Série Mathématiques
M. P OURCHALTCHI
D. R EVUZ
Sur le schéma de remplissage pour les processus récurrents
Annales scientifiques de l’Université de Clermont-Ferrand 2, tome 71, sérieMathéma- tiques, no20 (1982), p. 119-130
<http://www.numdam.org/item?id=ASCFM_1982__71_20_119_0>
© Université de Clermont-Ferrand 2, 1982, tous droits réservés.
L’accès aux archives de la revue « Annales scientifiques de l’Université de Clermont- Ferrand 2 » implique l’accord avec les conditions générales d’utilisation (http://www.
numdam.org/conditions). Toute utilisation commerciale ou impression systématique est constitutive d’une infraction pénale. Toute copie ou impression de ce fichier doit contenir la présente mention de copyright.
Article numérisé dans le cadre du programme Numérisation de documents anciens mathématiques
http://www.numdam.org/
SUR LE SCHEMA DE REMPLISSAGE POUR LES PROCESSUS RECURRENTS M. POURCHALTCHI et D. REVUZ
Université PARIS VII
Cet article est la suite de l’article
[6]
danslequel
onétudiait à
quelle
condition il existait des solutions a-finiespositives
à
l’équation
de Poissonn = nP +03BB u
où P est une
probabilité
de transition de Harris et(~,p)
unepaire
deprobabilités
ou de mesurespositives,
bornées de même masse, Laréponse
à cettequestion, qui généralisait
un résultat antérieur deBaxter et Chacon
([2])
est fournie par le schéma deremplissage.
Lorsqu’il
existe de tellessolutions,
il en existe unequi
est minimaleet
qui
est fournieexplicitement
par le schéma deremplissage.
Le butdu
présent
article est de voir si cetteréponse
tienttoujours
dans lecas des processus récurrents au sens de Harris. Plus
précisément,
si(Pt)
est lesemi-groupe
d’un tel processus et(Ua)
sarésolvante,
oncherche
à quelles
conditions il existe une solution (y-finiepositive
àl’équation
et si cette solution peut encore
s’exprimer grâce
au schéma deremplissage,
dont on saitqu’il
estplus difficile
à définir dans lecas du temps continu
([8],
Cet article comporte trois
paragraphes.
Dans lepremier
nousreprenons le cas des chaines de Harris de
façon
à énoncer les résultats dont nous aurons besoin dans la suite et àcorriger
uneimperfection
de[6].
Dans le secondparagraphe
nous traduisons ces résultats dans le casdes résolvantes récurrents au sens de Harris
(clf, [3]).
Dans letroisième
paragraphe
nous étudions le cas dessemi-groupes.
1, RETOUR SUR LE CAS DES CHAINES DE HARRIS
On suppose ici
qu’on
a uneprobabilité
de transition P de Harrissur un espace
(E, ~ )
de typedénombrable ;
on note m sa mesureinvariante. Soit À et p deux
probabilités sur & ;
on définit les deuxsuites
(X ), (un)
du schéma deremplissage
par leprocédé
de recurrencen n
suivant
On renvoie à
Fol
et à sabibliographie
ainsiqu’à [7]
pour les termeset les notations non définies ici. On montre facilement que
~=~P+ (À - ~) + ~..
On dit que p est une
balayée
deX,
cequ’on
sip_
= 0.Si ~
esta-finie,
c’est une solution del’équation
étudiée et nousallons caractériser cette situation.
Nous
rappelons
que dans[6]
on a associé à toute fonctionspéciale
ftelle que
m(f)
=1,
unopérateur r
tel queL’ensemble de ces fonctions f est noté
lJL.
Proposition
1.1 Ou est a-finie ou bien = 00 dès quem(A)
> 0.Si p
n’est pas unebalayée
de X on se trouveobligatoire-
ment dans le second cas. Dans le
premier
cas on apour tout
f ~ l/Î
Démonstration : Nous allons montrer que n’est pas une
balayée
deÀ,
lamesure ~
n’est paso-finie.
