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Étude des publics des manifestations littéraires en Rhône-Alpes

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Academic year: 2022

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Étude commandée par

La Direction régionale des affaires culturelles, la Région Rhône-Alpes et l’Agence Rhône-Alpes pour le livre et la documentation (ARALD)

Étude des publics des manifestations littéraires en Rhône-Alpes

2009 - 2010

Laboratoire « Communication, Culture et Société » Centre Norbert Elias

École Normale Supérieure de Lyon

Joëlle Le Marec, Roxana Ploestean

Avec la participation d’Ekaterina Scherbina et Igor Babou

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Étude des publics des manifestations littéraires en Rhône-Alpes

2009 - 2010

Laboratoire « Communication, Culture et Société » Centre Norbert Elias

ENS de Lyon

Joëlle Le Marec, Roxana Ploestean

Avec la participation d’Ekaterina Scherbina et Igor Babou

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Sommaire

Introduction ... 3

Le dispositif d’enquête proposé ... 6

Liste des manifestations étudiées ... 7

Calendrier du déroulement de l’enquête... 9

Le déroulement des enquêtes: collecte et traitement des données ... 9

Les documents de suivi et de premier traitement des données ... 10

Le corpus réalisé ... 13

Synthèse introductive ... 14

Première partie : les manifestations littéraires caractérisées par les publics ... 21

La manifestation littéraire prise entre deux temps : éphémère et pérenne... 26

Qu’est ce qui fait l’institution ? ... 26

Le lien au territoire ... 26

Éléments de comparaison de la dynamique territoriale dans deux sites : ... 32

Saint-Étienne et Bron ... 32

Les médiations du livre : l’exemple des auteurs invités ... 38

La transmission ... 44

Deuxième partie. Analyse par manifestation ... 46

Printemps du livre de Grenoble ... 51

Fête du livre jeunesse de Villeurbanne ... 58

Festival du premier roman, Chambéry ... 65

Cafés littéraires de Montélimar ... 76

Fête du livre de Saint-Étienne ... 86

Salon du livre, Petite édition, Jeune illustration, Saint-Priest ... 99

Esperluette, Salon du livre de Cluses ... 109

Fête du livre de jeunesse, Saint-Paul-Trois-Châteaux ... 118

Fête du livre de Bron ... 126

Quais du polar, Lyon ... 133

Les Assises internationales du roman ... 147

Troisième partie « Qui est public de quoi ? ». Traitement des données quantitatives ... 157

I. Réponses aux questionnaires de l’ensemble des personnes interrogées... 158

II. Analyse des sous-populations : étudiants, salariés, retraités ... 179

III. Pratiques de lecture : bibliothèques, librairies, achats ... 182

IV. Manifestations jeunesse ... 187

Sous-populations : 11 – 14 ans 15 – 18 ans ... 190

Quatrième partie. Répartition géographique des publics ... 198

Lieu de provenance des publics pour chaque manifestation ... 198

La dispersion des lieux de provenance : zoom sur le département ... 202

La fréquentation et la connaissance d’autres manifestations littéraires ... 207

Pour ne pas conclure : les manifestations littéraires, la chaîne du livre et les pratiques culturelles ... 211

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3 Introduction

Ce rapport présente les résultats d’une étude sur les manifestations littéraires en Rhône-Alpes.

L’enquête a commencé pour nous non pas au moment des collectes de données auprès des visiteurs lors de la fête du Livre de Bron en mars 2009, mais bien avant, lors des nombreuses discussions préparatoires avec la Direction Régionale des Affaires Culturelles (DRAC), de la Région Rhône-Alpes et de l’Agence Rhône-Alpes pour le Livre et la Documentation (ARALD).

La DRAC et la Région Rhône-Alpes avaient formulé une demande d’étude pour mieux connaître le public de ces manifestations littéraires, et notre équipe de recherche (à l’époque le laboratoire Communication Culture et Société de l’ENS LSH, devenu depuis composante du Centre Norbert Elias) souhaitait s’impliquer dans une réflexion sur des publics de propositions culturelles publiques développées hors les murs des établissements culturels (visites urbaines, évènements, etc.).

Nous menons en effet régulièrement des recherches sur des pratiques et les publics des médias et des institutions culturelles liées aux savoirs, en particulier les musées, bibliothèques et centres des sciences. Nous avons développé des liens multiples et durables avec le secteur des études et de la recherche institutionnelle, notamment le partage d’enjeux de connaissance propres à la vie des établissements académiques et culturels de service public. Ces enjeux participent pleinement du lien entre la recherche en sciences sociales et la vie culturelle, et à la dimension politique de ce lien entre recherche et culture. C’est dans cet esprit que nous développons des collaborations permanentes avec des musées et des bibliothèques.

Nous nous intéressons aussi plus largement d’une part au fonctionnement des médias (leur fonctionnement, les discours médiatiques, les cultures médiatiques), d’autre part à la condition des publics.

Nous sommes ainsi attentifs aux conditions dans lesquelles sont articulées ou confrontées une culture critique des médias et une confiance dans les institutions souvent observées dans le cas des expositions muséales, dans la mesure où il s’agit de productions institutionnelles et médiatiques hybrides. Les évènements culturels nous apparaissent comme étant proches des expositions sous cet aspect particulier : la combinaison des logiques médiatiques et institutionnelles, le pluralisme et l’autonomisation des pratiques de médiations de la culture.

La DRAC et la Région ont souhaité produire des connaissances sur les pratiques des publics fréquentant les lieux des manifestations de Rhône-Alpes, suite à un processus de qualification de ces évènements démarré en 2000 par la rédaction collective d’une « Charte des manifestations de promotion du livre et de la lecture », réalisée en partenariat avec les responsables de manifestations les plus qualifiées de notre région.

La Charte avait eu des retombées pour la structuration professionnelle de la chaîne du livre, mais aussi pour le développement et le partage d’une réflexion politique et intellectuelle collective sur le rapport aux livres et à la lecture.

L’ARALD avait en effet précédemment suscité ou encouragé des études et recherches portant sur les bibliothèques, les éditeurs, les libraires, les auteurs en Région Rhône-Alpes. L’étude proposée s’est donc avant tout inscrite dans une série de travaux structurés par la représentation politique d’une chaine du livre et de la lecture.

D’autres acteurs des études et recherche sur le livre et la lecture, comme la direction du Livre et de la Lecture et le service des études et de la recherche du centre Pompidou ont quant à eux développé une réflexion sur les lecteurs et les pratiques de lecture et plus spécifiquement sur les transformations induites par l’usage des réseaux. Nous avons ainsi lors de cette étude,

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discuté avec Agnès Camus à propos du public des débats et des rencontres avec les auteurs suite à l’étude qu’elle avait menée sur les manifestations du centre Georges Pompidou.

Ces travaux se développent dans le contexte académique d’un travail théorique intense de conceptualisation des pratiques culturelles et de leur ancrage dans la vie sociale1, des médiations du rapport à la culture2, de la vie des objets culturels3.

L’évènement culturel reste assez peu étudié, à l’exception de certains objets spécifiques comme le festival d’Avignon4. L’exposition muséale, bien étudiée5, est également une manifestation culturelle qui génère des pratiques liées à son caractère éphémère et unique.

