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Diagnostic agraire au Nord Grande-Terre : Evolution et perspectives de développement des systèmes de production suite à la fermeture des usines sucrières et le lancement du projet Lizin Santral

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Academic year: 2021

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Texte intégral

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ISTOM

Ecole Supérieure d’Agro-Développement International

32, boulevard du Port – 95094 - Cergy-Pontoise Cedex Tél. : 01 30 75 62 60 Télécopie : 01 30 75 62 61 istom@istom.fr

Mémoire de fin d’études

Diagnostic agraire au Nord Grande-Terre :

Evolution et perspectives de développement des systèmes de production suite à la fermeture des usines sucrières et le lancement du

projet Lizin Santral

Figure 0 : Culture de madères avec irrigation au goutte-à-goutte (source : auteur, 2018)

GIRARDET, Laurianne Promotion 104

Stage effectué à Petit-Canal, Guadeloupe Du 9/04/18 au 12/09/18 Au sein de l’INRA Centre Antilles-Guyane

Maitres de stage : ANGEON, Valérie f DIMAN, Jean-Louis Tuteur pédagogique : SEMJEN, Ivan fsdfs

Mémoire de fin d’étude soutenu le [13/11/2018] à Angers

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1 ISTOM

Ecole Supérieure d’Agro-Développement International

32, boulevard du Port – 95094 - Cergy-Pontoise Cedex Tél. : 01 30 75 62 60 Télécopie : 01 30 75 62 61 istom@istom.fr

Mémoire de fin d’études

Diagnostic agraire au Nord Grande-Terre :

Evolution et perspectives de développement des systèmes de production suite à la fermeture des usines sucrières et le lancement du

projet Lizin Santral

GIRARDET, Laurianne Promotion 104

Stage effectué à Petit-Canal, Guadeloupe Du 9/04/18 au 12/09/18 Au sein de l’INRA Centre Antilles-Guyane

Maitres de stage : ANGEON, Valérie f DIMAN, Jean-Louis Tuteur pédagogique : SEMJEN, Ivan fsdfs

Mémoire de fin d’étude soutenu le [13/11/2018] à Angers

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Note à l’intention du lecteur

Suite à la soutenance ayant eu lieu le 13 novembre 2018 et la discussion qui en a suivi avec le jury, le présent mémoire a été modifié par l’auteur afin d’en corriger certains aspects.

Ces modifications portent en particulier sur les tableaux 2 de la page 47 et 4 de la page 49. En effet, dans la première version du mémoire, ces tableaux présentaient la productivité du travail pour les systèmes de culture et les systèmes d’élevage mais de manière erronée.

L’auteur, ayant souhaité faire ressortir le temps de travail alloué à chaque système et la VAB qui en était alors dégagée, avait commis des erreurs dans sa représentation graphique qui ne présentait alors pas la productivité du travail. En effet, si la VAB et le temps de travail en H.J étaient présents sur les graphiques en question, la productivité du travail (à savoir le rapport entre la VAB dégagée par le système et le temps de travail du dit système) n’avait pas été calculée correctement. Les résultats présentés dans le mémoire actuel sont ceux obtenus suite à la reprise des graphiques.

Cependant après avoir effectué cette correction, le texte et les interprétations alors tirés des graphiques antérieurs ne correspondent plus à ceux modifiés d’où une incohérence entre texte et graphiques sur les pages 47 et 50.

Ainsi, pour les systèmes de culture, de façon générale, ce sont toujours les systèmes maraîchers qui valorisent le mieux le travail. En effet, ce sont les systèmes de culture qui dégagent la plus grande productivité du travail. Il est intéressant de noter que par rapport à ce qui avait été dit auparavant, ce sont les systèmes maraîchers les plus diversifiés en termes de cultures qui valorisent le mieux le travail qui leur est apporté. Ainsi les SdC 3, 5, 7, 10 et 11 sont les systèmes de culture possédant la plus grande diversité végétale et sont également ceux qui dégagent la plus grande productivité du travail. Ainsi, même s’ils font parties de ceux ayant besoin des plus grandes quantités de travail pour la réalisation du système, ce sont également ceux qui dégagent la plus grande VAB et ceci peut s’expliquer par la forte diversification de leurs cultures. Enfin, par rapport à ce qui a été dit concernant les systèmes ne comprenant que de la canne, il est bon de noter que bien qu’ils fassent toujours parties des systèmes les moins productifs du Nord Grande-Terre, en termes de productivité du travail, ils sont plus intéressants que d’autres systèmes tels que notamment le système comprenant du melon. En effet, si sur une journée, la productivité du travail est supérieure pour un système de culture avec du melon, le calendrier de travail de la canne est bien moins contraignant (les pics de travail étant moins nombreux et le temps de travail quotidien sur la culture étant moins élevé). Cela laisse donc à l’actif ayant un système cannier la possibilité de travailler sur une plus grande surface. Ainsi, ramené sur l’année c’est le système cannier qui dégage la meilleure productivité du travail.

Concernant les systèmes d’élevage, si des premiers graphiques il était possible de dire que le travail permettait de dégager une meilleure VAB pour les systèmes d’élevage bovin et porcin, ce n’est à présent plus le cas. En effet, si sur l’ensemble du système d’élevage, ce sont les systèmes avicoles qui nécessitent le plus de travail ce sont également eux qui dégagent la meilleure productivité du travail. De même, ce n’est plus le système avicole biologique qui dégage une meilleure VAB mais ceux réalisés en intensif. Cette différence s’explique par le fait que, bien que la VAB dégagée par ce système soit plus importante que pour celui réalisé de manière conventionnel, la quantité de travail à apporter en biologique est également bien plus élevée que celle nécessaire au fonctionnement du premier système avicole. La raison de ce travail plus important vient du fait que le producteur se doit d’être bien plus présent au sein

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3 de l’élevage que dans un système conventionnel afin notamment de nourrir les poules, le système de distribution n’y étant pas automatisé.

La raison qui permet d’expliquer pourquoi les systèmes porcins et plus particulièrement bovins sont alors plus présents que ceux avicoles peut être le fait que cela demande malgré tout moins de travail de façon générale et moins de coûts de production tout en permettant un revenu complémentaire d’un autre système.

Ainsi, lors de la lecture des pages portant sur les systèmes de culture et d’élevage et notamment au moment de la lecture de l’interprétation des graphiques (notamment les numéros 2 et 4), il sera bon de tenir compte des informations présentées ci-dessus afin de mieux comprendre ce qu’ils représentent.

Outre ces modifications, la discussion a également porté sur d’autres points du mémoire qui eux n’ont pas été repris. Les remarques qui ont ainsi été soulevées sont les suivantes.

Tout d’abord, concernant l’historique agraire, ce dernier porte trop sur la production de la canne à sucre occultant ainsi la mise en place d’autres systèmes de production tels que les jardins vivriers qui ont une place importante dans l’historique agraire. En effet, ces derniers se sont mis en place en parallèle du développement de l’industrie sucrière et ont joué un rôle important dans l’historique agraire et encore de nos jours puisqu’ils assuraient un rôle vivrier pour les producteurs lorsque ces derniers travaillaient pour l’usine de Beauport et même avant cela. Aujourd’hui, ils ont permis aux producteurs réalisant des systèmes comprenant du maraîchage d’avoir accès à des connaissances issues de leurs parents et adaptées à leur environnement de travail. Il aurait donc fallu tenir compte de ces systèmes et décrire leur évolution dans le temps ainsi que celle des systèmes de culture autre que canniers ou vivriers.

En outre, au cours de la description des systèmes de culture, il est nécessaire de décrire les itinéraires techniques, ce qui n’a pas été fait ici et seuls quelques itinéraires ont été présentés en partie annexe.

