A RGAND
Philosophie mathématique. Réflexions sur la nouvelle théorie des imaginaires, suivies d’une application à la démonstration d’un théorème d’analise
Annales de Mathématiques pures et appliquées, tome 5 (1814-1815), p. 197-209
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I97
PHILOSOPHIE MATHÉMATIQUE.
Reflexions
surla nouvelle théorie des imaginaires,
suivies d’une application à la démonstration d’un theorème d’analise ;
Par M. ARGAND.
T H É O R I E D E S I M A G I N A I R E S.
LA
nouvelle théorie desimaginaires , dont
’il ad’éjâ
étéplusieurs
fois
question
dans ce recueil(*) ,
a deuxobjets
distincts et indé-pendans.
Elle tendpremièrement à
donner unesignification
intel--ligible
à desexpressions qu’on
était’ forcé d’admettre dansl’analise,
mais
qu’on
n’avait pas crujusqu’ici pouvoir rapporter
à aucunequantité
connue et évaluable. Elleoffre ,
en secondlieu,
uneméthode de
calcul ,
ou , si l’on veut , une notation d’un genrepaf -
ticulier, qui emploie
dessignes géométriques,
concuremment avecles
signes algébriques
ordinaires. Sous ces deuxpoints
de- vue , elledonne lieu aux deux
questions
suivantes : Est-ilrigoureusement démontré,
dans- la nouvellethéorie, que -I exprime
uneligne perpendiculaire
auxlignes prises
pour +I et 2013I ? La notation deslignes dirigées peut-elle,
dansquelque
cas , fournir des démons- trations et solutionspréférables ,
sous lerapport
dé lasimplicité,
de la
brièveté,
etc. , à cellesqu’elles paraissent
destinées àremplacer?
Quant
aupremier point,
il est et serapeut-être toujours sujet
à
discussion,
tantqu’on
cherchera à établir la,signification
de2013I
(*)
Voyez
les pages6I , I33,
222 et 364 du 4.me volume.J. D. G.
Tom.V,
n.°VII, I.er janvier
I8I5.26
I98 THÉORIE
par des
conséquences d1analogie
avec les notions reçuessur
le&quantités positives
etnégatives ,
et sur leurproportion
entre elles.On
a discuté et on discute encore sur lesquantités négatives ;
àplus
forte raisonpourra-t-on élever
desobjections
contre les nou-velles notions des
imaginaires.
Mais ,
iln’y
auraplus
de difficultési,
comme l’a fait M.Français ( Annales,
tom.IV ,
pag.62 ),
onétablit ,
commedéfinition ,
cequ’on
entend par lerapport
degrandeur
etde position
entre deuxlignes.
Eneffet,
la relation entre deuxlignes
données degrandeur
et de direction se
conçoit
avec toute laprécision géométrique
né-cessaire.
Qu’on
nomme cette relationrapport,
ouqu’on
lui donnetel nom
qu’on voudra ,
on pourratoujours
en fairel’objet
de rai-sonnemens
rigoureux ,
et en tirer lesconséquences
degéométrie
etd’analise dont nous avons , M.
Français
etmoi ,
donnéquelques exemples.
Laseule question qui
reste est donc de savoir s’il estbien permis
dedésigner
cette relation par les motsrapport
ouproportion, qui
ontdéjà,
dansl’analise,
uneacception
déterminéeet immuable.
Or,
cela est effectivementpermis, puisque,
dans lanouvelle
acception ,
on ne faitqu’ajouter
àl’ancienne ,
sans d’ail-leurs
y rienchanger.
Ongénéralise
celle-ci de manière quel’acception
commune est , pour ainsi
dire ,
un casparticulier
de la nouvelle.Il
nes’agit
donc pas de chercher ici une démonstration.C’est
ainsi ,
parexemple ,
que lepremier
analistequi
a ditque
a-n=
I an
a dû donner cetteéquation ,
non comme un théorèmedémontré
ou àdémontrer ,
mais comme unedéfinition
despuis-
sances à exposans
négatifs.
