Geste chirurgical
Fiche
Sous la responsabilité de son auteurFi che
Nymphoplastie de réduction par résection longitudinale
Labiaplasty by longitudinal edge resection
S. Berville (Service de dermatologie, Pavillon Tarnier, hôpital Cochin, AP-HP, Paris)
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epuis quelques années, la demande de chirurgie cosmétique de la vulve est en constante augmentation. L’intervention phare est la nymphoplastie de réduction (labiaplasty) qui permet de réduire la taille des petites lèvres afi n qu’elles ne dépassent pas de la fente vulvaire. La technique à privilégier est la technique par résection longitudinale qui est la plus sûre et la plus reproductible.L’aspect des petites lèvres évolue selon l’âge. Elles sont très petites et contenues dans la fente vulvaire chez la petite fi lle. À la puberté, elles grandissent, parfois de façon asymétrique, et peuvent se pigmenter sur leur bord libre. Elles dépassent fréquemment de la fente vulvaire (chez 30 à 50 % des femmes), ce qui se voit davantage en cas d’épilation des grandes lèvres. Cet aspect est physiologique, les cas d’hypertrophie réelle des petites lèvres sont exceptionnels.
La nymphoplastie est habituellement demandée pour des raisons psycho- logiques (impression de manque de conformité, d’anormalité, de “petit pénis”) ou fonctionnelles (inconfort dans les sous-vêtements, pour le vélo ou l’équitation, invagination des petites lèvres lors de la sexualité) [fi gures 1 et 2]. Chez les adolescentes, il est conseillé d’attendre la majo- rité légale (1) pour pratiquer l’intervention. Il convient d’éviter absolument d’opérer les dysmorphophobes dont on ne comprend pas la demande et qui seront obligatoirement déçues par le résultat (2) .
Plusieurs techniques chirurgicales de nymphoplastie sont décrites (3, 4) : longitudinale, en V ou en Z par lambeaux, avec plicature ou désépithéliali- sation. La technique longitudinale est la plus simple, la plus sûre et la plus reproductible. C’est la technique habituellement recommandée par les sociétés savantes de chirurgie. Elle est parfois associée à un geste sur le capuchon clitoridien ou sur un autre excédent cutané vulvaire si nécessaire.
Elle est uni- ou bilatérale selon l’anatomie et la demande de la patiente.
Le schéma de l’incision est précisé avec la patiente lors de la visite préopé- ratoire, et conservé par des photographies (intérêt médicolégal). Il est précisé en position allongée puis debout (fi gures 3-5).
L’incision vise à obtenir des petites lèvres contenues dans la fente vulvaire, dont le bord libre, pigmenté, est habituellement enlevé (petites lèvres roses). Elle doit se situer à une distance d’au moins 15 mm de l’entrée du vagin pour éviter toute dyspareunie cicatricielle (fi gure 6) .
Images en Dermatologie • Vol. X - n° 4 • juillet-août 2017 151 Schéma de l’incision.
Dessinez votre vulve : “en position debout, ça pend comme un petit pénis”.
Aspect préopératoire en position allongée.
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Geste chirurgical
Sous la responsabilité de son auteur
Fiche
L’intervention est simple et rapide (de 30 à 45 minutes). Elle est le plus souvent faite sous anesthésie générale, en ambulatoire. Elle est parfois possible sous anesthésie locale, selon les habitudes du chirurgien et le souhait de la patiente. Une anesthésie locorégionale du nerf pudendal, en complément de l’anesthésie générale, est appréciée pour le confort post- opératoire. La suture est directe, en un seul plan, par un surjet intrader- mique de fi l à résorption rapide (Vicryl™ rapide 5/0 par exemple) [fi gure 6].
Une antibioprophylaxie n’est pas justifi ée.
Les suites opératoires sont habituellement simples et peu douloureuses. La reprise d’une activité professionnelle est possible dans les 48 heures. Les soins postopératoires se résument à “bien laver, bien sécher”, et des antal- giques ou des AINS en cas de douleurs ou d’œdèmes importants. Le sport, les bains et les rapports sexuels sont à éviter pendant 15 jours à 1 mois.
On ne met pas de pansement ; une protection périodique pourra protéger les sous-vêtements des suintements ou des saignements éventuels.
Les complications possibles sont l’œdème, les hématomes et les désu- nions partielles de cicatrice. Ils ne justifi ent pas de soins particuliers mais peuvent retarder la cicatrisation de quelques jours. Les infections sont exceptionnelles. La visite postopératoire est programmée 2 à 3 semaines après l’intervention. L’aspect défi nitif est apprécié au bout de 2 mois (régression complète de l’œdème postopératoire) [fi gures 7 et 8].
En France, l’intervention est prise en charge par la Sécurité sociale sans limitation sous le code JMMA005 (57,44 euros). Dans tous les autres pays, elle est considérée comme de la chirurgie esthétique. La satisfaction est très élevée après ce type de chirurgie, une amélioration de l’estime de soi et de la satisfaction sexuelle est habituelle (5, 6) . II S. Berville déclare ne pas avoir de liens d’intérêts.
Références bibliographiques
1. Runacres SA, Wood PL. Cosmetic labiaplasty in an adolescent population. J Pediatr Adolesc Gynecol 2016;29(3):218-22.
2. Jakubietz M, Jakubietz RJ, Kloss DF, Gruenert JJ.
Body dysmorphic disorder: diagnosis and approach. Plast Reconstr Surg 2007;119(6):1924-30.
3. Oranges CM, Sisti A, Sisti G. Labia minora reduction techniques: a comprehensive literature review. Aesthet Surg J 2015;35(4):419-31.
4. Lista F, Mistry BD, Singh Y, Ahmad J. The safety of aesthetic labiaplasty: a plastic surgery experience. Aesthet Surg 2015;35(6):689-95.
5. Veale D, Naismith I, Eshkevari E et al. Psychosexual outcome after labiaplasty: a prospective case-comparison study. Int Urogynecol J 2014;25(6):831-9.
6. Sharp G, Tiggemann M, Mattiske J. A retrospective study of the psychological outcomes of labiaplasty. Aesthet Surg J 2017;37(3):324-31.
Préopératoire, en position debout.
Aspect peropératoire.
Résultat postopératoire.
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