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LE DÉVELOPPEMENT DURABLE ET LA GESTION DES FORÊTS

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Academic year: 2022

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Introduction

5.1 Les concepts de base de la gestion intégrée et de l’utilisation judicieuse de la ressource forestière

5.1.1 Le développement durable en foresterie

5.1.2 La nouvelle foresterie ou foresterie écosystémique 5.1.3 Les produits forestiers non ligneux

5.2 Vers un aménagement intégré 5.2.1 Outils réglementaires

5.2.2 La lutte intégrée contre les insectes ravageurs

5.2.3 La gestion intégrée des ressources fauniques et forestières 5.2.4 La forêt Montmorency, un exemple d’aménagement intégré 5.3 Le maintien de la biodiversité

5.3.1 La protection des espèces en péril

5.3.2 Les milieux naturels protégés comme support au maintien de la biodiversité : nouvelles avenues

5.4 Reboisement et agroforesterie en milieu tropical 5.4.1 Le reboisement par les plantations 5.4.2 L’agroforesterie, une approche intégrée

Introduction

Dans ce chapitre, nous abordons quelques aspects liés à la mise en application du développement durable en foresterie. Dans un premier temps, nous vous présentons les concepts de base d’un développement plus harmonieux et plus respectueux de l’environnement et de la ressource forestière. Par la suite, nous verrons les grandes lignes réglementaires ainsi que celles d’un projet de développement de la gestion intégrée de la ressource. Nous verrons également les stratégies de lutte intégrée contre les insectes ravageurs. À titre d’exemple d’aménagement intégré, le chapitre présente le concept de forêt mosaïque qui s’inscrit dans le plan d’aménagement de la forêt Montmorency, située dans la réserve faunique des Laurentides.

Dans la section suivante, nous nous interrogeons sur la question de l’intégration des aires protégées adaptées au milieu humain et sur les moyens de réussir cette intégration. Le problème des espèces menacées y est discuté ainsi que le type d’aménagement à effectuer, afin de maintenir la biodiversité. La dernière section est entièrement consacrée à la protection de la forêt tropicale.

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5.1 Les concepts de base de la gestion intégrée et de l’utilisation judicieuse de la ressource forestière

La gestion intégrée des ressources en milieu forestier, comme dans les autres secteurs, passe par le développement durable. Dans cette section, nous verrons, notamment, de quelle manière le développement durable peut être appliqué en foresterie, quelles sont les principales questions à résoudre en cette matière au Québec et, finalement, nous nous attarderons sur l’approche écosystémique, un concept développé dans les années 1990, où l’on s'inspire des perturbations naturelles afin d'exploiter la forêt. La foresterie écosystémique constitue un moyen privilégié pour mettre en œuvre le concept d'aménagement durable des forêts.

La gestion intégrée des ressources tente de répondre aux besoins des différents utilisateurs de la forêt par la conservation et la mise en valeur des ressources naturelles d’un territoire. Dans un contexte d’exploitation forestière, par exemple, ce type de gestion pourrait viser à maintenir les activités de prélèvement de la faune, tout en conservant un habitat de qualité pour celle-ci et ses autres utilisateurs. Ainsi, les coupes forestières peuvent devenir un outil pour aménager l’habitat de certaines espèces fauniques. (Samson et al., 2002)

De même, puisqu’il est impossible de tenir compte de toutes les espèces animales présentes dans un territoire, un certain nombre d’entre elles ont été identifiées comme représentatives d’écosystèmes forestiers particuliers. Quoique intéressante, cette façon de gérer ne correspond pas nécessairement à l'aménagement écosystémique, car on favorise une espèce au détriment (parfois) d'une autre. C’est pourquoi la nouvelle tendance suggère une approche à une échelle plus grande, où on peut protéger un plus grand nombre d'espèces pour le maintien de la biodiversité (principe du filtre brut).

De plus, le paysage est devenu, au cours des dix dernières années, un enjeu incontournable de la gestion intégrée des territoires et des ressources (Coulombe et al., 2004). En effet, la qualité visuelle des paysages est à la base du récréotourisme (récréation en forêt). On a développé divers outils afin de faciliter la protection ou l'intégration des coupes aux paysages d'intérêt.

La commission Coulombe a constaté qu’un véritable processus de gestion intégrée des ressources (GIR) n'était pas encore implanté au Québec en 2004, quoique les besoins en ce sens existent depuis plusieurs années et que quelques expériences ont donné des résultats tangibles. Ainsi, la commission constatait que « même sur ces territoires fauniques structurés (ex. ZEC), la GIR demeure plutôt l’exception que la règle » (Coulombe et al., 2004).

Le Programme de forêts modèles du Canada, créé en 1992, est une initiative visant à encourager, par le biais de différents partenariats tels les compagnies forestières et les communautés locales, le

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développement et l'expérimentation de nouvelles façons de faire. Ce réseau vise la démonstration pratique du concept de développement durable en foresterie pour différentes régions du Canada, particulièrement le concept d'aménagement intégré. Chaque forêt est gérée par un vaste consortium de partenaires (industries, gouvernements, autochtones, institutions d'éducation, etc.). (RNCan, 2006.)

« Administré par le Service canadien des forêts, le programme repose sur un principe simple : chaque forêt modèle constitue en quelque sorte un laboratoire où divers partenaires, épousant des valeurs forestières diverses, déploient des efforts collectifs visant à concrétiser l'aménagement forestier durable (AFD) » (RNCan, 2006). En 2010, il existait 14 forêts modèles au Canada, dont trois au Québec, soit la Forêt modèle crie de Waswanipi, la Forêt modèle du lac Saint-Jean et le Projet le Bourdon. (Voir la carte à l’adresse suivante : http://www.modelforest.net/cmfn/fr/forests/

La Forêt modèle crie de Waswanipi, la seule forêt modèle du Réseau administrée par des Autochtones, encourage l’autosuffisance des Cris.

[Elle] est aménagée pour veiller au développement culturel, économique et social de la communauté de Waswanipi. [Elle] couvre 3,3 millions d’hectares de forêt boréale dans le Nord du Québec et est située au sud- est de la Baie James. [...] La Forêt modèle crie de Waswanipi intègre les connaissances traditionnelles et la culture des Cris au développement de pratiques durables d’aménagement forestier liées au développement des capacités, aux indicateurs de développement communautaire et à la faune (Réseau canadien de forêts modèles, 2010).

Les communautés forestières de la municipalité régionale de comté (MRC) d’Antoine-Labelle se sont réuni dans le cadre du projet Le Bourdon. Cette organisation formée de 19 partenaires, c’est rassemblé afin d’assurer l'avenir du secteur forestier régional. Exploité par l’Association des intervenants forestiers des Hautes-Laurentides, le projet Le Bourdon représente plus de 10 000 km2 de forêt mixte dans l'ouest du Québec. Ses partenaires ont une initiative à long terme de développer un plan d’aménagement forestier intégré qui servira comme appui lors de l’élaboration du plan d’aménagement de la province. (Réseau canadien de forêts modèles, 2010).

