.

Remarque : Il existe une offre définition de l’économie : L’économie se définit par sa méthode, et non pas par son objet. En particulier, cette méthode qu’on applique au comportement de choix. L’économie est une méthode que l’on peut utiliser pour étudier tous les comportements de choix (Le premier à esquisser cette idée-là est Robbins en 1932). Cette définition nous dit que l’économie n’a plus d’objet spécifique mais peut étudier tous les comportements de choix.

Remarque : Becker ne dit pas que les gens (par exemple) se marient parce qu’ils font un calcul coût avantage, il dit que on peut expliquer leur comportement en faisant

l’hypothèse qu’ils font un calcul coût avantage.

Essentiellement aujourd’hui, l’idée c’est que l’économie est une méthode qu’on peut appliquer pour expliquer toutes sortes de phénomènes.

Say a écrit 2 autres ouvrages intéressants : 1815 : « un catéchisme d’économie politique » et 1830

« un cours d’économie politique ».

A) Le rôle des entrepreneurs pour Say :

Say est l’un des premiers à avoir souligné l’importance des entrepreneurs dans le fonctionnement de l’économie. L’entrepreneur n’avait pas de statut particulier chez les classiques (ils ne faisaient pas la différence entre l’entrepreneur et le capitaliste).

Say va donc isoler cet individu particulier et en faire le pivot de l’activité économique, donc quelqu’un de différent du capitaliste.

Evidemment, dans un système où il n’y a que 3 types de revenu (salaire, profit, rente), il est difficile de faire une place à l’entrepreneur. Il faudrait lui inventer un revenu spécifique, ce que Say ne fera pas. Le revenu de l’entrepreneur sera un revenu tiré de la vente du même type que les salaires. Mais pour pouvoir considérer l’existence des entrepreneurs, Say doit expliquer ce que ces individus produisent.

Pour lui, les entrepreneurs sont des gens qui produisent des services. Or, chez les classiques, le travail qui produit les services est considéré comme un travail improductif, et donc pour Smith, Ricardo, etc… les services ne sont pas productifs.

Say va se démarquer de cette position en considérant que les services sont productifs, donc les entrepreneurs produisent aussi de la richesse donc l’activité des entrepreneurs contribue à la richesse des nations.

Il n’ajoute donc pas vraiment de catégorie d’individu, mais élargit la définition que donnaient les classiques du travail productif. Cette approche va avoir une conséquence qui est que la définition que Say retiens de la richesse est beaucoup plus large que la définition de Smith.

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B) La loi des débouchés :

Pendant tout le 19ièm siècle, il y a une question qui se pose et qui intrigue particulièrement les économistes classiques c’est la question de savoir s’il peut exister des crises de surproduction généralisées. Cette question se pose en particulier parce que d’un côté la plupart des économistes classiques à l’exception de Malthus considèrent que la réponse théorique à la question est non, donc ils pensent qu’il n’y a pas de limite à l’accumulation capitaliste et donc il y aura toujours des

débouchés à une production croissante.

D’un autre côté, il y a un certain nombre de phénomènes qui semblent montrer que les crises de surproduction sont tout à fait possibles.

Donc Say est celui qui va véritablement théoriser l’impossibilité des crises de surproduction généralisées. Ca implique que les crises qui surviennent sont nécessairement attribuables à des causes extra économiques et donc sont parfaitement évitables dans le cas du fonctionnement normal du système.

Il propose la « loi des débouchés » qui dit en particulier que : « tout offre crée sa propre

demande » parce que nous achetons des produits avec des produits, il écrit aussi « la production ouvre des débouchés aux produits ».

Cette loi signifie que les crises de surproduction générales sont impossibles mais il est tout a fait possibles qu’il existe des crises de surproduction particulières c.-à-d. qu’il peut y avoir des

déséquilibres sur certains marchés mais ces déséquilibres se compenseront avec des déséquilibres sur d’autres marchés. Donc les déséquilibres se compensent. Ces déséquilibres partiels sont possibles parce que il peut se produire une mauvaise allocation du capital, mais c’est totalement impossible c’est que tous les marchés puissent être en surproduction en même temps.

Donc au niveau global de l’économie, (la somme des demandes par marchés) la somme des demandes sera égale à la somme des offres.

Plus précisément, la demande dont Say parle c’est à la fois la demande potentielle et effective (Say ne fait pas la différence entre les deux). C’est précisément sur ce point que Malthus s’opposait à Say en disant la demande effective peut être insuffisante. Pour Say, la demande potentielle est toujours égale à la demande effective c.-à-d. que tout revenu, tout pouvoir d’achat se traduit nécessairement en demande. Malthus disait au contraire, un pouvoir d’achat n’implique pas forcément une envie d’acheter proportionnée.

Remarque sur l’épargne : Say considère que l’épargne n’est pas une fuite dans le circuit économique parce que cette épargne se traduit immédiatement en investissement, (donc par définition épargne investissement).

Il existe 2 catégories de biens, les biens de consommation et les biens d’investissements. Il existe aussi 2 types d’affectations du revenu : une partie du revenu est affectée à l’achat de biens de consommation, et une autre à l’épargne. La partie du revenu affectée à la consommation correspond à l’achat de biens de consommations et la partie affectée à l’épargne correspond à l’investissement.

Cette égalité a un sens particulier chez Say : C’est l’épargne qui conditionne l’investissement.