La seulechose qu’il
eut à faire voirétait
qu’en adoptant
cettedéfinition ,
on ne faisait quegénéraliser
la
définition
despuissances à
exposanspositifs ,
les seules connuesjusque-là.
Il en est de même despuissances
à exposansfractionnaires,
irrationnels ou
imaginaires.
On a dit( Annales, tom. IV ,
pag.23I) que
Euleravait
démontréque (2013I)2013I=e20131 2n.
Le mot dé-montrer
peut
être exact, en tantqu’on regarde
cetteéquation
commeDES IMAGINAIRES. I99
tirée de l’équation, ex2013I=Cos.x+2013ISin.x, d’où
elledérive
fa-cilement ; mais
il ne le serait pas relativement à cettedernière ;
car , pour démontrer
qu’une
certaineexpression
a tellevaleur,
il faut
premièrement
avoir défini cetteexpression ;
or,existe-t-il
despuissances
à exposansimaginaires
une definition antérieure àce
qu’on appelle
la démonstration d’Euler ? c’est cequi
neparait
pas.
Lorsque
Euler a cherché à ramenerl’expression
ax-I àdes quantités évaluables ,
il a dû naturellementconsidérer
lethéorème
ez=I+z I |2013+...antérieurement prouvé,
pour toutes les valeursréel-les
de z. En faisantz=x2013I,
il a trouveex2013I=I+x2013s I-x2 2...;
d’où il a dû
conclure ,
non que ex-I=Cosx+2013ISin.x ,
maisque,
si l’on définissaitl’expression
ex-I en disantqu’elle représente
une
quantité égale
àCosx+2013Isin.x,
lespuissances
à exposant réels et lespuissances
à exposansimaginaires
se trouveraient liéespar
une loi commune. Ce n’est donc là, encore
qu’une
extension deprincipes
et non la démonstration d’unthéorème.
C’est aussi par une extension des
principes
quej’ai
été conduità regarder (2013I -I
commeexprimant
laperpendicalaire
sur leplan +1, ±2013I.
Les deux résultats secontredisent,
et assurémentje
n’aigarde
deprétendre
faireprévaloir
lemien ; j’ai
voulu seulement faire observer que MM. Servois etFrançais
l’ontattaque
par des considérationsqui y
aufond ,
sont de la même nature que cellessur
lesquelles je
m’étaisappuyé
pour l’établir.Mais,
si laperpendiculaire
dont ils’agit
nepeut
pas êtreexpnmée
par
(2013I)-I, quelle
sera donc sonexpression ?
ou, pour mieuxdire, peut-on
trouver uneexpression
telle que , si onl’adopte
pourreprésenter
cetteperpendiculaire ,
toutes leslignes
tirées dans unedirection
quelconque
(lesquelles
auraient alors leurexpression)
soientliées par une loi commune, comme cela a
dejà
lieu fclativemeiit a touteligne
tirée dans lesplans ±I , ±2013I?
C’est là unequestion qui
semble devoir exciter la curiosité desgéomètres ,
dumoins
de ceuz d’entre euxqui
admettent la nouvelle théorie.200
T H É O R I E
Je reviens au
premier point
dediscussion y
etj’observe
que laquestion ,
si2013I exprime
ou non uneperpendiculaire
sur±I, porte uniquement
sur lasignification
du motrapport
car, tout lemonde est d’accord d’entendre par cette
expression
unequantité
telle que +I :
y -1 : : 2013I:
2013I , ou que lesrapports 2013I +I , 2013I 2013I
soient
égaux.
Ainsil’objection qu’a
faite M.Servols ( Annales ,
tom.
IV,
pag.228),
contre la démonstration dupremier
théorèmede M.
Français ,
en disant «qu’il
n’est pasprouvé
que±a2013I
» soit moyen de
position
entre+a
et 2013a», revient à dire que le sens du motrapport
ne renferme rien de relatif à laposition.
Cela
estvrai ,
dansl’acception
commune ; et encorepourrait-on
dire que, dans l’idée du
rapport
de deuxquantités
designes
dif-férens,
il faut bien faire entrer celle de cessigne-s.