De surcroit, les systèmes de production n’ont pas été réalisés en tenant suffisamment compte de l’historique qui aurait permis d’une part d’expliquer les raisons de leur mise en place et d’autre part, de mieux saisir les stratégies de développement des producteurs les réalisant. De même, les relations entre les différents acteurs au sein du secteur agricole (producteurs, revendeurs, communauté d’agglomération, centres de recherche, conseils agricoles, SICA, etc.) n’ont pas été décrites, or cette description aurait permis de mieux saisir l’environnement de travail des producteurs et les freins ou leviers les poussant à réaliser certains choix quant à leur système de production. Il aurait également fallu parler de l’accès à l’eau sur le territoire du Nord Grande-Terre, décrire au mieux le réseau hydrique et les zones où l’eau s’obtient difficilement et pourquoi (fin de réseau, terrains non classés agricole, etc.). Cela aurait permis de comprendre comment et pourquoi certains systèmes de production sont plus tournés vers le maraîchage que d’autre.

Enfin, les barrières évoquées pour le projet de Lizin Santral n’ont bien souvent été qu’effleurées sans approfondir les raisons pour lesquelles elles existent ce qui aurait été intéressant. Par exemple, les raisons poussant les producteurs à ne pas travailler en coopérative auraient mérité d’être plus approfondies, en cherchant entre autre à connaitre quelles quantités sont attendues par Lizin Santral, et celles que peuvent fournir les producteurs, les prix d’achat de l’usine en comparaison des prix de vente sur les marchés.

Cela aurait permis de mieux comprendre ce qui peut freiner les producteurs à travailler avec ce projet. Pour cela, il aurait bien sûr fallu aller au-delà d’un diagnostic agraire.

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Résumé

Dans le cadre du Programme de Développement Rural pour la Guadeloupe, la politique actuelle pour l’agriculture guadeloupéenne cherche à développer une agriculture plus locale, pourvoyeuse d’emplois et en rupture avec le système conventionnel. C’est pour cette raison que l’INRA a commandé un diagnostic agraire du Nord Grande-Terre de la Guadeloupe afin de connaître les systèmes actuellement présents dans cette zone et de voir l’évolution qu’il y a eu par rapport aux précédents diagnostics. En parallèle, cette étude a aussi pour objectif de mettre en lumière l’intérêt que portent les producteurs de cette région au projet d’usine agro- alimentaire Lizin Santral, projet porté par la Communauté d’Agglomération, visant à fournir les cantines centrales en produits maraichers locaux et s’inscrivant donc dans le Programme de Développement Rural.

Dans un premier temps, l’étude décrira donc les systèmes agraires actuellement présents sur le Nord Grande-Terre, puis dans un second temps, elle montrera si une production maraîchère est aujourd’hui présente dans cette région et si les producteurs sont prêts à travailler avec ce projet Lizin Santral.

Mots-clés : Guadeloupe – INRA – diagnostic agraire – diversité des systèmes de production – Lizin Santral – canne à sucre - diversification - agroécologie

Abstract

In the framework of the Rural Development Programme for Guadeloupe, the current policy for the guadeloupean agriculture has for purpose to develop an agriculture that can: provide employment, be at odds with the conventional agriculture and be more local. That is why INRA commissioned an agrarian diagnosis of the North of Grande-Terre to know what are the current production systems in this area and to compare the evolution with the last diagnosis.

In the same time, this study has for other goal to show the interest that farmers can have for the project of food processing plant: Lizin Santral. This is the project of the urban community that will supply canteens with local products.

In the first time, the study will describe the agrarian systems currently presents in the North of Grande-Terre. Then in the second time, it will show if a production of vegetables exists nowadays in this area and if farmers are ready to work with this project Lizin Santral.

Key words: Guadeloupe – INRA – agrarian diagnosis – diversity of production system – Lizin Santral – sugar cane – diversification - agroecology

Resumen

En el ámbito del Programa de desarrolló rural de Guadalupe, la política actual para la agricultura de Guadalupe es de desarrollar una agricultura que puede : proporcionar empleos, estar en ruptura con la agricultura convencional y estar mas local. Es por eso que el INRA mandó un diagnostico agrario del Norte de Grande-Terre para conocer las sistemas actualmente presentes en la zona y ver cual fue la evolución de estas en comparación con los últimos diagnósticos. En el mismo tiempo, esta estudia va a mostrar si los agricultores están interesados para trabajar con un proyecto de planta de procesamiento de alimentos : Lizin Santral. Esto es un proyecto de la Comunidad de Aglomeración para suministrar en alimentos locales las cantinas.

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5 En primer lugar, esta estudia describirá las sistemas agriaras que están presentes ahora en el Norte de Grande-Terre. En segundo lugar, la estudia va a mostrar si hay una producción de hortalizas en la zona y si los productores están listos para trabajar con esto proyecto.

Palabras claves : Guadalupe – INRA – diagnóstico agrario – diversidad de sistemas de producción - Lizin Santral – caña de azúcar – diversificación - agroecología

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Table des matières

Introduction ... 12

I. Un archipel aux caractéristiques plurielles ... 14

A. Géographie et administration ... 14

B. Une agriculture sur le déclin ... 15

1. Sur le territoire guadeloupéen ... 15

2. Et plus spécifiquement pour le Nord Grande-Terre ... 18

3. Concernant le secteur de l’agroalimentaire ... 19

II. Méthodologie ... 21

A. Choix de la méthode de travail ... 21

B. Démarche du diagnostic agraire ... 21

1. Lecture du paysage ... 21

2. Entretiens historiques ... 22

3. Systèmes de production ... 22

C. Délimitation de la zone d’étude ... 23

1. Climat et hydrologie ... 24

2. Géologie et pédologie ... 27

III. Historique du Nord Grande-Terre ... 30

A. Période Pré-colombienne ... 30

1. Les Arawaks et le début de l’agriculture ... 30

2. Les Karibs (ou Caraïbes) et les jardins créoles ... 30

B. Colonisation européenne ... 30

1. L’implantation française ... 30

2. Développement des cultures d’exportation et implantation de la canne à sucre 31 C. L’industrie sucrière ... 32

1. Implantation des usines centrales ... 32

2. Croissance et renforcement de Beauport ... 32

D. Des réformes agraires à aujourd’hui ... 33

1. Réformes dans le système agraire ... 33

2. L’agriculture de nos jours ... 34

IV. Résultats du diagnostic agraire ... 36

A. Zonage agro-écologique ... 36

1. Les Plaines littorales ... 36

2. Les Grands-Fonds Humides ... 37

3. La Partie continentale des Plateaux ... 37

4. La Face Atlantique des Plateaux ... 38

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5. Les Zones Humides ... 39

6. Conclusion zonage agro-écologique ... 40

B. Le système agraire actuel au Nord Grande-Terre ... 41

1. Répartition des facteurs d’exploitation ... 41

2. Les systèmes de cultures ... 42

3. Les systèmes d’élevage ... 47

4. Les systèmes de production ... 50

C. Les producteurs et Lizin Santral ... 64

V. Discussion ... 67

VI. Conclusion ... 71

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Table des illustrations

Figure 1: Localisation géographique de la Guadeloupe (source : Google Map, 2018) ... 14

Figure 2 : Archipel de la Guadeloupe (source : IEDOM, 2018) ... 14

Figure 3 : Part des secteurs dans la valeur ajoutée du pays (source : INSEE, 2011) ... 15

Figure 4 : Principales productions légumières en tonnes en 2016 (source : Agreste, 2017) ... 16

Figure 5 : Part des différents cheptels dans l'ensemble du cheptel guadeloupéen (source : Agreste, 2017) ... 17

Figure 6 : Principales exportations (source : Agreste, 2017) ... 17

Figure 7 : Principales importations de la Guadeloupe (source : Agreste, 2017) ... 18

Figure 8 : Cultures présentes au Nord Grande-Terre (source : DAAF, 2013) ... 19

Figure 9 : Délimitation de la CANGT (source : CANGT, 2015) ... 24

Figure 10 : Normales annuelles en mm de la pluviométrie en Guadeloupe (source : MétéoFrance, 2010) ... 25

Figure 11 : Diagrammes climatique des communes de la CANGT (source : climate data, 2018) ... 25

