Gerald Kneller
16 avril 2018
Mod`ele physique
I Le fluide est mod´elis´e par un continuum.
I Dans cette description, mˆeme un ´el´ement de volume diff´erentieldV contient encore un tr`es grand nombre de mol´ecules du fluide.
I Les quantit´es physiques sont des champs qui varient en fonction de la position dans l’espace et en fonction du temps.
I Le champ fondamental est le champ de vitesse, ~v(X,t), o`u X ≡ {x1,x2,x3} sont des coordonn´ees cart´esiennes ou curvilignes.
I Dans un environnement homog`ene, les fonctions repr´esentant les champs sont diff´erentiables.
Champ de vitesse
-10 -5 0 5 10
-10 -5 0 5 10
x1
x2
∇.v≠0,∇∧v=0
-10 -5 0 5 10
-10 -5 0 5 10
x1
x2
∇.v=0,∇∧v≠0
Deux exemples pour un champ de vitesse statique en deux dimensions.
Conservation de la masse – bilan, ´equation de continuit´e
Le changement de masse dans un ´el´ement de volumeV est enti`erement donn´e par le flux net de masse `a travers la surface du volume,
d dt
Z
V
dVρ(X,t) =− I
∂V
d~a· {ρ(X,t)~v(X,t)}.
Iciρ(X,t)~v(X,t)≡~(X,t) est la densit´e de courant de la masse.
On note que le changement est positif sid~a·~v<0. En applicant le th´eor`eme de Gauß on trouve
d dt
Z
V
dV ρ(X,t) =− Z
V
dV ∇ · {ρ(X~ ,t)~v(X,t)}
ce qui donne l’´equation de continuit´e1
∂ρ
∂t +∇ · {ρ~~ v}= 0 (1)
1. les arguments (X,t) sont supprim´es.
Conservation de la masse – d´eriv´ee substantielle
L’´equation de continuit´e pour la masse peut ˆetre d´evelopp´ee
∂ρ
∂t +~v·∇ρ~ +ρ ~∇ ·~v= 0.
Introduisant la d´eriv´ee substantielle DtD ≡ ∂t∂ +~v·∇~ on ´ecrit Dρ
Dt +ρ ~∇ ·~v = 0 (2) La d´eriv´ee substantielle de ρ d´ecrit le changement total par
variation intrins`eque (∂ρ/∂t) et convectiuon (~v·∇ρ). Pour un~ fluide incompressible
∇ ·~ ~v = 0 ou bien I
∂V
d~a·~v= 0.
Bilan de la quantit´e de mouvement
Le changement de la quantit´e de mouvement dans un ´el´ement de volume est
d dt
Z
V
dV ρ(X,t)~v(X,t) =− I
∂V
d~a· {ρ(X,t)~v(X,t)⊗~v(X,t)}
| {z }
convection
− I
∂V
d~a·P~~(X,t)
| {z }
force du fluide ext´erieur sur∂V
+ Z
V
dV ρ(X,t)~k(X,t)
| {z }
force externe
Ici~~P est le tenseur de pression et~k est la force par masse d’unit´e.
Bilan de la quantit´e de mouvement – tenseur de pression
En forme matricielle (base euclidienne) on ´ecrit d
dt Z
V
dV ρ(X,t)v(X,t) =− I
∂V
da· {ρ(X,t)v(X,t)·vT(X,t)}
− I
∂V
da·P(X,t) + Z
V
dVρ(X,t)k(X,t) o`u Pest la matrice contenant les composantes deP~~,
P=
P11 P12 P13 P21 P22 P23
P31 P32 P33
.
Bilan de la quantit´e de mouvement – tenseur de pression cont.
Visualisation des composantes du tenseur de pression [2] :
La figure montre les forces per unit´e de surface,pxy~ex,pyy~ey,pzy~ez, sur un
´el´ement de surfaced~a=da~ey etp~y =pxy~ex+pyy~ey+pzy~ez. Pour un fluide non-visqueux les composantes non-diagonales du tenseur de pression sont nulles et si le fluide est isotrope le tenseur de pression est enti`erement d´ecrit par un scalaire,P=p1.