Dansla
nou-velle
acception ,
ladirection
concourt avec lagrandeur
pour former lerapport.
C’estdonc,
comme l’onvoit,
unesimple question
de, mots,
qui
se décide par la définitionprécise qu’a
donnée M.Français ,
etqui
n’estd’ailleurs qu’une extension de
la définition ordinaire.Le second
point
de discussion estplus important.
Sans doute il n’est aucune véritéaccesaible
parl’emploi
de la notation deslignes dirigées,
àlaquelle
on nepuisse
aussiparvenir
par la marcheordinaire ;
mais yparviendra-t-on plus
ou moins facilement parune méthode que par l’autre ? la
question mérite ,
ce mesemble,
d’être
examinée. C’est
à l’influence des méthodes et des notationssur la marche
progressive
de la science que les modernes doivent leurgrande supériorité
sur lesanciens
f en faitde
connaissancesmathématiques ; ainsi , quand
il seprésente
une idée nouvelle en ce genre, onpeut
du moins examiner s’iln’y
apoint
departi
àen tirer. M. Servois est le seul
qui, depuis
lapublication
de lanouvelle
théorie ,
ait manifesté sonopinion a
cesujet
et cetteopinion
n’est pas en faveur del’emploi
deslignes dirigées
commenotation.
L’usage des formuler analitiques
luisemble plus simple
DES IMAGINAIRES.
20Ist
plus expddifif (Annales ,
tom.IV, pag. 23o ). Je réclamerai,
à
l’égard
de maméthode ,
un examenplus particulier.
J’observequ’elle
est
nouvelle ,
et que lesopérations
mentalesqu’elle exige , quoique
fort
simples , peuvent
bien demanderquelque habitude ,
pour être exécutées avec la célérité que donne lapratique
dans lesopérations
ordinaires
de l’algèbre. Quelques-uns
des théorèmes quej’ai
démon-trés me semblent l’être
plus
facilement que par la marche pure-ment
analitique.
C’estpeut-être
une illusiond’auteur ,
etje
n’in-sisterai pas
là-dessus ;
maisje solliciterai,
avecplus,
deconfiance
la
préférence,
en. faveur deslignes dirigées , pour
la démonstration du théorèmed’algèbre.
« Toutpolynôme xn+axn2013I+...
est dé-»
composable
en facteurs dupremier
ou du seconddegré
». Jecrois devoir revenir sur cette
démonstration
tant pour résoudrel’objection qu’y
a faite M.Servois ( Annales
tom.IV , pag. 231 )
que
pour
montrer , avecplus
dedétail,
comment elle découlefacilement des nouveaux
principes. L’importance
et la difficulté dece théorème
qui
a exercé lasagacité
desgéomètres
dupremier
ordre
excuseront 3je
leprésume ,
aux yeux deslecteurs , quelques répétitions
de cequi
a été dit sur ce mêmesujet.
Les démonstrations
qu’on
a données de ce théorème semblentpouvoir
êtrerangées
sous deux classes.Les unes se fondent sur certains
principes métaphysiques
relatifsaux fonctions et aux renversemens
d’équations : principes
sans doutevrais en
eux-mêmes ,
maisqui
ne sontpoint susceptibles
d’une dé-monstration
rigoureusement
dite. Ce sont desespèces d’axiomes ,
dont la vérité ne
peut
être bien sentiequ’autant qu’on possède déjà l’esprit
du calculalgébrique ;
tandis que , pour reconnaître la vérité d’unthèorème,
il suffit deposséder
lesprincipes
de cecalcul c’est-à-dire,
d’en connaître les définitions et notations. De la vient que les démonstrations de ce genre ont étéfréquemment attaquées.
Le recueil
auquel je
confie ces réflexions enoffre,
enparticulier, plusieurs exemples ;
et les discussionsqui
ont eu lieu à cesujet sont
t
/
202
T H E O R I E
un indice
que
les raisonnemensqu’elles
ont pourobjet
ne sontpab
tout à fait sans
reproches.