La Forêt modèle du Lac-Saint-Jean regroupe trois communautés avec une approche commune pour la diversification de l'économie du milieu forestier dans la région du Lac-Saint-Jean. La forêt modèle couvre près de 1,3 million d'hectares de forêt boréale au nord-ouest du Québec, une région traditionnellement partagée entre les trappeurs autochtones, l'industrie forestière, les pourvoiries et autres. La création de la forêt modèle est en soi un exemple de coopération entre les communautés de Mashteuiatsh, Maria-Chapdelaine et Domaine-du-Roy; uni dans leur objectif commun de maintenir et de développer l'économie locale du

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milieu forestier. Les dirigeants communautaires font le lancement d’initiatives telles que la récupération de la biomasse forestière, la mise en valeur des produits forestiers non ligneux, la restauration de forêts improductives, l'essai de nouvelles technologies forestières, et la recherche de nouvelles opportunités dans l'écotourisme. Ceci, dans un effort visant la revitalisation des communautés forestières de la région et pour améliorer la croissance socio-économique par le biais d’un aménagement forestier intégré. (Réseau canadien de forêts modèles, 2010).

5.1.1 Le développement durable en foresterie

La notion de développement durable a été mise de l’avant en 1987 lors du dépôt du rapport de la Commission mondiale sur l’environnement et le développement, mieux connu sous le nom de rapport Brundtland1. Selon ce rapport, le développement durable est un « développement qui satisfait les besoins actuels sans compromettre la capacité des générations futures de combler leurs propres besoins ». En foresterie, on parle plutôt « d'une utilisation de l'écosystème forestier qui maintienne à la fois l'intégrité et la santé des écosystèmes forestiers tout en maintenant les apports socio-économiques » (Conseil canadien des minstres des forêts, 1997). Le développement durable en foresterie implique donc que les pratiques forestières soient « écologiquement viables, économiquemement faisables, et socialement désirables » (Messier, 1999). Ainsi, le développement durable implique, d’une part, de reconnaître que les activités économiques exercent des pressions sur l’environnement et, d’autre part, que les ressources de la planète sont limitées et ne pourront pas répondre aux besoins humains si le rythme de consommation actuel se poursuit.

L'engagement du Canada en matière d'aménagement durable est enchâssé dans les stratégies nationales sur les forêts de 1992, de 1997 et de 2003 (Coalition pour la stratégie nationale sur les forêts, 2003). Depuis juin 1995, le Conseil canadien des ministres des forêts (CCMF) a développé son propre cadre scientifique de critères (C) et d’indicateurs (I) d’aménagement durable des forêts (ADF), afin de définir et de mesurer les progrès. Les critères représentent les valeurs forestières que la population canadienne veut rehausser ou maintenir, alors que les indicateurs définissent les facteurs scientifiques utilisés pour évaluer l'état des forêts et mesurer le progrès au fil du temps. Les indicateurs sont conçus pour la production de rapports à l'échelle nationale ou se prêtent bien à l'établissement de rapports pour une province ou un territoire mais, par contre, ils ne visent pas à évaluer la durabilité des unités d'aménagement forestier, localement ou à l'échelle, contrairement aux démarches provinciales (CCMF, 2003). Un des avantages des critières (C) et des indicateurs (I) est qu'ils rendent possibles la collecte de données nationales sur les forêts ainsi que la création et la mise en œuvre d'un répertoire national des forêts. Le cadre des critères et indicateurs du CCMF est reproduit dans le tableau ci-dessous (Tableau 5.1).

1 Les informations de cette section proviennent de Bélanger, 1992a et de IFC, 1990).

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Tableau 5.1 Cadre des critères et indicateurs du CCMF 2003

(Tiré de http://www.ccfm.org/ci/CI_Booklet_f.pdf (CCMF, 2003)

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Les six critères retenus au gouvernement fédéral et provincial (inscrits dans le préambule de la Loi sur les forêts)2, sont :

1. la conservation de la diversité biologique;

2. le maintien et l’amélioration de l’état et de la productivité des écosystèmes forestiers;

3. la conservation du sol et de l’eau;

4. la contribution des écosystèmes forestiers aux cycles écologiques planétaires;

5. le maintien des avantages multiples des forêts pour la société;

l’acceptation de la responsabilité de la société à l’égard du développement durable;

6. les prises en compte, dans les choix de développement, des valeurs des populations concernées et des besoins qu'elles expriment.

Ces six grands critères semblent faire consensus au niveau international, mais là où il y a désaccord, c'est sur l'utilisation d'indicateurs qui valident ces six critères (Fortin et al., 2000).

Au Québec, les critères concernant l’aménagement durable de la forêt (ADF) sont inscrits dans le préambule de la Loi sur les forêts depuis 1996. Bien que cette loi ne fournit pas, actuellement, une réponse concrète à l'aménagement durable des forêts, le développement et la mise en œuvre de critères et d’indicateurs constituent une étape dans cette direction. Malheureusement, en 2006, le Québec était peu avancé dans le développement et l'instauration de ces indicateurs, avec à peine une dizaine d'indicateurs de développés 3. Comme souligné dans le rapport du vérificateur général de 2002, il reste toujours impossible d’en évaluer le progrès dans l’atteinte des objectifs sous-jacents aux six critères d’ADF. Ce n'est qu'en établissant et en complétant un programme de suivi pour chaque indicateur, dans une perspective d'amélioration continue, que l'on pourra bien évaluer la situation.

Les standards de l'ADF nécessitent d'être définis, afin de permettre de juger de l'efficacité des interventions à travers différentes régions. La définition des cibles et des seuils critiques d'aménagement devrait prendre appui sur de solides connaissances des régimes de perturbations et des dynamiques forestières propres à chaque région forestière. Selon certains scientifiques, deux types d'indicateurs seraient requis, soit des indicateurs de planification des opérations forestières et des indicateurs de suivi environnemental, afin de vérifier si les actions entreprises permettent l'atteinte des objectifs ADF (c’est-à-dire faire de la gestion adaptative) (Bélanger et al., 2004). Il faut donc s'attendre à ce que ceux-ci changent au fil du temps, de l'évolution des pratiques et des connaissances.

2 Vous pouvez lire en détail les critères et indicateurs sur les sites internet des deux ordres de gouvernement:

http://www.mrnf.gouv.qc.ca/forets/amenagement/amenagement-amenagement- criteres.jsp et http://www.ccfm.org/current/ccitf_f.php

3 Communication personnelle avec un fonctionnaire du MRNF.

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Pour illustrer un vrai développement durable en forêt boréale, Messier (1999) suggère quelques règles de base, telles :

1. Adopter le principe de l'aménagement écosystémique de la forêt comme étant un tout.

2. Conserver une proportion significative (au moins 12 %) de la forêt boréale.

3. Faire de la foresterie intensive sur une petite portion du territoire pour récupérer les fibres perdues en 1 et 2.

4. Favoriser l’innovation dans la prévention et l’action.

5. Investir dans les recherches et le développement pour supporter 4.

6. Prendre en compte les besoins régionaux parmi la communauté globale.

7. Encourager la participation publique.

8. Prendre en compte les impacts des changements climatiques pour les 100 prochaines années.

9. Substituer la réglementation dite adaptative pour une réglementation plus restrictive.

Afin de mettre sur pied un véritable aménagement durable, on doit, notamment, élargir le concept de rendement soutenu pour y inclure toutes les ressources forestières (végétation, faune, milieu hydrique, etc.) dans un contexte où les éléments – autres que la matière ligneuse – prennent de l’importance afin de maintenir la diversité biologique. On estime donc que la capacité du territoire forestier de fournir d’autres ressources ne doit pas être entravée par la production commerciale du bois. Dans cette optique, les pratiques forestières doivent, notamment, assurer la protection des autres éléments comme l’eau, l’air, les habitats fauniques, les sites récréatifs ainsi que le cadre esthétique. En fait, le développement durable doit se réaliser dans le contexte d’une utilisation polyvalente du milieu et du respect du renouvellement de la ressource ligneuse.

