Y OUSSEF H AOUAT
Anneaux de polynômes à valeurs entières sur un anneau de valuation ou de Seidenberg
Annales scientifiques de l’Université de Clermont-Ferrand 2, tome 89, série Mathéma- tiques, n
o23 (1986), p. 91-98
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ANNEAUX DE POLYNOMES A VALEURS ENTIERES SUR UN ANNEAU DE VALUATION OU DE SEIDENBERG
Youssef HAOUAT
Soit A un anneau
intègre
de corps des fractions K. On s’intéresse à l’anneau despolynômes
à valeurs entières
(polynômes
de K[X]tels
quef(A) C A)
et aux sous-anneaux formés soit despolynômes
dont les npremières
dérivées sont à valeursentières,
soit despolynômes
dontles n
premières
différences finies divisées sont à valeurs entières.Le
spectre
de l’anneau despolynômes
à valeurs entières sur un anneau noethériena été étudié dans
[7 ],
celui de l’anneau dont les npremières
dérivées sont à valeursentières sur un anneau noethérien
intégralement
clos a été étudié dans[ 4 ]
,l’hypothèse
de clôture
intégrale
a pu êtreremplacée
par(S2)
dans[ 8] .
Pour tous ces anneaux, onmontre d’abord ici que la
propriété noethérienne,utile
pour se ramener au caslocal, peut
êtreremplacée,
pour le mêmeeffet,
par deux conditions : l’une de finitude(s’inspirant
de[
1] ),
l’autre similaire à la clôture
intégrale
maisplus faible ;
et on se ramène ainsi au cas où A est local de corps résiduel fini.On détermine alors le
spectre,
dans le cas des anneaux depolynômes
dont les npremières
différences finies divisées sont à valeurs entières[ 2 ] sur
certains anneaux,notamment les anneaux de
Seidenberg [10] ,
en considérant comme dans le cas où A est un anneau de valuationdiscrète,
l’anneau 6(A, A)
des fonctions continues deÂ
dans A.Pour f dans
K[X]
ethl
dansA~ (où A~ désigne
l’ensemble des éléments de A distincts de0),
on pose :
Puis,
parrécurrence,
on définit les différences finies divisées :On note
AS(n) (resp. AB(n))
l’anneau despolynômes
dont les npremières
dérivées(resp.
les npremières
différences f iniesdivisées)
sont à valeurs entières eton
désigne
parA~
l’un des anneaux1 - LOCALISATION :
On a
toujours
pour toutepartie multiplicative
T deA, d’après [ 4 ] , [ 5] ,
et[
81
La condition noethérienne n’intervient
quepour
l’inclusion inverse. Onpeut
laremplacer
par les deux conditions suivantes :
(Pi)
Condition de finitude : Pour toutepartie multiplicative
Tcomplémentaire
d’un idéalpremier
non nul deA,
le A-moduleT-IA
est tel que pour tout M sous,A-module deT’lA,
il existe un sous-A-module de
T-lA
detype
finiBM
et un entier kpositif
tel que tout m deM,
on a
mk
dansB .
(P )
Conditionproche d’intégralement
clos : Si a E K est tel queak
E Apour k OE N - { 0 } ,
alors a E A.On a ; -.
Proposition :
Soit A un anneauintègre
vérifiant(Pl)
et(p2),
pour toutepartie multiplicative
Tcomplèmentaire
d’un idéalpremier
deA,
on a :pémonstration : -.
L’égalité
est vraie si T est lecomplémentaire
de l’idéal( 0 j
deA ; sinon,
il suffit de prouver que(T"IA)*
C f dans(T-lA)B(n)
(resp. ;considérons
le A.module Mengendré
par les valeursprises
par f sur A et par les valeursprises
par les npremières
différences finies divisées sur A(resp.
par lesvaleurs
prises
par les npremières
dérivées surA).
Comme M est un sous-A-module de,(’-1
1 A,d’après
lapropriété
il existe un sous-A-module13M
detype
fini et un entierpositif
k tels que pour tout m deM, mk
est dansBM.