Figure 12: Réseau hydrographique de la Guadeloupe (source : DEAL, 2011) ... 26

Figure 13 : Production et répartition de l'eau en Guadeloupe (source : DEAL, 2011) ... 27

Figure 14 : Coupe géologique du NGT du Nord (Pointe de la Vigie) au Sud (Plaine du Grippon) (source : BRGM, 1982) ... 28

Figure 15: Carte simplifiée des sols de Guadeloupe continentale (source : Y.M Cabidoche, 1997) ... 29

Figure 16 : Cadastre du Nord Grande-Terre et localisation des sucreries en 1732 (source : Lasserre G., 1952) ... 31

Figure 17 : Localisation des GFA en Guadeloupe (source : Lainé, 2001) ... 34

Figure 18 : Zonage agro-écologique de Grande-Terre (source : M. Lucien-Brun, 2014) .. 36

Figure 19 : Plaine du Grippon (source : M. Lucien-Brun, 2014) ... 36

Figure 20 : Grands-Fonds Humides (d'après M. Lucin-Brun, 2014) ... 37

Figure 21 : Partie continentale des Plateaux (d'après M. Lucien-Brun, 2014) ... 37

Figure 22 : Plaine cannière de la Partie continentale des Plateaux (source : auteur, 2018) ... 38

Figure 23 : Face Atlantique des Plateaux (d'après M. Lucien-Brun, 2014) ... 38

Figure 24 : Zones Humides (d'après M. Lucien-Brun, 2014) ... 39

Figure 25 : Positionnement des transects du Nord Grande-Terre (d'après : M. Lucien- Brun, 2014) ... 40

Figure 26 : Transect Ouest-Est du NGT (source : auteur, 2018) ... 40

Figure 27 : Transect Sud-Nord du NGT (source : auteur, 2018) ... 40

Figure 28 : Calendrier de travail de la canne à sucre (source : auteur, 2018) ... 51

Figure 29 : Comparaison de la valeur nette ajoutée en fonction de la SAU/actif (source : auteur, 2018) ... 62

Figure 30 : Comparaison du RAF/actif (source : auteur, 2018) ... 63

Figure 31 : Connaissance du projet par les enquêtés (source : auteur, 2018) ... 64

Figure 32 : Connaissance du projet par les agriculteurs en fonction de la commune (source : auteur, 2018) ... 65

Table des Tableaux

Tableau 1 : Productivité de la terre (source : auteur, 2018) ... 46

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Tableau 2 : Productivité du travail (source : auteur, 2018) ... 47

Tableau 3 : Productivité du système d'élevage (source : auteur, 2018) ... 49

Tableau 4 : Productivité du travail (source : auteur, 2018) ... 49

Tableau 5 : Données économiques du SP 1 (source : auteur, 2018) ... 50

Tableau 6 : Données économiques du SP 2a (source : auteur, 2018) ... 52

Tableau 7 : Données économiques du SP 2b (source : auteur, 2018) ... 52

Tableau 8 : Données économiques du SP 2c (source : auteur, 2018) ... 53

Tableau 9 : Données économiques du SP 2d (source : auteur, 2018) ... 53

Tableau 10 : Données économiques du SP 3a (source : auteur, 2018) ... 54

Tableau 11 : Données économiques du SP 3b (source : auteur, 2018) ... 55

Tableau 12 : Données économiques du SP 3c (source : auteur, 2018) ... 55

Tableau 13 : Données économiques du SP 3d (source : auteur, 2018) ... 56

Tableau 14 : Données économiques du SP 4a (source : auteur, 2018) ... 56

Tableau 15 : Données économiques du SP 4b (source : auteur, 2018) ... 57

Tableau 16 : Données économiques du SP 5 (source : auteur, 2018) ... 58

Tableau 17 : Données économiques du SP 6 (source : auteur, 2018) ... 58

Tableau 18 : Données économiques du SP 7 (source : auteur, 2018) ... 59

Tableau 19 : Données économiques du SP 8a (source : auteur, 2018) ... 60

Tableau 20 : Données économiques du SP 8b (source : auteur, 2018) ... 60

Tableau 21 : Données économiques du SP 9 (source : auteur, 2018) ... 61

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Sigles et abréviations

CANGT : Communauté d’Agglomération du Nord Grande-Terre CCNGT : Communauté de Communes du Nord Grande-Terre CUMA : Coopérative d’Utilisation du Matériel Agricole EARL : Exploitation A Responsabilité Limité

ETA : Entreprise de Travaux Agricoles GFA : Groupement Foncier Agricole Ha : hectare

HJ : Homme Jour

IA : Insémination Artificielle Km2 : kilomètre carré

NGT : Nord Grande-Terre

OP : Organisation de Producteurs

% : pourcentage

POSEI : Programme d’Options Spécifiques à l’Eloignement et à l’Insularité SAFER : Société d’Aménagement du Foncier et d’Etablissement Rural SATEC : Société d’Aide Technique et de Coopération

SAU : Surface Agricole Utile SdC : Système de culture SdE : Système d’élevage SdP : Système de production

SICA : Société d’Intérêt Collectif Agricole

SICADEG : Société d’Intérêt Collectif Agricole de Développement et d’Exploitation de la Grande-Terre

SICAGRA : Société d’Intérêt Collectif Agricole Guadeloupéen pour la Restructuration de l’Agriculture

T : Tonne

UGPBAN : Union des Groupements de Producteur de Banane VAB : Valeur Ajoutée Brute

VAN : Valeur Ajoutée Nette

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Remerciements

En premier lieu, je tiens à remercier l’INRA en particulier Jean-Louis DIMAN et Valérie ANGEON pour m’avoir donner l’opportunité de réaliser ce stage, pour la confiance qu’ils m’ont accordée et pour les conseils qu’ils m’ont apportés tout au long de ce dernier stage. Ce remerciement va également à toute l’équipe de l’INRA de Godet pour son accueil sur le site.

Un grand merci également à Ivan SEMJEN pour avoir accepté d’être mon tuteur et pour ces précieux conseils sur la manière d’aborder mon stage et l’ouverture qu’il m’a permise d’avoir.

Merci aussi à tous les agriculteurs qui ont accepté de consacrer de leur temps pour nous recevoir, de partager avec nous un moment de leur vie et de nous avoir fait découvrir cette agriculture de Guadeloupe. Merci à eux d’avoir été bien voulu s’ouvrir à nous et de nous avoir fait savoir ce qui leur tient à cœur, ce qui les révolte et aussi ce pour quoi ils se battent.

Et surtout un immense merci à Marie Santa AUGUSTE pour avoir été une des meilleurs binômes qu’il m’ait été donné de rencontrer. Merci pour tous ces moments de travail partagé, de colocation endiablée et de rires échangés.

Un remerciement particulier aussi à Salomé OTT pour ces réflexions pertinentes et son désir de partage et de découverte qu’elle a su nous transmettre. Merci aussi à tous les autres stagiaires de l’INRA : Alice BARDET, Philippe DEVAUX, Laurence GISORS et Audrey NANKOU, qui ont contribué à rendre ce stage encore plus intéressant.

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Introduction

La Guadeloupe, archipel des petites Antilles, présente des particularités pédoclimatiques propres à chacune de ses îles. Son agriculture a été mise en place en fonction des caractéristiques de chaque territoire, les cultures ayant été sélectionnées en fonction de leurs potentiels pour s’y adapter. L’histoire de ce territoire, notamment de par la colonisation dont il a fait l’objet, a également modelé le paysage agricole par la sélection de productions végétales particulières afin de répondre aux besoins du colonisateur. Ainsi, dans le Nord Grande-Terre, c’est la culture de la canne à sucre qui fut particulièrement implantée et avec elle, c’est toute une économie qui s’est mise en place en reposant sur cette industrie du sucre.

Aussi, avec les crises sucrières survenues dans les siècles derniers, entrainant la fermeture des usines, c’est tout un système de production agricole qui est à repenser.