A défaut de travaux, il existe un vif débat chez les professionnels de l’action culturelle, à propos de la multiplication des évènements du type « Nuit des musées », « Fête de la musique »,

« Journées du patrimoine », « Fête de la science ». Ceux-ci peuvent en effet sembler ambigus au plan politique dans la mesure où ils mettent en concurrence des conceptions contrastées d’une action culturelle conçue comme un travail de fond aux résultats peu apparents à court terme, et d’une action communicationnelle répondant à des injonctions de visibilité et de performance immédiate. D’une part la dynamique complexe d’un évènement pourrait et devrait susciter des possibilités qui prennent corps dans d’autres espaces et d’autres temporalités que l’évènement (faire découvrir des propositions, toucher de nouveaux publics, créer des réseaux interprofessionnels, interinstitutionnels, intergénérationnels, interculturels, générer des sociabilités de proximité, etc.). D’autre part la fabrication de l’évènement relève parfois d’un secteur professionnalisé de la communication professionnalisée, pour la promotion d’une politique, d’un secteur, d’une ville, d’un établissement, d’une production.

Du point de vue des pratiques effectives et non plus de l’analyse a priori des sens possibles de l’évènement, il est fort possible que l’objet et la spécificité de chaque évènement l’emporte, dans l’attribution de signification par le public, sur la reconnaissance d’un genre

« événementiel ».

Quel est le point de vue des publics dans le cas des manifestations littéraires? Comment interprètent-ils leur signification ? Occupent-elles une place dans des pratiques et des sociabilités culturelles ? Sont-elles des médiations qui participent du « monde du livre et de la lecture » ? Sont-elles identifiées à des dispositifs de communication médiatique ou institutionnelle ? Sont-elles des productions autonomes qui suscitent des pratiques particulières?

Nous avons décidé d’éviter toute tentation de réduction des manifestations littéraires à un genre événementiel, de forcer l’attention à la pluralité des enjeux culturels et sociaux qui s’y éprouvent et de nous rendre attentifs à tout ce qui pouvait surgir de l’observation suivie d’un ensemble de manifestations différentes. Le protocole d’étude a donc consisté à conserver l’hétérogénéité des manifestations étudiées et proposer une pluralité des façons d’objectiver le phénomène du public.

1 Bernard Lahire, La culture des individus – Dissonances culturelles et distinction de soi, Paris : La Découverte, 2004

2 Antoine Hennion La passion musicale, Paris : Métaillé, 2007

3 Yves Jeanneret, Penser la trivialité. Volume 1 : la vie triviale des êtres culturels, Paris, éditions Hermès- Lavoisier, 2008

4 Emmanuel Ethis, La Petite fabrique du spectateur : être et devenir festivalier à Cannes et Avignon, Avignon : Éditions Universitaires d'Avignon, 2011.

5 Jean Davallon, L’exposition à l’œuvre – stratégies de communication et médiation symbolique, Paris : L’Harmattan, 1999.

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5

L’élaboration de ce protocole de l’étude a donné lieu à une série de rencontres au cours desquelles ont été discutés et croisés des questionnements académiques, politiques et culturels.

La DRAC, la Région et l’ARALD ont porté une série de questions : sur la connaissance des publics :

Quels sont les publics qui fréquentent ces manifestations ? Quelle est leur composition sociographique ? Quelle est leur origine géographique ?

sur des pratiques et des usages :

Pourquoi fréquentent-ils ces manifestations ? À cause de leur aspect festif et convivial qui permettrait de dépasser une certaine peur du livre ?

À cause du désir de venir à la rencontre d’écrivains qu’ils ont lus et apprécient ? Ou bien d’écrivains dont ils ont entendu parler et qu’ils n’ont pas lus ? Et dans ce cas, ces manifestations sont-elles un des éléments de la promotion de la création et de la littérature contemporaine auprès du grand public ?

Achètent-ils des livres sur le lieu de la manifestation ? Quel est la signification de ces achats ? La rencontre avec l’écrivain y a-t-elle une part ?

Est-ce qu’ils reviennent régulièrement dans ces manifestations ? En fréquentent-ils plusieurs ? Ont-ils un imaginaire de la manifestation littéraire en général? De certaines d’entre elles ?

sur l’impact des manifestations littéraires :

Les manifestations littéraires touchent-elles des publics qui ne fréquentent pas par ailleurs d’autres lieux du livre (bibliothèques, librairies, etc.) ?

Les dynamiques partenariales mises en œuvre par les collectivités et les acteurs culturels ont-elles des effets sur ce qui se passe du point de vue des publics ?

Comme les dispositifs de médiation mis en œuvre dans ces manifestations participent-ils de ce qui s’y passe pour le public (lectures, rencontres et débats avec les écrivains, croisement des formes artistiques, etc.)?

Peut-on faire le lien entre objectifs de politique culturelle et aux objectifs que se donnent les financeurs et les pratiques que développent les visiteurs ?

Les membres de l’équipe ont quant à eux tenté de développer la connaissance des phénomènes liés aux publics :

Mieux comprendre les liens entre pratiques culturelles et médiatiques dans des contextes de pratiques hybrides

De quoi est-on « public » dans une manifestation littéraire ? Qu’est-ce que l’on y investit ? Les publics mobilisent différentes, expériences, références : leur présence à la manifestation est- elle articulée à d’autres corps de pratiques ? (fréquentation ou attachement à des institutions comme la bibliothèque, pratiques urbaines, pratiques de sorties culturelles, passion du livre sous toutes ses formes, pratiques de « fan », pratiques professionnelles ou militantes, etc.) Les pratiques liées aux manifestations littéraires peuvent-elles aider à comprendre certaines des transformations qui sont ressenties aujourd’hui comme décisives dans le rapport aux références culturelles, dans la perception sociale d’un monde du livre et de la lecture entre pratiques de sociabilité, marché, institutions, attachements ?

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6

Développer une attention particulière aux attachements chez les publics de manifestations littéraires

Amour des livres, attachement aux valeurs, confiance dans les prescriptions institutionnelles ou amicales, admiration ou intérêt pour des auteurs, font écho à la passion militante des promoteurs de certaines manifestations. Inversement, l’incertitude quant à la valeur de référence, la défiance à l’égard des motivations semblent plus fréquents chez les professionnels et surtout les acteurs politiques qui peuvent projeter sur les publics leur propre désenchantement. La recherche sur les manifestations littéraires nous est apparue comme une occasion d’observer l’importance des rapports de confiance et corrélativement de défiance, ainsi que les degrés d’engagement dans une variété de configurations où l’on se sent plus ou moins intégré à titre individuel ou collectif à une sphère culturelle, marchande, politique, institutionnelle, communicationnelle, selon le type de manifestation.

Mieux comprendre le lien entre pratiques et territoires d’une part, et la temporalité des pratiques liées aux manifestations littéraires d’autre part

Nous faisons l’hypothèse que les manifestations littéraires permettent d’explorer des liens contrastés entre pratiques culturelles et rapports aux territoires. On part notamment de l’hypothèse d’une conjonction de pratiques qui peuvent parfois tirer leur intérêt d’être déterritorialisées (la lecture) et de pratiques de sorties qui peuvent au contraire tirer leur intérêt d’être des moments de sociabilité très situés. En outre elles mobilisent un ensemble de réseaux et de rapports sociaux différents par rapport à l’engagement dans des enjeux territoriaux : organisateurs, soutiens, participants bénévoles, public impliqué, public de la manifestation uniquement.

Le dispositif d’enquête proposé

Le dispositif d’enquête a été organisé en plusieurs volets correspondant à des situations communication et des niveaux de précision différents, pour éviter tout effet d’homogénéisation artificielle par le mode de recueil.

