• Aucun résultat trouvé

MODULE N° IV ETUDIER UNE COMÉDIE Le bourgeois gentilhomme (1670) Molière (1622-1673)

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "MODULE N° IV ETUDIER UNE COMÉDIE Le bourgeois gentilhomme (1670) Molière (1622-1673)"

Copied!
18
0
0

Texte intégral

(1)

MODULE N° IV

ETUDIER UNE COMÉDIE Le bourgeois gentilhomme

(1670)

Molière (1622-1673)

(2)

Niveau : T.C.T 5

Module : IV Le bourgeois gentilhomme Intitulé du cours : Entrée dans l’œuvre

Entrée dans l’œuvre.

I- Le théâtre : Définition / Caractéristiques

1- Définition : Le théâtre est un genre littéraire comme le roman et la poésie. L’œuvre intégrale est distinguée par des dialogues entre les personnages. Ce genre comprend différents sous genres, à savoir : la comédie, la tragédie…etc.

2-Caractéristiques.

*Le langage théâtral : Il est de deux sortes :

- Le langage non verbal ou didascalies→ renseigne le lecteur sur le décor, les costumes, la mise en scène, le jeu….

(Indications scéniques)

-Le langage verbal→ on distingue : la réplique, la tirade, les stichomythies, l’aparté, le monologue…

*L’action dramatique ou action théâtrale : respecte la structure interne suivante :

-L’exposition → (ouverture de la pièce) livre les éléments indispensables à la compréhension de l’histoire (temps et lieu de l’action, personnages, mise en place du conflit…)

-Le nœud→ (partie centrale de la pièce) précise les obstacles que les personnages ont à surmonter pour atteindre leurs objectifs (péripéties).

-Le dénouement → (fin de la pièce) présente l’aboutissement de l’action. Il fixe le sort des différents personnages.

*Les personnages : le personnage dans une pièce de théâtre remplit une fonction. Il est une force agissante ou actant.

II-La comédie.

La comédie est un genre dramatique structuré en 3 ou 5 actes. Elle met en scène des personnages ordinaires (bourgeois, valets, maitres…) dans des situations de la vie quotidienne (mariage, amour, vengeance…). Elle met en œuvre également des différents procédés et formes comiques : le quiproquo, le comique de mots, de gestes, de caractères….etc.

III-La biographie du dramaturge.

Molière dont le vrai nom est Jean Baptiste Poquelin, est né à Paris en 1622. Il est le fils d’un tapissier du roi. Il a fait ses études chez les jésuites puis des études de droit à Orléans. A vingt ans, il décide de se consacrer au théâtre et s’expose ainsi aux foudres de l’église qui excommuniait les acteurs. Il fonde une troupe «l’illustre théâtre» qui va jouer en province jusqu’en 1658.

Molière se fait connaitre au début par ses farces avant de s’imposer sur la scène parisienne avec les comédies.

Son talent est reconnu par le roi louis XIV. Ce dernier le fait bénéficier de sa protection.

Molière, le plus populaire des écrivains de son temps, est l’auteur d’une trentaine de comédies. Le dramaturge moraliste vise essentiellement à corriger les mœurs par le rire.

Parmi ses œuvres, on peut citer : l’école des femmes (1662), Tartuffe (1664), Don Juan (1665), le médecin malgré lui(1666), le bourgeois gentilhomme (1670), les femmes savantes (1671)….

Molière est mort à Paris le 17 Février 1673 de Tuberculose.

(3)

(4)
(5)
(6)
(7)

Niveau : T.C.T.5 Matière : Français

Module : IV Le bourgeois gentilhomme.

Activité : Lecture

Support : Acte1 ; Scène 1 (œuvre intégrale)

Texte support

MONSIEUR JOURDAIN, bourgeois.

MADAME JOURDAIN, sa femme.

LUCILE, fille de M. Jourdain.

NICOLE, servante.

CLÉONTE, amoureux de Lucile.

COVIELLE, valet de Cléonte.

DORANTE, comte, amant de Dorimène.

DORIMÈNE, marquise.

MAÎTRE DE MUSIQUE.

ÉLÈVE DU MAÎTRE DE MUSIQUE.

MAÎTRE À DANSER.

MAÎTRE D’ARMES.

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE.

MAÎTRE TAILLEUR.

GARÇON TAILLEUR.

DEUX LAQUAIS.