La présente étude vise à décrire ce que sont devenus les systèmes de production suite à ce bouleversement dans un contexte de transition agro-écologique. Il s'agira plus spécifiquement d'analyser quels systèmes sont désormais établis au Nord Grande-Terre. Ce document traitera également de la question des débouchés pour ces systèmes. Nous mettrons en perspective ces systèmes de production en considérant en particulier le projet Lizin Santral (atelier d'agro- transformation visant à approvisionner par des produits locaux les structures de restauration collective du territoire) porté par la communauté d'agglomération du Nord Grande-Terre.

Nous nous demanderons comment ce projet peut dynamiser les systèmes de production en vigueur.

Ce mémoire comprend 5 grandes parties. La première partie de ce mémoire servira à re- contextualiser l’étude. Elle permettra de situer le cadre de l’étude en termes de données géographiques et socio-économiques, puis de données agricoles ciblant particulièrement le Nord Grande-Terre afin de donner aux lecteurs des clés de compréhension du contexte actuel dans lequel se positionne l’étude. Cela aura pour but de justifier la problématique de recherche, d’expliquer pourquoi on s’intéresse aujourd’hui à ce sujet et d'en préciser les enjeux.

La deuxième partie se penchera sur la méthodologie de l’étude : un diagnostic agraire. Il s'agira ici de justifier la méthodologie employée pour répondre à la commande de l’INRA. La méthodologie sera ensuite détaillée afin d’expliquer comment les résultats ont été obtenus à savoir quels sont les moyens de collectes utilisés pour renseigner les données recherchées (données ayant été également décrites à ce moment-là).

La troisième partie portera sur l’histoire agraire de la région du Nord Grande-Terre en se centrant sur l’histoire des usines sucrières dont celle de Beauport et le système agricole qui s’est mis en place tout au long de leur existence (concentration foncière et industrielle). Il s’agira également de retracer les impacts de leur fermeture et ce que cela a impliqué sur les producteurs de la région (réduction des quotas, mise en place de réformes agraires, colonage et lots de jardin, etc.).

Dans la quatrième partie, les résultats du diagnostic agraire seront présentés avec la typologie des producteurs présents sur le Nord Grande-Terre et les comparaisons qui seront effectuées entre les différents systèmes de production. Les réseaux de commercialisation des producteurs seront également évoqués dans cette partie avec notamment la présentation de Lizin Santral.

Ces résultats seront ensuite discutés dans la dernière partie afin de répondre aux problématiques préalablement posées à savoir : quelles évolutions des systèmes de production depuis la fermeture de Beauport et quels débouchés pour les producteurs (notamment pour ceux se diversifiant). Il sera également intéressant de retracer à ce moment-là les différentes problématiques liées à la canne pour montrer les difficultés à maintenir cette culture en place

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13 et le peu d’agriculteurs à pouvoir vivre uniquement de la canne sur leur exploitation sans aucun autre revenu. Cela permettra d’expliquer, en partie, la diminution observée pour cette culture sur le terrain et l’accroissement de la diversification. En complément, nous nous intéresserons à la comparaison des systèmes de production pour évaluer le meilleur revenu agricole ou VAB/actif entre les systèmes à tendance maraîchère et cannière. Il sera alors possible d’enchainer sur les réseaux de commercialisation des produits issus de la diversification et la manière dont les producteurs viennent à choisir un des réseaux plutôt qu’un autre. La question de Lizin Santral pourra alors être abordée afin de discuter de l’opportunité qu’elle représente ou non pour les producteurs. L’intérêt sera ici de présenter les différents niveaux de motivation des producteurs dans les deux cas. Les freins observés sur le terrain pourront alors être évoqués et des ressorts pour y remédier ou du moins des pistes de réflexion pourront être envisagées à ce moment-là.

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Partie 1 : Cadre de l’étude

I. Un archipel aux caractéristiques plurielles

A. Géographie et administration

La Guadeloupe est un archipel de 1 702 km² (Ministère des Outre-Mer a, 2016) composé de 5 îles principales (Basse-Terre, Grande-Terre, Marie Galante, Les Saintes et la Désirade) situé dans la mer des Caraïbes entre le tropique du Cancer et l’Equateur. De par sa situation géographique, la Guadeloupe présente deux types de saison : la saison sèche aussi appelée carême entre janvier et avril et une saison des pluies (l’hivernage) allant de mai à décembre.

Figure 1: Localisation géographique de la Guadeloupe (source : Google Map, 2018)

Figure 2 : Archipel de la Guadeloupe (source : IEDOM, 2018)

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15 Issue de la subduction entre les plaques Caribéenne et Nord-Américaine, les îles de Guadeloupe présentent des sols d’origine géologique différente entraînant des caractéristiques propres à chaque zone. Ainsi l’île de Basse-Terre et les Saintes sont originaires d’une chaîne volcanique récente faisant de Basse-Terre une île volcanique montagneuse. A l’inverse, l’île de Grande-Terre est issue d’un volcanisme plus ancien (55 millions d’années) sur lequel ont sédimentés des coraux faisant d’elle une île aux sols à dominante calcaire, au relief moins accidenté et plus propice à une agriculture mécanisée (R. Cruse, 2014).

Département d’outre-mer français depuis 1946, la Guadeloupe est composée de deux îles majeures séparées par un bras de mer nommé Rivière Salée : Basse-Terre, à l’Ouest, d’une superficie de 848 km² et Grande Terre, à l’Est, d’une superficie de 590 km² (Ministère des Outre-Mer a, 2016). Outre son statut de département français, la Guadeloupe a également pour caractéristique d’être une région d’outre-mer française (1982) (Ministère des Outre-Mer b, 2016) et une région ultrapériphérique européenne (1989).

B. Une agriculture sur le déclin

1. Sur le territoire guadeloupéen

Si à l’origine la Guadeloupe a vu son économie être fondée sur l’agriculture, notamment de par son histoire coloniale où elle avait pour fonction de fournir à la métropole des produits agricoles tels que du sucre, du coton ou encore du café, ce n’est actuellement plus le cas. En effet, l’agriculture ne concerne plus que 4 % de la population active de Guadeloupe (INSEE, 2015) et ne représente à présent plus que 2,5% de part dans la valeur ajoutée de l’archipel. A l’inverse, le secteur tertiaire représente 85,5% des parts de cette dernière avec : 47,3% des parts pour le tertiaire marchand et 38,2% des parts pour celui non-marchand (IEDOM, 2017).

Figure 3 : Part des secteurs dans la valeur ajoutée du pays (source : INSEE, 2011)

Cette faible représentativité de l’agriculture dans l’économie guadeloupéenne peut être expliquée par différents facteurs tel que la diminution de la Surface Agricole Utile (SAU), au profit d’une forte urbanisation, ainsi que par le nombre d’exploitations du territoire.

Ainsi entre 1973 et 2016, la SAU a diminué de 48 % passant de 57 000 ha à 30 000 ha et le nombre d’exploitation de 62 % chutant ainsi de 18 000 exploitations à 7 000 (Agreste, 2017).

(17)

16 En moyenne les exploitations de Guadeloupe ont une main d’œuvre composée à 90 % par des actifs permanents et ont une SAU de 4,4 ha (DAAF, 2013). Ces exploitations sont principalement de petites exploitations (dont la Production Brute Standard (PBS) est inférieure à 25 000€) puisqu’elles représentent 81 % du nombre d’exploitations. Il est cependant intéressant de noter que ce sont les grandes exploitations (dont la PBS est supérieure à 100 000€) qui, en ne représentant que 4 % du nombre d’exploitations, contribuent à hauteur de 49 % à la production agricole.

Cette production agricole est principalement composée, en termes de productions végétales, de la banane et la canne à sucre qui occupent plus de 50% de la SAU de la Guadeloupe. Ceci s’explique par l’histoire coloniale de ces îles et par l’importance de ces cultures d’exportation dans l’économie du territoire via leur exportation conséquente (IEDOM, 2016). De plus, il existe depuis longtemps des aides importantes pour maintenir la production de ces dernières.