Dans ce cas on a en effet~~ ;
0et si l’on pose
on a y’ (E)
1.D’après
cequ’on
a ditplus
haut on ace
qui
permet d’écrireet en itérant ce
procédé
on obtientSoit A un ensemble
spécial
tel quem(A)
>0 ;
on aet
d’après
le théoreme limitequotient (p.
210 de[7])
le membre de droite tend versl’infini,
cequi
démontre la deuxièmephrase
del’énoncé.
Il suffit donc de démontrer la
première lorsque 03BB -u
donclorsque
lim
1 lÀ Il =
lim 0. Ord’après
les définitions donnéesplus
n
n
n n
n n
haut on a
et si on
multiplie
cette identité â droite parrf
on obtientToutes les mesures
impliquées
ici étant on peut réécrire cecioù g est une fonction
spéciale
arbitraire.Lorsqu’on
passe à la limite sur n, les deux derniers termes tendent vers 0 et l’on trouvé doncDonc ou bien et alors dès que
m(g)
>0,
ou bien~(f)
00et ~
est a-finie. Dans ce cas on a clairementl’égalité
dela dernière
phrase
de l’énoncé.Remarque
On adéja remarqué
dans[6] que ~
peut ne pas être (y-finie bienque 03BB
- u p.Avant de réénoncer le résultat
principal
de[6]
dont la démons-tration était entachée d’une erreur,
rappelons
que l’on adémontré
dans
[6] que À
2013~ p si et seulement si la mesureA
=((À -
est absolument continue par rapport à m et on a
posé
dans ce casof = dAf dmf. dm * Nous aurons aussi besoin du lemme 5 de [6]
dont on voit
facilement
qu’il
peut être énoncéLemme 1.2 : Si n est une mesure a-finie
positive
telle quen = NP+03BB-u lors E n.
Théorème 1. 3
( théorème
6 de[6]). L’ équation
n =a une solution 0-finie
positive
si, et seulementsi
--· 1~ etpour une
(donc
pourtoute)
fonction f Dans cecas E
est la solutionpositive minimale,
et la mesure1 ~ -
+Pi 1
estspéciale
et pour tout f de1t
on aDémonstration : Si il existe une solution o-finie
positive
rl, alorsd’après
le lemme 1. 2 lamesure ~
est (y-finie et doncd’après
laproposition J.1 on a 03BB - u et
~ = ~(f) m + (~ -
Le fait
que ~
soitpositive
entraine alors immédiatement que~f
estbornée et le fait
que E
soit minimale(lemme 1.2)
queE(f)
=loo.
.Le reste de la démonstration est facile.
2. RESOLVANTES DE HARRIS
Dans
ce paragraphe
nous considérons une résolvanteCUa)a >
0récurrente au sens de Harris. Nous renvoyons à
[3]
pour lespropriétés
élémentaires relatives à cette notion.
Rappelons qu’il
existe unnoyau W propre tel que
où h est une fonction
spéciale
telle que 1X
m. Si on poseP = aU ,
on a donca
On posera
ra
= I + aW, et pour ~, On aLe noyau
Taf
f estsimplement
le noyaurf
f du § 1 relatif à laprobabilité
de transition
Pa.
La relation ci-dessus peut encore
s’écrire,
en utilisant les formulesOn
obtient
finalementoù
k(a)
est une constante nedépendant
que de h et de a,On posera
Wf =
W - Wf~ m ;
la formule(2.2) s’écrivant
alorsDéfinition 2.J Si À et p sont deux
probabilités,
onécrira p
Àsi
p(f)
pour toute fonction f bornée et excessive parrapport
à(U a ).
On
rappelle qu’on
note avecl’exposant
1 lesparties singulières
desmesures et des noyaux par rapport à m.
Proposition 2.J.
Etant données deuxprobabilités X
et p, les troispropositions
suivantes sontéquivalentes i)
PÀ ;
ii) (À -
0 pour toute fonction gpositive négligeable ; iii) ((À -
« m.Démonstration :
i)
===$>ii).
Il suffit de montrer queWg - W 1g
estexcessive pour g bornée
positive
etnégligeable.