PLUSIEURS MUSICIENS, MUSICIENNES, JOUEURS D’INSTRUMENTS, DANSEURS, CUISINIERS, GARÇONS TAILLEURS, ET AUTRES PERSONNAGES DES INTERMÈDES ET DU BALLET.

ACTEURS

MONSIEUR JOURDAIN, bourgeois.

MADAME JOURDAIN, sa femme.

LUCILE, fille de M. Jourdain.

NICOLE, servante.

CLÉONTE, amoureux de Lucile.

COVIELLE, valet de Cléonte.

DORANTE, comte, amant de Dorimène.

DORIMÈNE, marquise.

MAÎTRE DE MUSIQUE.

ÉLÈVE DU MAÎTRE DE MUSIQUE.

MAÎTRE À DANSER.

MAÎTRE D'ARMES.

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE.

MAÎTRE TAILLEUR.

GARÇON TAILLEUR.

DEUX LAQUAIS.

PLUSIEURS MUSICIENS, MUSICIENNES, JOUEURS D'INSTRUMENTS, DANSEURS, CUISINIERS, GARÇONS TAILLEURS, ET AUTRES PERSONNAGES DES INTERMÈDES ET DU BALLET.

La scène est à Paris.

L'ouverture se fait par un grand assemblage d'instruments; et dans le milieu du théâtre on voit un élève du Maître de musique, qui compose sur une table un air que le Bourgeois a demandé pour une sérénade.

(8)

ACTE I, SCÈNE PREMIËRE

MAÎTRE DE MUSIQUE, MAÎTRE À DANSER, TROIS MUSICIENS, DEUX VIOLONS, QUATRE DANSEURS.

MAÎTRE DE MUSIQUE, parlant à ses Musiciens.— Venez, entrez dans cette salle, et vous reposez là, en attendant qu'il vienne.

MAÎTRE À DANSER, parlant aux Danseurs.— Et vous aussi, de ce côté.

MAÎTRE DE MUSIQUE, à l'Élève.— Est-ce fait?

L'ÉLÈVE.— Oui.

MAÎTRE DE MUSIQUE.— Voyons… Voilà qui est bien.

MAÎTRE À DANSER.— Est-ce quelque chose de nouveau?

MAÎTRE DE MUSIQUE.— Oui, c'est un air pour une sérénade, que je lui ai fait composer ici, en attendant que notre homme fût éveillé.

MAÎTRE À DANSER.— Peut-on voir ce que c'est?

MAÎTRE DE MUSIQUE.— Vous l'allez entendre, avec le dialogue, quand il viendra. Il ne tardera guère.

MAÎTRE À DANSER.— Nos occupations, à vous, et à moi, ne sont pas petites maintenant.

MAÎTRE DE MUSIQUE.— Il est vrai. Nous avons trouvé ici un homme comme il nous le faut à tous deux. Ce nous est une douce rente que ce Monsieur Jourdain, avec les visions de noblesse et de galanterie qu'il est allé se mettre en tête. Et votre danse, et ma musique, auraient à

souhaiter que tout le monde lui ressemblât.

MAÎTRE À DANSER.— Non pas entièrement; et je voudrais pour lui, qu'il se connût mieux qu'il ne fait aux choses que nous lui donnons.

MAÎTRE DE MUSIQUE.— Il est vrai qu'il les connaît mal, mais il les paye bien; et c'est de quoi maintenant nos arts ont plus besoin, que de toute autre chose.

MAÎTRE À DANSER.— Pour moi, je vous l'avoue, je me repais un peu de gloire. Les applaudissements me touchent; et je tiens que dans tous les beaux-arts, c'est un supplice assez fâcheux, que de se produire à des sots; que d'essuyer sur des compositions, la barbarie d'un stupide. Il y a plaisir, ne m'en parlez point, à travailler pour des personnes qui soient capables de sentir les délicatesses d'un art; qui sachent faire un doux accueil aux beautés d'un ouvrage;

et par de chatouillantes approbations, vous régaler de votre travail. Oui, la récompense la plus agréable qu'on puisse recevoir des choses que l'on fait, c'est de les voir connues; de les voir caressées d'un applaudissement qui vous honore. Il n'y a rien, à mon avis, qui nous paye mieux que cela de toutes nos fatigues; et ce sont des douceurs exquises, que des louanges éclairées.