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L’épargne n’est jamais un problème pour le fonctionnement de l’économie.

Pour que la loi des débouchés soit vérifiée, il faut une hypothèse fondamentale sur la monnaie : La monnaie doit être neutre, c’est un simple intermédiaire des échanges, elle n’a pas de valeur en elle- même, et donc les agents économiques ne la conservent pas pour elle-même. Donc elle n’est pas thésaurisée et comme le disait Say, la monnaie est un voile qui facilite les échanges et c’est précisément parce que la monnaie est un voile qu’on peut dire que les produits s’échangent contre des produits. Donc cette formule « les produits s’échangent contre les produits » ne nous dit pas que Say résonnait dans une situation de troc, mais que Say considérait la monnaie comme un voile donc comme neutre.

C) L’explication des crises

Fin séance 12

L’idée principale c’est que la loi des débouchés garantit l’impossibilité des crises économiques (crises de surproduction généralisées, c.-à-d. que les crises partielles sont possibles, mais on ne peut pas avoir des déséquilibres sur tous les marché en même temps). Donc globalement, dans l’économie les déséquilibres se compensent. Donc la demande ne peut jamais être insuffisante. C’est évidemment le point avec lequel Keynes sera en total désaccord.

Les crises sont possibles si des évènements exogènes viennent perturber le fonctionnement de l’économie. On peut avoir des catastrophes naturelles, mais aussi et surtout les interventions politiques. Toute législation abusive, toute intervention trop systématique de l’état dans le

fonctionnement de l’économie va non seulement entrainer un déséquilibre, mais ce déséquilibre va être durable.

Donc pour résumer les crises de surproduction durable ne sont possibles que si elles sont produites par l’intervention de l’Etat.

De manière sous-jacente, l’idée que Say met en avant dans la loi des débouchés est celle que les activités économiques se coordonnent spontanément, sans besoin d’intervention extérieure.

Donc cette loi est une autre version de la main invisible avec 2 différences. Premièrement, Say ne met pas l’accent sur l’intérêt personnel de manière aussi marquée que Smith. En plus, il insiste beaucoup plus sur l’offre que ce que faisait Smith. C’est aussi une autre version de la théorie qu’on trouvait chez Mandeville dans la fable des abeilles.

Cette croyance dans un ordre spontané est ce qui caractérise fondamentalement le libéralisme. On va en voir une autre explication.

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2. Les harmonies naturelles de F. Bastiat.

Bastiat (1801 – 1850) : Il a eu une vie « tragique » parce qu’il est mort jeune de la tuberculose et il a subit beaucoup d’échecs pendant son existence. Il a été élu à l’assemblée nationale en 1848 et connait une réputation posthume qui est relativement importante en particulier chez les libéraux pour deux raisons :

- Une raison technique : Il a écrit des ouvrages qui font référence : « les sophismes économiques » et « les harmonies économiques ». Dans ces ouvrages il développe une idée fondamentale qui est l’idée de l’ordre spontané et de l’harmonie naturelle des intérêts individuels.

- Dans les années 60, l’acteur Reagan a enregistré la lecture de certains textes de Bastiat pour des raisons de propagande des idées libérales, certains chefs d’entreprise

Américains lui avaient demandé de faire ça. C’est après avoir lu Bastiat que Ronald Reagan a été convertit au libéralisme et à plus ou moins décidé de s’engager en politique.

Bastiat n’est pas vraiment un théoricien de l’économie, c’est surtout un journaliste, un pamphlétaire.

Il a écrit des textes visant à tourner en ridicule les pratiques qu’il dénonçait.

Qu’est-ce que nous dit Bastiat ? 2 idées principales : A) Une certaine analyse de l’Etat :

Bastiat est l’un des premiers à avoir systématiquement stigmatisé l’intervention de l’Etat, souligné les limites de l’intervention de l’Etat. Son argument principal est que l’Etat n’agit pas pour défendre l’intérêt général mais prend ses décisions sous la pression de groupes d’intérêts (aujourd’hui les lobbies). Il prétend que tous ceux qui affirment agir au nom de l’intérêt général ne font en fait que défendre des intérêts privés, ils déguisent leurs intérêts privés sous l’intérêt général pour une raison évidente : l’intérêt général n’existe pas. De ce fait, on ne peut pas prétendre être motivé par l’intérêt général.

Les conséquences de cette croyance ou de ce postulat :

- L’Etat intervient de manière nécessairement injuste parce qu’il favorise certains intérêts au détriment d’autres intérêts

- L’Etat intervient de manière totalement désordonnée puisque ces interventions obéissent à des intérêts privés, et donc chaque fois qu’on groupe fait pression sur l’Etat, l’Etat va essayer de le satisfaire.

- Dès que l’Etat a commencé à intervenir dans le fonctionnement de l’économie, il ne peut plus s’arrêter (si on a dit oui à quelqu’un, il faut dire oui à un autre, oui à tous …).

(Cercle vicieux)

Le corolaire de ce raisonnement là c’est que ce n’est pas en changeant de gouvernement que l’on va changer la situation, la seule façon de supprimer le problème c’est de supprimer l’Etat. On voit un élément de radicalité dans la pensée de Bastiat parce qu’il ne s’agit pas seulement de repenser l’Etat, ça ne serait qu’une solution temporaire.

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