Ainsi, la banane et la canne à sucre reçoivent respectivement 31,58 millions d’euros grâce au programme POSEI (Programme d’Options Spécifiques à l’Eloignement et à l’Insularité) et 57,85 millions d’euros dont une partie provient d’aides nationales et une autre du programme POSEI (Agreste, 2017).

Les autres productions agricoles sont les cultures fruitières (9,5% de la SAU) et les cultures légumières (6,2% de la SAU), le reste de la SAU étant couverte par des surfaces toujours en herbe (Agreste 2017).

Parmi ces productions fruitières et légumières, on retrouve notamment du melon, de la pastèque, du concombre ou encore de la tomate (figure 4).

Figure 4 : Principales productions légumières en tonnes en 2016 (source : Agreste, 2017)

Il existe des filières plus ou moins bien structurées en fonction de la culture, ce qui explique également que certaines productions soient plus développées que d’autres. Ainsi la canne à sucre et la banane ont des filières bien structurées avec des groupements (par exemple la SICADEG pour la canne ou LPG1 pour la banane), des CUMA2 ou des ETA3, qui possèdent le matériel utile au travail de cette production, des usines de transformation et un réseau de commercialisation organisé.

1 Les Producteurs de Guadeloupe

2 Coopérative d’Utilisation du Matériel Agricole

3 Entreprise de Travaux Agricoles

(18)

17 Concernant les productions animales de Guadeloupe, celles-ci sont très diversifiées (figure 5).

Toutefois, les cheptels les plus importants sont les bovins et les porcins.

Figure 5 : Part des différents cheptels dans l'ensemble du cheptel guadeloupéen (source : Agreste, 2017)

Il est à noter qu’il y a eu une diminution des cheptels bovin et caprin entre 2015 et 2016 (Agreste, 2017).

La majorité de ces productions agricoles sont destinées à l’exportation, faisant ainsi de l’agriculture guadeloupéenne une agriculture agro-exportatrice plutôt que tournée vers de la consommation locale. Les cultures les plus exportées sont la banane, le melon et la canne à sucre au travers du sucre et des alcools avec le rhum (Agreste, 2017) (figure 6).

Figure 6 : Principales exportations (source : Agreste, 2017) 0

10000 20000 30000 40000 50000 60000 70000 80000 90000

Fruits dont banane et

melon Sucre Alcools dont rhum

Quantis (tonnes)

Quantités de produits exportés

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18 L’exportation de la banane varie d’une année sur l’autre sans avoir de tendance à la croissance ou à la décroissance en particulier, en revanche la canne à sucre voit ses quantités vendues diminuer sur les dix dernières années.

De part ce choix d’avoir une agriculture plutôt tournée vers l’exportation que vers la consommation locale, les produits importés, bien que de différentes natures, concernent principalement les produits alimentaires non ou insuffisamment produits en Guadeloupe (figure 7). Les Guadeloupéens n’ont donc plus toujours l’habitude de consommer des produits locaux.

Figure 7 : Principales importations de la Guadeloupe (source : Agreste, 2017)

2. Et plus spécifiquement pour le Nord Grande-Terre

Le Nord Grande-Terre, territoire aménagé et organisé par la CANGT (Communauté d’Agglomération du Nord Grande-Terre), a vu sa SAU augmenter au cours des dernières années sur son territoire contrairement à la tendance générale en Guadeloupe. C’est dans cette zone que sont situées une grande partie des exploitations agricoles, 32 % (soit 2 441 exploitations en 2010). En comparaison, la communauté d’agglomération regroupant le plus d’exploitations agricoles après la CANGT ne concentre que 15 % de ces dernières.

Les exploitations sont plutôt sous forme individuelle ou en EARL. Les principales productions présentes au Nord Grande-Terre sont les suivantes : les grandes cultures (canne à sucre) avec 60% des exploitations, puis viennent les exploitations en bovins viande (15%) et enfin les exploitations en polyculture, polyélevage (10%) (Agreste, 2017).

L’âge moyen des exploitants agricoles est relativement élevé puisque seulement 17,2% des exploitants ont moins de 40 ans. Comparativement aux autres communautés d’agglomération, elle fait partie de celle ayant en proportion le plus de jeunes exploitants agricoles.

0 10000 20000 30000 40000 50000 60000 70000

Viandes et abats Laits et produits

laitiers Légumes

plantes/racines Céréales Préparations

alimentaires Boissons Bois et charbon de bois

Quantité (tonnes)

Quantités de produits importés

(20)

19

Figure 8 : Cultures présentes au Nord Grande-Terre (source : DAAF, 2013)

3. Concernant le secteur de l’agroalimentaire

Le secteur agroalimentaire représente 24,7% de l’emploi manufacturier régional et 31,6% du chiffre d’affaire (CA) de ce dernier (Agreste, 2017). Les principales transformations concernent : les boissons (24% du CA), la viande (18,5 % du CA), les fruits et légumes (6,7%

du CA) et les produits de boulangerie (6,2% du CA) (Agreste, 2017).

Ce secteur ne porte donc que peu sur les productions agricoles végétales malgré la mise en place de certains projets tel que l’usine de transformation agro-alimentaire implantée à Petit- Canal.

Face à cette réalité agricole de la Guadeloupe : diminution de la SAU, du nombre d’agriculteurs, forte dépendance aux importations de denrées alimentaires, difficultés rencontrées dans la filière cannière, etc. diverses questions ont été soulevées, à savoir :

• Comment encourager une production plus tournée sur du vivrier pour limiter cette dépendance à l’importation ?

• Comment les producteurs se sont adaptés aux changements liés à l’évolution du système sucrier ?

• Sont-ils prêts ou ont-ils la capacité à fournir une production vivrière pour répondre à cette attente de consommation plus locale ?

C’est pour répondre à certaines de ces problématiques que le projet Lizin Santral a vu le jour.

Ce projet est porté depuis une vingtaine d’années par la CCNGT (devenue la CANGT). Ce dernier consiste en la mise en place d’une usine de transformation, sur la commune d’Anse- Bertrand, fournie par les producteurs du Nord Grande-Terre en produits maraichers afin de fournir les cantines de la CANGT en produits locaux. Le but final est d’offrir des débouchés aux producteurs du Nord Grande-Terre en termes de production maraîchère, d’encourager donc cette production, tout en promouvant une consommation locale.

(21)

20 Pour répondre à ces interrogations, il est nécessaire de comprendre qui sont désormais les producteurs du Nord Grande-Terre ainsi que de savoir quelles sont les productions présentes sur ce territoire aujourd’hui et quelles stratégies sont pensées avec ces productions. Ce premier travail permettra de savoir s’il existe une production conséquente en maraîchage pour répondre à la demande de Lizin Santral et le cas échéant de comprendre les difficultés que peuvent rencontrer les agriculteurs pour ce type de production. Par la suite, il sera nécessaire de comprendre dans quelle mesure les producteurs connaissent ce projet d’usine de transformation et s’ils sont prêts, intéressés pour travailler avec cette dernière.

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21

Partie 2 : Outils et Méthodes

II. Méthodologie

A. Choix de la méthode de travail

Afin de répondre à cette problématique, il a été décidé de réaliser un diagnostic agraire. En effet, cette démarche permet de caractériser les systèmes de production d’une zone afin de faire ressortir les grands groupes d’agriculteurs y travaillant ainsi que leurs enjeux et stratégies de production. Cela permettra de répondre à la première interrogation portant sur l’impact de la fermeture des usines sucrières notamment celle de Beauport (cf III Historique du Nord Grande-Terre) sur les systèmes de production existants alors. Dans le même temps, il sera également possible de s’intéresser aux stratégies de commercialisation développées par ces producteurs et à leurs motivations en fonction de leurs productions agricoles.

L’ensemble de ces données (systèmes de production existants et modes de commercialisation suivi par les agriculteurs) permettra d’aborder la question du projet Lizin Santral à savoir : si les producteurs sont prêts ou non à travailler pour un tel projet et si les productions existantes peuvent répondre à la demande de ce dernier.

B. Démarche du diagnostic agraire

La démarche du diagnostic agraire, inspirée de l’ouvrage « Comprendre l’agriculture familiale » Ferraton N. et Touzard I., 2009, se décompose en trois grandes étapes.