MAÎTRE DE MUSIQUE.— J'en demeure d'accord, et je les goûte comme vous. Il n'y a rien assurément qui chatouille davantage que les applaudissements que vous dites; mais cet encens ne fait pas vivre. Des louanges toutes pures, ne mettent point un homme à son aise: il y faut mêler du solide; et la meilleure façon de louer, c'est de louer avec les mains2. C'est un homme à la vérité dont les lumières sont petites, qui parle à tort et à travers de toutes choses, et

n'applaudit qu'à contre-sens; mais son argent redresse les jugements de son esprit. Il a du discernement dans sa bourse. Ses louanges sont monnayées; et ce bourgeois ignorant, nous vaut mieux, comme vous voyez, que le grand seigneur éclairé qui nous a introduits ici.

MAÎTRE À DANSER.— Il y a quelque chose de vrai dans ce que vous dites; mais je trouve que vous appuyez un peu trop sur l'argent; et l'intérêt est quelque chose de si bas, qu'il ne faut

jamais qu'un honnête homme montre pour lui de l'attachement.

MAÎTRE DE MUSIQUE.— Vous recevez fort bien pourtant l'argent que notre homme vous donne.

MAÎTRE À DANSER.— Assurément; mais je n'en fais pas tout mon bonheur, et je voudrais qu'avec son bien, il eût encore quelque bon goût des choses.

MAÎTRE DE MUSIQUE.— Je le voudrais aussi, et c'est à quoi nous travaillons tous deux autant que nous pouvons. Mais en tout cas il nous donne moyen de nous faire connaître dans le

monde; et il payera pour les autres, ce que les autres loueront pour lui.

(9)

MAÎTRE À DANSER.— Le voilà qui vient.

Vocabulaire.

-Sérénade : Pièce vocale accompagnée par un ou plusieurs instruments.

-Rente : Somme d'argent qu'une personne est tenue de donner périodiquement à une autre.

-Galanterie : Propos flatteur adressé à une femme.

-Essuyer : Sécher quelque chose avec un chiffon, un torchon, etc. / Nettoyer quelque chose, le débarrasser de la poussière, des salissures en frottant.

-Approbation : Jugement favorable ; témoignage d'estime ou de satisfaction.

-Exquise : Qui est recherché, choisi parmi ce qu'il y a de plus délicat pour le goût / Qui est d'une délicatesse, d'une douceur, d'un charme particuliers.

-Louange : Action de louer (qqn ou qqch.) ; fait d'être loué. / Dieu soit loué ! Exclamation de joie, de soulagement.

-Encens : Substance résineuse aromatique, qui brûle en répandant une odeur pénétrante. روخ ب -Discernement : Capacité de l'esprit à juger clairement et sainement des choses.

Questions pour l’étude du passage.

-Comment appelle-t-on la première scène d’une pièce de théâtre ? Quelle est sa fonction ? -Comment appelle-t-on le texte écrit en italique, au début de la scène ?

-Est-ce que ce texte doit être prononcé par les personnages ? A qui est-il destiné ? Quelle est sa fonction ? -Où se passe la scène ? A quel moment de la journée ?

-Quels sont les personnages présents sur scène ? Où se trouvent-ils ? Et de qui parlent-ils ? -Comment le personnage évoqué est-il présenté ?

-Est-ce que le maître de musique et le maître à danser ont la même conception de l’art ?

-Quelle différence y a-t-il entre « non pas entièrement….que nous lui donnant », « pour moi, je vous l’avoue….louange éclairées ».Et comment appelle-t-on ces deux formes de discours au théâtre?

- Qu’est ce qui, dans cette scène, annonce le comique ?

(10)

Réponses.

1-La première scène est appelée scène d’exposition. Elle a pour fonction de présenter les personnages et le lieu, d’exposer le problème et d’annoncer le ton de la pièce.

2- Ce sont des didascalies ou des indices scéniques.

3-Non. Il est destiné au metteur en scène et aux personnages pour leur indiquer la façon de jouer, de prononcer les répliques, de disposer le décor, de s’habiller…Elles comportent des informations qui relèvent de ce qui est paraverbal.

4-La scène se passe dans une salle bourgeoise à l’intérieur de la maison de M. Jourdain.

5-Les personnages présents sur scène sont : le maitre de musique et la maitre à danser. Dans la maison de M.

Jourdain. Ils parlent de lui.