Dans d’autres
démonstrations ,
onattaque
de front laproposition à établir,
enfaisant
voirqu’il
existetoujours
au moins une quan-tité,
de la formea+b2013I , qui , prise
pour x, rend nul lepolynôme proposé,
ou bienqu’on peut
résoudre cepolynôme
enfacteurs réels du
premier
ou du seconddegré.
C’est la marchequ’a
suivi
Lagrange.
Cegrand géomètre
a montré que les raisonnement faits avantlui
snr ce mêmesujet,
pard’Alembert, Euler,
Fon-cenex, etc., étaient
incomplets (
Résolut. deséquat. numériq
notes IXet X
).
Les unsemployaient
desdéveloppemens
enséries,
es autresdes
équations subsidiaires ;
mais ils n’avaient pasprouvé,
cequi
étaitpourtant nécessaire,
que les coefficiens de ceséquations
et de cesseries étaient
toujours
réels.Ces géomètres
admettentimplicitement
le
principe t(
que , si unequestion
danslaquelle
ils’agit
de dé-.» terminer une inconnue
pent
être résolue de nmanières
elle doit» conduire à une
équation
dudegré
n. »Lagrange
lul-méme leregarde
commelégitime, quoiqu’il
n’en fasse pas usage dans les les démonstrations citées.()r,
nepourrait-on
pas dire encore que-ce
principe.
extrêmementprobable
sansdoute,
n’est pasdémontré,
et rentre dans la classe de ces sortes d’axiomes dont il était ques-- tion tout à l’heure. Il semble sur-tout que, comme on ne
peut
enacquérir
lapersuasion
que par unepratique
assezlongue
dans lascience
, ce n’estpas’
le lieu del’employer , quand
ils’agit
d’uneproposition qui,
dans l’ordrethéorique ,
est une despremières qui
se
présentent
à démontrer dansfanatise.
Cetteobservation ,
au reste, n’a nullement pourobjet
d’élever unechicane , qui
serait aussidéplacée qu’inutile,
sur desconceptions auxquelles
tous lesgéo-
mètres doivent le tribut (le leur estime. Elle tend seulement à faire sentir la difficulté de traiter ce
sujet
d’une manière satisfaisante.D’après
cesconsidérations
ilparaît qu’une
démonstration la foisdirecte, simple
etrigoureuse pput
encore mériter d’être offerteaux
géomètres. Je vais
doncreprendre
icicelle
de lapage 142
203 D E S I M A G I N A I B E S.
du IV.e
volume desAnnales; mais,
pour en écarter fouteespèce
de nuage ,
je l’affranchirai
de la considération desquantités
éva-nouissantes.
Il convient de
rappeler ,
en peu de mots , lespremiers principes
de la théorie des
lignes dirigées.
Ayant pris
une directionKA
pour celle desquantités positives,
la direction
opposée AK
sera, comme àl’ordinaire ,
celle des quan- titésnégatives.
Tirant par K laperpendiculaire BKD ,
une desdirections
KB ,
KD , lapremière
parexemple, appartiendra
auximaginaires +a2013I,
la seconde auximaginaires 2013a2013I.
Le traitan-dessus
des lettresindique
que laligne, désignée
est considéréecomme tirée dans sa direction. On
supprime
cetrait, quand
onne considère dans la
ligne
que sagrandeur
absolue.Prenant,
àvolonté ,
despoints F , G , H,....P, Q,
on aC’est la
règle d’addition.
Si l’on a , entre
quatre lignes, l’équation
et que, de
plus, l’angle
entreAB , CD soit égal à l’angle EF , GH ,
ces
lignes
sont dites enproportion.