Une étude sur la question : qui est public de quoi ?

Il s’est agi d’interroger la notion même de public (qui est public de quoi ?) et de saisir des pratiques différenciées, selon les objets, les formes, les médiations, les contextes des manifestations littéraires ; saisir également une connaissance des manifestations littéraires en général et saisir à l’inverse la médiation que peut constituer un simple programme de conférences ou d’auteurs qui peut avoir valeur de référence par exemple.

L’analyse a été menée à partir d’un échantillon de onze manifestations régionales, selon un ensemble de critères fortement contrastés discutés lors des rencontres en comité de pilotage.

Nous avons ainsi étudié des manifestations dans des métropoles et leur périphérie, des villes moyennes, des petite communes ou des territoires, des manifestations anciennes ou toutes récentes, des manifestations généralistes ou bien spécialisées dans leur objet ou dans leur fonctionnement.

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7 Liste des manifestations étudiées 2009

Fête du livre de Bron (du 6 au 8 mars)

Printemps du livre de Grenoble (du 25 au 29 mars) Fête du livre jeunesse, Villeurbanne (du 24 au 26 avril) Festival du premier roman, Chambéry (du 13 au 16 mai) Cafés littéraires de Montélimar (du 1er au 4 octobre) Fête du livre de Saint-Étienne (du 23 au 25 octobre)

Salon du livre, petite édition, jeune illustration, Saint-Priest (du 13 au 15 novembre) Esperluette, Salon du livre de Cluses (du 19 au 22 novembre 2009)

2010

Salon du livre de jeunesse, Saint-Paul-Trois-Châteaux (du 27 au 31 janvier 2010) Fête du livre de Bron (du 5 au 7 mars 2010)

Quais du polar (du 9 au 11 avril 2010)

Assises internationales du roman (du 24 au 29 mai 2010)

La Fête du livre de Bron en 2009 a été un terrain d’essai, qui nous a permis de tester le dispositif d’enquête.

Les Assises Internationales du Roman ont été ajoutées à la liste après discussion lors de la restitution à mi-parcours de l’étude.

La méthode d’enquête

Les questions posées initialement et la proposition élaborée impliquaient une démarche essentiellement qualitative avec la conduite d’entretiens et le recueil de quantité d’informations obtenues par la fréquentation de la manifestation, l’observation du dispositif et de tout ce qui pouvait survenir pendant l’enquête, les relations établies sur place, la collecte de documents mis à disposition des visiteurs (la manière dont l’enquête a pu se dérouler a été en elle-même riche d’enseignements sur la façon dont les pratiques des visiteurs, dont les nôtres, pouvaient trouver place dans le lieu et le temps de la manifestation). Nous avons cependant décidé de constituer des données descriptives sur le profil des visiteurs des manifestations à partir de deux types de questionnaires.

Un premier questionnaire que nous avons appelé « fiche de renseignement », très court, très facile à remplir par les visiteurs se présentant à l’accueil de chaque manifestation ou dans ses principaux sites dans le cas des manifestations se déroulant dans plusieurs lieux, a été proposé en auto-administration. Il ne comportait que quelques questions permettant d’avoir les éléments de base du profil (âge, profil socioprofessionnel, connaissance de la manifestation, fréquentation des bibliothèques, fréquentation de librairies, etc.). Ces fiches ont été distribuées et collectées par les équipes mêmes des manifestations littéraires, dans un des points d’accueil de la manifestation. Le nombre de fiches de renseignement varie entre 400 et 600 par manifestation.

Un questionnaire sensiblement plus long6 a été proposé dans chaque manifestation, et administré à un nombre beaucoup plus réduit de visiteurs avec l’aide d’une enquêtrice. Les questions ont été discutées avec l’équipe de l’ARALD pour permettre aux visiteurs de se projeter dans un choix de propositions pour tenter de qualifier plus finement les pratiques.

6 Voir exemple en annexe

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Le croisement des deux types de questionnaires, l’un auto-administré auprès d’un très grand nombre de personnes, l’autre administré par une enquêtrice auprès d’un nombre beaucoup plus faible, a permis d’avoir une certaine garantie quant à la qualité des données relatives au profil des visiteurs : nous avons retrouvé à peu près les mêmes distributions dans les deux cas.

Le questionnaire été testé lors de l’édition 2009 de la Fête du livre à Bron puis proposé dans l’ensemble des manifestations avec quelques adaptations selon les lieux. Le nombre de questionnaires récoltés dans chaque manifestation a été de 75 à 100, en fonction de la durée des manifestations (deux ou trois jours) et des conditions d’enquête dans chaque lieu.

Nous avons pu, en comparant les résultats obtenus avec la fiche et avec le questionnaire long, travailler avec une certaine sécurité sur les réponses obtenues avec les deux supports. La population constituée s’est en effet avérée être pratiquement identique.

Les entretiens

Les données les plus importantes pour répondre aux questions initiales et comprendre le sens que les visiteurs attribuent à leurs pratiques des manifestations sont issues des entretiens qui ont été menés, de 25 à 30 pour chaque site. Les visiteurs ont décrit leur expérience de visite, établi les liens avec des pratiques sociales et culturelles, développé un point de vue sur le phénomène de la manifestation. Il ont rendu compte de la manière dont ils se sont engagés dans la manifestation à partir de leur propre situation toujours singulière et compte tenu du contexte de la visite, de leur histoire, de leurs loisirs, de leurs prédilections et de leurs réticences, de leurs pratiques de sociabilité urbaines ou familiales, de leur rapport à la lecture bien sûr.

Ils permettent de traiter des questions telles que :

Comment la manifestation est-elle nommée et qualifiée ? Comment est-elle vécue ? Comment s’y sent-on ? À quoi est-elle reliée ? De quoi se différencie-t-elle ? Qu’en attend-on ? Qu’y fait- on dans le détail ?

Une approche territorialisée

Une enquête plus spécifique a été menée à Saint-Etienne et à Bron quelques jours avant la manifestation littéraire qui a été elle-même étudiée. Des entretiens ont été menés dans la ville auprès de libraires, de personnels des bibliothèques, d’étudiants, de lecteurs.

L’objectif de cette enquête complémentaire était d’éviter une focalisation excessive sur l’évènement lui-même, d’ouvrir une perspective sur un espace et un temps de la manifestation telle qu’elle se prépare et se vit avant et après l’évènement et ainsi de préciser les conditions d’une relation entre la manifestation et le territoire politique, culturel et social au sein duquel elle se déroule. C’est pourquoi nous avons choisi deux manifestations littéraires relativement anciennes, toutes deux généralistes, dans la ville de Saint-Étienne et dans la commune de Bron dans la banlieue de Lyon.

Une collecte des documents de communication

Nous avons collecté les affiches et programmes de l’ensemble des manifestations étudiées.

Ces documents font en effet exister des formes de pratiques, au moins un rapport de familiarité à la manifestation même chez ceux qui ne la visitent pas. Ils permettent d’esquisser une analyse énonciative pour rendre compte de la manière dont on s’adresse à un public en mobilisant des références culturelles, des représentations de pratiques, des argumentaires qui documentent un monde du livre et de la lecture tel que promu par les rédacteurs.

Outre la mise en œuvre de toutes ces opérations, l’enquête a été enrichie d’innombrables observations et rencontres informelles au fil des manifestations. Nous avons parfois suivi ou

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retrouvé des visiteurs, assisté à des petits évènements imprévus et très significatifs de la vie des manifestations, de ce qui peut s’y produire, du sens que peut y avoir une situation d’enquête. Nous verrons dans les résultats que les manifestations sont un lieu de rencontres.