6-Il est présenté comme étant un ignorant, un sot qui imite les gens de qualité.

7-Non. Ils n’ont pas la même conception de l’art. Le maitre de musique considère l’art comme un moyen pour gagner de l’argent ; alors que le maitre à danser y voit un moyen de s’accomplir et de plaire au public par la beauté de l’œuvre d’art.

(11)

I-Identification du texte.

1-Situation du passage : Ce passage est extrait de la comédie de Molière Le bourgeois gentilhomme. Il représente la scène d’exposition de la pièce. L’action commence dans la journée, dans la maison de M.

Jourdain. Sur la scène un groupe de personnages : maître de musique, maître à danser, trois musiciens, deux violons et quatre danseurs, engagés par M. Jourdain pour qu’ils lui apprennent leurs arts. Lors de leur attente, le maître de musique et le maître à danser s’engagent dans une conversation à propos de M. jourdain.

2-Caractéristiques :

-Œuvre : Le bourgeois gentilhomme -Auteur : Molière

-Genre : Une comédie

-Type : Dialogue. Texte dramatique -Lieu : La demeure de M. Jourdain.

-Personnages : Le maitre de musique ; le maitre à danser.

II-Axes de lecture.

1-La scène d’exposition.

Dans la première scène, le premier personnage qui parle c’est le maître de musique qui demande à ses musiciens d’entrer dans « la salle », ce qui informe le spectateur sur le lieu où se déroule l’action. Puis, il s’engage dans une discussion, avec le maître à danser, à propos de M. Jourdain, en le décrivant « notre homme », « ce M. Jourdain », « ce bourgeois ignorant ». Ces propos sont destinés implicitement aux spectateurs dans le but de les informer sur le caractère de ce personnage.

2-Description de M. Jourdain.

Certes, M. Jourdain, le personnage principal, n’est entré qu’à la deuxième scène, mais les maîtres de musique et à danser ont déjà informé le public sur les caractères de ce personnage. C’est un bourgeois ignorant, qui rêve de devenir noble en dépensant beaucoup d’argent pour apprendre les manières de cette classe sociale. De ce fait, les deux maîtres de musique et à danser profitent de sa naïveté pour lui soutirer son argent avec flatterie.

III-Synthèse.

La première scène du premier acte, dans une pièce de théâtre, s’appelle la scène d’exposition. Elle a une fonction informative. Elle présente, au public, le temps, le lieu, les personnages et l’action. Dans cette scène, l’action se passe dans la maison de M. Jourdain, le personnage principal est présenté comme un bourgeois riche qui, avec tous les moyens possibles, rêve d’être noble.

(12)

Prof : Aissam

Niveau : 2 ème A.B (2 ABSTE1. 2 / 2 ABSTM / 2ABSMB2) Module : III Le père Goriot

Séquence : I

Activité : Lecture Extrait I / Chapitre premier.

Support : «Madame Vauquer, née de Conflans, est une vieille femme qui… sous peine de pestilence. » P : 3→8

Le paratexte 1-Titre

Il annonce d’emblée le thème principal de l’œuvre : la paternité. Mais au-delà de cette fonction référentielle, le Père Goriot expression populaire et fort irrespectueuse, traduit l’attitude des pensionnaires vis-à-vis du vieil homme dont ils font leur souffre douleur. Le titre contribue, par ailleurs, à mettre en place un personnage type dont l’évocation rappelle spontanément le culte auquel il a voué toute son existence, le culte du père dans sa dimension la plus sublime. ( aveuglé par l’amour de ses filles).

2-Illustration

Il s’agit d’un dessin de Quint pour l’œuvre de Balzac parue aux éditions René Keffer (Paris, 1922). Dans cette représentation presque caricaturale (tète volumineuse posée sur un buste large, gros nez, petits yeux) le père Goriot est dépeint en homme malade dont les traits dénotent une profonde affliction ; Absence d’expressivité du visage, surtout le regard qui semble fixer le vide. Cette illustration peut renvoyer à plusieurs scènes du roman, la tristesse étant un sentiment permanent chez le père Goriot, mais le moment auquel elle fait penser le plus est probablement le repas où le vieil homme, abattu et résigné, essuie les cruels sarcasmes des

pensionnaires de la maison Vauquer.

3-Dédicace.