De là se tire larègle
demultiplication;
car unproduit
n’est antre chosequ’un quatrième
terme de
proportion
dont lepremier
est l’unité.Il faut bien observer que ces daux
règles
sontindépendantes
del’opinion qu’on peut
avoir sur la nouvelle théorie. Si l’on veut que2013I, symbole
quel’algèbre
s’obstine à nous montrerpartout ,
et
qui, appelé quelquefois absurde,
n’ajamais
donnénéanmoins
des résultats qui
soient,tels ;
si l’on veut,dis-je ,
que cesymbole
ne soit rien du tout, sans
pouvoir
êtrepourtant égalé à zéro, cela
ne fera pas de difficulté. Les
lignes dirigées
seront lessignes
seu-204 THÉORIE
lement des nombres de la forme
a+b2013I.
Lesrègles
ci-dessusn’en
seront pas moinslégitimes ; mais ,
au lieu de lesdéduire ,
a
priori,
de considérations enpartie métaphysiques,
on tirera la.première
d’unesimple
construction. La seconde sera une consé- quence immédiate des formulesSin.(a+b)=Sin.cCos.b+
etc. ;moyennant quoi l’crnploi
de cesrègles
pourra, donner des démons- trations entièrementrigoureuses..
Les
lignes dirigées
seront donc lessymboles
des nombresa+b2013I.
Comme
cesnombres,
elles serontsusceptibles d’augmentation di- minution, multiplication division ,
etc. ; elles lessuivront ,
pour ainsidire,
dans toutes leursfonctions ;
en un mot, elles lesrepré- senteront complètement. Ainsi ,
dans cette manière devoir ,
desquantités
concrètesreprésenteront
des nombresabstraits ;
mais lesnombres abstraits ne
pourront réciproquement représenter
les quan- tités concrètes...Dans ce
qui suit ,
les accens,indifféremment placés ,
seront em" -ployés
pourindiquer
lagrapdeur
absolue desquantités qu’ils
af-fectent ; ainsi,
sia=m+n2013I, m
et r étantréels,
on devraentendre que a, ou
a’=m2+n2.
Soit donc le
polynôme proposé
n est un
nombre entier ; a , b ,...f , g peuvent
être d’e la formem+n2013I.
Ils’agit
de prouverqu’on peut toujours
trouver unequantité
de cette même formequi , prise
pour x, rende yx=o.Pour une- valeur
quelconque de x,
lepolynôme peut
être cons--truit,
par lesrègles précédentes.
Enprenant
K pourpoint
initialet nommant P le
point final ,
cepolynôme
seraexprimé
par Kp-,:et’ il faut montrer
qu’on peut
déterniner x de manière- que le-point
P coïncide avec k.Or
si ,
dans l’infinité de valeurs dont x estsusceptible
iln’y
en
avait
aucunequi donnât
lieu à cettecoïncidence,
laligne KP
ne
DES I M A G I N A I R E S. 205
ne
pourrait jamais devenir nulle ;
et y de toutes les valeurs deKP,
il,
y en aurait nécessairement unequi
seraitplus petite
que toutesles
autres. Nommons donc z la valeur de xqui donnerait ce
mi-.nimum;
on nepourrait
pas avoir ;quelle
quefût
laquantité
i.Or,
par ledéveloppement ,
on aComme
les coefficiens desdifférentes puissances
de ipeuvent
êtrenuls ,
et que ce cas demanderait des considérationsparticulières
il conviendra de traiter la
question d’une
manièregénérale ,
enreprésentant l’équation précédente
parde
manièrequ’aucun
des coefficiensR , S,....V
ne soitnul,
etque les exposans r, s,....v, n aillent en augmentant. Il fact remarquer que, si tous
les
coefficiens de(4)
étaientnuls , l’équation (B)
sereduirait
ày(z+i)=yz+in.
Faisant doncin 2013yz,
onaurait
y(z+i)=o ,
et lethéorème
serait démontré pour ce cas dont onpeut, par conséquent,
faire abstraction dans cequi
vasuivre.
Ainsi noussupposerons que le second
membre
del’équation (B) a
au moinstrois termes.
Cela
posé que
l’on construise y(z+i), enprenant
on aura
Tom. V. 27
Tom. V.