Nous n’avons pas échappé à cette dynamique.

Calendrier du déroulement de l’enquête octobre 2008 – février 2009

Discussions pour la mise en place de l’étude, d’élaboration de la méthodologie et de l’échantillon des manifestations suivies

mars 2009

Fête du livre de Bron, terrain test mars 2009 – mai 2010

Réalisation de l’enquête

Collecte et traitement partiel des données juin 2010 – mars 2011

Traitement et interprétation des données, présentation et discussion des résultats, élaboration du rapport

Plusieurs rapports intermédiaires ont été présentés et discutés en comité de pilotage : juin et décembre 2009, juin 2010, janvier 2011.

Le déroulement des enquêtes: collecte et traitement des données

Chaque manifestation littéraire étudiée présente une configuration spécifique qui a eu des incidences sur la mise en place et le déroulement de l’enquête.

Au fil des premières enquêtes, les modalités de la collaboration avec les organisateurs de chaque manifestation et avec les professionnels et bénévoles impliqués sur place ont été systématisées, comme l’aide à la distribution ou à la mise en accès des fiches de renseignement, la mise à disposition d’un lieu de rencontre avec le public qui puisse faciliter la passation des questionnaires et la réalisation des entretiens.

Nous avons photographié pour chaque site des lieux dans lesquels nous avons procédé aux enquêtes, pour rendre compte de la variété des configurations.

Il y a eu des différences importantes d’un lieu à l’autre. Celles-ci tiennent à l’organisation des manifestations, à sa configuration spatiale (manifestation éclatée ou non) et temporelle (durée et existence de journées plus particulièrement adressées à des publics scolaires et professionnels, particularité des dimanches dans certains cas) à la fréquentation et notamment à l’affluence. Elles tiennent aussi au style des équipes. Certaines nous ont spontanément accueillis et aidés bien au-delà de ce qui avait été strictement prévu. Au festival de la littérature de jeunesse à Villeurbanne, aux cafés littéraires de Montélimar, l’enquête s’est insérée dans le dispositif jusqu’à faire partie des moments introductifs des manifestations (distribution et retour des fiches de renseignements par les organisateurs au début et à la fin des rencontres ou conférences par exemple).

Dans d’autres cas, il a été très difficile de trouver une place et un temps pour l’enquête (à Saint- Étienne et surtout à Lyon aux Assises du Roman). L’organisation est alors apparue peu

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perméable à l’intrusion d’acteurs et d’activités étrangères à la programmation.

Les conditions de l’enquête permettent aussi de contextualiser les données quantitatives dans chaque site. Ainsi, dans le cas de manifestations éclatées, la distribution des fiches oblige à repérer des personnes supposées faire partie du public de la manifestation. C’est le fait d’assister à des rencontres, des conférences, des projections, des débats, qui permet souvent d’identifier a priori des personnes susceptibles de se sentir faire partie du public.

Autre cas de figure : lors d’une forte affluence de groupes scolaires, comme lors d’une des journées de la manifestation à Chambéry, un grand nombre de questionnaires sont remis par leurs accompagnateurs à les collégiens et lycéens. Le public n’est pas un ensemble de visiteurs singuliers, mais des groupes d’élèves appartenant à quelques groupes scolaires. Nous avons pu vérifier, cependant, que les élèves remplissaient chacun les questionnaires de façon très personnelle et faisaient apparaître des centres d’intérêt différents en dépit du caractère collectif de la visite. Le dépouillement manuel de l’ensemble des questionnaires pour chaque manifestation, avant l’enregistrement des données sur le logiciel de traitements de données, permet d’examiner les conditions dans lesquelles le « public » est au moins partiellement préconstitué lors des opérations de distribution des fiches.

Les documents de suivi et de premier traitement des données

Il n’est pas possible, dans une étude comme celle-ci, d’accumuler les données issues de l’enquête dans chaque site sans se doter d’outils permettant d’en suivre l’organisation, le dépouillement, les traitements partiels en vue de l’analyse globale.

La masse des éléments quantitatifs et qualitatifs qui sont venus grossir les chiffres et la masse des entretiens tous les quinze jours, nous ont obligés à mener de front les dépouillements par site et la préparation d’une analyse transversale de l’ensemble des éléments cumulés.

Nous avons donc fabriqué et rédigé des documents de suivi du travail et quantité de textes permettant de filtrer et relier peu à peu tout ce qui a émergé du terrain.

Nous faisons figurer ci-après les documents de suivi et de traitement des données par manifestation :

Tableau des données recueillies dans chaque manifestation

Manifestation littéraire Nombre de jours

Fiches renseignement

Questionnaires Entretiens Fête du livre de Bron

Edition 2009 – terrain test

2 j - 40 8

1/ Printemps du livre de Grenoble

Du 27 au 29 mars 2009

3 j 585 97 28

2/ Fête du livre jeunesse Villeurba Du 25 au 26 avril 2009

2 j 600 78 24

3/ Festival du premier roman Chambéry

Du 14 au 17 mai 2009

3 ½ j 397 73 28 + 2

4/ Cafés littéraires de Montélimar Du 2 au 4 octobre 2009

2 ½ j 341 85 22

(12)

11

5/ Fête du livre de Saint-Étienne Du 23 au 25 octobre 2009

3 j 645 90 27

6/ Salon du livre jeunesse, Saint- Priest

Du 6 au 8 novembre 2009

2 ½ j 470 89 26

7/ Esperluette, Salon du livre de Cluses

Du 21 au 22 novembre 2009

2 j 536 90 27

8/ Salon du livre de jeunesse Saint-Paul-Trois-Châteaux Du 29 au 31 janvier 2010

3 j 379 91 31

9/ Fête du livre de Bron Du 5 au 7 mars 2010

3 j 598 89 26

10/ Quais du polar Du 9 au 11 avril 2010

3 j 371 102 27

11/ Les Assises internationales du roman

Du 23 au 29 mai 2010

5 j 106 - 26

TOTAL juin 2010 5028 883 292

entretiens (45 h)

Tableau d’avancement du traitement des données

Manifestation littéraire

Présentation contexte

Résumé entretiens

Transcription entretiens

QUANTI questionnaires

Modalisa

QUALI questionnaires

Dépouillement fiches renseignement 2009

Fête du livre de Bron

Édition 2009

- X -

1/ Printemps du livre de Grenoble

X X X X X X

2/ Fête du livre jeunesse Villeurbanne

X X X X X

3/ Festival du premie roman, Chambéry

X X X X X X

4/ Cafés littéraires de Montélimar

X X X X X

5/ Fête du livre de Saint-Étienne

X X X X X X

6/ Salon du livre jeunesse, Saint-Priest

X X X X X

7/ Esperluette, Salon du livre de Cluses

X X X X X X

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12

2010

8/ Salon du livre jeunesse Saint-Paul-Trois- Châteaux

X X X X X

9/ Fête du livre de Bron

X X X X X

10/ Quais du polar, Lyon

X X X X X

11/ Assises internationales du roman

X X X - - X

Présentation du contexte

Ce document s’apparente à un carnet d’observations. Il décrit tous les détails du déroulement de l’enquête et les premières impressions, une fois la manifestation finie. Ce document nous permet de répertorier des éléments de la configuration de la manifestation qui apporteront un éclairage sur les pratiques de visite au moment de l’analyse. C’est un document de travail d’une page interne à l’équipe de recherche, structuré chaque fois en trois parties : la configuration de la manifestation, le dispositif d’enquête, le public.