Elle est destinée à Etienne Geoffroy de Saint-Hilaire (1772-1844), célèbre naturaliste dont les théories ont profondément marqué Balzac. Elle remplit aussi, et surtout, une fonction esthétique qui annonce dès le début, les prétentions scientifiques de l’auteur (analyser et définir les lois générales qui expliquent les différences entre les individus selon les milieux où ils évoluent.).

(13)

Extrait N°I / Chapitre premier

Support : «Madame Vauquer, née de Conflans, est une vieille femme qui… à grand renfort d’eau, sous peine de pestilence.» p : 3→8

Madame Vauquer, née de Conflans, est une vieille femme qui, depuis quarante ans, tient à Paris une pension bourgeoise établie rue NeuveSainte-Geneviève, entre le quartier latin et le faubourg Saint-Marceau. Cette pension, connue sous le nom de la Maison Vauquer, admet également des hommes et des femmes, des jeunes gens et des vieillards, sans que jamais la médisance ait attaqué les mœurs de ce respectable établissement. Mais aussi depuis trente ans ne s’y était-il jamais vu de jeune personne, et pour qu’un jeune homme y demeure, sa famille doit-elle lui faire une bien maigre pension. Néanmoins, en 1819, époque à laquelle ce drame commence, il s’y trouvait une pauvre jeune fille. En quelque discrédit que soit tombé le mot drame par la manière abusive et tortionnaire dont il a été prodigué dans ces temps de douloureuse littérature, il est nécessaire de l’employer ici : non que cette histoire soit dramatique dans le sens vrai du mot ; mais, 6 l’œuvre accomplie, peut-être aura- t-on versé quelques larmes intra muros et extra. Sera-t-elle comprise au-delà de Paris ? le doute est permis. Les particularités de cette scène pleine d’observations et de couleurs locales ne peuvent être appréciées qu’entre les buttes de Montmartre et les hauteurs de Montrouge, dans cette illustre vallée de plâtras incessamment près de tomber et de ruisseaux noirs de boue ; vallée remplie de souffrances réelles, de joies souvent fausses, et si terriblement agitée qu’il faut je ne sais quoi d’exorbitant pour y produire une sensation de quelque durée.

Cependant il s’y rencontre çà et là des douleurs que l’agglomération des vices et des vertus rend grandes et solennelles : à leur aspect, les égoïsmes, les intérêts, s’arrêtent et s’apitoient ; mais l’impression qu’ils en reçoivent est comme un fruit savoureux promptement dévoré. Le char de la civilisation, semblable à celui de l’idole de Jaggernat, à peine retardé par un cœur moins facile à broyer que les autres et qui enraie sa roue, l’a brisé bientôt et continue sa marche glorieuse. Ainsi ferez-vous, vous qui tenez ce livre d’une main blanche, vous qui vous 7 enfoncez dans un moelleux fauteuil en vous disant : Peut-être ceci va-t-il m’amuser. Après avoir lu les secrètes infortunes du père Goriot, vous dînerez avec appétit en mettant votre insensibilité sur le compte de l’auteur, en le taxant d’exagération, en l’accusant de poésie. Ah ! sachez-le : ce drame n’est ni une fiction, ni un roman. All is true, il est si véritable, que chacun peut en reconnaître les éléments chez soi, dans son cœur peut-être ! La maison où s’exploite la pension bourgeoise appartient à madame Vauquer. Elle est située dans le bas de la rue Neuve-Sainte-Geneviève, à l’endroit où le terrain s’abaisse vers la rue de l’Arbalète par une pente si brusque et si rude que les chevaux la montent ou la descendent rarement. Cette circonstance est favorable au silence qui règne dans ces rues serrées entre le dôme du Val-de-Grâce et le dôme du Panthéon, deux monuments qui changent les conditions de l’atmosphère en y jetant des tons jaunes, en y assombrissant tout par les teintes sévères que projettent leurs coupoles. Là, les pavés sont secs, les ruisseaux n’ont ni boue ni eau, l’herbe croît le 8 long des murs. L’homme le plus insouciant s’y attriste comme tous les passants, le bruit d’une voiture y devient un événement, les maisons y sont mornes, les murailles y sentent la prison. Un Parisien égaré ne verrait là que des pensions bourgeoises ou des Institutions, de la misère ou de l’ennui, de la vieillesse qui meurt, de la joyeuse jeunesse contrainte à travailler. Nul quartier de Paris n’est plus horrible, ni, disons-le, plus inconnu. La rue Neuve-Sainte-Geneviève surtout est comme un cadre de bronze, le seul qui convienne à ce récit, auquel on ne saurait trop préparer l’intelligence par des couleurs brunes, par des idées graves ; ainsi que, de marche en marche, le jour diminue et le chant du conducteur se creuse, alors que le voyageur descend aux Catacombes. Comparaison vraie ! Qui décidera de ce qui est plus horrible à voir, ou des cœurs desséchés, ou des crânes vides ? La façade de la pension donne sur un jardinet, en sorte que la maison tombe à angle droit sur la rue Neuve-Sainte-Geneviève, où vous la voyez coupée dans sa profondeur. Le long de cette façade, entre la maison et le jardinet, règne un 9 cailloutis en cuvette, large d’une toise, devant lequel est une allée sablée, bordée de géraniums, de lauriers-roses et de grenadiers plantés dans de grands vases en faïence bleue et blanche. On entre dans cette allée par une porte bâtarde, surmontée d’un écriteau sur lequel est écrit : Maison- Vauquer, et dessous : Pension bourgeoise des deux sexes et autres. Pendant le jour, une porte à claire-voie, armée d’une sonnette criarde, laisse apercevoir au bout du petit pavé, sur le mur opposé à la rue, une arcade peinte en marbre vert par un artiste du quartier. Sous le renfoncement que simule cette peinture, s’élève une