L’application du développement durable engendre cependant un certain nombre de questions. Par exemple, dans le cadre de l’exploitation forestière, on peut se demander quelles répercussions sur l’environnement, sont acceptables pour la société ou quels objectifs d’aménagement forestier doivent être visés. Autrement dit, comment arriver à maintenir l'intégrité de l'écosystème forestier sans mettre en péril les fondements socio-économiques de notre société actuelle? (Messier, 1999). Puisque toute exploitation d’une ressource par l'être humain crée un impact sur l’environnement, quel est le niveau d’intervention acceptable pour l’homme et pour l'écosystème? Tout en reconnaissant que toute intervention par l'homme modifie l'écosystème et qu'il est impensable de croire qu'il est possible de maintenir ces écosystèmes dans un état complètement naturel – tout en y prélevant une quantité importante de matière –, « la décision finale reste une décision sociale » (Messier, 1999).

Le tableau 5.2 résume quelques stratégies d’aménagement susceptibles de répondre aux grandes préoccupations environnementales.

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TABLEAU 5.2 STRATÉGIES D’AMÉNAGEMENT POUVANT RÉPONDRE AUX PRINCIPALES PRÉOCCUPATIONS ENVIRONNEMENTALES EN MILIEU FORESTIER AU QUÉBEC

Source : Bélanger, 1992a.

réoccupations environnementales

Stratégies d’aménagement conséquentes

Actions posées au Québec

1. Dilapidation du bois Foresterie classique fondée sur le renement soutenu

Loi sur les forêts

2. Destruction des autres ressources

Atténuation des impacts des coupes

Modalité d’intervention en milieu forestier

3. Contamination du milieu

Gestion itégrée des ravageurs

Stratégie de protection des forêts

4. Manque de

polyvalence

Aménagement intégré Projet de recherche surla gestion intégrée

5. Perte de l’intégrité écologique

Foresterie écologique ???

Selon plusieurs intervenants du secteur forestier, il est clair que la Loi sur les forêts propose certaines solutions aux trois premières préoccupations présentées dans le tableau 5.2. Cette loi vise d’abord à assurer la pérennité de la ressource ligneuse en obligeant le respect du principe de la coupe à rendement soutenu. Elle essaie aussi de minimiser les répercussions environnementales les plus sérieuses par l’intermédiaire du règlement sur les normes d'intervention (RNI) et de la stratégie de protection des forêts, ces deux derniers aspects étant respectivement présentés aux sections 5.2.1 et 5.2.2.

« La Stratégie de protection des forêts est l'ensemble des engagements pris par le gouvernement du Québec en 1994 pour développer de nouvelles approches d'aménagement forestier » (MRNF, 1994). Cependant, la Loi sur les forêts ne fournit pas, actuellement, une réponse satisfaisante en ce qui concerne l’utilisation polyvalente de la forêt et le maintien de la diversité biologique. En fait, certains affirment que la politique forestière du Québec a plutôt une vision réductrice du développement durable, car le concept de rendement soutenu de la Loi est avant tout axé sur la récolte de la matière ligneuse plutôt que sur un véritable aménagement intégré des forêts (Dubois, 1999). Cependant, en proposant des mesures qui visent à atténuer les répercussions négatives sur l’environnement découlant de l’exploitation forestière, le RNI constitue un premier pas vers une meilleure protection du milieu.

Finalement, afin que se réalise un réel aménagement forestier durable, la commission Coulombe suggère l’intégration des critères et des indicateurs d’ADF par l'intégration, dans chaque plan d’aménagement forestier intégré (PAFI), des cibles à atteindre pour chacun des indicateurs pertinents au territoire. De plus, si les recommandations de la commission Coulombe se concrétisent, le Forestier en

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chef devra publier, tous les cinq ans, un rapport sur l’évolution de l’atteinte des objectifs d’aménagement durable des forêts sur le territoire québécois, au sens de la Loi sur les forêts.

5.1.2 L’aménagement écosystémique

Des chercheurs en foresterie ont développé, dans les années 1980, une approche qualifiée de « nouvelle foresterie » qui visait, en quelque sorte, à réformer les pratiques de cette décennie ( Franklin et al., 1989, Gillils, 1990, Hopwood et Island, 1991). On pourrait maintenant qualifier cette foresterie d'aménagement écosystémique, qui se fonde sur le fait que l’aménagement des forêts et la récolte des arbres doivent être subordonnés aux fonctions biologiques des écosystèmes forestiers et au maintien de la biodiversité. Avec le nouveau paradigme des années 1990, où la forêt est considérée comme un écosystème constitué de nombreuses parties, souvent indissociables, on se soucie de la santé de l'écosystème dans son ensemble et de toutes ses composantes (Messier, 1999).

La commission Coulombe a retenu la définition suivante de l’aménagement écosystémique : « Un concept d’aménagement forestier ayant comme objectif de satisfaire un ensemble de valeurs et de besoins humains en s’appuyant sur les processus et les fonctions de l’écosystème et en maintenant son intégrité. » (Coulombe, 2004, p. 47.)

La foresterie écosystémique est donc fondée sur la connaissance de la nature très complexe des écosystèmes forestiers et sur la mise en œuvre des pratiques forestières visant le maintien de l’intégrité écologique et de la biodiversité, qui exige une planification à l’échelle du paysage souvent au-delà de ce qui est visuellement perçu par l’humain. Le respect de ces principes semble essentiel au maintien de la productivité à long terme et de la résilience des forêts. L'aménagement forestier doit aussi s'inspirer des perturbations naturelles, donc se faire à l’échelle du territoire et non pas seulement à l’échelle du peuplement forestier.

[Cet aménagement] doit également tenir compte de l’ensemble des valeurs associées au milieu forestier et des ressources des écosystèmes aménagés, en plus de concevoir des approches permettant leurs usages multiples. Bien que certaines fonctions ou usages puissent être incompatibles sur une même portion de territoire, la concertation entourant la mise en valeur des ressources est généralement considérée comme un des fondements de l’approche écosystémique‖ (Coulombe et al., 2004, p. 47).

À l’échelle du peuplement forestier, les pratiques forestières suggérées par la foresterie écosystémique consistent notamment à :

 utiliser des méthodes de récolte qui laissent en place des chicots, des arbres morts en décomposition et des arbres vivants de grande taille;

 favoriser l’établissement de peuplements composés de plusieurs espèces et classes d’âge;

 faire en sorte que certains arbres puissent se développer au-delà de la maturité, pour ainsi créer les futures vieilles forêts.