Résumé des entretiens

Lors de l’intervention de terrain, l’équipe tient un journal de bord pour noter les impressions et les échanges avec les publics, pendant, mais aussi en marge du dispositif d’enquête (après l’administration du questionnaire par exemple, et avant ou après l’entretien). Ces notes sont ensuite transcrites et nous permettent d’élaborer des typologies des publics et des postures de visite. Compte tenu du volume des données que nous traitons, ces résumés nous aident dans l’organisation du travail, avant la lecture des transcriptions.

Transcription des entretiens

Il s’agit de la transcription intégrale des entretiens qui est effectuée systématiquement. Ce travail, de grande ampleur, a été réalisé dans un deuxième moment.

Traitement quantitatif des questionnaires

Les questionnaires sont traités à l’aide du logiciel MODALISA. Une fois la saisie des données effectuée, ce logiciel nous permet de réaliser des tris à plat, croisés et des représentations graphiques des réponses aux questions.

Traitement qualitatif des questionnaires

Ce document rend compte de tous les éléments du questionnaire qui ne sont pas les réponses aux questions : il s’agit des commentaires en marge et messages adressés aux enquêteurs, ou bien à travers eux, aux organisateurs. Il enrichit la connaissance qualitative des visiteurs. Cette partie comporte deux étapes distinctes : recueil de toutes les annotations et analyse.

Dépouillement fiches de renseignement

Les fiches de renseignement sont dépouillées manuellement, nous permettant d’avoir des données quantitatives sur la fréquentation et la répartition géographique des publics.

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13 Le corpus réalisé

Détail des entretiens réalisés auprès des publics lors des manifestations

Entretiens réalisés 292

Entretiens individuels 242

Entretiens de groupe 50

Nombre de personnes interrogées 350

Durée totale des enregistrements 45 h

Durée moyenne d’un enregistrement 9’30

Volet territoire – Saint-Étienne

Entretiens réalisés 15

Auprès des professionnels (librairie, médiathèque)

7 Auprès des publics de la médiathèque de la

Tarentaise

8

Entretiens de groupe 4

Nombre de personnes interrogées 20

Durée totale des enregistrements 5 h

Durée moyenne d’un entretien 20’

Volet territoire – Bron

Entretiens réalisés 23

Auprès des professionnels (responsable service culturel Univ. Lyon 2, conservatrice Bibliothèque Univ. Lyon 2, médiathécaires Bron, responsable Fête du livre de Bron)

8

Auprès des étudiants de l’université Lyon 2 8

Auprès des publics de la médiathèque Jean Provost de Bron

6 Auprès d’une des librairies participant à La

Fête du Livre

1

Nombre de personnes interrogées 24

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14

Durée totale des enregistrements 9 h

L’ensemble des personnes interrogées dans le cadre de l’étude des publics des manifestations littéraires en Rhône-Alpes dans l’année 2009 - 2010

Fiches de renseignements 5028

Questionnaires 883

Entretiens lors des manifestations littéraires

350

Entretiens volet territoire Saint Étienne 20

Entretiens volet territoire Bron 24

Total 6305

Synthèse introductive

Cette synthèse introductive regroupe certains résultats qui nous sont apparus très marquants après achèvement de l’ensemble de l’étude. Ces résultats portent bien sûr sur le profil des publics des manifestations, mais surtout, sur ce que l’ensemble de ce qui a pu être observé et collecté pendant plus d’un an fait apparaître du phénomène des manifestations littéraires du point de vue de ses visiteurs.

De telles données n’avaient pas encore été constituées à notre connaissance même si, pendant le déroulement de l’étude, nous avons eu l’occasion de discuter de recherches en cours, non encore achevées, sur des manifestations littéraires particulières.

Ce qui se dégage de l’étude est donc une première conceptualisation d’un phénomène culturel rarement décrit, complexe, riche, cohérent. Nous verrons que l’analyse de ce nouvel objet culturel éclaire également certains aspects des cultures contemporaines au-delà du strict périmètre des fêtes du livre.

Nous avons fait figurer ensuite, dans les différentes parties du rapport, le détail de l’ensemble des résultats produits, quantitatifs et qualitatifs, pour l’ensemble des manifestations et pour chacune d’entre elles.

Nous avons tenu à garder dans la restitution des résultats de toutes ces parties un niveau de détail qui pourra paraître parfois excessif, mais qui nous semble indispensable dans un rapport de recherche destiné à être exploité et discuté par l’ensemble des acteurs concernés par la vie des manifestations littéraires.

Ce n’est en effet que grâce à ce travail de lecture fine de données très nombreuses et à leur mise en discussion au sein du comité de pilotage et avec l’équipe de l’ARALD, que nous avons

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nous-mêmes pu faire émerger progressivement une représentation respectueuse de la densité, de la complexité et de la dynamique de ce phénomène passionnant. Nous invitons nos lecteurs à prendre le temps de lire dans le détail ces résultats.

Les premières questions qui nous avaient été adressées concernaient le profil du public des manifestations littéraires en Rhône-Alpes et ses rapports à d’autres types d’offres liées à la pratique du livre et de la lecture. Il s’agissait notamment de vérifier l’existence éventuelle d’un public peu familier par ailleurs des institutions et espaces dédiés aux livres et à la lecture (bibliothèques, librairies). Une des préoccupations des membres du comité de pilotage était ainsi la capacité des manifestations à attirer d’autres publics que les « cumulants » curieux de tout ce qui peut enrichir des passions ou des pratiques déjà bien construites.

Les données constituées par le cumul des résultats des fiches de renseignements et questionnaires pour l’ensemble des manifestations font apparaître une première image du public. Cette photographie d’un public ainsi constitué reste à ce stade un peu difficile à interpréter : les données quantitatives valent essentiellement pour la possibilité d’effectuer des comparaisons ou de suivre des évolutions dans le temps.

On peut cependant faire un constat assez basique mais important : le public des manifestations littéraires tel que décrit en cette année 2009/2010 ressemble aux publics de la culture. De fait le goût des livres et de la lecture est très largement exprimé. Il n’y a là rien de très surprenant. Par contre, il y a bien une fraction non négligeable du public des manifestations littéraires qui ne pratique pas les offres classiques, qui ne fréquente ni les librairies ni les bibliothèques et qui pourtant vient et revient aux manifestations.

Plus fondamentalement, nous avons choisi pour caractériser le public des manifestations littéraires, non pas de comparer sa structure à celle d’autres populations (à commencer par celle de la Région Rhône-Alpes) ou à d’autres publics déjà décrits pour d’autres pratiques culturelles, mais de nous intéresser avant tout à ce qui émerge en propre de l’étude menée, et de relier par exemple les résultats quantitatifs aux résultats des entretiens qualitatifs pour ne pas escamoter l’étape indispensable de compréhension très située du sens des résultats obtenus. Ce sont les entretiens qui permettent au moins partiellement d’éclairer et d’approfondir certaines tendances apparues dans les réponses aux questionnaires et de comprendre ce que sont aujourd’hui, dans le paysage culturel et social, les manifestations littéraires.