(14)

statue représentant l’Amour. À voir le vernis écaillé qui la couvre, les amateurs de symboles y découvriraient peut-être un mythe de l’amour parisien qu’on guérit à quelques pas de là. Sous le socle, cette inscription à demi effacée rappelle le temps auquel remonte cet ornement par l’enthousiasme dont il témoigne pour Voltaire, rentré dans Paris en 1777 : Qui que tu sois, voici ton maître. 10 Il l’est, le fut, ou le doit être. À la nuit tombante, la porte à claire-voie est remplacée par une porte pleine. Le jardinet, aussi large que la façade est longue, se trouve encaissé par le mur de la rue et par le mur mitoyen de la maison voisine, le long de laquelle pend un manteau de lierre qui la cache entièrement, et attire les yeux des passants par un effet pittoresque dans Paris. Chacun de ces murs est tapissé d’espaliers et de vignes dont les fructifications grêles et poudreuses sont l’objet des craintes annuelles de madame Vauquer et de ses conversations avec les pensionnaires. Le long de chaque muraille, règne une étroite allée qui mène à un couvert de tilleuls, mot que madame Vauquer, quoique née de Conflans, prononce obstinément tieuilles, malgré les observations grammaticales de ses hôtes. Entre les deux allées latérales est un carré d’artichauts flanqué d’arbres fruitiers en quenouille, et bordé d’oseille, de laitue ou de persil. Sous le couvert de tilleuls est plantée une table ronde peinte en vert, et entourée 11 de sièges.

La, durant les jours caniculaires, les convives assez riches pour se permettre de prendre du café, viennent le savourer par une chaleur capable de faire éclore des œufs. La façade, élevée de trois étages et surmontée de mansardes, est bâtie en moellons et badigeonnée avec cette couleur jaune qui donne un caractère ignoble à presque toutes les maisons de Paris. Les cinq croisées percées à chaque étage ont de petits carreaux et sont garnies de jalousies dont aucune n’est relevée de la même manière, en sorte que toutes leurs lignes jurent entre elles. La profondeur de cette maison comporte deux croisées qui, au rez-de-chaussée, ont pour ornement des barreaux en fer, grillagés. Derrière le bâtiment est une cour large d’environ vingt pieds, où vivent en bonne intelligence des cochons, des poules, des lapins, et au fond de laquelle s’élève un hangar à serrer le bois. Entre ce hangar et la fenêtre de la cuisine se suspend le garde-manger, au-dessous duquel tombent les eaux grasses de l’évier. Cette cour a sur la rue Neuve-Sainte-Geneviève une porte étroite par où la cuisinière chasse les ordures de la maison en 12 nettoyant cette sentine à grand renfort d’eau, sous peine de pestilence.

Vocabulaire.

-Prodigue→ accorder, distribuer sans compter.

-Médisance→ Médire→ attaquer, critiquer, dénigrer -Agglomération→ union, association

-Solennel→ Qui est célébré avec pompe, par des cérémonies publiques.