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À l’échelle régionale, la pratique de la foresterie écosystémique vise notamment à maintenir, sur l’ensemble d’un territoire forestier, les processus écologiques naturels, soit utiliser le principe du filtre brut, et maintenir la diversité de toutes les espèces, même celles qui sont encore peu connues ou totalement inconnues (Messier, 1999). En d’autres termes, ce principe privilégie une composition, une structure, et une variation dans l'espace et le temps des peuplements semblables à celles qui caractérisent les milieux naturels, ce qui devrait permettre de maintenir la diversité biologique et les fonctions essentielles aux écosystèmes forestiers (Messier, 1999). Dans un tel contexte, on cherche surtout à éviter la fragmentation des habitats par les secteurs de coupe forestière.

La simplification dans la composition et la structure des paysages, pratiquée actuellement, serait à l'opposé de l'aménagement écosystémique. Donc, on pourrait minimiser les impacts négatifs en utilisant la nature comme guide.

À ce sujet, voici ce que la commission Coulombe constate :

Malgré certains efforts sporadiques, les interventions du Ministère en matière de protection des forêts contre les perturbations naturelles visent essentiellement à protéger les volumes ligneux attribués aux entreprises de transformation du bois. Cette orientation est évidemment basée sur l’impact économique des perturbations lorsque celles-ci entraînent d’importantes pertes de matière ligneuse. Le défi est donc de trouver l’équilibre entre la gestion de ces pertes et le respect des principes de base de l’aménagement écosystémique et des usages multiples du territoire forestier.

Il faut considérer que les perturbations naturelles, telles les feux, les insectes et les maladies des arbres, constituent, de façon imagée, des

« utilisateurs » du milieu forestier et que ces agents naturels jouent un rôle écologique important à l’intérieur des écosystèmes. Ils assurent le rajeunissement de la forêt, la remise en circulation des éléments nutritifs et, parfois, sont des éléments essentiels à la régénération naturelle de certaines essences ligneuses (Coulombe et al., 2004, p. 71-72).

Parmi les pratiques forestières suggérées, nous donnerons ici l’exemple du maintien, après la coupe, des chicots et des arbres tombés au sol de manière naturelle. Les chicots, qui sont des arbres morts restés debout, servent d’habitats à certains mammifères et à certains oiseaux comme les pics, les chouettes et les aigles. Puisque certains chicots peuvent demeurer en place pendant des décennies, ils servent d’abri à plusieurs générations d’animaux. Les troncs d’arbres tombés au sol, dont la décomposition peut prendre des siècles, constituent aussi un habitat intéressant pour des petits mammifères, des amphibiens ou des invertébrés. Ils servent aussi de substrat pour la régénération des conifères et, de plus, ils sont le siège d’une importance activité microbienne responsable de la fixation de l’azote atmosphérique. On dit que lorsqu’un arbre meurt, il n’a accompli que la moitié de son rôle dans l’écosystème. En le laissant sur place, on lui permet

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d’accomplir l’autre moitié. On suggère aussi de laisser sur place des arbres sains qui serviront d’habitats fauniques. Ces arbres sont aussi responsables du maintien d’un microclimat local et servent d’arbres semenciers nécessaires à la régénération naturelle. Par ailleurs, on propose d’allonger la période entre deux coupes (rotation), ce qui permet le développement d’une forêt plus mature.

La figure 5.1 schématise le principe des interventions proposées par la nouvelle foresterie dans les forêts de l’Ouest canadien. En « A », on voit les effets d’une perturbation naturelle majeure : quelques grands arbres et des chicots restent en place pendant que de jeunes arbres se développent après la perturbation. Quelque 150 ans plus tard, l’ensemble de la forêt est mature; les arbres les plus vieux ou les plus faibles tombent et une nouvelle génération d’arbres commence à croître après 200 ans. En « B », on a schématisé une forêt qui est soumise à un aménagement intensif. Dans ce cas, on récolte les arbres bien avant qu’ils n’aient atteint leur maturité. Il n’y a pas de vieux arbres ou de chicots dans une telle forêt. Le schéma

« C » montre une forêt aménagée selon les principes de la nouvelle foresterie, lesquels visent à imiter l’évolution forestière naturelle. On voit que les coupes partielles laissent en place des chicots, des arbres matures vivants et des arbres renversés au sol. On constate aussi que la période de rotation peut être allongée, la troisième coupe se faisant 130 ans après la deuxième, au lieu de 70 ans comme indiqué dans le schéma « B ».

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Source : Hopwood et Island, 1991.

FIGURE 5.1 AMÉNAGEMENT FORESTIER DANS LE CONTEXTE DE LA NOUVELLE FORESTERIE

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Dans le cadre d’une approche écosystémique, le thème de l’aménagement forestier est ainsi abordé dans le rapport Coulombe :

L’aménagement écosystémique nécessite une adaptation constante des décisions et des méthodes. Celles-ci doivent en effet tenir compte des besoins et des valeurs exprimés par les intervenants locaux et régionaux, tout en reposant sur des consensus qui devront être de plus en plus larges. [...] La gestion normative devient donc rapidement inadaptée à une approche écologique, sauf pour les encadrements de base en ce qui concerne la protection de la qualité de l’environnement, la protection des paysages et l’atteinte des rendements ligneux, entre autres. La définition d’objectifs écosystémiques et de production des ressources, la compétence et la rigueur professionnelles ainsi que la concertation des usagers sur le territoire deviennent alors des valeurs incontournables de l’approche écosystémique. Il s’en suit (sic) que des équipes multidisciplinaires, comprenant, entre autres, des ingénieurs forestiers, des biologistes, des aménagistes du territoire, des architectes du paysage ou des urbanistes, deviennent nécessaires.

[…]

Bien que des décisions doivent être prises de façon régulière pour aménager le territoire, les connaissances sur les composantes des écosystèmes, leur fonctionnement et leurs interrelations avec les autres systèmes seront toujours imparfaites. L’aménagement écosystémique doit donc être adaptatif et solidement appuyé par des efforts de recherche orientés vers une meilleure compréhension des écosystèmes (Coulombe et al., 2004, p. 49-50).

Le cadre canadien des critères et des indicateurs, [qui] favorise une approche écosystémique, [constitue] un des piliers de l’application des principes de l'ADF (CCMF, 2003). L’adoption de l'aménagement écosystémique devrait donc aider à définir les indicateurs nécessaires à l’évaluation de l’atteinte des objectifs ADF pour les forêts du Québec. Et parmi les moyens qui devraient aider vers le virage de l’aménagement écosystémique, on peut identifier la recherche, la certification et la vérification externe (ex. : Forestier en chef) (Coulombe et al., 2004).

5.1.3 Les produits forestiers non ligneux

Le riche patrimoine forestier du Canada a longtemps été mesuré à l’aune des arbres utilisés pour fabriquer des produits forestiers traditionnels principalement du bois d’œuvre résineux, du papier journal et de la pâte de bois. Or, la forêt fournit de multiples avantages sur le plan environnemental, esthétique, récréatif et social, qui s’ajoutent aux avantages d’ordre économique. La population canadienne accorde une grande importance à la forêt où elle peut pratiquer des activités et être en contact avec la nature et où elle trouve une source d’inspiration artistique. Les liens que les peuples autochtones entretiennent avec la forêt leur permettent de se ressourcer sur le plan culturel et spirituel.

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Les écosystèmes forestiers fournissent un éventail beaucoup plus large de biens et de services que les simples produits forestiers traditionnels.