Il s’agit donc d’éclairer la condition très particulière du public à partir de ses attitudes et de ses pratiques. Par exemple, les visiteurs sont très nombreux à choisir plusieurs motivations, une palette de modalités de visite, une pluralité de conceptions du rapport à la manifestation dans le questionnaire : le goût pour la lecture est mobilisé en même temps que la sortie en famille ou entre amis ou l’attachement au territoire où l’on habite, ou encore le rayonnement d’un évènement qui fait référence : on s’attend à ce que la manifestation s’adresse à des publics diversifiés. Participer à la manifestation, ce n’est pas uniquement pratiquer une activité pour soi- même, mais c’est relayer une action de la ville pour ses habitants, faire découvrir cette ville à des visiteurs ou des nouveaux venus, relayer l’effort pédagogique d’une génération de parents ou d’éducateurs en direction des plus jeunes, partager avec autrui et transmettre aux plus jeunes des goûts, des passions, des valeurs.

C’est aussi inscrire son amour de la lecture dans la quadruple temporalité d’une manifestation courte à laquelle on vient souvent plusieurs jours d’affilée, d’une manifestation annuelle qu’on attend et à laquelle on retourne, d’une histoire personnelle du rapport à la culture et à la sociabilité qui se construit et se transmet (certains viennent à une manifestation parce qu’ils y sont venus petits et ils y emmènent à leur tour leurs enfants) et d’une histoire collective qui est

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celle de l’évolution de la société contemporaine à laquelle les visiteurs sont sensibles et qui les préoccupent.

Annonçons dès maintenant un résultat majeur avant d’y revenir plus longuement plus tard : si la manifestation littéraire est un lieu lesté par un commun amour du livre et de la lecture, il permet avant tout le partage et l’acquisition en public d’une culture des pratiques culturelles. C’est le lieu par excellence où se construisent une culture du pluralisme des pratiques culturelles, une culture des médiations culturelles, et une culture de la continuité entre pratiques et médiations. Nous sommes très loin d’une conjonction souvent supposée entre la segmentation des publics, l’individualisation des pratiques de consommation culturelle et l’érosion des dispositifs institutionnels. Nous assistons au contraire dans les manifestations à un effort collectif de collaboration à une légitimation de la pluralité des pratiques et des médiations.

Cela se manifeste par ce qui peut ressembler dans ses formes visibles à un éclatement des pratiques individuelles de consommation culturelle mais qui dans la parole et l’expression, sert la vision collective relativement homogène d’une culture des médiations et des pratiques culturelles. La relation entre pluralité des médiations proposées et pluralité des pratiques des visiteurs peut de même ressembler à première vue à une mise en correspondance rationalisée entre différenciation de l’offre et multiplicité de la demande. Mais les visiteurs expriment une toute autre vision, celle de continuités et de perméabilités constantes entre les pratiques et médiations individuelles et les pratiques et médiations institutionnelles et marchandes.

Dans les manifestations littéraires étudiées, la multiplication des offres individualisées de médiation proposées par les organisateurs se condense collectivement, en public et au sein d’un espace physique intensément exploité. Elles laissent en outre, entre deux éditions des manifestations, une trace symbolique, l’équivalent au plan technique des fantômes glissés entre les volumes d’une bibliothèque pour marquer la place du livre provisoirement absent. La manifestation est une fabrique instituante, elle consacre la pluralité des médiations et la pluralité des pratiques qui leur répondent et auxquelles elles répondent.

Revenons cependant aux principaux éléments de l’enquête quantitative à partir des résultats cumulés de l’ensemble des manifestations.

Le public est majoritairement féminin (68 % femmes) ce qui est assez caractéristique des rapports aux livres et à la lecture. Cette présence féminine forte correspond aussi, dans ce que nous avons vu sur place, à des pratiques familiales ou en couple (60% visitent à plusieurs). Ce public est bien scolarisé, très majoritairement actif (78% de l’ensemble du public est salarié, plus de 63 % de l’ensemble a entre 26 et 64 ans). Un quart des salariés exerce une profession intellectuelle.

Enfin, ce public aime la lecture : 78% aiment et pratiquent 21% tout en regrettant de lire trop peu. Ce résultat déclaratif n’a évidemment rien d’étonnant. Mais l’étude qualitative en donne tout le relief et l’authenticité : c’est bien l’amour du livre et de la lecture qui est le moteur de ces manifestations et cet amour du livre et de la lecture se décline en quantités de modalités d’expression qui deviennent publiques dans la manifestation7. Par contre, c’est chez les étudiants que s’enregistre la plus forte proportion de ceux qui déclarent de « ne pas trop aimer la lecture » (8%, contre 1% des retraités).

Ainsi, il n’y a rien d’étonnant non plus dans le fait que les publics des manifestations littéraires est en majorité familier de la bibliothèque ou attaché à des librairies. 41% déclarent un intérêt

7 A l’occasion de cette étude, nous avons souvent été confrontés dans le milieu académique ou professionnel à des discours critiques ou désinvoltes a priori à l’égard du public des manifestations littéraires : certains interlocuteurs étaient convaincus d’avance que le goût pour ces manifestations était suspect, car probablement lié à l’attirance du public pour la possibilité de voir des auteurs médiatiques, ou de faire dédicacer un ouvrage qu’on ne lirait pas ou même, qui serait revendu le soir même sur Internet.

Ces présuppositions peu bienveillantes sont fréquentes : d’emblée, le public a souvent tort, soit qu’il ne vienne pas et trahisse ainsi son indifférence, soit qu’il vienne pour de mauvaises raisons.

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17 pour les écrivains contemporains.

Mais il faut noter que 21% du public ne fréquente aucune bibliothèque, et 30% n’est pas attaché à des librairies en particulier. Le tiers de ceux qui ne vont jamais en bibliothèque ne va jamais non plus en librairie.

En outre, 28% de ceux qui ne fréquentent aucune bibliothèque reviennent chaque année à la manifestation.

Enfin, sur les 8% des visiteurs (soit 69 personnes) qui déclarent n’avoir pas le temps de lire ni pour le loisir, ni pour le travail, près du tiers sont déjà venus ou reviennent régulièrement. Nous tenons là une fraction du public des manifestations littéraires qui ne fréquente jamais les bibliothèques ou les librairies, et dont certains reviennent pourtant régulièrement.

L’amour du livre et de la lecture se manifeste aussi, dans l’étude quantitative, par les modalités de circulation des objets livres. L’achat de 5 livres par an pour toutes raisons confondues concerne l’ensemble des répondants à cette question. Là encore, ce sont les entretiens qui nous permettent de comprendre plus finement la diversité des rapports aux livres et à leur achat. Cette question permet également de saisir la circulation des livres, les échanges entre amis, les cadeaux, les points de vente.

Le public global est composé presque à part égales de ceux qui viennent pour la première fois (46 %, dont la majorité de ceux qui sont venus pour accompagner des proches ou des amis) et de ceux qui reviennent. Les entretiens, nous le verrons, éclairent et donnent sens à cette fidélité aux manifestations littéraires que l’on attend et dont la pratique se partage et se transmet parfois de génération en génération.

Pour 37 % du public, c’est le bouche-à-oreille qui a été décisif dans la connaissance de la manifestation. Ce résultat remarquable compte-tenu des moyens souvent importants qui sont mis au service de la communication des évènements culturels, a pu être mis en relation, au moment de l’étude, avec un résultat très similaire constaté chez le public d’un des musées de Lyon. Nous y voyons l’importance considérable du lien entre pratiques culturelles et pratiques de sociabilité, lien bien mis en évidence dans les études menées par le Département des Etudes, de la Prospective et des Statistiques au ministère de la Culture.