1. Lecture du paysage

Le but de cette phase est d’obtenir des renseignements en termes de données physiques et agro-écologiques (topographie, hydrographie, climat, végétation cultivée ou spontanée, etc.).

Pour collecter ces données, une première observation en hauteur a été effectuée afin d’avoir une vue d’ensemble de la zone. Cela a permis d’avoir une première vision des grands espaces paraissant homogènes ou non. Par la suite, la zone a été sillonnée afin de valider les hypothèses émises lors de la première observation à savoir : la localisation des cultures et des zones de végétation spontanée et leur agencement dans le paysage. L’objectif était de traverser le plus d’unités paysagères possible afin d’avoir une description fidèle de la réalité.

Un retour au point haut a permis de valider les observations réalisées et de les étendre quand cela était nécessaire au reste de la zone.

Afin de décrire les unités paysagères, des cartes, des croquis et des photos ont été utilisées.

Ces derniers ont facilité la prise de notes et la réalisation finale de transects offrant une description illustrée de la zone d’étude.

L’obtention de ces données, complétée par de la recherche bibliographie pour toutes les informations concernant le climat et la pédologie, a permis d’identifier les systèmes exploités de manière identique avec la mise en place d’un zonage agro-écologique.

Cette étape a également permis d’enrichir les discussions qui ont suivi avec les agriculteurs puisqu’elle offre une connaissance du lieu utile à la compréhension de certains de leurs choix.

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22 2. Entretiens historiques

L’objectif de cette seconde étape est de collecter des informations sur l’évolution temporelle des systèmes agraires de la zone.

Pour cela, il s’agissait de réaliser des entretiens semi-directifs auprès des producteurs ayant pris leur retraite ou étant en activité depuis longtemps. La sélection de ces personnes s’est effectuée de la manière suivante : une liste d’agriculteurs partis à la retraite nous a été fournie par la Chambre d’Agriculture, la SICADEG et la SICAGRA. Ces producteurs ont été contactés, enquêtés et à la fin de l’entretien il leur était demandé s’ils connaissaient des personnes ressources supplémentaires jugées intéressantes pour le diagnostic agraire à réaliser. Cette méthode d’enquête dite de la méthode boule de neige (Mitchell & al, 1997) implique que les personnes contactées soient cernées de proche en proche jusqu’à ce que la liste de personnes à interroger soit stabilisée.

Les informations obtenues provenaient aussi bien des évolutions vécues par ses enquêtés que de leur histoire de vie. Les discours ainsi recueillis ont ensuite été analysés afin de faire ressortir les données convergentes ou divergentes. Une recherche bibliographique permettra de valider les éléments semblables pour une même zone ainsi que ceux divergents. Cette dernière a également servi à valider l’ensemble des informations collectées à travers les enquêtes.

Cette étape a permis de compléter la première puisqu’il était alors possible de retracer au travers du discours des enquêtés les dynamiques d’évolution propres à chaque unité du zonage agro-écologique. Tout comme la première, elle a aussi apporté des données clés pour faciliter et aiguiller les entretiens menés avec les producteurs au cours des deux dernières étapes.

3. Systèmes de production

Cette troisième étape consiste à caractériser finement les exploitations rencontrées au travers de leur système de production. Pour cela, il s’agit de décrire et de comprendre quelles sont les différentes productions végétales et animales présentes sur l’exploitation et ce en termes d’itinéraires techniques, d’allocations des ressources, etc. Une fois ces données obtenues, les interactions existant et le choix des allocations entre les différents systèmes de l’exploitation ont été recherchés afin de mettre en lumière les stratégies établies par l’agriculteur au sein de son système de production. Des questions plus économiques ont été abordées au cours de cette phase afin de pouvoir obtenir des données permettant le calcul des différents indicateurs économiques qui suivent :

A l’échelle des systèmes de culture et d’élevage :

- Le Produit Brut (PB) : correspond à la valeur de production annuelle finale, c’est-à- dire aux quantités produites finales, ramenées sur un an et multipliées par le prix unitaire de chaque produit. Pour ce qui concerne les produits, cela concerne aussi bien ceux qui sont vendus que ceux qui sont autoconsommés par l’exploitant et sa famille.

PB = production finale annuelle x prix unitaire

- Les Consommations Intermédiaires (CI) : ensemble des biens et services utilisés et intégralement consommés au cours d’un cycle de production pour les systèmes de culture et d’élevage.

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23 - La Valeur Ajoutée Brute (VAB) : correspond à la richesse produite par un système de culture ou d’élevage soit : la différence de valeur entre ce que le producteur consomme pour produire et ce qu’il vend après le processus de production. Le calcul de la VAB par surface (VAB/ha : productivité de la terre) ou par temps de travail (VAB/HJ4 : productivité du travail) permet de comparer les performances économiques des systèmes entre eux afin de voir lesquels créent le plus de richesses ou nécessite le moins de travail pour une même surface, ces deux indicateurs influençant les choix stratégiques des agriculteurs.

VAB = PB-CI

A l’échelle du système de production

- Les Amortissements (Am) : représente l’usure de l’équipement au cours de chaque cycle de production.

- La Valeur Ajoutée Nette (VAN) : exprime la création de richesse produite sur l’exploitation en tenant compte de l’investissement nécessaire pour mettre en œuvre l’ensemble des opérations de production sur tous les systèmes combinés de cette dernière. A partir de cet indicateur économique, il est possible de calculer la VAN par surface agricole utile (SAU) et la VAN par actifs afin de pouvoir comparer les performances sociotechniques et économiques des différents systèmes de production identifiés au cours des entretiens.

VAN =∑VABexploitation – Am

- Le revenu agricole (RA) : constitue la rémunération de la force de travail familiale investie dans le système de production.

RA = VAN – (salaires des ouvriers + taxe du SP + intérêt sur les emprunts + rente foncière) + subvention

Ces informations ont été récoltées au travers d’entretiens semis-directifs et directifs, réalisés auprès des chefs d’exploitation toujours en activité. La sélection des agriculteurs contactés s’est déroulée de la même manière que pour les entretiens historiques, à savoir qu’il était demandé aux personnes enquêtées si elles connaissaient des personnes ayant des systèmes de culture ou d’élevage différents des leurs.

C’est également au cours de cette étape que les questions de commercialisation et d’intérêt de l’agriculteur pour le projet Lizin Santral ont été abordées. Pour cela, il a été demandé au producteur s’il connaissait le projet, puis ce qu’il en pensait et s’il était intéressé pour travailler avec cette usine.

C. Délimitation de la zone d’étude

La zone d’étude est située dans le Nord de Grande-Terre. Etant donné que ce travail est également réalisé à la demande de la CANGT, puisque c’est cette dernière qui désire mettre en œuvre le projet Lizin Santral, l’étude se déroulera sur les cinq communes appartenant à cette communauté d’agglomération à savoir : Le Moule, Morne-à-l’Eau, Petit-Canal, Port- Louis et Anse-Bertrand.

4 HJ : homme-jour correspond au temps de travail d’un actif agricole pendant une journée

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Figure 9 : Délimitation de la CANGT (source : CANGT, 2015)

Lizin Santral est un projet d’atelier de transformation de produits agricoles locaux porté par la CANGT visant à fournir les cantines centrales des communes du Nord Grande- Terre. Son objectif est de se fournir auprès des producteurs du Nord Grande-Terre en denrées de saison, locales et issues d’une agriculture raisonnée afin de fournir une alimentation de qualité tout en instaurant des débouchés stables pour les agriculteurs de la CANGT. Implanté à Anse-Bertrand, l’usine a pour ambition de transformer jusqu’à 1 000 T de denrées par an afin de préparer 10 000 repas/jour.