206 T H É O R I E
car il est visible
qu’en général p’q’=(pq)’.
y(z+i) sera
représenté
par laligne brisée
ou droite KPAB....FGHcru par
KH;
et il fautprouver qu’on peut
avoirKHKP.
Or,
laquantité
ipeut
varier de deuxmanières ;
I.° En
direction ;
et il estévident que ,
sielle
varied’un angle
a , sa
puissance
ir variera d’unangle ra. Soit donc 03B1 l’angle-dont
PA=Rir su KP=yz.
Si enfait varier i
del’angle , PA
va-riera
de l’angle 03C92013y, c’est-à-dire,
que la direction dePA deviendra
opposée
à celle deKP;
ensorte que le point
A se trouvera sur laligne PK, prolongée,
s’il lefaut ,
par son extrémité K.La
direction de i
étantsupposée ainsi fixée,
onpeut
en secondlieu,
la;
faire varier degrandeur ;
etd’abord
, ’siPAKP,
onpourra
diminueri, jusqu’à
ce quePAKP,
demanière
que lepoint
Atombe
entre K et P.Ensuite
si lagrandeur
dei
ainsiréduite,
n’estpas
telleque
l’on aiton peut,
en ladiminuant encore , obtenir que. cette inègalitè ait
lieu ;
car lesexposans s,...v, n sont
tousplus, grands que
r.Or,
cetteinégalité
revient àla distance
AH-.
sera doncplus petite que PA, et, par conséquent,
si l’on trace un cercle du centre A et du rayon
AP ,
lepoint
H sera atT
dedans
de cecercle il suit des premiers élémens
de
géométrie
que, K étant sur leprolongement du rayon PA
ducôté du centre
A,
ona KHKP.
DES
I M A G I N A I R E S. 207
J’inviterai
lelecteur
àtracer
unefigure, pour
suivre cettedé-
monstration. En
yappliquant
lesprincipes
fondamentauxtrès-simples, rappelés ci-dessus,
on verraqu’à l’exception
dudéveloppement (A),
qui
suppose un calculalgébrique ,
tous les autres raisonnemens sefont ,
pour ainsidire,
àvue sans
avoir besoind’aucun
effortd’at-
ten tion.
M est presque
supperflu
de s’arrêter àune objection qu’on pourrait
faire à ce
qui précède ,
en disant que , si l’onentreprenait
de dé-terminer la valeur de x, en suivant
la
marchequi
estprescrite
pour diminuer
progressivement y’x,
il seraitpossible qu’on n’y
par- vîntjamais,
parce que la valeur dei/.pourrait ,
dans lessubs-
titutions
successives ,
ne diminuer que pur desdegrés
deplus
enplus petits.
Le contraire ne se trouvepoint prouve
eneffet;
mais.il
n’en résulte autre chose sinon que les considérations
qui précèdent
ne sauraient
fournir ,
du moins sans de nouveauxdeveloppemens,
une méthode
d’approximation ;
et cela n’infirme aucunement la dé- monstration duthéorème.
L’objection
de M. Servois se résout facilement. «Ce
n’estpoint
» assez, ce me
semble,
dit ceGéomètre ,
de trouver des valeurs» de x
qui
donnent aupolynôme
des valeurs sans cesse .décrois-» santes, il faut de
plus
que la loi du décroissement amène nés»
cess.airement
lepolynôme
àzéro ,
ouqu’elle
soit telle que zéro» ne soit pas , si l’on
peut s’exprimer ainsi, l’asympote
dupoly-
» nôme. » Il a été démontré
qu’on pouvait
trouver pourylx,
nonseulement des valeurs sans cesse
décroissantes ,
mais encore unevaleur moindre que celle
qu’on prétendrait
être laplus petite
detoutes. Si le
polynôme
nepeut
être amené àzéro ,
saplus petite
valeur sera donc autre que
zéro,
et, dans cettesupposition
la dé-monstration conserve toute sa force. La dernière
phrase
de M. Servoissemblerait
indiquer qu’il
fait une distinction entre une limite infinimentpetite
et une limite absolumentnulle;
sitelle
était sonidée,
onpourrait
y
opposer
des considérations tout à fait semblables à celles que M. Ger-gonne
a fait valoir dans une occasion assezanalogue
àcelle-ci ;
cette208 T H E O R I E
réponse s’appliquant ,
presque mot à mot, au casprésent,
mutatis mu-tadis,
il suffitd’y
renvoyer lelecteur (Annales ,
tom.III ,
pag. 355).
le
scrupule
de M. Servois tire sans doute sa source de la considération del’équation
àl’hyperbole y=1 x.