Dans le cas des manifestations littéraires, ce lien entre culture et sociabilité est activé selon des modalités infiniment variées, qui mobilisent et nouent ensemble des relations familiales ou amicales, des liens intergénérationnels, des attachements au territoire, des désirs de rencontre avec des auteurs, des façons d’être public collectif de certains auteurs, de certains genres (le polar), de certains moments, des sociabilités secrètes internes à la lecture, etc. Sur les 883 personnes interrogées, 70 % se reconnaissent dans au moins l’une des propositions qui renvoient à la question de la sociabilité, soit pour évoquer un contexte de visite entre amis ou collègues, soit pour caractériser la manifestation comme étant essentiellement destinée à ceux qui viennent en famille ou entre amis.

Cette sociabilité transparait également dans la question de la circulation des livres : 24%

achètent des livres pour faire des cadeaux, et 10% déclarent acheter peu de livres mais en en recevoir par autrui.

Le public a des motivations multiples et équilibrées : les visiteurs sont très nombreux à se reconnaître dans plusieurs propositions de réponses, et ces propositions s’équilibrent toutes en fin de compte : la motivation est pour beaucoup à la fois et à parts égales une occasion de sortie familiale ou amicale, une sortie à une manifestation culturelle, une sortie à une manifestation littéraire. Un quart des répondants déclare un intérêt impérieux pour une manifestation littéraire en particulier. En outre, si la moitié voit dans la manifestation une sortie de proximité, ils sont 22 % à déclarer être prêts à faire de longs trajets pour s’y rendre.

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Un élément a retenu notre attention car il introduit une forme consensuelle de l’engagement en dépit ou au-delà de la très grande diversité des motivations que nous venons de signaler : la venue à la manifestation suppose une intensité de la pratique dans la durée même brève de l’évènement. La fréquentation se fait majoritairement sur plusieurs jours. Un quart des personnes interrogées était venu la veille du jour de la réponse à l’enquête et un tiers comptait revenir le lendemain.

Une fois dans la manifestation, 64 % des visiteurs participent à des rencontres, des événements ou des ateliers proposés en plus de la visite des stands. 72 % achètent des livres.

18 % prennent des contacts, ce qui manifeste l’importance des engagements : formations, réseaux professionnels, réseaux d’amateurs etc.

Enfin, interrogés sur ce qu’ils retirent de la manifestation, les visiteurs évoquent majoritairement l’intérêt pour la rencontre avec les auteurs, soit qu’on les découvre (52 %), soit qu’on les retrouve (30 %). Nous verrons que les entretiens mettent en évidence le plaisir de voir revenir certains auteurs.

On voit apparaître aussi l’importance de la sociabilité (28 % des répondants évoquent la rencontre) et la dimension pédagogique (31 % des répondants déclarent de la découverte ou de l’apprentissage).

Sans trop détailler ici les résultats obtenus sur les sous-populations des étudiants, retraités et salariés (voir ci-dessous dans la troisième partie du rapport), signalons par exemple que les étudiants de niveau universitaire, présents à 9 % dans l’échantillon global, sont plus fortement présents à Saint-Étienne (20 %), Saint-Priest (17 %) et Chambéry (12 %). Ce résultat est intéressant dans le cas d’une manifestation comme celle de Saint-Etienne. Ce n’est pas parce qu’une manifestation est ancienne et suscite des pratiques fidèles que son public vieillit.

Une motivation de visite plus sélective et plus affirmée s’exprime chez les salariés : ils sont 31

% à choisir la proposition « je voulais absolument venir à cette manifestation en particulier », contre 25 % des retraités et 23 % des étudiants. La situation est inversée avec la proposition

« je recherche les manifestations culturelles en général » choisie par 31 % des retraités, et 24

% des salariés. Les salariés chargés de famille rencontrés pour les entretiens ont de fait des disponibilités réduites, des vies très remplies et structurées par des contraintes multiples. Nous avons interprété cette expression plus forte et plus sélective comme un engagement qui va de pair avec les contraintes d’une vie active.

Nous souhaitons évoquer quelques résultats saillants concernant les tranches d’âge 11-14 ans et 15-18 ans. Ces résultats portent non pas sur les manifestations littéraires en particulier, mais sur les différences intéressantes qui apparaissent entre ces deux tranches. Elles témoignent des transformations dans les pratiques et les goûts à l’adolescence et peut-être également d’une manière de répondre de ses goûts et de ses pratiques face à l’enquêteur.

Les différences concernent notamment le goût pour la lecture : 4 % seulement des 11-14 ans disent ne pas trop aimer la lecture, contre 16 % des 15-18 ans. 74 % des 11-14 ans déclarent aimer et pratiquer la lecture contre 60% des 15-18 ans.

L’abonnement et la fréquentation d’une bibliothèque, qui concerne 54 % des 11-14 ans, tombe à 31 % des 15-18 ans. Ceux-ci sont 33 % à ne fréquenter aucune bibliothèque, alors qu’ils ne sont que 7 % chez les 11-14 ans. En revanche, les 15-18 ans sont plus nombreux, 50%, à déclarer aimer particulièrement certaines librairies, contre 28 % des plus jeunes.

Dans les manifestations, les plus grands assistent plus volontiers à des évènements avec des auteurs, mais ce sont les plus jeunes qui déclarent participer le plus à des activités de type atelier.

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À tous ces résultats globalisés pour l’ensemble des manifestations, il faut bien sûr ajouter les résultats différenciés par manifestation. Nous renvoyons à la section du rapport décrivant ces résultats par manifestations. Ce sont les entretiens et les observations site par site qui rendent compte de la manière la plus précise de ce que chacune d’entre elle produit spécifiquement auprès de ses publics propres.

Nous nous contentons dans cette synthèse introductive de rappeler trois des nombreux résultats qui concernent les liens entre manifestations.

En premier lieu, nous avons effectué une analyse cumulée des questionnaires pour une fraction des manifestations étudiées qui constituent un genre particulier, les manifestations jeunesse (Fête du livre jeunesse de Villeurbanne, Salon du livre, Petite édition, Jeune illustration, Saint- Priest, Salon du livre jeunesse de Saint-Paul-Trois-Châteaux). Le profil du public de cet échantillon recoupe bien le profil des manifestations en général, ce qui confirme le fait que les résultats obtenus ne résultent pas de la sommation et du nivellement des disparités entre publics de chacune des manifestations, mais qu’ils correspondent à un profil stable au moins dans la période étudiée. Les différences tiennent à une pratique plus familiale encore, avec de forts enjeux de transmission du goût pour la lecture et de partage des évènements culturels en général, et l’insistance sur tout ce qui relève de la sociabilité dans ces manifestations jeunesse.

En second lieu, nous avons étudié la connaissance et la pratique des autres manifestations du corpus chez les visiteurs de chacune d’entre elles. Nous renvoyons au détail de ces résultats ci- après mais notons dans cette synthèse que la question de la fréquentation et de la connaissance d’autres manifestations nous révèle un écart important entre les profils et le sens de la pratique : si les profils se ressemblent entre manifestations, le rapport à la manifestation diffère fortement selon qu’il s’agisse de manifestations de proximité ou de manifestations urbaines. Les manifestations urbaines sont plus génériques, elles rayonnent, attirent une fraction du public des autres manifestations et sont connues bien au-delà des frontières régionales (on cite le salon du livre de Paris, le festival de la bande dessinée à Angoulême, le salon du livre jeunesse de Montreuil, le festival Étonnants Voyageurs à Saint-Malo, etc.)