Bilan de la quantit´e de mouvement - ´equation de continuit´e
En appliquant le th´eor`eme de Gauß au bilan pour la quantit´e du mouvement on d´erive l’´equation de continuit´e
∂
∂t {ρ~v}+∇ · {ρ~~ v⊗~v}=ρ~k−∇ ·~ ~~P (3) Avec l’´equation de continuit´e pour la masse cette ´equation peut ˆetre r´e´ecrite sous la forme2
ρD~v
Dt =ρ~k−∇ ·~ P~~ (4)
2. D~v/Dt est la d´eriv´ee substantielle de~v.
Conservation de l’´energie - bilan
Avec la densit´e d’´energie cin´etique, ρ|~v|2/2, la densit´e d’´energie potentielle,ρφ, la densit´e de flux de chaleur,~Q, le bilan pour le changement d’´energie dans un ´el´ement de volumeV s’´ecrit
∂
∂t Z
dVρ(X,t) 1
2|~v(X,t)|2+φ(X,t)
| {z }
energie dansV
=
− I
∂V
d~a·~Q(X,t)
| {z }
flux de chaleur
− I
∂V
d~a·~~P(X,t)·~v(X,t)
| {z }
travail effectu´e/temps
− I
∂V
d~a·~v(X,t)ρ(X,t) 1
2|~v(X,t)|2+φ(X,t)
| {z }
convection
.
Conservation de l’´energie - ´equation de continuit´e
En d´efinissant l’abr´eviation = 1
2|~v|2+φ
pour l’´energie par masse d’unit´e et en utilisant le th´eor`eme de Gauß, l’´equation du blian m`ene `a l’´equation de continuit´e
∂
∂t(ρ) +∇ · {(ρ)~~ v}=−∇ ·~~ Q −∇ ·~ ~~P·~v
(5)
Conservation de l’´energie - ´equation de continuit´e 2
Utiliser que∇ ·~ ~~P·~v
=~v·
∇ ·~ ~~P
+P~~ :∇ ⊗~ ~v. Ici “:” d´enote une contraction totale,~~P :∇~~v =Pij(∇ ⊗~ ~v)ij. Avec ceci
∂
∂t(ρ) +∇ · {(ρ)~~ v}=−∇ ·~~ Q−~v·
∇ ·~ P~~
−P~~ :∇ ⊗~ ~v. ou bien
D
Dt(ρ) + (ρ)∇ ·~ ~v =−∇ ·~~ Q−~v·
∇ ·~ P~~
−P~~ :∇ ⊗~ ~v.
Conservation de l’´energie - ´equation de continuit´e 3
Ecrire Dρ
Dt +ρD Dt
| {z }
D Dt(ρ)
+(ρ)∇ ·~ ~v =−∇ ·~~ Q −~v·
∇ ·~ ~~P
−P~~ :∇~~v.