Mais les relations(2.J)
nous donnent dans ce casd’où il résulte immédiatement que aU
Wg
et que lim aUa Wg
=Wg
a
oo
aii)
======~iii).
On aW 1 = W1, donc ((~ - p)W-)
est nulle sur toutes
les fonctions
négligeables
etpositives.
iii)
2013=~i).
Soit f une fonction excessive et bornée. Il est facile de voir comme dans[6]
que pourchaque
a il existe une constanteca
telle
que f - c
+(1
+aWg )
où g a= f -
paf
estnégligeable.
On aa a (X
donc m f -
g a =c a + aWg a
et par suiteLorsque
a tend vera 00, croit vers f et on obtient donc~(f) > p(f).
Notation :
Quand
les conditionséquivalentes
de laproposition
2.Jsont
vérifiées,
on noteraL~
la dérivée de RadonNikodym
de«À - p)W-)
par rapport à m.Théorème 2.2 Il existe une mesure a-finie
positive
n telle quepour tout a > 0 si et seulement
si v
X et~(n~)
pour une(donc
pour
toute)
f onction f de~.
· Il existe alors une solutionpositive
minimale
égale
à(À - v)V
+1 ILfl
·Démonstration : Pour un a
donné, l’équation
ci-dessus s’écritet s’il existe une
solution,
on peutappliquer
le résultat du §1 à laprobabilité
de transitionpeut
aux mesures de même masse et bornées~Ua
etpU , a
pour obtenir que~Ua
cequi équivaut
àD’après
la formule(2.2)
ceciéquivaut
encorea a f
à
((03BB- u)Wf) - p)v )
« m etd’après
laproposition précédente à p
X,Les résultats du §1 entrainent aussi de la même
façon
queLf
estbornée et le reste de la démonstration est alors clair.
Si on a affaire à un
semi-groupe
le résultat ci-dessus peut évidemments’appliquer
à sarésolvante,
mais on peut se demander sion peut caractériser la solution minimale en terme de schéma de
remplissage
comme dans le cas des chaines. C’est ce que nous allons faire dans leparagraphe
suivant.3. SEliI-GROUPE RECURRENT AU SENS DE HARRIS
Dans cette section on considère un
semi-groupe (Pt) t
> p dont la réalisationcanonique
est récurrente au sens de Harris(cf. [1J).
Sa résolvante est donc aussi récurrente au sens de Harris, On note comme
précédemment
m sa mesure invariante.Il nous faut d’abord
rappeler
comment Rost( ~8~ )
construit leschéma de
remplissage
dans ce cadre(cf.
aussi~51).
On poseraU t fo t
P ds. Deuxprobabilités
03BB et p étantdonnées,
on construito s
trois familles
(03BBt) (ut)’ (Et)
avec despropriétés analogues
à cellesdes familles
(03BBn)’ (pn), (En)
du temps discret par un passage dun n n
discret au continu.
Soit
(Ek)
n la suite obtenue par le schéma deremplissage
discretbasé sur
03BBk
=" uU-2 k
et laprobabilité
de transitionP 2 -k
.2 2 2
Si t est nombre
diadique,
on posela limite ayant un sens même si les
premiers
termes ne sont pas définis.Alors E
t croit avec t et l’onpose ~
=lim E
ett ---0’ m t
(~ t+ s -
udiàdiques.
Ondéfinit Et
pour tout t par continuité.On définit
ensuite
àpartir de E
defaçon
quei) Àt
soit vaguement continue à droite en t ;Il existe alors un temps
d’arrêt
randomisé T tel queOn défini.t finalement
pt
parLe lemme
1,
page 9 de[81
dit alors ques i ~
est a-finie on asoit encore, comme
lim
pRappelons
encore le résultat suivant de Rost.Proposition
3.1Si ~
est pour toute f onction f excessive etbornéee
où g est excessive bornée.