L’Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) définit les produits forestiers non ligneux (correspondant au terme anglais non-wood forest products) comme les produits d’origine biologique autres que le bois, tirés des forêts, des autres terres boisées et des arbres hors forêt. Les PFNL comprennent les produits du bois spécialisés, les champignons comestibles, les baies, les noix, les produits de l’érable, les plantes médicinales, les huiles essentielles, les cônes et l’écorce. Tout comme les produits forestiers non ligneux tels que définis par la FAO, les PFNL peuvent être :

■récoltés dans la nature, dans des forêts et sur des terres productives ou non productives de bois marchand ;

■produits dans des forêts aménagées plus ou moins intensivement, ou

■produits dans des systèmes agroforestiers.

On fait aujourd'hui un usage commercial de nombreux types de produits forestiers non ligneux. Plusieurs systèmes de classification des PFNL ont été proposés pour faciliter la discussion. Ainsi, ces produits sont souvent classés selon leur utilisation prévue :

■produits ornementaux ;

■produits alimentaires, aliments fonctionnels et produits nutraceutiques ;

■produits pharmaceutiques et produits d’hygiène personnelle. (MRNCan, 2009).

Au Québec, les produits forestiers non ligneux comprennent les produits et les sous-produits non utilisés par l’industrie traditionnelle du bois, soit récoltés directement en forêt, soit cultivés sous couvert forestier ou en champs. Il s’agit des plantes herbacées, de la résine et des substances végétales naturellement colorantes; mais aussi du miel, des baies, du riz sauvage, de la sève d'arbre, etc.(Gouvernement du Québec, 2005)

En 2005, on estimait que ces produits comptaient pour beaucoup dans l’économien mondiale (centaines de milliards de dollars), canadienne (241 millions de dollars) et disposaient d’un potentiel de croissance très important. Ces produits attirent aussi les industries forestières, agricoles, biotechnologiques et pharmaceutiques. .(Gouvernement du Québec, 2005)

Selon Wikipédia (2010), les PFNL peuvent se classer selon leur origine : végétale ou animale. On dénombre huit catégories de PFNL d'origine végétale:

aliments ; fourrage ; matière première pour la préparation de médicaments et de produits aromatiques ; matière première pour la préparation de colorants et de

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teintures ; matière première pour la fabrication d’ustensiles, d’objets d’artisanat et pour la construction ; plantes ornementales ; exsudats ; et autres produits végétaux.

On dénombre aussi 8 catégories pour les PFNL d'origine animale: animaux vivants ; cuirs, peaux et trophées ; miel sauvage et cire d’abeille ; viande de brousse ; matière première pour la préparation de médicaments ; matière première pour la préparation de colorants ; autres produits animaux comestibles ; autres produits animaux non comestibles.

Produits ornementaux

Les PFNL ornementaux dont la production et/ou la récolte exige peu de technologie comprennent les produits suivants (MRNCAN, 2009):

■les arbres de Noël,

■les fleurs et le feuillage utilisés à des fins décoratives,

■les produits d’art et d’artisanat, y compris les produits d’artisanat autochtone, et

■les produits du bois spécialisés et les sculptures en bois.

Même si les PFNL ornementaux ne contribuent pas autant au produit intérieur brut du pays que les produits forestiers traditionnels, les recettes provenant de l’emploi saisonnier qu’ils génèrent ont des retombées importantes à l’échelle locale. Ils permettent aux gens de demeurer dans les collectivités rurales et peuvent constituer une importante source de revenu additionnel pour un ménage qui peut en tirer chaque année jusqu’à 10 000 $ (MRNCan, 2009).

Produits alimentaires, aliments fonctionnels et produits nutraceutiques

Au Canada, les écosystèmes forestiers ont fourni pendant des siècles des produits alimentaires nutritifs aux Autochtones. Parmi ceux-ci nommons : les produits de l’érable, les petits fruits, dont les bleuets sauvages (bleuets nains), les champignons forestiers comestibles, les vivaces indigènes de sous-étage comme le ginseng sauvage et les crosses de fougère, et enfin les tisanes (MRNCan, 2009). Des sous-produits de l’industrie forestière peuvent également être transformés en produits alimentaires, comme en additifs aromatisants tels : le vinaigre, l’extrait de vanille, et la fumée liquide produite de la pyrolyse de bois pulvérisé ou de cellulose.

Aliments fonctionnels et produits nutraceutiques

Parmi les aliments fonctionnels et les produits nutraceutiques — aliments ou composants alimentaires qui, au-delà de leurs fonctions nutritionnelles de base, contiennent des composés chimiques bioactifs naturels procurant des bienfaits démontrés pour la santé et/ou réduisant le risque de maladie ont dénombre les produits suivants: les phytostérols — extraits de la pâte de bois, puis ajoutés à la

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margarine pour réduire le mauvais cholestérol, et le xylitol — un alcool de sucre extrait du bouleau et servant d’édulcorant naturel ; le xylitol est utilisé pour remplacer le sucre ordinaire (saccharose) notamment pour prévenir la carie dentaire et pour aider les diabétiques à contrôler leur glycémie (MRNCan, 2009).

Produits pharmaceutiques et produits d'hygiène personnelle extraits de la forêt

L’un des produits pharmaceutiques extrait de la forêt le plus connu est le paclitaxel, un composé bioactif isolé à l’origine de l’écorce de l’if de l’Ouest. Le paclitaxel s’est avéré très efficace dans le traitement de diverses formes de cancer, y compris le cancer du sein et des ovaires, et est commercialisé sous le nom de Taxol®. La forte demande pour cette essence à croissance lente sur le marché a réduit considérablement l’approvisionnement aux États-Unis, et il a donc fallu se mettre à la recherche d’autres sources de paclitaxel. Ce dernier est maintenant principalement extrait de l’if du Canada, une espèce plus répandue, dont le Canada est un important fournisseur. Si cette espèce peut être récoltée de manière durable, elle constituera une avenue de développement économique pour l’Est du Canada.

Des substances extraites de plantes forestières, notamment les huiles essentielles de résineux, sont utilisées dans une vaste gamme de produits d’hygiène personnelle : huiles utilisées en aromathérapie, cosmétiques, parfums, fragrances pour la maison, produits de soins pour animaux de compagnie, shampoings et savons. (MRNCan, 2009).

Les paysages et la ressource récréative

Le concept de gestion intégrée des ressources, notamment lors de la gestion des paysages, comprend la récréation en forêt qui constitue une activité très populaire et une des valeurs traditionnellement reconnues (Pâquet et Bélanger, 1998).

Les activités telles la chasse et la pêche dans des club privés étaient autrefois bien intégrés, mais elles étaient réservées à ceux qui en avait les moyens. Par exemple, la pêche au saumon l’était ainsi pratiquée principalement par des pêcheurs fortunés. Selon Le Rouzès et al., 1996, ce n’est qu’après la deuxième guerre mondiale que le récréotourisme en forêt connaît son premier essor. Puis, dans les années 1960, l’entente fédérale-provinciale pour l’aménagement rural et le développement agricole (ARDA) entraînera la mise en place du programme d’inventaire des terres du Canada (ITC) qui déterminera, entre autres, le potentiel d’utilisation des terres pour la récréation dans, et à proximité, des zones habitées.