1. Climat et hydrologie

Climat

Le climat de la Guadeloupe est tropical maritime. Cette dernière est soumise à deux saisons comme précisé (paragraphe I.A) : une saison dite sèche appelée carême qui s’étend du mois de janvier à avril et une saison dite pluvieuse appelée hivernage qui s’étend de mai à décembre. Au cours de l’hivernage, le temps est chaud et humide avec des épisodes de pluies abondantes en fonction de l’influence des cyclones tropicaux. Ces fortes pluies, bien que pas nécessairement quotidiennes, peuvent entraîner des inondations, particulièrement au Nord Grande-Terre où le sol est argileux (paragraphe II.C.2.b). C’est durant cette saison que l’archipel peut être touché par ce type de phénomène à une fréquence de retour de 7 ans environ pour les cyclones majeurs. Ces phénomènes peuvent ravager les cultures et en particulier la canne à sucre.

Au cours du carême à l’inverse, l’alizé est constant ce qui engendre des temps secs et ensoleillés. Cette période est donc la plus difficile pour les agriculteurs s’ils n’ont pas accès à l’eau agricole. La difficulté est exacerbée dans le Nord Grande-Terre puisque c’est l’une des régions les plus sèches de la Guadeloupe (figure 10).

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25

Figure 10 : Normales annuelles en mm de la pluviométrie en Guadeloupe (source : MétéoFrance, 2010)

Sur les communes du Nord Grande-Terre, il est à noter que les variations climatiques ne sont que peu marquées entre ces dernières (figure 11).

Figure 11 : Diagrammes climatique des communes de la CANGT (source : climate data, 2018)

Les zones les plus sèches de la région sont les communes du Moule et d’Anse-Bertrand, soit celles situées sur les littoraux dont les précipitations ne dépassent pas les 1340 mm/an. Les trois autres communes ont, elles, une moyenne de précipitations annuelles allant jusqu’à 1460mm. Les températures tournent toutes aux alentours de 25,7°C.

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26 La gestion de l’eau est donc particulièrement importante dans cette région, tant au niveau du réseau hydrique pour pallier à la sécheresse du carême que par un système de drainage pour éviter de voir les cultures noyées au cours de la saison pluvieuse.

Réseau hydrique

En Guadeloupe, le réseau hydrique est très diversifié de part des reliefs variés, des irrégularités spatiales, etc. De ce fait, la majorité des cours d’eau permanents, au nombre de 55, sont situés en Basse Terre, son relief montagneux captant particulièrement les pluies. La Grande-Terre quant à elle ne possède que 4 canaux et 3 ravines, son approvisionnement ayant pendant longtemps été réalisé grâce aux nombreuses mares présentes sur cette île.

Figure 12: Réseau hydrographique de la Guadeloupe (source : DEAL, 2011)

Aujourd’hui, l’eau de Grande-Terre provient principalement de Basse-Terre notamment grâce aux rivières de Bras-David et Grande Rivière qui alimentent les deux ravines de Grande- Terre : celle du Gaschet à Port-Louis et celle de Letaye au Moule (DEAL, 2011) (figure 12).

Cette dépendance entraîne parfois des coupures d’eau aussi bien pour l’eau potable que pour l’eau agricole. Il est à noter que certaines parties du Nord Grande-Terre ne sont pas pleinement desservies par un réseau hydrique permettant une mise en place pérenne de cultures et ce notamment sur les littoraux du Nord de Grande-Terre.

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Figure 13 : Production et répartition de l'eau en Guadeloupe (source : DEAL, 2011)

2. Géologie et pédologie a) Géologie

La Grande-Terre est une île au socle calcaire qui s’est formée il y a plusieurs millions d’années avec l’apparition des premières terres émergées (Cruse, 2014). Immergée au cours du temps, les coraux se sont développés à la surface de la roche formant ainsi un plateau sédimentaire calcaire.

Elle présente des plateaux peu élevés ou accidentés, avec la présence de failles (parfois karstifiées5), des dolines6 (favorisant la formation de mares) et de mornes7 (Lasserre, 1963).

Ces failles sont apparues au cours des activités sismiques subies par l’île qui ont engendré un découpage des plateaux en blocs basculés. Ces activités ont également provoqué des effondrements tel que la plaine de Grippon à Morne-à-l’Eau. Les dolines ont, elles, été créées par l’érosion induit par le climat tropical de cette zone (Bès de Berc, 2007).

Le Nord Grande-Terre présente donc majoritairement des plateaux facilement mécanisables parsemés de dolines ou de mornes (collines). Ces plateaux sont découpés par des failles orientées Est-Ouest pouvant faire varier leur hauteur.

5 Ayant un relief calcaire au sol très perméable avec circulation souterraine des eaux.

6Dépressions karstiques fermées

7 Collines en antillais

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28

Figure 14 : Coupe géologique du NGT du Nord (Pointe de la Vigie) au Sud (Plaine du Grippon) (source : BRGM, 1982)

b) Pédologie

Les sols présents au Nord Grande-Terre sont majoritairement des vertisols de type montmorillonite qui possède une forte capacité de gonflement et de rétention d’eau ce qui peut être un atout au carême et un désavantage à l’hivernage (inondation). Ces sols sont riches en argile (au taux de 80 % (Sierra, 2018)) du type 2/1 soit contenant une couche d’oxyde d’aluminium entre deux couches de tétraèdre de silice. Les vertisols du Nord Grande-Terre peuvent être classifiés de la façon suivante :

- Sols squelettiques ou lithosols (20 à 40 cm) : ce sont des sols très peu profonds et caillouteux présents principalement sur les mornes ou sur le littoral Nord-Est. Leur faible profondeur limite leur capacité à stocker l’eau ce qui rend difficile leur mise en culture outre leur faible profondeur. Ils sont riches en calcaire du fait de la proximité avec leur substrat corallien.

- Sols profonds hydromorphes8 (entre 40 cm et 5 m) : ces sols ont une profondeur plus grande que les précédents et peuvent donc stocker une quantité d’eau plus importante.

Cependant, ils peuvent présenter en profondeur une couche moins perméable que les autres qui entraine un ruissellement de l’eau en surface en cas de pluies abondantes par engorgement des couches supérieures. Ces sols sont présents plus à l’intérieur de Nord Grande-Terre.

Ces différents types de sols sont répartis spatialement sur le Nord Grande-Terre en séquences courtes (Todoroff, 2008).

Enfin, des sols à alluvions marines récentes sont également présents sur le Nord Grande- Terre, particulièrement au niveau du littoral Ouest sur les communes de Petit-Canal, de Morne-à-l’Eau et du Grand Cul-de-sac Marin. Ce sont des zones de transitions entre le littoral et l’intérieur des terres avec le développement de mangroves laissant place à des marais puis des forêts sèches à mesure que l’on s’éloigne du littoral.

8 Sols saturés en eau du fait d’une couche moins perméable que les autres, entrainant ainsi un ruissellement en surface

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Figure 15: Carte simplifiée des sols de Guadeloupe continentale (source : Y.M Cabidoche, 1997)

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30

Partie 3 : Résultats

III. Historique du Nord Grande-Terre

A. Période Pré-colombienne

1. Les Arawaks et le début de l’agriculture

Le peuplement de la Guadeloupe date de la préhistoire avec notamment le peuple proto-arawak, population vivant principalement de la pêche, arrivant de Guyane et du Vénézuela. Puis se sont les Arawaks, peuple de pêcheurs, qui s’installèrent sur les littoraux de l’île, notamment en Basse-Terre. Venant du Venezuela, ils introduisent alors l’agriculture sur abattis-brûlis ainsi que la culture du manioc, plante originaire de la forêt amazonienne. En complément, ils chassaient, cueillaient et pêchaient (Abenon L-R., 1993).

2. Les Karibs (ou Caraïbes) et les jardins créoles

Vinrent ensuite, entre les années 850 et 1000, les Caraïbes peuple guerrier qui colonisa l’ensemble des îles de l’archipel antillais (Abenon L-R., 1993). Ils vivaient également de la culture sur abattis-brûlis en extensif ainsi que de chasse, pêche et cueillette. Ils ont également développé des jardins vivriers (« Icháli » dans la langue des Caraïbes) à l’écart de leurs habitations, où ils cultivaient, outre le manioc, de la patate douce, du giraumon, de la canne à sucre et de l’igname. Ils y plantaient également des arbres fruitiers tels que le goyavier ou le bananier. Pour exploiter leurs terres, ils pratiquaient le sarclage et employaient un bâton à fouir en guise de houe (Benoit C., 1999).