Il est certain en effet que, bienqu’on puisse ,
dans cetteéquation
trouver pour y une valeur in- férieure à toute limitedonnée , y
nepeut
néanmoins devenirzéro,
qu’autant qu’on
supposera x infini. Mais cette circonstance n’apoint
lieu dans notre
démonstration ;
car, ce n’est certainement pas parune valeur infinie de x
qu’on
rendra nul lepolynôme y’x.
Revenons au
sujet qui
a donné lieu auxdéveloppemens ci-dessus;
on pourra demander s’il serait
possible
de les traduire dans le lan- gage ordinaire de l’analise ? Cela meparait très-probable ;
maispeut-
être serait-il difficile
d’obtenir , par
cettevoie ,
un résultat aussisimple.
Il semble que , pour yparvenir ,
il faudraitrapprocher l’expression
desimaginaires
de la notation deslignes dirigées,
enécrivant, par exemple
a2+b2 pourrait
être.appelé
le module dea+b2013I,
etrepré-
senterait la
grandeur
absolue de laligne a=b2013I,
tandis queFautre facteur ,
dont le module estl’unité,
enreprésenterait
ladirection. On
prouverait
seulement I.° que le module de la somme deplusieurs quantitès n’est pas plus grand
que la somme des mo- dulesde,
cesquantités ;
cequi
revient à dire que laligne
AF n’estpas
plus grande
que la somme deslignes AB, BC, ... - EF ;
2.° que le module duproduit
deplusieurs quantités
estégal
auproduit
des modules de ces
quantités.
Je dois laisser le soin de suivre cerapprochement
à des calculateursplus
habiles. Si l’on y réussit de manière à obtenir une démonstrationpurement analitique,
aussisimple
que celle
qui
découle des nouveauxprincipes,
on auragagné quelque
chose dans
l’analise,
enparvenant ainsi ,
par une routefacile, à
THÉORIE DES IMAGINAIRES
209an résultat dont les difficultés n’ont pas été au-dessous des forces de
Lagrange
lui-même.Si,
aucontraire ,
l’onn’y
réussit pas , la notation deslignes dirigées
conservera , dans cecas-ci ,
unavantage
évident sur la méthodeordinaire ;
et , de toutesmanières ,
la nou-velle théorie aura rendu un
petit
service à la science.Qu’il
me soitpermis,
en terminant cesréflexions y
deplacer
Iciune remarque au
sujet
de la note de M.Lacroix ,
insérée aux Annales(tom. IV,
pag.367 ).
Ce savantprofesseur
dit que les Transactionsphilosophiques
deI806,
contiennent un mémoire deM.
Buée dont lesujet
est le même que celui surlequel
M.Français
et moiavons écrit.
Or ,
c’est dans cette même année I806 quej’ai
fait
paraître
l’Essai sur une manière dereprésenter
les quan- litésimaginaires
dans lesconstructions géométriques :
opus-cule
oùj’ai exposé
lesprincipes
de la nouvellethéorie
et dont-le mémoire inséré dans le
4.me
volume desAnnales (
pag.I33)
n’est
qu’un extrait ;
et l’onsait ,
d’autrepart ,
que les volumes des collectionsacadémiques
nepeuvent paraître
quepostérieurement
à l’année dont ils
portent
la date. En’ voilà donc assez pour établir que ,si ,
comme cela est fortpossible ,
M. Buée n’a dûqu’à
sespropres
méditations les idéesqu’il
adéveloppées
dans sonmémoire ,
il demeure