-Butte→ Petite éminence de terre, petite colline.

-Pavé→ ensemble des blocs (pierre…) qui forment le revêtement du sol.

-Toise→ Mesure de longueur valant 6 pieds (2mètres).

-Cuvette→ Partie d’un lavabo où coule l’eau

-Arcade→ Ouverture en arc, ce qui a une forme arquée.

-Tilleuls→ Grand arbre à feuilles simples, à fleurs blanches ou jaunâtres très odorantes.

-Oseille→ Plante cultivée pour ses feuilles comestibles au goût acide.

-Mansarde→ Pièce aménagée dans un comble, en principe sous toit brisé, avec mur incliné et plafond bas.

-Pestilence→ Odeur infecte et intolérable.

(15)

I-Identification du texte.

-Lisez minutieusement le texte puis répondez aux questions suivantes.

-De quelle œuvre est tiré cet extrait ? Qui en est l’auteur ? Le genre ? Le type ? Le point de vue narratif dominant ?

-Comment appelle-t-on le début d’une œuvre littéraire ? A quoi sert-il ?

II-Questions pour l’étude du texte.

Premier axe. La description

-Qu’est-ce qui est décrit dans le texte ?

-La progression de la description se fait-elle de l’intérieur vers l’extérieur ou l’inverse ? -S’agit-il d’une description dynamique ou statique ? Justifiez votre réponse ?

-Le lieu décrit est-il présenté de manière valorisante ou dévalorisante ? Justifiiez votre réponse en relevant des expressions du texte.

Deuxième axe : L’effet du réel.

-Relevez les indications de temps et dites ce qu’elles connotent ? -Quels sont les lieux évoqués ? Sont-ils réels ?

-Quel est le temps employé dans ce passage ? Quel est l’intérêt ?

-Quel effet produit l’utilisation de la phrase suivante : «Ainsi ferez-vous, vous qui tenez ce livre d’une main blanche, vous qui vous enfoncez dans un moelleux fauteuil en vous disant : Peut-être ceci va-t-il m’amuser.»

-Relevez dans le texte un passage qui montre que le narrateur est impliqué aussi dans le texte ?

(16)

I-Identification du texte.

1-Situation : Ce passage est extrait du roman réaliste (Le père Goriot) de Balzac. Il constitue l’incipit du roman puisque l’auteur y présente le cadre général de l’histoire. (lieu → la pension bourgeoise de Mme Vauquer / temps→1819/ Personnages → hommes ;femmes ;jeunes gens…) →Résumé de l’histoire.

2-Caractéristiques -Œuvre : Le père Goriot -Auteur : Honoré de Balzac -Genre : Roman réaliste -Type : Descriptif -Focalisation : Zéro

II-Axes de lecture

1-La description :

-Il s’agit de la description de la pension bourgeoise.

-Progression : de l’extérieur vers l’intérieur.

-Description dynamique → utilisation des sens (l’odorat → odeur ; humide au nez ; la vue….)

-Description dévalorisante (répétition du mot misère, usage d’adjectifs et de noms à valeur péjorative : rude, sévère, secs, attriste, prison, misère, ennui, souffrances, vices…

→Chez Balzac, la description sert à déterminer la psychologie des personnages. L’atmosphère qui se dégage des lieux décrits est une atmosphère de misère et de pauvreté.

2-L’effet du réel.

-Le temps employé : le présent rend la description plus réaliste et justifie l’intervention du narrateur -Trop de description.

-Implication du lecteur → Le narrateur utilise le «vous» pour interpeller le lecteur ; tout cela renforce l’illusion du réel.

-L’intervention du narrateur→ «Ah ! Sachez-le : ce drame n’est ni une fiction, ni un roman. All is true, il est si véritable, que chacun peut en reconnaître les éléments chez soi, dans son cœur peut-être !»→ Cette intervention renforce aussi l’illusion du réel.

III-Synthèse.

Par cet incipit, le narrateur construit avec précision le décor et plante le contexte historique et social de l’œuvre.

Il insiste sur le fait que cette histoire est vraie. Cette technique suspend l’action et met le lecteur en attente : de quel drame s’agit-il ? Que va-t-il arriver ? Est-il possible que All is true ?

(17)

Niveau : T.C

Module : IV Le bourgeois gentilhomme Activité : Langue

Intitulé du cours : Le lexique relatif au théâtre.