C’est en 1970 que l’accessibilité aux forêts publiques sera maintennat possible pour tous. À partir de 1984, le développement récréatif s’est structuré avec la mise en place du Plan d’affectation des terres publiques. Puis, en 1988, c’est le Règlement sur les normes d’intervention dans les forêts du domaine public (RNI) qui a amorcé l’encadrement des pratiques forestières pour une meilleure prise en compte des autres utilisations du territoire dont les activités de récréation.

Même si c’est la chassee et la pêhce qui génèrent une partie importante des

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retombées économiques liées aux activités récréotouristiques en milieu forestier, la forêt devient de plus en plus populaire pour les autres activités de plein-air telles que le récréotourisme, l’écotourisme et le tourisme d’aventure. (Bilan forestier régional - Consortium en foresterie Gaspésie – Les Îles, 2006). Par exemple, alors qu’en 2000, la chasse et la pêche représentaient 35 % du temps et 54 % des dépenses consacrées par les résidents de la région de la Gaspésie aux activités liées à la faune et à la nature, 65 % du temps et 46 % des dépenses l’étaient pour le plein air et l’observation de la faune (Bouchard, 2003).

Les activités récréatives en forêt comprennent la chasse, le piégeage et la pêche, mais aussi plusieurs types d’activités nautiques et terrestres : baignade, canotage, camping, randonnée (ex : marche, vélo, ski, équitation, raquette, canot, motoneige, vtt), observation de la faune (ex : ornithologie), cueillette, villégiature (Le Rouzès et al. 1996 ; Pâquet et Bélanger, 1999).

La plupart des activités récréatives pratiquées en milieu forestier nécessitent un minimum de qualité visuelle et naturelle des paysages. La qualité des paysages, par rapport aux pratiques sylvicoles, est tributaire de la grandeur et de la forme de la coupe (lignes naturelles), de la quantité de déchets de coupe, de la distance de la coupe par rapport à l’observateur et du temps nécessaire au reverdissement des aires de coupe (Pâquet et Bélanger, 1999). Récemment, le gouvernement du Québec élaborait un objectif de protection et de mise en valeur (OPMV) visant à maintenir la qualité visuelle des paysages forestiers lors de la planification forestière (MRNFP, 2003 ; Pâquet, 2003)

5.2 Vers un aménagement intégré

L’application du développement durable en milieu forestier doit se faire en passant par diverses étapes transitoires. Dans cette section, nous résumons les modalités réglementaires, lesquelles constituent un premier pas vers une gestion plus durable et intégrée des ressources. Nous présentons ensuite les grandes lignes de la lutte intégrée aux insectes ravageurs et nous faisons état d’une nouvelle approche actuellement étudiée pour lutter contre la tordeuse des bourgeons de l’épinette. En dernier lieu, nous présentons un projet de gestion intégrée des ressources fauniques et forestières, inspiré des résultats de plusieurs années d'expérimentation de divers projets pilotes.

5.2.1 Outils réglementaires

Le gouvernement provincial encadre les activités d'aménagement forestier à l'aide de trois outils principaux : le manuel d'aménagement forestier, le Règlement sur les normes d’intervention dans les forêts du domaine de l’État (souvent abrégé en RNI) et les objectifs de protection et de mise en valeur du milieu forestier (OPMV).

Le manuel définit les traitements sylvicoles applicables aux divers peuplements forestiers du Québec (MNRF, 2003c). Il sert ainsi de référence aux ingénieurs forestiers afin de déterminer les hypothèses de calcul utilisées pour évaluer la

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possibilité annuelle de coupe. Le manuel, tout comme le RNI, encadre les activités à l'échelle du peuplement, limitant ainsi l'atteinte d'objectifs liés au maintien de la diversité biologique et de l'aménagement écosystémique.

Le RNI est le document légal dans lequel sont définies les mesures qu'il faut adopter pour protéger les habitats fauniques, les zones de villégiature et les paysages ainsi que pour minimiser l'érosion des sols et l'impact négatif des travaux sylvicoles sur le régime hydrique et la qualité des eaux (MRNF, 2006). Plus précisément, le règlement porte sur la superficie et la localisation des aires de coupe, l'implantation et l'utilisation des aires d'empilement, d'ébranchage et de tronçonnage, le tracé et la construction des chemins, l'emplacement des camps forestiers, les activités d'aménagement forestier en fonction des ressources à protéger ou des unités territoriales dont la vocation est déterminée dans un plan d'affectation, l'application des traitements sylvicoles et la protection de la régénération forestière.

Selon l'article 25 de la Loi sur les forêts, les normes ont pour objet le maintien ou la reconstitution du couvert forestier, la protection de l'ensemble des ressources du milieu forestier et la compatibilité des activités d'aménagement forestier avec l'affectation des terres du domaine de l'État. Or, nous verrons ci-dessous que le RNI ne permet pas nécessairement d'atteindre tous ces objectifs.

Compte tenu de sa large portée, le RNI constitue un complément aux autres lois et règlements élaborés par les différents ministères qui aident à atteindre certains objectifs d’aménagement durable des forêts, surtout en ce qui concerne la protection de certaines espèces vedettes « filtre fin », dans un processus global de la protection de la biodiversité. Ainsi, il est intéressant de noter que près de la moitié des dispositions du RNI visent la protection du milieu aquatique (Coulombe et al., 2004). Il faut reconnaître que ce règlement n’a pas été développé pour assurer la gestion durable de toutes les ressources forestières, mais plutôt pour contrôler et limiter certains problèmes observés ou potentiels (Bélanger et al., 2004). De plus, cette approche statique ne répond pas aux critères d'une approche dynamique telle que le suppose une approche de gestion adaptative dans un contexte de gestion durable des ressources.

Voici quelques exemples illustrant les types de mesures incluses dans le RNI : La superficie des aires de coupe à blanc d’un seul tenant est maintenant limitée à 150 hectares pour la pessière, la sapinière et la forêt mixte.

Lorsque la superficie des aires de coupe est inférieure à 100 hectares, on doit conserver une lisière boisée d’au moins 60 mètres de largeur entre deux aires de coupe. Si la superficie varie entre 100 et 150 hectares, la bande boisée doit avoir 100 mètres. Quoique la section IX du RNI interdise les coupes sans la protection de la régénération et des sols, on peut tout de même continuer de l'appeler coupe à blanc, puisque l'on récolte toutes les tiges marchandes. Ainsi, même si la documentation ministérielle nomme systématiquement la coupe à blanc, « coupe avec protection de la régénération et des sols », la communauté scientifique internationale conserve le terme « coupe à blanc ».

Parmi les mesures de protection du réseau hydrographique, la plus importante est le maintien d’une lisière boisée sur les rives des lacs et des

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cours d’eau afin de protéger le milieu aquatique et de conserver un couvert forestier en milieu riverain. Il est prescrit de préserver une bande boisée de 20 mètres de largeur en plus de la zone de transition non forestière entre l’eau et la forêt (écotone riverain) (Figure 5.2A). Le maintien de cette lisière boisée est nécessaire afin de préserver la biodiversité de ce milieu, qui est habituellement très riche. On peut cependant intervenir dans cette lisière afin de réduire les risques de chutes d’arbres et d’en assurer le rajeunissement. On limite la récolte dans la lisière boisée à un tiers des tiges marchandes (ayant un diamètre à hauteur de poitrine (DHP) de 10 centimètres et plus).