Comme1B1
est detype fini,
il estengendré
parOn pose t =
s,
...s p
; alors pour tout m deM,
tmk
est dansA,
donctk rnk
est dansA,
et
d’après
lapropriété (P2), tm
est dans A ainsi que ses npremières
différences finies divisées(resp.
ses npremières dérivées).
Parsuite,
f est dansT-I AB n (resp. ,,-1 AS(n»’
La démonstration est
analogue
pour et ceci montrel’égalité
entre
T"A*
et(T-IA)*.
II - SPECTRE :
Sous les conditions énoncées
plus haut,
onpeut
localiser et étudier lespectre
fibre par fibre : la fibre au-dessus d’un idéalpremier
P de A de corps résiduel infini est alors celle deAp [X] [ 5 ] .
Elle est donc bien connue. L’étude de la fibre au-dessus d’un idéalpremier
P deA,
de corps résiduelfini,
nouspermet
de nous ramener au cas où A est locald’idéal
maximall1l ,
de corps résiduel fini. On suppose alors en outre que A vérifie lapropriété (P3)
suivante :On
peut
alors déterminer lespectre
deAB(n)
et deA13(. )-
()n a le théorème :Théorème
1 (*) :
Pour n > 0la fibre de AB(n),
au-dessus dem
est enbijection
. On
décompose
la démonstration en trois lemmes,Lemme 1 : Soit g dans
A B(n)
etx 0
non nul dans111 ;
on suppose queg(x)
à pour tout x de A. Il existe alors s =
k(n + 1 )
tel que :Démonstration :
[ 8 ].
deuxièmepartie,
lemme 8.Lemme 2 : Les idéaux
premiers
deAB(n)
au-dessus detn
sont rnaxirnaux et de corps résiduelA/,,,
*Démonstration : [ 8] ,
Deuxièmepartie,proposition
9.,, .,
Lemme 3 : Pour tout n >
0, s’injecte dans p, (A, A) (ou
A est lecomplote
(1(- Apour la
topologie llL...adique).
A
Démonstration : Montrons que pour tout a dans
A, f(a)
est dans A. Il existe une suite de A tendant vers a. Pourp et
m assezgrands, puisque
f est dansCe
qui
montre que la suite(f(ap)) P > p>0
0 est aussi deCauchy,
doncest dans A.
(~c ~
Je remercie le référé d’avoirsignalé
une omission dans unepremière
version.Soit d non nul dans A tel que d
f(x)
est dans A[ X]
Alors; par passage à la limite
al.
Cequi
contre que limf(a )
nedépend
pas de lasuite choisie tendant vers a. On pose
f(a)
~,Ainsi,
si f est dansAB(n),
on af(Â)
C A. Montrons maintenant que fest dans ’e(1B,1B) ;
A A
Q ..
soient x et y dans A tels que x - y est dans .11 existe
xk1
1(resp. yk )
2 tel que x - xk1P
soit dans ainsi que
(resp. f(y) - f(yk2»-
2
,
1 2
En
effet,
si(x p )p ->- 0(resp. (y ) p>o p>o )
est une suite de A tendant vers x(resp. y),
dans
ml
pour pet k1
assezgrands,
oùzkl,
p(resp.
est un élément de A.En faisant tendre p vers +00, on a le résultat. Ainsi
Yk2
est dans1ÏL
et ilen est de même pour " =
a(xk. ’yko) (où a E A).
Par
suite, f(x) . f(y)
est dans’ni
A£ 1 d’où la continuité de f.Démonstration du
théorème :
Commes’injecte
dansÂ),
alors les idéauxpremiers
deAB(n)
0 se relèventGD A/11t
=~(A.A~~ ) [4] ;
par
ailleurs,
les idéauxpremiers
dece (Â, A/m )
sont enbijection
avec lespoints de ~
[3 chapitre II §
IVexercices 1
il en résulte que les idéauxpremiers
deau-dessus
De plus,
si moduloIlt
alorsMa = Mb [8j.
Théorème 2 : La fibre de
AB( (0)
au-dessus de1n
est enbijection
aveuA/ 111
.III - EXEMPLES :
1er
exemple :
Cas d’un anneau de valuationA,
d’idéal maximall’Il
non nécessairement noethérien. Etudions lespectre
deAB~n).