Avec Eq. (2) (conservation de la masse) il suit que que ρD
Dt =−∇ ·~~ Q −~v·
∇ ·~ ~~P
−~~P :∇ ⊗~ ~v (6)
Conservation de l’´energie - ´equation de continuit´e 3
Avec Eq. (4) (conservation de la quantit´e du mouvement) on a
∇ ·~ P~~ =ρ~k−ρD~Dtv, et Eq. (6) peut ˆetre r´e´ecrite sous la forme
ρD
Dt =−∇ ·~~ Q
| {z }
(1)
−ρ~v·~k
| {z }
(2)
+ρ~v·D~v Dt
| {z }
(3)
−P~~ :∇ ⊗~ ~v
| {z }
(4)
(7)
Les sources pour le changement d’´energie : 1. flux de chaleur
2. forces externes 3. flux de masse
4. forces exerc´ees par le fluide environnant
Equations constitutionnelles/mod`eles
Les ´equations (2), (4) et (7) sont les ´equations fondamentales des milieux continus. Il faut pourtant encore pr´eciser~~P et~Q, afin de pouvoir r´esoudre des probl`emes concrets. A ce point on fait des hypoth`eses, par exemple la validit´e de la loi de Fourier,
~Q =−λ ~∇T (8)
o`u λest le coefficient de contuctivit´e de chaleur et T est la temp´erature. Une deuxi`eme hypoth`ese est queP~~ est lin´eaire en
∇ ⊗~ ~v,
Pij =αklij(∇ ⊗~ ~v)kl (9)
Equations constitutionnelles – viscosit´es
Pour un milieu isotrope qui est seulement d´eform´e et qui n’effectue ni une translation ni une rotation globale, le tenseur~~P a la forme3
Pij =
p+ 2
3η−κ
∇ ·~ ~v
δij +η
∇ ⊗~ ~v
ij +
∇ ⊗~ ~v
ji
(10) Iciη et κsont, respectivement, la viscosit´e de cisaillement et de volume4 et p est la pression scalaire. Le coefficient η mesure la r´esistivit´e d’un fluide `a un cisaillement et κ la r´esistivit´e `a une compression. Pour un gaz parfait on aη= 0,κ= 0 et donc Pij =pδij.
3. Voir ref. [2] et les articles cit´es dans cet ouvrage.
4. En anglaisshear viscosity etbulk viscosity.
D´erivation
L’´equation de Navier-Stokes pour le champ de vitesse,~v, d’un fluide est obtenue en ins´erant l’expression (10) pourP~~ dans l’´equation (4) pour le bilan de ’la quantit´e du mouvement,
ρD~v
Dt =ρ~k+η∆~v+η 3 +κ
∇(~ ∇ ·~ ~v)−∇p~ (11) D´evelopper la d´eriv´ee substantielle souligne la forme non-lin´eaire de cette ´equation aux d´eriv´ees partielles
ρ ∂
∂t +~v·∇~
~
v =ρ~k+η∆~v+η 3 +κ
∇(~ ∇ ·~ ~v)−∇p~ (12)
En introduisant une longueur typiqueLet une vitesse typique U l’´equation (12) peut s’´ecrire sous la forme (voir TD)
∂
∂t0 + Re~v0·∇~0
~ v0
= Re~κ0+ ∆~v0+ 1
3 +κ η
(∇~0·~v0)~v0+ Re∇~0p0, o`u
Re = ρUL
η (nombre de Reynolds), = ρL2
τ η .
Base et base duale
I On distingue entre un vecteur ~u et ses composantes contravariantes {u1,u2,u3}par rapport `a une base {~b1, ~b2, ~b3}:u~=u1~b1+u2~b2+u3~b3.
I La base duale, {~b1, ~b2, ~b3}, est d´efinie par~bi·~bj =δji et peut ˆ
etre construite via
~b1 = 1
V(~b2∧~b3), ~b2= 1
V(~b3∧~b1), ~b3 = 1
V(~b1∧~b2), o`u V =~b1·(~b2∧~b3).
I Dans la base duale u~ est repr´esent´e par ses composantes covariantes,~u =u1~b1+u2~b2+u3~b3.
I La base euclidienne est d´enot´ee par {~e1, ~e2, ~e3}. Elle est orthonormale, ~ej ·~ek =δjk, tel que~ek =~ek (j,k = 1,2,3).
Produit scalaire
Le produit scalaire de deux vecteursu~ et ~v est une injection {~u, ~v} →Rqui est lin´eaire dans les deux arguments,5
~
u·~v ={ui~bi} · {vj~bj}=uivj{~bi·~bj} ≡gijuivj,
={ui~bi} · {vj~bj}=uivj{~bi·~bj}=uivi,
={ui~bi} · {vj~bj}=uivj{~bi ·~bj}=uivi,
={ui~bi} · {vj~bj}=uivj{~bi ·~bj} ≡gijuivj, o`u gij =~bi ·~bj sont les coefficients du tenseur m´etrique et gij =~bi·~bj. Avec g≡(gij) il suit que (gij) =g−1. Avec ceci
ui =gijuj et ui =gijuj.