D’autres dispositions interdisent d’empiéter ou de détourner un cours d’eau, de le creuser ou de l’utiliser comme voie d’accès. Il est interdit d’y jeter de la terre ou des déchets de coupe. De plus, les arbres doivent être abattus de manière à éviter qu’ils ne tombent dans l’eau. Les ponts ou ponceaux doivent être mis en place de manière à respecter l’écoulement normal de l’eau. La construction de chemins forestiers doit, elle aussi, répondre à des normes précises. Ainsi, tout chemin doit être à plus de 60 mètres des lacs et des cours d’eau à écoulement permanent;

l’emprise, c’est-à-dire l’espace nécessaire pour construire le chemin, ne doit pas mesurer plus de quatre fois la largeur de la chaussée (Figure 5.2B).

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Source : MER, 1989b. Reproduit avec l’autorisation des Publications du Québec.

FIGURE 5.2A) LISIÈRES BOISÉES À RESPECTER SUR LES RIVES DES LACS ET DES COURS D’EAU B) NORMES À RESPECTER POUR LA

CONSTRUCTION DE CHEMINS FORESTIERS

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Certains sites d'utilité publique, nommés unités territoriales et délimités dans le RNI, possèdent des mesures d’encadrement visuel (dans un rayon pouvant atteindre 1,5 kilomètre) où l'aspect visuel des coupes doit être atténué. Ainsi, afin de minimiser ces répercussions, on suggère, notamment, de faire des coupes où les limites doivent se fondre au paysage en suivant les lignes dominantes de la topographie (Figure 5.3).

Figure 5.3 Coupes à blanc par trouées

Source : MER, 1989b, Reproduit avec l’autorisation des Publications du Québec.

Certains habitats fauniques, précisément identifiés dans le RNI, reçoivent des mesures particulières de protection. On y retrouve, notamment, les aires de concentration d’oiseaux aquatiques, les habitats du poisson, du rat musqué, de l’orignal, les héronnières ainsi que les ravages du cerf de Virginie. Par exemple, en ce qui concerne les héronnières, les 200 premiers mètres de terrain entourant les sites de nidification doivent être laissés intacts. Par ailleurs, le MRNF a publié un guide d’aménagement de l'orignal afin de réaliser des coupes qui favorisent son habitat.

Le plus grand défi pour améliorer le RNI en termes de maintien de la biodiversité est de toute évidence l'aspect lié au concept du filtre brut, soit, une approche liée à la protection des écosystèmes au lieu des habitats de certaines espèces, afin de maintenir la biodiversité (Bélanger et al., 2004). Par exemple, la diminution actuelle des superficies des vieilles forêts risque d'entraîner aussi la disparition des espèces qui y sont associées. Le RNI ne protège pas ces vieilles forêts. Par contre, avec les nouveaux objectifs de protection et de mise en valeur du milieu forestier (OPMV), ils seront partiellement protégés. Un autre élément, noté par certains spécialistes, suscite parfois la controverse, soit la rigidité de certaines normes du RNI, sans aucune possibilité d'ajustement selon les circonstances. Ainsi, les bandes de 20 mètres minimales le long de tous les cours

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d'eaux, dans tous les endroits, sans égard à la complexité des écosystèmes aquatiques et aux autres considérations, tels les impacts sur le paysage (ex. : circuit canot-camping), créent de grands remous! Finalement, une des problématique du RNI et des autres outils réglementaires actuels reposent sur leur manque de flexibilité pour s'adapter aux conditions locales diversifiées du Québec.

Cette problématique liée à la gestion normative fut d'ailleurs soulignée dans le rapport Coulombe. Ainsi, c'est à l'aide de l'aménagement par objectifs et par une modification substantielle du RNI que ces aménagements, en accord avec le maintien de la biodiversité, devraient se réaliser.

La commission Coulombe suggère que la réglementation qui régit la protection de l’environnement en milieu forestier au Québec (le RNI) traduise clairement une orientation écosystémique et multiressource. C'est ainsi qu'elle recommande l’élaboration d’un nouveau Règlement sur l'aménagement durable des forêts, qui comprendra l’ensemble des normes de protection environnementale à appliquer dans les forêts publiques du Québec. Au moment d'écrire ces lignes, on ne pouvait déterminer si un tel changement de la réglementation se réalisera.

L'atteinte de l'ADF à une échelle opérationnelle doit être planifiée hiérarchiquement. C'est-à-dire que les forestiers doivent s'assurer que les processus écologiques à grande échelle spatiale et de longue durée temporelle soient identifiés et ciblés avant d'aménager à l'échelle du peuplement sur des périodes plus courtes. C'est donc un renversement complet de la façon actuelle de faire les choses où les forestiers ne prennent la plupart des décisions qu'à l'échelle du peuplement. Ainsi, pour assurer le maintien des ressources aquatiques, il faut considérer les effets des coupes à l'échelle du bassin versant. Une fois seulement que le maintien de la biodiversité et des ressources aquatiques est assuré à l'échelle du paysage, peut-on planifier les coupes à l'échelle du peuplement (Carignan et al., 2000).

Cet exemple démontre le travail considérable qu'il reste à faire pour se diriger vers un aménagement écosystémique et durable.

Objectifs de protection et de mise en valeur du milieu forestier (OPMV)

Comme nous l'avons vu ci-dessus, la présence de lois et règlements peu flexibles, se traduisant par une gestion normative, ne peut nous permettre d'adapter les pratiques aux conditions écologiques locales. Ce système réglementaire tend à faire lentement place à un aménagement qui puisse s'adapter aux conditions changeantes que la nature nous offre, pour tendre vers un aménagement écosystémique. C'est ce que la gestion par objectifs, axée sur les résultats, peut faire. Ainsi, selon certains spécialistes, une approche par objectifs pourrait être plus efficace pour atteindre l'aménagement forestier durable qu'une approche par normes (Bélanger et al., 2004). Certaines modifications récentes du régime forestier vont donc en ce sens et facilitent, dans certains cas, l'atteinte des objectifs qu'un aménagement écosystémique exige. Ainsi, en 2001, la Loi sur les forêts a été modifiée de manière à permettre au ministre de fixer des objectifs

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particuliers qui reflètent les conditions socio-économiques, environnementales et forestières de chaque unité d’aménagement forestier, et obliger les détenteurs de contrats et de conventions d’aménagement forestier à en tenir compte dans la planification de leurs activités (Coulombe et al., 2004).

À la suite des consultations publiques de 2003, le Ministère a défini les objectifs de protection et de mise en valeur du milieu forestier (OPMV) (MRNF, 2005b), lesquels devront être adaptés pour chaque unité d’aménagement forestier et introduits dans les plans généraux d’aménagement forestier. Ces objectifs offrent une flexibilité où on peut axer davantage les stratégies sylvicoles sur des résultats (objectifs), plutôt que d'être limité avec des normes rigides, peu adaptables aux conditions locales. Les 11 objectifs portaient sur quatre thèmes principaux : la conservation des sols et de l'eau, la préservation de la diversité biologique, le maintien des avantages socio-économiques multiples que les forêts procurent à la société et la prise en compte, dans les choix de développement, des valeurs et des besoins exprimés par les populations concernées. Les 11 objectifs sont les suivants :

Réduire l'orniérage.