- Les idéaux
premiers
deAB~n)
au-dessus d’un idéalpremier
P de A non maximal sr~retrouvent dans
Ap [X]
car P est de corps résiduel infini( 51 1
- Considérons les idéaux
premiers
deAB(n)
au-dessus de 111A) A/"B’Bl
est infini : alorsAB n> = A[X] l [5] 1
B) AI
est fini.1)
S’iln’y
a pas d’idéauxpremiers juste
sous ’1t : alors)11
P premier D’après [ 5] AB(n) ’ A [ X] .
2)
S’il existeP premier juste sous 111 .
AlorsCar si x est dans
111
et pasdans P,
l’idéal~’1,
est unpremier
minimal contenantAnnA(1x)
xa)
Si111
nonprincipal,
alors’111 fi Ass(K/A)
etd’après [
51 A A 1
X1
b)
SiW
estprincipal,
alors il vérifie(P3)
etd’après
les résultatsprécédents
la fibre des idéaux
premiers
deAB(n)
au-dessusde 111
est de dimension 1.2e
exemple :
Soient B un anneauintègre
de corps des fractionsK,
K’ uneextension
transcendante pure non triviale de
K,
V un anneau de valuation discrète v d’idéalmaximal 111
tel queV/1.
= K’ et de corps des fractions 1 .On
appellera
anneau deSeidenberg
l’anneau A :où X est la classe de x dans K’. Il est clair que K est le corps des fractions de
A,
’ que A est local d’idéal maximal111
et n’est pas noethérien. Si t est une uniformisante de v, P un idéalpremier
non nul de A et n > 0 lepremier
entier tel que tn El’,
on a :Si B est de
type (n,m),
alors A est detype (n+1,
m+2) [ 10] .
L’anneau A vérifieles
propriétés (Pl)
et(P3).
Parailleurs,
on a leséquivalences
,
A est
intégralement
clos C=) B estintégralemerlt
rlusA vérifie
(P2)
( ) B vérifie(P2)
°
On a donc
l’exemple
d’anneau Aqui
vérifie(P2)
et n’est pasintégralement
clos dès que Il vérifie(P2)
et n’est pasintégralement
clos. Il suffit deprendre
parexemple :
Comme
A/m =
Z les idéauxpremiers
deAB(n)
au-dessus d’un idéalpremier
de Ase retrouvent dans
Ap [ X].
, ,
Résumé :
Si A est un anneau
intègre
vérifiant des conditionsplus
faibles quenoethérien, intégralement
clos,
on montre que pour l’étude duspectre
d’anneaux depolynômes
à valeurs entièresdans
A,
onpeut
se ramener au cas local. On détermine alors lespectre
des anneauxdue polynômes
à valeurs entières surA,
dans le cas où A est un anneau deSeidenberg
ouun anneau de valuation.
[1] J.
ARNOLD - Krull dimension in power seriesrings,
Transactions of the American.Mathematical society. vol. 177
March 1973.[2 ]
D. BARSKY - Bull. Soc. Math France 101(1973)
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N. BOURBAKI -Algèbre
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[4] P.J.
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CAHEN etJ.-L.
CHABERT - Coefficients et valeurs d’unpolynôme
Bull. Sci.Math. 95
(1971)
pp. 295-304.[ 6] P.-J. CAHEN -
Anneaux presqueintégralement
clos(A paraitre).
[7] J. L.
CHABERT - Les idéauxpremiers
de l’anneau despolynômes
à valeurs entières.Journal
für die reine undandge wandte
Mathematik(1977)
pp. 275-283.[8]
Y. HAOUAT et F. GRAZZINI -Polynômes
deBarsky -
Ann. Sci. Univ. Clermont IISoc. Math. Fasc.
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A. SEIDENBERG : A note on the dimensiontheory
ofrings. Pacific J.
Math 3(1953)
505-512.[10] A.
SEIDENBERG - On the dimensiontheory
ofrings
II. PacificJ.
Math 4(1954)
603-614.Youssef
FIAOUAT
Département
deMathématiques
Faculté des Sciences de Tunis