Les manifestations urbaines s’insèrent dans une offre culturelle dense, au sein de laquelle on les situe et parmi lesquelles on fait son choix.

Dans les agglomérations moyennes et petites, la manifestation littéraire est un évènement important qui est mis en relation non seulement avec des goûts culturels, mais aussi avec des engagements situés dans le territoire. Dans certains cas, la dimension citoyenne de l’attachement à la vie de la commune va de pair avec la dimension politique de soutien à des secteurs de la production ou de la vie culturelle.

« C’est la découverte, et comment dire….ces salons… Celui de Saint-Priest c’est la petite édition et la jeune illustration, on tombe un peu sur le livre d’art, des petites maisons, un pays invité, il y a eu la Corée, l’Italie cette année… Donc, ce sont des choses… Ces maisons, il faut qu’elles tiennent, qu’elles tiennent, qu’elles tiennent ! Saint-Paul- Trois-Châteaux, pour moi, personnellement, c’est le plus agréable. D’abord parce que ce sont des bénévoles, mais qui sont sûrement professionnels dans leur démarche, et c’est une grande librairie ».

Il y a donc à notre avis, une différence importante dans les enjeux à la fois politiques et culturels des manifestations littéraires selon qu’il s’agisse de manifestations métropolitaines intégrées à une offre culturelle abondante caractéristique des pôles urbains, ou de manifestations locales qui mobilisent d’autres ressorts, d’autres engagements, d’autres attachements.

En troisième lieu, l’ensemble des manifestations que nous avons étudiées ne constitue certes

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qu’un échantillon d’une offre plus vaste dans la région Rhône-Alpes, mais cet échantillon permet d’activer un grand nombre de configurations : manifestations généralistes avec forte présence des auteurs et des libraires, manifestations spécialisées dans des genres qui mobilisent des cultures de fan (le polar), manifestations spécialisées dans des secteurs culturels pointus et innovants (petite édition), manifestations développant des formes de rencontres spécifiques (cafés littéraires), manifestations développant des formes d’implication et de participation (premier roman), etc. L’échantillon redouble et amplifie ce que nous observons dans chaque manifestation. Ensemble elles déploient les éléments d’une culture des médiations du livre et de la lecture rendues visibles sur un même territoire, même si contrairement à ce qui se passe dans chaque manifestation, les visiteurs ne les voient pas toutes en même temps. On recueille cependant des commentaires précis des visiteurs, des comparaisons, des mises en relations à propos des dispositifs de différentes manifestations : ce sont parfois des éléments d’une culture critique d’un genre, celui des manifestations littéraires.

Enfin, les manifestations littéraires se prêtent à la construction de carrière de visiteurs : soit que ceux-ci reviennent fidèlement à la même manifestation, soit qu’ils changent dans le temps au fil des étapes de leur vie. Nous avons ainsi rencontré des visiteurs qui avaient hérité de la visite d’une manifestation découverte quand ils étaient enfants, et qu’ils font désormais visiter à leurs propres enfants (Saint-Étienne). Symétriquement, certains changent de manifestation ; une visiteuse des cafés littéraires de Montélimar déclare ainsi :

« J’allais à Saint-Paul-Trois-Châteaux, c’était pour les livres jeunesse, quand mon fils était jeune. J’amenais mon gamin, c’était passionnant, en plus ça m’intéressait aussi par rapport à mon travail. Pour mon fils, c’était aussi intéressant, parce qu’il y avait des BD, des illustrateurs, tous les à-côtés des livres jeunesse. C’est vrai que maintenant j’ai décroché, donc en ce moment, c’est la seule… le seul salon, festival du livre que je fais ».

Nous allons développer tous ces points dans les sections qui suivent.

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Première partie : les manifestations littéraires caractérisées par les publics Avant tout, le projet de caractériser de façon globale un public des manifestations littéraires n’allait pas de soi : nous avons du partir de l’hypothèse selon laquelle il était pertinent de le constituer à partir du public d’un échantillon de différentes manifestations, à condition de respecter la possibilité de mettre en évidence l’absence de ce public au cas où les visiteurs de chaque manifestations ne reconnaitraient pas du tout cette catégorie globale. C’est pourquoi nous avons accordé une attention très forte à la caractérisation du public de chaque manifestation, et nous avons monté en généralité de façon très prudente en collant au point de vue des visiteurs.

L’étude des publics à l’échelle régionale nous a en outre permis, à partir d’un même objet, la manifestation littéraire, de saisir un contraste entre des régularités constatées dans le profil des publics en tant que « public » des livres et de la lecture, et des disparités revendiquées dans le sens donné à la manifestation en fonction du lien au territoire et aux catégories de l’offre culturelle (assistance à un évènement, attachement à un genre littéraire, etc.).

Le corpus étudié oblige d’emblée à affronter une disparité présente en amont de la visite, dans les catégories mobilisées par les organisateurs pour désigner, structurer l’offre et guider son interprétation (nom de la manifestation, modalités de visite, etc.). Certaines manifestations servent d’ailleurs d’emblée plusieurs enjeux, dont ceux qui sont spécifiques d’un secteur professionnel (l’édition, l’illustration, la librairie), d’un genre littéraire (la littérature jeunesse), d’un fonctionnement social (la transmission intergénérationnelle).

Nous avons en outre maximisé dans l’échantillon les écarts possible dans les enjeux de sociabilités territoriales. Les manifestations sont réparties entre les petites villes (Cluses, Saint- Paul-Trois-Châteaux, Montélimar), les villes moyennes et les grandes villes (Lyon, Grenoble, Saint-Étienne) ou des villes périphériques d’une agglomération importante (Saint-Priest, Villeurbanne). Cette répartition nous a permis de prévoir l’observation des liens possibles entre attachement au territoire et vie culturelle. Nous verrons qu’ils sont très importants.

Une étude de ce type nous oblige à nous consacrer à une édition précise des manifestations étudiées (2009). C’est un élément de contexte important (nouvel espace pour la Fête du livre de Saint-Paul-Trois-Châteaux, transformations majeures dans l’organisation du Festival du premier roman, nouvelle configuration du salon Esperluette) qui intervient dans les conditions du déroulement de l’enquête (la difficulté de repérer visuellement le public dans le cadre éclaté spatialement des Cafés littéraires de Montélimar, l’impossibilité de mise en place de l’enquête quantitative dans le cadre des Assises internationales du roman).

Cependant, les visiteurs sollicités manifestent souvent une connaissance de la manifestation qui dépasse souvent l’édition en cours.

Les manifestations littéraires étudiées apparaissent du point de vue leurs publics comme des objets culturels à part entière qui occupent une place particulière dans les pratiques de lecture et plus largement dans les pratiques culturelles. Cette place ne correspond pas vraiment à une pratique exclusive qui ne pourrait s’exercer nulle part ailleurs. On peut acheter des livres en librairies, se renseigner sur l’actualité littéraire dans des médias et des rubriques médiatiques spécialisées, rencontrer des auteurs ou écouter des conférences en librairie et en bibliothèque ou dans des centres de culture.

Par contre, dans la manifestation littéraire, toutes ces activités sont soit intensifiées, soit recontextualisées d’une manière qui leur donne une densité et une portée toute différente et que l’on reconnaît d’une manifestation à l’autre.

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