Proposition
3.2 Les trois conditions suivantes sontéquivalentes i)
il existe un temps d’arrêt randomisé T tel que p =À9 ;
ii) uoo = O;
iii) À(f) %
pour toute fonction f fortement surmédiane.Lorsque
ces conditions sont vraies on dira que p est unebalayée
de Àet on écrira À ---~ p, comme les fonctions excessives sont fortement sur médianes on voit
qu’on
peutavoir p
03BB sans avoir dans lecas
général,
mais on a laProposition
3.3 est a-finie lesconditions y
À et À ~ ~ sontéquivalentes
Démonstration :
D’après
laproposition
3.1 on a~ ,
°~ 1> = sup ~ -À,g>
g excessive
si p
À le second membre estO
et par suite =0,
donc 7~ ~ p.L’implication
inverse est triviale.Noua allons maintenant essayer d’étendre les résultats du
paragraphe J.
3.4 est solution a-finie
positives
dealors
Démonstration :
D’après
les résultats du §2 on sait que ~1 est de la f ormer~ ~ ~)W +k m
pour une constante k ? 0. On a donc
va servir dans les calculs suivants, Grâce aux formules
(2.1)
on acomme
WU
estmajoré
par U et que l’on peut s’assurer que ce noyaut t
laisse invariant l’ensemble des f onctions
spéciales
on peut passer à la limite et obtenirce
qui
termine la démonstration.Lemme 3,5,
.
(À -
alors t~ >,~.
Démonstration :
D’après
laproposition précédente,
on sait queDonc
d’après 161
on est la mesure du schéma discretbasé sur XU
-k, P2-k. Or Rost a montré dans
181
que222
On a donc bien k
Nous pouvons maintenant passer à notre résultat final.
Théorème 3.6 Il existe une solution o-finie
positive
n àl’équation
Il
= anu a +
si et seulement si À 2013~ P et pour une
(donc
pourtoute)
fonction f deV.
Dans ce cas la solution o-finiepositive
minimaleest la
mesure E
du schéma deremplissage
et l’on a = et~
S’il existe une
solution
a-finiepositive il
alorsp,~ ~ d’après
le lemme 3.5donc ~
est à-finie etd’après
le §2 on adonc p ~1 .
D’après
laproposition
3.3 on a doncaussi À-p
on adon~ 1.100 .
0et ~
est bien solution del’équation proposée
etd’après
le lemme 3.5 c’est la solution minimale. Le reste de la
proposition
découle immédiatement de ce que l’on sait dans le cas des résolvantes.
Comme corollaire de ce résultat on peut
généraliser
le résultatde Baxter et Chacon
[2].
Corollaire 3.7 Si T est un temps d’arrêt du schéma de
remplissage
et si la résolvante de
Pt
est constituéed’opérateurs quasi-compactes,
T est
P~ -intégrable
si et seulement siL~
est bornéeet dans ce
Cas E03BB(T) = llL1lloo
Démonstration : Dans ce cas la fonction J
appartient
à,
d’autrepart
d’après
la théorie de Rostrappelé plus
hautE~(T) _ ~(E) - ~( 1).
Le corollaire découle donc immédiatement du théorème ci-dessus.
BIBLIOGRAPHIE
[1]
J.Azema,
M. Duflo et D. Revuz,Propriétés
relatives desprocessus de Markov récurrents. Zeit. Wahr. 13
(1969)
pp. 286-314.
[2]
J. Baxter and R.Chacon, Stopping
times for recurrent Markovprocesses. I11. J. of Math. 20
(1976)
pp. 467-475.[3] M. Brancovan,
Quelques propriétés
des résolvantes récurrentesau sens de Harris. Ann. Inst. Henri Poincaré 9
(1973)
pp. 1-18.[4] M. Brancovan, Fonctionnelles additive
spéciales
des processus récurrents au sens de Harris. Zeit. Wahr. 47(1969)
pp. 163-194.[5]
P. A.Meyer,
Le schéma deremplissage
en temps continu.Séminaire de Probabilités VI. Lecture Notes 258
(1972).
[6]
D.Revuz,
Remarks on thefilling
scheme for recurrent Markovchains. Duke Math. J. 45
(1978)
pp. 681-689.[7]
D.Revuz,
Markov chains.North-Holland,
Amsterdam 1975.[8] H.
Rost, Stopping
distributions of a Markov process.Inventiones Mathematice 14