CHAPITRE 1
S´ ERIES ENTI` ERES ET FONCTIONS ANALYTIQUES
. — Ins´ erer ce qui suit apr` es I.1.5 du polycopi´ e.
Les remarques I.1.4 et I.1.5 du calcul du rayon de convergence sont des cas parti- culiers de la formule d’Hadamard. Pour introduire cette formule, nous avons besoin de la d´ efinition de limite sup´ erieure.
D´ efinition 1.0.1. — Soit (u
n)
n∈Nune suite de nombres r´ eels, on pose
U
p= sup
n≥p{u
n}.
(i) La suite des U
pconverge vers une limite finie (ou infinie), qui est appel´ ee la limite sup´ erieure de la suite (u
n) et not´ ee limsup u
nou encore lim u
n.
(ii) Si la suite (u
n) converge vers une limite l, alors lim u
nconverge vers l.
D´ emonstration. On a
U
p= max{u
p, U
p+1},
si bien que la suite U
pest d´ ecroissante. Plusieurs cas sont possibles. D’abord, cette suite peut ˆ etre constante et ´ egale ` a +∞. Dans ce cas, la limite de cette suite vaut +∞. Sinon, U
pprend une valeur finie r´ eelle pour p assez grand. Si cette suite est minor´ ee, elle converge et sinon elle diverge vers −∞.
La deuxi` eme assertion est laiss´ ee en exercice.
Voici un moyen concret de trouver la valeur de la limite sup´ erieure d’une suite de nombres r´ eels, et qui n´ ecessite une nouvelle d´ efinition.
D´ efinition 1.0.2. — (1) Soit (u
n)
n∈Nune suite de nombres r´ eels. Soit ϕ une injection croissante : N → N. La suite (u
ϕ(n)) est appel´ ee suite extraite de (u
n).
(2) On appelle valeur d’adh´ erence de (u
n) la limite d’une suite extraite de (u
n).
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CHAPITRE 1. S ´ ERIES ENTI ` ERES ET FONCTIONS ANALYTIQUES
Toute suite r´ eelle poss` ede une valeur d’adh´ erence, ´ eventuellement infinie. Suppo- sons en effet que +∞ et −∞ ne soient pas valeurs d’adh´ erence de (u
n), alors (u
n) est born´ ee et est donc ` a valeurs dans un intervalle [−a, a] avec a > 0. Cet intervalle est compact, de sorte qu’il existe une suite extraite de (u
n) convergeant dans cet intervalle vers une limite l qui est donc une valeur d’adh´ erence de (u
n).
On a alors :
Proposition 1.0.3. — La limite sup´ erieure d’une suite r´ eelle (u
n) est la plus grande valeur d’adh´ erence de (u
n).
D´ emonstration. D’abord, S = lim u
nest une valeur d’adh´ erence de la suite (u
n).
En effet, posons ϕ(0) = 0 et supposons construit ϕ : {0, . . . , n} → {0, . . . , n} tel que
∀n ∈ N
∗, |u
ϕ(n)− S| ≤
1n. Comme la suite (U
n) converge vers S, il existe a
n+1∈ N
∗tel que
|U
an+1− S| ≤ 1 2(n + 1) .
Et, par d´ efinition de la borne sup´ erieure, il existe u
ϕ(n+1), avec ϕ(n + 1) ≥ ϕ(n) tel que
|U
an+1− u
ϕ(n+1)| ≤ 1 2(n + 1) soit
|u
ϕ(n+1)− S| ≤ 1 n + 1 .
Ceci montre qu’on peut construire ϕ : N → N par r´ ecurrence tel que u
ϕ(n)converge vers S et que S est une valeur d’adh´ erence.
Consid´ erons M la borne sup´ erieure de l’ensemble des valeurs d’adh´ erence de la suite (u
n). Comme une limite de valeurs d’adh´ erence est une valeur d’adh´ erence de la suite (u
n) (cette remarque est laiss´ ee en exercice), M est une valeur d’adh´ erence de (u
n) et c’est la plus grande valeur d’adh´ erence de cette suite. En particulier, M ≥ S.
Montrons l’in´ egalit´ e inverse. Soit ϕ une injection croissante telle que u
ϕ(n)→ M.
Alors
lim u
n≥ lim u
ϕ(n), donne S ≥ M .
Exemples :
(1) La suite de terme g´ en´ eral u
n= (−1)
nposs` ede deux valeurs d’adh´ erence : 1 et
−1, et lim u
n= 1.
(2) La suite de terme g´ en´ eral u
2k= k et u
n= 0 pour les autres valeurs de n
poss` ede 0 et +∞ comme valeurs d’adh´ erence, et lim u
n= +∞.
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Ces consid´ erations nous am` enent ` a la formule d’Hadamard.
Proposition 1.0.4. — Le rayon de convergence ρ de la s´ erie enti` ere P
a
nz
nest donn´ e par
1
ρ = lim |a
n|
n1.
D´ emonstration. Soient r > 0 tel que r < ρ, et ρ
0tel que r < ρ
0< ρ. Pour p assez grand, on a l’in´ egalit´ e
1
ρ ≤ Sup
n≥p|a
n|
1/n≤ 1 ρ
0,
c’est-` a-dire
|a
n| ≤ 1 ρ
0npour n assez grand, ce qui donne
|a
n|r
n≤ r
ρ
0 npour n assez grand et la convergence normale de la s´ erie P
a
nz
npour r < ρ.
Soit maintenant r > ρ. Il existe ρ
0> 0 tel que r > ρ
0> ρ. Soit (a
ϕ(n)) une suite extraite de (a
n) telle que |a
ϕ(n)|
1/ϕ(n)→ 1/ρ. Alors
|a
ϕ(n)|
1/ϕ(n)| ≥ 1 ρ
0, pour n assez grand, de sorte que
r
ϕ(n)|a
ϕ(n)| ≥ r
ρ
0 ϕ(n)pour n assez grand. Ce qui montre que la s´ erie P
a
nz
ndiverge grossi` erement pour
|z| > ρ et la proposition.
Les s´ eries enti` eres, dont beaucoup de termes sont nuls, sont appel´ ees lacunaires.
Exercices.
(1) Soit (a
n) une suite de nombres complexes. Montrer que si
a
n+1a
n→ l,
alors
lim |a
n|
1/n= l, et donc que le rayon de convergence de la s´ erie P
a
nz
nest ´ egal ` a
1l.
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CHAPITRE 1. S ´ ERIES ENTI ` ERES ET FONCTIONS ANALYTIQUES
(2) 1- Donner le rayon de convergence de la s´ erie f(z) = X
n≥0
z
2npuis le rayon de convergence de la s´ erie
g(z) = X
n≥0
z
2nn ,
enfin le rayon de convergence de
h(z) = X
n≥0
z
2n3
n.
2- (i) Montrer que f diverge en 1, en −1 et en toute racine 2
k-i` eme de l’unit´ e pour tout entier k.
(ii) Soient ξ une racine 2
k-i` eme de l’unit´ e, z = rξ pour r ∈ [0, 1[, et
∀r ∈ [0, 1[, g(r) = X
n≥0