5. On utilise la convention de Einstein pour la sommation (sommation automatique sur deux indices identiques).
Produit tensoriel, tenseurs
I Le produit tensoriel (dyade) de deux vecteurs ~u et ~v est une injection{~u, ~v} →R3⊗R3 qui est lin´eaire dans les deux arguments,
~
u⊗~v ={ui~bi} ⊗ {vj~bj}=uivj{~bi⊗~bj},
={ui~bi} ⊗ {vj~bj}=uivj{~bi ⊗~bj},
={ui~bi} ⊗ {vj~bj}=uivj{~bi⊗~bj},
={ui~bi} ⊗ {vj~bj}=uivj{~bi ⊗~bj}.
I Plus g´en´eralement, un tenseur de rang 2 est d´efini par
~~
T =Tij~bi ⊗~bj,=Tij~bi⊗~bj,=Tji~bi⊗~bj,=Tij~bi⊗~bj. Un exemple est le tenseur m´etrique via~~g =gij~bi ⊗~bj.
Produit scalaire et tensoriel dans une base euclidienne
I On utilise une notation matricielle pour la repr´esentation de vecteurs et de tenseurs de rang 2 dans la base euclidienne,
~ a=X
i
ai~ei, a=
a1
a2
a3
= (a1,a2,a3)T,
~~ B=X
i,j
Bij~ei⊗~ej, B=
B11 B12 B13
B21 B22 B23
B31 B32 B33
.
I Produit scalaire et tensoriel
u~·~v :{~u, ~v} →uT ·v=u1v1+u2v2+u3v3,
~
u⊗~v :{~u, ~v} →u·vT =
u1v1 u1v2 u1v3
u2v1 u2v2 u2v3 u3v1 u3v2 u3v3
. On note que uT ·v= tr(u·vT).
Champs et bases locales
I X ≡ {x1,x2,x3} d´enote des coordonn´ees cart´esiennes ou g´en´eralis´ees.
I ρ(X,t),~a(X,t) etB(X~~ ,t) d´enotent, respectivement, un champ scalaire, vectoriel et tensoriel (rang 2).
I Les vecteurs de base d’un champ vectoriel (tensoriel) d´ependent en g´en´eral de la position,
~
a(X,t) =X
i
ai(X,t)~bi(X), etc.,
~~
B(X,t) =X
i
Bij(X,t)~bi(X)⊗~bj(X), etc.
Coordonn´ees curvilignes
I Un syst`eme de 3 coordonn´ees curvilignes,X ≡ {x1,x2,x3}, d´efinit une position dans l’espace
R(X~ ) =X
j
Rj(X)~ej.
I Dans un tel syst`eme de coordonn´ees on un peut d´efinir des vecteurs de base locaux par
~bi(X) = ∂
∂xiR(X~ ).
Ces vecteurs sont tangents aux lignes parcourues par R(X~ ) si seule la coordonn´eexi varie.
Gradient, divergence
I Le gradient d’un champ scalaire φ(X) est un champ vectoriel :
∇φ(X~ ) =~bi(X)∂φ
∂xi.
I La divergence d’un champ vectoriel ~u(X) est un scalaire :
∇ ·~ ~u(X) =
~bi(X) ∂
∂xi
·
uj(X)~bj(X)
I Le rotationnel d’un champ vectoriel ~u(X) est un vecteur :
∇ ∧~ u(X~ ) =
~bi(X) ∂
∂xi
∧
uj(X)~bj(X) .
1. E. Guyon, J-P Hulin & L. Petit. Hydrodynamique Physique.
EDP Sciences, CNRS Editions. 3`eme ´edition. 2012.
2. D. McQuarrie, Statistical Mechanics. Chapitre 17 “Continuum mechanics”. Harper’s Chemistry Series, Harper Collins
Publishers, 1976.