Universit´e Pierre & Marie Curie Master de math´ematiques 2
Ann´ee 2014-2015 Module 5MF22
Introduction ` a la th´ eorie des sch´ emas
Devoir ` a la maison ` a rendre le 10 d´ ecembre 2014
Exercice 1 :
Soit k un corps, on note K := k(Tn)n∈N et Γ := Z(N) le groupe ab´elien des suites d’entiers nulles `a partir d’un certain rang, ordonn´e par l’ordre lexicographique : (xn) <(yn) si et seulement s’il existe n0∈Ntel quexn=yn pour toutn < n0 etxn0 < yn0. On note enfin (en)n∈N la base canonique de Γ.
a) V´erifier que la relation d’ordre sur Γ est une relation d’ordre totale compatible `a la loi de groupe.
b) Montrer qu’il existe une unique valuation v :K∗ → Γ telle que v(Tn) =en pour tout n∈N et v(k∗) = 0.
On rappelle qu’une valuation est un morphisme de groupes v : K∗ → Γ tel que v(x+y) ≥ min{v(x), v(y)}pour toutx, y∈K∗ (par convention, on posev(0) :=∞, avecγ <∞pour tout γ ∈Γ).
c) On note Ov := {x ∈K :v(x) ≥ 0}. Montrer que Ov est un anneau local dont on d´eterminera l’id´eal maximal mv.
d) Pour tout n∈N, on d´efinit In:={x∈K:v(x)≥en}. Montrer queIn est un id´eal deOv. e) Montrer que l’id´ealIn n’est pas satur´e, puis quepn:=√
In est un id´eal premier deOv. f) Montrer que mv est la r´eunion croissante des pn.
g) Quelle est la dimension de l’anneau Ov?
h) On d´efinit θ : Γ\ {0} →N parθ((un)) := min{n∈N:un 6= 0}. Soit p un id´eal premier de Ov. Montrer que si θ(v(p)) est major´e, alors p est contenu dans l’un des pn. Montrer aussi que si θ(v(p)) n’est pas major´e, alors p=mv.
i) On d´efinitX comme le sous-sch´ema ouvertX := Spec(Ov)\ {mv} de Spec(Ov). Montrer queX est un sch´ema non vide sans point ferm´e.
Exercice 2 :
SoitS un sch´ema. On rappelle qu’unOS-moduleQ est dit localement libre de rang r si tout point de S poss`ede un voisinage ouvert U tel queQ|U soit isomorphe `a OUr.
On d´efinit alors
G(k, n)(S) :={(Q, q) ;Q localement libre surS de rangn−ketq :OnS→ Q morphisme surjectif}/∼, o`u ∼est la relation naturelle d’isomorphisme entre deux couples (Q, q) et (Q0, q0).
a) Expliciter la relation ∼.
b) Montrer que G(k, n) d´efinit naturellement un foncteur G: Sch´emas→Ensembles.
c) Montrer que pour tout sch´emaS, la restriction du foncteur Gaux ouverts de S est un faisceau surS.
d) Notons I l’ensemble des parties de {1, . . . , n} de cardinal n−k. Pour I = {i1, . . . , in−k} ∈ I (avecip < ip+1) et pour un sch´emaS, on noteιI :OSn−k → OSnle morphisme envoyant la section (0, . . . ,0,1,0, . . . ,0) deOSn−k(S) (avec un 1 enj-i`eme position) sur la section (0, . . . ,0,1,0, . . . ,0) deOSn(S) (avec un 1 enij-i`eme position), pour tout 1≤j≤n−k. On d´efinit enfinGI(S) comme les classes (Q, q) dans G(S) telles queq◦ιI est surjectif.
i) Montrer que pour toutI ∈ I,GI d´efinit bien un sous-foncteur de G.
ii) Soit S un sch´ema et q ∈ G(S). Montrer que UI(q) := {s ∈ S : (q ◦ιI)s : On−kS,s → Qs surjective} est un ouvert de S.
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iii) Montrer qu’un point s ∈ S est dans UI(q) si et seulement si l’application κ(s)n−k → Qs/msQs induite par (q◦ιI)s est surjective.
iv) Soit f : T → S, t ∈ T. On pose s := f(t). Montrer que s ∈ UI(q) si et seulement si t∈UI(f∗q).
v) Montrer qu’un morphismef :T →Sse factorise parUI(q) si et seulement sif∗(q)∈GI(T).
e) Montrer que les sous-foncteurs GI, I ∈ I, recouvrent le foncteur Gau sens suivant : pour tout sch´ema S, pour toutq∈G(S), il existe un recouvrement ouvert S=S
I∈IVI tel que pour tout I,q|VI ∈GI(VI).
f) Montrons que GI est repr´esentable :
i) SoitSun sch´ema etF,Gdeux faisceaux localement libres de mˆeme rang fini. Montrer qu’un morphisme ϕ:F → G est un isomorphisme si et seulement si il est surjectif.
ii) Montrer que le foncteurGI est isomorphe au foncteur S7→Q
j /∈IOn−kS (S).
iii) Montrer que le foncteurGI est repr´esentable par un sch´ema GI isomorphe `aAk(n−k)Z . g) Montrons que Gest repr´esentable :
i) On note qI ∈GI(GI) l’objet universel. Montrer qu’il existe un recouvrement ouvert GI = S
JUI,J et des isomorphismes canoniquesϕI,J :UI,J →UJ,I tels queϕI,J =ϕ−1J,I.
ii) Montrer que pour tout triplet (I, J, K) d’´el´ements deux-`a-deux distincts deI, on aϕI,J(UI,K∩ UI,J) =UJ,I∩UJ,K etϕJ,K ◦ϕI,J =ϕI,K.
iii) En d´eduire queGest repr´esentable par un sch´ema quasi-compact not´e G(k, n).
h) Montrer que le sch´ema G(k, n) est canoniquement muni d’un faisceau Gk,n localement libre de rang n−k v´erifiant la propri´et´e universelle suivante : pour tout sch´ema X, pour toute surjectionq :OnX → QavecQ localement libre de rangn−k, il existe un morphisme de sch´emas f :X →G(k, n) tels queQ soit isomorphe `a f∗Gk,n.
i) SoitK un corps. D´ecrire explicitement G(k, n)(Spec(K)).
j) SoitS un sch´ema etE unOS-modules localement libre de rangn. Montrer que le foncteur (d´efini sur la cat´egorie des S-sch´emas)
G(k,E)S(T) :={(Q, q) ;Q localement libre de rang n−k surT , q:ET → Q surjectif}/∼ est repr´esentable par un S-sch´ema G(k,E)S, et que ce sch´ema est canoniquement muni d’un OS-module Gk,E localement libre de rang n−k v´erifiant une propri´et´e universelle (que l’on explicitera) analogue `a celle de la question h).
k) Quel est le lien entreG(k, n) et G(k,E)S?
l) Si f :T →S est un morphisme de sch´ema, comparer G(k, f∗E)T et G(k,E)S, ainsi que Gk,E et Gk,f∗E.
m) Avec les notations des questions pr´ec´edentes, soitK un corps ets: Spec(K)→Sun morphisme de sch´ema. D´ecrire l’ensemble desS-morphismes de sch´emas Spec(K)→G(k,E)S.
n) Montrer que l’on a un isomorphisme canonique de sch´emasG(n, n+ 1)−∼→PnZ.
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