B. Colonisation européenne 1. L’implantation française

En 1493, Christophe Colomb arriva sur l’île de la Guadeloupe, découverte l’année précédente. Mais face à la résistance des Caraïbes y vivant et le peu d’intérêt qu’elle avait pour les Espagnols de par son manque de richesses minières (or ou pierres précieuses), ces derniers ne s’y intéressèrent donc pas, lui préférant le Nord des Antilles et l’Amérique Latine.

Il n’y eu donc pas de véritable tentative de colonisation de l’île ou bien celles-ci furent repoussées par la population indigène. Elle devint alors un repaire pour les flibustiers, pirates et corsaires qui naviguaient dans les eaux de la Caraïbes (Abenon L-R., 1993).

En 1623, le premier jalon de la colonisation française dans les Antilles fut posé avec l’occupation l’île de Saint Christophe et la formation de la Compagnie de Saint-Christophe qui devient, par la suite, la Compagnie des îles d’Amérique. La France se relevait alors de sa guerre contre l’Espagne et de ses conflits religieux internes et se consacrait à nouveau à son expansion coloniale notamment vers les Antilles.

C’est en 1635 que la Guadeloupe fut colonisée par les Français sous l’impulsion de la compagnie des îles d’Amérique. Son implantation fut difficile car elle se déroula sans le soutien des Amérindiens, le Gouverneur de la colonie ayant déclenché les hostilités avec ces derniers. Les colons n’ayant pas de connaissances agronomiques suffisantes pour produire

(32)

31 leur propre alimentation connurent d’importantes famines durant 4 années jusqu’à ce que le Gouverneur des îles d’Amérique résidant à Saint-Christophe décide de faire de la Guadeloupe la capitale des îles du Vent. Il y envoya donc vivres et munitions tout en promouvant l’implantation du tabac là-bas plutôt qu’à Saint Christophe pour que les colons s’y rendent également.

2. Développement des cultures d’exportation et implantation de la canne à sucre

C’est en 1641 que la colonie de Guadeloupe commença réellement à se développer.

Les colons s’installèrent surtout du côté de Basse Terre où apparurent les premières habitations (grandes exploitations gérées par des colons) avec l’arrivée de plus en plus importante d’esclaves noirs pour y travailler via le commerce triangulaire. Cette traite négrière était régie dans les colonies françaises en 1685 par le Code noir. Des engagés vinrent également travailler dans la colonie. Ceux-ci étaient des paysans français qui, n’ayant pas les moyens de se payer le voyage, venaient travailler 3 ans sur une exploitation et recevaient une parcelle à la fin de leur temps de travail. Ils apportèrent, depuis la France, outillage et bétail afin de développer l’agriculture dans la nouvelle colonie (Abenon L-R., 1993).

Les cultures d’exportation se développèrent alors pour répondre à la demande de la métropole avec notamment le tabac, le café, le coton et l’indigo même si cette dernière production fut rapidement arrêtée dès que Saint Domingue en devint le principal producteur (Yvon T., 2007). Le café se développa particulièrement sur les versants de Basse Terre, tandis que l’indigo fut plutôt cultivé sur Marie Galante et le littoral Est de Grande-Terre, plus secs et ainsi plus propices à son bon développement. C’est également à cette période, en 1650, que commença à se développer la culture de la canne à sucre qui sera un fondement de l’économie guadeloupéenne (IEDOM, 2017) car c’est à cette date que fut introduite la fabrication de sucre. Le Nord Grande-Terre devint rapidement le principal site de production sucrière de la Guadeloupe. En moins de 40 ans le nombre de sucrerie fut multiplié par 8 (26 sucreries dénombrées en 1732).

Figure 16 : Cadastre du Nord Grande-Terre et localisation des sucreries en 1732 (source : Lasserre G., 1952)

L’exploitation se réalisa au travers d’habitations-sucreries, de grands domaines sucriers tenus par des colons de 100 à 300 ha sur lesquels travaillait une main d’œuvre servile tant pour la plantation de canne que pour la transformation en sucre à l’aide du moulin présent sur le domaine. La partie Est de Grande-Terre fut délaissée car trop sèche pour la culture.

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32 C. L’industrie sucrière

1. Implantation des usines centrales

Jusqu’au milieu du XIXème siècle, ce sont les habitations qui formaient le centre agricole, social et industriel du Nord Grande-Terre. Puis avec le tremblement de terre de 1843, l’abolition de l’esclavage en 1848 et la forte concurrence du sucre de betterave9, il a fallu repenser la production sucrière en Guadeloupe. Il a alors été décidé de séparer la production agricole de la production industrielle avec la création de centrales afin de concentrer l’ensemble des opérations industrielles. Ainsi en 1863, quatre usines centrales existaient sur le Nord Grande-Terre à savoir : Duval à Petit-Canal, Bellevue à Port-Louis, Clugny à Petit- Canal et Beauport à Port-Louis. Afin de s’implanter définitivement et s’assurer une viabilité, les usines centrales rachetèrent les habitations ruinées par les récents évènements et entre 1860 et 1880, il y eu une véritable concentration des terres autour de ces nouvelles usines (Lasserre, 1963).

2. Croissance et renforcement de Beauport

Jusqu’en 1882, l’industrie sucrière connut une phase d’expansion importante avec des augmentations temporaires et réversibles de la production, mais avec chaque fois des paliers toujours plus élevés. Cette phase d’expansion était liée à l’emploi de nouveaux moyens de production aussi bien agricoles qu’industriels avec des procédés plus modernes et entièrement mécanisés. Une vague d’immigration, principalement indienne, a également contribué à cet essor de l’industrie sucrière en apportant des travailleurs “bon marché“ aux producteurs de sucre (Giraud, 2009). La production de canne a alors augmenté avec une spécialisation des exploitations en monoculture et le soutien de cette expansion par les institutions financières au travers de prêts aux planteurs.

Puis en 1882, il y eut une surproduction de sucre de canne au niveau mondial avec des productions provenant de Cuba, Porto-Rico, Java, etc. Ceci s’ajoutant à une production de plus en plus importante de sucre de betterave, la production dépassa très vite la demande et le prix du sucre dégringola. Les conséquences de cette crise furent importantes puisque l’économie de l’île dépendait alors grandement de la production de canne à sucre. Cette crise marqua la fin des habitations-sucrières qui subsistaient encore et la plupart se rattachèrent aux usines existantes. Puis ce fut au tour des usines d’être impactées par la crise. Certaines ne purent plus rembourser les prêts contractés auprès des établissements financiers et ce malgré l’abandon de certaines parcelles de cultures, afin de diminuer les coûts de production, notamment celles du littoral Ouest plus sec que le reste de la région. Seuls les établissements les plus gros car financièrement plus puissants pouvaient résister à cette crise. Il y eut donc une concentration des activités agricoles et industrielles autour d’une seule usine afin que celle-ci puisse limiter au mieux les coûts de production et supporter la crise. C’est ainsi que l’usine de Beauport s’est développée en absorbant progressivement l’ensemble des autres usines. C’est à partir de là que quasiment tout le Nord de Grande-Terre a commencé à dépendre économiquement de l’usine de Beauport.

Beauport couvrait, en 1948, 12 561 ha soit près de 39 % de la superficie du Nord Grande- Terre (le Nord Grande-Terre s’étend sur 324 km2). Sur cette zone se trouvaient les plantations de canne à sucre de la société (son faire-valoir direct qui fournissait la majeur partie des cannes nécessaire au bon fonctionnement de l’usine), les exploitations des colons travaillant

9 Jusqu’en 1860, les colonies bénéficiaient du cadre de l’Exclusif qui assurait un débouché à leurs productions. A partir de 1860, cet Exclusif fait place aux accords de libre-échange.

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