Minimiser les pertes de superficie productive.

Protéger les habitats aquatiques en évitant l’apport de sédiments.

Maintenir en permanence une proportion de forêts mûres et surannée déterminée en fonction de l’écologie régionale.

Répartir spatialement les aires de coupe, en tenant compte de l’écologie régionale et de ce qui est acceptable socialement.

Protéger les habitats des espèces menacées ou vulnérables en milieu forestier.

Encadrer la pratique de l’élaircie précommerciale.

Conserver du bois mort dans les forêts aménagées.

Préserver la qualité visuelle des paysages forestiers.

Favoriser l’harmonisation des usages en forêt par la conclusion d’ententes écrites consignées au plan général d’aménagement forestier.

Maintenir ou améliorer l’habitat d’espèces fauniques importantes pour les Cris et faciliter l’harmonisation des diverses utilisations du territoire, afin de favoriser des conditions environnementales propices à la poursuite des activités traditionnelles des Cris.

Chacun des objectifs retenus va donner lieu à des actions particulières dans le programme quinquennal des plans généraux d'aménagement forestier (PGAF) et dans la planification annuelle des plans d'aménagement forestiers, afin d'atteindre les cibles fixées. Pour atteindre ces objectifs, les aménagistes pourront proposer des mesures différentes de celles prescrites par la Loi sur les forêts et ses divers règlements, à la condition qu’elles soient équivalentes ou supérieures aux exigences actuellement en vigueur, offrant ainsi une certaine souplesse dans les opérations afin de mieux tenir compte des particularités régionales et locales (MRNF, 2005, p.vii).

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Des indicateurs mis au point pour évaluer l'atteinte des OPMV permettront par le fait même, d'évaluer l'atteinte des objectifs d'aménagement durable des forêts (ADF) inscrits dans le préambule de la loi. De plus, ils pourront faciliter le processus de certification environnementale que plusieurs industries du Québec mettent en œuvre.

Finalement, ces indicateurs contribueront à l'évaluation de la performance forestière et environnementale des détenteurs de contrat (CAAF et CvAF). Cette performance sera considérée lors de la révision de l'attribution des volumes de bois au moment de la prolongation des contrats ou du renouvellement des conventions d'aménagement forestier (MRNF, 2005, p. vii).

5.2.2 La gestion intégrée des ravageurs forestiers

La gestion intégrée des ravageurs forestiers peut être définie comme

« l’utilisation harmonieuse d’un ensemble de tactiques de lutte dans un cadre économique, social et environnemental, de façon à créer et maintenir des situations défavorables au développement des populations entomologiques ou pathologiques au-dessus d’un seuil de nuisance » (Coulombe et al., 2004, p. 91).

Les interventions en forêt visant à limiter les impacts des ravageurs sur les ressources forestières devraient donc se faire en ce sens.

Avant d’intervenir contre une infestation d’insectes ou un problème pathologique, les étapes suivantes devraient être complétées : la détection, la mesure des impacts, l’évaluation biologique, c’est-à-dire la détermination des attributs des populations des ravageurs et des mécanismes de résistance du milieu, la détermination des tactiques de lutte envisageables et l’évaluation économique, plus précisément des coûts des opérations de lutte en comparaison de la valeur actualisée des bois épargnés grâce à cette lutte. (Bauce, 2000)

Le Ministère s’est doté d’un système régionalisé de cueillette de données sur les ravageurs forestiers. Il gère aussi un laboratoire de diagnostic et une collection de références sur les insectes et les maladies. De façon générale, il est en mesure d’identifier correctement les agents de perturbation naturelle qui sévissent dans les forêts du Québec. C’est ainsi qu’environ 75 espèces d’insectes et de pathogènes forestiers sont détectées chaque année. En cas d’infestation, ce système de détection est jumelé à des survols aériens afin d’évaluer l’ampleur spatiale des dommages, lorsque les budgets du Ministère sont suffisants pour effectuer une couverture adéquate du territoire. Il faut souligner que le système de surveillance du Ministère est, à la base, axé sur plusieurs aspects pertinents à l’atteinte d’une gestion intégrée des ravageurs forestiers. Ainsi, dans ses objectifs, le Ministère vise à mesurer les fluctuations des populations de ravageurs, à évaluer la gravité et l’étendue des dégâts, à prévoir l’évolution des épidémies et à mesurer les répercussions sur le milieu forestier (DCF, 2004).

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« Globalement, l’approche est efficace pour mesurer les fluctuations des populations et l’étendue spatiale des dommages causés au milieu forestier. Par contre, il existe d’importantes carences en informations de base sur la majorité des ravageurs forestiers, ce qui retarde la mise en place d’une gestion intégrée » (Coulombe et al., 2004, p. 75).

Le concept de lutte intégrée, qui a été développé dans les années 1950, a été d’abord appliqué au milieu agricole. Bien que la gestion intégrée soit utilisée pour détruire tant les mauvaises herbes, ou la végétation compétitrice, que les insectes ravageurs, nous nous intéresserons plus particulièrement ici à la lutte contre les insectes4.

Le concept de lutte intégrée a évolué depuis les années 1950 de telle manière que quatre éléments en forment actuellement l’essentiel. Ainsi, la lutte intégrée :

 se fonde sur des principes écologiques qui impliquent la connaissance des relations existant entre les diverses composantes de l’écosystème;

 implique une combinaison de méthodes de lutte; l’ensemble de ces interventions constituant une stratégie qui vise à régulariser la distribution et l’abondance des populations de ravageurs;

 vise la réduction ou le maintien des insectes nuisibles, des agents phyto- pathogènes ou de la végétation compétitrice à des niveaux acceptables.

Cette approche fait appel au concept de seuil de dommages écono- miquement acceptables, qui correspond au maintien d’une population d’éléments nuisibles au-dessous duquel le coût des dommages est inférieur à celui des moyens de lutte;

 doit faire partie intégrante de l’aménagement forestier global.

La prévention constitue l’essence même de la stratégie de protection des forêts mise de l’avant par le gouvernement du Québec au début des années 1990. Elle est fondée sur le respect de principes qui permettent de réduire l’envergure et les conséquences négatives de certaines perturbations en créant ou en maintenant des conditions défavorables à l’émergence des insectes ravageurs ou de la végétation compétitrice. Parmi les approches retenues, mentionnons l’aménagement des forêts en accord avec la dynamique naturelle des peuplements ainsi que le recours à la régénération naturelle lorsque cela est possible. La prévention se fait surtout par l’intermédiaire de diverses coupes ou éclaircies qui tiennent compte des caractéristiques écologiques des agents perturbateurs et qui favorisent le maintien d’un peuplement forestier sain.

La détection est très importante dans la mesure où il importe de connaître très tôt toute manifestation, par exemple, d’un début d’épidémie d’insectes ou d’une maladie. La détection permet d’intervenir rapidement et de limiter les pertes et les efforts de lutte. En ce qui concerne les insectes, on doit effectuer des relevés en forêt dans des stations d’échantillonnage permanentes, temporaires ou ponctuelles, selon les besoins.

La lutte est l’étape qui consiste à réduire les populations d’insectes ravageurs et

4 Les informations de la première partie de cette section sont tirées de Comtois, 1988 et de MER, 1991.

Références

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