Le lexique relatif au théâtre.

-Acte : Division externe de la pièce en parties en fonction du déroulement de l’action.

-Scène : L’espace de jeu et ses engagements, par rapport à la salle où se tient le public. / Division d’un acte où il n’est prévu aucun changement de personnages.

-Réplique : C’est la prise de parole constituant le dialogue.

-Dialogue : Echange de paroles entre deux personnages. Ensemble des paroles qu’échangent les personnages d’une pièce de théâtre.

-Monologue : Discours prononcé par un personnage lorsqu’il est ou se croit seul sur scène. Il a pour fonction de révéler au spectateur la pensée profonde du personnage.

-Tirade : Longue réplique récitée sans interruption par un personnage.

-Stichomythie : Echange rapide de répliques courtes. Elle suppose un affrontement entre les personnages.

-Didascalie : Indication scénique souvent mise en italique, qui est donnée par l’auteur et qui peut concerner les entrées et les sorties des personnages, leurs gestes, les mimiques, le décor. Le texte théâtral se compose en fait de deux éléments : les didascalies et les dialogues.

-Aparté : Mot ou parole que l’auteur dit à part soi et que le spectateur seul est censé entendre.

-Dramaturge : Auteur d’un texte dramatique. (Une pièce de théâtre.)

-Tragédie : Action scénique dont les péripéties sont nues par la fatalité et dont le dénouement est généralement malheureux.

-Comédie : Action scénique qui provoque le rire et dont le dénouement est heureux.

-Coup de théâtre : Renversement brutal de situation dans une pièce de théâtre. Il accélère l’action.

-Quiproquo : Situation de méprise qui fait prendre un personnage, une chose, pour une autre.

-Metteur en scène : personne qui dirige la représentation théâtrale à partir du texte.

(18)

Exercice d’application.

Complétez par le terme qui convient:

-Division principale d'une pièce : Un ………..

- Partie d'un acte délimitée par l'entrée ou la sortie d'un ou plusieurs personnages : Une ...

-Longue suite de phrases (vers) récitée sans interruption par un personnage : Une ………

- Partie d'un dialogue où les interlocuteurs se répondent vers pour vers. Une ………

-Indication scénique qui est donnée par l'auteur, et qui peut concerner les entrées ou sorties des personnages, le ton d'une réplique, les gestes à accomplir, les mimiques : Une ………

-Elément d'un dialogue : Une ………

-Ensemble des paroles qu'échangent les personnages d'une pièce de théâtre : Un………

-Parole(s) que l'acteur dit à part soi (et que les spectateurs seuls sont censés entendre) : Un………

Références

Documents relatifs

نــﻋ ثﻴدــﺤﻝا ﻰــﻝإ ﺎــﻤﺘﺤ ﻲــﻀﻔﻴ ﺎــﻤ وــﻫو ،بوــﺘﻜﻤو قوــطﻨﻤ وــﻫ ﺎــﻤ لوﻘﻝﺎــﺒ دــﺼﻘﻨو ،ﻩدﺎــﻘﺘﻋا لــﻴﻠﺤﺘ مــﺜ ﻪــﻝوﻗ لــﻴﻠﺤﺘ نــﻤ ةرـﻜﻓ لوـﺤ

o écrire, en respectant les critères d’évaluation, un texte court expliquant l’expression « Voir loin, c’est voir dans le passé », texte qui sera à rendre sur feuille pour

Des cellules qui n’ont jamais été exposées aux UV, sont prélevées chez un individu sain et chez un individu atteint de Xeroderma pigmentosum.. Ces cellules sont mises en

Cette phrase montre que Solvay prend appui sur son référentiel de compétences dans son nouvel accord de GPEC pour saisir les différentes sources de compétences : lors de la

On peut donc calculer un produit scalaire uniquement à partir des distances. T.Pautrel - cours: produits scalaires dans le plan - niveau

Et afin, Madame Jourdain, que vous puissiez avoir l’esprit tout à fait content, et que vous perdiez aujourd’hui toute la jalousie que vous pourriez avoir conçue de Monsieur votre

MONSIEUR JOURDAIN.- Non, non, non, je ne veux point tout cela ; je ne veux que ce que je vous ai dit : Belle Marquise, vos beaux yeux me font mourir d’amour.. MAÎTRE DE

16- Quels sont les procédés du comique utilisés dans cette